Film : Jeanne du Barry, avec Johnny Depp. De la réalisatrice Maïwenn

Oui, et en hiver…

Monsieur de Coco a écrit:
Comme je le pensais, on ne parle pas de la vie de la comtesse après Louis XV or Maïwenn aurait pu aborder "la bonne dame de Louveciennes", le duc de Brissac, le vol des bijoux, l'émigration, le procès, l'exécution.

Ah, c'est vraiment dommage ...

Voici ma critique.

Belle réalisation : belles couleurs, les plans sont superbes, notamment ceux sur Versailles. La prestation des filles de Louis XV ne manque pas de piquant : bêtes et méchantes à souhait (jusqu'à la caricature), elles m'ont fait sourire. Le film cherche à montrer la dureté du traitement dont Mme du Barry fut l'objet, d'abord par son "brocanteur" puis par la cour. Voilà pour l'aspect positif.

Côté négatif, le film manque de rythme. Il ne fait monter aucune émotion. Johnny Depp à moitié mutique semble à chaque apparition, se réveiller d'une grosse cuite. Maïwen en du Barry, longs cheveux noirs sur robe blanche, semble quant à elle sortie tout droit sortie d'une pub pour un yaourt. Au moins n'est-elle pas vulgaire (ouf on aura échappé à ça), mais le film tombe à plat : on n'y croit pas à cette Maïwen en du Barry, dont aucun trait de caractère, aucune manière ne donne le sentiment d'avoir affaire à la maîtresse royale. Je passe évidemment sur les multiples erreurs historiques : Mme du Barry qui se marie avec le roué et non avec son frère,  Marie-Antoinette qui demande à son dauphin de mari de lui parler en allemand (WTF ?... ),  les coiffures au pouf et plumes d'autruche des années 75/80 portées dès 1764 (avec 10 ans d'avance donc...)... Dommage également que les intrigues des choiseulistes et des barrystes soient à peine effleurées.

Duc d'Ostrogothie a écrit:
Johnny Depp à moitié mutique semble, à chaque apparition, se réveiller d'une grosse cuite.

Maïwenn apparemment a utilisé La Du Barry comme métaphore de sa vie de victime arrivant dans le monde du cinéma, on la voit en sauvageonne sortant des bois les cheveux épars portant des robes n'ayant aucun rapport avec l'époque à laquelle elle est sensée exister, les filles de Louis XV sorties d'une mise en scène de La Cenerentola de Rossini en méchantes soeurs avec costumes et coiffures de Jérôme Savary, sans compter leurs expressions et leurs dialogues, Johnny Depp en vieux sioux laid et lourd égaré lui aussi dans les costumes du roi (seuls valent le coup les décors authentiques et les costumes masculins), enfin tout ça pour ça , encore heureux elle nous à épargné le sexe ! Elle voulait faire un film comme la Marie Antoinette de Coppola qu'elle admirait, c'est réussi ! A côté "Mme du Barry" de Christian Jacques avec Martine Carol est un chef d'oeuvre !

Lucius a écrit:La photo à cheval postée au début de cette page me pose beaucoup de question ! Outre le fait de voir une princesse chevaucher à califourchon et en cheveux, j'ai du mal à y reconnaître le dauphin et la dauphine, adolescents blonds de 16/17 ans dans ces deux acteurs bruns à la trentaine bien visible. En comparaison, Louis XV est plutôt crédible.

Marie-Jeanne a écrit:Quand vous verrez le film, prenez du recul et laissez-vous aller, sinon vous risquez un second traumatisme

Il me faudrait probablement tellement de recul que ça reviendrait à me placer hors de la salle, ce qui est finalement ce que je vais faire...

Diego Le Fur, qui joue Louis XVI, a 19 ans. Il est le fils de Maïwenn.

Pauline Pollmann, qui joue Marie-Antoinette, a 20 ans.

Dans le film, le dauphin semble bienveillant avec Madame du Barry.
Était ce le cas?

