Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon

Je ne trouve aucune mention de Bourbon-Kingston ailleurs.

J'ai regardé dans l'ouvrage d'Yves Bottineau, Les Bourbons d'Espagne (si vous ne le possédez pas je vous le conseille, Dominique). Il fait uniquement référence à "la comtesse de Chinchon" ou bien à "la fille de l'Infant Don Luis". Mais l'auteur étant toujours précis, on peut imaginer que s'il avait du lui donner de l’Infante, il l'aurait fait.

Lucius a écrit:Je ne trouve aucune mention de Bourbon-Kingston ailleurs.

Vraisemblablement une déformation de Bourbon-Chinchon, que le journaliste n'aura sans doute qu'entendu et donc retranscrit phonétiquement (?).

Tout à fait ! Je pensais à une déformation, mais je ne voyais pas de quoi...

Je possède cet ouvrage, cher Gouv, et il fait partie des références de ma bibliographie. Très bon livre en effet.

J'ai posé la question pour en avoir le coeur net. 
 Mon opinion penchait pour le non, pour le titre d'Infante et d'Altesse royale, lors du mariage Godoy, mais je n'avais pas de certitude absolue.
Donc Marie-Therese de Bourbon, en 1795, se qualifiait comme Son Altesse, la Princesse de La Paix, duchesse d'Alcudia.

il semblerait

Détail intéressant, Yves Bottineau rappelle qu'à la mort de la princesse des  Asturies, Marie-Antoinette de Bourbon-Siciles, en 1806, Godoy tenta de faire épouser au futur Ferdinand VII la soeur de la comtesse de Chinchon.

Le prince des Asturies rejeta bien sûr cette alliance (qui aurait un peu plus rapproché Godoy de la famille Royale, sinon du trône) avec mépris.

Ben voyons ! Godoy tâchait de se ménager une parentèle de premier plan au service de ses ambitions .
Tenez, voici de lui un autre portrait :

Un peu débraillé le gars !

Et, comme d'habitude, les portraits de la même personne ne se ressemblent pas entre eux .

.... Et en général, je trouve les portraits de Godoy, décevants ou trop pontifiants ! 
Les historiens disent qu'au départ, son teint clair, et sa prestance eurent le pouvoir de séduire la reine d'Espagne ; je ne lui trouve guère d'allure pourtant. 

Je lui trouve un cou de taureau .  Olé !  

Nous en sommes donc au mariage de Marie-Thérèse . Je sens que cette conjugalité forcée ne sera pas sans nuages ...

Ils vont très vite se mépriser, et Pepita Tudo va prendre ses aises au delà de ce qu'on peut imaginer.... 
Vous attendez la suite, je ne suis pas aussi régulier que je devrais l'être, mais toute l'histoire vous sera narrée d'ici janvier. 

Bien sûr, prenez votre temps . Picasso ne l'a pas ratée, cette Pepita !    

Et notre immortel Picasso en a fait une laideur aussi glauque que la reine d'Espagne !! 

Dominique Poulin a écrit:Ils vont très vite se mépriser, et Pepita Tudo va prendre ses aises au delà de ce qu'on peut imaginer.... 

Elle va s'installer et prendre ses aises sous le toit de Marie-Thérèse ?

Oui, par décades, sans compter manger à la même table, imposer les enfants qu'elle aura de Godoy, trouver les faveurs de la reine d'Espagne, se voir anoblie, elle aussi de titres ronflants...
Bref cette pauvre Marie-Thérèse avalera des couleuvres sans fin. Je pense qu'elle n'était pas en mesure de se défendre, elle avait affaire à des personnages trop puissants et trop pervers, pour imposer ses vues, malheureusement ; et en tentant un coup d'éclat, la reine et Godoy, auraient été capables de lui retirer tous les avantages obtenus lors de son mariage, et lui enlever sa fille, née de son union avec le prince de La Paix.
La comtesse de Chinchon ne retrouvera sa liberté qu'à la chute des Bourbons d'Espagne en 1808, en refusant de partager leur exil en France puis en Italie, ce que fera en revanche Godoy.
Marie-Thérèse et Manuel Godoy ne se côtoieront plus un seul jour, après 1808.

Au sujet de Godoy,
Extrait d'une lettre de Vaudreuil au comte d'Artois, le vendredi 16 mars 1792  ( de Vienne )

Vous devez vous rappeler qu'on avait mandé que M. le duc d'Orléans avait dit à ses confidents, dans un souper à Monceaux, que Godoï et Blanchiforte étaient à lui et lui avaient coûté deux millions. Je crois qu'on a cru trop légèrement ce propos qui n'aura été tenu par M. le duc d'Orléans  que pour inspirer confiance à son parti; car quelle apparence en effet que Godoï, placé dans le chemin de la fortune,  ait voulu risquer de se perdre par une trahison !  Réfléchissez sur tout cela, et je vois plus que jamais que la reine dEspagne est la personne la plus influente de son royaume .

