Catherine II, impératrice de Russie

A l’occasion de cette expo présentant les chefs d’œuvres du musée-Père pour les 10 ans de la branche hollandaise, le buste d’Houdon était également du voyage :











Ainsi que cette paire de pistolets lui ayant appartenu :







Clichés personnels

Gouverneur Morris a écrit:Vu aujourd’hui à l’Hermitage Amsterdam, le fameux “meuble unique” que Roentgen présenta à la tsarine pour lui faire connaître son travail. Conquise, elle l’acquit immédiatement pour la somme colossale de 25 000 roubles.

Merci, Gouv, pour toutes ces belles images de cet imposant secrétaire.

Nous le présentions également dans le sujet consacré à François Rémond, qui a réalisé les bronzes, et précisions que Catherine II, séduite par les meubles de Roentgen, lui aurait passé commande de 130 secrétaires pour meubler ses palais.
130 !!  

C'était ici : François Rémond -  Ciseleur, doreur et sculpteur de bronze

Très jolis pistolets...

Merci cher LNLN pour le lien, je n’avais pas connaissance du sujet !

Magnifique ! Merci, mon cher Momo .

Nous connaissions déjà la multitude de chats qui peuple le palais de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, mais Catherine II adorait aussi les chiens !
Le chevalier de Corberon, chargé d'affaires de France en Russie, en témoigne :

Un des goûts de l'Impératrice, mon ami, c'est d'avoir beaucoup de chiens. Elle en a une douzaine, plus jolis les uns que les autres. Lorsqu'elle va dîner, il y en a toujours un qui la suit. Dans cette pièce il y a un fauteuil destiné pour l'Impératrice, mais où elle ne s'assied pas : c'est le chien qui l'occupe. Le page de la chambre étend un mouchoir sur la bête chérie, à cause des mouches, ou sur le fauteuil, et cela lui donne un exercice subordonné aux différentes fantaisies du toutou, qui va et vient autant qu'il veut. Hier, l'une de ces bêtes privilégiées a été perdue, et l'on a cherché toute la nuit dans la ville. Le domestique de Cachélof a été le plus adroit, et l'on a payé ses soins de cent roubles.

( L.H. Labande : Un diplomate français à la Cour de Catherine, 1775 - 1780, Journal intime du chevalier de Corberon )

https://archive.org/stream/undiplomatefran02corbuoft/undiplomatefran02corbuoft_djvu.txt

Cela peut paraître exagéré, mais l'amour des animaux, je parle du grand amour, comme cela arrive parfois (on a qu'à voir Karl Lagerfeld), amène les humains à faire des folies pour nos amis à quatre pattes. Je vous assure que je comprends, et c'est grave, car plus je vieillis et plus je les chéris, ces chiens et chats (voir ces oiseaux).

Une anecdote du prince de Ligne, comme nous les aimons tant, nous montre une Catherine II faisant le clown, si si ! et en tenue plutôt légère !

C'est comme un jour qu'elle fut d'une autre façon bien gaie, et bien aimable pour moi, qu'étant dans un léger déshabillé à cause des chaleurs excessives, elle me dit : "Mes flatteurs me disaient devant vous que je dansais comme un ange. Voyez s'ils ont tout à fait raison. Voilà comme je sautais il y a vingt ans." La grande et imposante autocratice se met à danser et à en rire comme une folle. " C'est que je le suis, dit-elle, du plaisir de ce voyage. " On rentre et la voilà qui prend dans l'instant son air de majesté comme auparavant.

( le prince de Ligne, Fragments de l'histoire de ma vie )

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Mme de Sabran a écrit:
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Vu à Jacquemart-André :





Clichés personnels

Merci Gouv'...

Bon. S'il s'agit bien de l'impératrice, il est étonnant de la retrouver avec des atours proches de ceux de Marie-Antoinette peintre par Vigée Le Brun.

Etonnant aussi de découvrir un portrait de Catherine II sans aucun détail qui indique habituellement son titre : couronne, insignes et autres cordons etc.
Ce genre de portraits "simples" ne sont pas si communs.

Diderot :

La porte du cabinet de la souveraine m'est ouverte tous les jours depuis trois heures de l'après-midi jusqu'à cinq et quelquefois six ...  Ah mes amies, quelle souveraine !  quelle extraordinaire femme !  ...   Il faudra bien qu'on m'en croye lorsque je la peindrai par ses propres paroles; il faudra bien que vous disiez tous que c'est l'âme de Brutus sous la figure de Cléopâtre . 

Il savait bien qu'elle avait fait tuer son mari onze ans plus tôt, et il s'était arrangé pour lui faire comprendre qu'il l'en estimait davantage . 
( ...   glups ! ) 

( Claude Manceron,  Les hommes de la Liberté, les vingt ans du roi )

On se demande parfois par quel miracle des objets ou des oeuvres, aussi fragiles, parviennent à traverser les siècles ?! C'est le cas de ce dessin prochainement présenté en vente aux enchères...

La future impératrice Catherine II de Russie en compagnie de sa mère et de son époux, le futur Pierre III, lors d'une partie de cartes dans la maison princière d'Anhalt-Zerbst (1757)
Anna Rosina Matthieu (puis de Gasc à partir de 1760), née Lisiewska  (Berlin 1713-Dresde 1783)
Aquarelle, plume, encre de Chine, crayon noir et rehauts de craie blanche.
Signé et daté en bas au centre Dessiné par R. Matthieu née Lisiewska. 1757.
H. 46,5-L. 82 cm

Image : Thierry de Maigret SVV

Historique :

Ce dessin est important et extrêmement rare pour l'histoire allemande ainsi que pour l'histoire de la Russie impériale. En effet, autour de la table à jeux sont assis : à gauche la princesse Sophie-Frédérique-Augusta d'Anhalt-Zerbst (1729-1796), future impératrice Catherine II de Russie (1762-1796), au centre sa mère la princesse Jeanne-Élisabeth d'Anhalt-Zerbst, née de Holstein-Gottorp (1712-1760), à droite son époux et cousin le duc Karl Peter Ulrich de Holstein-Gottorp (1728-1762), futur et éphémère empereur de Russie sous le nom de Pierre III (1762).

ll sont entourés par huit membres de leur famille se tenant debout dans un intérieur, dont le prince Georges-Louis de Holstein-Gottorp (1719-1763) et la princesse Anne de Holstein-Gottorp (1709-1758), oncle et tante de la future Catherine La Grande.
Il est fort probable que cette scène ait été prise au château de Zerbst, foyer des Anhalt-Zerbst qui a connu l'enfance de la future impératrice Catherine II (le château de Dornbourg, construit par sa mère dans le but de recevoir le futur couple impérial, ne les aura finalement jamais réunis).

Anna Rosina Lisiewska est née à Berlin dans une famille noble d'origine polonaise. Son père Georg Lisiewski (1674-1751) lui apprend la peinture, ainsi qu'à sa jeune soeur Anna Dorothea (1721-1782) et à son frère Christoph Friedrich (1725-1794). Elle étudie par la suite avec le français Antoine Pesne.
En 1757, date à laquelle a été réalisé notre dessin, elle est nommée peintre officielle de la Cour d'Anhalt-Zerbst par le souverain Frederick Auguste (1734-1793), frère de la future Catherine II.

Elle a peint de nombreux portraits, notamment celui de la jeune Sophie en 1742, âgée de 13 ans (conservé au Musée Russe de Saint-Pétersbourg, celui de sa mère en 1752 (conservé au château de Gottorf), ou encore celui avec son mari le futur Pierre III en 1756 (conservé au Nationalmuseum du château de Gripsholm, ci-après).

En 1741, elle s'était mariée avec le peintre David Matthieu (1697-1755) puis, après la mort de celui-ci, elle se remarie en 1760 avec Louis de Gasc de qui elle eut deux enfants. Elle meurt à Dresde en 1783.

* Source et infos complémentaires : Thierry de Maigret, Paris - Vente du 3 décembre 2021


Peter III and Catherine II of Russia
Anna Rosina de Gasc  (1713–1783)
Oil on canvas, 1756
Signed: Peint par Rosine Matthieu, nee Lisiewska Ao 1756.
Image : Nationalmuseum, Stockholm



Ce même dessin avait été vendu, il y a quelques mois à peine, à l'occasion d'une vente aux enchères, organisée à Milan, en Italie.
Ni la scène ni les personnages n'avaient alors été identifiés par les experts. Du coup l'estimation était bien, bien moindre   ; et pourtant l'image mise en ligne était d'une bien meilleure qualité et définition.
Comme quoi...

Anna Rosina Lisiewska ( Berlino  1713 - Dresda  1783 )
Interior scene with card game
Watercolors, pen and black ink, traces in black chalk and white chalk on paper, 46.5x82 cm.
Signed and dated on the table "Desfinè par R. Matthieu nee Lisiewska. 1757."
Framed (defects and losses)
Source : Il Ponte Casa d'Este - Auction n°503

La nuit, la neige a écrit:
Ce même dessin avait été vendu, il y a quelques mois à peine, à l'occasion d'une vente aux enchères, organisée à Milan, en Italie.
Ni la scène ni les personnages n'avaient alors été identifiés par les experts. Du coup l'estimation était bien, bien moindre   ; et pourtant l'image mise en ligne était d'une bien meilleure qualité et définition.
Comme quoi...

Oui, c'est fou !  

Tu nous offres là vraiment une curiosité, avec ce trombinoscope de v i p !  Merci.     Quelle brochette ! Je remarque, comme aussi sur le portrait de Catherine et Pierre III, le souci de Anna Rosina de Gasc de donner à chaque visage des hommes comme des femmes la même expression de douceur presque langoureuse . La mère de Catherine, seule, n'arbore pas ce demi-sourire et ne penche pas la tête à demi.

Wiki nous offre une image, malheureusement assez floue, de l'autoportrait de l'artiste :

https://en.wikipedia.org/wiki/Anna_Rosina_de_Gasc

Gouverneur Morris a écrit:Zoubov, surnommé le “Zob” par l’impératrice

En russe on apprécie aussi les jeux de mots à rebondissements : "Zob" signifie en russe et "jabot" et "goître" tant chez l'homme que chez certains animaux...et de plus un jour Potemkine, dans sa réponse à une lettre de l'impératrice qui lui demandait des nouvelles de sa santé, dit qu'il se portait très bien... mais que dès son retour à Saint-Pétersbourg, il se ferait arracher une dent ("zoub") qui le gênait beaucoup !!!!!!!!!

Существует забавная легенда: в письме к императрице, отвечая на вопрос о своём самочувствии, Потёмкин написал, что во всём здоров, но мешает ему зуб, который по приезде в Петербург он непременно вырвет. Надо ли говорить, что этот каламбур был направлен против молодого Зубова, с которым По - Читайте подробнее на FB.ru: https://fb.ru/article/244884/zubov-platon-aleksandrovich-favorit-ekaterinyi-biografiya-foto-portret
Существует забавная легенда: в письме к императрице, отвечая на вопрос о своём самочувствии, Потёмкин написал, что во всём здоров, но мешает ему зуб, который по приезде в Петербург он непременно вырвет. Надо ли говорить, что этот каламбур был направлен против молодого Зубова, с которым По - Читайте подробнее на FB.ru: https://fb.ru/article/244884/zubov-platon-aleksandrovich-favorit-ekaterinyi-biografiya-foto-portret

Dieu merci, le dentiste n'a pas fait la confusion...

Troisième épisode de la série radiophonique Conquérants : bâtir la puissance économique, tout récemment diffusée sur France Culture :



CATHERINE II DE RUSSIE : LA RÉFORME ÉCLAIRÉE
Entendez-vous l'éco ? (France Culture)
Durée : 59 mn

Avec : Michel Tissier (Historien) et Francine-Dominique Liechtenhan (Directrice de recherche émérite en histoire moderne et contemporaine au CNRS)

Présentation :

Comment, en agrandissant son territoire, Catherine de Russie a-t-elle amélioré les richesses de son pays et le commerce avec le reste de l’Europe, provoquant l'admiration de ces derniers ?

“La chose du monde que j’aime le moins, c’est de parler finances”. Attribuée à Catherine II, dite “Catherine la Grande”, cette citation illustre bien l’état des caisses de l’empire russe au terme de son règne de 34 ans, le plus long du 18e siècle.

Catherine II
By Dmitry Levitsky
Oil on canvas, 1787
Image : Ulyanovsk Art Museum / Artefact

Figure emblématique de l’histoire impériale russe, souvent désignée comme incarnation du mythe du “despote éclairé”, Catherine II s’est illustrée par ses réformes ambitieuses des structures féodales russes, rythmées par de vastes campagnes militaires vers la Pologne et l’empire ottoman.

D’origine allemande, arrivée sur le trône de Russie après un coup d’État qu’elle avait elle-même orchestré contre son mari Pierre III, Catherine la Grande s’est très vite attiré les faveurs de la population russe et des intellectuels européens en affichant son admiration ostentatoire des Lumières et de la francophonie, Francine Liechtenhan ajoute "il faut bien s’accrocher au fait que Catherine II est née allemande. Elle a vécu 14 ans de sa vie en Allemagne, pays qui connaît l’existence d’une classe moyenne et d’une classe bourgeoise.

Lorsqu’elle arrive en Russie, elle constate une peinture en noir et blanc qui oppose les serfs aux nobles, le servage appauvrissant les plus pauvres et enrichissant les plus riches. C’est aussi parce que ce n’était pas sa culture que cela l’a autant révoltée (du moins en théorie) : les fameuses Instructions (Nakaz) de Catherine sont très théoriques et ont finalement eu peu de retombées concrètes".

Instructions de l'impératrice à la commission appelée à rédiger le nouveau code de lois
Edition avec traduction en français de 1769
Image et document : BEIC Digital Library

Moins de cinq ans après son couronnement, elle publie ses Instructions (Nakaz) qui visent à réformer en profondeur le code juridique russe. Les réformes visées sont à la fois administratives, financières, monétaires et sociales. En s’inspirant du souffle révolutionnaire qui semble déjà se diffuser en Europe, Catherine II annonce vouloir mettre fin au système du servage, ce qui lui vaut l’immense contestation de l’oligarchie russe.

Prise en tenaille par l’importance politique et économique de la noblesse, l’impératrice verra ses ambitions sociales minorées par ses ambitions militaires, qui nécessitent d’importantes ressources humaines et financières. Michel Tissier nous explique "le succès du règne de Catherine dépendait en effet de la noblesse, qui était le pilier du régime. C’est la noblesse qui encadrait les serfs utiles au développement agricole de la Russie, qui payaient l’impôt, qui partaient en guerre et qui contribuaient somme toute à la gloire de l’empire. On était de fait dans un fonctionnement de cour, qui impliquait que Catherine ne remette pas en cause les privilèges structurels de la noblesse. Ce constat fournit un éclairage fondamental sur la rupture entre théorie et pratique du règne de Catherine, ou plutôt entre propagande et réalité".

Mokhovaya Street - Pashkov House
Gérard de la Barthe
18th century
Image : The State Historical Museum of Russia / Commons wikimedia

Aidée par son fidèle général et favori Grigori Potemkine, Catherine II parviendra à annexer la Crimée et à récupérer une part considérable de la Pologne au gré de ses trois démembrements (en 1772, 1793 et 1795). Au total, elle parviendra à accroître le territoire russe de près de 500 000 km², soit près de la superficie de l’Espagne. Cette vaste entreprise militaire, soutenue par des réformes ambitieuses sur le plan intérieur, ont permis à la Russie d’atteindre l’aube du 19e siècle avec une économie productive et diversifiée, malgré des finances publiques en berne et une très forte inflation.


Emission à écouter ici : Entendez-vous l'éco (France Culture- - Catherine II, la réforme éclairée

"Elle s’est très vite attiré les faveurs de la population russe..." Ne conviendrait-il pas de "modérer" un ptit peu cela ?!

A réécouter, sur Europe 1, avec Stéphane Bern au micro...

La Grande Catherine, l’impératrice la plus impitoyable de Russie
Europe 1, Au coeur de l'Histoire
Animé par Stéphane Bern
Invité : Thierry Sarmant
Durée : 38 mn

Catherine II
Peter Falconet  (1741–1791)
Oil on canvas, 1773
Image : Hillwood Museum

Présentation :

Stéphane Bern nous entraîne à Saint-Pétersbourg, en Russie, à la rencontre de la plus célèbre de ses impératrices : Catherine II. Proclamée « Impératrice souveraine » après son coup d’État de 1762, elle nourrit, à l’aube de son règne, un projet de réformes précis pour son pays, partagée entre les idées des Lumières qui se répandent en Europe et la volonté de faire perdurer l’autocratie en Russie...

Pourquoi est-elle une incarnation du despotisme éclairé ? Comment son règne est-il aujourd’hui perçu par les historiens ? Quel récit de son accession au pouvoir livre-t-elle dans ses Mémoires ?

Pour en parler, Stéphane Bern reçoit Thierry Sarmant, historien, archiviste-paléographe et conservateur général aux Archives nationales, auteur de "Catherine II de Russie, le sexe du pouvoir" (Calype)




A écouter ici : Au coeur de l'Histoire (Europe 1) - La grande Catherine, l'impératrice la plus impitoyable de Russie