D'après Simone Bertière, effectivement.
Il avait commencé par lui battre froid lors de sa présentation mais s'était rapproché d'elle pour être agréable à son royal grand-père. Il avait pris l'habitude d'être présent aux soupers de chasse de Louis XV où la comtesse officiait comme maîtresse de maison. Ce que Marie-Antoinette n'appréciait guère.

Je n'ai pas trop aimé le jeu de l'actrice jouant la comtesse de Noailles car je l'imagine plutôt comme celle dans le MA de Coppola. A savoir, hautaine, fine et "pète sec".

J'ai remarqué que Maïwenn avait fait plusieurs clins d'oeil au film de Sofia Coppola dans son propre film. Par exemple, on voit la même scène dans les 2 films où Zamor se fait rabrouer pour avoir marché sur la traîne de la comtesse.
Dans le film de Maïwen, il est dit à la fin que la comtesse n'a dû sa sortie du couvent qu'à l'indulgence de Louis XVI. Certes c'est Louis XVI qui a signé la lettre de cachet puis ordonné sa libération, mais c'est quand même Marie-Antoinette qui était derrière cette décision après avoir été convaincue de faire libérer la comtesse par le prince de Ligne, qui était ami des deux dames.

Duc d'Ostrogothie a écrit:

  Marie-Antoinette qui demande à son dauphin de mari de lui parler en allemand (WTF ?... )

Je ne me souviens plus. Ne serait ce pas plutôt à Mercy.

Monsieur de Coco a écrit:

Duc d'Ostrogothie a écrit:

  Marie-Antoinette qui demande à son dauphin de mari de lui parler en allemand (WTF ?... )

Je ne me souviens plus. Ne serait ce pas plutôt à Mercy.

C'était bien au dauphin.
Quelle incongruité !

Je suis allée voir le film hier soir. J'ai trouvé à Mercy une dégaine décontractée un peu à côté de la plaque. Il était plutôt raide et froid dans toute sa correspondance ( tant avec Marie-Thérèse que Joseph, un peu moins coincé avec Kaunitz. )

Ai-je rêvé ou ai-je bien entendu Marie-Antoinette tutoyer le futur Louis XVI, à table ?

Duc d'Ostrogothie a écrit:
Certes c'est Louis XVI qui a signé la lettre de cachet puis ordonné sa libération, mais  c'est quand même Marie-Antoinette qui était derrière cette décision après avoir été convaincue de faire libérer la comtesse par le prince de Ligne, qui était ami des deux dames.

C'est vrai. C'est par l'entremise du prince de Ligne que Mme du Barry recouvre la liberté. Ligne avait de l'affection pour Jeanne qu'il disait " belle à voir et bonne à avoir ". Il avait su discerner en elle la femme de coeur et une belle âme.

Monsieur de Coco a écrit:Je n'ai pas trop aimé le jeu de l'actrice jouant la comtesse de Noailles car je l'imagine plutôt comme celle dans le MA de Coppola. A savoir, hautaine, fine et "pète sec".

C'est dingue, je ne l'ai même pas repérée . J'aime bien pourtant Noémie Lvovski .
Je n'ai pas reconnu non plus Robin Renucci...

Calonne a écrit:D'après Simone Bertière, effectivement.
Il avait commencé par lui battre froid lors de sa présentation mais s'était rapproché d'elle pour être agréable à son royal grand-père. Il avait pris l'habitude d'être présent aux soupers de chasse de Louis XV où la comtesse officiait comme maîtresse de maison. Ce que Marie-Antoinette n'appréciait guère.

Oui, mais contraint et forcé. De là à le montrer empressé auprès d'elle, c'est trop.
Il se montre parfois parfaitement mufle. Par exemple quand la smala du Barry veut lui présenter la nouvelle Mme du Barry, épouse d'Adolphe fraîchement marié, le futur Louis XVI se renfrogne et tourne le dos.

Eddy2000 a écrit:
Diego Le Fur, qui joue Louis XVI, a 19 ans. Il est le fils de Maïwenn.

Un beau garçon très brun. Je le trouve physiquement à mille lieues de son personnage historique.

Sans avoir vu le film, le casting n'est pas bon, ne serait-ce que pour le personnage principal. Madame du Barry était blonde, les yeux bleus lumineux, pulpeuse, le teint frais et rose "éblouissant".

