Jacques Necker

J'ai occulté dans la Correspondance secrète tout ce qui concerne Necker. C'est presque regrettable parce que très intéressant. Il est considéré comme un dieu par une grande partie du public. Linguet semble être un des rares à rester dubitatif pour ses dons hors du commun.

Mais il y en a tellement que je suis obligée d'effectuer un tri draconien.

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L'origine de l'hôpital Necker  ...   selon la marquise de Créquy  (  :  )


Mademoiselle Churchod, devenue femme de M. Necker, avait grand'peine à supporter les Thélusson, auxquels elle ne pouvait pardonner ni le tort qu'ils faisaient à son mari dont ils se plaignaient, ni surtout la connaissance qu'ils avaient de ses antécédens. Tout le monde connaît cette maison bâtie dans la rue Neuve-d'Artois pour la veuve de M. Thélusson, le banquier de Genève, à qui M. Necker avait dû sa fortune.2 Il est à savoir que cette femme, un peu maniaque, était pour le mauvais air et les maladies cutanées dans un état d'effroi continuel et d'angoisse mortelle.

Mme et M. Necker imaginèrent donc, pour faire pièce à la veuve de leur bienfaiteur, de fonder et de faire élever un asile uniquement destiné pour des scrofuleux, des dartreux, des galeux, des teigneux et des lépreux (si l'on pouvait en trouver) ; et c'était précisément sur un terrain qui joignait et dominait les jardins de l'hôtel Thélusson, dont la magnificence et l'originalité les offusquaient d'autant plus que tout le monde en parlait et que, d'une chose à l'autre, on arrivait naturellement de l'hôtel à sa propriétaire et de la vieille dame à l'ancien caissier de son mari, lequel était exclus de son beau salon. (C'était le commis qui n'était pas admis.)

Pour s'abriter contre la philanthropie de ces deux Genevois, Mme Thélusson fut obligée d'acheter les mêmes terrains, qui restèrent long-temps en friche, et sur lesquels on a fini par édifier le côté septentrional d'une rue qui porte le nom de M. de Chantereine.

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Cependant, ces bons et charitables Necker avaient long-temps et souvent parlé de leur projet de fondation pour un établissement de bienfaisance. Tous les brochuriers de leurs amis et tous les habitués de leur coterie avaient, comme à l'ordinaire, été leurs porte-voix auprès du public, et tous les journaux philosophiques en avaient retenti. — Comment donc faire ? — Il a fallu s'exécuter pour ne pas donner gain de cause à tous les ennemis personnels de M. Necker, aux détracteurs de son épouse, aux adversaires de sa fille et aux antagonistes de son compte-rendu. Sa femme a fini par se décider à fonder l'Hospice de Madame necker, appellation d'une modestie prodigieuse ! Mais, comme il ne leur a pas été possible de l'établir dans le voisinage de Mme Thélusson, il est à remarquer que les teigneux n'y sont pas admis et que les galeux en sont exclus à perpétuité.

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 ...   DÉFENSE DE RIRE !!!  





..............    L’ŒIL DU GÉNIE, OU LES ARMES DE M. NECKER

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Ah non mais vraiment !!! Lui et la Genlis auraient pu former un club ! :

La Correspondance secrète, 24 mai 1785 :


Alors Necker, nouvel espoir du parti choiseuliste ?

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Quand Loulou et Necker se prennent pour Henri le Grand et Sully ! : ( défense de rire ... : )

Mme de Sabran a écrit: L’ŒIL DU GÉNIE, OU LES ARMES DE M. NECKER

Je vois seulement maintenant cette hilarante estampe ! :\\\\\\\\:

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... ah, tais-toi ! : : :

Lorsque l'Assemblée nationale ne voulut plus tenir aucun compte de M. Necker, la moralité de M. Necker se trouvait engagée, disait-il, à la publication de ses comptes, ce qui fit dire au Marquis que M. Necker en était réduit à faire des comptes moraux, en rivalité avec M. Marmontel (le galant de sa femme).

— Monsieur, disait-il à Chamfort (en 93), il me semble que vous autres gens de lettres n'auriez pas dû favoriser la Révolution ; les ministres et les grands de l'État étaient votre gibier ; vous avez eu l'imprudence d'ouvrir nos parcs à la populace, et vous n'avez pas songé que l'effet de votre révolution philosophique serait la ruine des philosophes : il faut être prudent quand on fait la guerre souterraine ; la mine fait quelquefois sauter les mineurs.

( Souvenirs de Mme de Créquy )

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Voici une gravure encore à la gloire de Necker .
Je vous la livre avec sa légende pas piquée des hannetons :


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Qui a signé la légende?
Sa femme ou sa fille ?

Bien à vous. :

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Suzanne s'exclame, en adoration et les yeux au ciel    :

M. Necker peut dire : " Mon talent à moi, c'est le génie ! " Il connaît exactement la puissance de son génie et il trouve impossible tout ce qui ne lui est pas facile, et facile tout ce qui ne lui est pas impossible . Il semble qu'il ait plusieurs sens qui nous sont inconnus. Dès sa jeunesse, il pensait toujours et ne lisait point; en sorte que son esprit a quelque chose d'antique; on dirait qu'il a existé avant les autres ...

