Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
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Mme de Sabran
Dominique Poulin
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Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Ils mettent du temps à s'afficher, mais ils arrivent...
Je ne connaissais pas le troisième portrait. Flatté sans doute ! Période 1795-1800 ? Et de qui ?
Marie-Louise de Parme a fait la joie des couturières et modistes, elle s'habillait principalement en France. Rose Bertin la comptait parmi ses principales clientes.
Mais elle avait beau faire, le maquillage, les toilettes somptueuses, et qui plus est, des toilettes pour jeunes femmes alors qu'elle avait cinquante ans, lui donnaient une allure de déguisement. Les bijoux figuraient aussi parmi son point faible. Avec l'âge, elle fondit des ornements de coiffure parmi les siens propres et se teignait les cheveux en noir, ce qui accuentait son teint flettri et ses traits durs.
Je ne connaissais pas le troisième portrait. Flatté sans doute ! Période 1795-1800 ? Et de qui ?
Marie-Louise de Parme a fait la joie des couturières et modistes, elle s'habillait principalement en France. Rose Bertin la comptait parmi ses principales clientes.
Mais elle avait beau faire, le maquillage, les toilettes somptueuses, et qui plus est, des toilettes pour jeunes femmes alors qu'elle avait cinquante ans, lui donnaient une allure de déguisement. Les bijoux figuraient aussi parmi son point faible. Avec l'âge, elle fondit des ornements de coiffure parmi les siens propres et se teignait les cheveux en noir, ce qui accuentait son teint flettri et ses traits durs.
Dominique Poulin- Messages : 7013
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Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Heureusement qu'elle ne te plaît pas Momo ! Tu sais combien je suis jalouse ! Nan mais !
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Dominique Poulin a écrit:
Je ne connaissais pas le troisième portrait. Flatté sans doute ! Période 1795-1800 ? Et de qui ?
.
Ce tableau est flatté sans nul doute, mais de qui ? Je l'ignore . Désolée ...
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Oui, et je pense qu'elle était tellement coquette et infatuee d'elle même qu'elle ne s'en rendait pas compte ! Où juste à certains moments, quand son époux, Charles IV, qui s'il était, tout juste bon, à piquer un lièvre, n'en était pas moins franc, en plus de Manuel Godoy, qui à son tour, avait subjugué Marie-Louise, sous sa coupe, en s'autorisant des écarts de langage avec elle.
Dominique Poulin- Messages : 7013
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Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Normal : il se savait tout permis et en usait et abusait . Un drôle de zèbre celui-là : Mme de Laage de Volude ne l'aimait pas du tout . Je retrouverai la citation .
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Ah voilà, j'ai retrouvé !
Mme de Laage de Volude écrit :
Je ne compte pas du tout aller cet été à Madrid, d'abord parce que j'ai assez de la Révolution dans mon pays, sans aller me fourrer dans les bagarres d'un autre; ensuite parce que les amis que j'irais voir me feraient plus de peine de près que de loin, car je ne pense ni ne vois comme eux dans leurs propres affaires. Je les trouve injustes, factieux et brouillons; cela ne me va point ... Peuvent-ils croire qu'on leur a envoyé gracieusement plus de 3000.000 soldats, pour renverser le prince de la Paix ( Godoy ) et mettre sur le trône ce bijou de fils, qui ne voit pas qu'il sert de marche-pied à la canaille ? Tous ces dadais de grands, qui consentent à se débarbouiller dans des crachats, me dégoûtent. Infâme rôle pour un Bourbon que celui d'usurpateur ! Et de quel trône ? De celui de son père; et soutenu par qui ? J'abandonne le personnel du prince de la Paix, à cause de l'égoût par lequel il est arrivé à la fortune et parce qu'il a causé la perte de l'Espagne. Si le prince des Asturies avait de l'énergie, il lui aurait brûlé la cervelle dans l'antichambre du Roi, et serait entrè chez son père pour lui dire : " Je vous ai délivré d'un insolent et perfide sujet ." Mais il a tremblé devant Godoy, et il détrône son père . "
( 18 novembre 1807 )
Quelques jours après la date de cette lettre, Ferdinand était obligé de rendre la couronne à son père qui la cédait à son tour à Bonaparte.
