François-Marie Arouet, dit Voltaire

De nombreuses émissions de radio étaient consacrées dernièrement à Voltaire ; et en particulier à sa lutte contre « l’intolérance » à l’occasion de la célèbre affaire Calas.



L’émission Au coeur de l’Histoire : 250 après Voltaire et l’affaire Calas
Ici : http://www.europe1.fr/mediacenter/emissions/au-coeur-de-l-histoire/sons/l-integrale-250-ans-apres-voltaire-et-l-affaire-calas-982475

L’émission La marche de l’histoire : L’Affaire Calas
Ici : http://www.franceinter.fr/emission-la-marche-de-lhistoire-l-affaire-calas



Plus « pointues », et il faut avoir un peu temps devant soi (chaque émission dure environ 53 minutes), je vous recommande également l’écoute en ligne des émissions thématiques des Nouveaux chemins de la connaissance :

- L’esprit Voltaire : Y a-t-il des limites à la tolérance ?
Ici : http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-l’esprit-voltaire-14-y-a-t-il-des-limites-a-la-tole

- L’esprit Voltaire : Peut-on faire un dictionnaire de la raison ?
Ici : http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-l’esprit-voltaire-24-peut-on-faire-un-dictionnaire-

- L’esprit Voltaire : la philosophie a-t-elle un sexe ?
Ici : http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-l’esprit-voltaire-34-la-philosophie-a-t-elle-un-sex

- L’esprit Voltaire : L’affaire Calas, quand l’injustice fonde la justice
Invité de l’émission : Robert Badinter
Ici : http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-l’esprit-voltaire-44-l’affaire-calas-quand-l’injust


Buste de Voltaire par Jean-Baptiste Lemoyne

Que des programmes passionnants au programme dis donc :\\\\\\\\:

Bien à vous.

Oui. Les émissions de France Culture sont particulièrement intéressantes, et notamment celle où Robert Badinter est invité.

Petite parenthèse, la célèbre phrase illustrée avec l’image amusante proposée par la comtesse Diane....

« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire »

Comtesse Diane a écrit:

Voltaire et Charlie

..........n’a jamais été ni écrite, ni même apparemment prononcée par Voltaire.

Bon ! :

Tout le monde connaît ce moment de gloire que Voltaire connut à la toute fin de sa vie, lorsqu'il put enfin retourner à Paris.
Néanmoins, Louis XVI n'était pas particulièrement emballé...

Correspondance secrète, 2 mars 1778 :

.

Souvenirs de Mme de Créquy :

Mme Necker est la première personne à qui soit venue l'heureuse idée de frapper des médailles à l'effigie de M. de Voltaire et d'ériger des statues en son honneur ; mais ce ne fut pas tout-à-fait à ses dépens : elle en fut quitte pour un double louis qui reluisait en tête de la souscription dont M. Necker avait rédigé le prospectus avec toutes les formules de précautions qu'il aurait apportées à la confection d'un acte de commandite.
On débuta par la statue en attendant l'autorisation de battre monnaie ; Mme Necker y fit contribuer toutes ses connaissances (sic erat in prospectu), l'abbé Raynal y fut inscrit pour vingt-quatre sous ; Pigale acheta son marbre ; Voltaire aiguisa sa plume afin de riposter convenablement à la galanterie de Mme Necker, et voici l'épître de ce vieux perfide (  :  ) :

Quelle étrange idée est venue
Dans votre esprit sage, éclairé ?
A moi chétif, une statue ?
D'orgueil je vais être enivré !
L'ami de Jean-Jacques a déclaré
Que c'est à lui qu'elle était due ;
Il la demande avec éclat !
L'univers, par reconnaissance,
Lui devait cette récompense ;
Mais l'univers est un ingrat !
En beau marbre, d'après nature,
C'est vous que je figurerai,
Lorsqu'à Paphos je reviendrai
Et que j'aurai la main plus sûre.
Ah ! si jamais de ma façon,
De vos attraits on voit l'image ?...
On sait comment Pygmalion
Traitait autrefois son ouvrage ?..