J'espère que Mme Necker se comprend elle-même, parce que moi je trouve cela clair comme du jus de chique ... :

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Voici la fessée promise ( dans le sujet de la petite culotte )


Légende :
Une Femme de condition, fouettée pour avoir craché sur le portrait de M. Necker .

Femme de condition signifie-t-il ici femme de la bourgeoisie?
Car vu la coiffe, on ne peut s'attendre à avoir affaire à une plus grande dame ...
En tout cas, comme on l'évoquait dans le sujet dont tu viens, Éléonore, la dame n'en porte effectivement pas :

Bien à vous.

Majesté a écrit:Femme de condition signifie-t-il ici femme de la bourgeoisie?
Car vu la coiffe, on ne peut s'attendre à avoir affaire à une plus grande dame ...

   « Mme de Tencin fit ses marques de romancière du XVIIIe siècle avec ses livres Mémoires du Comte de Comminge, Le siège de Calais et Les malheurs de l'amour. Les mémoires de Comminge, écrits en 1735, ont été une réussite. Le roman ayant été paru sous l'anonymat, ce qui n'avait rien de surprenant pour une femme de condition, on la lui a pourtant contestée, sans preuves, en l'attribuant, en tout ou en partie, à ses neveux d'Argental et de Pont-de-Veyle, appelés au moins en collaboration, comme s'il fallait absolument l'intervention d'une plume masculine pour répondre d'une œuvre de qualité »

École secondaire Marguerite De Lajemmerais, 2005

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  ...    une analyse dramatiquement lucide et pertinente du caractère de Necker :

Monsieur Necker, aussi ignorant en administration qu'on le dit savant en finances et imbu des idées philosophiques, n'a jamais songé qu'il fallait gagner des voix pour le roi. Il a voulu rester honnête homme au milieu des fripons, et il en est resté dupe. Son amour propre démesuré lui a fait croire qu'il les persuaderait, mais l'argent de l'Angleterre avait des arguments plus forts et irrésistibles. M. Necker n'est pas seulement coupable d'ignorance, il l'est encore de trahison. Il a voulu être le ministre du peuple, régner par lui, et forcer le roi de ne jamais pouvoir se passer de son concours: il a sacrifié le roi et l’État à son ambition .

( Axel de Fersen )

En hiver 1777      
Necker bien en cour .

Merci pour cette copie.
Mais cette anecdote n'est pas avérée, n'est-ce pas ?

La Reine l'a reçu à miracle, a pris l'argent sans compter ...  

Je n'y crois pas plus que toi !   :

Selon Jacob-Nicolas Moreau, M. Necker, qui connaissait la pitoyable faiblesse du roi, s'embarrassait peu de la persuader, ( sachant ) combien il était sûr de lui en imposer et de s'en faire craindre

( Moreau, Mes Souvenirs )

M. Necker, qui, au commencement de 1781, avait publié son fameux " Compte-rendu au Roi " , fut accusé dans le " Mercure " d'avril de la même année, N°14, page 81, journal de Bruxelles, " de faire tous ses efforts pour rendre le roi de France chef d'une république bien dirigée ".
Je ne soupçonnais point encore ses projets; cette imputation me parut atroce, et j'envoyai au " Journal de Paris " un mot par lequel je crus devoir le défendre.

( Jacob-Nicolas Moreau )

Conservée aux Archives nationales....

Lettre manuscrite du 16 juillet 1789 du comte de Provence invitant Necker à rentrer au ministère.
Les trois derniers mots ainsi que la date sont de la main de Louis XVI.


Lettre manuscrite du 16 juillet 1789 du comte de Provence invitant Necker à rentrer au ministère.
Le 16 juillet 1789
Signatures des députés Pierre-Guillaume-Henri Giraud (secrétaire de l'assemblée nationale) et de Jean-Louis Carra
Les trois derniers mots ainsi que la date sont de la main de Louis XVI.
18 x 11,5 cm
Image : Archives nationales


Il me semble avoir ignoré que la lettre de rappel de Necker fut en grande partie rédigée par Provence !  


Pour rappel du contexte historique :

À l’ouverture des états généraux, le discours de Necker, centré sur les questions financières alors que les députés n’ont en tête que la question du vote, est mal accueilli. Necker refuse d’assister à la séance royale du 23 juin 1789 dans laquelle Louis XVI fixe les limites des concessions qu’il est prêt à accorder aux députés du tiers état. S’apprêtant à prendre des mesures de fermeté à l’égard de l’Assemblée nationale, le Roi congédie Necker le 11 juillet 1789 à cause de sa « condescendance extrême » à l’égard des états généraux.

Le ministre quitte aussitôt la France et rejoint Bruxelles (13 juillet) puis Bâle (20 juillet). Une fois connu, ce renvoi est l’une des causes déterminantes du soulèvement populaire du 14 juillet. Necker était très apprécié du peuple parisien parce qu'il a alimenté l'opinion publique et notamment la presse.


