La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
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Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Ces portes font froid dans le dos en effet cher Dominique, mais pas autant que le son de leur verrouillage qui glace le sang...
Des délicates targettes de la Méridienne...
(C) EPV/C. Milet
.... aux grossiers verrous du Temple...
Cliché personnel
.... quelle destinée !!!!
On ne peut s’empêcher de penser que c’est ce besoin d’isolement et d’intimité qui, indirectement, l’amènera bien malgré elle à un isolement carcéral final...
Dernière édition par Gouverneur Morris le Mar 11 Juin 2019, 02:11, édité 1 fois
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
A qui le dites-vous, cher Momo. Je préfère ne plus y penser. Pensons aux beaux jours de ce qu'on appelait : La Douceur de Vivre...... au Petit Trianon.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Ces portes sont vraiment affreuses ..
Mais d’un autre point de vue, on peut les considérer comme une mesure raisonnable de la Commune protéger la famille royale devant les canailles du rue de l'extérieur.
Leos
Mais d’un autre point de vue, on peut les considérer comme une mesure raisonnable de la Commune protéger la famille royale devant les canailles du rue de l'extérieur.
Leos
Leos- Messages : 794
Date d'inscription : 29/12/2013
Age : 54
Localisation : Zlin, Tcheque
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Sera prochainement présenté en vente aux enchères, je cite (extraits) :
Ecole française de la fin du XVIIIe siècle
Vues en coupe de la prison du Temple.
Très intéressant ensemble de documents ou figure avec précision l'emplacement des chambres des membres de la famille royale, leur mobilier et leur gardien.
L'ensemble est monté sur papier et conservé sous verre. Usures en l'état.
Travail français, fin XVIIIe siècle.
H. : 35 cm - L. : 41,5 cm.
Ensemble de quatre dessins à l'encre, porte les annotations manuscrites suivantes :
une vue extérieur de la prison du « temple tel qu'il était en 1792, le 13 août quand la famille royale fut enfermée »,
une vue intérieure de coupe du rez-de-chaussée où fut « enfermé jusqu'au jour de son exécution le roi Louis XVI le 16 octobre 1793 »,
Ce n'est pas ce qui est écrit, et pour cause, mais bon...
une vue intérieure de coupe du « 2e étage de la petite Tour où fut logée la reine en arrivant le 13 août 1793 »,
une vue de coupe « du 3e étage de la petite Tour où fut logé le roi à son entrée au Temple le 13 août 1792 ».
* Source et infos complémentaires : Coutau-Bégarie & Associés - Vente Noblesse et Royauté, 18 Nov. 2020
Sauf erreur de ma part, nous retrouvons ces plans, avec ces mêmes mentions (à vérifier), en formats d'édition ou de dessin d'architecture dès la page 1 de ce sujet, voir ICI.
A ma connaissance, les premiers plans détaillés connus du grand public sont ceux que Cléry publie, dès 1798, date de la première édition de son Journal de ce qui s'est passé à la Tour du Temple pendant la captivité de Louis XVI, Roi de France.
Ils sont présentés dans cette édition comme les " plans des 2e et 3e étages et fac-similés adressés par la famille royale au comte de Provence ".
Ecole française de la fin du XVIIIe siècle
Vues en coupe de la prison du Temple.
Très intéressant ensemble de documents ou figure avec précision l'emplacement des chambres des membres de la famille royale, leur mobilier et leur gardien.
L'ensemble est monté sur papier et conservé sous verre. Usures en l'état.
Travail français, fin XVIIIe siècle.
H. : 35 cm - L. : 41,5 cm.
Ensemble de quatre dessins à l'encre, porte les annotations manuscrites suivantes :
une vue extérieur de la prison du « temple tel qu'il était en 1792, le 13 août quand la famille royale fut enfermée »,
une vue intérieure de coupe du rez-de-chaussée où fut « enfermé jusqu'au jour de son exécution le roi Louis XVI le 16 octobre 1793 »,
Ce n'est pas ce qui est écrit, et pour cause, mais bon...
une vue intérieure de coupe du « 2e étage de la petite Tour où fut logée la reine en arrivant le 13 août 1793 »,
une vue de coupe « du 3e étage de la petite Tour où fut logé le roi à son entrée au Temple le 13 août 1792 ».
* Source et infos complémentaires : Coutau-Bégarie & Associés - Vente Noblesse et Royauté, 18 Nov. 2020
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Sauf erreur de ma part, nous retrouvons ces plans, avec ces mêmes mentions (à vérifier), en formats d'édition ou de dessin d'architecture dès la page 1 de ce sujet, voir ICI.
A ma connaissance, les premiers plans détaillés connus du grand public sont ceux que Cléry publie, dès 1798, date de la première édition de son Journal de ce qui s'est passé à la Tour du Temple pendant la captivité de Louis XVI, Roi de France.
Ils sont présentés dans cette édition comme les " plans des 2e et 3e étages et fac-similés adressés par la famille royale au comte de Provence ".
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
« La garçonnière la plus raffinée de Paris » (Aurore Chéry)
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Notre ami Leos a mentionné plus haut (page 5 du fil, en date du 28 mai 2018) une particularité qui m’intrigue et dont je ne sais quoi penser, à savoir la présence d’un clavecin dans le mobilier de l’étage où la reine est détenue dans la grande tour du temple.
J’ai cherché qui fait mention de l’instrument dans les sources assez nombreuses laissées par ceux qui ont « servi » au Temple. J’ai trouvé la mention d’un clavecin uniquement chez Jacques-François Lepitre (souvenirs publiés en 1814). Il mentionne l'instrument à deux occasions.
Voici les extraits, le premier est à dater du 10 décembre, lendemain de la prise de fonction au Temple, le second se situe après la mort du roi :
« Le déjeuner fini, mon collègue, ayant aperçu un clavecin à l’entrée de la chambre de Mme Elisabeth, essaya d’en titrer quelques sons ; il était en si mauvais état qu’il ne put réussir. Aussitôt la Reine s’avança et nous dit :
- « J’aurais désiré me servir de cet instrument, pour continuer de donner des leçons à ma fille, mais on ne peut en faire usage dans l’état où il est, et je n’ai pu obtenir encore qu’on le fît accorder. » Nous promîmes que dans la journée même nous ferions venir la personne dont elle nous donna le nom : nous lui envoyâmes un express, et, le soir, le clavecin fut accordé. En parcourant le peu de musique qui était sur cet instrument, nous trouvâmes un morceau intitulé : La Reine de France. – « Que les temps sont changés ! nous dit Sa Majesté, » et nous ne pûmes retenir nos larmes. »
Passons sur la sensibilité très 1814 et sur les rivières de larmes qui soudain coulèrent d’un peu partout…
Si un clavecin fut accordé et que seules trainaient quelques partitions, il est compréhensible que d’autres furent en effet achetées.
Deuxième extrait, nouvelle séquence émotion.
« Je n’ai point parlé de la romance composée pour le jeune Roi, après la mort de son auguste père. Mme Cléry, habile virtuose sur le clavecin et la harpe, en avait fait la musique. Je la portai au Temple et l’offrit à la Reine. Huit jours après, lorsque je revins, Sa Majesté me fit entrer dans la chambre de Mme Elisabeth. Le jeune prince chanta la romance et Mme Royale l’accompagna. Nos larmes coulèrent et nous gardâmes longtemps un morne silence. (…)
La fille de Louis à son clavecin, son auguste mère assise auprès d’elle, tenant son fils dans ses bras et les yeux mouillés de pleurs, dirigeant avec peine le jeu et la voix de ses enfants ; Mme Elisabeth debout, à côté de sa sœur, et mêlant ses soupirs aux tristes accents de son neveu.
Non, jamais ce tableau ne sortira de ma mémoire. »
Je suis étonné par d’autres particularités à la lecture des souvenirs de Lepitre, comme par exemple cette apparente facilité qu’il a de faire passer « tous les vendredis » des journaux que la reine et madame Élisabeth lisent en se retirant « dans une tourelle » et qu’elles lui remettent ensuite avant son départ. Ou encore les correspondances avec l’extérieur dont il se chargerait, comme s’il suffisait de l’écrire pour que cela soit possible (?).