Mme de Laage de Volude écrit :
Je ne compte pas du tout aller cet été à Madrid, d'abord parce que j'ai assez de la Révolution dans mon pays, sans aller me fourrer dans les bagarres d'un autre; ensuite parce que les amis que j'irais voir me feraient plus de peine de près que de loin, car je ne pense ni ne vois comme eux dans leurs propres affaires. Je les trouve injustes, factieux et brouillons; cela ne me va point ... Peuvent-ils croire qu'on leur a envoyé gracieusement plus de 3000.000 soldats, pour renverser le prince de la Paix ( Godoy ) et mettre sur le trône ce bijou de fils, qui ne voit pas qu'il sert de marche-pied à la canaille ? Tous ces dadais de grands, qui consentent à se débarbouiller dans des crachats, me dégoûtent. Infâme rôle pour un Bourbon que celui d'usurpateur ! Et de quel trône ? De celui de son père; et soutenu par qui ? J'abandonne le personnel du prince de la Paix, à cause de l'égoût par lequel il est arrivé à la fortune et parce qu'il a causé la perte de l'Espagne. Si le prince des Asturies avait de l'énergie, il lui aurait brûlé la cervelle dans l'antichambre du Roi, et serait entrè chez son père pour lui dire : " Je vous ai délivré d'un insolent et perfide sujet ." Mais il a tremblé devant Godoy, et il détrône son père . "
( 18 novembre 1807 )
Quelques jours après la date de cette lettre, Ferdinand était obligé de rendre la couronne à son père qui la cédait à son tour à Bonaparte.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Gouverneur Morris- Messages : 11796
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Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Merci Eléonore !
Mme de Laage de Volude parle avec son cœur, et ce qu'elle dit n'est pas faux et à cette date le trône d'Espagne chancelle ; Napoléon accuentue sa pression sur Madrid, le Portugal est occupé, Godoy est détesté, les souverains, surtout la reine, méprisée.
Il y a des nuances pourtant à souligner : le prince de la Paix n'est pas un incapable, il est certes le protégé du roi et de sa femme, mais il n'est pas inintelligent. C'est surtout en vérité, les changements de la carte de l'Europe avec les bouleversements de France qui déstabilisent l'Espagne.
Ceci dit, j'ai mon intrigue à boucler.
Mme de Laage de Volude parle avec son cœur, et ce qu'elle dit n'est pas faux et à cette date le trône d'Espagne chancelle ; Napoléon accuentue sa pression sur Madrid, le Portugal est occupé, Godoy est détesté, les souverains, surtout la reine, méprisée.
Il y a des nuances pourtant à souligner : le prince de la Paix n'est pas un incapable, il est certes le protégé du roi et de sa femme, mais il n'est pas inintelligent. C'est surtout en vérité, les changements de la carte de l'Europe avec les bouleversements de France qui déstabilisent l'Espagne.
Ceci dit, j'ai mon intrigue à boucler.
Dominique Poulin- Messages : 7013
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Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Nous sommes suspendus à votre clavier, Domi !
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Une intrigue autour de la comtesse de Chinchon. Acte III.
Et bien la suite, voila !
La réhabilitation de Manuel Godoy, dans son image, sa réputation et sa carrière politique n'est pas dans notre propos. Il nous a paru pourtant nécessaire de dresser un bilan sommaire, mais suffisamment précis pour faire la part des réalisations nationales qu'il a entreprises pour son pays, mais aussi des échecs et des blocages qu'il a essuyé dans un contexte particulièrement troublé vis à vis de la Révolution Française et de l'Europe Napoléonienne.
Le personnage n'était pas fait tout d'un bloc et il appartient d'apporter quelques éclairages pour rétablir certaines vérités.