Révolution française : Necker rappelé par le roi. 1789.
Anonyme
Gravure, 1789 (18e siècle)
Image : Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Le troisième ministère de Necker (1789-1790)

Dès le 16 juillet 1789, Louis XVI doit se résoudre à rappeler Necker. Celui-ci prend alors le titre de Premier ministre des finances. Rapidement, il s’oppose à l’Assemblée constituante, en particulier à Mirabeau. Les députés refusent les propositions financières de Necker, fondées sur ses méthodes traditionnelles d’anticipations et d’emprunts, tandis que Necker s’oppose au financement du déficit par l’émission d’assignats. Comme le dit Mirabeau au Roi le 1er septembre 1790 :

« le Ministre actuel des finances ne se chargera point de diriger, comme elle doit l’être, la grande opération des assignats-monnaie. Il ne revient pas facilement de ses conceptions et la ressource des assignats-monnaie n’a pas été conçue par lui ; il s’est même déterminé à la combattre. Il n’est rien moins qu’en bonne intelligence avec l’Assemblée nationale. Il ne gouverne plus l’opinion publique. On attendait de lui des miracles et il n’a pu sortir d’une routine contraire aux circonstances ».

Dans ces conditions, il ne reste plus à Necker qu’à démissionner, ce qu’il fait le 4 septembre 1790.

* Source texte (extrait) : Wikipedia - Jacques Necker

La nuit, la neige a écrit:

[b]Le ministre quitte aussitôt la France et rejoint Bruxelles (13 juillet) puis Bâle (20 juillet).

Il y rencontre Mme de Polignac, alors sur la route de l'exil.  Ce serait donc là l'ordre du roi qu'elle lui remet de revenir ?!

L'écriture de Stautre est toujours aussi horrible ...

Mme de Sabran a écrit: Ce serait donc là l'ordre du roi qu'elle lui remet de revenir ?!

Ah oui ?? C'est elle qui se charge de transmettre la demande du roi ?

A noter que le musée Carnavalet conserve une estampe de la dite lettre de rappel, d'après " l'original communiqué par M. le baron de Staël ".

- Elle est signée : Louis
- L'écriture est celle (ressemble à celle) de Louis XVI
- Le texte est sensiblement différent de la vesion précédente.

Lettre de Louis XVI à Monsieur Necker. Versailles, le 16 juillet 1789. Révolution Française,
Anonyme , Graveur
Estampe, 1789
Image : Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris


Le mot écrit par Provence (et Louis XVI) est-il un brouillon du courrier officiel dont nous aurions là un fac-similé ?

La nuit, la neige a écrit:

Mme de Sabran a écrit: Ce serait donc là l'ordre du roi qu'elle lui remet de revenir ?!

Ah oui ?? C'est elle qui se charge de transmettre la demande du roi ?
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Mme de Polignac transmet oralement la demande du roi.  La lettre arrive le lendemain.  

Voici très exactement comment cela s'est passé.  
La comtesse Diane écrit Mme de Sabran que Necker rencontre les Polignac en fuite à Bâle et que la duchesse lui apprend son rappel.   Il ignore la gravité des événements qui ensanglantent Paris. Il ignore aussi que le roi demande son retour au ministère.
 La lettre que tu nous montres arrive le lendemain de cette entrevue.

Nous continuâmes donc notre route vers Bâle et nous arrivâmes le lendemain. Quel fut notre étonnement d'apprendre que M. Necker y était arrivé la veille avec son gendre, le baron de Staël. Nous ne doutâmes pas qu'il n'eut reçu le courrier qui lui annonçait son rappel et qu'il ne dût partir le lendemain pour retourner à Paris, mais par quel hasard avait-il pris cette route ? Ma sœur  écrivit sur le champ à la Reine pour la tirer d'inquiétude sur notre sort.

Elle envoya la lettre à M. Necker en le priant de vouloir bien s'en charger. Ce message l'étonna si fort qu'il envoya son gendre pour en savoir l'explication. Le courrier ne l'avait pu joindre; il ignorait son rappel, notre fuite et toutes les horreurs qui s'étaient déjà passées. Il fit demander de venir lui-même et passa plus d'une heure avec mon frère et ma sœur. Je ne voulus point rester à cette conversation. Je n'aime pas à me trouver avec les gens que je mésestime. Il pria mes parents de lui raconter tout ce qui s'était passé et parut consterné de tout ce qu'il entendait. Je crois que dans le fond de son âme il jouissait et qu'il était déjà bien décidé à reprendre une place qu'il n'avait quittée qu'à regret. Mais il joua vis-à-vis de ceux qui l'écoutaient, l'embarras; l'indécision, et alla même jusqu'à leur demander conseil ce qu'ils ne donnèrent pas comme vous pouvez croire ils étaient trop sages.

Le lendemain arrivèrent la lettre de rappel, la femme et la fille du plus orgueilleux de tous les hommes, et le surlendemain ils reprirent tous ensemble le chemin d'un pays qu'ils ont mis à deux doigts de sa perte et qui, peut-être, ne s'en relèvera jamais.

( Diane de Polignac, Journal de Suisse et d'Italie )