Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
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Mme de Sabran
La nuit, la neige
6 participants
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Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
J'ai une prédilection pour ces gravures anciennes, merci, Majesté !!
Elles sont un témoignages précieux, car involontaire des mentalités contemporaines, au même titre que d'autres écrits eux plus suspects, car entachés de parti pris;
Et, puis c'est si gracieux......
Elles sont un témoignages précieux, car involontaire des mentalités contemporaines, au même titre que d'autres écrits eux plus suspects, car entachés de parti pris;
Et, puis c'est si gracieux......
Invité- Invité
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
Une représentation que nous connaissons pour avoir rencontrer parfois des gravures :
L'apothéose de Marie-Antoinette
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2438p25-ventes-aux-encheres-annee-2016
Le 17 mars 2017, l'étude Enchères Champagne Antoine Petit, proposera à l'occasion d'une vente aux enchères organisée à Epernay, je cite :
Boisselat
Martyre de Marie-Antoinette
XIXe siècle
Les photos complémentaires ne sont pas géniales...
Qui est ce Boisselat ?
Est-ce la peinture originale depuis laquelle furent déclinées de nombreuses gravures ?
L'apothéose de Marie-Antoinette
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2438p25-ventes-aux-encheres-annee-2016
Le 17 mars 2017, l'étude Enchères Champagne Antoine Petit, proposera à l'occasion d'une vente aux enchères organisée à Epernay, je cite :
Boisselat
Martyre de Marie-Antoinette
XIXe siècle
Les photos complémentaires ne sont pas géniales...
Qui est ce Boisselat ?
Est-ce la peinture originale depuis laquelle furent déclinées de nombreuses gravures ?
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
Dans le même genre, nous avions évoqué l'Apothéose de Marie-Antoinette, par Elisabeth Vigée Le Brun.
L'artiste cite ce tableau dans ses Souvenirs... Wink
Je gardais chez moi un autre tableau représentant la reine, que j'avais fait sous le règne de Bonaparte.
Marie-Antoinette y était peinte montant au ciel; à gauche, sur des nuages, on voit Louis XVI et deux anges, allusion aux deux enfants qu'elle avait perdus.
J'envoyais ce tableau à Mme la vicomtesse de Chateaubriand pour être mis dans l'établissement de Sainte-Thérèse, qu'elle a fondé.
Nos amis du forum La Folie dix-huitième avaient mené l'enquête.
Voir leurs échanges, que je recopie partiellement, ici : http://www.lafoliedix-huitieme.eu/versailles/deux-representations-posthumes-marie-antoinette-t354.html
L'apothéose de la reine, d’Élisabeth Vigée-Le Brun : une mystérieuse disparition
L'iconographie de Marie-Antoinette est abondante. La portraitiste Élisabeth Vigée Le Brun a largement contribué à répandre l'image de la souveraine de son vivant. Le dernier portrait qu'elle en fit, sous le nom d'Apothéose de la reine, a disparu dans des circonstances obscures.
Après la disparition de la reine, l'artiste, fidèle à son souvenir, peignit de mémoire plusieurs portraits.
Élisabeth Le Brun avait eu le projet de représenter le couple royal défunt et sa famille dans une scène de vie quotidienne à la prison du Temple; elle prit des renseignements sur la disposition des lieux, le costume et les attitudes de Louis XVI auprès de Cléry, le valet de chambre qui le servit jusqu'à ses derniers jours. Toutefois ce tableau ne se fit pas car l'artiste dut reconnaître "l'impossibilité d'entreprendre un ouvrage pour lequel chaque coup de pinceau [l'] aurait fait fondre en larmes".
Lorsqu'à Saint-Pétersbourg elle rencontra le comte de Cossé, émissaire du comte d'Artois, sur le point de regagner Mittau, séjour de la famille royale en exil, elle exécuta toutefois promptement et "de souvenir le portrait de la Reine". Cossé remit le tableau à Marie-Thérèse, fille de Marie-Antoinette.
