Le comte Pierre-Jean de Bourcet
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Le comte Pierre-Jean de Bourcet
Pierre-Jean de Bourcet ( 1752 - 1822 ) était la clef de notre dernière énigme .
Il commence à servir dans les armées du roi Louis XV en 1767. Le 1er mars 1768, il reçoit de Étienne-François de Choiseul, l'ordre de se rendre à Grenoble pour se mettre aux ordres de son oncle Pierre-Joseph de Bourcet.
Sous le règne de Louis XVI, le 31 décembre 1777, Pierre-Jean de Bourcet est nommé conseiller du roi au parlement du Dauphiné en remplacement d'Oronce de Galbert de Rochenoire.
Son épouse, Marie-Gabrielle-Randonne de Rivière est la fille de Joseph-Augustin de Rivière, ancien officier d'artillerie et conseiller-maître à la Chambre des Comptes du Dauphiné, et de Jeanne-Élisabeth de Pélissier. Ils se sont mariés le 28 octobre 1782.
Et toute cette joyeuse marmaille que nous voyons autour d'eux, ce sont :
- Pierre-Joseph-Armand-Gilbert, né à Grenoble le 28 octobre 1783 , comte de Bourcet et mort à Paris en 1831.
- Marie-Augustin-Jean-Baptiste de Bourcet, né à Fontaine au domaine de la Balme, le 8 septembre 1797 et mort à Berchem, le 8 septembre 1874.
- Marie, née à Avignon, qui épouse en 1823, Charles-Froment de Champlagarde et qui décède à Tulle, le 6 septembre 1848.
- la petite Louise, née au château de Meudon ( ) , morte à Marseille, le 4 novembre 1832 .
- et puis Charlotte-Victoire-Henriette.
Pierre-Jean de Bourcet et sa famille, par Charles Paul Landon, 1791.
Photo WIKI
Pierre-Jean de Bourcet nous a laissé
Les souvenirs d'un défenseur de Louis XVI aux Tuileries.
Précieux manuscrit, inédit, consacré à une grande famille de militaires qui participèrent, aux XVIIe et XVIIIe siècles, à la plupart des guerres alpines entre la France et le Piémont. Les Bourcet étaient originaires du comté d'Usseaux, situé dans le vallée de Cluson ou Pragelas, entre Briançon (Hautes-Alpes) et Turin, à environ 10 km au sud de Suse. Cette région, qui faisait autrefois partie du Dauphiné, fut cédée en 1713 au duc de Savoie, prince de Piémont, et se trouve actuellement en Italie.
Le présent mémoire, d'une fine écriture calligraphiée sur papier vélin, contient des notices biographiques relatives à huit générations de Bourcet,
- Spoiler:
- parmi lesquels : Pierre Bourcet, capitaine qui commanda les troupes de Louis XIII à travers les Alpes, en 1629, pour soutenir les droits de Charles de Gonzague, duc de Nevers et héritier du duché de Mantoue ; Daniel-André Bourcet, qui servit dès 1677 dans le régiment de Provence et participa, quelques années plus tard, au bombardement d'Alger et à la capitulation de Tripoli ; Pierre-Joseph Bourcet (1700-1780), lieutenant général, commandant en second du Dauphiné, grand-croix de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis ; Jean Bourcet de la Saigne (1713-1771), frère du précédent, ingénieur, maréchal de camp, qui travailla à la défense de la Provence avant d'être nommé directeur des fortifications en Corse ; Pierre-Jean de Bourcet, fils du précédent, né à Grenoble en 1752, auteur de ce manuscrit et dont la carrière fait l'objet de la plus longue notice (93 pp.).
Lieutenant en second en 1769, après la campagne de Corse, P.-J. de Bourcet devint l'année suivante lieutenant d'infanterie. En 1777, il obtint une charge de Conseiller au Parlement de Grenoble, poste qu'il occupa jusqu'en 1787. A cette date, il fut appelé à la Cour pour devenir premier Valet de chambre du Dauphin, Louis-Xavier-François de France, fils aîné de Louis XVI et Marie-Antoinette.