Certes, l'arrivisme et la soif d'honneurs et de richesses caractérisent le favori de Charles IV et de Marie-Louise de Parme ; la rapidité foudroyante de son élévation de simple garde du corps de la famille royale, en 1788, au poste de Premier Ministre en 1792, renferme une faveur inouïe, irrationnelle et presque inédite dans l'histoire des monarchies d'Ancien Régime. Force est de constater, pour le moins au début, qu'il ne possédait aucune expérience politique du pouvoir, tant sur le plan intérieur, que diplomatique.
Au Conseil, face au vieux comte d'Aranda, un homme d'Etat, qui avait fait ses preuves depuis des décennies et qui lui objectait les risques de la poursuite de la guerre avec la France, Godoy lui répondit insolemment :
- Il est vrai que je n'ai que vingt six ans, mais je travaille quatorze heures par jour, ce que personne n'a jamais fait. Je dors quatre heures, et en dehors du temps de repos, je ne cesse de m'occuper de tout ce qui se passe."
Son intelligence a rarement été mise en doute, mais faute d'avoir reçu une formation politique et diplomatique de longue haleine et de saisir toutes les complexités des dossiers sensibles, le nouveau maître de l'Espagne agit plus en amateur qu'en tacticien chevronné.
Les observateurs du jeu politique, et particulièrement les ambassadeurs, dans leurs dépêches, ont laissé des témoignages ou paraissent toutes les nuances de ses entreprises.
Celui de France, Bourgoing : "Le jeune duc d'Alcudia est bien intentionné, mais il est ivre de son pouvoir sans limites. On peut dire qu'il joue avec la Couronne que la passion a mises dans ses mains."
L'ambassadeur d'Angleterre écrit : "... d'une grande ponctualité dans l'expédition des affaires courantes ; il répond le soir même aux lettres qui n'exigent pas grande réflexion." tandis que le ministre de Russie lui accorde "une grande fermeté de caractère."
Zinoviev ne voit que négation en déclarant à sa Cour : "Il est sans talents, sans aucune instruction."
Le favori des souverains espagnols restera environ douze ans au pouvoir. Détesté en raison de sa faveur foudroyante, des honneurs et des titres qu'il a accumulé sur sa tête, au point d'avoir été fait Prince de La Paix en 1795, le bilan de son ministère est très mitigé.
Les historiens lui concèdent quelques contributions heureuses sur le plan intérieur, comme la création d'un Institut de Cosmographie, d'un Service Hydrographique, de la fondation de la première École Vétérinaire, de celle de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie, ou de la fondation d'institutions pour les enfants abandonnés, aveugles et sourds-muets.
Et bien la suite, voila !
La réhabilitation de Manuel Godoy, dans son image, sa réputation et sa carrière politique n'est pas dans notre propos. Il nous a paru pourtant nécessaire de dresser un bilan sommaire, mais suffisamment précis pour faire la part des réalisations nationales qu'il a entreprises pour son pays, mais aussi des échecs et des blocages qu'il a essuyé dans un contexte particulièrement troublé vis à vis de la Révolution Française et de l'Europe Napoléonienne.
Le personnage n'était pas fait tout d'un bloc et il appartient d'apporter quelques éclairages pour rétablir certaines vérités.
Certes, l'arrivisme et la soif d'honneurs et de richesses caractérisent le favori de Charles IV et de Marie-Louise de Parme ; la rapidité foudroyante de son élévation de simple garde du corps de la famille royale, en 1788, au poste de Premier Ministre en 1792, renferme une faveur inouïe, irrationnelle et presque inédite dans l'histoire des monarchies d'Ancien Régime. Force est de constater, pour le moins au début, qu'il ne possédait aucune expérience politique du pouvoir, tant sur le plan intérieur, que diplomatique.
Au Conseil, face au vieux comte d'Aranda, un homme d'Etat, qui avait fait ses preuves depuis des décennies et qui lui objectait les risques de la poursuite de la guerre avec la France, Godoy lui répondit insolemment :
- Il est vrai que je n'ai que vingt six ans, mais je travaille quatorze heures par jour, ce que personne n'a jamais fait. Je dors quatre heures, et en dehors du temps de repos, je ne cesse de m'occuper de tout ce qui se passe."
