Marie-Josèphe-Rose Tascher de La Pagerie, impératrice Joséphine, dite Joséphine de Beauharnais

Je n'ai pas retrouvé dans nos rubriques le sujet consacré à l'impératrice Joséphine.
Comment est-ce possible ?

Récemment, dans celui consacré au domaine de Malmaison, nous avions succinctement évoqué ses liens avec Paul Barras...
Et j'avais annoncé que je recopierai des extraits du portrait au vitriol que Barras écrit au sujet de Joséphine, dans ses Mémoires.

Portrait du vicomte Paul de Barras

Voici la première partie, et je cite :

Mme Beauharnais passait pour avoir quelque crédit auprès de moi : les uns croyaient qu’elle avait été ma maîtresse, d’autres qu’elle l’était encore (rappelons que Barras, qui ne s’est jamais marié, aimait aussi être en compagnie de quelques…mignons boudoi32 ).
Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’elle avait été précédemment, au su et au vu de tout le monde, celle du général Hoche e di tutti quanti (sic !  :).

Ce n’est pas qu’elle n’eût aimé le général Hoche peut-être avec préférence : cela est concevable.
C’était notre premier guerrier et l’un de nos plus beaux hommes, plus près des formes d’Hercule que de celles d’Apollon.


Ecole française. Portrait de Louis Lazare Hoche

Soit ambition plutôt encore qu’amour, puisqu’elle l’avait trompé tout comme un autre, Mme de Beauharnais avait poussé ses prétentions sur Hoche jusqu’à vouloir le faire divorcer pour l’épouser ; mais Hoche était attaché à sa jeune et vertueuse femme (notons le contraste supposé avec Joséphine) par une tendre estime ; il avait pu la négliger conjugalement, mais non la délaisser et l’oublier pour une galanterie passagère, telle que celle à laquelle avait donné naissance sa rencontre en prison avec la veuve Beauharnais.

Il avait en conséquence repoussé ces propositions de divorce avec horreur, disant avec fermeté à Mme Beauharnais que :l’on pouvait bien se passer un moment une catin pour maîtresse, mais non la prendre pour femme légitime.

....


Portrait au pastel de Joséphine par Prud'hon

C'est très élégant comme réponse !!!!!! Je n'ai jamais bien compris le charme que pouvait apporter le pouvoir. Je ne parle même pas du physique !!!!!

La nuit, la neige a écrit:

Il avait en conséquence repoussé ces propositions de divorce avec horreur, disant avec fermeté à Mme Beauharnais que :l’on pouvait bien se passer un moment une catin pour maîtresse, mais non la prendre pour femme légitime.

Voilà un gentleman !   )àè-è\':

Et que lui a répondu Joséphine ?
Il ne le rapporte pas, ce gougnafier !

Attendez la suite, c'est de la même eau, si ce n'est pire encore... :!,,,!!!:

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Ah, tais toi !   Nous pourrions presque l'ouvrir cette rubrique : les portraits au vitriol .  :
J'en ai un sous le coude aussi, celui d'Emma Hamilton de la plume de Mme de Boigne .
Vous y aurez droit incessamment sous peu .

Je poursuis la copie....


Hoche m'avait raconté, avec peu de discrétion peut-être, que Mme Beauharnais, pour le ramener, avait voulu lui parler d'intérêts de fortune, de crédit ; qu'elle pouvait le soutenir auprès de moi "sur qui, ajoutait-elle, elle avait beaucoup d'empire".
Le fier Hoche, ne voulant devoir qu'à lui-même sa gloire et sa fortune, avait tout refusé.


Portrait du général Hoche, par David

Avant ces discussions, il avait été dans le cas de reconnaître que Mme Beauharnais n'avait pas même de respect pour le sentiment dont elle paraissait le plus pénétrée, et que la passion qui lui permettait tous les calculs, ne lui interdisait en même temps aucune des distractions de l'infidélité : il en avait acquis souvent la certitude, et notamment d'un de ses aides de camp, qui, porteur d'une lettre de lui à Mme Beauharnais, avait été tenté par elle.