Le 15 avril 1800, celle-ci remercia l'artiste par une lettre que la première édition de ses mémoires reproduit en fac simile. Mais Mme Le Brun aura l'occasion d'exprimer sa fidélité monarchique dans d'autres circonstances.
L'infirmerie Marie-Thérèse
La pieuse épouse de Chateaubriand, Céleste Buisson de la Vigne, avait rassemblé des offrandes dans l'espoir de fonder une institution charitable. En 1819, elle signe un bail pour un terrain et deux corps de bâtiments situés au 29 de la rue d'Enfer à Paris (actuel n°92 de la rue Denfert-Rochereau).
Céleste y installe une maison destinée à accueillir des dames de la noblesse dépourvues de revenus et ne se résignant pas à confier leurs derniers jours à un hospice. Dans cette demeure baptisée "infirmerie", afin de ne pas choquer les susceptibilités de ses hôtes, Céleste reçoit également des prêtres trop âgés pour exercer leur sacerdoce.
En 1820, avec le produit de ses Mémoires sur le duc de Berry, René de Chateaubriand acquiert le terrain et les bâtiments. En 1822 une chapelle attenante est construite, inaugurée en octobre par la présence de celle qui donnera son nom à l'institution, Marie-Thérèse, duchesse d'Angoulême.
En 1824, Chateaubriand annexe un terrain voisin après la vente de la Vallée-aux-Loups. Vers 1833, la maison dite de l'horloge, qui gouverne l'entrée, est construite, puis des cuisines et une buanderie modernisent l'ensemble.
Une vie réglée selon un rituel immuable permettait aux pensionnaires de vivre harmonieusement dans cet endroit encore champêtre.
Mais ne pouvant équilibrer ses comptes avec de simples dons et legs, Céleste chercha d'autres ressources.
Elle imagina de créer une fabrique de chocolat. Bientôt, par plaisanterie, elle signera quelques-une de ses lettres : "la vicomtesse de chocolat".
Dans la clientèle de la chocolaterie de la rue d'Enfer, le jeune Victor Hugo venait avec le secret espoir d'apercevoir celui que Céleste appelait "le chat".
Un tableau offert par Élisabeth Vigée Le Brun
Au moment de la consécration de la chapelle, il fallut l'orner. La vicomtesse demanda de l'aide. Le comte de Forbin, directeur des Musées royaux, prêta un Saint Jean baisant les pieds de l'Enfant Jésus de l'école de Van Dyck et une Trinité prenant sous sa protection Saint Ignace et la congrégation des Ursulines d'un maître inconnu.
Dans sa générosité, le musée royal ne s'était pas dépossédé de chefs-d’œuvre de premier rang. Une Annonciation peinte vers 1823 (Salon de 1824) par Jean Joseph Ansiaux garnissait également un des murs.
Sur des cartes postales anciennes, on la devine placée sur le mur de droite. Des tableaux de peintres plus illustres avaient été rassemblés.
Une Sainte Catherine de Mignard faisait partie de la décoration de la chapelle, sans que l'on connaisse la date à laquelle elle y entra.
En 1860 encore, ce tableau était signalé dans un inventaire manuscrit. La Sainte Catherine voisinait avec une Vierge dans la lumière de Pierre Narcisse Guérin, qui donnait à la madone les traits de Marie-Thérèse. Avec modestie, Guérin répondit à un admirateur qui louait sa Vierge :
"C'est je crois plus encore une bonne œuvre qu'un bon tableau".
Un autre proche de l'artiste, le baron Gérard, contribua à la décoration de la chapelle. Il offrit l'émouvant tableau d'une Sainte Thérèse agenouillée.
Cette toile fut accrochée à la place d'honneur, derrière l'autel; elle orne, dans l'état actuel de la chapelle, le mur de droite dans le chœur.
Mme Le Brun y alla de sa contribution.
Elle avait peint pour son usage personnel une étonnante scène : Marie-Antoinette saisie dans un mouvement d'Assomption et vêtue d'une robe blanche, tenait dans sa main droite la palme des martyrs.
Une lettre adressée à Gérard, le 9 mai 1817, évoque la préparation de ce tableau.