Le 4 juin 1789, le Dauphin mourut dans ses bras : « Les précieuses et rares bontés du Roi et de la Reine pour M. de Bourcet, après la mort de M. le Dauphin, furent inépuisables. Le Roi voulut bien lui accorder une pension de 8000 livres pour récompense de ses services auprès de son fils [...] La séditieuse et régicide journée du 6 octobre 1789 arriva : le Roi, la famille Royale échappèrent à la mort !!! mais ils furent conduits prisonniers à Paris !!! [...] M. de Bourcet suivit ses augustes Maîtres dans cette capitale et leur dévoua son existence ».
En décembre 1790, Louis XVI lui confie une mission secrète, à Turin. Il s'agit de dissuader le comte d'Artois dans ses projets d'invasion et de soulèvement de la France. Pierre-Jean de Bourcet parvient à Turin le 14 décembre 1790 et réussit, le lendemain, après un long entretien avec le cadet de Louis XVI, à le convaincre, conformément aux ordres du roi, de sursoir à ses entreprises dont le principal instigateur est Charles Alexandre de Calonne. Ce dernier lui affirme : « extérieurement on allait lier encore plus étroitement la ligue des puissances étrangères à la cause du Roi ; que Sa Majesté serait incessamment avertie, de la, part de l'Empereur , que le général Bender et ses troupes, avaient l'ordre de lui obéir, que celles du Roi de Prusse, actuellement à Wesel, étaient prêtes à marcher, ainsi que les Suisses, le Roi de Sardaigne etc. etc. » .
Calonne rêve !
Bourcet est nommé chevalier de l'ordre de Saint Louis, par Louis XVI, le 28 janvier 1791. Il participe à la fuite du Roi à Varennes (juin 1791) mais, parti pour Mons où il devait trouver des instructions, il est arrêté à Valenciennes après avoir pris une autre identité. Il réussit à s'échapper, et regagne Paris où il retrouve la famille royale de retour dans la capitale.
Il relate longuement la défense du palais des Tuileries, le 20 juin 1792, journée au cours de laquelle les appartements du Roi furent envahis et où Louis XVI, obligé de mettre un bonnet rouge, fut retenu pendant près de quatre heures par la foule, protégé par trois grenadiers ainsi que par P.-J. de Bourcet qui avait revêtu un uniforme de volontaire de la. Garde nationale :
« J'ai eu aussi le bonheur et l'avantage de rester sans interruption à la gauche du Roi dont je n'ai pas quitté le bras un seul instant [...] Dans les moments où Sa Majesté était dans les plus grands dangers, Elle parlait obligeamment à ceux qui l'entouraient, et toutes les fois que les clameurs, les injures, les abominations de tout genre semblaient lui commander de retirer son veto sur les deux décrets non sanctionnés ou de rappeler les Ministres qu'Elle venait de renvoyer, le Roi répondait avec calme » .
Bourcet resta au service du roi jusqu'à la prise des Tuileries (10 août 1792) ; après l'exécution de Louis XVI (21 janvier 1793), il dut se réfugier dans sa propriété près de Grenoble, puis revint à Paris comme chef de brigade de la Section du Faubourg-Poissonnière.
De 1806 à 1814, il fut Directeur des droits réunis dans les départements de l'Isère, puis de l'Arno (Italie).
En 1814, Louis XVIII le nomma Consul général de France à Naples et, l'année suivante, une ordonnance royale le créa comte héréditaire avec confirmation de ses armoiries.
Quelques années plus tard, il rédigea ce manuscrit afin d'obtenir de nouvelles faveurs, comme l'indique la lettre d'envoi collée sur le premier plat : « Son Altesse Royale Madame, Duchesse d'Angoulême, est suppliée de vouloir jeter un coup d'œil sur la notice de la famille de Bourcet et de daigner en donner connaissance s'il est possible à Sa Majesté ».
Bourcet, qui se trouve alors « dans une honorable détresse », sollicite son rappel afin de servir à nouveau la maison de Bourbon...
Le texte est orné de quelques dessins à la plume qui représentent, pour la plupart, des croix de l'Ordre de Saint-Louis ainsi que les armoiries des Bourcet.
Sous la restauration
Il revient à Grenoble le 25 avril 1814. Son épouse meurt le 9 mai 1814. Il se rend à Paris en septembre 1814 afin de présenter au roi Louis XVIII quatre hallebardes des Gardes du corps du roi qu'il avait conservées depuis le 6 octobre 1798.