Il serait plus facile de retenir sans réserve l’hypothèse du clavecin si nous avions d’autres sources…
Je suis très loin d’avoir lu dans le détail toute la littérature sur le Temple. J’ai relu le catalogue de l’exposition au Musée Carnavalet en 1993 et aussi, pour les sources les plus récentes, « La famille royale au Temple » de Charles-Eloi Vial à la recherche d’un indice (Perrin, 2018). Et j’ai bien trouvé deux détails très intéressants chez Vial, auteur toujours très clair et scrupuleux quant aux sources utilisées.
Pages 76-77, au sujet des « multiples anecdotes à la véracité douteuse qui émaillent les premiers temps du séjour dans la petite tour du Temple », l’auteur note qu’« On prétendit par exemple qu’un municipal força un jour Marie-Antoinette à jouer la Marseillaise au pianoforte ».
Page 87, extrait plus intéressant encore, appuyé par une archive comptable conservée à la Bibliothèque municipale de Versailles (Panthéon versaillais, dossier Cléry, « mémoire des dépenses faites par moi, Mathey », novembre 1792). Ce « mémoire de paiement de novembre mentionne du savon, du thé, une bouteille de fleur d’oranger, de la pommade et de la poudre à perruque parfumée à l’orange, mais aussi Les Œuvres complètes de l’abbé Delille, 34 volumes du Voyageur français de Joseph de la Porte, deux exemplaires de la Constitution, des partitions – à commencer par celle de la Marseillaise ! – et le paiement d’un accordeur pour le pianoforte. »
Novembre chez Lepitre, novembre pour la pièce d’archive, cela concorde bien. Il est question non seulement de l’accordeur mais aussi de partitions. A quoi bon ces dépenses s’il n’y a pas d’instrument pour jouer les partitions ? Charles-Eloi Vial cite la Marseillaise, on aimerait savoir quelles furent les autres…
Mais alors, pourquoi les descriptions des lieux avec leur mobilier (qui ne manquent pas !) ne mentionnent-elles jamais de clavecin ou de pianoforte ? J’ai bien observé les plans postés ici, je n’ai rien trouvé. Charles-Eloi Vial lui-même ne mentionne pas d’instrument de musique dans sa description des lieux, quand il recense le mobilier de la petite tour ou de la grande, à partir des inventaires.
Qu’en pensez-vous ? Avez-vous des éclairages sur ce point ? Une autre source m’échappe-t-elle ? Madame Royale n’en parle pas, si je l’ai bien lue…
Tout comme il importe à Leos de savoir dans ce fil quelle qualité de lumière pouvait bien pénétrer dans cet endroit sinistre, j’aimerais savoir si la musique a pu rester une consolation pour Marie-Antoinette et les siens dans ce triste séjour…
J’ai cherché qui fait mention de l’instrument dans les sources assez nombreuses laissées par ceux qui ont « servi » au Temple. J’ai trouvé la mention d’un clavecin uniquement chez Jacques-François Lepitre (souvenirs publiés en 1814). Il mentionne l'instrument à deux occasions.
Voici les extraits, le premier est à dater du 10 décembre, lendemain de la prise de fonction au Temple, le second se situe après la mort du roi :
« Le déjeuner fini, mon collègue, ayant aperçu un clavecin à l’entrée de la chambre de Mme Elisabeth, essaya d’en titrer quelques sons ; il était en si mauvais état qu’il ne put réussir. Aussitôt la Reine s’avança et nous dit :
- « J’aurais désiré me servir de cet instrument, pour continuer de donner des leçons à ma fille, mais on ne peut en faire usage dans l’état où il est, et je n’ai pu obtenir encore qu’on le fît accorder. » Nous promîmes que dans la journée même nous ferions venir la personne dont elle nous donna le nom : nous lui envoyâmes un express, et, le soir, le clavecin fut accordé. En parcourant le peu de musique qui était sur cet instrument, nous trouvâmes un morceau intitulé : La Reine de France. – « Que les temps sont changés ! nous dit Sa Majesté, » et nous ne pûmes retenir nos larmes. »
Passons sur la sensibilité très 1814 et sur les rivières de larmes qui soudain coulèrent d’un peu partout…
Si un clavecin fut accordé et que seules trainaient quelques partitions, il est compréhensible que d’autres furent en effet achetées.
Deuxième extrait, nouvelle séquence émotion.
« Je n’ai point parlé de la romance composée pour le jeune Roi, après la mort de son auguste père. Mme Cléry, habile virtuose sur le clavecin et la harpe, en avait fait la musique. Je la portai au Temple et l’offrit à la Reine. Huit jours après, lorsque je revins, Sa Majesté me fit entrer dans la chambre de Mme Elisabeth. Le jeune prince chanta la romance et Mme Royale l’accompagna. Nos larmes coulèrent et nous gardâmes longtemps un morne silence. (…)
La fille de Louis à son clavecin, son auguste mère assise auprès d’elle, tenant son fils dans ses bras et les yeux mouillés de pleurs, dirigeant avec peine le jeu et la voix de ses enfants ; Mme Elisabeth debout, à côté de sa sœur, et mêlant ses soupirs aux tristes accents de son neveu.
Non, jamais ce tableau ne sortira de ma mémoire. »
Je suis étonné par d’autres particularités à la lecture des souvenirs de Lepitre, comme par exemple cette apparente facilité qu’il a de faire passer « tous les vendredis » des journaux que la reine et madame Élisabeth lisent en se retirant « dans une tourelle » et qu’elles lui remettent ensuite avant son départ. Ou encore les correspondances avec l’extérieur dont il se chargerait, comme s’il suffisait de l’écrire pour que cela soit possible (?).
Il serait plus facile de retenir sans réserve l’hypothèse du clavecin si nous avions d’autres sources…
Je suis très loin d’avoir lu dans le détail toute la littérature sur le Temple. J’ai relu le catalogue de l’exposition au Musée Carnavalet en 1993 et aussi, pour les sources les plus récentes, « La famille royale au Temple » de Charles-Eloi Vial à la recherche d’un indice (Perrin, 2018). Et j’ai bien trouvé deux détails très intéressants chez Vial, auteur toujours très clair et scrupuleux quant aux sources utilisées.
Pages 76-77, au sujet des « multiples anecdotes à la véracité douteuse qui émaillent les premiers temps du séjour dans la petite tour du Temple », l’auteur note qu’« On prétendit par exemple qu’un municipal força un jour Marie-Antoinette à jouer la Marseillaise au pianoforte ».
Page 87, extrait plus intéressant encore, appuyé par une archive comptable conservée à la Bibliothèque municipale de Versailles (Panthéon versaillais, dossier Cléry, « mémoire des dépenses faites par moi, Mathey », novembre 1792). Ce « mémoire de paiement de novembre mentionne du savon, du thé, une bouteille de fleur d’oranger, de la pommade et de la poudre à perruque parfumée à l’orange, mais aussi Les Œuvres complètes de l’abbé Delille, 34 volumes du Voyageur français de Joseph de la Porte, deux exemplaires de la Constitution, des partitions – à commencer par celle de la Marseillaise ! – et le paiement d’un accordeur pour le pianoforte. »
Novembre chez Lepitre, novembre pour la pièce d’archive, cela concorde bien. Il est question non seulement de l’accordeur mais aussi de partitions. A quoi bon ces dépenses s’il n’y a pas d’instrument pour jouer les partitions ? Charles-Eloi Vial cite la Marseillaise, on aimerait savoir quelles furent les autres…
Mais alors, pourquoi les descriptions des lieux avec leur mobilier (qui ne manquent pas !) ne mentionnent-elles jamais de clavecin ou de pianoforte ? J’ai bien observé les plans postés ici, je n’ai rien trouvé. Charles-Eloi Vial lui-même ne mentionne pas d’instrument de musique dans sa description des lieux, quand il recense le mobilier de la petite tour ou de la grande, à partir des inventaires.
Qu’en pensez-vous ? Avez-vous des éclairages sur ce point ? Une autre source m’échappe-t-elle ? Madame Royale n’en parle pas, si je l’ai bien lue…
Tout comme il importe à Leos de savoir dans ce fil quelle qualité de lumière pouvait bien pénétrer dans cet endroit sinistre, j’aimerais savoir si la musique a pu rester une consolation pour Marie-Antoinette et les siens dans ce triste séjour…
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" Ai-je vu dans sa société quelque chose qui ne fût pas marqué au coin de la grâce, de la bonté et du goût? "
(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
La mémoire me manque Mais il me semble bien être tombée sur une pièce mentionnant l'instrument. Ce n'était pas celle de la BNF j'en suis sure. Je me souviens m'être dit furtivement qu'il y avait bien un clavecin ou piano forte au Temple. Ce que je n'avais pas retenu du récit de Lepitre, dans l'ensemble assez peu crédible.