La reine Marie-Louise était la tête de l'Espagne. Le roi Charles IV était un mannequin avec pour seule dignité royale, celle de la majesté dans les cérémonies publiques. Tous le savaient, ministres, ambassadeurs, courtisans, et tous tremblaient devant le pouvoir sans limites de la reine afin de ne pas lui déplaire et la contrarier, pour ne pas subir les foudres de la disgrâce.

Mme de Sabran a écrit:Godoï et Blanchiforte étaient à lui et lui avaient coûté deux millions. [/i]

Merci chère Eléonore, grâce à toi je découvre ce Blanchiforte, frère de Godoy :

https://books.google.lu/books?id=Cw_GA_yhrYQC&pg=PA231&lpg=PA231&dq=blanchiforte&source=bl&ots=_Zi03YHFUj&sig=VZGrlmn0d-6O_Fpzhk-pjqbhhdU&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiquMCZx7vYAhVE2KQKHYcXC-gQ6AEIKDAA#v=onepage&q=blanchiforte&f=false

Dominique, en sauriez-vous plus à son sujet ?

Je t'en prie, mon cher Momo, c'est un plaisir !
Tiens, voici le contexte de la citation :

Je n'ai rien à ajouter à la dépêche du duc de Polignac et à la lettre particulière qu'il vous écrit, ni à celle que j'écris à Calonne datée de mercredi, sinon quelques détails que j'ai appris sur le renvoi de M. de Florida-Blanca. C'est Godoï lui-même qui a été chargé de l'arrêter à trois heures du matin dans son lit, et on le croit relégué, non dans le royaume de Murcie, comme on l'avait dit d'abord, mais à l'île de Majorque. C'est une franche et vigoureuse disgrâce, dont il est aisé de soupçonner la cause. Il est très présumable qu'il avait voulu attaquer la reine d'Espagne, qui, en réunissant son parti à celui de M. d'Aranda, a écrasé le ministre avocasseur.
Pour mon compte, j'en suis enchanté, et je crois que nous gagnerons beaucoup au change. Tout ce que j'ai appris à Vienne des dépêches et des plans de M. de Florida-Blanca me donne la mesure de ce petit homme. En dernier lieu, il avait mandé positivement que l'Espagne n'agirait jamais ostensiblement, et se contenterait de donner quelques secours d'argent aux Princes. Quelle conduite et quel projet pour le ministre d'un roi Bourbon ! Je crains que d'Antraigues ne soit compromis dans l'intrigue faite contre la reine d'Espagne, et le silence affecté de Las Casas depuis quatre ou cinq mois me donne à penser.
Vous devez vous rappelé qu'on avait mandé que M. le duc d'Orléans avait dit à ses confidents, dans un souper à Montceaux, que Godoï et Blanchiforte étaient à lui et lui avaient coûté deux millions. Je crois qu'on a cru trop légèrement ce propos, qui n'aura été tenu par le duc d'Orléans que pour inspirer confiance à son parti ; car quelle apparence en effet que Godoï, placé dans le chemin de la fortune, ait voulu risquer de se perdre par une trahison ! Réfléchissez sur tout cela, et je vois plus que jamais que la reine d'Espagne est la personne la plus influente de son royaume.
M. de Florida-Blanca détestait Calonne, et M. d'Aranda au contraire avait pour lui estime et tendresse. Tous les gens bien intentionnés pour votre cause croient ici que cet événement est le plus heureux qui pût arriver dans cette circonstance. M. d'Aranda est un grand seigneur, à l'âme élevée, et donnera, je l'espère, du mouvement aux opérations. Au reste, je suis convaincu que les partis sont ici pris et bien pris ; mais on croit la contre-révolution plus difficile à faire qu'elle ne l'est en effet, et, en partant de cette fausse base, on ne veut se prononcer que quand on aura de grandes forces rassemblées.

( Vaudreuil à Artois )

Non, je ne connais pas ce Blanchiforte, Gouv ; je sais seulement que toute la famille de Manuel Godoy, dont ses frères, ont bénéficié très largement du contrecoup de la faveur du Prince de la Paix.

Merci Eléo !!!!!

Je découvre grâce à ce sujet que le chinchon, à défaut d'être une herbe ( ), est le nom d'une boisson de l'autre côté des Pyrénées :

http://www.spain.info/fr/que-quieres/gastronomia/productos/anis_de_chinchon.html

Sorte de pastis local à priori. Quelqu’un y a déjà goûté ?

Floridanblanca écarté, malheureusement le comte d'Aranda qui lui succéda, n'était qu'un faire-valoir dans l'attente de la promotion de Godoy au poste de Premier Secrétaire d'Etat, et Aranda resta peu de temps à la direction des affaires.