Le 27 septembre 1814, Bourcet est nommé consul général de France à Naples. Il joue dans cette fonction divers rôles et fait notamment l'acquisition, à l'intention de Jean-Marie Pardessus, en 1818, d'une copie du code maritime qui avait été rédigé par le juriste Michele de Jorio pour le roi Ferdinand Ier des Deux-Siciles.
Il y accueille vers le 10 septembre 1816, Pierre-Joseph Dumont qui a été esclave pendant 36 ans en Algérie et qui a été libéré lors du Bombardement d'Alger par l'amiral anglais Edward Pellew (vicomte Exmouth), le 27 août 1816. Il pourvoit Pierre-Joseph Dumont en vêtements et en argent, et le munit d'une lettre de recommandation destinée à son fils le colonel Pierre-Joseph-Armand-Gilbert de Bourcet qui l'authentifie le 25 janvier 1817, avant de lui trouver un passage sur un vaisseau de commerce à destination de Marseille.
Pierre-Joseph-Armand-Gilbert de Bourcet qui a été l'un des aides de camps du maréchal Nicolas-Charles Oudinot, puis un officier de l'état-major, est lui-même bien en cour. Il épouse le 26 mai 1817 aux Palais des Tuileries Augustine de Reynier de Jarjayes, fille unique de François Augustin Regnier de Jarjayes et de Louise Marguerite Émilie Henriette Quetpée de Laborde. Louis XVIII et la famille royale signent leur acte de mariage.
Tiens ! comme on se retrouve !
.
https://www.wikiwand.com/fr/Pierre-Jean_de_Bourcet
https://www.auction.fr/_fr/lot/pierre-jean-comte-de-bourcet-1752-1822-manuscrit-notice-genealogique-1089452
Dernière édition par Mme de Sabran le Dim 1 Mar - 23:28, édité 1 fois
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Mme de Sabran- Messages : 55515
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte Pierre-Jean de Bourcet
Merci, chère Eléonore de nous faire découvrir ce sympathique personnage, talentueux et romanesque.
Une petite rectification peut-être : le portrait que vous présentez au début est, je crois, celui de Pierre-Joseph , né en 1700, et qui n’est autre que son oncle, qui deviendra... son père adoptif...
Pierre-Jean donnera ce même prénom à son fils aîné...
Vicq d Azir- Messages : 3676
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Re: Le comte Pierre-Jean de Bourcet
Ah, merci de me corriger ! Je saute l'effacer .
Ne croyez-vous pas que le cadre en médaillon, vide, à côté du cadre similaire contenant le portrait de Louis-Joseph, rappelle la disparition du petit prince ?
Et cet autre portrait, par terre, à gauche, qu'y comprenez-vous ? Qui représente-t-il selon vous ?
Raphaël Masson nous a présenté Pierre-Jean de Bourcet et sa famille dans ce tableau de Charles-Paul Landon puis, lorsqu'il s'est attardé sur la fin de vie à Naples de Bourcet, ce fut un autre tableau sur fond de Vésuve ( vous savez que j'adore le Vésuve ... ) que je n'ai pas réussi à retrouver sur le net !!!
Ne croyez-vous pas que le cadre en médaillon, vide, à côté du cadre similaire contenant le portrait de Louis-Joseph, rappelle la disparition du petit prince ?
Et cet autre portrait, par terre, à gauche, qu'y comprenez-vous ? Qui représente-t-il selon vous ?
Raphaël Masson nous a présenté Pierre-Jean de Bourcet et sa famille dans ce tableau de Charles-Paul Landon puis, lorsqu'il s'est attardé sur la fin de vie à Naples de Bourcet, ce fut un autre tableau sur fond de Vésuve ( vous savez que j'adore le Vésuve ... ) que je n'ai pas réussi à retrouver sur le net !!!
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Mme de Sabran- Messages : 55515
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte Pierre-Jean de Bourcet
Oui, ces deux portraits dans le tableau sont énigmatiques :
- Au mur, il serait logique d’y trouver le portrait du 2e Dauphin, ne croyez-vous pas ? Mais alors: pourquoi un cadre vide ?
Tout serait bien plus clair si l’on considérait que les enfants et leur mère rendent hommage à Louis Charles, dauphin actuel, et que le cadre de droite était celui de Louis Joseph, dont le vide souligne l’absence...