Son intelligence a rarement été mise en doute, mais faute d'avoir reçu une formation politique et diplomatique de longue haleine et de saisir toutes les complexités des dossiers sensibles, le nouveau maître de l'Espagne agit plus en amateur qu'en tacticien chevronné.
Les observateurs du jeu politique, et particulièrement les ambassadeurs, dans leurs dépêches, ont laissé des témoignages ou paraissent toutes les nuances de ses entreprises.
Celui de France, Bourgoing : "Le jeune duc d'Alcudia est bien intentionné, mais il est ivre de son pouvoir sans limites. On peut dire qu'il joue avec la Couronne que la passion a mises dans ses mains."
L'ambassadeur d'Angleterre écrit : "... d'une grande ponctualité dans l'expédition des affaires courantes ; il répond le soir même aux lettres qui n'exigent pas grande réflexion." tandis que le ministre de Russie lui accorde "une grande fermeté de caractère."
Zinoviev ne voit que négation en déclarant à sa Cour : "Il est sans talents, sans aucune instruction."
Le favori des souverains espagnols restera environ douze ans au pouvoir. Détesté en raison de sa faveur foudroyante, des honneurs et des titres qu'il a accumulé sur sa tête, au point d'avoir été fait Prince de La Paix en 1795, le bilan de son ministère est très mitigé.
Les historiens lui concèdent quelques contributions heureuses sur le plan intérieur, comme la création d'un Institut de Cosmographie, d'un Service Hydrographique, de la fondation de la première École Vétérinaire, de celle de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie, ou de la fondation d'institutions pour les enfants abandonnés, aveugles et sourds-muets.
Dernière édition par Dominique Poulin le Mar 26 Déc 2017, 14:04, édité 2 fois
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Une intrigue autour de la comtesse de Chinchon. Suite Acte III.
Il est temps, maintenant, de poursuivre les péripéties de sa liaison de la reine Marie-Louise, le canal névralgique de son influence et de sa puissance !
Encensé par la souveraine, tenu par la plus haute amitié par Charles IV qui "se rend tous les matins chez lui, tandis qu'il fait sa toilette, et va jusqu'à l'aider à s'habiller", Manuel Godoy constate amèrement, malgré la pluie des faveurs royales et l'argent qui coulent à flots sur lui, qu'il ne peut être heureux auprès d'une femme desséchée, possessive et envahissante.
Les démons de la chair et du plaisir des sens assaillent le favori en titre qui n'a pas encore trente ans. De plus, Marie-Louise de Parme, n'a pas toujours la vue courte, bien au contraire. Elle sait bien que son teint flétri et sa taille déformée par de multiples maternités ne peuvent retenir un jeune homme dans la force de l'âge et de ses désirs. La reine d'Espagne, particulièrement jalouse sur le terrain des vanités, couvre d'un réseau d'espions l'entourage et les déplacements de son cher Manuel. Godoy étouffe dans cette cage dorée, son humeur s'en ressent, des scènes de plus en plus violentes opposent les deux amants. Il est vrai que le bureau du Premier Secrétaire d'Etat, est l'épicentre de tous les solliciteurs de l'Espagne, qui pour une promotion, une place, une recommandation, une pension, un avancement. Nombre de femmes, peu regardantes sur les moyens, jouent leur va-tout sur la carte Godoy : "De toutes les provinces, elles accouraient pour conquérir en se prostituant les faveurs du sultan espagnol, et parfois celles de ses satellites." Mais ces étreintes de quelques instants, ne sont rien face au sentiment plus sincère et plus sérieux qu'éprouve Manuel pour une brune piquante, Pepita Tudo. Les circonstances de leur rencontre sont mal élucidées ; certaines sources indiquent qu'elle aurait vécu, orpheline de père, dans la maison natale des parents de Godoy. Toujours est-il qu'en 1795, lorsque Madrid signe la paix avec la France, lors du traité de Bâle, et que le ministre tout puissant à cette occasion se voit octroyé du titre extraordinaire de Prince de La Paix, des remous puissants s'elevent dans le ciel de la reine d'Espagne. Sa rivale, une fille de rien, Pepita Tudo, capte le cœur de son amant. Leur liaison, bien que discrète, est consommée. Marie-Louise est folle de rage, et dans sa dignité de reine, et dans sa vanité de femme. Les altercations, les cris et les menaces dont la souveraine est passé maîtresse consommée, sont vaines ; et Charles IV, dans son aveuglément, continue ou feint de ne rien voir du manège de cette comédie, et comme au premier jour de sa faveur, couvre Manuel de ses louanges. La reine est piégée et blessée.