L'artiste souhaitait avoir l'avis de Gérard dont elle était l'amie :
"Je voudrais aussi vous prier de venir voir mon Rêve, lui écrit-elle - c'est ainsi en effet qu'elle désignait cette toile.
Gérard répond après sa visite : "c'est bien là le rêve d'une belle âme rendu par un beau talent".
Cette représentation presque mariale fut placée dans le salon ou la chambre de Mme Le Brun avec ceux des tableaux dont elle ne se sépara jamais, tels les portraits d'Hubert Robert et d'Auguste Poniatowski. Elle évoque cet épisode dans ses Souvenirs : (déjà cité précédemment).
C'est donc six années après son achèvement que l'Apothéose de la Reine est installée dans "la salle qui précède l'église", pièce vitrée assez singulière réservée à Marie-Thérèse lorsqu'elle se rendait rue d'Enfer. Dans ce salon d'où Marie-Thérèse pouvait suivre la messe se trouvait aussi un autel qui provenait de l'ancien appartement des Chateaubriand, situé 118 rue du Bac.
La disparition du "Rêve"
Le tableau d’Élisabeth Le Brun avait inauguré un courant iconographique tendant à béatifier la souveraine.
D'autres représentations plus tardives suggèreront le martyre de la reine défunte.
On pense notamment au groupe sculpté par Cortot, commande de Marie-Thérèse, toujours visible dans la chapelle expiatoire édifiée par Fontaine. Le projet de ce groupe installé entre 1834 et 1835 remonte à 1826-1827.
Dans cette composition qui joue sur les ressorts du dolorisme, la reine agenouillée est soutenue par la Religion qui lui accorde soutien dans son martyre. La dernière lettre de la reine adressée à Mme Élisabeth est gravée dans la pierre comme un message d'outre-tombe.
Si le marbre de Cortot a défié le temps, si la Sainte Thérèse de Gérard est toujours en place, le tableau d’Élisabeth Vigée Le Brun a bel et bien disparu.
Greniers, caves et placards de l'institution ont été passés au crible.
Dans l'opuscule que le chanoine Baurit consacre en 1974 à l'infirmerie, il prend acte de la disparition et suppose que ce tableau "particulièrement séditieux" a été détruit par les Communards qui se seraient introduits dans l'établissement.
Si cette hypothèse va dans le sens des clichés répandus sur la Commune, elle n'en est pas moins fausse.
Un témoignage innocente les insurgés, celui de Louis Hautecoeur. Cet éminent membre de l'Institut prouve qu'en 1914 le tableau était toujours en bonne place.
Louis Hautecoeur fait le récit de sa visite à l'infirmerie Marie-Thérèse et découvre une œuvre qu'il ne trouve pas - "hélas", dit-il - à la hauteur du reste de la production du peintre. Il n'en publie pas moins la seule reproduction - presque une vignette - dont nous disposons aujourd'hui.
A l'époque où Louis Hautecoeur décrit le tableau, malgré la séparation de l'Eglise et de l'Etat, l'infirmerie Marie-Thérèse appartient toujours au diocèse qui la gère.
Treize années plus tard, en 1927, François Rousseau consacre un article à la demeure de Chateaubriand :
"On y voyait autrefois, dit-il, un tableau de madame Vigée-Lebrun qui avait pour sujet l'apothéose de Marie-Antoinette. Il a disparu".
François Rousseau a donc entendu parler du tableau, peut-être l'a-t-il vu lui-même; il ne propose pas d'explication.
Il ne nous reste aujourd'hui que des hypothèses. Entre ces deux dates, 1914 et 1927, plusieurs événements pouvaient avoir motivé le déplacement d'un tableau aussi séditieux.
Trois types de piste entrent en concurrence. La piste idéologique tout d'abord : en 1924 eut lieu la fête du premier centenaire de l'institution. Des discours furent prononcés, des laïcs furent invités.
Quelque officiel pourrait avoir ordonné de remiser temporairement le tableau subversif, qui depuis n'aurait jamais reparu.