- Par terre, j’ai cru identifier un chevalier de St Louis, mais qui semble aussi porter le St Esprit. Il est désigné par le père à son fils comme un personnage défunt, qu’il montrerait en exemple : serait -ce justement l’oncle - grand père homonyme... Pierre Joseph ? ( il a la même perruque que sur le portrait que vous venez d’enlever...)
- Au mur, il serait logique d’y trouver le portrait du 2e Dauphin, ne croyez-vous pas ? Mais alors: pourquoi un cadre vide ?
Tout serait bien plus clair si l’on considérait que les enfants et leur mère rendent hommage à Louis Charles, dauphin actuel, et que le cadre de droite était celui de Louis Joseph, dont le vide souligne l’absence...
- Par terre, j’ai cru identifier un chevalier de St Louis, mais qui semble aussi porter le St Esprit. Il est désigné par le père à son fils comme un personnage défunt, qu’il montrerait en exemple : serait -ce justement l’oncle - grand père homonyme... Pierre Joseph ? ( il a la même perruque que sur le portrait que vous venez d’enlever...)
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Le comte Pierre-Jean de Bourcet
Mais oui, que fait-il donc par terre, ce pauvre chevalier de Saint-Louis, parmi les livres épars ?!
Vicq d Azir a écrit:
- Au mur, il serait logique d’y trouver le portrait du 2e Dauphin, ne croyez-vous pas ? Mais alors: pourquoi un cadre vide ?
Tout serait bien plus clair si l’on considérait que les enfants et leur mère rendent hommage à Louis Charles, dauphin actuel, et que le cadre de droite était celui de Louis Joseph, dont le vide souligne l’absence...
Si, si, c'est tout à fait mon avis.
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Mme de Sabran- Messages : 55515
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte Pierre-Jean de Bourcet
Ce tableau avait été présenté lors l'exposition :
Heurs et malheurs de Louis XVII, arrêt sur images. Musée de la Révolution française, Vizille.
Il est conservé au Musée des Beaux-Arts de Grenoble qui le décrit ainsi (extraits) :
Le Comte Pierre-Jean de Bourcet et sa famille
Ancien titre : La Famille de Pierre-Jean de Bourcet, consul général dans les Deux-Siciles et neveu du célèbre géographe militaire de Bourcet.
Par Charles-Paul Landon (1760-1826)
Huile sur toile, 97 x 130 cm
1791
Signé en bas à droite, sur le tapis : Landon officier de la maison de feu Mgr le Dauphin / 1791
Image : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Notice de l'œuvre
Charles-Paul Landon, peintre de sujets mythologiques et allégoriques, a exercé la fonction de conservateur des tableaux des Musées Royaux de 1816 à 1826 et publié de nombreux ouvrages sur les musées et les Salons de son temps.
Son style précieux au fini impeccable, sa palette aux coloris frais et l’importance qu’il accorde au dessin font de lui le représentant d’un néoclassicisme séduisant.
Ce tableau représente le comte Pierre-Jean de Bourcet en compagnie de son fils aîné Pierre-Joseph, de sa femme Marie-Gabrielle et de leurs trois filles.
Dans l’intimité du portrait familial apparaît cependant l’évocation symbolique de deux deuils qui ont affecté le comte. Alors qu’il était premier valet de chambre du dauphin Louis-Joseph, ce dernier mourut dans ses bras en 1789, à l’âge de huit ans.
La perte de l’enfant royal est symbolisée par la tige brisée du lys posé devant les bustes de Louis XVI et de Marie-Antoinette et par le cadre vide placé en pendant d’un portrait du nouveau dauphin, le futur Louis XVII.
Un autre deuil, plus personnel, est également évoqué dans la scène : assis aux côtés de son fils aîné, le comte contemple d’un air grave le portrait ovale de son oncle disparu, le géographe militaire Pierre-Joseph de Bourcet, mort en 1780, dont il avait été l’aide de camp et auquel il était très attaché.
Peinte l’année de la promulgation de l’Assemblée législative et de la suspension du roi, cette œuvre suggère peut-être également la disparition de la monarchie.
La composition s’organise en deux moitiés égales : à gauche le passé chargé de la perte, illustré par les souvenirs et les symboles, à droite l’avenir incarné par le geste de la comtesse, vêtue à la mode anglaise et désignant sa fille cadette dans son berceau.
