Le chevalier Dagoty : Jean-Baptiste-André Gautier-Dagoty

Merci Marie-Jeanne !  
J'ignorais, ou avais-je zappé, son aventure malheureuse dans l'impression de textile de luxe.

Notre rubrique consacrée à ses portraits de Marie-Antoinette (très souvent attribués), ainsi qu'aux créations de ses frères, c'est ici :

Les Gautier-Dagoty

A l'exception du petit tableau représentant Marie-Antoinette à Trianon (qu'on lui attribue depuis peu), je dois dire que sa peinture ne me séduit guère...

Ce n'était certes pas un grand peintre que je n'adore pas non plus. Il semble néanmoins avoir séduit ces dames, du moins pendant un temps. Peut être par sa personnalité et sa détermination à se faire une place.
Quelle qu'en soit la qualité, son grand portrait de Marie-Antoinette est intéressant.
De mon point de vue, j'y vois une jeune reine assumant de dépoussiérer les codes conventionnels. Imprudemment j'en conviens.
Ce qui naturellement « révolta tous les gens de goûts », mais pas Marie-Antoinette ni sa belle sœur semble t-il...

Très vilain, mais très rare...

Sera prochainement présenté en vente aux enchères :

Le roi Louis XV présentant au Dauphin le portrait de Marie-Antoinette
Jean-Baptiste-André Gautier-Dagoty (1740-1786)
Eau-forte sur papier.
65 x 81 cm (Accidents mineurs)

Provenance : Collection de M. Maurice Aicardi (1919-2007) ; Sa vente, Pescheteau-Badin, Hôtel Drouot, 26 novembre 2007, lot 12


Note au catalogue

Rarissime estampe, à la non-moins-rare iconographie, commercialisée par l'artiste en 1770.

* Source et infos complémentaires : Giquello - Paris, vente du 21 septembre 2024


La résolution de l'image est mauvaise, mais nous connaissions déjà au moins deux autres mêmes estampes, dont celle conservée à la Bibliothèque de l'Institut National d'Histoire de l'Art qui présente l'oeuvre ainsi :

Présentation du portrait de Marie Antoinette, à Louis dauphin, depuis Louis XVI
Gautier-Dagoty, Jean-Baptiste-André (1738?-1786)
Gravure à la manière noire, 1770
64,5 x 80,5 cm (trait carré)
Image : Bibliothèque de l'Institut National d'Histoire de l'Art, collections Jacques Doucet

Présentation de l'institution :

Jean-Baptiste-André Gautier-Dagoty était graveur, dessinateur et peintre. Premier fils et élève de Jacques-Fabien Gautier-Dagoty, il utilisa le même procédé d’impression en couleurs à quatre planches (tétrachromie).
Cette scène, qui se déroule dans un salon à Versailles, représente le roi Louis XV, accompagné de la famille royale, qui montre au dauphin (futur Louis XVI) le portrait de Marie-Antoinette exécuté par le pastelliste Ducreux, à Vienne, en 1769.
L'épreuve est ici rognée. Sur celles non coupées, au bas, figure un vers en latin : Foedera, sanguis, hymen nexu Solidentur amori


Louis XV surnommé Le Bien-Aimé, Roy de France et de Navarre.
Peint d'après nature par M. Gautier Dagoty fils aîné et gravé par lui même.
gravure en taille-douce, 1772
Image : Bibliothèque nationale de France

Extrait du Mercure de France (mois ?) 1770

"M. Gauthier Dagoty, fils de M. Gautier anatomiste, pensionné du Roy, a publié une estampe de sa composition représentant le roi Louis XV, qui, accompagné de la famille royale, montre à Mgr le dauphin le médaillon de l'auguste archiduchesse Antoinette. Ce médaillon est soutenu par l'ambassadeur de l'Empire. Cette composition intéressante par elle-même, puisqu'elle nous retrace une union désirée, l'est encore par les soins qu'a pris l'artiste de rendre ses personnages ressemblants. Au bas, on lit ce vers latin: 'Fœdera, sanguiSy hymeit nexu solidentur amori'. L'estampe a été grave en manière noire par l'auteur lui-même et a environ 30 pouces de long sur 24 de haut."


Ainsi donc, selon la note du site des collections du château de Versailles qui possède une autre estampe, sont représentés sur cette composition :

Le (premier) portrait officiel de Marie-Antoinette présenté par le comte de Mercy-Argenteau :



Mercy-Argenteau est méconnaissable.   Il a pris beaucoup de poids depuis son portrait peint une douzaine d'années auparavant ... N'était-ce pas Joseph de Durfort, duc de Civrac, ambassadeur à Vienne de 1767 à 1770, qui transporta à Versailles les portraits de la dauphine ?


Portrait of Florimond Claude, Comte de Mercy-Argenteau (1727-1794), austrian Diplomat.
circa 1757
Image : Commons Wikimedia

Nous ne retrouvons pas non plus le portrait de Marie-Antoinette parmi ceux connus (et vilains !  ) premiers portraits de Marie-Antoinette par et d'après Joseph Ducreux  


S'agit-il du troisième portrait de la future dauphine peint par Ducreux mais encore méconnu aujourd'hui ?  Le portrait dessiné sur l'estampe ressemble plutôt à ceux que Duplessis peindra à son tour, mais en 1771, soit près deux ans plus tard la dite "présentation" du portrait de l'archiduchesse.

Notre sujet : Portraits de Marie-Antoinette attribués à Joseph-Siffred Duplessis



Nous retrouvons également dans cette composition les quatre filles du roi : Adélaïde de France, Victoire de France, Louise de France et Sophie-Philippine de France, que nous reconnaissons peut-être d'après l'un de ses portraits au pastel...



Madame Sophie de France
Franz Bernhard Frey
Pastel, 1766, 59,4 x 47 cm
Collection privée
Image : Neil Jeffares - Dictionary of Pastellists before 1800
Notre sujet : Sophie de France, dite Madame Sophie


Les jeunes gens de la composition sont la fratrie du dauphin, futur Louis XVI, à savoir : le comte de Provence, le comte d'Artois, Clotilde de France, dite Madame Clotilde et enfin la petite Madame Elisabeth...


Marie Adélaïde Clotilde Xavière de France (1759-1802), dite Madame Clotilde, future reine de Sardaigne
Joseph Ducreux
Huile sur toile, 1773
Image : Château de Versailles, Commons Wikimedia

Dans le fond, nous retrouvons encore esquissés le portrait de Marie Leszczynska, morte en 1768, ou encore les bustes des rois Henri IV et Louis XIV...