Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
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Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Duc d'Ostrogothie a écrit:Je viens de découvrir dans l’ouvrage de Pierre Verlet sur le mobilier royal que bizarrement, au moment même où Fersen précise à Marie-Antoinette la date de son arrivée en France en 1784, elle fait garnir en urgence le cabinet en suivant de sa chambre à coucher aux Tuileries.
Le 21 mai 1784, Fersen écrit à la reine qu’il ne pourra pas arriver avant Gustave III en France. Le 25 mai, il lui écrit encore, sans doute pour lui préciser la date précise de sa venue. Le jour même de la réception de cette lettre par Marie-Antoinette, ordre est donné le 28 mai de garnir le cabinet en suivant de la chambre à coucher de la reine aux Tuileries. L’ordre précise que c’est « très pressé »... ça l’est tellement que pour satisfaire la reine, on est obligé d’utiliser des sièges déjà réalisés qui devaient en principe servir pour un autre château.
Le 7 juin 1784, Fersen arrive à Versailles. Il restera en France jusqu’au 20 juillet. Pendant ce laps de temps, il évolue entre Versailles et Paris comme il l’écrit à son père, mentionnant des « soupers » et des « spectacles » à Paris (cf. E. Farr, « Marie-Antoinette et Fersen, la correspondance secrète »).
Extraits de l’ouvrage de Pierre Verlet :
Agrandir cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.
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Bravo, Notre Grâce, tu viens là de nous faire encore une découverte ! Je suis très tentée d'adhérer à ton raisonnement car enfin, comment ne pas faire le rapprochement avec les circonstances similaires des aménagements des pièces " en haut " à Versailles ?
Nos sujets :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t1352-le-logement-de-fersen-au-chateau-de-versailles?highlight=logement
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2410-amenagements-pour-visites-privees-au-chateau-de-versailles?highlight=am%C3%A9nagements
Là où les fersenoseptiques ne verraient que coïncidence fortuite, force est de constater le même zèle, la même célérité, même souci de perfection de la part de Marie-Antoinette, et tout à coup ! Voici que tout doit être fait dans l'urgence. Or, comme par hasard, Fersen annonce son arrivée prochaine. Et, le jour même de la réception de cette lettre par Marie-Antoinette, ordre est donné le 28 mai de garnir le cabinet en suivant de la chambre à coucher de la reine aux Tuileries.
Merci, mon cher Duc, tu es vraiment formidable !
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Mme de Sabran a écrit: Voici que tout doit être fait dans l'urgence. Or, comme par hasard, Fersen annonce son arrivée prochaine. Et, le jour même de la réception de cette lettre par Marie-Antoinette, ordre est donné le 28 mai de garnir le cabinet en suivant de la chambre à coucher de la reine aux Tuileries.
Mais oui.
Tu te rends compte que dès le 28 mai, soit 3 jours après l'envoi par Fersen de sa lettre à Marie-Antoinette, ces sièges déjà réalisés pour Rambouillet mais pas encore peints sont immédiatement sortis des réserves pour être peints par la veuve Bardou en moins d'une semaine et expédiés aux Tuileries.
La veuve Bardou reçoit l'ordre de les peindre le 28 mai et son ouvrage est terminé le 5 juin (date de sa facture ou "mémoire"), soit 2 jours avant l'arrivée de Fersen à Versailles (le 7 juin).
L'ordre qui avait été adressé à la veuve Bardou indiquait "très pressé, pour le premier cabinet à la suite de la Chambre".
La veuve Bardou (on ne connait pas son prénom : Jackie Bardou peut-être? ) a dû travailler jour et nuit, ou faire travailler une armée de peintres.
Aucun artisan ne travaille aujourd'hui aussi vite à Paris, je peux te le garantir.
On remarquera que la commande comporte un canapé mais aucun lit (normal pour un cabinet intérieur). Aurait-il dormi dans la chambre de la reine aux Tuileries ?...
Mme de Sabran a écrit:
Merci, mon cher Duc, tu es vraiment formidable !
Non, juste tenace.
J'ai beau lire des livres qui n'ont rien à voir avec Fersen et Marie-Antoinette, ils me reviennent toujours à l'esprit.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Duc d'Ostrogothie a écrit:Tu te rends compte que dès le 28 mai, soit 3 jours après l'envoi par Fersen de sa lettre à Marie-Antoinette, ces sièges déjà réalisés pour Rambouillet mais pas encore peints sont immédiatement sortis des réserves pour être peints par la veuve Bardou en moins d'une semaine et expédiés aux Tuileries.
Ah tais-toi, c'est fou !
Sa Seigneurie Ostrogotte a écrit:La veuve Bardou (on ne connait pas son prénom : Jackie Bardou peut-être? )
Ta Grâce a écrit:J'ai beau lire des livres qui n'ont rien à voir avec Fersen et Marie-Antoinette, ils me reviennent toujours à l'esprit.
Eh ! Tutto ti guida sempre verso loro !
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Merci, mon cher duc ! Encore une fois tu te présentes en Sherlock Holmes incontournable.
Cette histoire me rappelle les factures qui ont permis de reconstruire l'installation du système de la fermeture à clef des portes de l'appartement de la reine à Versailles par un cordon auprès de son lit à la même époque. C'est génial !
(À propos du cordon, j'ai découvert un système identique installé au château de Hampton Court en Angleterre par la reine Caroline dans les années 1740, pour se soustraire aux visites de son époux. Évidemment c'est une technologie favorisée par les reines mariées contre leur gré. )
Revenons à nos meubles... Nous savons par La Correspondance Secrète d'Evelyn Farr que Fersen a dû feindre une rhume pour éviter de suivre Gustave III à Paris, et qu'il allait au contraire souper à Versailles en tout secret (il logeait à Versailles en ville), donc, sauf si Marie-Antoinette est allée au spectacle à Paris avec le roi de Suède, je ne suis pas sûre que cette petite chambre aux Tuileries ait servi pour leur rendez-vous. Mais il semble plutôt que Marie-Antoinette ait voulu tout prévoir, en aménageant son appartement aux Tuileries avant l'arrivée de Fersen, pour avoir la possibilité de le voir autant que possible. Elle sait qu'il est aux ordres de Gustave III, touriste infatigable, et qui en fait traverse toute la capitale traînant ses officiers après lui.
Par contre, il me semble que cette pièce aura bien été utile l'année suivante quand Fersen est de retour en France. Il parle alors du séjour de la reine à Paris après la naissance du duc de Normandie. Il la suivait partout.
Cette histoire me rappelle les factures qui ont permis de reconstruire l'installation du système de la fermeture à clef des portes de l'appartement de la reine à Versailles par un cordon auprès de son lit à la même époque. C'est génial !
(À propos du cordon, j'ai découvert un système identique installé au château de Hampton Court en Angleterre par la reine Caroline dans les années 1740, pour se soustraire aux visites de son époux. Évidemment c'est une technologie favorisée par les reines mariées contre leur gré. )
Revenons à nos meubles... Nous savons par La Correspondance Secrète d'Evelyn Farr que Fersen a dû feindre une rhume pour éviter de suivre Gustave III à Paris, et qu'il allait au contraire souper à Versailles en tout secret (il logeait à Versailles en ville), donc, sauf si Marie-Antoinette est allée au spectacle à Paris avec le roi de Suède, je ne suis pas sûre que cette petite chambre aux Tuileries ait servi pour leur rendez-vous. Mais il semble plutôt que Marie-Antoinette ait voulu tout prévoir, en aménageant son appartement aux Tuileries avant l'arrivée de Fersen, pour avoir la possibilité de le voir autant que possible. Elle sait qu'il est aux ordres de Gustave III, touriste infatigable, et qui en fait traverse toute la capitale traînant ses officiers après lui.
Par contre, il me semble que cette pièce aura bien été utile l'année suivante quand Fersen est de retour en France. Il parle alors du séjour de la reine à Paris après la naissance du duc de Normandie. Il la suivait partout.
Lady Bess- Messages : 101
Date d'inscription : 14/01/2018
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
C'est ainsi qu'il connaîtra les Tuileries comme sa poche quand Marie-Antoinette y sera prisonnière : Passé par mon chemin ordinaire .
Merci, chère Lady Bess .
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Lady Bess a écrit: il semble plutôt que Marie-Antoinette ait voulu tout prévoir, en aménageant son appartement aux Tuileries avant l'arrivée de Fersen, pour avoir la possibilité de le voir autant que possible. Elle sait qu'il est aux ordres de Gustave III, touriste infatigable, et qui en fait traverse toute la capitale traînant ses officiers après lui.
Il est en effet certain que Marie-Antoinette avait prévu de voir Fersen aux Tuileries, puisqu'elle a fait aménager en urgence le cabinet intérieur situé à côté de sa chambre à coucher à l'annonce de l'arrivée de Fersen.
Pour le reste, on ne peut pas exclure qu'elle l'y ait effectivement accueilli, non ? Si Fersen est allé à Paris pendant cette période (comme il l'a écrit à son père), Marie-Antoinette a sans doute dû se débrouiller pour y être aussi. Peut-être rejoignait-il Marie-Antoinette aux Tuileries après ses soirées avec Gustave III ?...
Voilà des photos du mobilier commandé en urgence par la reine pour le cabinet en suite de sa chambre aux Tuileries (collection privée) :
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
... splendide, avec un air très cosy .
J'adore la tapisserie . J'imagine des couleurs suaves mais éclatantes sur fond ivoire .
J'adore la tapisserie . J'imagine des couleurs suaves mais éclatantes sur fond ivoire .
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Dommage qu'on n'ait que des photos en noir et blanc.
C'est la tapisserie d'origine manifestement, puisqu'elle correspond à la description du mémoire (= de la facture) de Capin (tapissier) : "gros de Tours broché fond blanc et feuilles de chêne".
C'est la tapisserie d'origine manifestement, puisqu'elle correspond à la description du mémoire (= de la facture) de Capin (tapissier) : "gros de Tours broché fond blanc et feuilles de chêne".
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Capin est parmi nous : il suffit de lui demander !
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
C'était la dernière énigme de notre Jeu : A partir de février 1792, le ton de la correspondance change, devient presque glacial, et dans le registre des lettres de Fersen Marie-Antoinette n'est plus "Joséphine" mais ...
Bravo, Domi, je vois que vous lisez les bons auteurs . ... en l'occurrence Evelyn Farr, seule historienne qui connaisse à fond le sujet Fersen, qui l'ait vraiment creusé . Qu'on se le dise !
En ai-je lu des bouquins sur Fersen et Marie-Antoinette et combien de biographies de l'un et de l'autre ! Eh bien, dans aucun autre, jamais, je n'ai vu mentionner cette bizarrerie de notre Suédois: Joséphine devient Rozina .
Je cite vous donc le livre de Mme Farr, Marie-Antoinette et le comte de Fersen, la correspondance secrète .
Dominique Poulin a écrit:" Rozina "
Bravo, Domi, je vois que vous lisez les bons auteurs . ... en l'occurrence Evelyn Farr, seule historienne qui connaisse à fond le sujet Fersen, qui l'ait vraiment creusé . Qu'on se le dise !
En ai-je lu des bouquins sur Fersen et Marie-Antoinette et combien de biographies de l'un et de l'autre ! Eh bien, dans aucun autre, jamais, je n'ai vu mentionner cette bizarrerie de notre Suédois: Joséphine devient Rozina .
Je cite vous donc le livre de Mme Farr, Marie-Antoinette et le comte de Fersen, la correspondance secrète .
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Je vous envoie déjà mon texte, en vous priant de le mettre en ligne le 18 juin, merci !
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Titre : Aimer à la folie, vraiment ?!
"Aimer à la folie" n'avait pas, vers la fin du 18e siècle, le sens que spontanément nous lui donnons au début du 21e, influencés que nous sommes, entre autres, par des films, des chansons, des romans-photo, la presse à sensation, l’histoire à sensation etc. Littré, qui certes écrit à peu près 60 ans après les années où la Reine utilise cette expression, ramasse bien, dans son dictionnaire, l'évolution de son sens qui est, l’époque et pour faire court, hyperbolique, avec une nuance d'"à côté de la plaque" : "Aimer à la folie, aimer avec le sens d'une passion qui n'a pas tout le sérieux nécessaire; on ne dirait pas aimer son père à la folie; on ne le dirait pas non plus d'un amant qui ressent une passion profonde". Littré donne deux bons exemples : "Je n'en voudrais pas, quoique je l'aime à la folie" (A. Hamilton, 1715); "Ce bon cardinal aime les louanges à la folie; il ressemble en cela à Cicéron (Voltaire, 1752). Je lis ces jours-ci, j'épluche même, la correspondance du marquis et de la marquise de Bombelles (1778-1782, en plein les années de la Reine !); les "je t'aime (ou je vous aime) à la folie" y sont nombreux et presque répétitifs, ça n'arrête pas ! C'était vraiment une expression en vogue à l'époque, et accommodée à toutes les sauces. Ainsi en 1778 la marquise écrit à son mari : Madame Elisabeth m'a dit que "je devais bien t'aimer, et que pour elle, elle t'aimait à la folie". Nous sommes en plein pré-romantisme, avec toutes ses effusions épistolaires. Quelques mois plus tard la marquise conclut ainsi une autre lettre à son mari (mari qu'elle aimait profondément) : "Je t'aime de tout mon coeur"... lettre dans laquelle elle vient de lui dire à propos du comte Esterhazy : "quant à moi je te déclare que je l'aime de tout mon coeur" ! Il nous est très difficile, presque impossible, de nous y retrouver dans les subtilités de cette langue, trop nombreuses pour nous en raison du temps écoulé depuis. Un lecteur contemporain sera porté à se récrier : " quoi, s'épancher ainsi de la même manière avec le mari et avec un ami ?!"Laisser la parole aux personnes elles-mêmes, les laisser s'épancher dans toutes ces lettres qui semblent presque toutes sorties de la plume d'écrivains d'alors ? C'est peut-être le meilleur moyen, pour nous, de n'y rien comprendre et, pire, de faire fausse route ! Que devrait penser un homme du 18e siècle le long de l'un de nos trottoirs, devant cette simple indication "Stationnement gênant" (art. 36 du code etc); il y a gros à parier que jamais il ne se douterait que "gênant", c'est le niveau le plus élevé d'interdiction ! La littérature européenne de cette époque trempe toute dans ce préromantisme très souvent épistolaire où l'auteur décrit moins ses sentiments qu'il ne nous parle de sentiments qui pourraient y ressembler... et combien de simples personnes, prenant la plume, ne se mettront pas dans leur sillage pour écrire à leur proches ou se confier à leur journal intime ! Nous ne saurons que très peu souvent ce que se sont dit vraiment telle et telle personnes. A l'époque où furent écrits ces mots de la Reine ("je vais finir non pas sans vous dire mon cher et bien tendre ami que je vous aime à la folie et que jamais jamais je ne peux être à un moment sans vous adorer"), il n'aurait vraisemblablement même pas été nécessaire de les écrire en chiffre ou à l'encre sympathique, tellement cela allait presque de soi. On peut dire que c'est presque un morceau commun de la littérature pré-romantique d'alors. C'est pourquoi, à mon sens, loin de majorer la signification de telle ou telle phrases écrites par la Reine, il faudrait au contraire en diminuer nettement la charge au départ, en ensuite examiner cela de plus près.
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Titre : Aimer à la folie, vraiment ?!