;

[/i]

On apprit aussi que M. de Voltaire avait été cruellement désappointé de ce que l'empereur Joseph n'avait pas voulu s'arrêter à Ferney pour y voir ce grand philosophe, et que c'était en exécution de la promesse qu'il en avait faite à l'Impératrice, sa mère, attendu que la digne et judicieuse Marie-Thérèse a toujours regardé Voltaire comme étant le contempteur de la divinité, et par conséquent l'ennemi de l'humanité.

( Marquise de Créquy )

« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire »

N'est-ce pas celui là même qui conduisait la censure chez les libraires qui possédaient des pamphlets écrits contre lui, et écrivait au ministère pour faire embastiller ceux qui osaient le contredire publiquement .... ah, quel grand communiquant que cet homme là.

Il n'a jamais écrit cette phrase. C'est l'une de ses biographes.

Ah tiens, qui ? Je l'ai toujours entendue attribuée à Voltaire.

C'est presque dommage, elle est piquante, cette phrase !
Tant pis ...

Lucius a écrit:Ah tiens, qui ? Je l'ai toujours entendue attribuée à Voltaire.

Qui, je ne sais plus précisément. Une anglo-saxonne je crois. Au début du siècle dernier me semble-t-il.
Mais elle n'est pas de lui en tous les cas.

Mme de Sabran a écrit:

C'est presque dommage, elle est piquante, cette phrase !
Tant pis ...

M'oui...mais elle ne va pas dans le sens de ce qu'il dit justement dans son "Traité sur la tolérance".
A savoir qu'il y a des limites ! Et notamment à l'expression des fanatiques et des intransigeants.
Il ne s'est pas fait tuer pour l'expression des "idées" de ceux qui ont condamné (et massacré) le chevalier de La Barre, ou Callas : au contraire !!

Je préfère son : Ecrasez l'infâme !
Tout est dit.

Hier, l'émission Au coeur de l'histoire était consacrée à Voltaire.
Franck Ferrand recevait Louis Beriot, auteur de ce livre, que nous avons récemment présenté :



Ainsi que Frédéric Lenormand, auteur de romans policiers dans lesquels Voltaire mène les enquêtes.
Nous les avons également présentés dans notre rubrique Bibliographie.




La première partie de l'émission, le récit de Franck Ferrand, est consacrée à la terrible affaire du chevalier de La Barre.

L'émission en écoute libre, c'est ici : http://www.europe1.fr/emissions/au-coeur-de-l-histoire/voltaire-a-la-mode-2754613

La nuit, la neige a écrit:

La première partie de l'émission, le récit de Franck Ferrand, est consacrée à la terrible affaire du chevalier de La Barre.

:

... à faire dresser les cheveux sur la tête !
Merci, cher ami, pour ce nouveau lien, je ne manquerai pas d'y sauter dès que possible.

Très très intéressant !  Pauvre petit chevalier . J'ignorais qu'il s'était retrouvé dans la même cellule de prison que Damiens.  
 Ce n'était pas de bonne augure .  J'ai appris ce qu'étaient les monitoires et aussi que Mme Adélaïde s'était mêlée de prendre la défense de la Barre jusqu'à implorer sa grâce auprès de Louis XV .  :\\\\\\\\:
Réponse à la gomme : " S'il n'y a pas de Dieu, que suis-je ? "
Cherchez l'erreur...

Mme de Sabran a écrit:J'ai appris ce qu'étaient les monitoires et aussi que Mme Adélaïde s'était mêlée de prendre la défense de la Barre jusqu'à implorer sa grâce auprès de Louis XV .  
Réponse à la gomme : " S'il n'y a pas de Dieu, que suis-je ? "
Cherchez l'erreur...

Oui. Tu avais fait le récit de cette affaire en page 3 de ce sujet.  

Je recopie un extrait de la lettre que Voltaire adresse à son ami le comte d'Argental (qu'il surnomme, lui et son épouse : ses "anges") quelques jours après avoir eu connaissance de l'exécution de La Barre :

L'atrocité de cette aventure me saisit d'horreur et de colère. Je me repends bien de m'être ruiné à bâtir et à faire du bien dans la lisère d'un pays où l'on commet de sang-froid, et en allant dîner, des barbaries qui feraient frémir des sauvages ivres. Et c'est là ce peuple si doux, si léger et si gai.