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« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Jacques-Albert Barthélémy, secrétaire archiviste à l'Ordre du Grand Prieuré de France, Tour du Temple
Bonnefoy du Plan a écrit:
Qu’en pensez-vous ? Avez-vous des éclairages sur ce point ? Une autre source m’échappe-t-elle ? Madame Royale n’en parle pas, si je l’ai bien lue…
Tout comme il importe à Leos de savoir dans ce fil quelle qualité de lumière pouvait bien pénétrer dans cet endroit sinistre, j’aimerais savoir si la musique a pu rester une consolation pour Marie-Antoinette et les siens dans ce triste séjour…
Désolé, cher Bonnefoy, pour ma part je ne souviens pas avoir lu un témoignage au sujet de ce piano-forte.
Peut-être faudrait-il mettre la main sur les plaintes de ce M. Barthélémy, secrétaire archiviste de l'ordre du Temple, exproprié de son logement et dépossédé de son mobilier lorsque la famille royale fut emprisonnée tout d'abord dans la petite tour ?
Nous savons qu'il a remué ciel et terre auprès des autorités pour récupérer ses effets et / ou pour toucher une indemnisation, j'imagine donc que des " inventaires mobiliers" doivent exister ici ou là ? S'il y avait un piano-forte au Temple, il devait lui appartenir.
Nous évoquons également ce personnage dans cet autre sujet : Le transfert de la famille royale depuis les Tuileries au Temple
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Et j'en profite du coup pour remonter ici un message de notre ami Léos, que je n'avais pas vu lors de sa publication, tout comme l'objet dont il annonçait la vente aux enchères et que nous n'avions donc pas présenté ici.
Et justement, la note au catalogue, que voici ci-après, nous donne quelques informations complémentaires au sujet de ce ce Barthélémy.
Avec du retard, merci cher Léos...
Jeu de dames et de jacquet (tric trac) dans son coffret, utilisé par la famille royale de France pendant sa détention au Temple
Prison du Temple, août 1792 - 1795
Exceptionnel et émouvant souvenir de la vie en captivité du Roi Louis XVI, de la Reine Marie-Antoinette, du Dauphin, de Madame Royale et de Madame Elisabeth.
Marqueterie de bois teinté. H. 9 cm ; L. 28,1 cm ; larg. 18,5 cm (37 cm ouvert)
17 jetons noirs et 14 jetons blancs pour le jeu de dames ; 30 jetons pour le jeu de jacquet ; 1 paire de dés avec traces d’initiales sous couronne sur face du chiffre six pour chacun d’eux.
Provenance :
- Jacques Albert Barthélémy (1745-1813), archiviste de l’Ordre de Malte à la Tour du Temple.
- Sa fille puis son arrière-petit-fils, Auguste Blavot.
- 1907 : à l'exception du coffret contenant le jeux de dames et de jacquet, une partie des objets à l’usage de la famille royale à la Tour du Temple, et possédée par monsieur et madame Auguste Blavot, furent remis au musée Carnavalet.
- Avant sa mort en 1927, madame veuve Auguste Blavot offrit le jeu de dames et de jacquet à son filleul : monsieur Henri Dutertre.
- 1934 : succession de monsieur et madame Auguste Blavot, une partie du mobilier provenant de la Tour du Temple est vendue à l’hôtel Drouot le 17 mars 1934 (dont trois chaises citées en provenance du 2e étage de la petite Tour du Temple, une glace et un trumeau du 3e étage), le jeu de dames et de jacquet n’y figure pas car il avait été antérieurement offert à monsieur Henri Dutertre.
- 1956 : vente du jeu de dames et de jacquet par monsieur Henri Dutertre à mademoiselle Marie-Louise Venet pour la somme de 50 000 francs.
- 1963 : revente du jeu de dames et de jacquet par mademoiselle Marie-Louise Venet à Yvonne Aulas, épouse Joly puis Delamare, gérante de son immeuble, en règlement de loyers impayés.
- 2009 : décès de madame Yvonne Delamare, née Aulas.
- puis ses héritiers.
Jacques Albert Barthélémy fut l’archiviste de la Tour du Temple. Avocat au Parlement de Paris, secrétaire et affilié à l’Ordre Souverain de Malte, il fut conservateur des archives du dit Ordre au Grand Prieuré de France.
Lors de l’arrivée de la famille royale en août 1792, Barthélémy fut expulsé de son appartement de la Tour du Temple, sans possibilité de prendre ses effets personnels et mobilier. Après la Terreur et trois longues années de procédure, Barthélémy put récupérer ses effets personnels et mobilier, dont le jeu de dames et de jacquet que nous présentons aujourd’hui et qui servit à la Famille royale pendant sa détention.
Lenotre (G.) et Castelot (A.), Les grandes heures de la révolution française. Perrin, 1962 : "[...] Louis XVI fait ensuite une partie de tric-trac, de dames ou de piquet avec la Reine ou Madame Elisabeth, tandis que les enfants jouent dans l’antichambre. [...]".
Leos a écrit:Chers amis,
notre discussion si riche et vaste ... peut-être ce JEU DE DAMES ET DE JACQUET [TRIC TRAC] DANS SON COFFRET
maintenant à vendre a déjà été présenté ici ..
à coup sûr je rejoins ..
Leos
...commentaires sur le jeu...
Prison du Temple, août 1792 - 1795
UTILISÉ PAR LA FAMILLE ROYALE DE FRANCE pendant sa détention à la tour du Temple.
Exceptionnel et émouvant souvenir de la vie en captivité du Roi Louis XVI, de la Reine Marie-Antoinette, du Dauphin, de Madame Royale et de Madame Elisabeth.
http://encheres.parisencheres.com/html/fiche.jsp?id=7711322&np=1&lng=fr&npp=20&ordre=&aff=1&r=
Et justement, la note au catalogue, que voici ci-après, nous donne quelques informations complémentaires au sujet de ce ce Barthélémy.
Avec du retard, merci cher Léos...
Jeu de dames et de jacquet (tric trac) dans son coffret, utilisé par la famille royale de France pendant sa détention au Temple
Prison du Temple, août 1792 - 1795
Exceptionnel et émouvant souvenir de la vie en captivité du Roi Louis XVI, de la Reine Marie-Antoinette, du Dauphin, de Madame Royale et de Madame Elisabeth.
Marqueterie de bois teinté. H. 9 cm ; L. 28,1 cm ; larg. 18,5 cm (37 cm ouvert)
17 jetons noirs et 14 jetons blancs pour le jeu de dames ; 30 jetons pour le jeu de jacquet ; 1 paire de dés avec traces d’initiales sous couronne sur face du chiffre six pour chacun d’eux.
Provenance :
- Jacques Albert Barthélémy (1745-1813), archiviste de l’Ordre de Malte à la Tour du Temple.
- Sa fille puis son arrière-petit-fils, Auguste Blavot.
- 1907 : à l'exception du coffret contenant le jeux de dames et de jacquet, une partie des objets à l’usage de la famille royale à la Tour du Temple, et possédée par monsieur et madame Auguste Blavot, furent remis au musée Carnavalet.
- Avant sa mort en 1927, madame veuve Auguste Blavot offrit le jeu de dames et de jacquet à son filleul : monsieur Henri Dutertre.
- 1934 : succession de monsieur et madame Auguste Blavot, une partie du mobilier provenant de la Tour du Temple est vendue à l’hôtel Drouot le 17 mars 1934 (dont trois chaises citées en provenance du 2e étage de la petite Tour du Temple, une glace et un trumeau du 3e étage), le jeu de dames et de jacquet n’y figure pas car il avait été antérieurement offert à monsieur Henri Dutertre.
- 1956 : vente du jeu de dames et de jacquet par monsieur Henri Dutertre à mademoiselle Marie-Louise Venet pour la somme de 50 000 francs.
- 1963 : revente du jeu de dames et de jacquet par mademoiselle Marie-Louise Venet à Yvonne Aulas, épouse Joly puis Delamare, gérante de son immeuble, en règlement de loyers impayés.
- 2009 : décès de madame Yvonne Delamare, née Aulas.
- puis ses héritiers.