À gauche, les représentants masculins, la tenue militaire du garçon, les objets historiques… la fidélité à la couronne. À droite,
la mère et ses filles, les regards interrogateurs, la porcelaine et les fleurs… l’avenir incertain et fragile d’une aristocratie en plein désarroi.
Source texte : Dany Philippe-Devaux, attachée de conservation.
Musée des Beaux-Arts de Granoble, 2014
Ce n'est pas la première fois que le portrait du dauphin Louis-Joseph, d'après Elisabeth Vigée Le Brun, est repris pour devenir celui de son frère.
Voir notamment nos sujets :
Portrait de Madame Royale et Louis-Joseph par Elisabeth Vigée Le Brun
Portraits des dauphins, Louis-Joseph ou Louis Charles ?
Heurs et malheurs de Louis XVII, arrêt sur images. Musée de la Révolution française, Vizille.
Il est conservé au Musée des Beaux-Arts de Grenoble qui le décrit ainsi (extraits) :
Le Comte Pierre-Jean de Bourcet et sa famille
Ancien titre : La Famille de Pierre-Jean de Bourcet, consul général dans les Deux-Siciles et neveu du célèbre géographe militaire de Bourcet.
Par Charles-Paul Landon (1760-1826)
Huile sur toile, 97 x 130 cm
1791
Signé en bas à droite, sur le tapis : Landon officier de la maison de feu Mgr le Dauphin / 1791
Image : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Notice de l'œuvre
Charles-Paul Landon, peintre de sujets mythologiques et allégoriques, a exercé la fonction de conservateur des tableaux des Musées Royaux de 1816 à 1826 et publié de nombreux ouvrages sur les musées et les Salons de son temps.
Son style précieux au fini impeccable, sa palette aux coloris frais et l’importance qu’il accorde au dessin font de lui le représentant d’un néoclassicisme séduisant.
Ce tableau représente le comte Pierre-Jean de Bourcet en compagnie de son fils aîné Pierre-Joseph, de sa femme Marie-Gabrielle et de leurs trois filles.
Dans l’intimité du portrait familial apparaît cependant l’évocation symbolique de deux deuils qui ont affecté le comte. Alors qu’il était premier valet de chambre du dauphin Louis-Joseph, ce dernier mourut dans ses bras en 1789, à l’âge de huit ans.
La perte de l’enfant royal est symbolisée par la tige brisée du lys posé devant les bustes de Louis XVI et de Marie-Antoinette et par le cadre vide placé en pendant d’un portrait du nouveau dauphin, le futur Louis XVII.
Un autre deuil, plus personnel, est également évoqué dans la scène : assis aux côtés de son fils aîné, le comte contemple d’un air grave le portrait ovale de son oncle disparu, le géographe militaire Pierre-Joseph de Bourcet, mort en 1780, dont il avait été l’aide de camp et auquel il était très attaché.
Peinte l’année de la promulgation de l’Assemblée législative et de la suspension du roi, cette œuvre suggère peut-être également la disparition de la monarchie.
La composition s’organise en deux moitiés égales : à gauche le passé chargé de la perte, illustré par les souvenirs et les symboles, à droite l’avenir incarné par le geste de la comtesse, vêtue à la mode anglaise et désignant sa fille cadette dans son berceau.
À gauche, les représentants masculins, la tenue militaire du garçon, les objets historiques… la fidélité à la couronne. À droite,
la mère et ses filles, les regards interrogateurs, la porcelaine et les fleurs… l’avenir incertain et fragile d’une aristocratie en plein désarroi.
Source texte : Dany Philippe-Devaux, attachée de conservation.
Musée des Beaux-Arts de Granoble, 2014
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Ce n'est pas la première fois que le portrait du dauphin Louis-Joseph, d'après Elisabeth Vigée Le Brun, est repris pour devenir celui de son frère.
Voir notamment nos sujets :
Portrait de Madame Royale et Louis-Joseph par Elisabeth Vigée Le Brun
Portraits des dauphins, Louis-Joseph ou Louis Charles ?
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le comte Pierre-Jean de Bourcet
Grand merci ! C'est bien l'explication pour laquelle nous options, Févicq et moi .