Le général Hoche reprochait à Mme Beauharnais des caprices encore moins distingués, le dirai-je et le croirait-on s'il n'en existait la preuve dans une lettre de la main même du général Hoche :

Quant à Rose (Rose, l'un des noms de baptême de Mlle Tascher-Lapagerie, est celui dont elle était appelée parmi nous ; Bonaparte y a substitué depuis celui de Joséphine, qu'il a cru moins familier, moins usé par les antécédents (bam ! : ), et plus relevé pour être accommodé à une grande destinée, comme il a depuis lui-même changé son nom de Buonaparte en celui de Bonaparte, puis le nom de Bonaparte en celui de Napoléon, quand il l'a jugé plus ronflant et plus sonore) ; quant à Rose, écrivait Hoche, qu'elle me laisse désormais tranquille ; je la livre à Vanakre, mon palefrenier".

(...)

Indigné autant qu'humilié d'un pareil partage, Hoche, voulant justifier des rapport qu'il avait eus avec Mme Beauharnais, me disait non sans une certaine honte : "il faut avoir été en prison, avant le 9 Thermidor, avec elle, pour l'avoir pu connaître aussi intimement : cela ne serait plus pardonnable quand on est rendu à la liberté."

La nuit, la neige a écrit:; quant à Rose, écrivait Hoche, qu'elle me laisse désormais tranquille ; je la livre à Vanakre, mon palefrenier".

(...)

Je la livre ... Quelle belle galerie de pauvres types !

Je poursuivrai avec un autre extrait écrit par Barras, qui m'a fait penser à notre discussion, ce dimanche dernier.
Celle où nous évoquions le sort de ces femmes et mères, veuves de la Révolution, qui n'avaient guère d'autres choix que de se trouver un "protecteur", et mieux encore...un époux !

Mais vous verrez que Barras les rabaisse cependant encore...

Eh bien, ça promet ! boudoi29 boudoi29 boudoi29

Hier j'ai été avec Bernard Chevallier que je connais bien, et il a dit que dans ses mémoires il a lâché ça haine contre Joséphine et Napoléon...

La suite donc.
Et de la nécessité, pour quelques femmes, de se trouver un protecteur et encore de l’éventuelle liberté de leurs mœurs.

Mais auparavant, petite parenthèses...

Puisque nous l’évoquions dans un autre sujet, rappelons que Joséphine (alors Rose de Beauharnais) est emprisonnée à la prison des Carmes, avec Mme Tallien.
Son sujet, ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t397p100-mme-tallien-nee-teresa-cabarrus#80152

Thérésia qui, à l’époque où elle prend le risque de revenir à Paris pour rejoindre Tallien, le fait avec son très, très jeune amant dans ses bagages (ils se feront arrêter tous deux d’ailleurs).

Rose de Beauharnais retrouvera son époux dans cette même prison, où il entretient, malgré la captivité et donc la présence de sa femme, et ce jusqu’à sa condamnation à mort, une liaison avec la jeune Delphine de Custine.  boudoi32

De son côté, Rose donc, qui succombe au Général Hoche. Si peu galant, nous l'avons lu, lorsqu’il évoque son souvenir !
Et pourtant, lui-même, également prisonnier, est tombé dans les bras de Mme de Beauharnais alors qu’il s’était marié à peine quelques jours auparavant !  boudoi29  :

Enfin donc,  Mmes Tallien et Beauharnais, qui finiront toutes deux au bras de Barras !  boudoi32
Homme connu pour être à voile et à vapeur, qui ose donc ici évoquer la « légèreté » des femmes de l’époque, et qui continue d’égratigner Joséphine sur sa lancée…

Je le cite :  

Venaient dans ces premiers temps au Directoire, comme par suite de la familiarité révolutionnaire, beaucoup de dames distinguées par leur rang et par leur beauté, et dont la liberté de mœurs introduite depuis le 9 Thermidor ne contrariait pas du tout les dispositions et les goûts.

La nécessité de vaquer au soin des affaires, pendant l’absence des émigrés, les devoirs de famille dont ces dames se disaient les représentantes, étaient l’excuse de leurs démarches réitérées, leur droit d’entrée et leur passeport naturel.
Il ne m’est pas permis d’assurer qu’elles fissent autre chose que les affaires de leurs familles, mais ce qu’il y a de certain, c’est que toutes ces veuves étaient en général fort peu désolées, et qu’elles ne refusaient aucune des distractions qui pouvaient leur être offertes.