La précaution sécuritaire, ensuite : d'une part, le conflit de 1914-1918 et les risques qu'il pouvait faire courir aux œuvres d'art a pu décider un administrateur à mettre le tableau à l'abri; d'autre part la campagne de travaux, avec la construction d'une aile supplémentaire, a réduit la surface de la chapelle et détruit l'antichambre où figurait la toile. Le tableau aurait alors été affecté dans un autre lieu. Toutefois dans ce cas, une trace écrite aurait subsisté.
Enfin, l'hypothèse d'une indélicatesse n'est pas à écarter, puisque les tableaux de Guérin (la Vierge en lumière) et de Mignard (Sainte Catherine ou sa copie) manquent également à l'appel.
Jusqu'à présent, les archives n'ont pas donné le mot de l'énigme, et cette effigie étrange manquera à la galerie des images de Marie-Antoinette, jusqu'au jour, prochain peut-être, où un promeneur averti reconnaîtra dans la pénombre d'une chapelle éloignée le dernier hommage de Mme Le Brun à sa reine.
* Source initiale : Geneviève Haroche-Bouzinac, professeur à l'université d'Orléans
https://marie-antoinette.forumactif.org/t174-portraits-posthumes-de-marie-antoinette-par-mme-vigee-lebrun
L'artiste cite ce tableau dans ses Souvenirs... Wink
Je gardais chez moi un autre tableau représentant la reine, que j'avais fait sous le règne de Bonaparte.
Marie-Antoinette y était peinte montant au ciel; à gauche, sur des nuages, on voit Louis XVI et deux anges, allusion aux deux enfants qu'elle avait perdus.
J'envoyais ce tableau à Mme la vicomtesse de Chateaubriand pour être mis dans l'établissement de Sainte-Thérèse, qu'elle a fondé.
Nos amis du forum La Folie dix-huitième avaient mené l'enquête.
Voir leurs échanges, que je recopie partiellement, ici : http://www.lafoliedix-huitieme.eu/versailles/deux-representations-posthumes-marie-antoinette-t354.html
L'apothéose de la reine, d’Élisabeth Vigée-Le Brun : une mystérieuse disparition
L'iconographie de Marie-Antoinette est abondante. La portraitiste Élisabeth Vigée Le Brun a largement contribué à répandre l'image de la souveraine de son vivant. Le dernier portrait qu'elle en fit, sous le nom d'Apothéose de la reine, a disparu dans des circonstances obscures.
Après la disparition de la reine, l'artiste, fidèle à son souvenir, peignit de mémoire plusieurs portraits.
Élisabeth Le Brun avait eu le projet de représenter le couple royal défunt et sa famille dans une scène de vie quotidienne à la prison du Temple; elle prit des renseignements sur la disposition des lieux, le costume et les attitudes de Louis XVI auprès de Cléry, le valet de chambre qui le servit jusqu'à ses derniers jours. Toutefois ce tableau ne se fit pas car l'artiste dut reconnaître "l'impossibilité d'entreprendre un ouvrage pour lequel chaque coup de pinceau [l'] aurait fait fondre en larmes".
Lorsqu'à Saint-Pétersbourg elle rencontra le comte de Cossé, émissaire du comte d'Artois, sur le point de regagner Mittau, séjour de la famille royale en exil, elle exécuta toutefois promptement et "de souvenir le portrait de la Reine". Cossé remit le tableau à Marie-Thérèse, fille de Marie-Antoinette.
Le 15 avril 1800, celle-ci remercia l'artiste par une lettre que la première édition de ses mémoires reproduit en fac simile. Mais Mme Le Brun aura l'occasion d'exprimer sa fidélité monarchique dans d'autres circonstances.
L'infirmerie Marie-Thérèse
La pieuse épouse de Chateaubriand, Céleste Buisson de la Vigne, avait rassemblé des offrandes dans l'espoir de fonder une institution charitable. En 1819, elle signe un bail pour un terrain et deux corps de bâtiments situés au 29 de la rue d'Enfer à Paris (actuel n°92 de la rue Denfert-Rochereau).