La rumeur, fondée ou pas, évoque un mariage secret entre le Premier Secrétaire d'Etat et Pépita Tudo, le 22 juin 1797. Cette union est-elle resté secrète, pour la reine d'Espagne, qui avait des yeux et des oreilles à son service dans tous les palais ? Difficile de trancher, mais à ce moment ultime, un plan machiavélique s'echaffaude dans son cerveau surchauffé par la passion et les intrigues. A travers son amant, elle, mieux que personne, connaît le talon d'Achille de Manuel Godoy : la reconnaissance des honneurs toujours plus ronflants et considérables et la cupidité.
Dans ce coup de poker, elle va tenter de se l'enchaîner davantage près d'elle, l'asservir à sa royale munificence, en le mariant à la face du monde à une femme qu'il ne pourra refuser. La fatuité du favori ne saurait décliner une jeune fille du sang des Bourbons ! Ainsi, Manuel Godoy entrera dans la famille royale, il deviendra cousin par alliance des rois d'Espagne ; Marie-Louise pense ainsi qu'en le hissant dans le saint des saints, il lui sera redevable pour toujours, qu'il abandonnera Pepita Tudo, qu'il ne pourra déroger face à l'immense fortune que lui offre ses souverains.
Le calcul apparent de la richesse et des vanités joue à plein pour le favori, il accepte tout bien évidemment. Il promet à genoux d'abandonner sa chère Pepita, mais est-il bien sincère dans ses sentiments ? La reine oublie t-elle qu'il a près de vingt ans de moins qu'elle et que le tempérament jouisseur de Manuel aura raison de toutes les déclarations ?
Il est temps, maintenant, de poursuivre les péripéties de sa liaison de la reine Marie-Louise, le canal névralgique de son influence et de sa puissance !
Encensé par la souveraine, tenu par la plus haute amitié par Charles IV qui "se rend tous les matins chez lui, tandis qu'il fait sa toilette, et va jusqu'à l'aider à s'habiller", Manuel Godoy constate amèrement, malgré la pluie des faveurs royales et l'argent qui coulent à flots sur lui, qu'il ne peut être heureux auprès d'une femme desséchée, possessive et envahissante.
Les démons de la chair et du plaisir des sens assaillent le favori en titre qui n'a pas encore trente ans. De plus, Marie-Louise de Parme, n'a pas toujours la vue courte, bien au contraire. Elle sait bien que son teint flétri et sa taille déformée par de multiples maternités ne peuvent retenir un jeune homme dans la force de l'âge et de ses désirs. La reine d'Espagne, particulièrement jalouse sur le terrain des vanités, couvre d'un réseau d'espions l'entourage et les déplacements de son cher Manuel. Godoy étouffe dans cette cage dorée, son humeur s'en ressent, des scènes de plus en plus violentes opposent les deux amants. Il est vrai que le bureau du Premier Secrétaire d'Etat, est l'épicentre de tous les solliciteurs de l'Espagne, qui pour une promotion, une place, une recommandation, une pension, un avancement. Nombre de femmes, peu regardantes sur les moyens, jouent leur va-tout sur la carte Godoy : "De toutes les provinces, elles accouraient pour conquérir en se prostituant les faveurs du sultan espagnol, et parfois celles de ses satellites." Mais ces étreintes de quelques instants, ne sont rien face au sentiment plus sincère et plus sérieux qu'éprouve Manuel pour une brune piquante, Pepita Tudo. Les circonstances de leur rencontre sont mal élucidées ; certaines sources indiquent qu'elle aurait vécu, orpheline de père, dans la maison natale des parents de Godoy. Toujours est-il qu'en 1795, lorsque Madrid signe la paix avec la France, lors du traité de Bâle, et que le ministre tout puissant à cette occasion se voit octroyé du titre extraordinaire de Prince de La Paix, des remous puissants s'elevent dans le ciel de la reine d'Espagne. Sa rivale, une fille de rien, Pepita Tudo, capte le cœur de son amant. Leur liaison, bien que discrète, est consommée. Marie-Louise est folle de rage, et dans sa dignité de reine, et dans sa vanité de femme. Les altercations, les cris et les menaces dont la souveraine est passé maîtresse consommée, sont vaines ; et Charles IV, dans son aveuglément, continue ou feint de ne rien voir du manège de cette comédie, et comme au premier jour de sa faveur, couvre Manuel de ses louanges. La reine est piégée et blessée.