Jacques Albert Barthélémy fut l’archiviste de la Tour du Temple. Avocat au Parlement de Paris, secrétaire et affilié à l’Ordre Souverain de Malte, il fut conservateur des archives du dit Ordre au Grand Prieuré de France.
Lors de l’arrivée de la famille royale en août 1792, Barthélémy fut expulsé de son appartement de la Tour du Temple, sans possibilité de prendre ses effets personnels et mobilier. Après la Terreur et trois longues années de procédure, Barthélémy put récupérer ses effets personnels et mobilier, dont le jeu de dames et de jacquet que nous présentons aujourd’hui et qui servit à la Famille royale pendant sa détention.
Lenotre (G.) et Castelot (A.), Les grandes heures de la révolution française. Perrin, 1962 : "[...] Louis XVI fait ensuite une partie de tric-trac, de dames ou de piquet avec la Reine ou Madame Elisabeth, tandis que les enfants jouent dans l’antichambre. [...]".
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Nous avons un sujet, cher Bonnefoy, sur cette étrange anecdote de la Marseilllaise interprétée par Marie-Antoinette .Bonnefoy du Plan a écrit:Pages 76-77, au sujet des « multiples anecdotes à la véracité douteuse qui émaillent les premiers temps du séjour dans la petite tour du Temple », l’auteur note qu’« On prétendit par exemple qu’un municipal força un jour Marie-Antoinette à jouer la Marseillaise au pianoforte ».
C'est ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t1487-marie-antoinette-et-la-marseillaise?highlight=marseillaise
Nous la tiendrions de Beauchêne ... faut-il s'y fier ?
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Chers amis, cher Bonnefoy,
pour confirmer le témoignage de Lepitre, les factures de réparations du pianoforte sont citées ici.
dans ce livre de Lentore.
Vous doutez de l'existence de ce piano dans le Temple?
page 161
«Mémoire de dépenses faites pour Louis XVI décembre 1892 : Fourniture de plumes taillées, d'encre, d'un portefeuille en maroquin, de pâtes d'amande, de coton à repriser, paiement au facteur du porte-piano... 106 livres 4 sols. »
{Papiers du Temple, par M. de la Morinerie.)
c'est juste 1892 - je pense que c'est une erreur d'impression, il devrait y avoir 1792
La captivité et la mort de Marie-Antoinette les Feuillants, le Temple, la Conciergerie, d'après des relations de témoins oculaires et des documents inédits.
Leos
pour confirmer le témoignage de Lepitre, les factures de réparations du pianoforte sont citées ici.
dans ce livre de Lentore.
Vous doutez de l'existence de ce piano dans le Temple?
page 161
«Mémoire de dépenses faites pour Louis XVI décembre 1892 : Fourniture de plumes taillées, d'encre, d'un portefeuille en maroquin, de pâtes d'amande, de coton à repriser, paiement au facteur du porte-piano... 106 livres 4 sols. »
{Papiers du Temple, par M. de la Morinerie.)
c'est juste 1892 - je pense que c'est une erreur d'impression, il devrait y avoir 1792
La captivité et la mort de Marie-Antoinette les Feuillants, le Temple, la Conciergerie, d'après des relations de témoins oculaires et des documents inédits.
Leos
Leos- Messages : 794
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Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Merci, mon cher Leos .Leos a écrit:
Vous doutez de l'existence de ce piano dans le Temple?
page 161
«Mémoire de dépenses faites pour Louis XVI décembre 1892 : Fourniture de plumes taillées, d'encre, d'un portefeuille en maroquin, de pâtes d'amande, de coton à repriser, paiement au facteur du porte-piano... 106 livres 4 sols. »
{Papiers du Temple, par M. de la Morinerie.)
Castelot aussi mentionne un clavecin
placé dans la chambre de Marie-Antoinette .
Cléry se souvient de la reine chantant en s'accompagnant :
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Bon ! L'enquête avance...
La nuit, la neige- Messages : 18132
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Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Cléry ne mentionne ni piano ni clavecin.
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« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Marie-Jeanne a écrit:Cléry ne mentionne ni piano ni clavecin.
Je suis aussi en train de chercher à nouveau car une première lecture en mode "très rapide" n'a rien donné.
Je vais reprendre une nouvelle fois en me donnant plus de temps...
Cette question reste curieuse! D'un côté cette archive que rappelle Leos, qui vient en complément et comme en appui de celle de Charles-Eloi Vial. De l'autre le mutisme des plans et, plus étonnant encore, celui de Madame Royale qui donne le détail des activités quotidiennes sans qu'il soit jamais question de musique et des cours de clavecin que sa mère était sensée lui donner.
Merci à tous en tout cas pour vos réactions
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" Ai-je vu dans sa société quelque chose qui ne fût pas marqué au coin de la grâce, de la bonté et du goût? "
(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Chers amis,
Le témoignage de Lepitre n'est pas le seul .. il reste encore de Harmand de la Meuse. Il décrit une visite au Temple en 1795.. contient beaucoup de discours direct pour moi .. c'est-à-dire que c'est plus de la littérature .. mais l'édition de 1825 .. suppose à nouveau que Madame Royale pouvait théoriquement lire ... et il lui serait difficile d'inventer complètement l'existence du piano.
Anecdotes de la fin du dix - huitième siècle ,
Jean-Baptiste Harmand dit de la Meuse, né le 10 novembre 1751 à Pouilly-sur-Meuse, mort le 26 février 1816 à Paris, est un homme politique français. Il est député de la Meuse pendant la Convention et le Directoire../ source : wikipedia/ dans une brochure réimprimée en 1820, a rendu compte d'une visite qu'il fit au Temple vers les commencemens de 1795, comme commissaire, nommé par le comité de sûreté générale. Ce chapitre de son ouvrage renferme les particularités les plus touchantes.
Je ne sais pas s´il s agit de son ouvrage Anecdotes de la fin du dix - huitième siècle
/ extrait tres long, de. Journal de Cléry, suivi des dernières heures de Louis Seize, par m. Edgeworth de Firmont; du Récit des événemens arrivés au temple, par madame Royale, fille du roi; et d'éclaircissemens historiques .. 1825 /
MADAME ROYALE.
J'ai à terminer un récit bien plus intéressant. J'ai raconté les malheurs de l'innocence opprimée sortant des mains de la nature ; il me reste à dire ceux de l'innocence ornée des vertus natives et acquises, et de toutes les grâces.
Ames célestes qui présidez aux destinées de la France inspirez-moi et communiquez à ma plume , avec la vérité, le style touchant qui convient à mon sujet.
En quittant l'antichambre du Prince , nous montâmes chez Madame ; j'ai compté les marches , et , si ma mémoire est fidèle , j'en ai compté quatre-vingt-deux. Les commissaires nous dirent que cet appartement était celui que le roi avait occupé. Je l'avais trouvé en effet très-haut , lorsque j'y étais monté au mois d'octobre 1792; mais je ne m'y reconnus pas, on avait fait depuis quelques changemens intérieurs ; et pour priver le roi et ses augustes compagnes de la jouissance de la vue en dehors , sous le prétexte que quelques fidèles sujets montaient aux fenêtres les plus élevées des maisons voisines du Temple , pour lui témoigner, par quelques signes , ou leur douleur, ou leurs espérances, on avait non-seulement fait élever les murs de clôture à une hauteur extraordinaire , mais on avait encore masqué les fenêtres de l'horrible prison par des caisses extérieures en bois, formées en hotte, et que l'on appelle , je crois , des abat-jours , de sorte qu'il était beaucoup plus sombre ; il était même obscur.
Cependant, étant arrivé dans la première pièce , vis-à-vis la porte ouverte d'une chambre voisine , je crus reconnaître, au fond de cette seconde chambre, la porte par laquelle j'avais vu sortir Cléry, valet de chambre du roi, lorsque ce prince l'appela dans une circonstance dont j'ai rendu compte.
Les commissaires nous avaient prévenus , comme je l'ai déjà dit, que Madame ne parlait pas, par la raison qu'elle ne daignait pas le faire.
Je ne sais à quelles causes attribuer les dispositions faciles d'esprit et de coeur dans lesquelles je me trouvai en arrivant là; je n'éprouvais plus cette douleur oppressive qu'on ne peut exprimer, elle était forte, mais expansive ; et s'il m'eût été permis de parler, si j'eusse osé dire tout ce que je sentais , j'ai l'indiscrète confiance de croire qu'on me l'eût pardonné.