(…)

Je dois à ce sujet rappeler une distinction que les connaissances de Mme Tallien et de Mme Beauharnais s’accordaient à marquer entre ces deux dames.
C’est que les liaisons de Mme Tallien étaient pour elle de sincères jouissances, où elle portait toute l’ardeur et la passion du tempérament.
Pour Mme Beauharnais, on pensait que les relations même avec les hommes dont elle appréciait le plus les avantages physiques, n’étaient point aussi généreuses que celles de Mme Tallien.


Portrait de l'Impératrice Joséphine, par Firmin Massot

Qu’alors même que le physique paraissait chez Mme Beauharnais être le commencement de ses rapports déterminés par un entraînement involontaire, son libertinage même n’était encore que de tête, et que le cœur n’était point de la partie des plaisirs de son corps ; qu’enfin, n’aimant jamais que par intérêt, la lubrique créole, lorsqu’on l’avait crue subjuguée et abandonnée, n’avait jamais perdu de vue les affaires ; qu’elle leur avait tout sacrifié, et que, comme on le disait d’une fille qui l’a précédée dans ce genre d’exploitation : « elle aurait bu de l’or dans le crâne de son amant ».

...

La suite des vacheries de Barras, que je cite :

Mme Beauharnais, en présence de Mme Tallien, ne paraissait pas croire possible d'entrer dans la lutte des appas.
Mme Tallien était alors dans sa plus grande fraîcheur ; Mme Beauharnais commençait sa décrépitude précoce.


Portraits de Mme Tallien et de Joséphine

Ce mot n'a rien d'exagéré pour ceux qui l'ont vu de près, et qui savent qu'elle n'avait rien qu'elle tînt de la nature ; qu'elle tenait tout de l'art, mais de l'art le plus raffiné, le plus prévoyant, le plus perfectionné que jamais courtisane de la Grèce ou de Paris aient employé dans l'exercice de leur profession (il n'y va pas avec le dos de la cuillère... boudoi32).
Ce que Mme Beauharnais sentait ne pouvoir offrir de comparaison avec les avantages réels de Mme Tallien, elle croyait le rattraper et comme le surpasser par la ruse et l'artifice consommés.

Elles ne se le cédaient sans doute ni à l'une ni à l'autre dans tous les développements des moyens de plaire.
A cet égard, elles semblaient en quelques sorte se livrer des combats, alors même qu'ils étaient des partages ; mais on pouvait se tromper en croyant que ce fussent deux sultanes sur la même ligne : l'une était très certainement Validé en retraite, quand l'autre était toute régnante (quelle ordure !)


Portrait de Joséphine, par François Gérard

La première, franchement résignée à sa position, s'offrit tout naturellement pour être la complaisante de l'autre, et sans que j'eusse l'air de la comprendre, elle avait commencé à remplir ce rôle d'une manière fort habile : c'est ainsi que n'ayant pu parvenir à supplanter Mme Tallien, elle espérait conserver le moyen de rester présente au Directoire, où elle pouvait faire quelques heureuse rencontre pour relever sa fortune, unique objet de ses pensées.

...

La nuit, la neige a écrit:
(quelle ordure !)

C'est encore trop aimable . boudoi32

Je croyais que l'Impératrice Joséphine et Napoléon vivaient une véritable histoire d'amour. Il semblerait que pendant les absences (la guerre) de Napoléon, sa femme le cocufiait très souvent. Elle était même très éprise d'un homme dont j'ai oublié le nom. Est-ce une réalité ou un mensonge ?
Source que j'ai eue dans un de mes nombreux livres. Ne me demandez pas d'aller le rechercher.

Mais bien sûr, chère Trianon, il s'agit du falot Hippolyte Charles . Joséphine pousse le culot jusqu'à l'emmener dans ses bagages lorsqu'elle cède enfin aux supplications de Bonaparte de venir le rejoindre en Italie .

C'est bien ce que je me disais. Merci pour l'information Eléonore.
Falot ? (j'adore ce mot, j'en connais une pelletée ici, sous les cocotiers....LOL). Probablement, car le nom d'Hippolyte Charles est resté dans les oubliettes.

Trianon a écrit:Je croyais que l'Impératrice Joséphine et Napoléon vivaient une véritable histoire d'amour. Il semblerait que pendant les absences (la guerre) de Napoléon, sa femme le cocufiait très souvent.

Oh ! Lui non plus ne s'est guère gêné... :

Trianon a écrit:C'est bien ce que je me disais. Merci pour l'information Eléonore.
Falot ? (j'adore ce mot, j'en connais une pelletée ici, sous les cocotiers....LOL). Probablement, car le nom d'Hippolyte Charles est resté dans les oubliettes.

Cet amant de cœur aurait eu bien du mal à faire de l'ombre à Bonaparte !  

Je poursuis donc le portrait de Joséphine par Barras, dans ses Mémoires, et le cite :

Mme Tallien bravait un peu son mari, quand elle voulait aimer un autre que lui ; mais elle gardait quelque décorum, et ne s'en était point encore séparée.

Mme Beauharnais était plus avancée : elle se prétendait aujourd'hui noble veuve de l'illustre général Alexandre Beauharnais qui avait commandé en chef l'armée du Rhin ; mais le fait est que longtemps avant la mort de l'illustre général, et même avant la Révolution, elle était séparée de son mari, dont elle avait encouru des reproches pareils à ceux qui lui avait postérieurement faits le général Hoche.

On racontait même que les infidélités de la créole avaient passé la mesure des convenances, et que, supérieure au préjugé de la couleur foncé de la peau, elle aurait eu des rapports avec des nègres.


Portrait d'Alexandre de Beauharnais, par Georges Rouget

... suprême infamie ! :

Et plus loin, alors que Barras raconte que Bonaparte, dans un premier temps, avait pensé séduire Mme Tallien, mais qu'il s'était fait éconduire...

Je cite :

Après cette défaite, Bonaparte songea que, battu sur un point, il pouvait se reporter sur un autre : il imagina de s'adresser à Mme Beauharnais ; et comme il avait quelque idée de son caractère intéressé, de son avidité dont il connaissait des traits marquants, il crut pouvoir ouvrir la porte avec la vraie clef qui n'en trouve point de fermée : il commença donc par faire à Mme Beauharnais des cadeaux qui allaient à ses goûts de toilette et de parure de courtisane.

Ce n'étaient pas seulement des châles, des ajustements de prix et de la première élégance, mais des diamants pour des sommes assez considérables : c'eût été une folie si ce n'eût pas été une spéculation.


Portrait inachevé du général Bonaparte, par David

J'en sus quelque chose, et, blâmant le jeune homme, si peu aimable qu'il fût, de subir la nécessité de commencer par payer une vieille femme (notons qu'elle vient alors d'avoir 32 ans  :), je dis à Bonaparte :

Il paraît que tu as pris la Beauharnais pour l'un des soldats du 13 Véndémiaire, que tu devais comprendre dans la distribution : tu aurais mieux fait d'envoyer cet argent à ta famille, qui en a besoin, et à laquelle je viens encore de faire passer des secours.

Bonaparte rougit, mais ne désavoua point qu'il eût fait des présents considérables.
Comme je le plaisantais sur sa générosité, où je craignais de voir l'effet d'une passion sans mesure, il se mit à rire lui même et me dit :

Je n'ai point fait de cadeaux à ma maîtresse ; je n'ai point voulu séduire une vierge : je suis de ceux qui aiment mieux trouver l'amour tout fait que l'amour à faire.


.....

La nuit, la neige a écrit:On racontait même que les infidélités de la créole avaient passé la mesure des convenances, et que, supérieure au préjugé de la couleur foncé de la peau, elle aurait eu des rapports avec des nègres......

Cette phrase de Barras ne peut être mise qu'au conditionnel, vu la mentalité esclavagiste de l'Impératrice et son rang qu'elle n'ignorait pas.

Mme de Sabran a écrit:Cet amant de cœur aurait eu bien du mal à faire de l'ombre à Bonaparte !  

Oui, pour l'ombre à Bonaparte, mais cet amant était plutôt une espèce d’épicurien comme aimait Joséphine au lieu d'un grand guerrier comme le fût sans conteste Napoléon. Capricieuse, ambitieuse et aimant le luxe à l'extrême, il est évident qu'il lui fallait les deux prétendants.

Trianon a écrit: il est évident qu'il lui fallait les deux prétendants.

...e tutti quanti, comme le prétend donc Barras au début de ce portrait ! boudoi32