Napoléon et les femmes
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Napoléon et les femmes
Napoléon et les femmes.
Je vous propose un petit feuilleton historico-romantico-sentimental des amours de Bonaparte ... qui nous changera agréablement des conquêtes militaires de l'Empereur dont on nous rebat un peu les oreilles ces jours-ci, commémoration oblige .
Nous découvrons avec stupeur, contrairement à l'image habituelle, un grand amoureux devant l'Eternel. Si si, Napoléon a senti son coeur battre, comme tout un chacun, et même beaucoup plus fort parfois que tout un chacun.
Nous commencerons donc par les deux amours de jeunesse de Napoléon, Caroline Colombier et Désirée Clary qui ne font que trois petits tours et puis s'en vont . Elles ouvrent une longue liste d'élans passionnés que Napoléon analyse en 1791 ( il est en garnison à Auxonne ) écrivant dans un Dialogue sur l'amour :
« L'amour est nuisible à la société, au bonheur individuel des hommes, c'est une maladie, un délire. »
Bonaparte est déjà, en effet, moins doué pour l’amour que pour la guerre. Plus tard, il assumera jusqu’à la muflerie une misogynie décomplexée et ses préjugés sexistes dont Germaine de Staël, plus que toute autre autre, fera les frais ...
Pourtant, l'historien Frédéric Masson
Napoléon et les femmes, 1894 attribue à Napoléon Bonaparte pas moins de cinquante-huit conquêtes.
Parmi elles, une poignée seulement eut un impact sur ce grand personnage de l'Histoire de France.
Indissociables de l'action politique de Napoléon, ces femmes ont été parfois déterminantes lors de certaines grandes décisions prises par Bonaparte, qu'il soit Homme de guerre ou bien Homme d'État.
Décrit comme peu courtois avec les femmes, parfois brutal de langage, il manifestait même du mépris envers celles qui s'offraient trop facilement à lui n'accordant aucune importance à ses liaisons passagères :
"[Joséphine] a toujours peur que je tombe amoureux. Ne sait-elle pas que l'amour n'est pas fait pour moi ? Qu'est-ce que l'amour ? Une passion qui laisse tout l'univers d'un côté pour ne voir, ne mettre de l'autre que l'objet aimé."
Taratata !
Je crois qu'une énorme composante de la misogynie de Napoléon était sa peur de l'ascendant qu'une femme pourrait prendre sur lui . Et de fait, ne mangeait-il pas dans la main de Joséphine qui le cocufiait joyeusement ?
Les premières amours de Bonaparte
Jean Tulard fait remonter le premier béguin de Napoléon à 1774, où il a une amourette prénommée Giacominetta. Plus tard, c'est à une certaine Emma qu'il écrit tendrement, « Seriez-vous méchante ou votre cœur a-t-il été donné ? ».
Mais son premier amour sera Caroline du Colombier, future baronne de Garempel de Bressieux .
Caroline du Colombier
Considérée comme le réel et innocent premier amour de Napoléon Bonaparte, Charlotte Pierre Anne du Colombier, aura une influence sentimentale particulière sur ce jeune sous-lieutenant, tout fraichement sorti de l'École militaire supérieure de Paris.
Affecté à un régiment en garnison à Valence, Bonaparte sort en ville. Dans la société, il fréquente plus particulièrement la famille de Mme du Colombier. Il se lie d'amitié avec les deux demoiselles du Colombier, et surtout Charlotte Pierre Anne, dite Caroline.
Bonaparte a 17 ans, il tombe amoureux de Caroline, de 7 ans son ainée. Cet amour sera chaste, comme il s'en souvient et le raconte, à Sainte-Hélène. « On n’eut pas su être plus innocents que nous; je me souviens encore d’un matin piquant, au milieu de l’été, au point du jour; on le croira avec peine, tout notre bonheur se réduisit à manger des cerises ensemble ».
Portrait of Napoleon with his first love Caroline du Colombier in Valence ca 1785
Engraving from Histoire de l empereur Napoleon by Laurent de l ardeche 1840
Private collection AUFNAHMEDATUM GESCHÄTZT PUBLICATIONxINxGERxSUIxAUTxHUNxONLY
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Caroline et Bonaparte garderont un lien épistolaire. Vingt-cinq ans plus tard, devenu empereur, il lui offrira cette bague au chaton ovale ciselé de feuillages présentant sous verre une scène en ivoire très finement ciselée en relief représentant au premier plan un homme et une femme lors d’une cueillette des cerises, à côté d’un temple antique, sur fond d’ivoire marin peint en grisaille.
... un grand sentimental, ce Napoléon !
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Désirée Clary
Bernardine-Eugénie-Désirée Clary, née le 8 novembre 1777 à Marseille, est la fille d’un riche marchant de soie marseillais, François Clary. C'est aussi une figure féminine auprès de Napoléon que nous connaissons bien grâce à Sacha Guitry . Qui n'a pas vu son Destin fabuleux de Désirée Clary ?
Bonaparte alias Jean-Louis Barrault conte fleurette ...
à la jolie Désirée Clary .
Lorsque la famille Bonaparte quitte la Corse en été 1793, elle s’installe à Marseille. Pendant cette période troublée de la Révolution, le jeune Bonaparte se rapproche de la famille Clary.
Désirée sera la première fiancée de Napoléon, mais sans suite, puis un peu par la grâce de cet ancien fiancé, reine consort de Suède. Fabuleux destin, en effet !
Mais nous n'en sommes pas encore là.
Les deux familles se fréquentent donc, et tout le monde voit avec satisfaction se profiler un double mariage entre les deux filles Clary et les deux aînés Bonaparte, Joseph et Napoléon. Julie Clary, l’aînée, est promise à Joseph, qu’elle épouse en 1794, et Désirée est promise à Napoléon, avec qui elle se fiance le 21 avril 1795.
Cependant Bonaparte poursuit sa brillante carrière et gagne Paris où Désirée ne le suit pas. Dans la capitale, il fréquente les salons mondains, et rencontre une belle veuve créole, Rose de Beauharnais. Ah, l'inconstance des hommes ! Bonaparte délaisse peu à peu Désirée pour Rose devenue sa Joséphine... rupture que la petite marseillaise vit très mal.
Elle écrit à Bonaparte:
« Vous m'avez rendue malheureuse pour le reste de ma vie, mais j'ai encore la faiblesse de vous pardonner... Vous disiez que vous m'aimiez ? Jamais je ne me marierai, jamais je ne m'engagerai avec un autre… »
Allons donc ! peu de temps après, Désirée est présentée à Jean-Baptiste Bernadotte, jeune général au physique avantageux et qui se trouve être le rival de Bonaparte. Deux semaines à peine après leur première rencontre ( ) , ils se marient civilement à Sceaux le 17 août 1798. Moins d’un an plus tard, Désirée donne naissance à un fils, Oscar.
En plus de la dot substantielle apportée par Désirée, cette union fut profitable à Bernadotte sur le plan politique. Le couple emménagea d'abord dans la maison de Bernadotte à Sceaux mais, s'y jugeant trop à l'écart des cercles parisiens, les deux époux jetèrent finalement leur dévolu sur une résidence de la capitale située non loin de celle de Joseph et de Julie.
Pendant le Directoire, Bernadotte devient ministre de la Guerre, Napoléon fera de lui un maréchal d’Empire.
Mais pour l'instant, le torchon brûle entre ces deux rivaux. Bonaparte revint d'Égypte en octobre 1799 et fut accueilli avec enthousiasme sur le sol français. Bernadotte estimait pour sa part que le comportement du général, qui avait transmis le commandement de son armée à Kléber dans des conditions mal établies, devait être sanctionné et il fit vainement pression sur Barras pour l'inciter à traduire Bonaparte en cour martiale.
Dix jours après l'arrivée de ce dernier, cédant aux pressions de Joseph et de Désirée, il se rendit au domicile de Napoléon, qu'il n'avait pas revu depuis la signature du traité de Campo-Formio. La réunion fut orageuse. Dans les jours qui suivirent, les deux hommes se rencontrèrent plusieurs fois mais Bonaparte ne l'informa qu'au dernier moment de son projet de coup d'État. Lorsqu'il prit conscience de la situation, Bernadotte refusa catégoriquement de le soutenir, déclarant qu'il « préférerait être mis en pièces plutôt que de contribuer à asservir son pays ».
Bernadotte refusant de soutenir le coup d'État de Bonaparte le jour du 18 brumaire.
Illustration d'Henri Félix Emmanuel Philippoteaux.
Image WIKI
La suite des relations entre Napoléon et Bernadotte est terriblement chaotique. Désirée a certainement, et de son mieux, joué le rôle de conciliatrice entre ces deux fortes têtes. Bernadotte fait une carrière fulgurante, prenant de plus en plus d'indépendance vis à vis de Napoléon . En 1806, il devient prince souverain d’un petit État italien proche de Naples, Pontecorvo.
En 1810 il est choisi et élu comme successeur par le vieux roi Charles XIII, au trône de Suède et de Norvège.
À Stockholm, la situation était particulièrement tendue à la suite du lynchage du comte Axel de Fersen peu avant la réunion du Parlement à Örebro le 30 juillet. En dépit de quelques hésitations, le processus de sélection commença. Le contexte du moment, marqué par les défaites essuyées lors de la dernière guerre contre la Russie et par le climat d'anarchie qui avait suivi la mort de Fersen, avait beaucoup joué en faveur de Bernadotte, jugé comme étant le plus à même de restaurer le calme ainsi que le prestige du pays. Sa désignation en tant que prince héritier fit naître l'espoir que, désormais dirigée par un maréchal français et peut-être même avec le concours de Napoléon, la Suède serait capable de récupérer la Finlande.
Napoléon accepta à contre-cœur le résultat de l'élection et, le 23 septembre 1810, reconnut Bernadotte en tant que prince héritier de Suède. S'adressant à l'ambassadeur autrichien Metternich, il déclara au sujet de Bernadotte : « je ne lui vois aucun talent pour régner : il est bon militaire, voilà tout. Au reste, je suis enchanté d'en être quitte, et je ne demandais pas mieux que de le voir éloigné de France »
Voici Désirée reine consort de Suède et de Norvège , et son fils, le futur Oscar Ier.
Désirée et Oscar, restés à Paris, partirent pour la Suède fin novembre et arrivèrent à Stockholm le 6 janvier 1811. La princesse, car tel était son titre désormais, fut déçue par le pays, déçue par la Cour de Suède et carrément épouvantée par la rigueur de l'hiver. La température avoisinait les -20° ! Forcément, elle ne fut pas très aimée non plus en retour. Cinq mois lui suffirent pour plonger en dépression. Malade, elle retourna prendre les eaux à Plombières, affirmant qu'elle reviendrait à Stockholm sitôt sa santé rétablie ; en réalité, elle était trop heureuse de rester à Paris et de servir de diplomate entre Napoléon et le royaume de Suède. Elle n'y remit les pieds que douze ans plus tard, pour y être couronnée en 1823 et y mourir en 1860, âgée de 83 ans.
Elle est considérée comme la « mère de la dynastie » de Suède, qui règne encore aujourd’hui sur le pays.
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A SUIVRE ... Joséphine
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Napoléon et les femmes
SUITE ...
Marie-Josèphe-Rose Tascher de La Pagerie, dite Joséphine, était la fille de riches colons martiniquais, qui possédaient une vaste plantation de canne à sucre. Elle s'installe en France avec son père en 1779 et épouse le vicomte Alexandre de Beauharnais. Elle a seize ans, lui dix-neuf. Le couple n'est certes pas à donner en exemple : Alexandre trompe copieusement Joséphine qui lui rend la pareille. Ils ont cependant deux enfants, Eugène, né en 1781 et Hortense, née en 1783, qui sera la mère de Napoléon III.
Pendant la Révolution française, Joséphine est à deux doigts de suivre son mari sur l’échafaud. Emprisonnée au monastère des Carmes de Paris, où elle a une liaison avec le beau général Lazare Hoche, elle est libérée après la chute de Robespierre et devient la maîtresse de Paul Barras, alors député des Basses-Alpes de la Convention nationale. La voici l'une des femmes les plus en vue de la société mondaine du Directoire.
C'est probablement lors d’un dîner , vers la mi-octobre 1795, que Bonaparte fait la connaissance de " l'incomparable " Joséphine, de six ans son aînée. Il tombe immédiatement raide-dingue amoureux, tandis qu’elle se laisse séduire peu à peu . Elle entrevoit certainement un avantage à partager l'ascension sociale d’un militaire commandant en chef de l'Armée de l'Intérieur, déjà très populaire depuis qu'il s'est illustré le 13 vendémiaire (5 octobre 1795) en écrasant la rébellion monarchiste.
Suite à leur première rencontre les deux amants s'envoient des lettres brûlantes . Voici, mesdames, comment harponner un général à l'étoile montante : Le 6 brumaire an IV (28 octobre 1795) au soir, Joséphine écrit à Bonaparte :
"Vous ne venez plus voir une amie qui vous aime ; vous l'avez tout à fait délaissée ; vous avez bien tort, car elle vous est tendrement attachée. Venez demain septidi déjeuner avec moi. J'ai besoin de vous voir et de causer avec vous sur vos intérêts.
Bonsoir, mon ami, je vous embrasse.
Veuve Beauharnais"
À cette lettre Bonaparte répond le jour même :
"Je ne conçois pas ce qui a pu donner lieu à votre lettre. Je vous prie de me faire le plaisir de croire que personne ne désire autant votre amitié que moi, et n'est plus prêt que moi à faire quelque chose qui puisse le prouver. Si mes occupations me l'avaient permis, je serais venu moi-même porter ma lettre. Buonaparte
7 heures du matin
Je me réveille plein de toi. Ton portrait et le souvenir de l’enivrante soirée d’hier n’ont point laissé de repos à mes sens. Douce et incomparable Joséphine, quel effet bizarre faites-vous sur mon coeur ! Vous fâchez-vous ? Vous vois-je triste ? Êtes-vous inquiète ? mon âme est brisée de douleur, et il n’est point de repos pour votre ami… Mais en est-il donc davantage pour moi, lorsque, me livrant au sentiment profond qui me maîtrise, je puise sur vos lèvres, sur votre coeur, une flamme qui me brûle. Ah ! c’est cette nuit que je me suis bien aperçu que votre portrait n’est pas vous ! Tu pars à midi, je te verrai dans 3 heures. En attendant, mio dolce amor, reçois un millier de baisers ; mais ne m’en donne pas, car ils brûlent mon sang.
Bonaparte demande sa main et épouse Joséphine sans formalités, le 9 mars 1796, devant un officier d’état-civil de la mairie de l’ancien 2ème arrondissement de Paris. La coquette se rajeunit d’une demi-douzaine d’années pour ne pas apparaître plus vieille que son mari…
Dès le surlendemain ou presque du mariage, Bonaparte part auprès de ses hommes, en tant que commandant en chef de l’armée d’Italie.
Joséphine n'est pas femme à soupirer et se languir .
Elle devient presque aussitôt la maîtresse du jeune Hippolyte Charles lieutenant dans un régiment de hussards .
Selon la duchesse d'Abrantès, Charles ne s’exprimait qu’en calembours et faisait le polichinelle, il faisait rire ; il était impossible de trouver un homme plus comique.
Depuis son départ pour l'Italie, Bonaparte adresse à sa femme des billets déchirants et enflammés. En retour, Joséphine se montre moins exaltée et pour cause. Mais la renommée qu'acquiert Bonaparte au fil de ses victoires lui profite : Joséphine étend ses réseaux à Paris, elle est de plus en plus recherchée. Lui, toujours follement épris lui écrit :
Je n’ai pas passé un jour sans t’aimer ; je n’ai pas passé une nuit sans te serrer dans mes bras ; je n’ai pas pris une tasse de thé sans maudire la gloire et l’ambition qui me tiennent éloigné de l’âme de ma vie. Au milieu des affaires, à la tête des troupes, en parcourant les camps, mon adorable Joséphine est seule dans mon coeur, occupe mon esprit, absorbe ma pensée. Si je m’éloigne de toi avec la vitesse du torrent du Rhône, c’est pour te revoir plus vite. Si, au milieu de la nuit, je me lève pour travailler, c’est que cela peut avancer de quelques jours l’arrivée de ma douce amie, et cependant, dans ta lettre du 23 au 26 ventôse, tu me traites de vous.
Vous toi-même ! Ah ! mauvaise, comment as-tu pu écrire cette lettre ! Qu’elle est froide ! ( ... )
Mon âme est triste ; mon coeur est esclave, et mon imagination m’effraie… Tu m’aimes moins ; tu seras consolée. Un jour, tu ne m’aimeras plus ; dis-le-moi ; je saurai au moins mériter le malheur… Adieu, femme, tourment, bonheur, espérance et âme de ma vie, que j’aime, que je crains, qui m’inspire des sentiments tendres qui m’appellent à la Nature, et des mouvements impétueux aussi volcaniques que le tonnerre. Je ne te demande ni amour éternel, ni fidélité, mais seulement… vérité, franchise sans bornes. Le jour où tu dirais «je t’aime moins» sera le dernier de ma vie. Si mon coeur était assez vil pour aimer sans retour, je le hacherais avec les dents.
Joséphine, Joséphine ! ( ... ) Pardon, âme de ma vie, mon âme est tendue sur de vastes combinaisons. Mon coeur, entièrement occupé par toi, a des craintes qui me rendent malheureux… Je suis ennuyé de ne pas t’appeler par ton nom. J’attends que tu me l’écrives. Adieu ! Ah ! si tu m’aimes moins, tu ne m’auras jamais aimé. Je serais alors bien à plaindre.
Le 24 juin 1796 Joséphine, bonne fille, décide de rejoindre ce mari désespéré ... mais pas question de se passer d'Hippolyte Charles qu'elle emporte dans ses bagages ! Elle part avec son beau-frère Joseph et Junot. Le 13 juillet, elle retrouve Napoléon aux portes de Milan. Ils ne passeront que deux jours ensemble . Les retrouvailles sont orageuses . Les deux époux se reprochent réciproquement leurs infidélités.
Si l'on en croit l'historien Louis Hastier et son ouvrage
Le Grand Amour de Joséphine, l'épouse de Napoléon aima véritablement Hippolyte Charles.
Pour autant, le rôle de Joséphine prend une nouvelle dimension lors de ce séjour en Italie. Fort de ses succès, Napoléon façonne alors un nouveau personnage : il se comporte en véritable souverain en Italie et construit notamment son image politique par la diffusion de deux journaux, Le Courrier de l'armée d'Italie et La France vue de l'armée d'Italie, deux feuilles qu'il contrôle et dont il assure parfois l'écriture. Dans cette optique, le rôle de Joséphine devient central : elle seule « triomphant de son invincible époux », elle apparaît désormais comme un personnage dont l'emprise est réelle sur son mari, ce qui tend à rassurer l'opinion. Bonaparte se sert ainsi de l'image de sa femme dans le jeu de pouvoir qu'il organise, comme le souligne Pierre Branda : « Tandis qu'il fascinait et inquiétait par son allure martiale, Joséphine rassurerait les âmes effrayées et emporterait les cœurs. »
De retour en France, les Bonaparte jouissent d'une popularité certaine et de prestige . Dans le couple, Napoléon « règne sans partage » et fait son quartier général de l'hôtel particulier de Joséphine, rue de la Victoire. N'écrivait pas déjà, en 1779 : « Les femmes sont l’âme de toutes les intrigues, on devrait les reléguer dans leur ménage, les salons du gouvernement devraient leur être fermés. »
Il motive cette misogynie avec des trouvailles pas piquées des hannetons comme : « La femme est notre propriété, nous ne sommes pas la sienne ; car elle nous donne des enfants, et l’homme ne lui en donne pas. ( ) Elle est donc sa propriété comme l’arbre à fruit est celle du jardinier. » Ou des considérations domestiques bien terre à terre : « Les hommes sont faits pour le grand jour. Les femmes sont faites pour l’intimité de la famille et pour vivre dans leur intérieur. »
Joséphine semble, en apparence, se contenter d'un rôle effacé dans l'ombre de son époux. En réalité, sa relation amoureuse avec Hippolyte Charles, jusqu'alors soupçonnée, est désormais avérée.
Joséphine suit Napoléon à Toulon d'où il s'embarque pour la campagne d'Égypte. Aux eaux de Plombières, dans les Vosges où elle reste jusqu'en septembre, elle espère soigner une infertilité qui pèse de plus en plus à son époux et devient même une obsession. Elle doit renoncer à rejoindre Napoléon en Égypte après le désastre de la bataille d'Aboukir qui condamne toute tentative de liaison maritime avec la France. C'est en Égypte que Napoléon apprend l'adultère de Joséphine. Son frère Joseph avait essayé de l'en avertir quelques mois plus tôt à Paris. Il s'en doutait pourtant bien, lui qui écrivait d'Italie :
Ton portrait était toujours sur mon coeur ; jamais une pensée sans le voir et le couvrir de baisers.
Toi, tu as laissé mon portrait six mois sans le retirer ; rien ne m’a échappé. Si je continuais, je t’aimerais seul, et de tous les rôles, c’est le seul que je ne puis adopter. Joséphine, tu eusses fait le bonheur d’un homme moins bizarre. Tu as fait mon malheur, je t’en préviens. Je le sentis lorsque mon âme s’engageait, lorsque la tienne gagnait journellement un empire sans bornes et asservissait tous mes sens.
Cruelle !!!
Pourquoi m’avoir fait espérer un sentiment que tu n’éprouvais pas !!! Mais le reproche n’est pas digne de moi. Je n’ai jamais cru au bonheur. Tous les jours, la mort voltige autour de moi… La vie vaut-elle la peine de faire tant de bruit !!!
Adieu, Joséphine, reste à Paris, ne m’écris plus, et respecte au moins mon asile. Mille poignards déchirent mon coeur ; ne les enfonce pas davantage. Adieu, mon bonheur, ma vie, tout ce qui existait pour moi sur la terre.
Blessure mortelle, d'amour et d'amour propre, Bonaparte est hors de lui. Il envisage un temps le divorce, puis se console dans le bras d'une maîtresse, Pauline Fourès, la femme d'un officier de chasseurs à cheval. Elle vient d'échapper de bien peu à la mort lors de la révolte du Caire le 21 octobre 1798.
Pauline Bellile, surnommée "Bellilote" par les Carcassonnais, apprenait son métier chez le marchand-détaillant Fourès quand elle rencontra Jean-Noël Fourès , le fils de son employeur. Malgré le désaccord de ses parents, Jean-Noël Fourès épouse Pauline le 8 pluviôse An VI (27 janvier 1798). Fourès étant appelé à s'embarquer pour l'Egypte, Pauline se fait passer pour un homme, costumée en habit de chasseur à cheval, et réussit à se faufiler sur le navire " la Lucette " avec son mari. Pendant cinquante-quatre jours, elle demeurera à bord sans être découverte. Au Caire, Pauline reprend les habits de son sexe . Les Fourès habitent une petite maison où ils reçoivent des invitations pour des fêtes organisées pour agrémenter les moments de détente des hommes des régiments du 22ème chasseurs et du 7ème Hussards. Sa beauté fait sensation.
C’est dans le jardin cairote de Tivoli que Bonaparte rencontre Pauline Fourès pour la première fois. Il est immédiatement séduit, fait sa cour, mais la belle résiste. Napoléon lui envoie des bijoux de prix et des cadeaux, mais fait chou blanc. Cette femme lui plaît, il la lui faut. En décembre 1799, Fourès reçoit l'ordre de s'embarquer, seul cette fois, pour l'Italie afin de porter des dépêches au Directoire à Paris. Bonaparte a le champ libre .
"Dès le jour du départ de Fourès, Bonaparte a invité la petite femme à dîner avec plusieurs autres dames françaises. Il l'a assise à côté de lui et lui fait galamment les honneurs. Mais tout d'un coup, simulant une maladresse, il renverse une carafe d'eau glacée et l'entraîne dans son appartement sous prétexte de réparer le désordre de sa toilette. Seulement l'absence du général et de Mme Fourès se prolongea trop longtemps pour que les convives, demeurés à table, pussent conserver des doutes sur la réalité de l'accident. Le doute fut moins permis encore lorsqu'on vit meubler en hâte une maison voisine du palais d'Elfibey, habitation du général ; Mme Fourès y était à peine installée que survint Fourès.
Fourès que Marmont avait vainement tenté de retenir à Alexandrie, arriva furieux au Caire et fit expier assez rudement à son épouse les libertés qu'elle avait prises. Pour se soustraire à ses emportements, Mme Fourès demanda le divorce, qui fut prononcé en présence d'un commissaire des guerres de l'armée. Après son divorce, Mme Fourès qui reprit le nom de Bellile, mais qui dans l'armée comme jadis à Carcassonne n'était connue que sous le joli nom de Bellilote, s'afficha en favorite."
Stefan Zweig, dans sa pièce de théâtre
Un caprice de Bonaparte , décrit comment le général Bonaparte rencontra Bellilote, l'épouse du lieutenant Fourès, puis comment il utilisa son autorité de commandant de l'armée d'Égypte puis de premier consul pour éloigner puis faire taire le lieutenant Fourès.
Pauline devient la compagne affichée et officielle de Bonaparte . Elle l’accompagne où qu’il aille sur une jument docile dressée à son intention. Elle revêt alors un uniforme masculin, et porte un foulard tricolore en guise de bonnet.
Elle participe aux banquets et veille à distraire les officiers de Bonaparte,
organise des pique-niques dans le désert, des excursions aux Pyramides,
... des bals, dîners, réceptions et des parties nocturnes. Elle est la compagne de Bonaparte et joue son rôle avec vigueur et délectation. Elle va jusqu'à traverser les troupes en revue sur sa monture, et les soldats ne tardent pas à lui donner le surnom de « la Générale » ou de « Cléopâtre ».
Bonaparte et Pauline, très amoureux, ne se quittent plus de jour comme de nuit. Mais voilà-t-y pas que le navire de jean Noël Fourès est intercepté par les Anglais ! Ils sont au courant de la liaison de Bonaparte avec la dame Fourès et se font un malin plaisir de réexpédier le navire (et le mari avec) à Alexandrie. A peine débarqué, Fourès apprend son infortune. Il se rend immédiatement à la nouvelle résidence de Pauline, et explose de rage. Il exige que Pauline revienne avec lui; elle refuse; elle annonce qu’elle va demander le divorce; il devient violent. Les cris de Pauline attirent des officiers qui séparent le couple. Quelques jours plus tard le divorce est prononcé au motif de « la protection de la jeune femme contre la brutalité de son époux ».
Pauline reprend alors son nom de jeune fille « Bellisle » et la liaison de Bellilote avec Napoléon se poursuit de plus belle.
Et que devient notre Joséphine, dans tout ça ?
Ses relations avec sa belle-famille n'étaient déjà pas chaleureuses, elles se dégradent fortement : chacun de ses membres refuse les invitations à dîner qu'elle envoie. Dans le même temps, son aventure amoureuse avec Hippolyte Charles prend fin, probablement du fait de ce dernier, au début de l'année 1799.
Joséphine prend la décision de fuir Paris .
Le 21 avril suivant, sur les conseils du maire de Croissy Jean Chanorier, elle fait l'acquisition d'une jolie maison de campagne, le château de la Malmaison, pour la somme de 325 000 francs.
En attendant le retour de son mari ( qu'elle redoute ! ) elle se retire à la Malmaison pendant quelques semaines. Elle se repose, se promène, cultive ses roses, s'adonne de tout son coeur à l'installation et la décoration de ce nouveau " chez elle " . Elle veut se refaire, en somme, une " respectabilité " afin d'offrir à Bonaparte quand il reviendra l'image d'une « épouse attentionnée et patiente ».
Joséphine craint les foudres de jalousie de son mari, et tremble de savoir sa situation d'autant plus précaire et dramatique qu'elle n'arrive pas à lui donner d'enfant ... Elle compte sur l'affection très réelle de Bonaparte pour Eugène et Hortense pour faire pencher la balance de son côté . Ils sauront plaider la cause de leur mère, elle les " briefe " pour cela, si j'ose dire.
En avril 1799, Napoléon quitte le Caire pour se rendre en Syrie : il refuse que Pauline l’accompagne au prétexte que le voyage est dangereux. Les deux amants échangent pendant leur séparation des lettres passionnées. Il revient de Syrie en juin 1799. L'idylle continue, mais Bonaparte sait qu’il doit retourner en France bientôt, et il n’a nulle intention d’emmener la jeune femme avec lui. Une liaison officielle pourrait nuire à son ambition personnelle et l'évolution de sa carrière.
Le 17 août 1799, en apprenant que la marine anglaise a libéré la voie maritime vers la France, Napoléon décide de rentrer à Paris.
Il dit un au revoir léger à Pauline.
La jeune femme pense tout simplement qu'il part faire une tournée des navires dans la rade du Caire.
Mais les jours passent sans qu'il revienne. Pauline se rend à l'évidence et comprend que Napoléon l’a laissée derrière lui. Il l’a abandonnée purement et simplement. Pour bien l'en persuader, Napoléon ne lui écrit plus. Il ne répond pas à ses missives. Il n’est bien-sûr pas question pour elle de retourner auprès de son ex-mari. Pauline est pragmatique : il lui faut un nouveau protecteur. Ce sera Kleber, le nouveau commandant en chef des troupes de Napoléon en Egypte, dont elle devient rapidement la maîtresse. Par amour pour elle, Kléber mettra tout en œuvre pour permettre à Pauline de réaliser son plus cher désir : regagner la France.
Elle a bien la ferme intention de revoir Bonaparte.
... A SUIVRE !
Marie-Josèphe-Rose Tascher de La Pagerie, dite Joséphine, était la fille de riches colons martiniquais, qui possédaient une vaste plantation de canne à sucre. Elle s'installe en France avec son père en 1779 et épouse le vicomte Alexandre de Beauharnais. Elle a seize ans, lui dix-neuf. Le couple n'est certes pas à donner en exemple : Alexandre trompe copieusement Joséphine qui lui rend la pareille. Ils ont cependant deux enfants, Eugène, né en 1781 et Hortense, née en 1783, qui sera la mère de Napoléon III.
Pendant la Révolution française, Joséphine est à deux doigts de suivre son mari sur l’échafaud. Emprisonnée au monastère des Carmes de Paris, où elle a une liaison avec le beau général Lazare Hoche, elle est libérée après la chute de Robespierre et devient la maîtresse de Paul Barras, alors député des Basses-Alpes de la Convention nationale. La voici l'une des femmes les plus en vue de la société mondaine du Directoire.
C'est probablement lors d’un dîner , vers la mi-octobre 1795, que Bonaparte fait la connaissance de " l'incomparable " Joséphine, de six ans son aînée. Il tombe immédiatement raide-dingue amoureux, tandis qu’elle se laisse séduire peu à peu . Elle entrevoit certainement un avantage à partager l'ascension sociale d’un militaire commandant en chef de l'Armée de l'Intérieur, déjà très populaire depuis qu'il s'est illustré le 13 vendémiaire (5 octobre 1795) en écrasant la rébellion monarchiste.
Suite à leur première rencontre les deux amants s'envoient des lettres brûlantes . Voici, mesdames, comment harponner un général à l'étoile montante : Le 6 brumaire an IV (28 octobre 1795) au soir, Joséphine écrit à Bonaparte :
"Vous ne venez plus voir une amie qui vous aime ; vous l'avez tout à fait délaissée ; vous avez bien tort, car elle vous est tendrement attachée. Venez demain septidi déjeuner avec moi. J'ai besoin de vous voir et de causer avec vous sur vos intérêts.
Bonsoir, mon ami, je vous embrasse.
Veuve Beauharnais"
À cette lettre Bonaparte répond le jour même :
"Je ne conçois pas ce qui a pu donner lieu à votre lettre. Je vous prie de me faire le plaisir de croire que personne ne désire autant votre amitié que moi, et n'est plus prêt que moi à faire quelque chose qui puisse le prouver. Si mes occupations me l'avaient permis, je serais venu moi-même porter ma lettre. Buonaparte
7 heures du matin
Je me réveille plein de toi. Ton portrait et le souvenir de l’enivrante soirée d’hier n’ont point laissé de repos à mes sens. Douce et incomparable Joséphine, quel effet bizarre faites-vous sur mon coeur ! Vous fâchez-vous ? Vous vois-je triste ? Êtes-vous inquiète ? mon âme est brisée de douleur, et il n’est point de repos pour votre ami… Mais en est-il donc davantage pour moi, lorsque, me livrant au sentiment profond qui me maîtrise, je puise sur vos lèvres, sur votre coeur, une flamme qui me brûle. Ah ! c’est cette nuit que je me suis bien aperçu que votre portrait n’est pas vous ! Tu pars à midi, je te verrai dans 3 heures. En attendant, mio dolce amor, reçois un millier de baisers ; mais ne m’en donne pas, car ils brûlent mon sang.
Bonaparte demande sa main et épouse Joséphine sans formalités, le 9 mars 1796, devant un officier d’état-civil de la mairie de l’ancien 2ème arrondissement de Paris. La coquette se rajeunit d’une demi-douzaine d’années pour ne pas apparaître plus vieille que son mari…
Dès le surlendemain ou presque du mariage, Bonaparte part auprès de ses hommes, en tant que commandant en chef de l’armée d’Italie.
Joséphine n'est pas femme à soupirer et se languir .
Elle devient presque aussitôt la maîtresse du jeune Hippolyte Charles lieutenant dans un régiment de hussards .
Selon la duchesse d'Abrantès, Charles ne s’exprimait qu’en calembours et faisait le polichinelle, il faisait rire ; il était impossible de trouver un homme plus comique.
Depuis son départ pour l'Italie, Bonaparte adresse à sa femme des billets déchirants et enflammés. En retour, Joséphine se montre moins exaltée et pour cause. Mais la renommée qu'acquiert Bonaparte au fil de ses victoires lui profite : Joséphine étend ses réseaux à Paris, elle est de plus en plus recherchée. Lui, toujours follement épris lui écrit :
Je n’ai pas passé un jour sans t’aimer ; je n’ai pas passé une nuit sans te serrer dans mes bras ; je n’ai pas pris une tasse de thé sans maudire la gloire et l’ambition qui me tiennent éloigné de l’âme de ma vie. Au milieu des affaires, à la tête des troupes, en parcourant les camps, mon adorable Joséphine est seule dans mon coeur, occupe mon esprit, absorbe ma pensée. Si je m’éloigne de toi avec la vitesse du torrent du Rhône, c’est pour te revoir plus vite. Si, au milieu de la nuit, je me lève pour travailler, c’est que cela peut avancer de quelques jours l’arrivée de ma douce amie, et cependant, dans ta lettre du 23 au 26 ventôse, tu me traites de vous.
Vous toi-même ! Ah ! mauvaise, comment as-tu pu écrire cette lettre ! Qu’elle est froide ! ( ... )
Mon âme est triste ; mon coeur est esclave, et mon imagination m’effraie… Tu m’aimes moins ; tu seras consolée. Un jour, tu ne m’aimeras plus ; dis-le-moi ; je saurai au moins mériter le malheur… Adieu, femme, tourment, bonheur, espérance et âme de ma vie, que j’aime, que je crains, qui m’inspire des sentiments tendres qui m’appellent à la Nature, et des mouvements impétueux aussi volcaniques que le tonnerre. Je ne te demande ni amour éternel, ni fidélité, mais seulement… vérité, franchise sans bornes. Le jour où tu dirais «je t’aime moins» sera le dernier de ma vie. Si mon coeur était assez vil pour aimer sans retour, je le hacherais avec les dents.
Joséphine, Joséphine ! ( ... ) Pardon, âme de ma vie, mon âme est tendue sur de vastes combinaisons. Mon coeur, entièrement occupé par toi, a des craintes qui me rendent malheureux… Je suis ennuyé de ne pas t’appeler par ton nom. J’attends que tu me l’écrives. Adieu ! Ah ! si tu m’aimes moins, tu ne m’auras jamais aimé. Je serais alors bien à plaindre.
Le 24 juin 1796 Joséphine, bonne fille, décide de rejoindre ce mari désespéré ... mais pas question de se passer d'Hippolyte Charles qu'elle emporte dans ses bagages ! Elle part avec son beau-frère Joseph et Junot. Le 13 juillet, elle retrouve Napoléon aux portes de Milan. Ils ne passeront que deux jours ensemble . Les retrouvailles sont orageuses . Les deux époux se reprochent réciproquement leurs infidélités.
Si l'on en croit l'historien Louis Hastier et son ouvrage
Le Grand Amour de Joséphine, l'épouse de Napoléon aima véritablement Hippolyte Charles.
Pour autant, le rôle de Joséphine prend une nouvelle dimension lors de ce séjour en Italie. Fort de ses succès, Napoléon façonne alors un nouveau personnage : il se comporte en véritable souverain en Italie et construit notamment son image politique par la diffusion de deux journaux, Le Courrier de l'armée d'Italie et La France vue de l'armée d'Italie, deux feuilles qu'il contrôle et dont il assure parfois l'écriture. Dans cette optique, le rôle de Joséphine devient central : elle seule « triomphant de son invincible époux », elle apparaît désormais comme un personnage dont l'emprise est réelle sur son mari, ce qui tend à rassurer l'opinion. Bonaparte se sert ainsi de l'image de sa femme dans le jeu de pouvoir qu'il organise, comme le souligne Pierre Branda : « Tandis qu'il fascinait et inquiétait par son allure martiale, Joséphine rassurerait les âmes effrayées et emporterait les cœurs. »
De retour en France, les Bonaparte jouissent d'une popularité certaine et de prestige . Dans le couple, Napoléon « règne sans partage » et fait son quartier général de l'hôtel particulier de Joséphine, rue de la Victoire. N'écrivait pas déjà, en 1779 : « Les femmes sont l’âme de toutes les intrigues, on devrait les reléguer dans leur ménage, les salons du gouvernement devraient leur être fermés. »
Il motive cette misogynie avec des trouvailles pas piquées des hannetons comme : « La femme est notre propriété, nous ne sommes pas la sienne ; car elle nous donne des enfants, et l’homme ne lui en donne pas. ( ) Elle est donc sa propriété comme l’arbre à fruit est celle du jardinier. » Ou des considérations domestiques bien terre à terre : « Les hommes sont faits pour le grand jour. Les femmes sont faites pour l’intimité de la famille et pour vivre dans leur intérieur. »
Joséphine semble, en apparence, se contenter d'un rôle effacé dans l'ombre de son époux. En réalité, sa relation amoureuse avec Hippolyte Charles, jusqu'alors soupçonnée, est désormais avérée.
Joséphine suit Napoléon à Toulon d'où il s'embarque pour la campagne d'Égypte. Aux eaux de Plombières, dans les Vosges où elle reste jusqu'en septembre, elle espère soigner une infertilité qui pèse de plus en plus à son époux et devient même une obsession. Elle doit renoncer à rejoindre Napoléon en Égypte après le désastre de la bataille d'Aboukir qui condamne toute tentative de liaison maritime avec la France. C'est en Égypte que Napoléon apprend l'adultère de Joséphine. Son frère Joseph avait essayé de l'en avertir quelques mois plus tôt à Paris. Il s'en doutait pourtant bien, lui qui écrivait d'Italie :
Ton portrait était toujours sur mon coeur ; jamais une pensée sans le voir et le couvrir de baisers.
Toi, tu as laissé mon portrait six mois sans le retirer ; rien ne m’a échappé. Si je continuais, je t’aimerais seul, et de tous les rôles, c’est le seul que je ne puis adopter. Joséphine, tu eusses fait le bonheur d’un homme moins bizarre. Tu as fait mon malheur, je t’en préviens. Je le sentis lorsque mon âme s’engageait, lorsque la tienne gagnait journellement un empire sans bornes et asservissait tous mes sens.
Cruelle !!!
Pourquoi m’avoir fait espérer un sentiment que tu n’éprouvais pas !!! Mais le reproche n’est pas digne de moi. Je n’ai jamais cru au bonheur. Tous les jours, la mort voltige autour de moi… La vie vaut-elle la peine de faire tant de bruit !!!
Adieu, Joséphine, reste à Paris, ne m’écris plus, et respecte au moins mon asile. Mille poignards déchirent mon coeur ; ne les enfonce pas davantage. Adieu, mon bonheur, ma vie, tout ce qui existait pour moi sur la terre.
Blessure mortelle, d'amour et d'amour propre, Bonaparte est hors de lui. Il envisage un temps le divorce, puis se console dans le bras d'une maîtresse, Pauline Fourès, la femme d'un officier de chasseurs à cheval. Elle vient d'échapper de bien peu à la mort lors de la révolte du Caire le 21 octobre 1798.
Pauline Bellile, surnommée "Bellilote" par les Carcassonnais, apprenait son métier chez le marchand-détaillant Fourès quand elle rencontra Jean-Noël Fourès , le fils de son employeur. Malgré le désaccord de ses parents, Jean-Noël Fourès épouse Pauline le 8 pluviôse An VI (27 janvier 1798). Fourès étant appelé à s'embarquer pour l'Egypte, Pauline se fait passer pour un homme, costumée en habit de chasseur à cheval, et réussit à se faufiler sur le navire " la Lucette " avec son mari. Pendant cinquante-quatre jours, elle demeurera à bord sans être découverte. Au Caire, Pauline reprend les habits de son sexe . Les Fourès habitent une petite maison où ils reçoivent des invitations pour des fêtes organisées pour agrémenter les moments de détente des hommes des régiments du 22ème chasseurs et du 7ème Hussards. Sa beauté fait sensation.
C’est dans le jardin cairote de Tivoli que Bonaparte rencontre Pauline Fourès pour la première fois. Il est immédiatement séduit, fait sa cour, mais la belle résiste. Napoléon lui envoie des bijoux de prix et des cadeaux, mais fait chou blanc. Cette femme lui plaît, il la lui faut. En décembre 1799, Fourès reçoit l'ordre de s'embarquer, seul cette fois, pour l'Italie afin de porter des dépêches au Directoire à Paris. Bonaparte a le champ libre .
"Dès le jour du départ de Fourès, Bonaparte a invité la petite femme à dîner avec plusieurs autres dames françaises. Il l'a assise à côté de lui et lui fait galamment les honneurs. Mais tout d'un coup, simulant une maladresse, il renverse une carafe d'eau glacée et l'entraîne dans son appartement sous prétexte de réparer le désordre de sa toilette. Seulement l'absence du général et de Mme Fourès se prolongea trop longtemps pour que les convives, demeurés à table, pussent conserver des doutes sur la réalité de l'accident. Le doute fut moins permis encore lorsqu'on vit meubler en hâte une maison voisine du palais d'Elfibey, habitation du général ; Mme Fourès y était à peine installée que survint Fourès.
Fourès que Marmont avait vainement tenté de retenir à Alexandrie, arriva furieux au Caire et fit expier assez rudement à son épouse les libertés qu'elle avait prises. Pour se soustraire à ses emportements, Mme Fourès demanda le divorce, qui fut prononcé en présence d'un commissaire des guerres de l'armée. Après son divorce, Mme Fourès qui reprit le nom de Bellile, mais qui dans l'armée comme jadis à Carcassonne n'était connue que sous le joli nom de Bellilote, s'afficha en favorite."
Stefan Zweig, dans sa pièce de théâtre
Un caprice de Bonaparte , décrit comment le général Bonaparte rencontra Bellilote, l'épouse du lieutenant Fourès, puis comment il utilisa son autorité de commandant de l'armée d'Égypte puis de premier consul pour éloigner puis faire taire le lieutenant Fourès.
Pauline devient la compagne affichée et officielle de Bonaparte . Elle l’accompagne où qu’il aille sur une jument docile dressée à son intention. Elle revêt alors un uniforme masculin, et porte un foulard tricolore en guise de bonnet.
Elle participe aux banquets et veille à distraire les officiers de Bonaparte,
organise des pique-niques dans le désert, des excursions aux Pyramides,
... des bals, dîners, réceptions et des parties nocturnes. Elle est la compagne de Bonaparte et joue son rôle avec vigueur et délectation. Elle va jusqu'à traverser les troupes en revue sur sa monture, et les soldats ne tardent pas à lui donner le surnom de « la Générale » ou de « Cléopâtre ».
Bonaparte et Pauline, très amoureux, ne se quittent plus de jour comme de nuit. Mais voilà-t-y pas que le navire de jean Noël Fourès est intercepté par les Anglais ! Ils sont au courant de la liaison de Bonaparte avec la dame Fourès et se font un malin plaisir de réexpédier le navire (et le mari avec) à Alexandrie. A peine débarqué, Fourès apprend son infortune. Il se rend immédiatement à la nouvelle résidence de Pauline, et explose de rage. Il exige que Pauline revienne avec lui; elle refuse; elle annonce qu’elle va demander le divorce; il devient violent. Les cris de Pauline attirent des officiers qui séparent le couple. Quelques jours plus tard le divorce est prononcé au motif de « la protection de la jeune femme contre la brutalité de son époux ».
Pauline reprend alors son nom de jeune fille « Bellisle » et la liaison de Bellilote avec Napoléon se poursuit de plus belle.
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Et que devient notre Joséphine, dans tout ça ?
Ses relations avec sa belle-famille n'étaient déjà pas chaleureuses, elles se dégradent fortement : chacun de ses membres refuse les invitations à dîner qu'elle envoie. Dans le même temps, son aventure amoureuse avec Hippolyte Charles prend fin, probablement du fait de ce dernier, au début de l'année 1799.
Joséphine prend la décision de fuir Paris .
Le 21 avril suivant, sur les conseils du maire de Croissy Jean Chanorier, elle fait l'acquisition d'une jolie maison de campagne, le château de la Malmaison, pour la somme de 325 000 francs.
En attendant le retour de son mari ( qu'elle redoute ! ) elle se retire à la Malmaison pendant quelques semaines. Elle se repose, se promène, cultive ses roses, s'adonne de tout son coeur à l'installation et la décoration de ce nouveau " chez elle " . Elle veut se refaire, en somme, une " respectabilité " afin d'offrir à Bonaparte quand il reviendra l'image d'une « épouse attentionnée et patiente ».
Joséphine craint les foudres de jalousie de son mari, et tremble de savoir sa situation d'autant plus précaire et dramatique qu'elle n'arrive pas à lui donner d'enfant ... Elle compte sur l'affection très réelle de Bonaparte pour Eugène et Hortense pour faire pencher la balance de son côté . Ils sauront plaider la cause de leur mère, elle les " briefe " pour cela, si j'ose dire.
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En avril 1799, Napoléon quitte le Caire pour se rendre en Syrie : il refuse que Pauline l’accompagne au prétexte que le voyage est dangereux. Les deux amants échangent pendant leur séparation des lettres passionnées. Il revient de Syrie en juin 1799. L'idylle continue, mais Bonaparte sait qu’il doit retourner en France bientôt, et il n’a nulle intention d’emmener la jeune femme avec lui. Une liaison officielle pourrait nuire à son ambition personnelle et l'évolution de sa carrière.
Le 17 août 1799, en apprenant que la marine anglaise a libéré la voie maritime vers la France, Napoléon décide de rentrer à Paris.
Il dit un au revoir léger à Pauline.
La jeune femme pense tout simplement qu'il part faire une tournée des navires dans la rade du Caire.
Mais les jours passent sans qu'il revienne. Pauline se rend à l'évidence et comprend que Napoléon l’a laissée derrière lui. Il l’a abandonnée purement et simplement. Pour bien l'en persuader, Napoléon ne lui écrit plus. Il ne répond pas à ses missives. Il n’est bien-sûr pas question pour elle de retourner auprès de son ex-mari. Pauline est pragmatique : il lui faut un nouveau protecteur. Ce sera Kleber, le nouveau commandant en chef des troupes de Napoléon en Egypte, dont elle devient rapidement la maîtresse. Par amour pour elle, Kléber mettra tout en œuvre pour permettre à Pauline de réaliser son plus cher désir : regagner la France.
Elle a bien la ferme intention de revoir Bonaparte.
... A SUIVRE !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Napoléon et les femmes
SUITE ...
À son retour d'Égypte, Bonaparte est bien résolu à divorcer, mais Joséphine rongée d'inquiétude avait raison de penser que ses enfants seraient son meilleur atout et sauraient fléchir leur beau-père en sa faveur . Leurs supplications ont si bien fait que, malgré la désapprobation du clan Bonaparte, Napoléon renonce finalement à se séparer de Joséphine, alors oui, certainement en partie par attachement pour Hortense et Eugène mais aussi, semble-t-il, écoutant les conseils de quelques proches, dont Barras, et puis parce que Napoléon aime encore et malgré tout cette épouse infidèle.
Dès le retour de Napoléon, Joséphine se retrouve, au cœur des intrigues et réunions politiques qui préparent le coup d'État du 18 Brumaire. Bien qu'elle soit proche des membres du pouvoir en place, et notamment les directeurs Barras et Gohier. Si son rôle demeure secondaire dans la préparation du coup d'État, elle accompagne Bonaparte dans chacune de ses sorties et active ses différents réseaux pour obtenir des informations.
François Bouchot, Le général Bonaparte au conseil des Cinq-Cents, à Saint-Cloud, le 10 novembre 1799
Musée national du château de Versailles
Image WIKI
Avec l'avènement du Consulat, Napoléon devient Premier consul en décembre 1799. Joséphine s'installe avec son mari au Palais du Luxembourg, comme une presque reine , elle à qui une vieille sorcière de son île natale avait prédit autrefois qu'elle serait un jour plus que reine... mais Bonaparte commence à donner des signes d'une mégalomanie qui, à terme, causera sa perte : ce logis est trop exigu, il prend finalement ses quartiers au château des Tuileries, à partir de février 1800, rien que ça ! Joséphine pourrait ne plus se sentir de bonheur, n'est-ce pas, au lieu de cela elle ne se plait guère aux Tuileries et préfère sa chère Malmaison, d'ailleurs Napoléon est complètement accaparé par la politique dont il s'évertue à l'écarter ... elle s'informe néanmoins par le biais de ses réseaux, notamment des ministres Talleyrand et Fouché.
Pour autant, le Premier Consul entend bien se servir de l'incomparable Joséphine comme ambassadrice de charme dans sa stratégie de course au pouvoir et afin d'affermir son emprise sur la société la plus huppée. Les membres du corps diplomatique sont tenus par le nouveau protocole de rendre des visites officielles à la « consulesse » comme l'appelle Pierre Branda. Voilà qui ressemble déjà à une nouvelle étiquette !
Par ailleurs, Joséphine intervient personnellement à de nombreuses reprises pour favoriser le retour de familles nobles exilées depuis la Révolution. Elle est proche des milieux royalistes, se montre favorable à une restauration des Bourbons : nous nous souvenons que, grâce à son intercession, Bonaparte reçoit ( mais éconduit ) la duchesse de Guiche qui vient plaider la cause du futur Louis XVIII . De même, Joséphine tente ( mais vainement ) de sauver le duc d'Enghien convaincu de complot contre Bonaparte .
À l'inverse, et contrairement à une idée jusqu'à aujourd'hui largement répandue, il est maintenant admis que son influence dans le rétablissement de l'esclavage dans les colonies françaises est négligeable.
Tandis que le pouvoir de Bonaparte s'étend de plus en plus, les rapports entre Joséphine et sa belle-famille ne cessent de se dégrader. Le clan Bonaparte voit d'un très mauvais oeil les largesses attribuées par Napoléon aux enfants du premier mariage de Joséphine. La question de la légitime hérédité devient le sujet d'affrontement le plus brûlant : puisque l'infertilité de Joséphine se pérennise, les frères de son mari cherchent à le convaincre de divorcer. Joséphine favorise alors le mariage de sa fille Hortense avec le frère cadet de Napoléon, Louis Bonaparte. Pauvre Hortense ! En adoptant les enfants à naître de Louis et Hortense, Joséphine et Napoléon tiendraient alors leur héritier naturel.
En voilà un calcul étrange ...
Nous avions laissé Bellilote en Egypte, telle Ariane à Naxos désespérée par la fuite en catimini de l'homme aimé ...
Pauline ne s'avoue pas vaincue. Elle tente de rentrer en France à bord du navire « America » . Le navire est intercepté par les Anglais, encore eux ! ben oui, sur les mers ils sont partout. Elle doit retourner à Alexandrie ; la jeune femme devra attendre plusieurs mois avant d’embarquer enfin sur un navire plus sûr. La voilà à Paris. Entre-temps Bonaparte est devenu Premier Consul. Qu'à cela ne tienne ! Pauline fait des pieds et des mains pour l'approcher , obtenir une entrevue ... bernique ... Désireux de se racheter une conduite exemplaire et soucieux, n'en doutons pas, de sa tranquillité personnelle, Bonaparte refuse de revoir Pauline . Il se contente de lui envoyer de l’argent et lui donne une maison à Belleville.
De plus il s’est réconcilié avec sa femme Joséphine, et il ne veut pas reprendre une liaison qui le compromettrait dans sa nouvelle position.
A SUIVRE ...
À son retour d'Égypte, Bonaparte est bien résolu à divorcer, mais Joséphine rongée d'inquiétude avait raison de penser que ses enfants seraient son meilleur atout et sauraient fléchir leur beau-père en sa faveur . Leurs supplications ont si bien fait que, malgré la désapprobation du clan Bonaparte, Napoléon renonce finalement à se séparer de Joséphine, alors oui, certainement en partie par attachement pour Hortense et Eugène mais aussi, semble-t-il, écoutant les conseils de quelques proches, dont Barras, et puis parce que Napoléon aime encore et malgré tout cette épouse infidèle.
Dès le retour de Napoléon, Joséphine se retrouve, au cœur des intrigues et réunions politiques qui préparent le coup d'État du 18 Brumaire. Bien qu'elle soit proche des membres du pouvoir en place, et notamment les directeurs Barras et Gohier. Si son rôle demeure secondaire dans la préparation du coup d'État, elle accompagne Bonaparte dans chacune de ses sorties et active ses différents réseaux pour obtenir des informations.
François Bouchot, Le général Bonaparte au conseil des Cinq-Cents, à Saint-Cloud, le 10 novembre 1799
Musée national du château de Versailles
Image WIKI
Avec l'avènement du Consulat, Napoléon devient Premier consul en décembre 1799. Joséphine s'installe avec son mari au Palais du Luxembourg, comme une presque reine , elle à qui une vieille sorcière de son île natale avait prédit autrefois qu'elle serait un jour plus que reine... mais Bonaparte commence à donner des signes d'une mégalomanie qui, à terme, causera sa perte : ce logis est trop exigu, il prend finalement ses quartiers au château des Tuileries, à partir de février 1800, rien que ça ! Joséphine pourrait ne plus se sentir de bonheur, n'est-ce pas, au lieu de cela elle ne se plait guère aux Tuileries et préfère sa chère Malmaison, d'ailleurs Napoléon est complètement accaparé par la politique dont il s'évertue à l'écarter ... elle s'informe néanmoins par le biais de ses réseaux, notamment des ministres Talleyrand et Fouché.
Pour autant, le Premier Consul entend bien se servir de l'incomparable Joséphine comme ambassadrice de charme dans sa stratégie de course au pouvoir et afin d'affermir son emprise sur la société la plus huppée. Les membres du corps diplomatique sont tenus par le nouveau protocole de rendre des visites officielles à la « consulesse » comme l'appelle Pierre Branda. Voilà qui ressemble déjà à une nouvelle étiquette !
Par ailleurs, Joséphine intervient personnellement à de nombreuses reprises pour favoriser le retour de familles nobles exilées depuis la Révolution. Elle est proche des milieux royalistes, se montre favorable à une restauration des Bourbons : nous nous souvenons que, grâce à son intercession, Bonaparte reçoit ( mais éconduit ) la duchesse de Guiche qui vient plaider la cause du futur Louis XVIII . De même, Joséphine tente ( mais vainement ) de sauver le duc d'Enghien convaincu de complot contre Bonaparte .
À l'inverse, et contrairement à une idée jusqu'à aujourd'hui largement répandue, il est maintenant admis que son influence dans le rétablissement de l'esclavage dans les colonies françaises est négligeable.
Tandis que le pouvoir de Bonaparte s'étend de plus en plus, les rapports entre Joséphine et sa belle-famille ne cessent de se dégrader. Le clan Bonaparte voit d'un très mauvais oeil les largesses attribuées par Napoléon aux enfants du premier mariage de Joséphine. La question de la légitime hérédité devient le sujet d'affrontement le plus brûlant : puisque l'infertilité de Joséphine se pérennise, les frères de son mari cherchent à le convaincre de divorcer. Joséphine favorise alors le mariage de sa fille Hortense avec le frère cadet de Napoléon, Louis Bonaparte. Pauvre Hortense ! En adoptant les enfants à naître de Louis et Hortense, Joséphine et Napoléon tiendraient alors leur héritier naturel.
En voilà un calcul étrange ...
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Nous avions laissé Bellilote en Egypte, telle Ariane à Naxos désespérée par la fuite en catimini de l'homme aimé ...
Pauline ne s'avoue pas vaincue. Elle tente de rentrer en France à bord du navire « America » . Le navire est intercepté par les Anglais, encore eux ! ben oui, sur les mers ils sont partout. Elle doit retourner à Alexandrie ; la jeune femme devra attendre plusieurs mois avant d’embarquer enfin sur un navire plus sûr. La voilà à Paris. Entre-temps Bonaparte est devenu Premier Consul. Qu'à cela ne tienne ! Pauline fait des pieds et des mains pour l'approcher , obtenir une entrevue ... bernique ... Désireux de se racheter une conduite exemplaire et soucieux, n'en doutons pas, de sa tranquillité personnelle, Bonaparte refuse de revoir Pauline . Il se contente de lui envoyer de l’argent et lui donne une maison à Belleville.
De plus il s’est réconcilié avec sa femme Joséphine, et il ne veut pas reprendre une liaison qui le compromettrait dans sa nouvelle position.
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A SUIVRE ...
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Re: Napoléon et les femmes
SUITE ...
Le 18 mai 1804, le Sénat vote l'instauration du gouvernement impérial, proclamant Napoléon empereur héréditaire des Français.
Napoléon décide de se faire sacrer le 2 décembre 1804. Au grand dam de sa famille, il choisit de couronner également Joséphine lors de cette cérémonie dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Elle devient la première souveraine française à recevoir cet honneur depuis Marie de Médicis en 1610. Pour le clan Bonaparte, l'humiliation est totale puisque les trois sœurs de Napoléon sont contraintes de soutenir le manteau de l'impératrice pendant la cérémonie.
Et ce n'est pas tout ! Avant la cérémonie, Joséphine avait glissé dans l'oreille de Pie VII venu de Rome pour assister au sacre qu'elle n'est mariée que civilement avec l'empereur, celui-ci s'étant toujours opposé au mariage religieux. Le sang du Saint Père n'avait fait qu'un tour. Il avait annoncé immédiatement à Napoléon son refus de consacrer une union républicaine. Le mariage religieux fut donc célébré en urgence aux Tuileries à la veille même du sacre.
Ouf ! Le spectre du divorce s'éloigne sensiblement.
Le couronnement de Joséphine renforce le prestige et le cérémonial qui entoure sa fonction. Elle bénéficie dès lors d'une Maison de l'impératrice, rassemblant quarante-trois officiers et directement rattachée à la Maison de l'Empereur. Dans les préséances à la Cour, Napoléon et son épouse sont traités sur le même pied, mais celle-ci doit se tenir à l'écart de tout sujet politique.
Napoléon a son idée bien arrêtée sur la question :
« Nous autres peuples d’Occident, nous avons tout gâté en traitant les femmes trop bien […] Elles ne doivent pas être regardées comme les égales des hommes, et ne sont, en réalité, que des machines à faire des enfants […] Il vaut mieux qu’elles travaillent de l’aiguille que de la langue. »
... glups !
Mais, comme sous le Consulat, Joséphine use abondamment de son pouvoir non officiel de nomination pour faciliter la carrière d'un nombre conséquent de ses amis.
Faut-il préciser que son train de vie est absolument fastueux ? ... les robes, souliers, bijoux, colifichets, parfums, accessoires, extravagances de toutes sortes ... nous en parlions dernièrement, les comptes sont formels : Joséphine est beaucoup plus dépensière que Marie-Antoinette !
La Malmaison reste sa préférence et l'impératrice ne regarde pas à la dépense pour l'installer à son goût . Le mobilier est inspiré de l'antique et les drapés, opulents ou arachnéens, sont du dernier chic .
Comme la vie serait douce douce sans ce fichu problème de stérilité qui empoisonne Joséphine et devient de plus en plus une affaire d'État au fur et à mesure que Napoléon renforce son pouvoir. Il est obsédé maintenant par le désir de fonder une dynastie.
Joséphine serait-elle à présent trop vieille pour procréer ? Et si c'était lui qui ne pouvait pas avoir d'enfant ?! Cette question le taraude .
Or, coup de théâtre ! voici qu'en décembre 1806, Napoléon apprend qu'il a un fils ! Nous savons qu'un nombre conséquent de maîtresses a succédé à Bellilote entre ses bras. Napoléon est un amant compulsif, très mauvais amant d'ailleurs, et hop ! à la hussarde, parfois sans même ôter ses bottes .
Du moins le dit-on.
C'est d'autant plus choquant que son Code Civil édictera deux poids deux mesures en matière d'adultère : la femme vit sous la tutelle du mari qui peut l’envoyer en prison, si elle le trompe. L’homme adultère sera puni d’une simple amende. Même inégalité de traitement en matière de divorce : pour l’obtenir, la femme doit établir que son époux a établi sa concubine au foyer commun.
Mais revenons à nos moutons ... Bonaparte aurait donc fait mouche ?! oups, pardon . fait souche ?!
Louise Catherine Éléonore Denuelle de La Plaigne
est la fille d'un bourgeois parisien, titulaire de plusieurs charges royales, qu’il perd lors de la Révolution. Issue d'une bonne famille donc, elle est admise au pensionnat de Madame Campan, où elle fait la connaissance des sœurs de Napoléon. Les jeunes-filles se lient d'amitié .
Le 15 janvier 1805, Eléonore épouse un certain Revel, capitaine au 15e régiment de dragons. Mauvaise pioche ! En réalité, Revel est un aventurier et un escroc bientôt arrêté et condamné à deux ans de prison. Le couple se sépare .
Caroline Murat, devenue princesse Murat et altesse impériale prend alors son amie à son service comme lectrice. Très vite, Éléonore devient la maîtresse du mari de sa bienfaitrice, puis, sur la recommandation de ce dernier , de l'empereur en personne.
Le 13 décembre 1806, sept mois et demi après le prononcé de son divorce, Éléonore met au monde un fils, Charles Léon. Le père est Napoléon, qui est informé de l’événement le 30 décembre 1806, à Pułtusk. Éléonore ne reverra pourtant jamais le père de son enfant. Lorsqu’elle se présentera au château de Fontainebleau, l’année suivante, l'empereur refusera de la recevoir.
La jeune mère est cependant pourvue d’une rente annuelle confortable et d’un mari honorable cette fois en la personne d’un jeune lieutenant au 15e régiment d'infanterie de ligne, Pierre-Philippe Augier de la Sauzaye. Le mariage, richement doté, a lieu le 4 février 1808, à la mairie du 10ème arrondissement ancien de Paris.
L'enfant s'appellera Charles Léon . L'empereur lui choisit ce nom, « Léon », pour ne pas l'appeler clairement « Napoléon », et il est bientôt appelé communément le « comte Léon ».
Léon sera élevé loin de la cour impériale mais sous la protection de son père. Il ne manquait d'ailleurs jamais de rappeler de qui il était le fils, ce qu'on ne pouvait mettre en doute, au vu de sa très grande ressemblance avec l'Empereur.
En l’absence de son père et de sa mère (qui a refait sa vie en Bavière), Charles-Léon avait été confié à un tuteur et élevé dans l’ignorance de sa filiation. Il l'apprit bien assez tôt pour en saouler tout son entourage.
Surnommé « le bâtard infernal » à cause de ses revendications, parmi lesquelles la demande de porter le titre de « prince », Charles Léon devint vite gênant pour la famille impériale. Dans son testament, Napoléon Ier lui avait accordé une rente pour son entrée dans la magistrature et 320 000 francs pour l’achat d’une terre. Mais le fils de l’Empereur, plus porté au plaisir qu’au travail, n’occupera jamais de hautes fonctions.
Pour l'écarter de Paris, Napoléon III lui proposa même d'obtenir une pension impériale. Dans un premier temps, il accepta cette condition, mais très vite, voulant rendre hommage à l'image de son père, il retourne à Paris et fait une dernière revendication pour obtenir le droit de porter le nom de « Bonaparte ». Elle lui est refusée, comme à ses descendants également est refusé de revendiquer ce nom ainsi que l'héritage impérial.
Le comte Léon dans les dernières années de sa vie :
Cette paternité est une révélation pour Napoléon . Il peut donc procréer ! fonder une dynastie ! L'idée de répudier Joséphine s'insinue et se précise de plus en plus dans son esprit, ne lui laissant plus de repos .
La position de Joséphine devient d'autant plus fragile que le petit Napoléon-Charles, enfant tant désiré d'Hortense et Louis Bonaparte, considéré implicitement comme l'héritier du trône impérial, meurt du croup le 5 mai suivant.
Désormais convaincu de sa capacité d'être père, Napoléon souhaite un héritier de son sang : un divorce pour raison d'État semble inéluctable.
A SUIVRE ...
Le 18 mai 1804, le Sénat vote l'instauration du gouvernement impérial, proclamant Napoléon empereur héréditaire des Français.
Napoléon décide de se faire sacrer le 2 décembre 1804. Au grand dam de sa famille, il choisit de couronner également Joséphine lors de cette cérémonie dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Elle devient la première souveraine française à recevoir cet honneur depuis Marie de Médicis en 1610. Pour le clan Bonaparte, l'humiliation est totale puisque les trois sœurs de Napoléon sont contraintes de soutenir le manteau de l'impératrice pendant la cérémonie.
Et ce n'est pas tout ! Avant la cérémonie, Joséphine avait glissé dans l'oreille de Pie VII venu de Rome pour assister au sacre qu'elle n'est mariée que civilement avec l'empereur, celui-ci s'étant toujours opposé au mariage religieux. Le sang du Saint Père n'avait fait qu'un tour. Il avait annoncé immédiatement à Napoléon son refus de consacrer une union républicaine. Le mariage religieux fut donc célébré en urgence aux Tuileries à la veille même du sacre.
Ouf ! Le spectre du divorce s'éloigne sensiblement.
Le couronnement de Joséphine renforce le prestige et le cérémonial qui entoure sa fonction. Elle bénéficie dès lors d'une Maison de l'impératrice, rassemblant quarante-trois officiers et directement rattachée à la Maison de l'Empereur. Dans les préséances à la Cour, Napoléon et son épouse sont traités sur le même pied, mais celle-ci doit se tenir à l'écart de tout sujet politique.
Napoléon a son idée bien arrêtée sur la question :
« Nous autres peuples d’Occident, nous avons tout gâté en traitant les femmes trop bien […] Elles ne doivent pas être regardées comme les égales des hommes, et ne sont, en réalité, que des machines à faire des enfants […] Il vaut mieux qu’elles travaillent de l’aiguille que de la langue. »
... glups !
Mais, comme sous le Consulat, Joséphine use abondamment de son pouvoir non officiel de nomination pour faciliter la carrière d'un nombre conséquent de ses amis.
Faut-il préciser que son train de vie est absolument fastueux ? ... les robes, souliers, bijoux, colifichets, parfums, accessoires, extravagances de toutes sortes ... nous en parlions dernièrement, les comptes sont formels : Joséphine est beaucoup plus dépensière que Marie-Antoinette !
La Malmaison reste sa préférence et l'impératrice ne regarde pas à la dépense pour l'installer à son goût . Le mobilier est inspiré de l'antique et les drapés, opulents ou arachnéens, sont du dernier chic .
Comme la vie serait douce douce sans ce fichu problème de stérilité qui empoisonne Joséphine et devient de plus en plus une affaire d'État au fur et à mesure que Napoléon renforce son pouvoir. Il est obsédé maintenant par le désir de fonder une dynastie.
Joséphine serait-elle à présent trop vieille pour procréer ? Et si c'était lui qui ne pouvait pas avoir d'enfant ?! Cette question le taraude .
__________________
Or, coup de théâtre ! voici qu'en décembre 1806, Napoléon apprend qu'il a un fils ! Nous savons qu'un nombre conséquent de maîtresses a succédé à Bellilote entre ses bras. Napoléon est un amant compulsif, très mauvais amant d'ailleurs, et hop ! à la hussarde, parfois sans même ôter ses bottes .
Du moins le dit-on.
C'est d'autant plus choquant que son Code Civil édictera deux poids deux mesures en matière d'adultère : la femme vit sous la tutelle du mari qui peut l’envoyer en prison, si elle le trompe. L’homme adultère sera puni d’une simple amende. Même inégalité de traitement en matière de divorce : pour l’obtenir, la femme doit établir que son époux a établi sa concubine au foyer commun.
Mais revenons à nos moutons ... Bonaparte aurait donc fait mouche ?! oups, pardon . fait souche ?!
Louise Catherine Éléonore Denuelle de La Plaigne
est la fille d'un bourgeois parisien, titulaire de plusieurs charges royales, qu’il perd lors de la Révolution. Issue d'une bonne famille donc, elle est admise au pensionnat de Madame Campan, où elle fait la connaissance des sœurs de Napoléon. Les jeunes-filles se lient d'amitié .
Le 15 janvier 1805, Eléonore épouse un certain Revel, capitaine au 15e régiment de dragons. Mauvaise pioche ! En réalité, Revel est un aventurier et un escroc bientôt arrêté et condamné à deux ans de prison. Le couple se sépare .
Caroline Murat, devenue princesse Murat et altesse impériale prend alors son amie à son service comme lectrice. Très vite, Éléonore devient la maîtresse du mari de sa bienfaitrice, puis, sur la recommandation de ce dernier , de l'empereur en personne.
Le 13 décembre 1806, sept mois et demi après le prononcé de son divorce, Éléonore met au monde un fils, Charles Léon. Le père est Napoléon, qui est informé de l’événement le 30 décembre 1806, à Pułtusk. Éléonore ne reverra pourtant jamais le père de son enfant. Lorsqu’elle se présentera au château de Fontainebleau, l’année suivante, l'empereur refusera de la recevoir.
La jeune mère est cependant pourvue d’une rente annuelle confortable et d’un mari honorable cette fois en la personne d’un jeune lieutenant au 15e régiment d'infanterie de ligne, Pierre-Philippe Augier de la Sauzaye. Le mariage, richement doté, a lieu le 4 février 1808, à la mairie du 10ème arrondissement ancien de Paris.
L'enfant s'appellera Charles Léon . L'empereur lui choisit ce nom, « Léon », pour ne pas l'appeler clairement « Napoléon », et il est bientôt appelé communément le « comte Léon ».
Léon sera élevé loin de la cour impériale mais sous la protection de son père. Il ne manquait d'ailleurs jamais de rappeler de qui il était le fils, ce qu'on ne pouvait mettre en doute, au vu de sa très grande ressemblance avec l'Empereur.
En l’absence de son père et de sa mère (qui a refait sa vie en Bavière), Charles-Léon avait été confié à un tuteur et élevé dans l’ignorance de sa filiation. Il l'apprit bien assez tôt pour en saouler tout son entourage.
Surnommé « le bâtard infernal » à cause de ses revendications, parmi lesquelles la demande de porter le titre de « prince », Charles Léon devint vite gênant pour la famille impériale. Dans son testament, Napoléon Ier lui avait accordé une rente pour son entrée dans la magistrature et 320 000 francs pour l’achat d’une terre. Mais le fils de l’Empereur, plus porté au plaisir qu’au travail, n’occupera jamais de hautes fonctions.
Pour l'écarter de Paris, Napoléon III lui proposa même d'obtenir une pension impériale. Dans un premier temps, il accepta cette condition, mais très vite, voulant rendre hommage à l'image de son père, il retourne à Paris et fait une dernière revendication pour obtenir le droit de porter le nom de « Bonaparte ». Elle lui est refusée, comme à ses descendants également est refusé de revendiquer ce nom ainsi que l'héritage impérial.
Le comte Léon dans les dernières années de sa vie :
Cette paternité est une révélation pour Napoléon . Il peut donc procréer ! fonder une dynastie ! L'idée de répudier Joséphine s'insinue et se précise de plus en plus dans son esprit, ne lui laissant plus de repos .
La position de Joséphine devient d'autant plus fragile que le petit Napoléon-Charles, enfant tant désiré d'Hortense et Louis Bonaparte, considéré implicitement comme l'héritier du trône impérial, meurt du croup le 5 mai suivant.
Désormais convaincu de sa capacité d'être père, Napoléon souhaite un héritier de son sang : un divorce pour raison d'État semble inéluctable.
A SUIVRE ...
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Re: Napoléon et les femmes
C'était fatal, la raison d’état doit l’emporter sur l’amour ( surtout quand on s'appelle Napoléon ) . Le jeudi 30 novembre 1809, lors d’un dîner à Fontainebleau, l'empereur annonce tout à trac à Joséphine sa décision irrévocable de divorcer.
Elle s'effondre.
Cris, larmes, supplications sont vains : Napoléon est inflexible cette fois. Lors de cette scène terriblement douloureuse, déchiré entre compassion et exaspération, il cache difficilement son chagrin. Quand Bosset, son chambellan, prend Joséphine sans connaissance dans ses bras pour la transporter à ses appartements, elle lui chuchote à l’oreille : « Vous me serrez trop fort ! »
Le divorce est prononcé le 15 décembre 1809, dans le cabinet des Tuileries. Toute la famille Bonaparte est là, comme le précise Cambacérès : S.M. l'Empereur et Roi avec S.M. l'Impératrice, et accompagnés de LL.MM. les rois de Hollande, de Westphalie et de Naples, de S.A.I. le prince vice-roi, des reines d'Espagne, de Hollande, de Westphalie et de Naples, et de S.A.I. la princesse Pauline.
L'Empereur leur adresse la parole en ces termes :
« Mon cousin le prince archichancelier, je vous ai expédié une lettre close, en date de ce jour, pour vous ordonner de vous rendre dans mon cabinet, afin de vous faire connaître la résolution que moi et l'Impératrice, ma très chère épouse, nous avons prise. J'ai été bien aise que les rois, reines et princesses, mes frères et sœurs, beaux-frères et belles-sœurs, ma belle-fille et mon beau-fils devenu mon fils d'adoption, ainsi que ma mère, fussent présents à ce que j'avais à vous faire connaître. La politique de ma monarchie, l'intérêt et le besoin de mes peuples, qui ont constamment guidé toutes mes actions, veulent qu'après mois je laisse à des enfants, héritiers de mon amour pour mes peuples, ce trône où la Providence m'a placé. Cependant, depuis plusieurs années, j'ai perdu l'espérance d'avoir des enfants de mon mariage avec ma bien-aimée épouse l'Impératrice Joséphine; c'est ce qui me porte à sacrifier les plus douces affections de mon cœur, à n'écouter que le bien de l'Etat, et à vouloir la dissolution de notre mariage.
Parvenu à l'âge de quarante ans, je puis concevoir l'espérance de vivre assez pour élever dans mon esprit et dans ma pensée les enfants qu'il plaira à la Providence de me donner. Dieu sait combien une pareille résolution a coûté à mon cœur, mais il n'est aucun sacrifice qui soit au-dessus de mon courage, lorsqu'il m'est démontré qu'il est utile au bien de la France. J'ai le besoin d'ajouter que loin d'avoir jamais eu à me plaindre, je n'ai jamais eu qu'à me louer de l'attachement et de la tendresse de ma bien-aimée épouse : elle a embelli quinze ans de ma vie; le souvenir en restera toujours gravé dans mon cœur. Elle a été couronnée de ma main; je veux qu'elle conserve le rang et le titre d'Impératrice, mais surtout qu'elle ne doute jamais de mes sentiments et qu'elle me tienne toujours pour son meilleur et son plus cher ami. »
A quoi Joséphine répond : :
« Avec la permission de notre auguste et cher époux, je dois déclarer que ne conservant aucun espoir d'avoir des enfants qui puissent satisfaire les besoins de sa politique et l'intérêt de la France, je me plais à lui donner la plus grande preuve d'attachement et de dévouement qui ait jamais été donnée sur la terre. Je tiens tout de ses bontés ; c'est sa main qui m'a couronnée, et du haut de ce trône, je n'ai reçu que des témoignages d'affection et d'amour du peuple français.
Je crois reconnaître tous ces sentiments en consentant à la dissolution d'un mariage qui désormais est un obstacle au bien de la France, qui la prive du bonheur d'être un jour gouvernée par les descendants d'un grand homme si évidemment suscité par la Providence pour effacer les maux d'une terrible révolution et rétablir l'autel, le trône, et l'ordre social. Mais la dissolution de mon mariage ne changera rien aux sentiments de mon cœur : l'empereur aura toujours en moi sa meilleure amie. Je sais combien cet acte commandé par la politique et par de si grands intérêts a froissé son cœur ; mais l'un et l'autre nous sommes glorieux du sacrifice que nous faisons au bien de la patrie.
JOSEPHINE, le 15 décembre 1809. »
Napoléon permet néanmoins à Joséphine de conserver le titre d’impératrice douairière. Il lui donne le palais de l'Élysée, son château de la Malmaison et son domaine de 800 hectares, ainsi que le château de Navarre près d'Évreux. Elle est faite duchesse de Navarre par lettres patentes impériales signées le 9 avril 1810.
Joséphine se retire d'abord au château de Navarre, puis au château de Malmaison.
A SUIVRE ...
Elle s'effondre.
Cris, larmes, supplications sont vains : Napoléon est inflexible cette fois. Lors de cette scène terriblement douloureuse, déchiré entre compassion et exaspération, il cache difficilement son chagrin. Quand Bosset, son chambellan, prend Joséphine sans connaissance dans ses bras pour la transporter à ses appartements, elle lui chuchote à l’oreille : « Vous me serrez trop fort ! »
Le divorce est prononcé le 15 décembre 1809, dans le cabinet des Tuileries. Toute la famille Bonaparte est là, comme le précise Cambacérès : S.M. l'Empereur et Roi avec S.M. l'Impératrice, et accompagnés de LL.MM. les rois de Hollande, de Westphalie et de Naples, de S.A.I. le prince vice-roi, des reines d'Espagne, de Hollande, de Westphalie et de Naples, et de S.A.I. la princesse Pauline.
L'Empereur leur adresse la parole en ces termes :
« Mon cousin le prince archichancelier, je vous ai expédié une lettre close, en date de ce jour, pour vous ordonner de vous rendre dans mon cabinet, afin de vous faire connaître la résolution que moi et l'Impératrice, ma très chère épouse, nous avons prise. J'ai été bien aise que les rois, reines et princesses, mes frères et sœurs, beaux-frères et belles-sœurs, ma belle-fille et mon beau-fils devenu mon fils d'adoption, ainsi que ma mère, fussent présents à ce que j'avais à vous faire connaître. La politique de ma monarchie, l'intérêt et le besoin de mes peuples, qui ont constamment guidé toutes mes actions, veulent qu'après mois je laisse à des enfants, héritiers de mon amour pour mes peuples, ce trône où la Providence m'a placé. Cependant, depuis plusieurs années, j'ai perdu l'espérance d'avoir des enfants de mon mariage avec ma bien-aimée épouse l'Impératrice Joséphine; c'est ce qui me porte à sacrifier les plus douces affections de mon cœur, à n'écouter que le bien de l'Etat, et à vouloir la dissolution de notre mariage.
Parvenu à l'âge de quarante ans, je puis concevoir l'espérance de vivre assez pour élever dans mon esprit et dans ma pensée les enfants qu'il plaira à la Providence de me donner. Dieu sait combien une pareille résolution a coûté à mon cœur, mais il n'est aucun sacrifice qui soit au-dessus de mon courage, lorsqu'il m'est démontré qu'il est utile au bien de la France. J'ai le besoin d'ajouter que loin d'avoir jamais eu à me plaindre, je n'ai jamais eu qu'à me louer de l'attachement et de la tendresse de ma bien-aimée épouse : elle a embelli quinze ans de ma vie; le souvenir en restera toujours gravé dans mon cœur. Elle a été couronnée de ma main; je veux qu'elle conserve le rang et le titre d'Impératrice, mais surtout qu'elle ne doute jamais de mes sentiments et qu'elle me tienne toujours pour son meilleur et son plus cher ami. »
A quoi Joséphine répond : :
« Avec la permission de notre auguste et cher époux, je dois déclarer que ne conservant aucun espoir d'avoir des enfants qui puissent satisfaire les besoins de sa politique et l'intérêt de la France, je me plais à lui donner la plus grande preuve d'attachement et de dévouement qui ait jamais été donnée sur la terre. Je tiens tout de ses bontés ; c'est sa main qui m'a couronnée, et du haut de ce trône, je n'ai reçu que des témoignages d'affection et d'amour du peuple français.
Je crois reconnaître tous ces sentiments en consentant à la dissolution d'un mariage qui désormais est un obstacle au bien de la France, qui la prive du bonheur d'être un jour gouvernée par les descendants d'un grand homme si évidemment suscité par la Providence pour effacer les maux d'une terrible révolution et rétablir l'autel, le trône, et l'ordre social. Mais la dissolution de mon mariage ne changera rien aux sentiments de mon cœur : l'empereur aura toujours en moi sa meilleure amie. Je sais combien cet acte commandé par la politique et par de si grands intérêts a froissé son cœur ; mais l'un et l'autre nous sommes glorieux du sacrifice que nous faisons au bien de la patrie.
JOSEPHINE, le 15 décembre 1809. »
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Napoléon permet néanmoins à Joséphine de conserver le titre d’impératrice douairière. Il lui donne le palais de l'Élysée, son château de la Malmaison et son domaine de 800 hectares, ainsi que le château de Navarre près d'Évreux. Elle est faite duchesse de Navarre par lettres patentes impériales signées le 9 avril 1810.
Joséphine se retire d'abord au château de Navarre, puis au château de Malmaison.
A SUIVRE ...
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Re: Napoléon et les femmes
Napoléon est au faîte de sa gloire.
De 1792 à 1815, sept coalitions s'étaient formées contre la France, incluant à chaque fois le Royaume-Uni.
Pendant les guerres de la Révolution française, la France avait vaincu la Première Coalition, puis, sous le Consulat, Bonaparte avait défait la Deuxième Coalition. Devenu empereur, Napoléon avait battu l'Autriche et la Russie lors de la troisième ( Ulm, Austerlitz), et puis la Prusse et la Russie lors de la quatrième ( Iéna, Eylau, Friedland), puis l'Autriche seule lors de la Cinquième Coalition ( Wagram). Mais tandis que la Grande Armée triomphait en Europe centrale, elle s'enlisait dans une longue guerre d'occupation en Espagne.
L'Angleterre domine les mers à partir de la bataille de Trafalgar.
Mais, sur terre, c 'est Napoléon qui domine.
Sur le plan militaire et politique, il n'a fait qu'une bouchée de l'Europe.
Sur le plan privé, nous l'avons vu, son mariage d'amour avec Joséphine a tourné au fiasco, l'impératrice ne pouvant lui donner de descendance.
Disons-le crûment : Napoléon cherche un ventre . D'ailleurs, ce sont ses propres termes .
Il a officiellement demandé la main de la jeune soeur du tsar. Mais Alexandre Ier tergiverse au moment même où voici que Metternich, ministre des Affaires étrangères autrichien, propose la main de l'archiduchesse Marie-Louise, fille de l'empereur François Ier !
Fouché - qui a été régicide - est hostile à ce mariage autrichien qui peut apparaître comme l'expiation du sort réservé en 1793 à Marie-Antoinette. Marie-Louise est la petite-nièce par alliance de Louis XVI .
N'importe ! c'est décidé : Napoléon, après avoir un peu hésité pour la forme, choisit de s'unir avec la descendante des Habsbourg.
Marie-Louise Léopoldine Françoise Thérèse Josèphe Lucie de Habsbourg-Lorraine, née le 12 décembre 1791 à Vienne au palais de la Hofburg, est la fille aînée de François II, empereur d’Autriche et de Marie-Thérèse de Bourbon-Sicile , elle est l’arrière-petite-fille de la grande impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, et la petite-nièce de Marie-Antoinette.
Son mariage avec Napoléon n’a d’autre but que politique, celui de créer une alliance entre l’Autriche et la France. Il apparaît surtout comme une nécessité dynastique. Une nouvelle impératrice pourra enfin donner un héritier à l’Empire français.
Légende de l'estampe :
DEMANDE SOLEMNELLE DE LA MAIN DE MARIE-LOUISE D'AUTRICHE POUR L'EMPEREUR NAPOLEON
Le sept mars 1810 à six heures du soir, le Prince de Neufchatel, Ambassadeur de France à Vienne, demanda pour S. M. l'Empereur Napoléon la main de l'Archiduchesse Marie Louise. S.M. l'Empereur d'Autriche ayant répondu favorablement à cette demande, l'Archiduchesse que son père avait mandée entra et prit place à sa gauche. Alors l'Ambassadeur lui présenta la lettre et le portrait de S.M. l'Empereur Napoléon. Elle fit lecture de la lettre et consentit à la demande qui était faite de sa main, ensuite elle fit attacher le portrait à une chaine d'or qu'elle avait au col et le mit dans son sein. (sic)
A Paris chez Basset Md d'estampes et fabricant de papiers peints, rue Saint-Jacques au coin de celle des Mathurins, n°64
Rappelons que Marie-Louise avait toujours professé une parfaite horreur de Napoléon qu'elle appelait " le cancrelat ".
Légende de la carte postale :
La première entrevue de Napoléon et de Marie-Louise devait se faire à Compiègne, mais dans son impatience de voir sa femme, il vient au devant d'elle avec Murat et au relai de Corneille, trempé de pluie, se fait annoncer, monte dans la voiture et l'embrasse.
La version, plus réaliste, de Cavanna :
Rappelons le mot du prince de Ligne:
« L’Autriche fit au Minotaure le sacrifice d’une belle génisse. »
La cérémonie a lieu le 1er avril 1810 et Napoléon manifeste tant de hâte qu’on parle d’un enlèvement, plus que d’un mariage. La cérémonie religieuse a lieu le 2 avril. Marie-Louise a 18 ans. Napoléon vit une lune de miel de trois semaines qui le comble :
« Je suis allé vers elle et elle fit tout en riant. Elle a ri toute la nuit ».
Le lendemain matin, béat, il glisse à son aide de camp Savary :
« Mon cher, épousez une Allemande, ce sont les meilleures femmes du monde, douces, bonnes, naïves et fraîches comme des roses ! ».
Sait-il que, dans la lointaine Pologne, une jeune-femme qu'il a aimée ( une de plus ) , Marie Walewska, bien connue comme la " femme polonaise de Napoléon ", est sur le point d'accoucher ? Le 4 mai 1810, elle donnera le jour à un fils, celui de l'empereur, Alexandre Walewski.
A SUIVRE ... Marie Walewska
De 1792 à 1815, sept coalitions s'étaient formées contre la France, incluant à chaque fois le Royaume-Uni.
Pendant les guerres de la Révolution française, la France avait vaincu la Première Coalition, puis, sous le Consulat, Bonaparte avait défait la Deuxième Coalition. Devenu empereur, Napoléon avait battu l'Autriche et la Russie lors de la troisième ( Ulm, Austerlitz), et puis la Prusse et la Russie lors de la quatrième ( Iéna, Eylau, Friedland), puis l'Autriche seule lors de la Cinquième Coalition ( Wagram). Mais tandis que la Grande Armée triomphait en Europe centrale, elle s'enlisait dans une longue guerre d'occupation en Espagne.
L'Angleterre domine les mers à partir de la bataille de Trafalgar.
Mais, sur terre, c 'est Napoléon qui domine.
Sur le plan militaire et politique, il n'a fait qu'une bouchée de l'Europe.
Sur le plan privé, nous l'avons vu, son mariage d'amour avec Joséphine a tourné au fiasco, l'impératrice ne pouvant lui donner de descendance.
Disons-le crûment : Napoléon cherche un ventre . D'ailleurs, ce sont ses propres termes .
Il a officiellement demandé la main de la jeune soeur du tsar. Mais Alexandre Ier tergiverse au moment même où voici que Metternich, ministre des Affaires étrangères autrichien, propose la main de l'archiduchesse Marie-Louise, fille de l'empereur François Ier !
Fouché - qui a été régicide - est hostile à ce mariage autrichien qui peut apparaître comme l'expiation du sort réservé en 1793 à Marie-Antoinette. Marie-Louise est la petite-nièce par alliance de Louis XVI .
N'importe ! c'est décidé : Napoléon, après avoir un peu hésité pour la forme, choisit de s'unir avec la descendante des Habsbourg.
Marie-Louise Léopoldine Françoise Thérèse Josèphe Lucie de Habsbourg-Lorraine, née le 12 décembre 1791 à Vienne au palais de la Hofburg, est la fille aînée de François II, empereur d’Autriche et de Marie-Thérèse de Bourbon-Sicile , elle est l’arrière-petite-fille de la grande impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, et la petite-nièce de Marie-Antoinette.
Son mariage avec Napoléon n’a d’autre but que politique, celui de créer une alliance entre l’Autriche et la France. Il apparaît surtout comme une nécessité dynastique. Une nouvelle impératrice pourra enfin donner un héritier à l’Empire français.
Légende de l'estampe :
DEMANDE SOLEMNELLE DE LA MAIN DE MARIE-LOUISE D'AUTRICHE POUR L'EMPEREUR NAPOLEON
Le sept mars 1810 à six heures du soir, le Prince de Neufchatel, Ambassadeur de France à Vienne, demanda pour S. M. l'Empereur Napoléon la main de l'Archiduchesse Marie Louise. S.M. l'Empereur d'Autriche ayant répondu favorablement à cette demande, l'Archiduchesse que son père avait mandée entra et prit place à sa gauche. Alors l'Ambassadeur lui présenta la lettre et le portrait de S.M. l'Empereur Napoléon. Elle fit lecture de la lettre et consentit à la demande qui était faite de sa main, ensuite elle fit attacher le portrait à une chaine d'or qu'elle avait au col et le mit dans son sein. (sic)
A Paris chez Basset Md d'estampes et fabricant de papiers peints, rue Saint-Jacques au coin de celle des Mathurins, n°64
Rappelons que Marie-Louise avait toujours professé une parfaite horreur de Napoléon qu'elle appelait " le cancrelat ".
Légende de la carte postale :
La première entrevue de Napoléon et de Marie-Louise devait se faire à Compiègne, mais dans son impatience de voir sa femme, il vient au devant d'elle avec Murat et au relai de Corneille, trempé de pluie, se fait annoncer, monte dans la voiture et l'embrasse.
La version, plus réaliste, de Cavanna :
Rappelons le mot du prince de Ligne:
« L’Autriche fit au Minotaure le sacrifice d’une belle génisse. »
La cérémonie a lieu le 1er avril 1810 et Napoléon manifeste tant de hâte qu’on parle d’un enlèvement, plus que d’un mariage. La cérémonie religieuse a lieu le 2 avril. Marie-Louise a 18 ans. Napoléon vit une lune de miel de trois semaines qui le comble :
« Je suis allé vers elle et elle fit tout en riant. Elle a ri toute la nuit ».
Le lendemain matin, béat, il glisse à son aide de camp Savary :
« Mon cher, épousez une Allemande, ce sont les meilleures femmes du monde, douces, bonnes, naïves et fraîches comme des roses ! ».
Sait-il que, dans la lointaine Pologne, une jeune-femme qu'il a aimée ( une de plus ) , Marie Walewska, bien connue comme la " femme polonaise de Napoléon ", est sur le point d'accoucher ? Le 4 mai 1810, elle donnera le jour à un fils, celui de l'empereur, Alexandre Walewski.
A SUIVRE ... Marie Walewska
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Re: Napoléon et les femmes
Sait-il que, dans la lointaine Pologne, une jeune-femme qu'il a aimée ( une de plus ) , Marie Walewska, bien connue comme la " femme polonaise de Napoléon ", est sur le point d'accoucher ?
Eh bien oui, il le sait .
Mais n'anticipons pas ...
En 1805, Napoléon avait dû abandonner ses projets de débarquement en Angleterre, mais à la mi-août, il avait décidé de lever le camp de Boulogne et de retourner la Grande Armée contre les Autrichiens pour les mettre hors de combat avant l'arrivée des renforts russes :
Napoléon Bonaparte recevant les clés de Vienne au château de Schönbrunn, 13 novembre 1805
Anne Louis Girodet de Roucy Trioson
En janvier 1807, Napoléon a terrassé les Prussiens; il les a impitoyablement poursuivis. Il a pris Berlin sur sa lancée, et s'apprête à marcher sur l'armée russe de Bennigsen via la Pologne. Le pays n'existe plus, car il a été arbitrairement partagé entre la Russie, l'Autriche et la Prusse. Les Polonais accueillent donc Napoléon en libérateur. Ils ont l'espoir qu'il mènera le pays à l'indépendance. Marie Walewska partage très fort ce désir, la Mozavie, où elle est née, est devenue russe. Elle est mariée au comte et chambellan Anastazy Walewski, un grand noble polonais quasi septuagénaire, dont elle a un enfant, Antoni.
Malgré l'air doux et languissant que nous lui voyons sur ce tableau, Marie est prise d'une fièvre patriotique et milite avec passion pour le parti français. "Avec ses nièces, elle parcourt les faubourgs et les campagnes, distribuant des tracts, collant des affiches, prêchant le soulèvement contre l'oppresseur. Pendant ces semaines exaltantes, elle milite avec passion pour le parti français. Elle imagine Napoléon comme un mythe vengeur, désincarné, un envoyé de la Providence dont il importe de seconder les desseins qu'elle lui prête avec innocence."
Elle travaille avec les dames de Varsovie à organiser des hôpitaux, des ambulances, des stations de premier secours. Elle est également introduite dans la haute société, mais la vie mondaine l'intéresse peu.
C'est le 1er janvier 1807, lors du passage de l'empereur au relais de poste de Błonie, sur la route de Varsovie, que Maria Walewska aurait rencontré Napoléon pour la première fois.
Marie écrit dans son journal :
« Napoléon ôta son chapeau, se pencha vers moi, je ne sais ce qu'il me dit alors car j'étais trop pressée de lui exprimer ce dont j'étais pénétrée : "Soyez le bienvenu, mille fois le bienvenu sur notre terre ! Rien de ce que nous ferons ne rendra d'une manière assez énergique ni les sentiments d'admiration que nous portons à votre personne ni le plaisir que nous avons à vous voir fouler le sol de cette patrie qui vous attend pour se relever !" (...) Napoléon me regardait attentivement et prit un bouquet qui se trouvait dans la voiture et, me le présentant, dit : "Gardez-le comme garant de mes bonnes intentions, nous nous reverrons à Varsovie, je l'espère, et je recevrai un merci de votre belle bouche !" »
Un bal organisé par Talleyrand, ministre français des relations extérieures, devait marquer à Varsovie l'ouverture du carnaval et constituer la plus brillante réception que la capitale dévastée eût vue depuis Stanislas-Auguste.
Le journal officiel, la gazette de Varsovie :
« Sa majesté l'Empereur a assisté à un bal chez le ministre des relations extérieures, le Prince de Bénévent, au cours duquel il a invité à une contredanse la femme du chambellan Anastazy Walewski. »
À midi, le lendemain de ce bal, une voiture s'arrête devant l'hôtel des Walewski. Duroc, le grand maréchal du palais, en descend, portant un gigantesque bouquet de fleurs et une lettre fermée du sceau vert impérial.
« Je n'ai vu que vous, je n'ai admiré que vous, je ne désire que vous. […] » « N »
Maria fit répondre à Duroc qu'il n'y aurait pas de réponse, mais d'autres lettres enflammées suivirent… Marie se sentait fléchir ... Les allées et venues de Duroc allaient attirer l'attention, et nombre de gens venaient donner des conseils à Marie : c'est sûr, elle avait été distinguée par le destin, elle avait été choisie pour sauver la Pologne.
Elle finit par accepter (avec la bénédiction de son mari) de devenir la maîtresse de l'empereur.
L'« idylle » printanière du couple (d'avril à juin) dans le lointain château de Finckenstein est un moment unique et entièrement inattendu dans la vie de Napoléon, une période qui le vit déployer ce qu'un historien de cette période de sa vie appela une « énergie miraculeuse ». Pour Maria, la décision de rejoindre l'empereur à Finckenstein était un acte de suprême courage et le risque couru énorme. Les deux amants sont à présent très épris l'un de l'autre et l'empereur va dès lors organiser sa vie de façon à consacrer du temps à ses amours.
Le château de Finckenstein, investi le 22 janvier 1945 par l'Armée Rouge, sera complètement incendié, son splendide jardin à la française dévasté et disparu… Mais c'est ici, dans les lieux mêmes de leur histoire d'amour, que fut tourné le film de Clarence Brown en 1937 Marie Walewska (titre original : Conquest) avec Greta Garbo et Charles Boyer.
Pour le plaisir .....
De ce lointain château sur la Baltique, à mille kilomètres des Tuileries, Napoléon gouverne son immense empire de 70 millions d’habitants par lettres, lois et décrets. Marie a 20 ans, elle vit les six semaines les plus heureuses de sa vie, elle qui, jusque-là, n’avait jamais connu l’amour. Elle partage la plus grande intimité avec l’homme le plus remarquable de l’époque, qu’elle admire depuis l’enfance. C’est lui qui l'a suppliée : elle s’abandonne totalement. Dans l'intimité, Maria, avec son doux caractère polonais, ramène toujours la conversation sur son idée fixe : la résurrection de la Pologne. Napoléon discute patiemment avec elle sans toutefois s'engager. Ses arguments sont toujours les mêmes : que les Polonais fassent preuve de cohésion, de maturité, qu'ils soutiennent militairement sa lutte contre l'Empire russe, et ils seront récompensés selon leurs mérites.
L'obstination de Maria finira par aboutir : Napoléon créera en 1807 le Duché de Varsovie .
Ce duché disparaîtra peu après la défaite de la campagne de Russie en 1812-1813. C'était en fait un compromis pour ne pas déplaire au tsar, mais une réponse terriblement faible à l'attente des Polonais dont des milliers de soldats étaient morts pour l'empereur.
En quittant Finckenstein, Marie décide de ne pas regagner Varsovie mais de retourner dans le manoir de son enfance, Kiernozia. Elle est sereine. Napoléon lui a fait promettre de venir le retrouver à Paris l’hiver suivant.
Marie Walewska rejoint Napoléon à Paris.
Le 14 juin 1807, Bonaparte exulte : il a écrasé les Russes à Friedland. Il s’agit maintenant de négocier avec le tsar Alexandre 1er. Ils se retrouvent le lundi 25 juin à Tilsitt. Napoléon se montre généreux avec Alexandre : le tsar ne perdra rien des territoires polonais annexés par Catherine II quinze ans plus tôt. Il reçoit même en plus le territoire de Bialystock, ajoutant une province prospère à ses possessions. Evidemment, les Polonais sont terriblement blessés et déçus. Marie dut l’être aussi mais son amour est plus fort. Lorsqu’il l’appelle à Paris, elle accourt.
Duroc l’accompagne jusqu’à la maison choisie pour elle par l’empereur, au 2 rue de La Houssaye, aujourd’hui rue Taitbout. C’est un ravissant petit hôtel XVIIIe qu’elle n’aménage pas tout de suite.
Pendant son séjour parisien qui s'avère délicieux, Marie ne veut pas être présentée à la Cour ni rencontrer Joséphine. Napoléon vient évidemment la voir. Duroc est son Cicérone . Il lui fait découvrir la beauté de la capitale, accompagne la jeune femme à l’opéra et au Théâtre Français.
Elle regagne Varsovie le 28 mars. Napoléon a fort à faire avec la désastreuse aventure espagnole qu’il commence. Le 12 avril, les forces autrichiennes envahissent la Bavière. Un autre contingent franchit la frontière polonaise en direction de Varsovie. Mais Bonaparte mène une campagne très brillante et parvient à vaincre les Autrichiens, pourtant très supérieurs en nombre. Le 13 mai 1809, il arrive à Vienne juste avant la grande victoire de Wagram et s’installe à Schönbrunn. Excusez du peu ...
Après sa victoire définitive sur les troupes autrichiennes à Wagram le 6 juillet suivant, il demande à Marie Walewska, qu’il n’a pas vue depuis seize mois, de venir le rejoindre.
Il lui écrit :
"Venez à Vienne, je désire vous voir et vous donner de nouvelles preuves de la tendre amitié que j’ai pour vous. Vous ne pouvez douter du prix que je mets à tout ce qui vous regarde. Mille tendres baisers sur vos belles mains et un seul sur votre belle bouche."
Rooh, c'est tout ?! lui qui écrivait à Joséphine :
... femme, tourment, bonheur, espérance, âme de ma vie que j'aime, que je crains. Je te serre dans mes bras, un baiser plus bas, plus bas que le sein, un baiser au coeur et puis un autre plus bas, bien plus bas...
Tiens oui, au fait ! Que devient notre Joséphine depuis leur si pénible rupture ?
Elle s'est retirée à la Malmaison où elle vit loin du monde. « On me dit que tu pleures toujours, lui écrit Napoléon qui ne l'oublie pas. Cela n'est pas bien. J'espère que tu auras pu te promener aujourd'hui. Je t'ai envoyé de ma chasse. Je viendrai te voir lorsque tu me diras que tu es raisonnable et que ton courage prend le dessus. »
Il veut que la douleur de Joséphine s'apaise. Il recherche son amitié.
Marie Walewska quitte la Pologne pour soi-disant faire une cure à Bad Gastein. En réalité, elle part rejoindre l’empereur. Napoléon a retenu pour elle une agréable maison dans le vieux village de Modling, à quinze kilomètres de Schönbrunn. C’est le fidèle Duroc qui veille sur ses amours. Il s’est occupé de la location de la maison et, une fois Marie arrivée, il va secrètement la chercher tous les soirs dans une voiture fermée, sans armoiries, avec un seul domestique sans livrée. Il l’amène au palais par une porte dérobée et l’introduit chez l’empereur. Elle partage le lit de l’empereur dans les appartements chinois du château, tandis que le non moins fidèle Constant, premier valet de chambre de Napoléon, monte la garde à la porte.
À l’approche de septembre, Marie découvre qu’elle est enceinte ! Napoléon fait immédiatement venir de Paris Corvisart, son médecin personnel, pour qu’il examine la jeune femme et confirme ses espérances. Corvisart annonce que l'enfant devrait naître début mai. La nouvelle comble l’empereur de joie et le conforte dans son projet de fonder une dynastie prestigieuse .
Seulement voilà ... il faut impérativement que sa nouvelle épouse appartienne à une famille royale, n'est-ce pas. Une petite comtesse polonaise, déjà mariée de surcroît, ne saurait convenir à servir ses ambitions.
Marie Walewska ne le sait pas encore, mais la passion de l’empereur pour elle commence même peut-être à déjà décliner.
Le 4 mai 1810, Marie donne la vie à Alexandre comte Walewski au château Walewice en Pologne . Il est un futur ministre des affaires étrangères de Napoléon III, figurez-vous ! Anastazy Walewski - âgé de 73 ans - le reconnaît pourtant de bonne grâce et le déclare issu de son mariage avec Maria née Łączyńska - âgée de 23 ans.
Napoléon apprend la naissance de son fils au cours d'un voyage triomphal en Belgique avec sa jeune épouse Marie-Louise d'Autriche. Il fait parvenir des dentelles de Bruxelles et 20 000 francs en or pour Alexandre. Le 5 mai 1812, à Saint-Cloud, en présence de Maria, Napoléon signe un long document juridique garantissant l'avenir du jeune Alexandre. La dotation consiste en 60 fermes aux environs de Naples, d'un revenu annuel de 169 516 francs 60 centimes. Les armoiries conférées par les lettres patentes en même temps que le titre de comte de l'Empire étaient un mélange des blasons Walewski et Łączyński .
A SUIVRE ...
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Re: Napoléon et les femmes
Chère Eleonore, toutes mes félicitations pour cette grande et superbe fresque que vous nous offrez sur Napoléon et les femmes.
Misogyne sans doute, ses sentiments n'en ont pas moins été brûlants de passion et de désir pour Josephine. Légende ou réalité, l'empereur aurait murmuré " Josephine " sur son lit de mort.
Misogyne sans doute, ses sentiments n'en ont pas moins été brûlants de passion et de désir pour Josephine. Légende ou réalité, l'empereur aurait murmuré " Josephine " sur son lit de mort.
Dominique Poulin- Messages : 7009
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Re: Napoléon et les femmes
Que vous me faites plaisir, mon cher Dominique, je croyais que personne ne regardait ce sujet .
Oui, certes, Joséphine est peut-être la seule femme qu'il ait réellement aimée . Après elle, le ressort était cassé . Il eut quantité de liaisons, de passades, un appétit sexuel exigeant difficile à assouvir, mais seule Joséphine a vraiment compté pour lui .
A Gourgaud, 1817: (Napoléon a dit, p.351)
Joséphine faisait des dettes que j'étais obligé de payer. Je ne l'aurais jamais quittée si elle avait pu avoir un enfant.
... et aussi :
Joséphine était une femme des plus agréables. Elle était pleine de grâce, femme dans toute la force du terme, ne répondant jamais d'abord que "non" pour avoir le temps de réfléchir. ( ) Elle mentait presque toujours, mais avec esprit. Je puis dire que c'est la femme que j'ai le plus aimée.
Dominique Poulin a écrit:
Misogyne sans doute, ses sentiments n'en ont pas moins été brûlants de passion et de désir pour Josephine. Légende ou réalité, l'empereur aurait murmuré " Josephine " sur son lit de mort.
Oui, certes, Joséphine est peut-être la seule femme qu'il ait réellement aimée . Après elle, le ressort était cassé . Il eut quantité de liaisons, de passades, un appétit sexuel exigeant difficile à assouvir, mais seule Joséphine a vraiment compté pour lui .
A Gourgaud, 1817: (Napoléon a dit, p.351)
Joséphine faisait des dettes que j'étais obligé de payer. Je ne l'aurais jamais quittée si elle avait pu avoir un enfant.
... et aussi :
Joséphine était une femme des plus agréables. Elle était pleine de grâce, femme dans toute la force du terme, ne répondant jamais d'abord que "non" pour avoir le temps de réfléchir. ( ) Elle mentait presque toujours, mais avec esprit. Je puis dire que c'est la femme que j'ai le plus aimée.
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Re: Napoléon et les femmes
Napoléon a fait un mariage politique, mais il s'attache à Marie-Louise . Il admire la noblesse de sa naissance et ces vertus domestiques qu'il prône tellement chez les femmes. Les occupations de la nouvelle impératrice sont sages : broderie, harpe, clavecin, promenades, billard ... ses dépenses aussi ! Elle se révèle une épouse idéale pour l'empereur : elle a été formée à obéir dès son enfance, elle est dévote, affectueuse, elle ne s'ingère pas dans les affaires politiques malgré la pression de Metternich qui tente de l'influencer en vue d'une politique pro-autrichienne. Cette entente entre les époux est d'autant plus inespérée que Marie-Louise, enfant, pour exprimer son horreur de l'empereur des Français, s'amusait à martyriser une espèce de petit pantin qu'elle appelait Napoléon. Elle a bien changé !
Bien entendu ( on prend les mêmes et l'on recommence ) ces chipies de sœurs et belles-sœurs de Napoléon se refusent à porter la traîne de « l'Autrichienne », surnom que Marie-Louise hérite de Marie-Antoinette. C'est ainsi que l'on parle d'elle dans tout Paris : les bonapartistes préféraient la jolie et charmeuse Joséphine, les républicains haïssent tout naturellement la nièce de la reine décapitée, les monarchistes ne pardonnent pas de donner avec ce mariage une sorte de légitimité à la famille Bonaparte. C'est d'ailleurs l'illusion dont se berce Napoléon : " Je me donne des ancêtres . "
Heureusement Marie-Louise se trouve deux amies : sa première dame de compagnie, la duchesse de Montebello, et la toujours charmante Hortense de Beauharnais.
En fait, Napoléon vivra vingt-sept mois dans ce « piège conjugal ». Il délaissera les affaires d'Espagne, cette plaie au flanc de l'Empire. Il laissera flotter les rênes du pouvoir : « Cette malheureuse guerre m'a perdu ; toutes les circonstances de mes désastres se rattachent à ce nœud fatal. Elle a compliqué mes embarras, divisé mes forces, détruit ma moralité en Europe ».
Au bout de trois mois de mariage, Marie-Louise est enceinte . Le 25 octobre 1810, la grossesse de l'Impératrice est annoncée aux préfets. Napoléon ne va cesser d'entourer Marie-Louise de soins . Enfin, enfin, l'héritier tant attendu est là !!!
C'est le 19 mars, en soirée, que l'on apprend que le dénouement est imminent. Les premières douleurs ont commencé vers 20 heures. Corvisart juge que ce sera pour le lendemain et rédige déjà un communiqué. La nervosité de Napoléon est attestée par tous les témoins : « Il n'osait se livrer à l'espoir d'avoir un fils. On voyait qu'il cherchait à prendre son parti pour le cas contraire. Cependant, il s'informait avec soin si quelque indice pouvait marquer d'avance le sexe de l'enfant. Il trahissait par ses questions toute son anxiété. »
À cinq heures du matin, les douleurs se font très précises. Napoléon est dans son bain quand on vient l'avertir. L'accoucheur, Dubois, n'en mène pas large : l'enfant se présente en siège, par les pieds, et risque de s'étouffer . Mais si l'on intervient trop énergiquement, c'est Marie-Louise qui risque de mourir ! Il faut choisir . C'est la mère ou l'enfant. Napoléon tranche : « Allons donc, ne perdez pas la tête : sauvez la mère, ne pensez qu'à la mère... La nature n'a pas de loi, Monsieur : faites comme s'il s'agissait d'une petite bourgeoise de la rue Saint-Denis. Conduisez-vous exactement comme si vous attendiez le fils d'un savetier. » Comme Dubois hésite encore, Napoléon lui ordonne de procéder à l'accouchement. À la vue des fers, l'Impératrice pousse des cris horrifiés : « Parce que je suis impératrice, me sacrifiera-t-on ? » Dubois finit par la délivrer, mais la confusion et l'affolement ont été tels qu'au mépris de l'étiquette, on a oublié le nouveau-né, par terre , à même le plancher, Dubois s'occupant uniquement de la mère . C'est Corvisart qui le relève, inerte, le frotte, le frictionne et le fait crier.
Cent un coups de canons sont alors tirés.
« Le prince impérial porte le titre et reçoit les honneurs du Roi de Rome. » Un titre qui n'était pas dépourvu de signification. Il entendait affirmer la primauté de l'Empereur sur le Pape dépossédé de la Ville éternelle, et sur le Habsbourg François Ier qui avait porté le titre de chef du Saint Empire romain germanique.
Joséphine apprend la naissance du petit roi de Rome :
En cette circonstance, tout ce qui se passe dans l’esprit d’une femme est inexplicable : l’ ancienne Impératrice témoigna la joie la plus vive et la plus vraie sur un événement qui fut accueilli par la presque totalité des Français, comme un immense bonheur pour l’Empire. Il n’y avait aucune affectation, aucune arrière-pensée dans la satisfaction qu’éprouvait Sa Majesté. Elle me montra avec une sorte de fierté la lettre que l’Empereur lui écrivit de sa main, et dans laquelle il ajoutait après lui avoir dit : « Ma chère Joséphine, j’ai un fils » ; ces autres mots : « Je suis au comble du bonheur. » « Oui », me dit-elle alors avec une émotion visible, mais qui n’avait point la moindre teinte d’humeur ou de jalousie : « Oui, il doit être bien heureux. » Puis, ayant essuyé une larme qui s’échappait de ses yeux : « Et moi aussi, ajouta-t-elle, je suis heureuse du bonheur de l’Empereur ; heureuse de voir enfin comblés les vœux des Français. Je recueille le fruit de mon douloureux sacrifice, puisqu’il assure la prospérité de la France. »
( Naissance du Roi de Rome - Mémoires de mademoiselle Avrillion,
première femme de chambre de l'impératrice Joséphine - Mercure de France (p.371)
Marie-Louise, comme généralement toutes les souveraines avant elle, ne peut s'occuper elle-même de son enfant. D'ailleurs, Napoléon a déjà décidé de sa formation et son éducation. Gageons que ce sera à la militaire ! Sa femme est tenue à l'écart.
Elle confie tristement : « On me vole mon fils, mon bien cher enfant, je voudrais tant pouvoir le bercer, le promener, le montrer moi-même à l'Empereur… Je suis certaine qu'en Autriche j'aurais eu la permission de passer toutes les journées auprès de mon fils ».
Bien entendu ( on prend les mêmes et l'on recommence ) ces chipies de sœurs et belles-sœurs de Napoléon se refusent à porter la traîne de « l'Autrichienne », surnom que Marie-Louise hérite de Marie-Antoinette. C'est ainsi que l'on parle d'elle dans tout Paris : les bonapartistes préféraient la jolie et charmeuse Joséphine, les républicains haïssent tout naturellement la nièce de la reine décapitée, les monarchistes ne pardonnent pas de donner avec ce mariage une sorte de légitimité à la famille Bonaparte. C'est d'ailleurs l'illusion dont se berce Napoléon : " Je me donne des ancêtres . "
Heureusement Marie-Louise se trouve deux amies : sa première dame de compagnie, la duchesse de Montebello, et la toujours charmante Hortense de Beauharnais.
En fait, Napoléon vivra vingt-sept mois dans ce « piège conjugal ». Il délaissera les affaires d'Espagne, cette plaie au flanc de l'Empire. Il laissera flotter les rênes du pouvoir : « Cette malheureuse guerre m'a perdu ; toutes les circonstances de mes désastres se rattachent à ce nœud fatal. Elle a compliqué mes embarras, divisé mes forces, détruit ma moralité en Europe ».
Au bout de trois mois de mariage, Marie-Louise est enceinte . Le 25 octobre 1810, la grossesse de l'Impératrice est annoncée aux préfets. Napoléon ne va cesser d'entourer Marie-Louise de soins . Enfin, enfin, l'héritier tant attendu est là !!!
C'est le 19 mars, en soirée, que l'on apprend que le dénouement est imminent. Les premières douleurs ont commencé vers 20 heures. Corvisart juge que ce sera pour le lendemain et rédige déjà un communiqué. La nervosité de Napoléon est attestée par tous les témoins : « Il n'osait se livrer à l'espoir d'avoir un fils. On voyait qu'il cherchait à prendre son parti pour le cas contraire. Cependant, il s'informait avec soin si quelque indice pouvait marquer d'avance le sexe de l'enfant. Il trahissait par ses questions toute son anxiété. »
À cinq heures du matin, les douleurs se font très précises. Napoléon est dans son bain quand on vient l'avertir. L'accoucheur, Dubois, n'en mène pas large : l'enfant se présente en siège, par les pieds, et risque de s'étouffer . Mais si l'on intervient trop énergiquement, c'est Marie-Louise qui risque de mourir ! Il faut choisir . C'est la mère ou l'enfant. Napoléon tranche : « Allons donc, ne perdez pas la tête : sauvez la mère, ne pensez qu'à la mère... La nature n'a pas de loi, Monsieur : faites comme s'il s'agissait d'une petite bourgeoise de la rue Saint-Denis. Conduisez-vous exactement comme si vous attendiez le fils d'un savetier. » Comme Dubois hésite encore, Napoléon lui ordonne de procéder à l'accouchement. À la vue des fers, l'Impératrice pousse des cris horrifiés : « Parce que je suis impératrice, me sacrifiera-t-on ? » Dubois finit par la délivrer, mais la confusion et l'affolement ont été tels qu'au mépris de l'étiquette, on a oublié le nouveau-né, par terre , à même le plancher, Dubois s'occupant uniquement de la mère . C'est Corvisart qui le relève, inerte, le frotte, le frictionne et le fait crier.
Cent un coups de canons sont alors tirés.
« Le prince impérial porte le titre et reçoit les honneurs du Roi de Rome. » Un titre qui n'était pas dépourvu de signification. Il entendait affirmer la primauté de l'Empereur sur le Pape dépossédé de la Ville éternelle, et sur le Habsbourg François Ier qui avait porté le titre de chef du Saint Empire romain germanique.
Joséphine apprend la naissance du petit roi de Rome :
En cette circonstance, tout ce qui se passe dans l’esprit d’une femme est inexplicable : l’ ancienne Impératrice témoigna la joie la plus vive et la plus vraie sur un événement qui fut accueilli par la presque totalité des Français, comme un immense bonheur pour l’Empire. Il n’y avait aucune affectation, aucune arrière-pensée dans la satisfaction qu’éprouvait Sa Majesté. Elle me montra avec une sorte de fierté la lettre que l’Empereur lui écrivit de sa main, et dans laquelle il ajoutait après lui avoir dit : « Ma chère Joséphine, j’ai un fils » ; ces autres mots : « Je suis au comble du bonheur. » « Oui », me dit-elle alors avec une émotion visible, mais qui n’avait point la moindre teinte d’humeur ou de jalousie : « Oui, il doit être bien heureux. » Puis, ayant essuyé une larme qui s’échappait de ses yeux : « Et moi aussi, ajouta-t-elle, je suis heureuse du bonheur de l’Empereur ; heureuse de voir enfin comblés les vœux des Français. Je recueille le fruit de mon douloureux sacrifice, puisqu’il assure la prospérité de la France. »
( Naissance du Roi de Rome - Mémoires de mademoiselle Avrillion,
première femme de chambre de l'impératrice Joséphine - Mercure de France (p.371)
Marie-Louise, comme généralement toutes les souveraines avant elle, ne peut s'occuper elle-même de son enfant. D'ailleurs, Napoléon a déjà décidé de sa formation et son éducation. Gageons que ce sera à la militaire ! Sa femme est tenue à l'écart.
Elle confie tristement : « On me vole mon fils, mon bien cher enfant, je voudrais tant pouvoir le bercer, le promener, le montrer moi-même à l'Empereur… Je suis certaine qu'en Autriche j'aurais eu la permission de passer toutes les journées auprès de mon fils ».
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Re: Napoléon et les femmes
Marie-Louise occupe aux Tuileries quatre pièces, dans lesquelles Marie-Antoinette a vécu pendant la Révolution française. L'empereur écrit dans ses mémoires, « elle avait toujours peur d'être parmi des Français qui avaient tué sa tante ».
Pendant le règne de Napoléon, le rôle politique de Marie-Louise restera assez faible. Elle se limitera à assumer le rôle de régente par deux fois lorsque l’empereur partira en campagne militaire, et sortira du territoire français.
Il n'oublie pas Joséphine et lui rend parfois visite à la Malmaison . Par exemple, le 30 avril 1812. A onze heures vingt du matin, l’empereur, sans se faire annoncer, arrive à Malmaison en calèche découverte par un temps magnifique, accompagné par le grand maréchal Duroc, le maréchal Mortier, le général Durosnel et trois personnes du service. Joséphine a tout juste le temps de l’accueillir au débouché du petit pont qui ouvre sur le vestibule du château. Les anciens époux s’embrassent tendrement puis font quelques pas dans le jardin, sans chercher à se dérober à la vue des personnes de leurs suites.
Qu’ont-ils bien pu se raconter pendant l’heure et demie où ils sont restés ensemble (on sait que l’empereur est parti à exactement une heure moins dix) ? Sans doute l’a-t-il entretenue de son départ imminent pour la campagne de Russie. De retour chez elle, Joséphine laisse éclater sa joie comme après chaque rencontre avec Napoléon mais elle ignore alors qu’elle l’a vu pour la dernière fois.
L’empereur ne reviendra plus à Malmaison parce que Marie-Louise, informée de sa visite malgré les précautions qu’il a prises pour la lui cacher, lui en fait reproche. Désormais, les anciens époux ne correspondent plus que d’une manière épisodique. Leur destin est scellé, jusqu’à cette dernière lettre de l’empereur à Joséphine, écrite depuis Fontainebleau le 16 avril 1814, trois jours après sa tentative d’empoisonnement. « Adieu, ma chère Joséphine, résignez-vous ainsi que moi, et ne perdez jamais le souvenir de celui qui ne vous a jamais oubliée et ne vous oubliera jamais. »
( Bernard Chevallier, Douce et incomparable Joséphine - )
Napoléon a mangé son pain blanc, si j'ose dire. Au printemps 1812, il entraîne son armée dans la désastreuse campagne de Russie. Jusque-là toujours triomphant, le 9 mai il sort d’un palais où il ne devait plus rentrer que vaincu.
De Paris à Dresde, sa marche est un triomphe continuel. Marie-Louise est à ses côtés entourée d'une cour nombreuse. Il doit d'abord traverser la France orientale qui lui est toute dévouée: l’enthousiasme saisit ces peuples, comme aux temps d’Austerlitz et d’Iéna. Des groupes se forment, nombreux : « Vive l’empereur ! Vive notre brave armée ! » Partout ce n'est qu'un délire d'ovations !
A Dresde, ils sont accueillis par l'empereur d'Autriche, père de Marie-Louise, et son épouse dont le général Bonaparte, nous nous en souvenons, avait dépossédé les aïeux en Italie. Elle déguise mal son aversion qui n'échappe pas à Napoléon, mais lui, grand prince, n'y oppose que courtoisie et affabilité.
Marie-Louise augmente involontairement ce malaise. Elle efface sa belle-mère par l’éclat de sa parure: si Napoléon exige d'elle plus de réserve, elle résiste, pleure même, et l’empereur cède, soit attendrissement, fatigue, ou distraction. On assure même qu'il arrive à l’impératrice de France de mortifier l'amour-propre allemand, par des comparaisons peu mesurées, entre son ancienne et sa nouvelle patrie !
Tandis que Napoléon poursuit sa marche vers l'est, Marie-Louise séjourne de juin à juillet dans les états de son père. Le 18 juillet, elle est de retour à Paris. La Grande Armée (650 000 hommes dont 270 000 Français) a franchi le Niémen le 23 juin. Les dès en sont jetés. Soit volontairement, soit par crainte d’affronter sur le champ de bataille Napoléon, les Russes reculent et pratiquent la politique de la terre brûlée, jusqu’à la bataille de la Moskova, le 7 septembre, qui les force à se retirer. Moscou est prise et mise à sac le 14 septembre. Alexandre Ier refuse de négocier.
En novembre, seuls 90 000 hommes franchissent la Bérézina, une horreur absolue, par -30° !
Le pire, c'est que Cavanna exagère à peine ... et parmi tous ces morts de la Berezina, le 28 novembre, un jeune lieutenant de 15ème régiment d’infanterie, Philippe Augier de la Sauzaye. Napoléon lui avait fait épouser, le 4 février 1808, Eléonore Denuelle, la mère du comte Léon, son premier enfant .
( Éléonore se remariera plus tard, avec le comte Charles-Auguste-Émile-Louis de Luxembourg le 23 mai 1814. Ils resteront mariés trente-cinq ans, jusqu’à ce que celui-ci meurt le 1er septembre 1849. Eléonore lui survivra presque vingt ans. )
L'empereur doit abandonner son armée en pleine retraite de Russie pour rentrer à bride abattue à Paris où le général Malet a tenté un coup d'État. La colère de Napoléon est à son comble quand il apprend qu'à l'annonce de sa mort personne n’a eu l’idée de crier « L’Empereur est mort. Vive l’Empereur ». Seule Marie-Louise, informée par le prince Aldobrandini heureusement, a songé à sauver le petit roi de Rome !
En Pologne, Marie Walewska s'est tenue au courant de la campagne de Russie. Napoléon, rentrant en France, s’arrête à Varsovie. Marie est à Walewice. Certains prétendent qu’ils se sont vus alors. Mais rien n’est moins sûr.
Au cours de l'été 1812, elle avait divorcé du comte Walewski. Il était couvert de dettes et Marie craignait que cette situation ne vienne obérer la fortune de son fils, officiellement le fils du comte qui de son côté n'avait fait aucune opposition. Dans le règlement du divorce, elle avait obtenu la moitié des biens de ce dernier, à la condition de constituer un majorat en faveur de leur fils commun, Antoni. Elle s’engageait, par ailleurs, à élever les deux enfants. C'est tout ce qu'elle désirait.
Conscient du danger, Napoléon lui ordonne de quitter la Pologne et de rentrer à Paris, ce qu’elle fait en janvier 1813. Elle trouve dans la capitale française une atmosphère d’exubérance mondaine bien trompeuse. Paris ne réalise pas la gravité de la situation dans laquelle Napoléon est inextricablement empêtré. L'Empire jette ses derniers feux .
Marie paraît à la Cour de l’impératrice Marie-Louise, sans doute sur l’ordre de l’empereur, situation singulière . Mais voici qu'elle reçoit la plus surprenante des invitations ! Joséphine l’invite à venir la voir en compagnie de son fils à la Malmaison. Comme Marie hésite, Hortense arrive à la convaincre d’accepter. Elle se rend à la Malmaison, elle y reviendra même.
« L’Impératrice témoignait beaucoup d’amitié à madame Walewska. Devant tout le monde, elle vantait ses qualités exceptionnelles et affirmait que cette bonne personne n’était pour rien dans ses malheurs. Elle lui faisait des cadeaux et comblait son fils de joujoux. Et se montrait frappée de sa ressemblance avec l’Empereur. »
( Mémoires de Mademoiselle d’Arvaillon, femme de chambre de Joséphine)
Désirée, Eléonore, Joséphine, Pauline, Marie, Marie-Louise ... pour ne citer qu'elles ... « Napoléon eut une autre femme que Joséphine et Marie-Louise. Cette compagne porte un manteau d’azur constellé d’étoiles, elle est couronnée de lauriers. La croix d’honneur brille sur sa poitrine. Elle se nomme la Gloire. »
(Anatole France)
1813 est marquée par l'entrée en guerre de la Prusse aux côtés de la Russie et de l'Angleterre. Napoléon veut que Marie-Louise intervienne auprès de la Cour de Vienne. Obéissant aux demandes pressantes de Napoléon, l'impératrice sollicite de son père l'alliance de l'Autriche contre la coalition qui se reforme contre son époux, mais sans résultats. L'Autriche reste neutre et préfère entreprendre des négociations de paix entre les États belligérants.
Napoléon n'accepte pas les conditions de la paix de Prague et l'Autriche entre en guerre aux côtés des Alliés le 11 août 1813. L'impératrice des Français se range du côté de son époux contre son propre père... dans un premier temps ...
Des années plus tard, Napoléon dira :
« Mon mariage m’a perdu, l’Autriche était devenue ma famille, j’ai posé le pied sur un abîme recouvert de fleurs. »
A SUIVRE ...
Pendant le règne de Napoléon, le rôle politique de Marie-Louise restera assez faible. Elle se limitera à assumer le rôle de régente par deux fois lorsque l’empereur partira en campagne militaire, et sortira du territoire français.
Il n'oublie pas Joséphine et lui rend parfois visite à la Malmaison . Par exemple, le 30 avril 1812. A onze heures vingt du matin, l’empereur, sans se faire annoncer, arrive à Malmaison en calèche découverte par un temps magnifique, accompagné par le grand maréchal Duroc, le maréchal Mortier, le général Durosnel et trois personnes du service. Joséphine a tout juste le temps de l’accueillir au débouché du petit pont qui ouvre sur le vestibule du château. Les anciens époux s’embrassent tendrement puis font quelques pas dans le jardin, sans chercher à se dérober à la vue des personnes de leurs suites.
Qu’ont-ils bien pu se raconter pendant l’heure et demie où ils sont restés ensemble (on sait que l’empereur est parti à exactement une heure moins dix) ? Sans doute l’a-t-il entretenue de son départ imminent pour la campagne de Russie. De retour chez elle, Joséphine laisse éclater sa joie comme après chaque rencontre avec Napoléon mais elle ignore alors qu’elle l’a vu pour la dernière fois.
L’empereur ne reviendra plus à Malmaison parce que Marie-Louise, informée de sa visite malgré les précautions qu’il a prises pour la lui cacher, lui en fait reproche. Désormais, les anciens époux ne correspondent plus que d’une manière épisodique. Leur destin est scellé, jusqu’à cette dernière lettre de l’empereur à Joséphine, écrite depuis Fontainebleau le 16 avril 1814, trois jours après sa tentative d’empoisonnement. « Adieu, ma chère Joséphine, résignez-vous ainsi que moi, et ne perdez jamais le souvenir de celui qui ne vous a jamais oubliée et ne vous oubliera jamais. »
( Bernard Chevallier, Douce et incomparable Joséphine - )
Napoléon a mangé son pain blanc, si j'ose dire. Au printemps 1812, il entraîne son armée dans la désastreuse campagne de Russie. Jusque-là toujours triomphant, le 9 mai il sort d’un palais où il ne devait plus rentrer que vaincu.
De Paris à Dresde, sa marche est un triomphe continuel. Marie-Louise est à ses côtés entourée d'une cour nombreuse. Il doit d'abord traverser la France orientale qui lui est toute dévouée: l’enthousiasme saisit ces peuples, comme aux temps d’Austerlitz et d’Iéna. Des groupes se forment, nombreux : « Vive l’empereur ! Vive notre brave armée ! » Partout ce n'est qu'un délire d'ovations !
A Dresde, ils sont accueillis par l'empereur d'Autriche, père de Marie-Louise, et son épouse dont le général Bonaparte, nous nous en souvenons, avait dépossédé les aïeux en Italie. Elle déguise mal son aversion qui n'échappe pas à Napoléon, mais lui, grand prince, n'y oppose que courtoisie et affabilité.
Marie-Louise augmente involontairement ce malaise. Elle efface sa belle-mère par l’éclat de sa parure: si Napoléon exige d'elle plus de réserve, elle résiste, pleure même, et l’empereur cède, soit attendrissement, fatigue, ou distraction. On assure même qu'il arrive à l’impératrice de France de mortifier l'amour-propre allemand, par des comparaisons peu mesurées, entre son ancienne et sa nouvelle patrie !
Tandis que Napoléon poursuit sa marche vers l'est, Marie-Louise séjourne de juin à juillet dans les états de son père. Le 18 juillet, elle est de retour à Paris. La Grande Armée (650 000 hommes dont 270 000 Français) a franchi le Niémen le 23 juin. Les dès en sont jetés. Soit volontairement, soit par crainte d’affronter sur le champ de bataille Napoléon, les Russes reculent et pratiquent la politique de la terre brûlée, jusqu’à la bataille de la Moskova, le 7 septembre, qui les force à se retirer. Moscou est prise et mise à sac le 14 septembre. Alexandre Ier refuse de négocier.
En novembre, seuls 90 000 hommes franchissent la Bérézina, une horreur absolue, par -30° !
Le pire, c'est que Cavanna exagère à peine ... et parmi tous ces morts de la Berezina, le 28 novembre, un jeune lieutenant de 15ème régiment d’infanterie, Philippe Augier de la Sauzaye. Napoléon lui avait fait épouser, le 4 février 1808, Eléonore Denuelle, la mère du comte Léon, son premier enfant .
( Éléonore se remariera plus tard, avec le comte Charles-Auguste-Émile-Louis de Luxembourg le 23 mai 1814. Ils resteront mariés trente-cinq ans, jusqu’à ce que celui-ci meurt le 1er septembre 1849. Eléonore lui survivra presque vingt ans. )
L'empereur doit abandonner son armée en pleine retraite de Russie pour rentrer à bride abattue à Paris où le général Malet a tenté un coup d'État. La colère de Napoléon est à son comble quand il apprend qu'à l'annonce de sa mort personne n’a eu l’idée de crier « L’Empereur est mort. Vive l’Empereur ». Seule Marie-Louise, informée par le prince Aldobrandini heureusement, a songé à sauver le petit roi de Rome !
En Pologne, Marie Walewska s'est tenue au courant de la campagne de Russie. Napoléon, rentrant en France, s’arrête à Varsovie. Marie est à Walewice. Certains prétendent qu’ils se sont vus alors. Mais rien n’est moins sûr.
Au cours de l'été 1812, elle avait divorcé du comte Walewski. Il était couvert de dettes et Marie craignait que cette situation ne vienne obérer la fortune de son fils, officiellement le fils du comte qui de son côté n'avait fait aucune opposition. Dans le règlement du divorce, elle avait obtenu la moitié des biens de ce dernier, à la condition de constituer un majorat en faveur de leur fils commun, Antoni. Elle s’engageait, par ailleurs, à élever les deux enfants. C'est tout ce qu'elle désirait.
Conscient du danger, Napoléon lui ordonne de quitter la Pologne et de rentrer à Paris, ce qu’elle fait en janvier 1813. Elle trouve dans la capitale française une atmosphère d’exubérance mondaine bien trompeuse. Paris ne réalise pas la gravité de la situation dans laquelle Napoléon est inextricablement empêtré. L'Empire jette ses derniers feux .
Marie paraît à la Cour de l’impératrice Marie-Louise, sans doute sur l’ordre de l’empereur, situation singulière . Mais voici qu'elle reçoit la plus surprenante des invitations ! Joséphine l’invite à venir la voir en compagnie de son fils à la Malmaison. Comme Marie hésite, Hortense arrive à la convaincre d’accepter. Elle se rend à la Malmaison, elle y reviendra même.
« L’Impératrice témoignait beaucoup d’amitié à madame Walewska. Devant tout le monde, elle vantait ses qualités exceptionnelles et affirmait que cette bonne personne n’était pour rien dans ses malheurs. Elle lui faisait des cadeaux et comblait son fils de joujoux. Et se montrait frappée de sa ressemblance avec l’Empereur. »
( Mémoires de Mademoiselle d’Arvaillon, femme de chambre de Joséphine)
Désirée, Eléonore, Joséphine, Pauline, Marie, Marie-Louise ... pour ne citer qu'elles ... « Napoléon eut une autre femme que Joséphine et Marie-Louise. Cette compagne porte un manteau d’azur constellé d’étoiles, elle est couronnée de lauriers. La croix d’honneur brille sur sa poitrine. Elle se nomme la Gloire. »
(Anatole France)
1813 est marquée par l'entrée en guerre de la Prusse aux côtés de la Russie et de l'Angleterre. Napoléon veut que Marie-Louise intervienne auprès de la Cour de Vienne. Obéissant aux demandes pressantes de Napoléon, l'impératrice sollicite de son père l'alliance de l'Autriche contre la coalition qui se reforme contre son époux, mais sans résultats. L'Autriche reste neutre et préfère entreprendre des négociations de paix entre les États belligérants.
Napoléon n'accepte pas les conditions de la paix de Prague et l'Autriche entre en guerre aux côtés des Alliés le 11 août 1813. L'impératrice des Français se range du côté de son époux contre son propre père... dans un premier temps ...
Des années plus tard, Napoléon dira :
« Mon mariage m’a perdu, l’Autriche était devenue ma famille, j’ai posé le pied sur un abîme recouvert de fleurs. »
A SUIVRE ...
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Re: Napoléon et les femmes
Napoléon a conscience que la fin approche. En 1810, François Ier, empereur d’Autriche, lui avait donné sa fille pour sceller la paix, au lendemain de ses défaites. Trois ans après, conseillé par Metternich, il se joint aux alliés de l’Europe contre son gendre. Cette sixième et dernière coalition amène la chute de l’Empire (… Les patriotes se soulèvent dans chaque nation. Les Alliés, Royaume-Uni, Russie, Prusse, Autriche avancent et le 31 mars 1814, ils entrent dans Paris. Napoléon est lâché par les généraux dont il a fait la gloire . Murat, roi de Naples, préfère sauver sa couronne plutôt que l'Empire en pactisant avec les Italiens. Bernadotte, le roi de Suède, n'a eu de cesse de l'affaiblir. La défection de Marmont, duc de Raguse, l'a obligé à abdiquer sans même pouvoir léguer sa couronne à son fils, ni confier la régence à Marie-Louise . Cerise sur le gâteau, Talleyrand a rendu possible et souhaitable le retour des Bourbons.
Joseph Bonaparte annonce à Marie-Louise qu’elle doit impérativement quitter Paris avec le roi de Rome, car l’ennemi risque de les intercepter.
Marie Walewska est toujours à Paris . Elle ne revoit pas l’empereur mais elle suit anxieusement les nouvelles. C'est ainsi qu'elle assiste en spectatrice au départ de Marie-Louise et du roi de Rome.
Marie-Louise et son fils se réfugient à Blois.
Mme Walewska essaie de rejoindre Napoléon à Fontainebleau mais il refuse de la voir; il ne veut voir personne.
Constant dans ses mémoire raconte :
« Son affliction était si vive de voir que l’Empereur ne la faisait pas demander que j’en pris pitié. Je rentrai dans la chambre de l’Empereur pour le prévenir de nouveau. Il ne dormait pas mais il était si profondément absorbé dans ses pensées qu’il ne me fit aucune réponse. Enfin le jour commençant à paraître, la comtesse craignant d’être vue par les gens de la maison, se retira la mort dans le coeur. Elle était partie depuis plus d’une heure quand l’Empereur se rappelant qu’elle attendait, la fit demander. Je dis à Sa Majesté ce qu’il en était; je ne lui cachais point le désespoir de la comtesse au moment de son départ. L’Empereur en fut vivement affecté. »
Napoléon, contraint à l’abdication par ses maréchaux le 3 avril, est déchu par le Sénat qui appelle les Bourbons. Le 11 avril est signé le Traité de Fontainebleau par lequel il conserve le titre d’Empereur mais ne règne plus que sur l’île d’Elbe.
Il est toujours retranché au château de Fontainebleau avec ses derniers proches.
Incapable d’accepter la défaite, il décide de mettre fin à ses jours. Il pense que les alliés vont le séparer de Marie-Louise et de son fils. Il prend, dans la nuit du 12 au 13 avril, une dose du « poison de Condorcet » . S'il choisit cette façon de mourir, c'est qu'il pense que son corps sera par la suite exposé aux Français : il veut que sa garde reconnaisse le visage calme qu’elle lui a toujours connu au milieu des batailles. Il dicte à Caulaincourt ses dernières volontés. Ses nausées sont de plus en plus violentes, il se met à vomir. Les douleurs sont atroces, mais la mort ne veut pas de lui ...
Redevenu plus calme, Napoléon sembla se rattacher à la vie, en songeant à sa femme et à son fils. Un de ses derniers visiteurs dévoués, M. de Beausset, préfet du palais, venait précisément de lui apporter une lettre de l’impératrice. Dans cette lettre, dont les termes étaient fort affectueux, Marie-Louise lui témoignait le désir d’aller prochainement le rejoindre. Napoléon se berçait de l’espérance qu’une fois en possession de son duché de Parme, l’impératrice pourrait venir avec son fils s’établir auprès de lui à l’île d’Elbe, et la perspective de cette vie de famille, à laquelle il avait été jusqu’alors assez indifférent, lui apparut comme une certitude de bonheur calme et tranquille pour l’avenir. Mais il ne devait pas lui être permis de voir se réaliser ce rêve, les puissances coalisées ayant pris la résolution cruelle de garder en quelque sorte comme otages sa femme et son fils.
Marie-Louise était alors sincère dans son désir d’être réunie à son mari. Elle comptait même beaucoup sur l’empereur d’Autriche, son père, pour avoir raison des obstacles qu’on semblait vouloir apporter à cette réunion. De Blois, où les frères de l’Empereur l’avaient conduite pour l’empêcher de tomber, elle et le roi de Rome, entre les mains de la coalition, elle retourna à Rambouillet afin de voir son père qui s’y était rendu de Paris pour l’embrasser. En route, elle eut la douleur de se voir enlever par des agents du nouveau gouvernement une douzaine de millions provenant de l’épargne de son mari, toute son argenterie et une partie de ses diamants. On s’empara de toutes ces richesses comme ayant été dérobées au trésor de l’Etat. La femme de Napoléon, l’impératrice Marie-Louise traitée comme une voleuse ! Quelle ironie du sort !
Son père n’avait pu lui épargner cet outrage. Elle apprit de sa bouche qu’il ne fallait pas songer à rejoindre, quant à présent du moins, l’époux auquel jadis elle avait été donnée comme un gage de paix entre la France et l’Autriche. Docile aux conseils paternels, elle reprit le chemin de Vienne, quittant, en fugitive, cette France où elle était venue pour ceindre la couronne impériale. Elle ne savait pas sans doute que, dans sa principauté de Parme, elle se consolerait facilement de sa grandeur déchue et de sa séparation d’avec l’époux que la politique lui avait donné, que la politique lui ôtait et qu’elle ne devait plus revoir.
( Ernest Hamel, Histoire du Premier Empire . )
Tous, ou presque, ont abandonné l’empereur, à commencer par ceux dont il a fait la fortune et la gloire ... et bientôt son épouse .
Avant que le 20 avril Napoléon ne quitte Fontainebleau pour l’île d’Elbe, la comtesse Walewska tente de le voir à nouveau. Ce même jour, elle a à débrouiller ses affaires personnelles, et surtout celle de son fils, que l’abdication de Napoléon a compliquées. Comment éviter la confiscation des biens situés dans le Royaume de Naples, qui semble bien être l'intention de Murat ? Elle décide de partir en Italie pour demander l’intervention de la reine de Naples, Caroline, avec laquelle elle a toujours eu de bons rapports.
Joséphine, dans sa retraite de la Malmaison, recueille les échos des événements, Joséphine par qui un grand nombre d’émigrés avaient obtenu leur radiation, leur réintégration dans leurs propriétés , Joséphine aux larmes de laquelle MM. de Polignac et de Rivière, impliqués dans la conspiration de Georges Cadoudal, durent de ne pas porter leur tête sur l’échafaud, Joséphine à qui Napoléon disait « Si je gagne les batailles, c’est vous qui gagnez les cœurs. » , Joséphine doublement nécessaire à Napoléon, dont elle connaissait le caractère, et qu’elle savait captiver avec un art qu’il s’est plu souvent à reconnaître. Elle avait accepté sa répudiation comme un moyen de payer tous les bienfaits de son époux par un sacrifice qu’elle croyait nécessaire au bien de la nation. Elle s'était consacrée tout entière à la culture des arts qu’elle n’avait jamais cessé de protéger sur le trône. Elle étudiait la botanique. Elle s'adonnait à des œuvres de bienfaisance et de charité qui lui méritèrent le surnom de mère des pauvres. Joséphine n'a plus qu'un mois à vivre.
La veille de sa mort, le 29 mai 1814, Joséphine Bonaparte est brûlante de fièvre. Son appareil respiratoire est purulent. Elle est alitée dans un état semi-comatique.
Quelques heures plus tôt, elle a contracté un coup de froid lors d'une promenade en barque en compagnie du tsar sur les étangs de Saint-Leu . Lorsque Alexandre Ier, auprès de qui elle négociait le maintien de sa rente, se rend à son chevet , elle rabroue son médecin qui la conjure de rester couchée. « Vous devriez comprendre que je ne peux pas faire autrement », lui rétorque-t-elle avant de se lever, titubante, de s'habiller et de recevoir son illustre visiteur. Elle pousse son dernier soupir quelques heures plus tard, victime d'une pneumonie foudroyante.
Sur ce tableau, nous voyons Joséphine, assise au centre, entourée de son fils Eugène, de sa fille Hortense accompagnée de ses deux enfants. Tous sont présentés au tsar Alexandre Ier qui se tient debout son chapeau à la main.
Alexandre et le roi de Prusse viennent la visiter à la Malmaison. Tandis qu’elle recevait Frédéric-Guillaume, elle sentit redoubler ses souffrances ; trois jours après, elle avait cessé de vivre.
Joseph Bonaparte annonce à Marie-Louise qu’elle doit impérativement quitter Paris avec le roi de Rome, car l’ennemi risque de les intercepter.
Marie Walewska est toujours à Paris . Elle ne revoit pas l’empereur mais elle suit anxieusement les nouvelles. C'est ainsi qu'elle assiste en spectatrice au départ de Marie-Louise et du roi de Rome.
Marie-Louise et son fils se réfugient à Blois.
Mme Walewska essaie de rejoindre Napoléon à Fontainebleau mais il refuse de la voir; il ne veut voir personne.
Constant dans ses mémoire raconte :
« Son affliction était si vive de voir que l’Empereur ne la faisait pas demander que j’en pris pitié. Je rentrai dans la chambre de l’Empereur pour le prévenir de nouveau. Il ne dormait pas mais il était si profondément absorbé dans ses pensées qu’il ne me fit aucune réponse. Enfin le jour commençant à paraître, la comtesse craignant d’être vue par les gens de la maison, se retira la mort dans le coeur. Elle était partie depuis plus d’une heure quand l’Empereur se rappelant qu’elle attendait, la fit demander. Je dis à Sa Majesté ce qu’il en était; je ne lui cachais point le désespoir de la comtesse au moment de son départ. L’Empereur en fut vivement affecté. »
Napoléon, contraint à l’abdication par ses maréchaux le 3 avril, est déchu par le Sénat qui appelle les Bourbons. Le 11 avril est signé le Traité de Fontainebleau par lequel il conserve le titre d’Empereur mais ne règne plus que sur l’île d’Elbe.
Il est toujours retranché au château de Fontainebleau avec ses derniers proches.
Incapable d’accepter la défaite, il décide de mettre fin à ses jours. Il pense que les alliés vont le séparer de Marie-Louise et de son fils. Il prend, dans la nuit du 12 au 13 avril, une dose du « poison de Condorcet » . S'il choisit cette façon de mourir, c'est qu'il pense que son corps sera par la suite exposé aux Français : il veut que sa garde reconnaisse le visage calme qu’elle lui a toujours connu au milieu des batailles. Il dicte à Caulaincourt ses dernières volontés. Ses nausées sont de plus en plus violentes, il se met à vomir. Les douleurs sont atroces, mais la mort ne veut pas de lui ...
Redevenu plus calme, Napoléon sembla se rattacher à la vie, en songeant à sa femme et à son fils. Un de ses derniers visiteurs dévoués, M. de Beausset, préfet du palais, venait précisément de lui apporter une lettre de l’impératrice. Dans cette lettre, dont les termes étaient fort affectueux, Marie-Louise lui témoignait le désir d’aller prochainement le rejoindre. Napoléon se berçait de l’espérance qu’une fois en possession de son duché de Parme, l’impératrice pourrait venir avec son fils s’établir auprès de lui à l’île d’Elbe, et la perspective de cette vie de famille, à laquelle il avait été jusqu’alors assez indifférent, lui apparut comme une certitude de bonheur calme et tranquille pour l’avenir. Mais il ne devait pas lui être permis de voir se réaliser ce rêve, les puissances coalisées ayant pris la résolution cruelle de garder en quelque sorte comme otages sa femme et son fils.
Marie-Louise était alors sincère dans son désir d’être réunie à son mari. Elle comptait même beaucoup sur l’empereur d’Autriche, son père, pour avoir raison des obstacles qu’on semblait vouloir apporter à cette réunion. De Blois, où les frères de l’Empereur l’avaient conduite pour l’empêcher de tomber, elle et le roi de Rome, entre les mains de la coalition, elle retourna à Rambouillet afin de voir son père qui s’y était rendu de Paris pour l’embrasser. En route, elle eut la douleur de se voir enlever par des agents du nouveau gouvernement une douzaine de millions provenant de l’épargne de son mari, toute son argenterie et une partie de ses diamants. On s’empara de toutes ces richesses comme ayant été dérobées au trésor de l’Etat. La femme de Napoléon, l’impératrice Marie-Louise traitée comme une voleuse ! Quelle ironie du sort !
Son père n’avait pu lui épargner cet outrage. Elle apprit de sa bouche qu’il ne fallait pas songer à rejoindre, quant à présent du moins, l’époux auquel jadis elle avait été donnée comme un gage de paix entre la France et l’Autriche. Docile aux conseils paternels, elle reprit le chemin de Vienne, quittant, en fugitive, cette France où elle était venue pour ceindre la couronne impériale. Elle ne savait pas sans doute que, dans sa principauté de Parme, elle se consolerait facilement de sa grandeur déchue et de sa séparation d’avec l’époux que la politique lui avait donné, que la politique lui ôtait et qu’elle ne devait plus revoir.
( Ernest Hamel, Histoire du Premier Empire . )
Tous, ou presque, ont abandonné l’empereur, à commencer par ceux dont il a fait la fortune et la gloire ... et bientôt son épouse .
Avant que le 20 avril Napoléon ne quitte Fontainebleau pour l’île d’Elbe, la comtesse Walewska tente de le voir à nouveau. Ce même jour, elle a à débrouiller ses affaires personnelles, et surtout celle de son fils, que l’abdication de Napoléon a compliquées. Comment éviter la confiscation des biens situés dans le Royaume de Naples, qui semble bien être l'intention de Murat ? Elle décide de partir en Italie pour demander l’intervention de la reine de Naples, Caroline, avec laquelle elle a toujours eu de bons rapports.
Joséphine, dans sa retraite de la Malmaison, recueille les échos des événements, Joséphine par qui un grand nombre d’émigrés avaient obtenu leur radiation, leur réintégration dans leurs propriétés , Joséphine aux larmes de laquelle MM. de Polignac et de Rivière, impliqués dans la conspiration de Georges Cadoudal, durent de ne pas porter leur tête sur l’échafaud, Joséphine à qui Napoléon disait « Si je gagne les batailles, c’est vous qui gagnez les cœurs. » , Joséphine doublement nécessaire à Napoléon, dont elle connaissait le caractère, et qu’elle savait captiver avec un art qu’il s’est plu souvent à reconnaître. Elle avait accepté sa répudiation comme un moyen de payer tous les bienfaits de son époux par un sacrifice qu’elle croyait nécessaire au bien de la nation. Elle s'était consacrée tout entière à la culture des arts qu’elle n’avait jamais cessé de protéger sur le trône. Elle étudiait la botanique. Elle s'adonnait à des œuvres de bienfaisance et de charité qui lui méritèrent le surnom de mère des pauvres. Joséphine n'a plus qu'un mois à vivre.
La veille de sa mort, le 29 mai 1814, Joséphine Bonaparte est brûlante de fièvre. Son appareil respiratoire est purulent. Elle est alitée dans un état semi-comatique.
Quelques heures plus tôt, elle a contracté un coup de froid lors d'une promenade en barque en compagnie du tsar sur les étangs de Saint-Leu . Lorsque Alexandre Ier, auprès de qui elle négociait le maintien de sa rente, se rend à son chevet , elle rabroue son médecin qui la conjure de rester couchée. « Vous devriez comprendre que je ne peux pas faire autrement », lui rétorque-t-elle avant de se lever, titubante, de s'habiller et de recevoir son illustre visiteur. Elle pousse son dernier soupir quelques heures plus tard, victime d'une pneumonie foudroyante.
Sur ce tableau, nous voyons Joséphine, assise au centre, entourée de son fils Eugène, de sa fille Hortense accompagnée de ses deux enfants. Tous sont présentés au tsar Alexandre Ier qui se tient debout son chapeau à la main.
Alexandre et le roi de Prusse viennent la visiter à la Malmaison. Tandis qu’elle recevait Frédéric-Guillaume, elle sentit redoubler ses souffrances ; trois jours après, elle avait cessé de vivre.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Napoléon et les femmes
Par ailleurs, Napoléon a t-il été fidèle à Marie-Louise ? Après tout, le loup ne se trouvait pas toujours dans les parages, déjà avec la campagne de Russie, puis celle d'Allemagne... L'empereur n'était sans doute pas un libertin comme Louis XV, mais enfin, le doute n'est pas exclu à mon sens.
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Napoléon et les femmes
Dominique Poulin a écrit:Par ailleurs, Napoléon a t-il été fidèle à Marie-Louise ?
Oh certainement pas. La fidélité n'était pas dans sa nature. Il avait un très gros appétit sexuel : une femme lui plaisait-elle ? ... schpounk ! il la prenait. Par ailleurs, après la naissance cauchemardesque du petit Aiglon qui avait bien failli coûter la vie à la mère et à l'enfant, Corvisart avait déconseillé une nouvelle grossesse. Il y eut donc sans doute une pose dans les rapports conjugaux, mais de quelle durée, je ne sais pas . En fait, Marie-Louise aura quatre autres enfants ( les deux premiers, illégitimes, du vivant de Napoléon ) .
Et puis, n'oublions pas que Napoléon avait toujours la comtesse Walewska sous le coude.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Napoléon et les femmes
Marie-Louise écrit à l'empereur d'Autriche : « L'état des choses est tellement triste et effrayant pour nous que je recherche auprès de vous un refuge pour moi et mon fils. C'est en vous, cher père, que je place notre salut ».
Son premier mouvement avait été de rejoindre son mari, à Fontainebleau. Mais les conseils qui lui sont prodigués par les uns et les autres sont contradictoires. Il semble que son affliction soit sincère et sa santé s'en ressent . Elle écrit à Napoléon qu'elle est fiévreuse, qu'elle crache du sang et qu'elle a besoin d'aide.
Le 11 avril, Napoléon l'informe des décisions prises par les Alliés : lui sera envoyé sur l'île d'Elbe, elle et son fils à Parme. Il aurait préféré qu'elle reçoive la Toscane, plus proche de l'île d'Elbe et d'où elle aurait pu aisément se rendre auprès de lui.
La principauté de l'Île d'Elbe est créée le 14 avril 1814 par le traité de Fontainebleau. Cet État permet à l'ancien empereur des Français Napoléon Ier de conserver ses titres de noblesse. Le traité stipule que Napoléon « renonce pour lui, ses successeurs et descendants, ainsi que pour chacun des membres de sa famille, à tout droit de souveraineté et de domination, tant sur l'Empire français et le royaume d'Italie, que sur tout autre pays. L.M. l'empereur Napoléon et l'impératrice Marie-Louise conserveront ces titres et qualités pour en jouir leur vie durant ».
Napoléon signe son abdication à Fontainebleau. 11 avril 1814.
François Bouchot (d'après Ferri Gaetano), 1843,
musée de l'Histoire de France (Versailles).
Le 2 mai, Marie-Louise quitte la France avec son fils. Leur voiture trace vers Vienne. Sa santé se dégrade sensiblement : elle maigrit de plus en plus, elle est en permanence fiévreuse et souhaite « la paix qui se trouve seulement dans la tombe ». En Autriche, elle est reçue avec de grandes démonstrations d'affection mais ses pensées sont ailleurs. Elle écrit à Napoléon : « Je me console avec l'idée que tu penses quelques fois à moi mais ne devrais je pas désirer [que tu puisses] m'oublier ; tu n'aurais pas d'inquiétudes tandis que moi, tourmentée, t'aimant plus tendrement que jamais, je passe des journées entières à me désespérer de ne pas te voir ».
La frégate anglaise l’Undaunted débarqua l'ex-empereur sur la rade de Porto-Ferrajo, le 3 mai. Curieusement précisément le même jour, Louis XVIII qui a écarté Napoléon II faisait son entrée à Paris.
A son arrivée dans l'île d'Elbe, Napoléon est d'abord hébergé quelques jours à la mairie de la ville de Portoferraio, la capitale de l'île. Puis il prend ses quartiers à la Palazzina dei Mulini.
Marie-Louise se proposait, dans un premier temps de rejoindre son époux mais, après avoir retrouvé son père, décide après tout de rester à Vienne, avec son fils. En juin 1814, François envoie sa fille se refaire une santé dans la ville thermale d'Aix-les-Bains. Est-ce un hasard si elle est accompagnée par un général en qui son père a toute confiance, Adam Albert de Neipperg ?
Ce militaire et diplomate était à Marengo. En 1809, après la campagne d'Autriche, ambassadeur en Suède, il incite Bernadotte à entrer dans la dernière coalition contre Napoléon qui se forme en 1813. En récompense de ces conseils, il est décoré par le roi de Suède. Il rejoint l'armée autrichienne, est nommé lieutenant feld-maréchal après Leipzig.
En 1810, à l'occasion du mariage de Marie-Louise et Napoléon, ambassadeur d'Autriche à Paris, il est décoré par Napoléon de la Légion d'honneur. En 1814, ce fourbe de Metternich l'envoie à Naples pour négocier les conditions du ralliement du roi Murat qui signe un traité secret avec l'Autriche. Une autre intrigue menée par ce chien de Metternich est d'essayer de détacher le vice-roi Eugène de Beauharnais, gendre du roi de Bavière et beau-fils de Napoléon, des Français ( !!! ) Neipperg tient encore le rôle d'agent en trahison, lorsque l'abdication de Fontainebleau intervient.
Accompagner Marie-Louise aux eaux, un plaisir ! Le but véritable de sa mission : tout faire pour la dissuader de partir rejoindre Napoléon sur l'île d'Elbe : « Dans six semaines, je serai son meilleur ami et dans six mois son amant ». C'est bien présomptueux . Aurait-il une botte secrète amoureuse ? Il est plutôt laid et borgne ( sans le charisme d'un Nelson ) et pourtant ... il ne faudra pas si longtemps. C'est de cet homme-là que, dans la nuit du 25 au 26 septembre à l'auberge du Soleil d'Or au Righi, en Suisse, Marie-Louise devient la maîtresse . Il est marié, il a quatre enfants ... bah ! est-ce que ça compte ?
Vers la fin du mois d'août, la duchesse de Colorno, tel est le nouveau titre de Marie-Louise, était rentrée à Vienne soucieuse de son avenir et de celui de son fils. Napoléon lui écrit qu'il l'attend sur l'île d'Elbe en septembre. C’est lors d’une de ses balades quotidiennes à cheval que Napoléon découvre, dans la vallée de San Martino, une maison donnant sur le golfe de Portoferraio. L’empereur déchu recherchait une résidence hors de la ville pour fuir le bruit et la chaleur. La bâtisse est construite en pleine campagne, dans un site majestueux, au milieu des bosquets ombragés et des vignobles.
La somptueuse architecture néoclassique de la bâtisse est l’œuvre du comte Anatolio Deminoff. Cet industriel et mécène russe, grand admirateur de Napoléon, est l’époux de la princesse Mathilde, nièce de l’empereur et fille de Jérôme Bonaparte. Napoléon en tombe aussitôt amoureux ( de la bâtisse, hien ! pas de l'industriel ) , et décide d’en faire sa résidence d’été. N’est-ce pas l’endroit rêvé pour le nid d’amour qu'il espère pour lui-même et Marie-Louise, attendue à chaque instant sur l’Île ?
Pour acquérir ce bien, Napoléon demande un prêt à sa sœur Pauline. Rien n'est trop beau pour Marie-Louise. Pauline se sépare de quelques uns de ses plus beaux bijoux pour satisfaire son illustre frère. Il veut à tout prix acquérir cette bâtisse. Sur ses ordres, l’architecte Bargigli et le décorateur Pietro Novelli métamorphosent la bâtisse en palais. L’aspect extérieur très sobre contraste avec la décoration des salles des deux étages.
Le décor du plafond de la salle à manger rappelle les amours de Napoléon et de Marie-Louise. Il révèle une fresque où deux colombes, en s’éloignant, resserrent le nœud de l’amour.
Voilà qui nous rappelle la jolie pensée de Montherlant : L'éloignement rapproche...
Mais avec Marie-Louise, cette formule fait un flop : l'ex-impératrice n'a plus nullement envie d'aller retrouver son mari sur l'île d'Elbe. Elle est amoureuse pour la première fois de sa vie. Elle oublie tous ses devoirs et ne se sépare plus de Neipperg. ( Elle oubliera même son fils à Vienne afin de roucouler plus tranquille avec son amant en Italie ) De plus, elle ne saurait se rendre sur l'île d'Elbe sans le consentement de son père, n'est-ce pas. Le beau prétexte tout trouvé !
Elle écrit à son amie et confidente Mme de Montebello :
« Figurez vous que dans les derniers jours de mon séjour à Aix, l'Empereur m'a envoyé message sur message pour m'engager à venir le rejoindre […] Je n'irai pas pour le moment dans l'île d'Elbe et je n'irai jamais ».
Par le traité de Fontainebleau du 11 avril 1814 , le jeune Napoléon II avait été nommé prince de Parme, étant le fils et l'héritier de la nouvelle duchesse souveraine de Parme et de Plaisance. Cependant, le traité du 10 juin 1817 retira définitivement au fils de Marie-Louise à la fois son titre de prince et ses droits sur Parme désormais dévolus aux Bourbon-Parme, qui devaient succéder à la duchesse.
Marie-Louise finit par laisser son fils à Vienne pour s'en aller régner à Parme à titre viager, avec Neipperg. Certains soutinrent qu'il était un bâtard au motif que le mariage de Joséphine avec Napoléon n'avait pas été annulé par le pape en personne.
Son premier mouvement avait été de rejoindre son mari, à Fontainebleau. Mais les conseils qui lui sont prodigués par les uns et les autres sont contradictoires. Il semble que son affliction soit sincère et sa santé s'en ressent . Elle écrit à Napoléon qu'elle est fiévreuse, qu'elle crache du sang et qu'elle a besoin d'aide.
Le 11 avril, Napoléon l'informe des décisions prises par les Alliés : lui sera envoyé sur l'île d'Elbe, elle et son fils à Parme. Il aurait préféré qu'elle reçoive la Toscane, plus proche de l'île d'Elbe et d'où elle aurait pu aisément se rendre auprès de lui.
La principauté de l'Île d'Elbe est créée le 14 avril 1814 par le traité de Fontainebleau. Cet État permet à l'ancien empereur des Français Napoléon Ier de conserver ses titres de noblesse. Le traité stipule que Napoléon « renonce pour lui, ses successeurs et descendants, ainsi que pour chacun des membres de sa famille, à tout droit de souveraineté et de domination, tant sur l'Empire français et le royaume d'Italie, que sur tout autre pays. L.M. l'empereur Napoléon et l'impératrice Marie-Louise conserveront ces titres et qualités pour en jouir leur vie durant ».
Napoléon signe son abdication à Fontainebleau. 11 avril 1814.
François Bouchot (d'après Ferri Gaetano), 1843,
musée de l'Histoire de France (Versailles).
Le 2 mai, Marie-Louise quitte la France avec son fils. Leur voiture trace vers Vienne. Sa santé se dégrade sensiblement : elle maigrit de plus en plus, elle est en permanence fiévreuse et souhaite « la paix qui se trouve seulement dans la tombe ». En Autriche, elle est reçue avec de grandes démonstrations d'affection mais ses pensées sont ailleurs. Elle écrit à Napoléon : « Je me console avec l'idée que tu penses quelques fois à moi mais ne devrais je pas désirer [que tu puisses] m'oublier ; tu n'aurais pas d'inquiétudes tandis que moi, tourmentée, t'aimant plus tendrement que jamais, je passe des journées entières à me désespérer de ne pas te voir ».
La frégate anglaise l’Undaunted débarqua l'ex-empereur sur la rade de Porto-Ferrajo, le 3 mai. Curieusement précisément le même jour, Louis XVIII qui a écarté Napoléon II faisait son entrée à Paris.
A son arrivée dans l'île d'Elbe, Napoléon est d'abord hébergé quelques jours à la mairie de la ville de Portoferraio, la capitale de l'île. Puis il prend ses quartiers à la Palazzina dei Mulini.
Marie-Louise se proposait, dans un premier temps de rejoindre son époux mais, après avoir retrouvé son père, décide après tout de rester à Vienne, avec son fils. En juin 1814, François envoie sa fille se refaire une santé dans la ville thermale d'Aix-les-Bains. Est-ce un hasard si elle est accompagnée par un général en qui son père a toute confiance, Adam Albert de Neipperg ?
Ce militaire et diplomate était à Marengo. En 1809, après la campagne d'Autriche, ambassadeur en Suède, il incite Bernadotte à entrer dans la dernière coalition contre Napoléon qui se forme en 1813. En récompense de ces conseils, il est décoré par le roi de Suède. Il rejoint l'armée autrichienne, est nommé lieutenant feld-maréchal après Leipzig.
En 1810, à l'occasion du mariage de Marie-Louise et Napoléon, ambassadeur d'Autriche à Paris, il est décoré par Napoléon de la Légion d'honneur. En 1814, ce fourbe de Metternich l'envoie à Naples pour négocier les conditions du ralliement du roi Murat qui signe un traité secret avec l'Autriche. Une autre intrigue menée par ce chien de Metternich est d'essayer de détacher le vice-roi Eugène de Beauharnais, gendre du roi de Bavière et beau-fils de Napoléon, des Français ( !!! ) Neipperg tient encore le rôle d'agent en trahison, lorsque l'abdication de Fontainebleau intervient.
Accompagner Marie-Louise aux eaux, un plaisir ! Le but véritable de sa mission : tout faire pour la dissuader de partir rejoindre Napoléon sur l'île d'Elbe : « Dans six semaines, je serai son meilleur ami et dans six mois son amant ». C'est bien présomptueux . Aurait-il une botte secrète amoureuse ? Il est plutôt laid et borgne ( sans le charisme d'un Nelson ) et pourtant ... il ne faudra pas si longtemps. C'est de cet homme-là que, dans la nuit du 25 au 26 septembre à l'auberge du Soleil d'Or au Righi, en Suisse, Marie-Louise devient la maîtresse . Il est marié, il a quatre enfants ... bah ! est-ce que ça compte ?
Vers la fin du mois d'août, la duchesse de Colorno, tel est le nouveau titre de Marie-Louise, était rentrée à Vienne soucieuse de son avenir et de celui de son fils. Napoléon lui écrit qu'il l'attend sur l'île d'Elbe en septembre. C’est lors d’une de ses balades quotidiennes à cheval que Napoléon découvre, dans la vallée de San Martino, une maison donnant sur le golfe de Portoferraio. L’empereur déchu recherchait une résidence hors de la ville pour fuir le bruit et la chaleur. La bâtisse est construite en pleine campagne, dans un site majestueux, au milieu des bosquets ombragés et des vignobles.
La somptueuse architecture néoclassique de la bâtisse est l’œuvre du comte Anatolio Deminoff. Cet industriel et mécène russe, grand admirateur de Napoléon, est l’époux de la princesse Mathilde, nièce de l’empereur et fille de Jérôme Bonaparte. Napoléon en tombe aussitôt amoureux ( de la bâtisse, hien ! pas de l'industriel ) , et décide d’en faire sa résidence d’été. N’est-ce pas l’endroit rêvé pour le nid d’amour qu'il espère pour lui-même et Marie-Louise, attendue à chaque instant sur l’Île ?
Pour acquérir ce bien, Napoléon demande un prêt à sa sœur Pauline. Rien n'est trop beau pour Marie-Louise. Pauline se sépare de quelques uns de ses plus beaux bijoux pour satisfaire son illustre frère. Il veut à tout prix acquérir cette bâtisse. Sur ses ordres, l’architecte Bargigli et le décorateur Pietro Novelli métamorphosent la bâtisse en palais. L’aspect extérieur très sobre contraste avec la décoration des salles des deux étages.
Le décor du plafond de la salle à manger rappelle les amours de Napoléon et de Marie-Louise. Il révèle une fresque où deux colombes, en s’éloignant, resserrent le nœud de l’amour.
Voilà qui nous rappelle la jolie pensée de Montherlant : L'éloignement rapproche...
Mais avec Marie-Louise, cette formule fait un flop : l'ex-impératrice n'a plus nullement envie d'aller retrouver son mari sur l'île d'Elbe. Elle est amoureuse pour la première fois de sa vie. Elle oublie tous ses devoirs et ne se sépare plus de Neipperg. ( Elle oubliera même son fils à Vienne afin de roucouler plus tranquille avec son amant en Italie ) De plus, elle ne saurait se rendre sur l'île d'Elbe sans le consentement de son père, n'est-ce pas. Le beau prétexte tout trouvé !
Elle écrit à son amie et confidente Mme de Montebello :
« Figurez vous que dans les derniers jours de mon séjour à Aix, l'Empereur m'a envoyé message sur message pour m'engager à venir le rejoindre […] Je n'irai pas pour le moment dans l'île d'Elbe et je n'irai jamais ».
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Par le traité de Fontainebleau du 11 avril 1814 , le jeune Napoléon II avait été nommé prince de Parme, étant le fils et l'héritier de la nouvelle duchesse souveraine de Parme et de Plaisance. Cependant, le traité du 10 juin 1817 retira définitivement au fils de Marie-Louise à la fois son titre de prince et ses droits sur Parme désormais dévolus aux Bourbon-Parme, qui devaient succéder à la duchesse.
Marie-Louise finit par laisser son fils à Vienne pour s'en aller régner à Parme à titre viager, avec Neipperg. Certains soutinrent qu'il était un bâtard au motif que le mariage de Joséphine avec Napoléon n'avait pas été annulé par le pape en personne.
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Napoléon et les femmes
Marie Walewska voyage en Italie accompagnée de sa soeur et son frère Théodore. Elle va à Bologne pour rencontrer Elisa Bonaparte. De Florence, elle envoie Théodore le 4 août 1814 sur l’île d’Elbe, porteur d'une lettre pour Napoléon.
Elle sollicite l'autorisation de venir le voir.
Sur son bout de rocher, Napoléon se berce toujours d'illusions : c'est Marie-Louise et son fils qu'il attend .
Néanmoins très ému, il répond à Marie le 9 août :
« Marie, j’ai reçu votre lettre. J’ai parlé à votre frère. Allez à Naples arranger vos affaires ; en allant ou en revenant, je vous verrai avec l’intérêt que vous m’avez toujours inspiré et le petit dont on me dit tant de bien que j’en ai une véritable joie et me fait fort de l’embrasser – Adieu Marie, cent choses tendres. »
Pons de l'Hérault
Napoléon, empereur de l'île d'Elbe - Souvenirs & Anecdotes
« Tout à coup, la population matinale s’écria : « L’Impératrice et le Roi de Rome sont arrivés » et aussitôt la population entière fut debout. On m’envoya un exprès pour m’instruire de ce grand évènement, j’accourus à Porto-Ferrajo. Les officiers de la Garde avaient la tête à l’envers ; ils voulaient que l’Impératrice et le Roi de Rome restassent à l’île d’Elbe.
Le commandant Malet me priait de rédiger une adresse raisonnée pour signifier cela à l’Empereur. Les Porto-Ferrajais voulurent en faire autant ; l’intendant me demanda s’il devait consentir à cette démarche. Le général Drouot évitait de se montrer en public.
Le vrai était que Mme la comtesse Walewska et son fils avaient débarqué à Marciana, que Mme la comtesse Walewska avait à peu près l’âge de l’Impératrice, autant de noblesse que l’Impératrice, que l’enfant avait aussi à peu près l’âge du Roi de Rome, qu’il était mis comme le Roi de Rome. l’erreur était facile ; elle fut complète. Mme la comtesse Walewska se plut à la laisser exister, même elle la sanctionna, car elle faisait répéter à son fils les paroles que la renommée attribuait au Roi de Rome. C’était le rapport des marins dans le bâtiment desquels Mme la comtesse Walewska était venue à l’île d’Elbe avec son fils.
Aussitôt que Mme la comtesse Walewska fut arrivée à la tente de l’Empereur, l’Empereur ne reçut plus personne, pas même Madame Mère, et l’on peut dire qu’il se mit en grande quarantaine. Son isolement fut complet. (…)
Mme la comtesse Walewska et son fils restèrent environ cinquante heures auprès de l’Empereur. »
Guy Godlewski:
Napoléon à l'île d'Elbe, 300 jours d'exil
Au cours de la nuit du 1er septembre, un navire entre en rade de Porto Ferrajo mais, au lieu de gagner le port, mouille dans une crique au fond du golfe. Bertrand prévenu accourt, salue profondément la jeune femme et l'enfant qui débarquent, fait atteler une calèche et seller les chevaux. Les voyageurs disparaissent aussi mystérieusement qu'ils sont venus. En ville le bruit se répand de l'arrivée de l'Impératrice et du Roi de Rome.
Quelques heures plus tôt, au crépuscule, Napoléon avait suivi à la lunette l'approche du bâtiment. Dès qu'une estafette de Bertrand lui apprend l'accostage, il la renvoie avec ses ordres et saute lui-même à cheval. Précédé de quatre porteurs de torches, il descend de son nid d'aigle. La rencontre des deux groupes se fera au milieu de la nuit, le long de la mer, près de Marciana Marina. Napoléon prend la place de Bertrand dans la calèche et, tout en jouant avec les boucles blondes de l'enfant, s'enquiert affectueusement du voyage. Avant l'aube, tout le monde atteint enfin l'Ermitage, Napoléon a cédé sa chambre et fait dresser une tente devant la maison. Mais Ali, son valet de chambre, le voit furtivement la quitter aussitôt : Marie Walewska passe avec lui une dernière nuit...
Certes, les temps de l'idylle polonaise sont révolus. L'amour de l'Empereur est mort, celui de Marie subsiste-t-il ? Pendant les quatre années du règne de Marie-Louise il l'a rarement revue. A Fontainebleau, après l'abdication, elle a vainement attendu une nuit devant sa porte, il ne l'a pas reçue. A l'île d'Elbe, elle lui a écrit plusieurs fois, gagnant par petites étapes la côte toscane, sollicitant la permission de venir. Il la lui accorde enfin et elle accourt, peut-être avec l'espoir de rester auprès de lui.
C'est mal le connaître. Informé quelques heures plus tard de la rumeur publique, il en conçoit un vif mécontentement. Ainsi, malgré les précautions prises, les Elbois sont déjà persuadés que sa femme et son fils l'ont rejoint. Il désire éviter que le Cabinet autrichien ne tire parti de cette visite pour inciter Marie-Louise à ajourner encore sa venue. Il ne veut surtout pas, lui si strict pour les autres, que sa conduite soit un objet de scandale quand la vérité éclatera.
Marie Walewska sera donc une fois de plus sacrifiée au devoir conjugal et aux obligations d'Etat. Il ne le lui dit pas tout de suite. Le matin, il l'emmène jusqu'à son rocher ; au déjeuner, il s'esquive pour sa visite quotidienne à Madame Mère - la famille avant tout. Le soir, il dîne sous la tente avec la jeune femme et les officiers polonais de la Garde. On improvise des danses, les chants slaves s'élèvent de la terre latine. Marie espère, Marie est heureuse. Le lendemain, informée par le trésorier Peyrusse de la détresse financière de l'Empereur, elle veut restituer le collier de perles qu'il lui offrit jadis à la naissance d'Alexandre, mais il refuse avec émotion et la prie doucement de partir le soir même. Puis il disparaît toute la journée et ne la reverra que pour les adieux.
Napoléon amena Marie dans un lieu cher à son cœur: la Madonna del Monte,
lieu de repos et de méditation qu’il aimait tout particulièrement
Napoléon passait ses journées à l’ermitage de la Madonna del Monte, extasié par la contemplation de son île natale […]
De là, il avait l’impression de pouvoir toucher Bastia rien qu’en tendant la main.
Rien ne manque à cet épisode, ni le cadre exceptionnel où il se déroula, ni son dénouement romantique. Avec la nuit la tempête s'est levée, la pluie tombe en rafales. Marie, transie, serrant son enfant contre elle, tente de s'embarquer à Marciana. Le risque est trop grand. Son navire ira l'attendre à Porto Longone, à l'autre extrémité de l'île. De longues heures elle peine sur les mauvais chemins transformés en torrents. dans la nuit traversée d'éclairs. Lorsqu'elle atteint son but, on veut encore la dissuader. Trop fière elle s'obstine, saute dans une barque et, courant mille périls. gagne l'échelle de coupée. Le vaisseau s'éloigne, elle ne reverra Napoléon que furtivement à l'Elysée et à Malmaison. quelques mois plus tard. Lui, pendant ce temps, saisi de remords et d'angoisse, dépêche un officier d'ordonnance pour ajourner l'embarquement, puis de plus en plus inquiet, saute à cheval et galope jusqu'à Longone, où il arrivera trop tard. Au matin, accablé, frissonnant, il regagne l'Ermitage, mais le charme est rompu. Deux jours plus tard, il le quittera à son tour pour n'y plus revenir."
Elle sollicite l'autorisation de venir le voir.
Sur son bout de rocher, Napoléon se berce toujours d'illusions : c'est Marie-Louise et son fils qu'il attend .
Néanmoins très ému, il répond à Marie le 9 août :
« Marie, j’ai reçu votre lettre. J’ai parlé à votre frère. Allez à Naples arranger vos affaires ; en allant ou en revenant, je vous verrai avec l’intérêt que vous m’avez toujours inspiré et le petit dont on me dit tant de bien que j’en ai une véritable joie et me fait fort de l’embrasser – Adieu Marie, cent choses tendres. »
Pons de l'Hérault
Napoléon, empereur de l'île d'Elbe - Souvenirs & Anecdotes
« Tout à coup, la population matinale s’écria : « L’Impératrice et le Roi de Rome sont arrivés » et aussitôt la population entière fut debout. On m’envoya un exprès pour m’instruire de ce grand évènement, j’accourus à Porto-Ferrajo. Les officiers de la Garde avaient la tête à l’envers ; ils voulaient que l’Impératrice et le Roi de Rome restassent à l’île d’Elbe.
Le commandant Malet me priait de rédiger une adresse raisonnée pour signifier cela à l’Empereur. Les Porto-Ferrajais voulurent en faire autant ; l’intendant me demanda s’il devait consentir à cette démarche. Le général Drouot évitait de se montrer en public.
Le vrai était que Mme la comtesse Walewska et son fils avaient débarqué à Marciana, que Mme la comtesse Walewska avait à peu près l’âge de l’Impératrice, autant de noblesse que l’Impératrice, que l’enfant avait aussi à peu près l’âge du Roi de Rome, qu’il était mis comme le Roi de Rome. l’erreur était facile ; elle fut complète. Mme la comtesse Walewska se plut à la laisser exister, même elle la sanctionna, car elle faisait répéter à son fils les paroles que la renommée attribuait au Roi de Rome. C’était le rapport des marins dans le bâtiment desquels Mme la comtesse Walewska était venue à l’île d’Elbe avec son fils.
Aussitôt que Mme la comtesse Walewska fut arrivée à la tente de l’Empereur, l’Empereur ne reçut plus personne, pas même Madame Mère, et l’on peut dire qu’il se mit en grande quarantaine. Son isolement fut complet. (…)
Mme la comtesse Walewska et son fils restèrent environ cinquante heures auprès de l’Empereur. »
Guy Godlewski:
Napoléon à l'île d'Elbe, 300 jours d'exil
Au cours de la nuit du 1er septembre, un navire entre en rade de Porto Ferrajo mais, au lieu de gagner le port, mouille dans une crique au fond du golfe. Bertrand prévenu accourt, salue profondément la jeune femme et l'enfant qui débarquent, fait atteler une calèche et seller les chevaux. Les voyageurs disparaissent aussi mystérieusement qu'ils sont venus. En ville le bruit se répand de l'arrivée de l'Impératrice et du Roi de Rome.
Quelques heures plus tôt, au crépuscule, Napoléon avait suivi à la lunette l'approche du bâtiment. Dès qu'une estafette de Bertrand lui apprend l'accostage, il la renvoie avec ses ordres et saute lui-même à cheval. Précédé de quatre porteurs de torches, il descend de son nid d'aigle. La rencontre des deux groupes se fera au milieu de la nuit, le long de la mer, près de Marciana Marina. Napoléon prend la place de Bertrand dans la calèche et, tout en jouant avec les boucles blondes de l'enfant, s'enquiert affectueusement du voyage. Avant l'aube, tout le monde atteint enfin l'Ermitage, Napoléon a cédé sa chambre et fait dresser une tente devant la maison. Mais Ali, son valet de chambre, le voit furtivement la quitter aussitôt : Marie Walewska passe avec lui une dernière nuit...
Certes, les temps de l'idylle polonaise sont révolus. L'amour de l'Empereur est mort, celui de Marie subsiste-t-il ? Pendant les quatre années du règne de Marie-Louise il l'a rarement revue. A Fontainebleau, après l'abdication, elle a vainement attendu une nuit devant sa porte, il ne l'a pas reçue. A l'île d'Elbe, elle lui a écrit plusieurs fois, gagnant par petites étapes la côte toscane, sollicitant la permission de venir. Il la lui accorde enfin et elle accourt, peut-être avec l'espoir de rester auprès de lui.
C'est mal le connaître. Informé quelques heures plus tard de la rumeur publique, il en conçoit un vif mécontentement. Ainsi, malgré les précautions prises, les Elbois sont déjà persuadés que sa femme et son fils l'ont rejoint. Il désire éviter que le Cabinet autrichien ne tire parti de cette visite pour inciter Marie-Louise à ajourner encore sa venue. Il ne veut surtout pas, lui si strict pour les autres, que sa conduite soit un objet de scandale quand la vérité éclatera.
Marie Walewska sera donc une fois de plus sacrifiée au devoir conjugal et aux obligations d'Etat. Il ne le lui dit pas tout de suite. Le matin, il l'emmène jusqu'à son rocher ; au déjeuner, il s'esquive pour sa visite quotidienne à Madame Mère - la famille avant tout. Le soir, il dîne sous la tente avec la jeune femme et les officiers polonais de la Garde. On improvise des danses, les chants slaves s'élèvent de la terre latine. Marie espère, Marie est heureuse. Le lendemain, informée par le trésorier Peyrusse de la détresse financière de l'Empereur, elle veut restituer le collier de perles qu'il lui offrit jadis à la naissance d'Alexandre, mais il refuse avec émotion et la prie doucement de partir le soir même. Puis il disparaît toute la journée et ne la reverra que pour les adieux.
Napoléon amena Marie dans un lieu cher à son cœur: la Madonna del Monte,
lieu de repos et de méditation qu’il aimait tout particulièrement
Napoléon passait ses journées à l’ermitage de la Madonna del Monte, extasié par la contemplation de son île natale […]
De là, il avait l’impression de pouvoir toucher Bastia rien qu’en tendant la main.
Rien ne manque à cet épisode, ni le cadre exceptionnel où il se déroula, ni son dénouement romantique. Avec la nuit la tempête s'est levée, la pluie tombe en rafales. Marie, transie, serrant son enfant contre elle, tente de s'embarquer à Marciana. Le risque est trop grand. Son navire ira l'attendre à Porto Longone, à l'autre extrémité de l'île. De longues heures elle peine sur les mauvais chemins transformés en torrents. dans la nuit traversée d'éclairs. Lorsqu'elle atteint son but, on veut encore la dissuader. Trop fière elle s'obstine, saute dans une barque et, courant mille périls. gagne l'échelle de coupée. Le vaisseau s'éloigne, elle ne reverra Napoléon que furtivement à l'Elysée et à Malmaison. quelques mois plus tard. Lui, pendant ce temps, saisi de remords et d'angoisse, dépêche un officier d'ordonnance pour ajourner l'embarquement, puis de plus en plus inquiet, saute à cheval et galope jusqu'à Longone, où il arrivera trop tard. Au matin, accablé, frissonnant, il regagne l'Ermitage, mais le charme est rompu. Deux jours plus tard, il le quittera à son tour pour n'y plus revenir."
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Napoléon et les femmes
Si je peux me permettre, on a un peu l'impression que l'ogre de l'Europe s'est fait avoir par les femmes comme un petit bleu.
Monsieur de la Pérouse- Messages : 504
Date d'inscription : 31/01/2019
Localisation : Enfin à bon port !
Re: Napoléon et les femmes
... comme un petit bleu
Eh bien oui, franchement, ce n'est pas faux.
Eh bien oui, franchement, ce n'est pas faux.
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Napoléon et les femmes
Se morfond-t-il, notre ex-empereur sur son bout de rocher, avec pour tout reliquat de sa grande armée six cent sept grenadiers sous les ordres de Cambronne. ? Meuh non ! Il a pris à bras-le-corps l'organisation économique et politique elboise. Il possède tous les pouvoirs avec pour ministres certains dignitaires de l'État.
Il déborde d'énergie, inspecte les mines de fer, développe l'industrie minière en exploitant le marbre, lance un plan de construction de ponts et de routes reliant les communes à la capitale, dresse un bilan des ressources de l'île, promeut la culture de pommes de terre, ordonne le reboisement avec des oliviers, des châtaigniers et des muriers afin de favoriser l'élevage de vers à soie...
Mais ses amours, j'ai le regret de vous le dire, ont du plomb dans l'aile. Entre Joséphine qui a rendu le dernier soupir, Marie-Louise qui batifole avec un autre et Marie Walewska qui voudrait bien mais lui ne veut plus ( il espère toujours retrouver sa femme et son fils ), l'horizon amoureux de Napoléon est plutôt désertiquounet . Sans doute a-t-il des maîtresses d'une nuit dont l'Histoire n'a pas retenu les noms .
Cependant, il juge bientôt que les quelques centaines d'hommes de son ancienne garde ne sont pas suffisants, il en fait gonfler les effectifs jusqu'à 1600 et demande la construction de forteresses. Le budget de l'armée est colossal. Bien-sûr, il n'a pas vu le premier sou de la rente annuelle de deux millions de francs que Louis XVIII est censé lui verser. Mais malgré tout, il fait trembler encore ses ennemis. Il est étroitement surveillé par Louis XVIII et les puissances européenne.
Outre l'argent pour payer les travaux entrepris, le train de vie de Napoléon et de sa cour pléthorique coûte cher ... Les impôts et les taxes sont drastiquement augmentés et les habitants de l'île pressurés par le fisc napoléonien se plaignent à l'agent britannique Campbell, lui demandant protection contre « les exactions de leur souverain ». Ils ignorent que le problème va se régler incessamment tout seul . En effet, des rumeurs circulant quant à sa déportation vers une petite île de l’océan Atlantique sud, Napoléon décide de fuir de son île pour retourner à Paris et reconquérir le pouvoir et sa femme.
Pons de l'Hérault raconte que, le 26 février 1815, Napoléon annonça son départ à ses soldats, une armée de 673 hommes marchant à la rencontre de toutes les armées de l’Europe ! La garde impériale laissait éclater sa joie. Une foule d’Elbois voulaient suivre l’homme du destin.
Les adieux commencèrent. Tous les compagnons de l’Empereur allèrent prendre congé de Madame Mère et de la princesse Pauline. Madame Mère était parfaite de noble résignation.
Les plus rudes moustaches ne pouvaient point retenir leurs larmes en entendant les touchantes recommandations que la princesse Pauline leur adressait en faveur de son auguste frère.
La population restée un moment silencieuse semblait frappée de stupéfaction. Ce furent des adieux, des larmes auxquels Napoléon répondit :
« Bons Elbois. Adieu ! Je vous confie ma mère et ma sœur … Adieu, mes amis, vous êtes les braves de la Toscane ! »
Toutes les embarcations du pays suivirent jusqu’au brick qui appareilla immédiatement.
Il déborde d'énergie, inspecte les mines de fer, développe l'industrie minière en exploitant le marbre, lance un plan de construction de ponts et de routes reliant les communes à la capitale, dresse un bilan des ressources de l'île, promeut la culture de pommes de terre, ordonne le reboisement avec des oliviers, des châtaigniers et des muriers afin de favoriser l'élevage de vers à soie...
Mais ses amours, j'ai le regret de vous le dire, ont du plomb dans l'aile. Entre Joséphine qui a rendu le dernier soupir, Marie-Louise qui batifole avec un autre et Marie Walewska qui voudrait bien mais lui ne veut plus ( il espère toujours retrouver sa femme et son fils ), l'horizon amoureux de Napoléon est plutôt désertiquounet . Sans doute a-t-il des maîtresses d'une nuit dont l'Histoire n'a pas retenu les noms .
Cependant, il juge bientôt que les quelques centaines d'hommes de son ancienne garde ne sont pas suffisants, il en fait gonfler les effectifs jusqu'à 1600 et demande la construction de forteresses. Le budget de l'armée est colossal. Bien-sûr, il n'a pas vu le premier sou de la rente annuelle de deux millions de francs que Louis XVIII est censé lui verser. Mais malgré tout, il fait trembler encore ses ennemis. Il est étroitement surveillé par Louis XVIII et les puissances européenne.
Outre l'argent pour payer les travaux entrepris, le train de vie de Napoléon et de sa cour pléthorique coûte cher ... Les impôts et les taxes sont drastiquement augmentés et les habitants de l'île pressurés par le fisc napoléonien se plaignent à l'agent britannique Campbell, lui demandant protection contre « les exactions de leur souverain ». Ils ignorent que le problème va se régler incessamment tout seul . En effet, des rumeurs circulant quant à sa déportation vers une petite île de l’océan Atlantique sud, Napoléon décide de fuir de son île pour retourner à Paris et reconquérir le pouvoir et sa femme.
Pons de l'Hérault raconte que, le 26 février 1815, Napoléon annonça son départ à ses soldats, une armée de 673 hommes marchant à la rencontre de toutes les armées de l’Europe ! La garde impériale laissait éclater sa joie. Une foule d’Elbois voulaient suivre l’homme du destin.
Les adieux commencèrent. Tous les compagnons de l’Empereur allèrent prendre congé de Madame Mère et de la princesse Pauline. Madame Mère était parfaite de noble résignation.
Les plus rudes moustaches ne pouvaient point retenir leurs larmes en entendant les touchantes recommandations que la princesse Pauline leur adressait en faveur de son auguste frère.
La population restée un moment silencieuse semblait frappée de stupéfaction. Ce furent des adieux, des larmes auxquels Napoléon répondit :
« Bons Elbois. Adieu ! Je vous confie ma mère et ma sœur … Adieu, mes amis, vous êtes les braves de la Toscane ! »
Toutes les embarcations du pays suivirent jusqu’au brick qui appareilla immédiatement.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Napoléon et les femmes
Il disait lui-même : « L’Aigle volera de clocher en clocher jusqu’aux tours de Notre-Dame » ... et de fait, Napoléon a fait à travers la France un retour de plus en plus triomphal. Il se crois désiré, attendu .
Louis XVIII est parti la queue entre les jambes, sans demander son reste.
Cela peut sembler bien extraordinaire mais Napoléon, qui a pourtant eu vent de la liaison de Marie-Louise avec Neipperg, jalonne son voyage d'envois de pressants courriers à sa femme . Par exemple, il séjourne deux jours à Grenoble d'où il lui écrit pour l'inviter à le rejoindre, ou bien de Lyon, il la supplie encore ( il n'est plus en position d'ordonner ) . Le 18 mars, d'Auxerre, il lui rédige une nouvelle lettre ... tout cela en pure perte .
Il ne s'illusionnait bien sûr pas vraiment sur son mariage qui était avant tout politique, mais il tient à la mère de son fils, son héritier et le premier maillon de sa dynastie à venir. D'ailleurs, sur son ilot elbois, il a d'abord reçu de sa femme de premières lettres remplies de protestations d'amour et de tendresse ... puis elles s'étaient singulièrement espacées et refroidies .
Ainsi le 5 juin 1814, elle lui écrivait :
Je me console avec l’idée que tu penses quelque fois à moi, mais ne devrais-je pas te désirer de pouvoir m’oublier; tu n’aurais pas d’inquiétudes, tandis que moi, tourmentée, t’aimant plus tendrement que jamais, je passe des journées entières à me désespérer de ne pas te voir.
Et, le 22 du même mois :
Je suis bien contente de voir que tu t’y trouves bien et que tu songes à te faire bâtir une jolie maison de campagne. Je te demande de m’y réserver un petit logement, car tu sais que je compte toujours bien venir te voir le plus tôt que je pourrai, et je fais des voeux pour que cela soit bientôt.
Etait-elle encore sincère à ce moment-là ? Cela m'étonnerait un peu . Les lettres s'espacent, et pour cause : Marie-Louise est partie aux eaux avec Neipperg qui entreprend de la séduire. Elle est déjà en train de craquer pour cet autre .
Le 21 juillet, elle écrit encore, avec peut-être un semblant d'affection :
Je ne t’ai pas écrit depuis un siècle parce que je n’ai nul moyen de te faire parvenir mes lettres, cette idée me tourmente bien, je crains que tu ne puisses me croire capable de t’oublier, et je t’avoue que ce soupçon m’affligerait beaucoup, parce que qu’il serait aussi peu mérité que fondé, mais ce qui me tourmente encore plus que tout cela, c’est de ne pas avoir de tes nouvelles, depuis le 10 mai je n’ai pas reçu une seule ligne. ( ... )
je vis ici dans le plus stricte incognito, mon père m’a envoyé le général Neipperg, il est bien, il parle bien de toi. ( J'ai dit plus haut les multiples coups tordus de Neipperg contre Napoléon )
Quelques jours après Neipperg sautait dans son lit , ou l'inverse mais c'est pareil.
Napoléon fait savoir aux puissances alliées qu'il reconnaît le traité de Paris. Il envoie également des émissaires au tsar et à l'empereur d'Autriche, mais les alliés n’acceptent pas ce retour et reprennent les armes contre la France.
"Rien dans l'histoire n'a ressemblé à ce quart d'heure", a écrit Victor Hugo. Il est vrai qu'en un peu plus de trois mois, on n'avait pas encore vu une telle bousculade de régimes et de dynasties, de serments prêtés et reniés, de passions, d'enthousiasmes et de peurs. Napoléon débarque à Golfe-Juan le 1er mars 1815, il est à Paris, le 20. Dans l'intervalle, le régime des Bourbons s'effondre comme un château de cartes.
Trois mois plus tard, Napoléon, battu à Waterloo le 18 juin.
Il abdique le 22. Le pays se dote le même jour d'un gouvernement provisoire sous la direction de Fouché. Le 3 juillet, Paris capitule devant les armées de la coalition. Louis XVIII rentre pour la deuxième fois dans sa capitale, cinq jours plus tard..
( Emmanuel de Waresquiel, Cent Jours : La tentation de l'impossible - Mars-juillet 1815 )
« Je m’offre en sacrifice à la haine des ennemis de la France », « je proclame mon fils, sous le nom de Napoléon II, empereur des Français ».
Marie-Louise, pour mieux défendre les intérêts de son fils ( hum ! ) , prend le parti de sa famille, les Habsbourg-Lorraine contre son mari. Le congrès de Vienne lui accorde, en 1815, les Duchés de Parme, Plaisance et Guastalla.
Elle n'a alors que 24 ans.
Le croirez-vous ? Marie Walewska est toujours à Paris. Elle a cru au retour de l'empereur, fidèle, effacée, et la voici désespérée.
Le vol de l'aigle a fini comme celui d'Icare Elle espère être appelée aux Tuileries mais n’ose pas y aller de son propre chef. La bonne, l'adorable Hortense joue à nouveau le rôle délicat d’intermédiaire. Grâce à Hortense, le 11 juin 1815, Marie revoit enfin Napoléon au Palais de l’Elysée déserté, lugubre .
Il se reproche de l’avoir si mal traitée, mais politique fait loi . Marie pleure beaucoup. Le 21 juin, Napoléon la reçoit encore une fois, avec leur fils, et puis aussi le 28 juin, c'est à la Malmaison qu'ils se voient pour la dernière fois. De ses deux fils, Alexandre Walewski est le dernier sur lequel il pose les yeux, et c’est en pleurant toujours qu’elle le quitte. Même si Napoléon n’a pas accompli son rêve d’une Pologne libre, ils se sont passionnément aimés.
Pour l'heure, courage, fuyons ! Napoléon caresse le rêve de gagner l'Amérique . « L’Amérique était notre véritable asile, confiera-t-il plus tard à Las Cases. C’est un immense continent, d’une liberté toute particulière. Si vous avez de la mélancolie, vous pouvez monter en voiture et courir mille lieues et jouir constamment du plaisir d’un simple voyageur. » Mais Fouché, alors président du gouvernement provisoire, alerte les Britanniques sur le projet de fuite de Napoléon. L'entreprise capote dans le port de Rochefort où l'ex-empereur est déjà sur le point-même de s'embarquer . Cette fois tout est perdu, Napoléon est aux mains des Anglais.
Il paraît que Marie voulut le suivre à Sainte-Hélène ( ? ) mais qu'il refusa.
Louis XVIII est parti la queue entre les jambes, sans demander son reste.
Cela peut sembler bien extraordinaire mais Napoléon, qui a pourtant eu vent de la liaison de Marie-Louise avec Neipperg, jalonne son voyage d'envois de pressants courriers à sa femme . Par exemple, il séjourne deux jours à Grenoble d'où il lui écrit pour l'inviter à le rejoindre, ou bien de Lyon, il la supplie encore ( il n'est plus en position d'ordonner ) . Le 18 mars, d'Auxerre, il lui rédige une nouvelle lettre ... tout cela en pure perte .
Il ne s'illusionnait bien sûr pas vraiment sur son mariage qui était avant tout politique, mais il tient à la mère de son fils, son héritier et le premier maillon de sa dynastie à venir. D'ailleurs, sur son ilot elbois, il a d'abord reçu de sa femme de premières lettres remplies de protestations d'amour et de tendresse ... puis elles s'étaient singulièrement espacées et refroidies .
Ainsi le 5 juin 1814, elle lui écrivait :
Je me console avec l’idée que tu penses quelque fois à moi, mais ne devrais-je pas te désirer de pouvoir m’oublier; tu n’aurais pas d’inquiétudes, tandis que moi, tourmentée, t’aimant plus tendrement que jamais, je passe des journées entières à me désespérer de ne pas te voir.
Et, le 22 du même mois :
Je suis bien contente de voir que tu t’y trouves bien et que tu songes à te faire bâtir une jolie maison de campagne. Je te demande de m’y réserver un petit logement, car tu sais que je compte toujours bien venir te voir le plus tôt que je pourrai, et je fais des voeux pour que cela soit bientôt.
Etait-elle encore sincère à ce moment-là ? Cela m'étonnerait un peu . Les lettres s'espacent, et pour cause : Marie-Louise est partie aux eaux avec Neipperg qui entreprend de la séduire. Elle est déjà en train de craquer pour cet autre .
Le 21 juillet, elle écrit encore, avec peut-être un semblant d'affection :
Je ne t’ai pas écrit depuis un siècle parce que je n’ai nul moyen de te faire parvenir mes lettres, cette idée me tourmente bien, je crains que tu ne puisses me croire capable de t’oublier, et je t’avoue que ce soupçon m’affligerait beaucoup, parce que qu’il serait aussi peu mérité que fondé, mais ce qui me tourmente encore plus que tout cela, c’est de ne pas avoir de tes nouvelles, depuis le 10 mai je n’ai pas reçu une seule ligne. ( ... )
je vis ici dans le plus stricte incognito, mon père m’a envoyé le général Neipperg, il est bien, il parle bien de toi. ( J'ai dit plus haut les multiples coups tordus de Neipperg contre Napoléon )
Quelques jours après Neipperg sautait dans son lit , ou l'inverse mais c'est pareil.
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Napoléon fait savoir aux puissances alliées qu'il reconnaît le traité de Paris. Il envoie également des émissaires au tsar et à l'empereur d'Autriche, mais les alliés n’acceptent pas ce retour et reprennent les armes contre la France.
"Rien dans l'histoire n'a ressemblé à ce quart d'heure", a écrit Victor Hugo. Il est vrai qu'en un peu plus de trois mois, on n'avait pas encore vu une telle bousculade de régimes et de dynasties, de serments prêtés et reniés, de passions, d'enthousiasmes et de peurs. Napoléon débarque à Golfe-Juan le 1er mars 1815, il est à Paris, le 20. Dans l'intervalle, le régime des Bourbons s'effondre comme un château de cartes.
Trois mois plus tard, Napoléon, battu à Waterloo le 18 juin.
Il abdique le 22. Le pays se dote le même jour d'un gouvernement provisoire sous la direction de Fouché. Le 3 juillet, Paris capitule devant les armées de la coalition. Louis XVIII rentre pour la deuxième fois dans sa capitale, cinq jours plus tard..
( