Marie-Antoinette et le comte de Fersen, la correspondance secrète, d'Evelyn Farr

Moi aussi. J'espère que vous aimerez ce livre, chère Marie-Jeanne.  


C'est un livre très riche, fruit de recherches considérables en France et en Suède. Evelyn Farr a le talent non seulement de retrouver l'information, mais également de savoir la recouper de manière très astucieuse avec d'autres sources (lettres de l'entourage de Fersen, livres de comptes etc...) qui permettent de re-contextualiser et comprendre cette relation, à la fois amoureuse et politique.

Je profite de ce message pour signaler que Stéphane Bern lui-même recommande la lecture du livre d'Evelyn Farr : 

https://www.rtl.fr/culture/medias-people/christine-orban-est-l-invitee-de-stephane-bern-7782791489

Alors si Stephane Bern approuve cette lecture je retourne à ma lecture de ce pas car je l'ai commencée hier soir !
J'en suis seulement aux dates qui ouvrent l'ouvrage, mais comme j'y prête la plus grande attention, je prends mon temps.
J'en profite pour vous dire que j'adore votre sourire cher duc

C'est bien aimable, chère Marie-Jeanne. Quant à moi, je trouve votre domino très charmant . 

Duc d'Ostrogothie a écrit:
Je profite de ce message pour signaler que Stéphane Bern lui-même recommande la lecture du livre d'Evelyn Farr : 

Mais oui, Notre Grâce ! Merci pour ce rappel .
Et puis, si j'ai bonne mémoire, Frank Ferrand le cita également avec chaleur dans l'une de ses émissions de radio .
Il faudrait retrouver le lien ...

J'imagine Marie-Jeanne concentrée sur sa lecture studieuse !

Mme de Sabran a écrit:Et puis,  si j'ai bonne mémoire, Frank Ferrand le cita également avec chaleur dans l'une de ses émissions de radio .  
Il faudrait retrouver le lien ...  

Tout à fait ma chère Eléo. 

Franck Ferrand avait annoncé la parution imminente du livre d'Evelyn Farr dans son émission du 1er avril 2016, que l'on peut réécouter ici :

https://www.europe1.fr/emissions/Au-coeur-de-l-histoire/semaine-speciale-marie-antoinette-lenigme-fersen-2708752

Duc d'Ostrogothie a écrit:

Franck Ferrand avait annoncé la parution imminente du livre d'Evelyn Farr dans son émission du 1er avril 2016  ...

Bravo, Notre Grâce,tu as retrouvé Frank Ferrand !!!
 Ce n'était pas un Poisson d'avril mais le petit poisson volant du blason Fersen .  

C'est ça. 

Je profite de ton message pour signaler que lorsque Evelyn Farr indique, dans son ouvrage, que le comte d'Esterhazy surnomme Fersen "le Chou" dans une lettre à sa femme, elle n'a pas mal lu (comme la ferme à trolls / clones qui la dénigre sur internet le prétend aujourd'hui). Elle ne fait que reprendre la transcription de cette lettre par Ernest Daudet, qui indique bien que Esterhazy surnommait Fersen "le Chou" (surnom que la reine donnait elle-même par ailleurs au dauphin).
En voici la preuve :

Duc d'Ostrogothie a écrit:

la ferme à trolls / clones qui la dénigre sur internet

Peu nous chaut ces procédés malhonnêtes, mon cher Duc,  l'anti-pub c'est toujours du buzz !  

Duc d'Ostrogothie a écrit:C'est ça. 

Je profite de ton message pour signaler que lorsque Evelyn Farr indique, dans son ouvrage, que le comte d'Esterhazy surnomme Fersen "le Chou" dans une lettre à sa femme, elle n'a pas mal lu (comme la ferme à trolls / clones qui la dénigre sur internet le prétend aujourd'hui). Elle ne fait que reprendre la transcription de cette lettre par Ernest Daudet, qui indique bien que Esterhazy surnommait Fersen "le Chou" (surnom que la reine donnait elle-même par ailleurs au dauphin).

Voici une autre confirmation, cette fois de Mathieu Da Vinha  ( oui, le maître de thèse de notre petit Lulu )





La Bague d'Amour de Marie-Antoinette                

Voici ce que dit la lettre :

« Je suis charmée de trouver cette occasion pour vous envoyer un petit anneau qui sûrement vous fera plaisir. Il s’en vend prodigieusement ici depuis trois jours, et on a toutes les peines du monde à en trouver. Celui qui est entouré de papier est pour Lui. Faites-Lui tenir pour moi ; il est juste à sa mesure. Je l’ai porté deux jours avant de l’emballer. Mandez-lui que c’est de ma part. Je ne sais où il est. C’est un supplice affreux de ne savoir pas même où habitent les gens qu’on aime. »

Celle lettre suivait une lettre déjà adressée le 11 août 1791 à Esterhazy :
« Si vous Lui écrivez, dites-lui bien que bien des lieues et bien des pays ne peuvent jamais séparer les cœurs : je sens cette vérité tous les jours davantage ».

Qui se cache derrière ce « Lui » mystérieux flanqué d’une majuscule ?
Ce « Lui » désignait à l’évidence Axel de Fersen, son amant.

Longtemps supputée mais jamais formellement établie, cette liaison est depuis peu clairement prouvée grâce aux résultats des très récentes études menées sur les lettres codées de Marie-Antoinette  ; lettres non seulement codées, mais également caviardées au XIXème siècle vraisemblablement par Fersen lui-même, ses descendants ou les dépositaires de ses lettres.
Pour mieux saisir la signification de cette la lettre très particulière du 5 septembre 1791, il est intéressant de se plonger dans la correspondance d’Esterhazy. Quelques semaines après la lettre de la reine, le 21 octobre 1791, le comte hongrois écrit à son épouse depuis Saint-Pétersbourg, empruntant à son tour des noms de code pour désigner les protagonistes :

« J’ai reçu une lettre d’Avillart   que Bercheny a apportée à Coblence et qu’il a remise au courrier avec un petit anneau d’écaille et d’or sur lequel il y a écrit : Domine salvum fac regem et reginam ; tu en as peut-être vu ? Il me mande que c’est dans la lettre qui t’a été remise, qu’il m’indique le moyen de lui écrire. […] Il m’envoie aussi un anneau pour le chou Mais je ne sais où le prendre Sa lettre est touchante ; elle me recommande de ne pas croire à la calomnie et de ne jamais douter ni de la noblesse de sa façon de penser, ni de son courage. »

« Avillart » désignait Marie-Antoinette et le « chou » désignait Fersen. Le fait est donc historiquement établi : Marie-Antoinette a bien envoyé deux bagues au comte Esterhazy dont l’une à l’attention de celui dont l’absence la faisait tant souffrir. Contrairement aux apparences, qu’elle adresse à l’un de ses fidèles une bague n’avait rien d’extraordinaire. En effet, beaucoup de royalistes après l’échec de la fuite à Varennes se pressèrent aux Tuileries pour obtenir un « objet-souvenir » de la reine. Marie-Antoinette remit ainsi à plusieurs personnes, les mémoires du temps en font état, des anneaux avec des inscriptions royalistes symboliques telles que Domine salvum fac regem et reginam… (Seigneur, sauvez le roi et la reine), verset d’un psaume biblique mis en motet pour servir notamment lors de la célébration de la messe durant l'Ancien Régime. On chantait ce motet dès le règne de Louis XIII à la chapelle royale et on peut encore voir aujourd’hui cette inscription au plafond, au-dessus de l'orgue, de la chapelle du château de Versailles.

En revanche, ce qui à la bougie de l’Histoire mérite notre attention, c’est que, malgré le danger, au-delà des précautions et du codage du contenu, Marie-Antoinette révèle deux secrets dans sa lettre. D’une part, le destinataire est si cher à son cœur qu’elle a pris soin de porter la bague durant deux jours avant de l’emballer et, d’autre part, qu’elle connaissait avec exactitude la taille de ses doigts. Par conséquent, le destinataire de la bague, un homme en l’espèce (« LUI »), avait déjà été suffisamment intime avec la reine, au-delà de toutes les conventions et de tous les usages, pour avoir déjà dans le passé, selon toute vraisemblance, soit fait essayer à la reine l’une de ses bagues ou pour avoir essayé à son doigt une bague que portait la reine.