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Mme de Sabran- Messages : 55515
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte Pierre-Jean de Bourcet
Super... On gagne quoi ?
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Le comte Pierre-Jean de Bourcet
Nos discussions qui font suite à cette intéressante remarque de Bonnefoy du Plan ont été déplacées, ici :
Bustes de Marie-Antoinette par et d'après Louis-Simon Boizot
Bustes de Marie-Antoinette par et d'après Louis-Simon Boizot
Bonnefoy du Plan a écrit:
Ce tableau m’intrigue pour une autre raison, liée à l’iconographie de la reine et aux bustes que Boizot nous a donné d’elle. A bien regarder celui représenté sur le tableau de Landon, il présente la particularité d’avoir une fleur de lys sur le diadème, détail qui – pour ce modèle - ne se retrouve à ma connaissance que sur le buste présenté à l’Elysée.
Or la photo diffusée par la RMN nous le donne comme une copie XIXème siècle, d’après Boizot.
Si c’est bien une copie, elle a donc été réalisée d’après un original qui aurait lui aussi montré une fleur de lys (?), un modèle alors suffisamment connu et diffusé pour que Landon le reprenne dans son tableau daté de 1791.
Marie-Antoinette, reine de France
D'après Louis-Simon Boizot
Marbre, 19e siècle
Paris, Palais de l'Elysée
Image : RMN-Grand Palais / Hervé Lewandowski
La question devient donc, connaissez-vous un buste de Boizot, différent de celui de l’Elysée, qui présenterait pour ce modèle du milieu des années 1780 une fleur de lys sur le diadème ? Je ne le trouve pas dans le catalogue consacré à Boizot lors de l’expo au Musée Lambinet, pas plus que je n’ai su l’identifier sur le Forum…
Et, en corollaire, le buste de l’Elysée pourrait-il alors être un original du XVIIIème siècle ?
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le comte Pierre-Jean de Bourcet
Il est vrai qu’un tel diadème avec une partie plate a l’avant appelle ( si je puis dire...) un motif central, par ex une fleur de lys. On doit bien retrouver dans l’iconographie de la Reine une représentation où elle arbore un tel symbole, au même titre que l’hermine et les fleurs de lys sur le manteau. Un diadème plat ( comme un kokochnik russe ), pour moi, ça ne colle pas...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Le comte Pierre-Jean de Bourcet
La nuit, la neige a écrit:
Ce n'est pas la première fois que le portrait du dauphin Louis-Joseph, d'après Elisabeth Vigée Le Brun, est repris pour devenir celui de son frère.
Autres exemples illustrés, avec ces deux gravures :
Louis Charles de France Dauphin né à Versailles, le 27 mars 1785
Editeur à Paris, rue des mathurins, aux 2 piliers d'Or
Estampe, c. 1789-93
Image : Bibliothèque nationale de France
Marie-Thérèse de France, duchesse de Angouleme et Louis Charles
Amedé Felix Barthélémy Geille (1802-43) (engraver)
After Elisabeth-Louise Vigée-Lebrun (1755-1842) (artist)
Engraving, c.1830-50
Image : Royal Collection Trust
Engraving of Marie-Thérèse of France, Duchess of Angouleme and her brother Louis Joseph, Dauphin of France. Each whole length as children, the young Duchess is pictured with a brimmed hat and stripped gown holding a nest of birds with her younger brother le Dauphin holding one of the birds. With a view of a garden in the background. With French inscription below. India laid. Plate from Charles Gavard's Galeries historiques de Versailles published in the 1830s and 1840s. The plate is signed 'Diagraphe et Pantographe Gavard', indicating that the plate was created using an invention devised by Gavard which allowed him to create accurate copies of images in various scaled-down sizes.
Notre comte de Bourcet, si proche du premier dauphin, n'a certainement pas été dupe de ce " recyclage " iconographique lorsque ce tableau lui fut remis...
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le comte Pierre-Jean de Bourcet
Oui, cher LNLN, finalement, ce tableau est étrange : confusion de dauphins, un cadre vide, des bustes qui paraissent postérieurs... Enfin, pour moi, la symbolique des rameaux de lys brisés n’évoquent par la mort d’un dauphin, mais le régicide et la fin d’une dynastie... Cette toile est-elle vraiment de la fin du 18ème, ou serait-elle postérieure ??