Une très-grande cheminée, dans laquelle était un très-petit feu, se présentait en face de la porte d'entrée ; un lit était à gauche, au pied du lit une porte ouverte communiquant à la chambre dont je viens de parler.
Il faisait ce jour-là un froid pluvieux, et ce froid vous saisissait en entrant dans cette vaste chambre, sous un plafond antique extrêmement élevé, et le tout fermé de murs d'une épaisseur extraordinaire ; tout me parut humide et glacial, et cependant proprement tenu.
Madame était assise dans un fauteuil sous une de ces fenêtres que j'ai décrites plus haut , fermées en outre par d'énormes grilles et élevée de plusieurs pieds au-dessus de la tête ; c'était la seule qui éclairât cette chambre : un rayon de lumière, brisé et à moitié intercepté par la grille , descendait perpendiculairement et sans projection au bas de cette fenêtre, par le Haut de la caisse en bois placée en dehors. L'effet de ce rayon de lumière était à peu près celui que produirait dans un lieu obscur un miroir présenté au soleil , et Madame était placée sous ce disque de lumière comme dans une auréole de gloire : c'est l'image que je me fis de cette position vraiment digne du pinceau.
Madame était habillée d'une toile grise unie de coton , resserrée en elle-même comme n'étant pas suffisamment vêtue et garantie du froid. Elle portait un chapeau que je ne puis décrire, mais qui me parut très-fatigué, ainsi que les souliers. Madame tricotait ; ses mains me parurent enflées par le froid , par conséquent violettes, et les doigts gros d'engelures : aussi Madame tricotait-elle avec peine et d'un air bien sensiblement gêné.
J'observe que j'entrai seul dans l'appartement de Madame , mes collègues restèrent sur le seuil de la porte, à portée cependant de tout voir et de tout entendre ; les commissaires de la commune s'étaient arrêtés dans un petit bureau que je vis en montant, mais que je n'ai pas assez remarqué pour le décrire.
Madame tourna un peu la tête à mon entrée qui parut lui donner quelque inquiétude. J'étais un être bien nouveau pour son Altesse Royale , et mon apparition devait nécessairement la préoccuper un peu. Était-ce encore quelque événement, quelques catastrophes , quelques peines nouvelles ?
L'état dans lequel je trouvai Son Altesse ne me permit aucun préliminaire, et ne me laissa pas le temps de lui exposer d'abord l'objet de notre visite ; mon intention et mon projet , en montant, avaient été de lui demander la permission de parler, mais je ne pus y tenir. Voici comment je débutai, et ce début n'est pas à imiter ; je ne le donne pas pour modèle , mais comme une preuve de mon embarras et du saisissement que j'éprouvais : toutes mes belles dispositions étaient disparues.
« Madame , pourquoi , par le froid excessif qu'il fait, êtes-vous si éloignée de votre feu ? »
Son Altesse me répondit : « C'est que je ne vois pas clair auprès de la cheminée. »
Mais , Madame, en faisant un plus grand feu, la chambre au moins serait échauffée, et vous éprouveriez moins de froid sous cette croisée. »
« On ne me donne pas de bois.... » Telle fut la réponse de Madame.
J'ai dit, et je le répète , que le feu était très-petit ; il était en effet composé de trois petits morceaux de ce bois qu'on appelle communément à Paris bois de cotrets , sur un monceau de cendres.
D'après les préventions que les commissaires avaient voulu nous donner, je ne m'étais pas trop attendu à une réponse, et cependant , non-seulement j'en avais déjà obtenu deux, mais encore je remarquai que Madame suspendait un peu son travail, m'observait sans effroi et sans dédain , et même avec l'air d'une attente tranquille.
Je pris alors un peu d'assurance , et j'osai lui dire : « Madame, le gouvernement , instruit depuis hier seulement des indignes et pénibles détails que je ne vois que trop, nous a envoyés vers vous, d'abord pour nous en assurer, et ensuite pour recevoir vos ordres pour tous les changemens qui vous seront agréables et que les circonstances permettront. »
Ce langage parut nouveau à Madame, depuis sa captivité ; son maintien le disait , mais elle ne répondit rien.
Après ma courte harangue, je me permis de parcourir la chambre dans laquelle était Madame, et d'en examiner les meubles ainsi que ceux de la pièce à côté ; il y en avait peu , mais tous étaient beaux et bien tenus. Dans l'angle de cette seconde pièce , du même côté que le lit de Madame, était un fort beau piano à queue. Embarrassé et cherchant une occasion nouvelle de faire parler son altesse, et de lui prouver que ma maladresse était moins l'effet de l'ineptie que celui de ma position , je touchai le clavier du piano, et, quoique je n'y connusse rien, je dis à Madame que je croyais que son piano n'était pas d'accord, et je lui demandai si elle désirait que je lui envoyasse quelqu'un pour l'accorder.
« Non, Monsieur, ce piano n'est pas à moi, c'est celui » de la Reine ; je n'y ai pas touché, et je n'y toucherai pas. »
Qui pourrait rendre, qui pourrait exprimer tout ce que cette touchante réponse signifiait ? C'est aux âmes seules qui savent sentir qu'il appartient d'en pénétrer le sens douloureux, et de s'en pénétrer elles-mêmes ; je n'y échappai pas, mes jambes s'affaissaient sous moi du poids de ma douleur.
Je rentrai dans la première pièce ; il fallait passer au pied du lit, qui était très-bien fait; mais je commis alors une imprudence qu'aucune intention , quelque bonne et adroite qu'elle fût, ne pouvait justifier ; je passai légèrement la main sur le pied du lit, pour m'assurer en effet de sa qualité ; mais je vis clairement que ce geste , dont je me suis bien repenti, quoique fait avec intention bien opposée à celle d'offenser, m'avait fait perdre , aux yeux de son Altesse Royale , l'appréciation favorable qu'elle paraissait avoir faite de mes autres démarches.
Mais la faute était faite , je la sentis vivement sur-le-champ, et je cherchai à l'atténuer en faisant à Madame la question que
j'aurais dû faire sans toucher le lit. Je lui demandai si elle était contente de son lit ; elle me fit l'honneur de me répondre: Oui. .
J'ajoutai : « Et du linge, Madame ? » Réponse : « Il y a plusieurs semaines qu'on ne m'en a donné. »
A chaque détail de cette scène, on sent accroître sans doute son indignation et sa douleur ; mais à cette dernière réponse de son Altesse Royale , la peine de mes collègues et la mienne furent sans mesure ; ils l'exprimèrent fortement, et du geste et de la voix, par des imprécations contre la coupable commune.
Je continuai cependant mon audacieux inventaire dans la chambre de Madame ; il y avait des encoignures en acajou aux deux coins de la cheminée, au-dessus du manteau , et dans ces encoignures quelques livres.
J'étais au désespoir de penser qu'en sortant du Temple je ne laisserai de moi, à Son Altesse , que l'opinion commune à tous ceux qui l'avaient approchée jusqu'alors ; et il y avait une si grande différence entre la leur et la mienne, sous tous les rapports, que, quoique je n'eusse pas l'honneur d'en être connu, j'étais indigné contre moi-même d'avoir donné à Madame la juste occasion d'observer que jusqu'à ce jour elle n'avait pas encore vu un être qui eût l'idée des convenances, ou qui sût les respecter.
Leos
Le témoignage de Lepitre n'est pas le seul .. il reste encore de Harmand de la Meuse. Il décrit une visite au Temple en 1795.. contient beaucoup de discours direct pour moi .. c'est-à-dire que c'est plus de la littérature .. mais l'édition de 1825 .. suppose à nouveau que Madame Royale pouvait théoriquement lire ... et il lui serait difficile d'inventer complètement l'existence du piano.
Anecdotes de la fin du dix - huitième siècle ,
Jean-Baptiste Harmand dit de la Meuse, né le 10 novembre 1751 à Pouilly-sur-Meuse, mort le 26 février 1816 à Paris, est un homme politique français. Il est député de la Meuse pendant la Convention et le Directoire../ source : wikipedia/ dans une brochure réimprimée en 1820, a rendu compte d'une visite qu'il fit au Temple vers les commencemens de 1795, comme commissaire, nommé par le comité de sûreté générale. Ce chapitre de son ouvrage renferme les particularités les plus touchantes.