Quelles sont ces bagues ? En 1905, lors de la publication des Mémoires d’Esterhazy, l’éditeur scientifique Ernest Daudet évoque un anneau, lequel était encore conservé par Paul Bezerédj, arrière-petit-fils du comte Esterhazy. Il était, selon l’annotateur, « en or tout uni, à double face. D’un côté sont gravées trois fleurs de lys, de l’autre cette inscription : “Lâche qui les abandonne”. »

La devise « Lâche qui les abandonne » était largement répandue en 1791 auprès des royalistes qui l’utilisaient comme une sorte de cri de ralliement en forme d’avertissement. Ainsi, d’après sa notice nécrologique en 1852, le marquis de Villeneuve-Arifat, alors qu’il évoquait ses souvenirs à sa famille, mentionnait que la reine lui avait offert, lors de leur dernière entrevue aux Tuileries, une « bague talisman » avec cette même inscription.

https://www.historiae-secrets.com/fr/marie-antoinette-objets/1-bague-d-amour-de-marie-antoinette.html

Je sens que quelqu'un va passer une mauvaise nuit ! 

Mathieu Da Vinha fait allusion, dans son texte sur l’anneau que la Reine a envoyé (en deux exemplaires) à Estherazy, à une ancienne photo. Celle-ci reproduisait l’exemplaire conservé par Estherazy, exemplaire aujourd’hui perdu.
Je poste une nouvelle fois cette photo, qui montre bien les deux faces du chaton : d’un côté, les fleurs de lys, de l’autre la formule : « lâche qui les abandonne ». Le chaton était pivotant, et l’on pouvait donc laisser visible l’une ou l’autre face...
L’ hypothèse de l’auteur du texte en référence, est que le deuxième exemplaire, destiné à Fersen (si j’ai bien compris), ne comportait pas la même devise ...

Savez-vous cher Vicq d'Azir ce que le deuxième anneau, destiné à Fersen, formulait ? Je ne sais pas si cela a déjà été dit. A-t-on une photo de cette bague, elle-t-elle toujours restée dans la famille de Fersen ?
Petite remarque : Franck Ferrand est juste un historien que je ne manque jamais sur "Radio Classique" à 14H (pour les irréductibles), heure de France bien sûr. Quelle passion !!!!, que de beaux passages historiques pour notre plus grand plaisir, quelque soit l'époque.

Personne ne peut rester insensible à un tel acte d'amour aussi déchirant, oui Eléonore. Merci.
On ne saura probablement jamais pour Fersen et son anneau, laissons là le secret de ces 2 amants, espérons tout simplement.

Je n'ai pas beaucoup de temps en ce moment mais je lis tout de même quelques pages du livre d'Evelyn Farr chaque soir. D'ores et déjà, je peux vous dire que je trouve ses recherches minutieuses et son travail de recoupements impressionnants.

Oui, n'est-ce pas !

Cette première appréciation, dont nous vous remercions, ne fera que s'approfondir, vous verrez !

Des nouvelles de Fersen et Marie-Antoinette au Japon !        

En effet, Nouvelle Année oblige  : je reçois aujourd'hui de Kobé ( Japon )  les bons voeux de mes amis Clive, Satchiko et Sayuri.
Eh bien, vous savez quoi ?!!    
La traduction japonaise de Marie-Antoinette et le comte de Fersen, la correspondance secrète, d'Evelyn Farr, fait un malheur de l'autre côté de la planète ! YEP ,   on se l'arrache !!!

Génial ! 

Je poursuis ma lecture et comme j'en suis aux trois quarts, je peux vous communiquer mes premières impressions.
Il est évident que le travail approfondi d'Evelyn Farr confirme la liaison intime entre Marie-Antoinette et Axel de Fersen.  
De mon point de vue, certains recoupements me semblent néanmoins trop hasardeux pour me convaincre. En premier lieu la paternité des deux derniers enfants de Louis XVI.
Qu'elle qu'en soit la nature, je reste dubitative sur la nécessité historique de décortiquer une relation que les deux protagonistes ont tant chercher à garder secrète.

"Hasardeux" me paraît un peu dur comme terme. Disons plutôt que vous n'êtes pas convaincue par certains recoupements. 
En ce qui concerne la paternité des deux derniers enfants de Louis XVI, Evelyn ne dit à aucun moment dans son livre qu'ils sont de Fersen : elle expose qu'un certain nombre de contemporains et proches de la reine et Fersen l'ont dit (le duc de Dorset, Quintin Crawfurd, Gouverneur Morris etc...). Elle expose également les éléments qui peuvent permettre de corroborer l'opinion des proches de la reine et de Fersen selon laquelle ils furent amants.
La relation entre Fersen et Marie-Antoinette est capitale, car outre leur relation intime, il fut son principal conseiller politique, de l'affaire des Bouches de l'Escaut jusqu'à la fin de la monarchie. Son importance historique et politique a été largement minorée par les historiens "traditionnels" jusque récemment.

Soit, "hasardeux" est un peu fort, j'en conviens. Disons plutôt "aléatoire" car sujet à interprétations diverses.
Tant de choses ont été laissées de côté ou minorées par les historiens ; tant de bruits de couloirs ont été extraits des correspondances et des écrits de mémorialistes en les véhiculant comme parole d'évangile au fil du temps. C'est très personnel mais je préfère rester prudente à défaut de ne pas toujours pouvoir trier le bon grain de l'ivraie.
Sur l'influence de Fersen en politique, outre son implication pendant la période révolutionnaire bien connue, mes connaissances actuelles en la matière ne me permettent pas d'en juger.

Cette relation entre Fersen et Marie-Antoinette n'est pas une bluette de boudoir.  Elle interfère et influe sur les positions politiques de la reine qui, de fait, tient la barre du navire dans la tempête.   Elle est donc historiquement très importante .
La correspondance secrète qui en découle loin de n'être qu'amoureuse est éminemment politique.
Voilà ce qui frappe le plus à la lecture de cet ouvrage remarquable.

Marie-Jeanne a écrit:  tant de bruits de couloirs ont été extraits des correspondances et des écrits de mémorialistes en les véhiculant comme parole d'évangile au fil du temps.

C'est certain .    Mais combien de fois avons-nous constaté que la petite histoire fait la grande ?!     C'est le lieu commun le plus ressassé qui soit. C'est pourquoi il importe, comme vous dites pour séparer le bon grain de l'ivraie, outre les écrits de coller aux faits .
Ainsi, lorsque nous lisons sous la plume du duc de Dorset que la grossesse de la petite Sophie n'est pas encore avouée, épluchons les faits : ils corroborent les dires de Dorset .  Par contre, quand Dorset nous parle de ressemblance probable du " bambino ", il nous fait du Dorset !  Nous ne saurons jamais si sa boutade est avérée.

Marie-Jeanne a écrit:
Qu'elle qu'en soit la nature, je reste dubitative sur la nécessité historique de décortiquer une relation que les deux protagonistes ont tant chercher à garder secrète.

Le souvenir de Marie-Antoinette sainte et martyre force l'admiration, voire une vénération peut-être un brin teintée de royalisme, à moins que ce ne soit de remords parce que nous avons été monstrueux.

Il est plus émouvant de chercher la femme derrière la reine . Cela dit,  je comprends tout à fait que, dans un souci de discrétion très largement partagé, l'on s'interdise de percer le mystère.
...   mystère qui peut aussi laisser parfaitement indifférent, après tout !      

 A chacun selon sa sensibilité !  

Mais Eléonore, les écrits du duc de Dorset ne sont pas des faits, ce ne sont que des mots.
Et puis par exemple, Fersen lui même s'est laissé prendre aux commérages qui transformaient les échanges de Barnave et de Marie-Antoinette en liaison amoureuse. Leur correspondance n'était qu'un secret de polichinelle en Europe ainsi qu' il l'écrit à sa sœur, les ragots semblent bien lui être remontés aux oreilles au point qu'il en devienne jaloux.

Marie-Jeanne a écrit:Mais Eléonore, les écrits du duc de Dorset ne sont pas des faits, ce ne sont que des mots.

...   mais non, pas que des mots, chère Marie-Jeanne.  
 Le fait, vérifiable,   c'est que Marie-Antoinette est bel et bien enceinte et ne l'a pas encore annoncé officiellement.  
 Or Dorset le sait :  il l'écrit à Georgiana.

Voyez-vous, un détail comme celui-ci, eh bien cela me laisse pantoise .

Marie-Jeanne a écrit:
Et puis par exemple, Fersen lui même s'est laissé prendre aux commérages qui transformaient les échanges de Barnave et de Marie-Antoinette en liaison amoureuse. Leur correspondance n'était qu'un secret de polichinelle en Europe ainsi qu' il l'écrit à sa sœur, les ragots semblent bien lui être remontés aux oreilles au point qu'il en devienne jaloux.

Oui, absolument !  
Je suis tout à fait d'accord avec vous .

J'ai rajouté un petit " officiellement " à mon message précédent .