La rumeur, fondée ou pas, évoque un mariage secret entre le Premier Secrétaire d'Etat et Pépita Tudo, le 22 juin 1797. Cette union est-elle resté secrète, pour la reine d'Espagne, qui avait des yeux et des oreilles à son service dans tous les palais ? Difficile de trancher, mais à ce moment ultime, un plan machiavélique s'echaffaude dans son cerveau surchauffé par la passion et les intrigues. A travers son amant, elle, mieux que personne, connaît le talon d'Achille de Manuel Godoy : la reconnaissance des honneurs toujours plus ronflants et considérables et la cupidité.
Dans ce coup de poker, elle va tenter de se l'enchaîner davantage près d'elle, l'asservir à sa royale munificence, en le mariant à la face du monde à une femme qu'il ne pourra refuser. La fatuité du favori ne saurait décliner une jeune fille du sang des Bourbons ! Ainsi, Manuel Godoy entrera dans la famille royale, il deviendra cousin par alliance des rois d'Espagne ; Marie-Louise pense ainsi qu'en le hissant dans le saint des saints, il lui sera redevable pour toujours, qu'il abandonnera Pepita Tudo, qu'il ne pourra déroger face à l'immense fortune que lui offre ses souverains.
Le calcul apparent de la richesse et des vanités joue à plein pour le favori, il accepte tout bien évidemment. Il promet à genoux d'abandonner sa chère Pepita, mais est-il bien sincère dans ses sentiments ? La reine oublie t-elle qu'il a près de vingt ans de moins qu'elle et que le tempérament jouisseur de Manuel aura raison de toutes les déclarations ?
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
En somme, Marie-Thérèse fut à Godoy ce que Di sera à Charles ( sous d'autres latitudes et deux siècles plus tard ) : un lot de consolation, une tentative ( ratée ) de détournement d'amour ... Comme Charles convolera finalement avec sa Camilla, le " Prince de la Paix " qui aimait sa Pepita en épousant la pauvre Marie-Thérèse finira par épouser l'autre, la rivale, la première .
Est-ce que j'ai tout bien compris ?
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Eléonore
Précision d’importance, le seul titre princier existant en Espagne jusqu’à l’élévation de Godoy était celui de... prince des Asturies.
En le titrant prince de la Paix, et en lui faisant épouser une Infante, Charles IV faisait officiellement de Godoy le rival en titres, voire en droit, de son fils si détesté.
Ambiance ambiance
Précision d’importance, le seul titre princier existant en Espagne jusqu’à l’élévation de Godoy était celui de... prince des Asturies.
En le titrant prince de la Paix, et en lui faisant épouser une Infante, Charles IV faisait officiellement de Godoy le rival en titres, voire en droit, de son fils si détesté.
Ambiance ambiance
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Précisons que la jeune demoiselle ne sera comtesse de Chichon qu'en 1832, et ce pour les quelques années qui lui restent à vivre, suite à la mort de son frère aîné, le cardinal-archevêque de Tolèdes (1800-1823).
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Gouverneur Morris a écrit:
Précision d’importance, le seul titre princier existant en Espagne jusqu’à l’élévation de Godoy était celui de... prince des Asturies.