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Le comte Pierre-Jean de Bourcet
Vicq d Azir a écrit:
Oui, cher LNLN, finalement, ce tableau est étrange : confusion de dauphins, un cadre vide, des bustes qui paraissent postérieurs...
Et pourquoi la petite Louise, née au château de Meudon, compagne de jeux de Louis-Joseph, tendrait-elle les bras vers Louis-Charles qu'elle ne connaît pas ? ( ... alors que vers Louis-Joseph l'explication était limpide )
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Mme de Sabran- Messages : 55515
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte Pierre-Jean de Bourcet
Il y a une chose que je ne comprends pas : quel âge donnez-vous à Louise sur ce tableau ? 2, 3 ans a tout casser, mettons 4 (mon dernier prix...)
Si on est en 91, elle serait donc née en 87...Mais le Dauphin est né en 81, et mort en 89... Comment auraient-ils pu être compagnons de jeux ?
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Le comte Pierre-Jean de Bourcet
Les mystères de ce tableau sont, comme une poupée russe, imbriqués les uns dans les autres ...
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Mme de Sabran- Messages : 55515
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte Pierre-Jean de Bourcet
Vicq d Azir a écrit:
Il est vrai qu’un tel diadème avec une partie plate a l’avant appelle ( si je puis dire...) un motif central, par ex une fleur de lys. On doit bien retrouver dans l’iconographie de la Reine une représentation où elle arbore un tel symbole, au même titre que l’hermine et les fleurs de lys sur le manteau. Un diadème plat ( comme un kokochnik russe ), pour moi, ça ne colle pas...
Je rappelle que j'ai déplacé tous nos messages concernant le buste de Marie-Antoinette, ici :
Bustes de Marie-Antoinette par et d'après Louis-Simon Boizot
Vicq d Azir a écrit:
Oui, cher LNLN, finalement, ce tableau est étrange : confusion de dauphins, un cadre vide, des bustes qui paraissent postérieurs... Enfin, pour moi, la symbolique des rameaux de lys brisés n’évoquent par la mort d’un dauphin, mais le régicide et la fin d’une dynastie...
Cette toile est-elle vraiment de la fin du 18ème, ou serait-elle postérieure ??
Ce tableau est également présenté dans le catalogue de l'exposition " L'enfant chéri des Lumières ", Musée Promenade, Marly-Leroy / Louveciennes (2003).
Vous retrouverez son descriptif dans l'introduction de ce catalogue, précisément ici :
L'enfant chéri au siècle des Lumières
Je ne cite qu'un extrait (pas envie de tout recopier... ) :
(...)
Ce tableau, peint l'année de la promulgation de l'Assemblée législative et de la suspension du roi, suggère peut-être encore une autre disparition, celle de la monarchie.
La fleur de lis cassée, posée devant les bustes de Louis XVI et de Marie-Antoinette, aurait alors une double signification politique et affective.
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le comte Pierre-Jean de Bourcet
Mme de Sabran a écrit:Il participe à la fuite du Roi à Varennes (juin 1791) mais, parti pour Mons où il devait trouver des instructions, il est arrêté à Valenciennes après avoir pris une autre identité. Il réussit à s'échapper, et regagne Paris où il retrouve la famille royale de retour dans la capitale.
Pierre-Jean de Bourcet est donné par WIKI comme l'un des hommes-clefs de l'évasion des Tuileries avec Fersen, Bouillé, Breteuil, Mercy, d'Agoult, Duruey et Malbec .
Bizarrement le jeune duc de Choiseul n'est pas mentionné.
Or donc, Bourcet part pour Mons où il doit trouver des ordres du roi, mais il est arrêté à Valenciennes. Il avait pris le nom, le brevet, les lettres de services, le passeport et l'uniforme de son cousin germain, M. de Polastre. ( Ne pas confondre avec Polastron, rien à voir. ) Bourcet peut sortir de Paris sans encombres, mais il est reconnu pour ne pas être l'officier dont il porte l'identité. Il est arrêté.
Il allait être livré à un conseil de guerre, lorsque la nouvelle de l'arrestation de la famille royale parvient de Valenciennes. Bourcet réussit à s'échapper et revient à Paris.
Il sera près du roi au château des Tuileries, le 20 juin 1792.
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Date d'inscription : 21/12/2013
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