"Aimer à la folie" n'avait pas, vers la fin du 18e siècle, le sens que spontanément nous lui donnons au début du 21e, influencés que nous sommes, entre autres, par des films, des chansons, des romans-photo, la presse à sensation, l’histoire à sensation etc. Littré, qui certes écrit à peu près 60 ans après les années où la Reine utilise cette expression, ramasse bien, dans son dictionnaire, l'évolution de son sens qui est, l’époque et pour faire court, hyperbolique, avec une nuance d'"à côté de la plaque" : "Aimer à la folie, aimer avec le sens d'une passion qui n'a pas tout le sérieux nécessaire; on ne dirait pas aimer son père à la folie; on ne le dirait pas non plus d'un amant qui ressent une passion profonde". Littré donne deux bons exemples : "Je n'en voudrais pas, quoique je l'aime à la folie" (A. Hamilton, 1715); "Ce bon cardinal aime les louanges à la folie; il ressemble en cela à Cicéron (Voltaire, 1752). Je lis ces jours-ci, j'épluche même, la correspondance du marquis et de la marquise de Bombelles (1778-1782, en plein les années de la Reine !); les "je t'aime (ou je vous aime) à la folie" y sont nombreux et presque répétitifs, ça n'arrête pas ! C'était vraiment une expression en vogue à l'époque, et accommodée à toutes les sauces. Ainsi en 1778 la marquise écrit à son mari : Madame Elisabeth m'a dit que "je devais bien t'aimer, et que pour elle, elle t'aimait à la folie". Nous sommes en plein pré-romantisme, avec toutes ses effusions épistolaires. Quelques mois plus tard la marquise conclut ainsi une autre lettre à son mari (mari qu'elle aimait profondément) : "Je t'aime de tout mon coeur"... lettre dans laquelle elle vient de lui dire à propos du comte Esterhazy : "quant à moi je te déclare que je l'aime de tout mon coeur" ! Il nous est très difficile, presque impossible, de nous y retrouver dans les subtilités de cette langue, trop nombreuses pour nous en raison du temps écoulé depuis. Un lecteur contemporain sera porté à se récrier : " quoi, s'épancher ainsi de la même manière avec le mari et avec un ami ?!"Laisser la parole aux personnes elles-mêmes, les laisser s'épancher dans toutes ces lettres qui semblent presque toutes sorties de la plume d'écrivains d'alors ? C'est peut-être le meilleur moyen, pour nous, de n'y rien comprendre et, pire, de faire fausse route ! Que devrait penser un homme du 18e siècle le long de l'un de nos trottoirs, devant cette simple indication "Stationnement gênant" (art. 36 du code etc); il y a gros à parier que jamais il ne se douterait que "gênant", c'est le niveau le plus élevé d'interdiction ! La littérature européenne de cette époque trempe toute dans ce préromantisme très souvent épistolaire où l'auteur décrit moins ses sentiments qu'il ne nous parle de sentiments qui pourraient y ressembler... et combien de simples personnes, prenant la plume, ne se mettront pas dans leur sillage pour écrire à leur proches ou se confier à leur journal intime ! Nous ne saurons que très peu souvent ce que se sont dit vraiment telle et telle personnes. A l'époque où furent écrits ces mots de la Reine ("je vais finir non pas sans vous dire mon cher et bien tendre ami que je vous aime à la folie et que jamais jamais je ne peux être à un moment sans vous adorer"), il n'aurait vraisemblablement même pas été nécessaire de les écrire en chiffre ou à l'encre sympathique, tellement cela allait presque de soi. On peut dire que c'est presque un morceau commun de la littérature pré-romantique d'alors. C'est pourquoi, à mon sens, loin de majorer la signification de telle ou telle phrases écrites par la Reine, il faudrait au contraire en diminuer nettement la charge au départ, en ensuite examiner cela de plus près.
Lecréateur- Messages : 1713
Date d'inscription : 01/06/2021
Localisation : Comté d'Enghien et Livonie
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Dans la mesure où Fersen a râturé "je vous aime à la folie" (entre autres), il me paraît difficile de prétendre qu'il s'agit de mots innocents.
De surcroît, la reine ne s'est pas "contentée" (si je puis dire) de lui écrire qu'elle l'aimait à la folie, elle lui a fait de multiples autres déclarations d'amour. Je vous suggère de consulter le dernier livre d'Evelyn Farr, qui est édifiant.
A titre d'exemple, Marie-Antoinette use de l'expression "mon bien aimé" à l'endroit de Fersen dans une lettre du 7 novembre 1791 que vous pouvez consulter ici : Lettre du 7 novembre 1791 de Marie-Antoinette à Fersen
Or, c'est également ainsi que Danceny s'adresse à Cécile de Volanges dans l'une des correspondances amoureuses les plus célèbres du XVIIIème siècle, à savoir celle qui fait la matière des Liaisons dangereuses ("ma bien aimée"):
De surcroît, la reine ne s'est pas "contentée" (si je puis dire) de lui écrire qu'elle l'aimait à la folie, elle lui a fait de multiples autres déclarations d'amour. Je vous suggère de consulter le dernier livre d'Evelyn Farr, qui est édifiant.
A titre d'exemple, Marie-Antoinette use de l'expression "mon bien aimé" à l'endroit de Fersen dans une lettre du 7 novembre 1791 que vous pouvez consulter ici : Lettre du 7 novembre 1791 de Marie-Antoinette à Fersen
Or, c'est également ainsi que Danceny s'adresse à Cécile de Volanges dans l'une des correspondances amoureuses les plus célèbres du XVIIIème siècle, à savoir celle qui fait la matière des Liaisons dangereuses ("ma bien aimée"):
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
"Aimer à la folie" était effectivement une expression fort à la mode vers la fin du XVIIIème siècle, et exprime bien les effusions sentimentales si populaires en cette fin de siècle, dans le goût de Rousseau et du pauvre Werther...
Je ne pense d'ailleurs pas que cette phrase soit utilisée comme preuve ultime de la relation intime entre Marie-Antoinette et le comte de Fersen. Pour cela, en effet, il existe des preuves bien plus tangibles (déjà abordées in extensis sur ce forum).
Mentionnons par exemple la correspondance secrète que Marie-Antoinette et Fersen entretenaient en parallèle à la correspondance officielle, où la reine se voit attribuer le pseudonyme de Joséphine dans le journal intime de Fersen ; rajoutons à ceci le poêle suédois évoqué dans cette correspondance secrète et qui devait être installé dans un cabinet proche des appartements de la reine en 1787, lieu que devait occuper Fersen, pour être près de Marie-Antoinette ; pensons aussi au témoignage révélateur du duc de Dorset, ambassadeur anglais en France qui faisait partie du cercle des intimes de la reine, qui expliquait dans une lettre adressée à la duchesse de Devonshire (amie de Marie-Antoinette) combien l'échange de billets secrets entre Marie-Antoinette et Fersen était pénible pour la duchesse de Polignac, qui jouait donc le rôle d'entremetteuse (peut-être parfois pas tout à fait à son gré) entre les tourtereaux
On peut en conclure que Fersen et Marie-Antoinette se sont effectivement aimés à la folie, dans le sens littéral toutefois, au-delà de la banalité sentimentale de cette phrase trop souvent employée dans des fins pas nécessairement amoureuses.
Je ne pense d'ailleurs pas que cette phrase soit utilisée comme preuve ultime de la relation intime entre Marie-Antoinette et le comte de Fersen. Pour cela, en effet, il existe des preuves bien plus tangibles (déjà abordées in extensis sur ce forum).
Mentionnons par exemple la correspondance secrète que Marie-Antoinette et Fersen entretenaient en parallèle à la correspondance officielle, où la reine se voit attribuer le pseudonyme de Joséphine dans le journal intime de Fersen ; rajoutons à ceci le poêle suédois évoqué dans cette correspondance secrète et qui devait être installé dans un cabinet proche des appartements de la reine en 1787, lieu que devait occuper Fersen, pour être près de Marie-Antoinette ; pensons aussi au témoignage révélateur du duc de Dorset, ambassadeur anglais en France qui faisait partie du cercle des intimes de la reine, qui expliquait dans une lettre adressée à la duchesse de Devonshire (amie de Marie-Antoinette) combien l'échange de billets secrets entre Marie-Antoinette et Fersen était pénible pour la duchesse de Polignac, qui jouait donc le rôle d'entremetteuse (peut-être parfois pas tout à fait à son gré) entre les tourtereaux
On peut en conclure que Fersen et Marie-Antoinette se sont effectivement aimés à la folie, dans le sens littéral toutefois, au-delà de la banalité sentimentale de cette phrase trop souvent employée dans des fins pas nécessairement amoureuses.
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Moi, Je ne pense pas qu'il y ait un autre homme à qui la reine écrirait ces phrases.
pour qu'on ne puisse les considérer que comme des phrases sentimentales.
Leos
pour qu'on ne puisse les considérer que comme des phrases sentimentales.
Leos
Leos- Messages : 799
Date d'inscription : 29/12/2013
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Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Lecréateur a écrit:
"Aimer à la folie" n'avait pas, vers la fin du 18e siècle, le sens que spontanément nous lui donnons au début du 21e
( ... )
C'est pourquoi, à mon sens, loin de majorer la signification de telle ou telle phrases écrites par la Reine, il faudrait au contraire en diminuer nettement la charge au départ, en ensuite examiner cela de plus près.
C'est bien compliqué, cher Lecréateur ... Pourquoi ne pas postuler tout simplement que les mots n'ont de sens qu'en fonction de qui s'adresse à qui .
Pourquoi voulez-vous minorer ou majorer cette citation si limpide de Marie-Antoinette ?
"je vais finir non pas sans vous dire mon cher et bien tendre ami que je vous aime à la folie et que jamais jamais je ne peux être à un moment sans vous adorer"
Je suis en complète adéquation avec les réponses que vous ont faites le duc d'Ostrogothie, le comte d'Hézèques et notre ami Leos .
Aucune femme n'écrit de tels mots à un ami, même un ami très cher.
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Ten, který okouzlil Marii Antoinettu. Axela Fersena krutě umučil rozzuřený dav
Eliška Gáfriková
Napište mi
O tom, zda byli pouze blízcí přátelé nebo i milenci, historici dodnes vedou spory. Švédský hrabě Hans Axel von Fersen každopádně silně okouzlil francouzskou královnu Marii Antoinettu. Byl ovšem víc, než její favorit. Zkušeného vojáka a diplomata nakonec zabil rozzuřený dav.
Stooooop !!! Traduction, siouplaît !
Celui qui a enchanté Maria Antoinette. Axel Fersen a été cruellement torturé par une foule en colère
Les historiens se disputent encore s'ils n'étaient que des amis proches ou même des amants. En tout cas, le comte suédois Hans Axel von Fersen a fortement enchanté la reine française Marie-Antoinette. Mais il était plus que son préféré. Un soldat et diplomate expérimenté a finalement été tué par une foule en colère.
Comte Hans Axel von Fersen. Un diplomate suédois expérimenté et chef militaire était un favori de la reine française Marie-Antoinette. Que leur amour était seulement platonique ou s'ils étaient amants est encore spéculé. Fersen a vécu de 1755 à 1810.
"J'ai perdu tout ce que j'avais au monde. Celle que j'ai tant aimée que j'aurais sacrifié ma vie pour elle mille fois est partie. »
Ainsi a dit le comte suédois Hans Axel von Fersen à propos de l'exécution de la reine Marie-Antoinette de France. Un soldat expérimenté, descendant d'une puissante famille suédoise et fille de Marie-Thérèse, mariée au roi Louis XVI de France, ils étaient extrêmement proches l'un de l'autre, et les historiens se disputent encore pour savoir s'il s'agissait d'une relation platonique ou d'un amant, et la vie du comte von Fersen était remplie de tension et d'aventure, à l'exception de sa relation avec Maria-Antoinette, il s'est terminé de manière inattendue, honteuse et cruelle.
L'année était 1755, lorsque le fils de Hans Axel est né dans la famille du feld-maréchal Fredrik Axel de Fersen et de la comtesse Hedwig-Catherine de la Gardie. Ses parents appartenaient aux plus hautes sphères suédoises avec un grand crédit à la cour royale locale. Son père était l'une des personnes les plus riches et les plus influentes du pays nordique et avait des liens étroits avec la cour de France. Il était également un chef militaire expérimenté. Cela ne prédestinait le garçon qu'à une carrière militaire et diplomatique vertigineuse. La famille n'a rien laissé au hasard et le comte Hans Axel a appris plusieurs langues étrangères et d'autres compétences dès son plus jeune âge. Mais son éducation était strictement militaire.
Bal fatidique
Au début des années 1970, le jeune Hans Axel, plus souvent appelé dans la littérature Axel von Fersen, entreprend un voyage à travers l'Europe. Il avait passé des années dans des académies militaires, il était maintenant temps de se familiariser avec les cours royales étrangères. Bien sûr, il n'a pas manqué non plus le français. Et c'est ici en 1773 qu'il rencontre pour la première fois Maria-Antoinette. Tous deux n'avaient que dix-huit ans à l'époque. Cette fois ce fut une rencontre éphémère, mais le fatidique n'a pas attendu longtemps. "Cela a été écrit le 30 janvier 1774, lorsqu'ils se sont revus. C'était à un bal à l'Opéra de Paris et ils causèrent tous les deux longuement. Fersen n'a pas reconnu la reine tout de suite, car c'était un bal masqué, où tout le monde est déguisé », explique le blog français Auria.
Bien qu'il ne s'agisse que d'un soir, une étincelle jaillit apparemment entre Fersen et la reine de France. Cela était évident quand, après plusieurs années au service du roi Fersen de Suède, il retourna en France. "La reine a été tellement impressionnée par le bal masqué que lorsque leurs chemins se sont croisés quatre ans plus tard à la cour de France, Marie-Antoinette l'a salué avec les mots Mon vieil ami", explique le site Internet du château de Versailles.
A cette époque, Fersen et Maria Antoinette ont commencé à se rencontrer régulièrement. Dans ses notes et son journal, dont le texte a été conservé, le jeune comte décrit l'épouse du roi de France comme la princesse la plus belle et la plus agréable qu'il connaisse. Cependant, leur admiration mutuelle reste platonique, car Marie-Antoinette est enceinte pour la première fois en 1778.
Fersen s'installe définitivement à Versailles en 1779, quand, avec la bénédiction du roi Gustave III de Suède. il entra au service de Louis XVI.
Marie-Antoinette, fatiguée de l'étiquette et de la sophistication de la cour de France, préféra passer du temps au château du Petit Trianon dans les jardins de l'hôtel de Versailles. Ici, sa vie était beaucoup plus simple et plus détendue. Elle n'invita au château que les personnes qu'elle avait choisies. Ses amis proches. Parmi eux se trouvait le comte von Fersen. En même temps, cependant, ses actions suscitèrent le ressentiment de la part de la noblesse qui n'avait pas reçu d'invitation au Petit Trianon. Elle a vivement critiqué la reine.
Et c'était peut-être la première fois que des ragots surgissaient qu'il y avait plus qu'un beau et charmant soldat suédois et une jeune reine qu'une simple amitié. On ne sait toujours pas s'ils étaient basés sur la vérité et jusqu'où leur relation est allée. Les historiens sont également en désaccord sur ce qui se passait entre le couple.
Il ressort clairement de nombreuses sources qu'ils ont fait l'amour. La controverse est de savoir s'ils ont laissé des sentiments mutuels uniquement à un niveau platonique, ou si la passion est devenue une relation sexuelle. "La nature de leur relation fait l'objet de nombreuses spéculations. Il n'y a aucune preuve historique solide qu'ils étaient amants. Cependant, il existe encore suffisamment d'indications qui rendent impossible de réfuter complètement l'opinion persistante. Leur correspondance fournit une démonstration suffisante de leur affection mutuelle », rappelle le site Internet du château de Versailles.
Le comte et la reine entretenaient une vive correspondance privée dans laquelle ils n'hésitaient pas à célébrer l'autre. "Rien au monde ne peut me décourager de t'adorer jusqu'au jour de ma mort", écrit Marie-Antoinette dans une lettre.
Un héros d'Amérique
Bien que Von Fersen soit surtout connu pour sa relation avec Maria Antoinette, il était principalement un soldat expérimenté et un commandant talentueux. En stock, il avait non seulement du charme et une belle apparence, mais aussi un certain nombre de capacités.
Lorsque la France a décidé de rejoindre la guerre d'indépendance américaine à la fin des années 1970, Han Axel von Fersen était l'un des hommes qui sont allés au Nouveau Monde les armes à la main. "Il a servi aux côtés du général de Rochambeau, qui a aidé les forces américaines contre les Britanniques et a participé au siège décisif de Yorktown", a déclaré l'encyclopédie en ligne Britannica. Entre autres choses, von Fersen a rencontré George Washington lors de réunions diplomatiques.
Von Fersen rentre en France en 1783. Ses succès militaires en Amérique font de lui non seulement le chouchou de la cour royale. Il était admiré des chefs de France et de sa Suède natale. Le roi Gustave III. il l'honore, lui décerne de nouveaux titres et le consulte sur les questions diplomatiques. Il a également reçu un prix de Louis XVI : « Grâce au mécénat de Marie-Antoinette et du roi Gustave III de Suède. von Fersen est nommé colonel du Régiment royal français Royal Suédois. Il a ainsi commencé à partager son temps entre la cour de France et le commandement de ce régiment », lit-on sur le site Internet du château de Versailles.
Von Fersen et Marie-Antoinette ont passé le plus de temps ensemble dans la première moitié des années 1880. Malgré son charme, le soldat est resté libre. La raison était évidente, et ce n'était autre que la reine. Ses paroles des années suivantes l'ont révélé. "J'ai décidé de ne jamais me marier. Ce ne serait pas naturel. Je ne peux pas appartenir à la seule personne que je veux vraiment, donc je préfère n'appartenir à personne », a écrit von Fersen dans une lettre à sa sœur.
En plus de développer une relation avec Maria Antoinette, le comte Hans Axel ne pouvait cependant pas oublier ses devoirs. Au milieu des années 1980, il est convoqué par le roi Gustave III. à Stockholm, en 1788 il participa ensuite à la guerre suédo-russe. En raison de ses relations hors normes avec le roi de Suède et la cour de France, il revient bientôt à Versailles. En tant qu'envoyé diplomatique suédois, il a suivi de près la situation politique en France. Il a prêté une grande attention à l'humeur de la société et, comme le montrent ses notes, il a correctement deviné que l'absolutisme était à bout de souffle.
Lorsque la Révolution française éclata le 14 juillet 1789, von Fersen était à la cour. Bien que Louis XVI ait perdu le pouvoir et que Marie-Antoinette soit devenue la femme la plus détestée de France, von Fersen est resté leur fidèle disciple et ami. Le tribunal suédois a également rendu compte de la situation en France.
Échec de l'évasion
Avec l'avancée de la révolution, Louis XVI et Marie-Antoinette devinrent pratiquement prisonniers à Paris. Personne ne l'a dit à voix haute, mais le couple royal pouvait librement décider que leur sort était un doute. Von Fersen, qui n'a cessé de le soutenir, fut donc l'un des principaux artisans de la tentative d'évasion de Paris le 20 juin 1791. L'événement est mieux connu aujourd'hui sous le nom de fuite à Varennes.
C'est Axel von Fersen qui a assumé le rôle de cocher lorsque Marie-Antoinette et Louis XVI ont couru de Paris. Il peut y avoir plusieurs circonstances pour que l'évasion échoue. Il s'agit notamment de la décision de Louis XVI, qui, quelques heures après le début du voyage et le changement de voitures, décide de continuer sans l'entourage de von Fersen. Les sources historiques les plus sobres affirment que la raison d'une telle décision était le mécontentement du roi de devoir le sauvetage à des étrangers.
Selon certains historiens, cependant, il y avait autre chose derrière le choix de Ludvík. L'historienne britannique Evelyn Farr affirme que Louis ne voulait tout simplement pas remercier les amants de sa femme pour leur vie. Soit dit en passant, cet historien, qui a publié deux livres sur von Fersen et Maria Antoinette il y a quelques années, est un fervent partisan de la version selon laquelle la reine et le comte suédois étaient de véritables amants. Et il va même jusqu'à spéculer que la reine a engendré ses deux plus jeunes enfants avec lui.
Mais quelles que soient les intentions de Louis, la séparation de Fersen de l'expédition a contribué à son échec global. Cette fois, le couple royal est devenu prisonnier pour de bon, et la possibilité de leur exécution a commencé à décliner. Le malheureux von Fersen se rend même en Autriche pour demander l'intervention de son frère Marie-Antoinette. Sans succès.
Le comte suédois a vu sa femme bien-aimée pour la dernière fois au début de 1792. À cette époque, il la suivit, ainsi que le roi, dans sa résidence des Tuileries, où ils étaient détenus. Il n'a toujours pas arrêté les interventions diplomatiques auprès d'autres tribunaux pour obtenir un soutien au couple royal. Ils ont continué à envoyer des messages cryptés à Maria Antoinette.
Mais rien n'a aidé. Même si, au moment du procès, qui condamna à mort Maria-Antoinette et son mari, von Fersen se rendit chez le facteur qui, lors de sa fuite à Varennes, reconnut le roi et la reine et les trahit. Von Fersen apprit l'exécution de la reine le 16 octobre 1793 à l'étranger. "Même si j'y étais prêt et que je m'y attendais à partir du moment où elle a été emmenée dans une cellule de la Conciergerie, la réalité m'a détruit. Je n'avais pas la force de ressentir quoi que ce soit. Je n'arrêtais pas de penser à elle, aux terribles circonstances de sa souffrance, aux doutes qu'elle pouvait avoir sur moi, mon affection, mon zèle. Ces pensées m'ont tourmenté », a écrit von Fersen.
Destin 20 juin
Alors que von Fersen s'occupait du sauvetage possible de Marie-Antoinette, les conditions ont également changé dans son propre pays. En 1793, le roi Gustave III. assassiné et remplacé par le jeune roi Gustave IV. En termes de carrière, ce fut la meilleure période de sa vie pour von Fersen. Il est devenu l'une des personnes les plus importantes de Suède. « En 1801, il fut nommé maréchal de la couronne royale suédoise , qui est l'un des postes les plus élevés. En 1805, il fut conseiller du roi lors du conflit avec la France », précise l'encyclopédie Britannica.
Mais le succès n'a été que temporaire. Le comte Hans Axel von Fersen mourra d'une mort cruelle dans quelques années comme sa bien-aimée Marie-Antoinette. Paradoxalement, le 20 juin lui est redevenu fatal. La même date que la date de la fuite infructueuse du couple royal français à Varennes, qui devait sauver la vie de la reine.
Après avoir perdu la guerre avec la Russie en 1809, la Suède est frappée par une crise politique majeure . Le roi Gustave IV. après le coup d'État politique, il abdique et une dispute éclate au sujet de la succession au trône. Comme il s'est avéré pendant la Révolution française et l'attitude envers Louis XVI et Marie-Antoinette, le comte de Fersen n'était pas de ceux qui ont changé de camp selon ce qui leur était plus avantageux. Au contraire, il est de nouveau resté un fidèle partisan de ceux avec qui il a eu des relations étroites dans des moments plus heureux. "Pendant la révolution qui a détrôné le roi Gustav IV. von Fersen n'a joué aucun rôle. Au contraire, dans la querelle de succession, il a soutenu l'accession du fils du roi au très populaire prince Charles Auguste d'Augustenburg », rappelle Britannica.
Karel August est devenu roi, mais il n'a pas fonctionné longtemps en tant que dirigeant. Il est décédé subitement, probablement d'une crise cardiaque ou d'une hémorragie interne après une chute de cheval. "Des rumeurs se sont rapidement propagées à travers le pays selon lesquelles la mort d'un homme populaire était en fait le résultat du complot de Fersen", écrit Britannica. Von Fersen et sa sœur ont été traités comme des reines et ont reçu des menaces de mort.
La date des funérailles de Karl August fut fixée au 20 juin 1810. Le comte von Fersen, en tant que maréchal de la couronne royale suédoise, faisait bien sûr partie du cortège de deuil qui parcourait les rues de Stockholm. À un moment donné, une foule enragée a arrêté la voiture de von Fersen et a sorti le général de 54 ans qui défendait. Les gens dans la foule ont commencé à le frapper avec des pierres. Un détachement de soldats arriva sur les lieux, mais ils laissèrent le comte à leur sort.
Von Fersen a tenté d'échapper au peuple déchaîné, mais il n'avait aucune chance contre une telle supériorité. La foule enragée l'a frappé à coups de pierres, battant tout ce qu'il avait sous la main. Ce n'est qu'après un certain temps que le commandant des unités militaires venant en sens inverse suggéra que von Fersen soit traduit en justice pour le meurtre de l'héritier du trône. Lynč a terminé et la foule s'est tue, mais il était trop tard pour le compte. Il est mort ce jour-là. La mort est apparemment survenue à un moment où l'un des hommes a sauté à plusieurs reprises sur sa poitrine, lui cassant également les côtes.
Ce n'est que quelques mois après Lynch que la famille de von Fersen a été officiellement innocentée de toute allégation non fondée selon laquelle il aurait contribué de quelque manière que ce soit à la mort de Karl August. A cette époque, le comte assassiné reçut des funérailles nationales avec tous les honneurs.
Zdroj: https://www.denik.cz/ze_sveta/hrabe-fersen-milenec-lync.html
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Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Je ne corrige pas la traduction automatique : elle est si drôle ainsi ! Et puis, nous connaissons tout cela par coeur . N'est-il pas vrai ?!
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Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Chere Eli..
A...ceci est un article de notre région...
Comment l'avez vous trouvé ?
Cest gentil..
Leos
A...ceci est un article de notre région...
Comment l'avez vous trouvé ?
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Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Leos a écrit:
Chere Eli..
A...ceci est un article de notre région...
Comment l'avez vous trouvé ?
Cest gentil..
Leos
Je l'ai trouvé le plus simplement du monde en furetant sur Google comme je le fais toujours, et en tapant " Fersen " comme je le fais souvent.
Et voici :
https://www.denik.cz/ze_sveta/hrabe-fersen-milenec-lync.html
Cet article date d'il y a deux semaines. Bien sûr, je n'y comprends absolument rien, mais je trouve bien joli le coup d'oeil sur sa typographie ! Ces petits accents notamment qui volent en tous sens. Et je connais un peu, comme tout le monde, les sonorités rondes, profondes et roucoulantes de votre langue, qui rappelle le russe .
Je trouve touchant que le destin de Marie-Antoinette et le bonheur qu'elle a connu, grâce à Fersen, émeuvent bien au-delà de nos frontières . Vous, par exemple, mon cher Leos, mais aussi quelques uns de vos compatriotes. Je suppose que ce n'est pas étonnant: l'amour n'est-il pas international, et le même sous toutes les latitudes !
Résumé succinct de cet article d'une amusante prudence :
On ne sait pas, on ne sait pas, mais vraiment tout porte à croire que ...
Evelyn Farr, auquel il fait allusion, est-elle lue par chez vous en français ou en anglais ?
C'est le seul ouvrage de référence sur le sujet.
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Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
MARIE-ANTOINETTE - "COMBIEN ELLE ÉTAIT PARFAITE EN TOUT"
Le 16 octobre est un bien triste anniversaire, celui de la mort cruelle et injuste de Marie-Antoinette. Les mots de l'homme qui l'aimait à la folie, le comte suédois Axel de Fersen, rendent hommage à ses grandes qualités.
***
Extraits du livre d'Evelyn Farr: MARIE-ANTOINETTE ET LE COMTE DE FERSEN, LA CORRESPONDANCE SECRÈTE, la première édition intégrale de leur correspondance (L'Archipel, 2016)
La nouvelle de l’exécution de Marie-Antoinette arrive à Bruxelles le 20 octobre 1793.
"Journal de Fersen
"20 octobre. À 11 h Grandmaison vint me dire que Ackermann, un banquier, recevait une lettre de son correspondant a Paris qui lui mandait que le jugement de la Reine avait été prononcé la veille, qu’il devait été exécuté sur le champ... Quoique j’y fusse préparé et que depuis la translation à la Conciergerie je m’y attendisse, cette certitude m’accabla... C’était le 16 à 11 ½ h que ce crime exécrable a été commis et la vengeance divine n’a point éclaté sur ces monstres!"
Fersen reste prostré sous le choc pendant des jours, tourmenté par ses souvenirs, ses regrets, ses remords et l’angoisse que, peut-être, Marie-Antoinette n’ait pas su à quel point il l’avait aimée. "Sans cesse je pensais à elle, à toutes les circonstances horribles, de ses souffrances, à ses enfants, à son malheureux fils et à son éducation qui sera manquée, aux mauvais traitements qu’on lui fait peut-être éprouver, au malheur de la reine de ne le pas voir dans ses derniers moments, au doute où elle aura peut-être été sur moi, sur mon attachement et mon intérêt. Cette idée me déchirait. Ensuite je sentais tout ce que je perdais de tant de façons différentes : sentiment, intérêt, existence, tout était réuni en elle et tout était perdu...
21 octobre. Je ne pouvais penser qu’à ma perte. Il était affreux de n’avoir aucun détail positif. Qu’elle était seule dans ses derniers moments, sans consolation, sans personne à qui parler, à qui donner ses dernières volontés, cela fait horreur. Les monstres d’enfer ! Non, sans la vengeance, jamais mon cœur ne sera content.
22 octobre. Toute ma journée se passait en silence sans parler, je n’en avais pas l’envie. Je ne pouvais que penser sans suite. Je formais mille et mille projets. Si ma santé me l’avait permis j’aurais été servir, la venger, ou me faire tuer.
23 octobre. Ma douleur, au lieu de s’apaiser, augmente à mesure que la surprise et l’étonnement diminue.
24 octobre. Voici encore un extrait sur la trop infortunée reine. Son image, ses souffrances, sa mort et mon sentiment ne me sortent pas de la tête, je ne puis penser à autre chose. Oh ! Mon Dieu, serait-il possible, serait-il de votre justice que de tels scélérats restassent impunis ? Donnez-moi donc au moins la consolation de la pleurer vengée."
"Je voudrais recueillir sur cette grande et infortunée princesse que j’aimerais toute ma vie les détails les plus minutieux – tout d’elle m’est précieux... quelle douceur, quelle tendresse, quelle bonté, quels soins, quel cœur aimant et sensible et délicat !"
Fersen écrit à sa sœur Sophie Piper le 17 novembre 1793. "Le seul objet de mon intérêt n’existe plus – lui seul réunissait tout pour moi et c’est à présent que je sens bien combien cet objet était cher et combien je lui étais véritablement attaché. Il ne cesse de m’occuper. Son image me suit et me suivra sans cesse et partout je n’aime qu’à en parler, à me rappeler les beaux moments de ma vie.
24 novembre 1793. Je ne vous parle pas, ma chère amie, de l’état de mon âme ; il est toujours le même Penser à elle et la regretter, voilà toutes mes occupations ; rechercher tout ce que je puis trouver d’Elle et conserver ce que j’en ai, voilà tous mes soins et tous mes plaisirs ; en parler c’est ma seule consolation, et je jouis quelque fois mais jamais autant que je voudrais. Sa perte est pour moi le chagrin de toute ma vie et mes regrets ne me quitteront qu’avec elle. Jamais je n’ai autant senti tout le prix de ce que je possédais et jamais je ne l’ai autant aimée"
Journal de Fersen 8 janvier 1794
"Ah, je sens bien tous les jours combien j’ai perdu en Elle et combien elle était parfaite en tout. Jamais il n’y a eu et il n’y aura de femme comme Elle."
Mais un miracle soudain va mettre du baume au cœur de Fersen. Cet homme brisé, qui ne vit plus que pour réunir les souvenirs et reliques de Marie-Antoinette qu’il fait acheter à Paris, reçoit une lettre du chevalier de Jarjayes. Il lui a fallu écrire trois fois avant de recevoir un message sublime de Marie-Antoinette, qu’elle avait chargé Jarjayes de lui transmettre au mois d’avril 1793. C’est un simple petit billet, accompagné de la devise : « Tutto a te mi guida » (« Tout me conduit vers toi »).
"21 janvier 1794. Mr Bury… m’apporta une lettre de M. de Jarjayes qui ne me disait pas tout ce que j’espérais. Il m’envoyait seulement un fragment de lettre de la reine à lui, dont voici la copie. C’était écrit par elle-même. « Quand vous serez en lieu de sûreté, je voudrais bien que vous puissiez donner de mes nouvelles à mon grand ami, qui est venu l’année dernière me voir. Je ne sais où il est... Je n’ose pas écrire, mais voilà l’empreinte de ma devise. Mandez en l’envoyant que la personne à qui elle appartient sent que jamais elle n’a été plus vraie. » Cette devise était un cachet portant un pigeon volant avec la devise tutto a te mi guida. Son idée avait été dans le temps de prendre mes armes, et on avait pris le poisson volant pour un oiseau. L’empreinte était sur un morceau de carte. Malheureusement la chaleur en avait absolument effacé l’empreinte. Je le conserve malgré cela précieusement dan ma cassette avec la copie du billet et le dessin du cachet."
Ce morceau de carte, avec cette devise, est le plus beau message d’amour que Fersen eût jamais pu espérer. Pour la première fois de sa vie, Marie-Antoinette était libre d’exprimer ses sentiments sans contrainte ; elle n’était plus liée par le devoir envers son mari. Aussi envoyait-elle à Fersen l’empreinte de leur cachet secret, celui qu’elle employait pour lui écrire autrefois. Elle voulait lui rappeler leurs jours heureux, leur bonheur enfui. Dans ce contexte, « tutto a te mi guida », devise accompagnée des mots : « jamais elle n’a été plus vraie », signifie que Marie-Antoinette entrevoyait pour eux un avenir commun.
Malgré leur séparation cruelle de février 1792 et tous les malheurs endurés depuis, elle n’avait jamais cessé de l’aimer, jamais cessé d’être à lui."
Evelyn Farr
Le 16 octobre est un bien triste anniversaire, celui de la mort cruelle et injuste de Marie-Antoinette. Les mots de l'homme qui l'aimait à la folie, le comte suédois Axel de Fersen, rendent hommage à ses grandes qualités.
***
Extraits du livre d'Evelyn Farr: MARIE-ANTOINETTE ET LE COMTE DE FERSEN, LA CORRESPONDANCE SECRÈTE, la première édition intégrale de leur correspondance (L'Archipel, 2016)
La nouvelle de l’exécution de Marie-Antoinette arrive à Bruxelles le 20 octobre 1793.
"Journal de Fersen
"20 octobre. À 11 h Grandmaison vint me dire que Ackermann, un banquier, recevait une lettre de son correspondant a Paris qui lui mandait que le jugement de la Reine avait été prononcé la veille, qu’il devait été exécuté sur le champ... Quoique j’y fusse préparé et que depuis la translation à la Conciergerie je m’y attendisse, cette certitude m’accabla... C’était le 16 à 11 ½ h que ce crime exécrable a été commis et la vengeance divine n’a point éclaté sur ces monstres!"
Fersen reste prostré sous le choc pendant des jours, tourmenté par ses souvenirs, ses regrets, ses remords et l’angoisse que, peut-être, Marie-Antoinette n’ait pas su à quel point il l’avait aimée. "Sans cesse je pensais à elle, à toutes les circonstances horribles, de ses souffrances, à ses enfants, à son malheureux fils et à son éducation qui sera manquée, aux mauvais traitements qu’on lui fait peut-être éprouver, au malheur de la reine de ne le pas voir dans ses derniers moments, au doute où elle aura peut-être été sur moi, sur mon attachement et mon intérêt. Cette idée me déchirait. Ensuite je sentais tout ce que je perdais de tant de façons différentes : sentiment, intérêt, existence, tout était réuni en elle et tout était perdu...
21 octobre. Je ne pouvais penser qu’à ma perte. Il était affreux de n’avoir aucun détail positif. Qu’elle était seule dans ses derniers moments, sans consolation, sans personne à qui parler, à qui donner ses dernières volontés, cela fait horreur. Les monstres d’enfer ! Non, sans la vengeance, jamais mon cœur ne sera content.
22 octobre. Toute ma journée se passait en silence sans parler, je n’en avais pas l’envie. Je ne pouvais que penser sans suite. Je formais mille et mille projets. Si ma santé me l’avait permis j’aurais été servir, la venger, ou me faire tuer.
23 octobre. Ma douleur, au lieu de s’apaiser, augmente à mesure que la surprise et l’étonnement diminue.
24 octobre. Voici encore un extrait sur la trop infortunée reine. Son image, ses souffrances, sa mort et mon sentiment ne me sortent pas de la tête, je ne puis penser à autre chose. Oh ! Mon Dieu, serait-il possible, serait-il de votre justice que de tels scélérats restassent impunis ? Donnez-moi donc au moins la consolation de la pleurer vengée."
"Je voudrais recueillir sur cette grande et infortunée princesse que j’aimerais toute ma vie les détails les plus minutieux – tout d’elle m’est précieux... quelle douceur, quelle tendresse, quelle bonté, quels soins, quel cœur aimant et sensible et délicat !"
Fersen écrit à sa sœur Sophie Piper le 17 novembre 1793. "Le seul objet de mon intérêt n’existe plus – lui seul réunissait tout pour moi et c’est à présent que je sens bien combien cet objet était cher et combien je lui étais véritablement attaché. Il ne cesse de m’occuper. Son image me suit et me suivra sans cesse et partout je n’aime qu’à en parler, à me rappeler les beaux moments de ma vie.
24 novembre 1793. Je ne vous parle pas, ma chère amie, de l’état de mon âme ; il est toujours le même Penser à elle et la regretter, voilà toutes mes occupations ; rechercher tout ce que je puis trouver d’Elle et conserver ce que j’en ai, voilà tous mes soins et tous mes plaisirs ; en parler c’est ma seule consolation, et je jouis quelque fois mais jamais autant que je voudrais. Sa perte est pour moi le chagrin de toute ma vie et mes regrets ne me quitteront qu’avec elle. Jamais je n’ai autant senti tout le prix de ce que je possédais et jamais je ne l’ai autant aimée"
Journal de Fersen 8 janvier 1794
"Ah, je sens bien tous les jours combien j’ai perdu en Elle et combien elle était parfaite en tout. Jamais il n’y a eu et il n’y aura de femme comme Elle."
Mais un miracle soudain va mettre du baume au cœur de Fersen. Cet homme brisé, qui ne vit plus que pour réunir les souvenirs et reliques de Marie-Antoinette qu’il fait acheter à Paris, reçoit une lettre du chevalier de Jarjayes. Il lui a fallu écrire trois fois avant de recevoir un message sublime de Marie-Antoinette, qu’elle avait chargé Jarjayes de lui transmettre au mois d’avril 1793. C’est un simple petit billet, accompagné de la devise : « Tutto a te mi guida » (« Tout me conduit vers toi »).
"21 janvier 1794. Mr Bury… m’apporta une lettre de M. de Jarjayes qui ne me disait pas tout ce que j’espérais. Il m’envoyait seulement un fragment de lettre de la reine à lui, dont voici la copie. C’était écrit par elle-même. « Quand vous serez en lieu de sûreté, je voudrais bien que vous puissiez donner de mes nouvelles à mon grand ami, qui est venu l’année dernière me voir. Je ne sais où il est... Je n’ose pas écrire, mais voilà l’empreinte de ma devise. Mandez en l’envoyant que la personne à qui elle appartient sent que jamais elle n’a été plus vraie. » Cette devise était un cachet portant un pigeon volant avec la devise tutto a te mi guida. Son idée avait été dans le temps de prendre mes armes, et on avait pris le poisson volant pour un oiseau. L’empreinte était sur un morceau de carte. Malheureusement la chaleur en avait absolument effacé l’empreinte. Je le conserve malgré cela précieusement dan ma cassette avec la copie du billet et le dessin du cachet."
Ce morceau de carte, avec cette devise, est le plus beau message d’amour que Fersen eût jamais pu espérer. Pour la première fois de sa vie, Marie-Antoinette était libre d’exprimer ses sentiments sans contrainte ; elle n’était plus liée par le devoir envers son mari. Aussi envoyait-elle à Fersen l’empreinte de leur cachet secret, celui qu’elle employait pour lui écrire autrefois. Elle voulait lui rappeler leurs jours heureux, leur bonheur enfui. Dans ce contexte, « tutto a te mi guida », devise accompagnée des mots : « jamais elle n’a été plus vraie », signifie que Marie-Antoinette entrevoyait pour eux un avenir commun.
Malgré leur séparation cruelle de février 1792 et tous les malheurs endurés depuis, elle n’avait jamais cessé de l’aimer, jamais cessé d’être à lui."
Evelyn Farr
Lady Bess- Messages : 101
Date d'inscription : 14/01/2018
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Chère Lady Jhane, toutes mes confuses , vous allez bientôt faire une overdose : c'est à présent Lorànt Deutsch - édité par Capucine Trollion - qui s'intéresse à nos tourtereaux .
publié le 15/01/2022
Dans ce nouvel épisode d' " Entrez dans l'Histoire ", nous allons découvrir si Marie-Antoinette, était vraiment cette nymphomane insatiable que les pamphlets ont fait d’elle, si elle a voulu ruiner et trahir la France ou si elle a seulement tenté d’être une femme heureuse et aimée de son peuple, de ses amis et du beau Suédois Axel de Fersen.
Au début, les Parisiens adoraient la dauphine. Ils n’avaient jamais vu une future reine venir en carrosse depuis Versailles, sourire, les saluer. Les Parisiens l’acclamaient, escortaient son carrosse en triomphe dans les rues. Telle Meghan Markle, Marie-Antoinette se sentait aimée, elle qui avait tant besoin d’amour puisque son mari n’était pas capable de lui en donner.
Mais, une fois reine, Marie-Antoinette ne vient plus à Paris, sauf pour faire du shopping chez la modiste Rose Bertin. On croit donc aux rumeurs d’adultère et de dépenses inconsidérées au détriment des caisses de l’État. Dans son petit Trianon, cette villa devenue son havre de paix, Marie-Antoinette ne sent pas le vent tourner. Elle n’a plus d’yeux que pour un beau Suédois fraîchement arrivé à la cour : Axel de Fersen.
Une passion dans les jardins du petit Trianon
Issu de la plus haute aristocratie scandinave, Axel de Fersen rêve de gloire et de conquête. Son pays natal ne lui permet pas d’assouvir ses grandes ambitions, voilà pourquoi il est venu mettre son épée au service du roi de France, Louis XVI. S’il est bien accueilli par le roi, c’est la reine qui lui fait une place à la cour. Marie-Antoinette a un véritable coup de foudre. Axel de Fersen, quant à lui, est flatté de plaire à la reine plus qu’à la femme.
Marie-Antoinette lui donne souvent rendez-vous dans les jardins à l’anglaise du petit Trianon où ils se promènent tous les deux. Ils s’égarent ensuite dans une grotte artificielle éloignée des regards et là…on ne sait pas ce qu’il se passe. Mais comme le dit l’historienne Evelyne Lever, si Marie-Antoinette couchait avec Axel de Fersen, ce qui est probable, elle couchait illico avec son mari ensuite pour qu’un éventuel enfant à naître ne puisse pas être traité de bâtard.
Un amour qui fait jaser la Cour
Toujours est-il que Marie-Antoinette et Axel de Fersen, c’est une love story plus torride qu' " In the mood for love ". Cela vire au drame quand Axel de Fersen doit partir pour un débarquement en Angleterre parce que, je vous le rappelle, il était venu en France pour se couvrir de gloire à la guerre. C’est tout juste si Marie-Antoinette n’éclate pas en sanglots devant toute la cour. Et ça, tout le monde le voit, c’est la honte. Marie-Antoinette se la joue Emma Bovary. C’est intolérable pour une reine de France, surtout que Flaubert n’est pas encore né !
Le débarquement n’a finalement pas lieu et Axel de Fersen reste à la cour avant d’être envoyé en mission aux États-Unis pendant trois ans. Pendant cette séparation, Marie-Antoinette continue à vivre de manière insouciante. Elle est heureuse, ses amis se mettent en quatre pour la distraire. L’amour d'Axel de Fersen la comble. Il a même écrit à sa sœur pour dire qu’il ne rentrerait pas en Suède car il aime une femme à l’identité mystérieuse dont il est aimé en retour…
Une fin tragique
Le 5 octobre 1789 alors que gronde la révolte, Louis XVI se rend à l’évidence et se résout à quitter Versailles. La famille royale est escortée vers la capitale par une foule en furie. Pour Marie-Antoinette, les Tuileries seront une prison. La Révolution est en marche.
Axel de Fersen essaye de convaincre le roi et la reine d’entrer en guerre contre les Français avec l’appui des puissances étrangères. Mais les souverains préfèrent finalement prendre la fuite. Escortés par Axel de Fersen, le couple, les deux enfants et la sœur du roi quittent Paris le 20 juin 1791. Le Suédois abandonne cet équipage d’apparence bourgeoise à Bondy pour les retrouver au-delà des frontières du royaume, mais il attendra en vain... En effet, le roi a été reconnu dans une auberge à Varennes. La famille royale est ramenée à Paris sous bonne escorte.
https://www.rtl.fr/culture/culture-generale/marie-antoinette-les-secrets-de-son-histoire-passionnee-avec-axel-de-fersen-7900113787
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
bof bof bof ! il ne manquait plus que lui. Cette "histoire" rapporte finalement beaucoup d'argent. Un vrai filon.
Lady Jhane- Messages : 1318
Date d'inscription : 04/11/2021
Localisation : Gévaudan
Re: Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret
Tout à fait !
Ella a vraiment dit ça ?
Mais comme le dit l’historienne Evelyne Lever, si Marie-Antoinette couchait avec Axel de Fersen, ce qui est probable, elle couchait illico avec son mari ensuite pour qu’un éventuel enfant à naître ne puisse pas être traité de bâtard.
Ella a vraiment dit ça ?
Gouverneur Morris- Messages : 11799
Date d'inscription : 21/12/2013
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