Je ne l'avais jamais remarqué, intéressant.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
C'est bien pour cela, que l'octroi de ce titre a Godoy, souleva une tempête d'indignation en Espagne et la haine du prince des Asturies, âgé de onze ans en 1795.
Pour, ce qui est de la comtesse de Chinchon, ce titre ne lui revint qu'à la fin de sa vie, en effet, mais la postérité lui ayant accolé cette appellation dès sa jeunesse, j'ai préféré la garder dans mon récit.
J'ai une question :
Charles IV a redonné aux enfants de son oncle le droit de porter le nom et les armes des Bourbons lors du mariage de Marie-Therese en 1795, mais leur a t-il pour autant permis de porter les titres d'Infants d'Espagne, titres dont ils étaient dépourvus sous Charles III ?
A noter également que les enfants issus de ce mariage morganatique (l'Infant Don Luis, frère de Charles III), avaient été largement sortis de la disgrâce après la mort de Charles III en 1788, et avant l'alliance avec Godoy en 1795.
Pour, ce qui est de la comtesse de Chinchon, ce titre ne lui revint qu'à la fin de sa vie, en effet, mais la postérité lui ayant accolé cette appellation dès sa jeunesse, j'ai préféré la garder dans mon récit.
J'ai une question :
Charles IV a redonné aux enfants de son oncle le droit de porter le nom et les armes des Bourbons lors du mariage de Marie-Therese en 1795, mais leur a t-il pour autant permis de porter les titres d'Infants d'Espagne, titres dont ils étaient dépourvus sous Charles III ?
A noter également que les enfants issus de ce mariage morganatique (l'Infant Don Luis, frère de Charles III), avaient été largement sortis de la disgrâce après la mort de Charles III en 1788, et avant l'alliance avec Godoy en 1795.
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Une biographie ecclésiastique de 1849 en espagnol qualifie le second comte de Chinchon d'infant d'Espagne, sans précision.
Je ne sais quelle source employer pour vous répondre, l'Espagne est un peu hors de mes compétences.
Je ne sais quelle source employer pour vous répondre, l'Espagne est un peu hors de mes compétences.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Nos recherches auront bien le fin mot Lucius.
Je suis chatouilleux pour les préseances.
J'ai posé la question, car les références que j'ai consulté ne sont pas limpides et précises sur le point de la question du port du titre d'Infants.
Par exemple Godoy, portait le prédicat d'Altesse dès 1795, cela va vous paraître énorme, mais c'est véridique.
Sa femme est régulièrement appelée Princesse de la Paix ; elle pouvait donc se prévaloir naturellement de l'appellation d'Altesse, mais pour celle d'Altesse Royale, qui lui est supérieure et qui paraît plus légitime, avec son ascendance, et par rapport à la petite noblesse d'origine de son époux, rien n'est précisé.
Nous trouverons le fin mot.
Je suis chatouilleux pour les préseances.
J'ai posé la question, car les références que j'ai consulté ne sont pas limpides et précises sur le point de la question du port du titre d'Infants.
Par exemple Godoy, portait le prédicat d'Altesse dès 1795, cela va vous paraître énorme, mais c'est véridique.
Sa femme est régulièrement appelée Princesse de la Paix ; elle pouvait donc se prévaloir naturellement de l'appellation d'Altesse, mais pour celle d'Altesse Royale, qui lui est supérieure et qui paraît plus légitime, avec son ascendance, et par rapport à la petite noblesse d'origine de son époux, rien n'est précisé.
Nous trouverons le fin mot.
Dernière édition par Dominique Poulin le Ven 29 Déc 2017, 08:41, édité 1 fois
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
La règle pour le port du prédicat de naissance pour les femmes mariées est un casse-tête hors de France.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Le Constitutionnel, Journal parisien de 1826, qui emploie tous les prédicats français, parle de "Mme de Bourbon-Kingston, ci-devant princesse de La Paix, qui rencontre S.A.R. Madame, duchesse de Berry.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Bourbon-Kingston ?
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
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