Je ne sais pas s´il s agit de son ouvrage Anecdotes de la fin du dix - huitième siècle
/ extrait tres long, de. Journal de Cléry, suivi des dernières heures de Louis Seize, par m. Edgeworth de Firmont; du Récit des événemens arrivés au temple, par madame Royale, fille du roi; et d'éclaircissemens historiques .. 1825 /
MADAME ROYALE.
J'ai à terminer un récit bien plus intéressant. J'ai raconté les malheurs de l'innocence opprimée sortant des mains de la nature ; il me reste à dire ceux de l'innocence ornée des vertus natives et acquises, et de toutes les grâces.
Ames célestes qui présidez aux destinées de la France inspirez-moi et communiquez à ma plume , avec la vérité, le style touchant qui convient à mon sujet.
En quittant l'antichambre du Prince , nous montâmes chez Madame ; j'ai compté les marches , et , si ma mémoire est fidèle , j'en ai compté quatre-vingt-deux. Les commissaires nous dirent que cet appartement était celui que le roi avait occupé. Je l'avais trouvé en effet très-haut , lorsque j'y étais monté au mois d'octobre 1792; mais je ne m'y reconnus pas, on avait fait depuis quelques changemens intérieurs ; et pour priver le roi et ses augustes compagnes de la jouissance de la vue en dehors , sous le prétexte que quelques fidèles sujets montaient aux fenêtres les plus élevées des maisons voisines du Temple , pour lui témoigner, par quelques signes , ou leur douleur, ou leurs espérances, on avait non-seulement fait élever les murs de clôture à une hauteur extraordinaire , mais on avait encore masqué les fenêtres de l'horrible prison par des caisses extérieures en bois, formées en hotte, et que l'on appelle , je crois , des abat-jours , de sorte qu'il était beaucoup plus sombre ; il était même obscur.
Cependant, étant arrivé dans la première pièce , vis-à-vis la porte ouverte d'une chambre voisine , je crus reconnaître, au fond de cette seconde chambre, la porte par laquelle j'avais vu sortir Cléry, valet de chambre du roi, lorsque ce prince l'appela dans une circonstance dont j'ai rendu compte.
Les commissaires nous avaient prévenus , comme je l'ai déjà dit, que Madame ne parlait pas, par la raison qu'elle ne daignait pas le faire.
Je ne sais à quelles causes attribuer les dispositions faciles d'esprit et de coeur dans lesquelles je me trouvai en arrivant là; je n'éprouvais plus cette douleur oppressive qu'on ne peut exprimer, elle était forte, mais expansive ; et s'il m'eût été permis de parler, si j'eusse osé dire tout ce que je sentais , j'ai l'indiscrète confiance de croire qu'on me l'eût pardonné.
Une très-grande cheminée, dans laquelle était un très-petit feu, se présentait en face de la porte d'entrée ; un lit était à gauche, au pied du lit une porte ouverte communiquant à la chambre dont je viens de parler.
Il faisait ce jour-là un froid pluvieux, et ce froid vous saisissait en entrant dans cette vaste chambre, sous un plafond antique extrêmement élevé, et le tout fermé de murs d'une épaisseur extraordinaire ; tout me parut humide et glacial, et cependant proprement tenu.
Madame était assise dans un fauteuil sous une de ces fenêtres que j'ai décrites plus haut , fermées en outre par d'énormes grilles et élevée de plusieurs pieds au-dessus de la tête ; c'était la seule qui éclairât cette chambre : un rayon de lumière, brisé et à moitié intercepté par la grille , descendait perpendiculairement et sans projection au bas de cette fenêtre, par le Haut de la caisse en bois placée en dehors. L'effet de ce rayon de lumière était à peu près celui que produirait dans un lieu obscur un miroir présenté au soleil , et Madame était placée sous ce disque de lumière comme dans une auréole de gloire : c'est l'image que je me fis de cette position vraiment digne du pinceau.
Madame était habillée d'une toile grise unie de coton , resserrée en elle-même comme n'étant pas suffisamment vêtue et garantie du froid. Elle portait un chapeau que je ne puis décrire, mais qui me parut très-fatigué, ainsi que les souliers. Madame tricotait ; ses mains me parurent enflées par le froid , par conséquent violettes, et les doigts gros d'engelures : aussi Madame tricotait-elle avec peine et d'un air bien sensiblement gêné.
J'observe que j'entrai seul dans l'appartement de Madame , mes collègues restèrent sur le seuil de la porte, à portée cependant de tout voir et de tout entendre ; les commissaires de la commune s'étaient arrêtés dans un petit bureau que je vis en montant, mais que je n'ai pas assez remarqué pour le décrire.
Madame tourna un peu la tête à mon entrée qui parut lui donner quelque inquiétude. J'étais un être bien nouveau pour son Altesse Royale , et mon apparition devait nécessairement la préoccuper un peu. Était-ce encore quelque événement, quelques catastrophes , quelques peines nouvelles ?
L'état dans lequel je trouvai Son Altesse ne me permit aucun préliminaire, et ne me laissa pas le temps de lui exposer d'abord l'objet de notre visite ; mon intention et mon projet , en montant, avaient été de lui demander la permission de parler, mais je ne pus y tenir. Voici comment je débutai, et ce début n'est pas à imiter ; je ne le donne pas pour modèle , mais comme une preuve de mon embarras et du saisissement que j'éprouvais : toutes mes belles dispositions étaient disparues.
« Madame , pourquoi , par le froid excessif qu'il fait, êtes-vous si éloignée de votre feu ? »
Son Altesse me répondit : « C'est que je ne vois pas clair auprès de la cheminée. »
Mais , Madame, en faisant un plus grand feu, la chambre au moins serait échauffée, et vous éprouveriez moins de froid sous cette croisée. »
« On ne me donne pas de bois.... » Telle fut la réponse de Madame.
J'ai dit, et je le répète , que le feu était très-petit ; il était en effet composé de trois petits morceaux de ce bois qu'on appelle communément à Paris bois de cotrets , sur un monceau de cendres.
D'après les préventions que les commissaires avaient voulu nous donner, je ne m'étais pas trop attendu à une réponse, et cependant , non-seulement j'en avais déjà obtenu deux, mais encore je remarquai que Madame suspendait un peu son travail, m'observait sans effroi et sans dédain , et même avec l'air d'une attente tranquille.
Je pris alors un peu d'assurance , et j'osai lui dire : « Madame, le gouvernement , instruit depuis hier seulement des indignes et pénibles détails que je ne vois que trop, nous a envoyés vers vous, d'abord pour nous en assurer, et ensuite pour recevoir vos ordres pour tous les changemens qui vous seront agréables et que les circonstances permettront. »
Ce langage parut nouveau à Madame, depuis sa captivité ; son maintien le disait , mais elle ne répondit rien.
Après ma courte harangue, je me permis de parcourir la chambre dans laquelle était Madame, et d'en examiner les meubles ainsi que ceux de la pièce à côté ; il y en avait peu , mais tous étaient beaux et bien tenus. Dans l'angle de cette seconde pièce , du même côté que le lit de Madame, était un fort beau piano à queue. Embarrassé et cherchant une occasion nouvelle de faire parler son altesse, et de lui prouver que ma maladresse était moins l'effet de l'ineptie que celui de ma position , je touchai le clavier du piano, et, quoique je n'y connusse rien, je dis à Madame que je croyais que son piano n'était pas d'accord, et je lui demandai si elle désirait que je lui envoyasse quelqu'un pour l'accorder.
« Non, Monsieur, ce piano n'est pas à moi, c'est celui » de la Reine ; je n'y ai pas touché, et je n'y toucherai pas. »
Qui pourrait rendre, qui pourrait exprimer tout ce que cette touchante réponse signifiait ? C'est aux âmes seules qui savent sentir qu'il appartient d'en pénétrer le sens douloureux, et de s'en pénétrer elles-mêmes ; je n'y échappai pas, mes jambes s'affaissaient sous moi du poids de ma douleur.
Je rentrai dans la première pièce ; il fallait passer au pied du lit, qui était très-bien fait; mais je commis alors une imprudence qu'aucune intention , quelque bonne et adroite qu'elle fût, ne pouvait justifier ; je passai légèrement la main sur le pied du lit, pour m'assurer en effet de sa qualité ; mais je vis clairement que ce geste , dont je me suis bien repenti, quoique fait avec intention bien opposée à celle d'offenser, m'avait fait perdre , aux yeux de son Altesse Royale , l'appréciation favorable qu'elle paraissait avoir faite de mes autres démarches.