Arlequins anthropophages, je ne veux plus entendre parler de vous.
Courez du bûcher au bal, et de la grève à l'opéra comique, rouez Calas, pendez Sirven, brûlez cinq pauvres jeunes gens qu'il fallait, comme disent mes anges, mettre six mois à Saint-Lazare. Je ne veux pas respirer le même air que vous.

La nuit, la neige a écrit:

Mme de Sabran a écrit:J'ai appris ce qu'étaient les monitoires et aussi que Mme Adélaïde s'était mêlée de prendre la défense de la Barre jusqu'à implorer sa grâce auprès de Louis XV .  
Réponse à la gomme : " S'il n'y a pas de Dieu, que suis-je ? "
Cherchez l'erreur...

Oui. Tu avais fait le récit de cette affaire en page 3 de ce sujet.  

???

Tu as oublié de mettre le lien ... :

Désolé ! Je me suis trompé, je voulais dire en page 2 (de ce même sujet).

La nuit, la neige a écrit:Désolé !

Non, c'est moi : je n'avais qu'à tourner une page ...

Mme de Sabran a écrit:  Cette fois, c'est Bombelles qui  trousse au maréchal de Richelieu un éloge funèbre pas piqué des hannetons . Il y affirme tout uniment que Voltaire et Richelieu ( les inséparables !  ) étaient frères !!!

Le 12 août 1788 .
Le maréchal de Richelieu, qui était tout à fait tombé en enfance, vient de terminer une vie dont les circonstances variées, mais marquantes, pourront fournir une ample matière à l'éloge . Au milieu de bien des vices, il montra des talents de plus d'un genre . Sa mère et celle de Voltaire eurent toutes deux le même amant. Voltaire et le maréchal naquirent de ces feux illicites, de même que le maréchal de Duras actuellement vivant est le fils du maréchal de Richelieu. Mon frère aîné pensait avec un certain plaisir que sa mère, moins fidèle et moins chaste que la mienne, lui avait donné le jour dans le temps où le duc de Richelieu donnait du souci à mon père .

Mme de Sabran a écrit:;
En 1756,  l'occasion d'une visite de d'Alembert aux Délices, Jean-Louis du Pan, témoin de la scène, rapporte les propos de Voltaire :
" Je crois aussi certain que d'Alembert est le fils de Fontenelle, comme il est sûr que je le suis de Roquebrune. "
 ( ... )   Voltaire prétendit que l'honneur de Madame sa mère consistait  à avoir préféré un homme d'esprit comme était Roquebrune, mousquetaire, officier, auteur,  à Monsieur son père pour qui le génie était un homme très commun, et dit qu'il s'était toujours flatté d'avoir l'obligation de sa naissance à Roquebrune .

( René Pommeau, Voltaire en son temps, tome 1 page 23 )  

https://www.ladissertation.com/Biographies/Biographies/Philosophe-Des-Lumi%C3%A8res-101231.html

Merci...

Au sujet de la filiation incertaine de Voltaire avec François Arouet, je cite quelques extraits de la biographie Voltaire de Pierre Milza qui, après avoir évoqué la date de naissance incertaine de Voltaire (il existe deux versions), en vient au sujet de sa prétendue filiation illégitime.

Je cite :

Les tardives confidences du philosophe se rapportant de manière explicite à sa filiation illégitime datent de juin 1744 - il a tout juste cinquante ans.
Dans un poème destiné au duc de Richelieu (...), il se désigne comme le "batard de Rochebrune".

Il faut ensuite attendre 1753 pour que, souffrant d'un "commencement d'hydropisie", il écrive à sa nièce Mme Denis :
"Vous savez que Rochebrune en est mort, et que j'ai quelques raisons de prétendre à son tempérament."

On ne sait pas grand chose sur le personnage cité, sinon que Guérin de Rochebrune fut un client de François Arouet et qu'il était issu d'une famille noble de Haute-Auvergne.
En 1707, il a voisiné quelque temps avec François Arouet dans la Cour Vieille du Palais, si bien que Voltaire, alors âgé de 13 ans, l'a très probablement connu à cette date.
Soupçonnait-il déjà que Rochebrune était son père naturel ? On l'ignore.
(...)
A-t-il été fasciné par un personnage dont le non-conformisme tranchait avec l'austérité de la maison Arouet ?
Et, dès lors, s'est-il inventé un conte familial qui pût porter ses propres aspirations ?