C'est aussi une erreur commune à pas mal de séries ou films de montrer Marie-Antoinette et Louis XVI s'appelant par leurs prénoms, voire se tutoyant. Il l'appelait "Madame" et elle l'appelait "Monsieur". La reine était d'ailleurs la seule à avoir le privilège d'appeler le roi Monsieur. Mercy fût stupéfait lorsqu'il découvrît que Madame du Barry appelait Louis XV ainsi. Quant au tutoiement, il n'existait quasiment pas. On trouvait ridicule un mari amoureux qui suppliait sa femme de le tutoyer mais on adorait la réponse de cette dernière : "Hé bien vas-t'en !"

On est là dans la même veine que le Marie-Antoinette de Coppola, avec la Polignac qui débarque dans la loge royale et tape la bise à Lamballe, tape la bise à la reine en lui souhaitant "Joyeux anniversaire ma chérie" pendant que Lamballe, vautrée sur le divan et hilare, mange du gâteau avec les doigts et que la du Barry rote à table... Marie-Antoinette donne elle-même l'exemple d'ailleurs en tapant la bise à Léonard, on s'attend presque à ce qu'elle lui claque la main en lui disant "give me five Léo !"
Versailles, c'est cool...  

lolo a écrit:
Maïwenn apparemment a utilisé La Du Barry comme métaphore de sa vie de victime arrivant dans le monde du cinéma

De son propre aveu, en effet, et c'est la première critique que lui lance ses détracteurs. Mais il peut y avoir de la sincérité dans cette démarche. Jeanne du Barry serait plus une métaphore personnelle qu'un film historique.

lolo a écrit:
les filles de Louis XV sorties d'une mise en scène de La Cenerentola de Rossini en méchantes soeurs avec costumes et coiffures de Jérôme Savary, sans compter leurs expressions et leurs dialogues

Trop caricaturales, les vieilles pies. Elles avaient certainement davantage de retenue dans leur maintien.

India Hair surtout ne colle pas à l'image de princesse guindée et revêche de Madame Adélaïde. J'adore cette actrice. Je la trouve d'une drôlerie ! Je l'ai découverte dans l'excellente ( quoique terriblement sanguinolente ) mini-série franco-belge " Des gens bien ", que je vous recommande chaudement ! Madame Adélaïde, ou plutôt India Hair, y campe une gendarmette désopilante.

lolo a écrit:
Johnny Depp en vieux sioux laid et lourd

Comme dit le duc d'Ostrogothie : mutique.
Maïwenn aurait pu lui accorder davantage de réparties car enfin, son accent est presque imperceptible .
J'ai été très déçue par sa première apparition, dans la Galerie des Glaces. Pas beau, Tout petit.

lolo a écrit:
enfin tout ça pour ça , encore heureux elle nous à épargné le sexe !

Eh bien non justement. S'il y a un film dans lequel il fallait du sexe, c'est bien celui-là. Notre Jeanne subjugue le vieux roi par ses charmes ( bienséant euphémisme ) ne l'oublions pas . Elle l'affole de plaisirs qu'il ne connaissait pas. Nous pouvons le croire : c'est lui qui le dit. A quoi il s'entend répondre : " C'est que Votre Majesté n'est jamais allée au bordel. "
Voilà une réplique désopilante qui manque cruellement dans les dialogues, par ailleurs très très plats.

Au lieu de quoi nous voyons nos tourtereaux échanger un ou deux petits bécots, nullement torrides, ou s'amuser ensemble de tas de petits riens comme la marche à reculons, clins d'oeil dans la glace sans tain ... etc ... etc, comme deux bons copains.

Calonne a écrit:Sans avoir vu le film, le casting n'est pas bon, ne serait-ce que pour le personnage principal. Madame du Barry était blonde, les yeux bleus lumineux, pulpeuse, le teint frais et rose "éblouissant".