Céleste y installe une maison destinée à accueillir des dames de la noblesse dépourvues de revenus et ne se résignant pas à confier leurs derniers jours à un hospice. Dans cette demeure baptisée "infirmerie", afin de ne pas choquer les susceptibilités de ses hôtes, Céleste reçoit également des prêtres trop âgés pour exercer leur sacerdoce.
En 1820, avec le produit de ses Mémoires sur le duc de Berry, René de Chateaubriand acquiert le terrain et les bâtiments. En 1822 une chapelle attenante est construite, inaugurée en octobre par la présence de celle qui donnera son nom à l'institution, Marie-Thérèse, duchesse d'Angoulême.
En 1824, Chateaubriand annexe un terrain voisin après la vente de la Vallée-aux-Loups. Vers 1833, la maison dite de l'horloge, qui gouverne l'entrée, est construite, puis des cuisines et une buanderie modernisent l'ensemble.
Une vie réglée selon un rituel immuable permettait aux pensionnaires de vivre harmonieusement dans cet endroit encore champêtre.
Mais ne pouvant équilibrer ses comptes avec de simples dons et legs, Céleste chercha d'autres ressources.
Elle imagina de créer une fabrique de chocolat. Bientôt, par plaisanterie, elle signera quelques-une de ses lettres : "la vicomtesse de chocolat".
Dans la clientèle de la chocolaterie de la rue d'Enfer, le jeune Victor Hugo venait avec le secret espoir d'apercevoir celui que Céleste appelait "le chat".
Un tableau offert par Élisabeth Vigée Le Brun
Au moment de la consécration de la chapelle, il fallut l'orner. La vicomtesse demanda de l'aide. Le comte de Forbin, directeur des Musées royaux, prêta un Saint Jean baisant les pieds de l'Enfant Jésus de l'école de Van Dyck et une Trinité prenant sous sa protection Saint Ignace et la congrégation des Ursulines d'un maître inconnu.
Dans sa générosité, le musée royal ne s'était pas dépossédé de chefs-d’œuvre de premier rang. Une Annonciation peinte vers 1823 (Salon de 1824) par Jean Joseph Ansiaux garnissait également un des murs.
Sur des cartes postales anciennes, on la devine placée sur le mur de droite. Des tableaux de peintres plus illustres avaient été rassemblés.
Une Sainte Catherine de Mignard faisait partie de la décoration de la chapelle, sans que l'on connaisse la date à laquelle elle y entra.
En 1860 encore, ce tableau était signalé dans un inventaire manuscrit. La Sainte Catherine voisinait avec une Vierge dans la lumière de Pierre Narcisse Guérin, qui donnait à la madone les traits de Marie-Thérèse. Avec modestie, Guérin répondit à un admirateur qui louait sa Vierge :
"C'est je crois plus encore une bonne œuvre qu'un bon tableau".
Un autre proche de l'artiste, le baron Gérard, contribua à la décoration de la chapelle. Il offrit l'émouvant tableau d'une Sainte Thérèse agenouillée.
Cette toile fut accrochée à la place d'honneur, derrière l'autel; elle orne, dans l'état actuel de la chapelle, le mur de droite dans le chœur.
Mme Le Brun y alla de sa contribution.
Elle avait peint pour son usage personnel une étonnante scène : Marie-Antoinette saisie dans un mouvement d'Assomption et vêtue d'une robe blanche, tenait dans sa main droite la palme des martyrs.
Une lettre adressée à Gérard, le 9 mai 1817, évoque la préparation de ce tableau.
L'artiste souhaitait avoir l'avis de Gérard dont elle était l'amie :
"Je voudrais aussi vous prier de venir voir mon Rêve, lui écrit-elle - c'est ainsi en effet qu'elle désignait cette toile.
Gérard répond après sa visite : "c'est bien là le rêve d'une belle âme rendu par un beau talent".
Cette représentation presque mariale fut placée dans le salon ou la chambre de Mme Le Brun avec ceux des tableaux dont elle ne se sépara jamais, tels les portraits d'Hubert Robert et d'Auguste Poniatowski. Elle évoque cet épisode dans ses Souvenirs : (déjà cité précédemment).
C'est donc six années après son achèvement que l'Apothéose de la Reine est installée dans "la salle qui précède l'église", pièce vitrée assez singulière réservée à Marie-Thérèse lorsqu'elle se rendait rue d'Enfer. Dans ce salon d'où Marie-Thérèse pouvait suivre la messe se trouvait aussi un autel qui provenait de l'ancien appartement des Chateaubriand, situé 118 rue du Bac.
La disparition du "Rêve"
Le tableau d’Élisabeth Le Brun avait inauguré un courant iconographique tendant à béatifier la souveraine.
D'autres représentations plus tardives suggèreront le martyre de la reine défunte.
On pense notamment au groupe sculpté par Cortot, commande de Marie-Thérèse, toujours visible dans la chapelle expiatoire édifiée par Fontaine. Le projet de ce groupe installé entre 1834 et 1835 remonte à 1826-1827.
Dans cette composition qui joue sur les ressorts du dolorisme, la reine agenouillée est soutenue par la Religion qui lui accorde soutien dans son martyre. La dernière lettre de la reine adressée à Mme Élisabeth est gravée dans la pierre comme un message d'outre-tombe.
Si le marbre de Cortot a défié le temps, si la Sainte Thérèse de Gérard est toujours en place, le tableau d’Élisabeth Vigée Le Brun a bel et bien disparu.
Greniers, caves et placards de l'institution ont été passés au crible.
Dans l'opuscule que le chanoine Baurit consacre en 1974 à l'infirmerie, il prend acte de la disparition et suppose que ce tableau "particulièrement séditieux" a été détruit par les Communards qui se seraient introduits dans l'établissement.
Si cette hypothèse va dans le sens des clichés répandus sur la Commune, elle n'en est pas moins fausse.
Un témoignage innocente les insurgés, celui de Louis Hautecoeur. Cet éminent membre de l'Institut prouve qu'en 1914 le tableau était toujours en bonne place.
Louis Hautecoeur fait le récit de sa visite à l'infirmerie Marie-Thérèse et découvre une œuvre qu'il ne trouve pas - "hélas", dit-il - à la hauteur du reste de la production du peintre. Il n'en publie pas moins la seule reproduction - presque une vignette - dont nous disposons aujourd'hui.
A l'époque où Louis Hautecoeur décrit le tableau, malgré la séparation de l'Eglise et de l'Etat, l'infirmerie Marie-Thérèse appartient toujours au diocèse qui la gère.
Treize années plus tard, en 1927, François Rousseau consacre un article à la demeure de Chateaubriand :
"On y voyait autrefois, dit-il, un tableau de madame Vigée-Lebrun qui avait pour sujet l'apothéose de Marie-Antoinette. Il a disparu".
François Rousseau a donc entendu parler du tableau, peut-être l'a-t-il vu lui-même; il ne propose pas d'explication.
Il ne nous reste aujourd'hui que des hypothèses. Entre ces deux dates, 1914 et 1927, plusieurs événements pouvaient avoir motivé le déplacement d'un tableau aussi séditieux.
Trois types de piste entrent en concurrence. La piste idéologique tout d'abord : en 1924 eut lieu la fête du premier centenaire de l'institution. Des discours furent prononcés, des laïcs furent invités.
Quelque officiel pourrait avoir ordonné de remiser temporairement le tableau subversif, qui depuis n'aurait jamais reparu.
La précaution sécuritaire, ensuite : d'une part, le conflit de 1914-1918 et les risques qu'il pouvait faire courir aux œuvres d'art a pu décider un administrateur à mettre le tableau à l'abri; d'autre part la campagne de travaux, avec la construction d'une aile supplémentaire, a réduit la surface de la chapelle et détruit l'antichambre où figurait la toile. Le tableau aurait alors été affecté dans un autre lieu. Toutefois dans ce cas, une trace écrite aurait subsisté.
Enfin, l'hypothèse d'une indélicatesse n'est pas à écarter, puisque les tableaux de Guérin (la Vierge en lumière) et de Mignard (Sainte Catherine ou sa copie) manquent également à l'appel.
Jusqu'à présent, les archives n'ont pas donné le mot de l'énigme, et cette effigie étrange manquera à la galerie des images de Marie-Antoinette, jusqu'au jour, prochain peut-être, où un promeneur averti reconnaîtra dans la pénombre d'une chapelle éloignée le dernier hommage de Mme Le Brun à sa reine.
* Source initiale : Geneviève Haroche-Bouzinac, professeur à l'université d'Orléans
https://marie-antoinette.forumactif.org/t174-portraits-posthumes-de-marie-antoinette-par-mme-vigee-lebrun
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
Duc d'Ostrogothie a écrit:Allégorie à la reine Marie-Antoinette recevant la croix du martyre et foulant aux pieds les Vices, la Calomnie et l'Impiété :
..
Eh bien dis donc , tout un programme !
Laquelle des trois est représentée ( encore ! ) sous les traits de la pauvre gorgone Méduse ?
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
Mme de Sabran a écrit:
Laquelle des trois est représentée ( encore ! ) sous les traits de la pauvre gorgone Méduse ?
Je me demande si c'est la Calomnie ou l'Impiété ?
En ce qui concerne les Vices, pas de doute sur l'identité du personnage : c'est la femme aux seins nus.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
La calomnie est à gauche, avec ses langues fourchues.
Je voyais en la femme dépoitraillée l'Impiété, puisqu'elle tient une coupe ébréchée, la coupe étant l'attribut récurant de la Foi. Le vice revenait donc à la gorgone.
Je voyais en la femme dépoitraillée l'Impiété, puisqu'elle tient une coupe ébréchée, la coupe étant l'attribut récurant de la Foi. Le vice revenait donc à la gorgone.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
La coupe est l'attribut récurrent de la Foi ? Avec quelle symbolique donc, mon petit Lulu ?
... la coupe du sang du Christ ?
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
... oui, l'alcool, la débauche " Orgies, orgies, nous voulons des orgies ! "
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
Le symbole eucharistique en effet.
Avec le livre ouvert et la croix.
Avec le livre ouvert et la croix.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
Les tableaux de Greuze sont évocateurs, pas allégoriques.
Mais je dois avouer que le vice en gorgone ne fait pas beaucoup de sens. Mais la gorgone pour l'impiété non plus !
Mais je dois avouer que le vice en gorgone ne fait pas beaucoup de sens. Mais la gorgone pour l'impiété non plus !
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
Ben non en effet, tu as raison ...
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
A la renaissance, certains lisent le combat de Thésée contre Méduse comme celle de la vertu contre le vice.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
Lucius a écrit:A la renaissance, certains lisent le combat de Thésée contre Méduse comme celle de la vertu contre le vice.
Ce n'est pas Thésée, c'est Persée !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
De plus, j'ajouterai que les femen sont connues plus pour leurs interventions impies plus que pour leurs vices :
Il serait donc logique que la femen de la gravure représente l'impiété. CQFD.
- Spoiler:
Il serait donc logique que la femen de la gravure représente l'impiété. CQFD.
Gouverneur Morris- Messages : 11696
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
Hou la la comme tu dis ! shocking !!!
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
Vous devriez écrire un roman là dessus : la société secrète des Femen, depuis mille an diabolisée par l'Eglise, mais qui a laissé un jeux de piste pour retrouver la vérité !!
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
Mme de Sabran a écrit:Lucius a écrit:A la renaissance, certains lisent le combat de Thésée contre Méduse comme celle de la vertu contre le vice.
Ce n'est pas Thésée, c'est Persée !
tout ces é....
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
Lucius a écrit:Vous devriez écrire un roman là dessus : la société secrète des Femen, depuis mille an diabolisée par l'Eglise, mais qui a laissé un jeux de piste pour retrouver la vérité !!
Gouverneur Morris- Messages : 11696
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
Bref, en tout cas j'aime beaucoup cette gravure.
C'est d'une grande intensité dramatique.
Ce qui est impressionnant c'est de la voir descendre au tombeau, ça lui donne une aura divine.
C'est d'une grande intensité dramatique.
Ce qui est impressionnant c'est de la voir descendre au tombeau, ça lui donne une aura divine.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
Une annonce: Samedi 13 janvier à 15h00 à Dreux, salle des Fresques, école Saint Martin de Dreux (place du musée) : Les peintres de Marie-Antoinette.
Par Clémence Poupin, directrice du Musée d'Art et d'Histoire de Dreux.
Nous connaissons les nombreux portraits de la reine de France Marie Antoinette.
Mais connaissons nous les peintres auteurs de ces œuvres ?
https://intensite.net/2009/agenda/dreux-conference-les-peintres-de-marie-antoinette-376233
Par Clémence Poupin, directrice du Musée d'Art et d'Histoire de Dreux.
Nous connaissons les nombreux portraits de la reine de France Marie Antoinette.
Mais connaissons nous les peintres auteurs de ces œuvres ?
https://intensite.net/2009/agenda/dreux-conference-les-peintres-de-marie-antoinette-376233
Monsieur de la Pérouse- Messages : 485
Date d'inscription : 31/01/2019
Localisation : Enfin à bon port !
Re: Portraits commémoratifs et allégoriques de Marie-Antoinette
Merci, cher la Pérouse, pour cette annonce !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Marie-Antoinette : Le Vice la calomnie, La Vertu la soutient
Prochainement proposée en vente aux enchères, une estampe colorée d'une...
Allégorie figurant Marie-Antoinette
Le Vice la calomnie, La Vertu la soutient
Estampe circulaire encadrée.
Diamètre : 12,7 cm (à vue)
Source et infos complémentaires : Caen Enchères - Vente du 22 février 2024
Voir aussi dans notre sujet des Ventes aux enchères, année 2023 la présentation d'une autre version, en noir et blanc, et avec comme mention manuscrite descriptive :
Gravure en tondo figurant au centre Marie-Antoinette dans une allégorie,
titrée : “Le Vice, la Calomnie. La Vertu la soutient”.
Époque révolutionnaire.
27 x 20,5 cm
Note au catalogue :
Accompagné d'une étiquette manuscrite découpée d'époque, inscrite : “Portrait très ressemblant de Marie-Antoinette archiduchesse d'Autriche, épouse de Louis 16 / Cette allégorie a été composée par Messin, bijoutier de la Reine en 1791, rue coq-heron n°1 à Paris / Cette gravure est rare”.
« Exposition : Marie-Antoinette, archiduchesse, dauphine et reine. 16 mai-2 novembre 1955, château de Versailles, n°425. »
* Source et infos complémentaires : Giquello & Associés - Vente Révolution ! (Paris Drouot, 23 janvier 2023)
Allégorie figurant Marie-Antoinette
Le Vice la calomnie, La Vertu la soutient
Estampe circulaire encadrée.
Diamètre : 12,7 cm (à vue)
Source et infos complémentaires : Caen Enchères - Vente du 22 février 2024
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Voir aussi dans notre sujet des Ventes aux enchères, année 2023 la présentation d'une autre version, en noir et blanc, et avec comme mention manuscrite descriptive :
Gravure en tondo figurant au centre Marie-Antoinette dans une allégorie,
titrée : “Le Vice, la Calomnie. La Vertu la soutient”.
Époque révolutionnaire.
27 x 20,5 cm
Note au catalogue :
Accompagné d'une étiquette manuscrite découpée d'époque, inscrite : “Portrait très ressemblant de Marie-Antoinette archiduchesse d'Autriche, épouse de Louis 16 / Cette allégorie a été composée par Messin, bijoutier de la Reine en 1791, rue coq-heron n°1 à Paris / Cette gravure est rare”.
« Exposition : Marie-Antoinette, archiduchesse, dauphine et reine. 16 mai-2 novembre 1955, château de Versailles, n°425. »
* Source et infos complémentaires : Giquello & Associés - Vente Révolution ! (Paris Drouot, 23 janvier 2023)
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
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