Un propos de l'écrivain, consécutif à une visite de d'Alembert aux Délices en août 1756, atteste au moins d'une chose : le souci qu'à Voltaire, la soixantaine passée, de privilégier dans le regard porté sur sa naissance l'hypothèse d'une filiation illégitime.

Pierre Milza cite ensuite les propos de Jean-Louis du Pan notés précédemment, et poursuit :

Aucune certitude néanmoins, sinon que Voltaire, à ce point désireux de se voir reconnaître un lien de sang avec la noblesse d'épée, en oublie que Rochebrune fut davantage connu comme chansonnier satirique à quatre sous que comme "officier".

[b]Plaide toutefois en faveur de la thèse de l'illégitimité la question des deux dates de naissance de l'écrivain.

Je ne recopie pas ce chapitre, c'est trop long...  :

ROCHEBRUNE ? ... L'ancêtre du canard enchaîné et autres media part ?  :

" Je crois aussi certain que d'Alembert est le fils de Fontenelle, comme il est sûr que je le suis de Roquebrune. "

Pas de bol, d'Alembert est aujourd'hui considéré sans beaucoup de doutes comme le fils du duc d'Arenberg, ou au pire de son homme de confiance et père de substitution du jeune enfant "abandonné", le chevalier Destouches.

Je poursuis la citation de la biographie de Pierre Milza, et plus précisémment au sujet de la mère de Voltaire, morte alors que Voltaire était tout jeune.



Voltaire, si l'on se réfère à son seul acte de baptême, n'avait pas encore sept ans.
L'enfant était fragile, sensible, peu habitué aux démonstrations de tendresse de son géniteur : il est vraisemblable que la mort de sa mère l'a véritablement affecté.

Mme Arouet ne semble pourtant pas avoir été une mère envahissante.
Mariée à 22 ans avec un personnage peu porté à la fantaisie, condamnée comme la plupart des femmes de son temps à subir le joug des grossesses répétées et des couches périlleuses, elle a cherché à satisfaire un tant soit peu son appétit de vivre.

Elle est devenue l'amie de Ninon de Lenclos, cliente de son mari.
Elle fréquente "le monde" et accueille quelques "beaux esprits", des représentants de la bohème dorée, des abbés non conformistes comme Gédoyn ou comme Châteauneuf, en qui d'aucuns ont cru voir le véritable père de Voltaire.


Portrait présumé de Ninon de Lenclos
Attribué à Jean Petitot, le Vieux

Est-ce une indiscrétion de son entourage qui a d'abord suscité chez l'écrivain, avant qu'il ne revendique à l'âge mûr une filiation hors mariage jugée gratifiante, une certaine sévérité vis-à-vis de la conduite de sa mère ?

Toujours est-il que parmi les rarissimes mentions de Mme Arouet dans l'immense correspondance de l'écrivain, on relève le sizain suivant, extrait d'une "lettre à Duché", non datée et dont le destinataire serait en fait le marquis d'Ussé :

Dans tes vers, Duché, je te prie,
Ne compare point au Messie
Un pauvre diable comme moi :
Je n'ai de lui que sa misère,
Et suis bien éloigné, ma foi,
D'avoir une vierge pour mère

Oups ! :

Les spécialistes de Voltaire s'accordent à voir dans cette épigramme désabusée l'oeuvre d'un adolescent, ou du moins d'un tout jeune homme.
De l'amertume qui perce dans les deux derniers vers, il semble ressortir que son auteur ne se berce guère d'illusion quant à la vertu de sa génitrice et qu'il tient ses hypothétiques écarts pour une trahison personnelle.

Merci pour ce long exposé . Et moi qui croyais les Arouet de bons bourgeois rangés !

Le triomphe de Voltaire est relaté dans tous ses détails par le Journal de Politique et de Littérature du 5 avril 1778 .
Ce trop-plein d'émotion et de travail achèvera le grand homme . Il passe les pieds outre le 30 mai !