Oui, il est impossible de voir Mme du Barry dans Maïwenn,  physiquement.  Pulpeuse, Jeanne doit être irrésistiblement pulpeuse, langoureuse, troublante et invitante. Elle doit être tentante comme une pâtisserie à la crème ...   Il en tombe les quatre fers en l'air, ce vieux libidineux qui a pourtant déjà possédé tant d'autres beautés avant elle.

Mais pas que.
Il fallait le sexe pour le ferrer, certes,  ensuite Louis XV se prend à aimer Jeanne, profondément,  car elle déploie sur lui une sorte de magie au goût de jouvence.  Elle lui redonne le goût de vivre.  Il est heureux.

Calonne a écrit:
C'est aussi une erreur commune à pas mal de séries ou films de montrer Marie-Antoinette et Louis XVI s'appelant par leurs prénoms, voire se tutoyant. Il l'appelait "Madame" et elle l'appelait "Monsieur". La reine était d'ailleurs la seule à avoir le privilège d'appeler le roi Monsieur. Mercy fût stupéfait lorsqu'il découvrît que Madame du Barry appelait Louis XV ainsi. Quant au tutoiement, il n'existait quasiment pas.

Exactement .

Calonne a écrit:
On est là dans la même veine que le Marie-Antoinette de Coppola, avec la Polignac qui débarque dans la loge royale et tape la bise à Lamballe, tape la bise à la reine en lui souhaitant "Joyeux anniversaire ma chérie" pendant que Lamballe, vautrée sur le divan et hilare, mange du gâteau avec les doigts et que la du Barry rote à table... Marie-Antoinette donne elle-même l'exemple d'ailleurs en tapant la bise à Léonard, on s'attend presque à ce qu'elle lui claque la main en lui disant "give me five Léo !"
Versailles, c'est cool...  

Je reste plus mesuré sur l'absence de scènes de sexe.
Certes, elle l'a d'abord captivé et capturé avec ça. Mais je fais partie de ceux qui pensent qu'ils se sont sincèrement aimés tous les deux. Du coup, montrer leur complicité, leurs gamineries, leur joie d'être ensemble me paraît positif. Insister sur le côté uniquement physique de leur relation aurait été réduire la comtesse à une simple putain, douée au lit. Là, le film a l'air de montrer qu'il y avait vraiment quelque chose d'autre dans leur relation.

Tout à fait d'accord avec toi, mon cher Calonne;  et je l'ai dit :  

Mme de Sabran a écrit:Il fallait le sexe pour le ferrer, certes,  ensuite Louis XV se prend à aimer Jeanne, profondément,  car elle déploie sur lui une sorte de magie au goût de jouvence.  Elle lui redonne le goût de vivre.  Il est heureux.

Jeanne aura le même effet merveilleux sur Hercule-Timoléon de Brissac.

Maïwenn n'incarne pas du tout la comtesse. Le plus choquant n'est pas tant l'absence de ressemblance physique, c'est l'absence de vie du personnage. Mme du Barry était une jolie jeune fille "sans histoire", gaie, gentille. Elle zézayait. Je me la représente (à tort ou à raison) comme une personne un peu plate, sans esprit. Il est déjà difficile de dépeindre un tel personnage, sans grande aspérité. Mais si en plus de cela, on se lance dans un résumé de toute sa vie jusqu'à son départ de la cour.. cela peut vite devenir fâcheux. Plutôt que de se lancer dans une mini fresque sur la vie de la comtesse, Maïwenn n'eût-elle pas mieux fait de saisir un passage plus restreint et piquant de sa vie ? Le montant de son ascension du bordel à la cour ? ou alors au contraire le moment de sa chute? Personnellement j'aurais préféré un film plus court, plus enlevé, avec de l'esprit, sur la tonalité de "Ridicule" ou "Mille de Joncquières" et centré sur sa rivalité avec Marie-Antoinette par exemple.

Madame du Barry a t elle toujours été blonde ?

Mme de Sabran a écrit:Maïwenn aurait pu lui accorder davantage de réparties car enfin,  son accent est presque imperceptible

Tout à fait Eléonore, et je trouve ceux qui le mettent en avant pour critiquer son jeu, voire le casting, d'une mauvaise foi crasse. J'aimerais parler aussi bien anglais que lui parle notre langue !