Mais la faute était faite , je la sentis vivement sur-le-champ, et je cherchai à l'atténuer en faisant à Madame la question que
j'aurais dû faire sans toucher le lit. Je lui demandai si elle était contente de son lit ; elle me fit l'honneur de me répondre: Oui. .
J'ajoutai : « Et du linge, Madame ? » Réponse : « Il y a plusieurs semaines qu'on ne m'en a donné. »
A chaque détail de cette scène, on sent accroître sans doute son indignation et sa douleur ; mais à cette dernière réponse de son Altesse Royale , la peine de mes collègues et la mienne furent sans mesure ; ils l'exprimèrent fortement, et du geste et de la voix, par des imprécations contre la coupable commune.
Je continuai cependant mon audacieux inventaire dans la chambre de Madame ; il y avait des encoignures en acajou aux deux coins de la cheminée, au-dessus du manteau , et dans ces encoignures quelques livres.
J'étais au désespoir de penser qu'en sortant du Temple je ne laisserai de moi, à Son Altesse , que l'opinion commune à tous ceux qui l'avaient approchée jusqu'alors ; et il y avait une si grande différence entre la leur et la mienne, sous tous les rapports, que, quoique je n'eusse pas l'honneur d'en être connu, j'étais indigné contre moi-même d'avoir donné à Madame la juste occasion d'observer que jusqu'à ce jour elle n'avait pas encore vu un être qui eût l'idée des convenances, ou qui sût les respecter.
Leos
Leos- Messages : 794
Date d'inscription : 29/12/2013
Age : 54
Localisation : Zlin, Tcheque
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Merci chère Eleonore,
pour ton extrait de André Castelota ..
J'ai à nouveau un scarabée dans la tête, où il a pris la baignoire et les chemises de bains.
Je sais que nous en avons déjà discuté . avec un resultat: sans bain à la fin ... peut-être juste un petit bain de pieds ...
Mais reste..
Leos
pour ton extrait de André Castelota ..
J'ai à nouveau un scarabée dans la tête, où il a pris la baignoire et les chemises de bains.
Je sais que nous en avons déjà discuté . avec un resultat: sans bain à la fin ... peut-être juste un petit bain de pieds ...
Mais reste..
Leos
Leos- Messages : 794
Date d'inscription : 29/12/2013
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Localisation : Zlin, Tcheque
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Il y avait bien un clavecin au Temple, comme vous nous dîtes, merci mon cher Leos .
Lepître le fit accorder en décembre 1792 et sur lequel Madame Royale jouait la Piété Filiale, chanson composée pour la mort du roi et qu'interprétait Louis Charles.
Lepître le fit accorder en décembre 1792 et sur lequel Madame Royale jouait la Piété Filiale, chanson composée pour la mort du roi et qu'interprétait Louis Charles.
Romance "La piété filiale" 1793
Composée par J. F. Lepitre pour Louis XVII au Temple.
Musique de Mme Cléry
Musique de Mme Cléry
Eh ! quoi ? tu pleures, ô ma mère !
Dans tes regards fixés sur moi
Se peignent l'amour et l'effroi
J'y vois ton âme toute entière.
Des maux que ton fils a soufferts
Pourquoi te retracer l'image ?
Lorsque ma mère les partage,
Puis-je me plaindre de mes fers ?
Des fers ! O Louis, ton courage
Les ennoblit en les portant.
Ton fils n'a plus, en cet instant
Que tes vertus pour héritage.
Trône, palais, pouvoir, grandeur ;
Tout a fui pour moi sur la terre,
Mais je suis auprès de ma mère
Je connois encore le bonheur.
Un jour peut-être... (l'espérance
Doit être permise au malheur) ;
Un jour, en faisant son bonheur,
Je me vengerai de la France.
Un Dieu favorable à ton fils
Bientôt calmera la tempête ;
L'orage qui courbe leur tête
Ne détruira jamais les lys.
Hélas ! Si du poids de nos chaînes
Le ciel daigne nous affranchir
Nos coeurs doubleront leur plaisir
Par le souvenir de nos peines.
Ton fils, plus heureux qu'aujourd'hui,
Saura, dissipant tes alarmes,
Effacer la trace des larmes
Qu'en ces lieux tu versas pour lui.
________________
A MADAME ÉLISABETH
Et toi dont les soins, la tendresse
Ont adouci tant de malheurs,
Ta récompense est dans les coeurs
Que tu formas à la sagesse.
Ah ! souviens-toi des derniers voeux
Qu'en mourant exprima ton frère
Reste toujours près de ma mère,
Et ses enfants en auront deux.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Merci..
Encore un mot..
Personne ne doute non plus que la Reine et Mme Elisabeth se livraient au tissage de tapisseries...
Mais cela nécessitait certainement un métier à tisser ... est-il répertorié dans une liste de choses qui se trouvaient dans le Temple?
C'était probablement une machine assez encombrante, comme le montre joliment la série télévisée Marie-Antoinette avec Geneviève Gasile..
Leos
Encore un mot..
Personne ne doute non plus que la Reine et Mme Elisabeth se livraient au tissage de tapisseries...
Mais cela nécessitait certainement un métier à tisser ... est-il répertorié dans une liste de choses qui se trouvaient dans le Temple?
C'était probablement une machine assez encombrante, comme le montre joliment la série télévisée Marie-Antoinette avec Geneviève Gasile..
Leos
Leos- Messages : 794
Date d'inscription : 29/12/2013
Age : 54
Localisation : Zlin, Tcheque
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Merci, cher Leos, pour ce nouveau témoignage dont je prends seulement maintenant connaissance ( parce que je préparais ma citation de Lepître ).Leos a écrit:Chers amis,
Le témoignage de Lepitre n'est pas le seul .. il reste encore de Harmand de la Meuse. Il décrit une visite au Temple en 1795.. contient beaucoup de discours direct pour moi ..
Vous vous interrogez quant à la présence d'un métier à tisser ?
Voici une nouvelle énigme !
Je ne crois pas que ces dames tissaient des tapisseries mais plutôt qu'elles brodaient seulement une trame de tapisserie. Et, dans ce cas, elles n'avaient besoin que de bien peu de matériel : aiguilles, dés à coudre, cadres de bois. Il a dû venir un moment où les paires de ciseaux leurs ont été confisquées .
Par contre je me demande si les motifs étaient déjà imprimés sur la tapisserie ou bien si elles les dessinaient ?
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Jean-Batiste Harmand de la Meuse, ancien commissaire de la convention, publia son récit en 1811 sous le titre « Anecdotes relatives à quelques personnes et plusieurs évènements remarquables de la Révolution »
Sans toutefois exprimer aucun avis ni jugement, Lenotre a repris son témoignage dans « Mémoires et Souvenirs sur la Révolution et l'Empire d'après des documents inédits » publié à partir de 1907.
La pièce d'archive concernant le paiement à l'accordeur du forte-piano est issue d'un lot de papiers trouvés par hasard, et acheté au poids par le baron Léon Audebert de la Morinerie en 1848. Parmi eux, 55 feuillets concernaient le Temple. La Morinerie les conserva pendant près de 40 ans, puis en publia des extraits en 1884 dans « La Nouvelle Revue » tome 27.
Selon l'auteur, ces extraits proviennent d'un cahier de 16 pages de la main de Cléry intitulé « Journal de demandes faites pour le Roi et Sa Famille au Temple par Cléry...»
Je n'ai pas cherché ou se trouvent les papiers de la Morineri aujourd'hui. Cependant en dépit de leur découverte plutôt rocambolesque, ils pourraient être véritablement authentiques. Les descriptions qu'il donne des vêtements de Marie-Antoinette, et de Mme Élisabeth, recoupent nettement les factures de fournisseurs consultées aux AN.
L'ensemble de ces différentes publications à été ensuite rebrodé par André Castelot, sans recherche complémentaire solide, ni source. Je comprends mieux maintenant son couplet bêtement ironique sur les garde-robes de la reine et d'Élisabeth au Temple (bio Marie-Antoinette)
Néanmoins je lui en sais gré, car sa légèreté confondante m'a incitée à approfondir le sujet sérieusement. On est jamais si bien servi que par soi-même
Sans toutefois exprimer aucun avis ni jugement, Lenotre a repris son témoignage dans « Mémoires et Souvenirs sur la Révolution et l'Empire d'après des documents inédits » publié à partir de 1907.
La pièce d'archive concernant le paiement à l'accordeur du forte-piano est issue d'un lot de papiers trouvés par hasard, et acheté au poids par le baron Léon Audebert de la Morinerie en 1848. Parmi eux, 55 feuillets concernaient le Temple. La Morinerie les conserva pendant près de 40 ans, puis en publia des extraits en 1884 dans « La Nouvelle Revue » tome 27.
Selon l'auteur, ces extraits proviennent d'un cahier de 16 pages de la main de Cléry intitulé « Journal de demandes faites pour le Roi et Sa Famille au Temple par Cléry...»
Je n'ai pas cherché ou se trouvent les papiers de la Morineri aujourd'hui. Cependant en dépit de leur découverte plutôt rocambolesque, ils pourraient être véritablement authentiques. Les descriptions qu'il donne des vêtements de Marie-Antoinette, et de Mme Élisabeth, recoupent nettement les factures de fournisseurs consultées aux AN.
L'ensemble de ces différentes publications à été ensuite rebrodé par André Castelot, sans recherche complémentaire solide, ni source. Je comprends mieux maintenant son couplet bêtement ironique sur les garde-robes de la reine et d'Élisabeth au Temple (bio Marie-Antoinette)
Néanmoins je lui en sais gré, car sa légèreté confondante m'a incitée à approfondir le sujet sérieusement. On est jamais si bien servi que par soi-même
_________________
« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Marie-Jeanne a écrit:L'ensemble de ces différentes publications à été ensuite rebrodé par André Castelot, sans recherche complémentaire solide, ni source. Je comprends mieux maintenant son couplet bêtement ironique sur les garde-robes de la reine et d'Élisabeth au Temple (bio Marie-Antoinette)
Néanmoins je lui en sais gré, car sa légèreté confondante m'a incitée à approfondir le sujet sérieusement. On est jamais si bien servi que par soi-même
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
La date de la première publication d'Harmand de la Meuse est en réalité 1814, année de l'abdication de Napoléon et du retour des Bourbon. En introduction il la justifie en expliquant qu'une première édition de son témoignage avait été interdite et saisie par la police environ 8 ans auparavant.
Même année 1814 pour la première édition du récit de Jacques-François Lepitre.
Par leur contexte et par leur ton mélodramatique, ces récits sont à lire avec précaution. Même s'ils comportent des choses avérés il vaut mieux, à mon sens, ne pas s'y fier aveuglément. Lenotre ne semble pas penser autrement lorsqu'il écrit « Ce Lepitre, qui se donne ici pour un héro... ».
C'est touchant d'imaginer le dauphin chantant la composition de Lepitre et de Mme Cléry, mais est-ce vraiment bien certain ? Personnellement j'en doute.
Quant au forte-piano.
Même année 1814 pour la première édition du récit de Jacques-François Lepitre.
Par leur contexte et par leur ton mélodramatique, ces récits sont à lire avec précaution. Même s'ils comportent des choses avérés il vaut mieux, à mon sens, ne pas s'y fier aveuglément. Lenotre ne semble pas penser autrement lorsqu'il écrit « Ce Lepitre, qui se donne ici pour un héro... ».
C'est touchant d'imaginer le dauphin chantant la composition de Lepitre et de Mme Cléry, mais est-ce vraiment bien certain ? Personnellement j'en doute.
Quant au forte-piano.
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Je vous livre ma conclusion suite aux diverses recherches et communications des derniers jours.
Les témoignages tardifs publiés en 1814 par Lepitre, ancien membre de la Commune de Paris, et Harmand, conventionnel de 1792 à 1795, suggèrent qu’un instrument de musique était bien déposé à l’étage des femmes de la grosse tour du Temple. Mais quel instrument ? C’est une première imprécision : clavecin en 1792 et 1793 chez Lepitre, piano à queue en 1795 chez Harmand, ce qui n’est pas tout à fait la même chose…
Cet instrument, qui reste donc à définir, n’apparait sur aucun des plans dressés pendant la détention de la famille royale, alors que tous les autres meubles sont identifiés et correspondent avec précision aux inventaires connus. Ni la relation de Cléry, ni celles des autres témoins du Temple qui ont rendu compte des occupations quotidiennes de la Famille royale n’ont fait état de l’instrument de musique. Plus étrange encore, Madame Royale n’en parle pas un seul instant dans ses souvenirs…
Il existe bien deux pièces d’archives, au parcours rocambolesque pour l’une d’entre elles, dont l’authenticité n’est pas pour autant contestée. Elles font clairement référence à un achat de partitions et au paiement d’un accordeur de piano forte, dont acte !
Il semble donc que la présence d’un clavecin ou d’un piano-forte ne puisse être totalement écartée, mais j’insiste sur le fait qu’elle n’est pas attestée par les acteurs principaux et j’observe que les témoignages de Lepitre et Harmand restent contradictoires : encore une fois, un clavecin n’est pas un piano à queue !
Personnellement, je n’arrive pas à y croire. Pas tant en raison d’anecdotes comme celle d’une Marie-Antoinette qui fanfaronne en interprétant la Marseillaise au clavecin ! Non, il m’est plutôt difficile de penser que, si Marie-Antoinette avait eu la chance d’avoir un instrument de musique, elle en aurait si peu usé que personne n’en aurait parlé comme une de ses activités régulières !!!
Au mieux, le conditionnel s’impose donc à mon sens…
Les témoignages tardifs publiés en 1814 par Lepitre, ancien membre de la Commune de Paris, et Harmand, conventionnel de 1792 à 1795, suggèrent qu’un instrument de musique était bien déposé à l’étage des femmes de la grosse tour du Temple. Mais quel instrument ? C’est une première imprécision : clavecin en 1792 et 1793 chez Lepitre, piano à queue en 1795 chez Harmand, ce qui n’est pas tout à fait la même chose…
Cet instrument, qui reste donc à définir, n’apparait sur aucun des plans dressés pendant la détention de la famille royale, alors que tous les autres meubles sont identifiés et correspondent avec précision aux inventaires connus. Ni la relation de Cléry, ni celles des autres témoins du Temple qui ont rendu compte des occupations quotidiennes de la Famille royale n’ont fait état de l’instrument de musique. Plus étrange encore, Madame Royale n’en parle pas un seul instant dans ses souvenirs…
Il existe bien deux pièces d’archives, au parcours rocambolesque pour l’une d’entre elles, dont l’authenticité n’est pas pour autant contestée. Elles font clairement référence à un achat de partitions et au paiement d’un accordeur de piano forte, dont acte !
Il semble donc que la présence d’un clavecin ou d’un piano-forte ne puisse être totalement écartée, mais j’insiste sur le fait qu’elle n’est pas attestée par les acteurs principaux et j’observe que les témoignages de Lepitre et Harmand restent contradictoires : encore une fois, un clavecin n’est pas un piano à queue !
Personnellement, je n’arrive pas à y croire. Pas tant en raison d’anecdotes comme celle d’une Marie-Antoinette qui fanfaronne en interprétant la Marseillaise au clavecin ! Non, il m’est plutôt difficile de penser que, si Marie-Antoinette avait eu la chance d’avoir un instrument de musique, elle en aurait si peu usé que personne n’en aurait parlé comme une de ses activités régulières !!!
Au mieux, le conditionnel s’impose donc à mon sens…
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" Ai-je vu dans sa société quelque chose qui ne fût pas marqué au coin de la grâce, de la bonté et du goût? "
(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: La famille royale à la prison du Temple : plans et aménagements
Marie-Jeanne a écrit:C'est touchant d'imaginer le dauphin chantant la composition de Lepitre et de Mme Cléry, mais est-ce vraiment bien certain ? Personnellement j'en doute.
Une petite comptine royaliste (et longue avec ça!) interprétée au Temple, au nez et à la barbe des municipaux, alors que la violence s'exacerbe un peu partout, je n'y crois pas plus que vous chère Marie-Jeanne!
Vous avez bien eu raison de préciser que les témoignages de Lepitre et de Harmand sont datés de l'année lacrymale 1814.
1814, grande année pour les mémorialistes.
Dernier point : toujours rien chez Cléry! Je n'ai pas l'intention de le relire une troisième fois. Rien = rien...
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
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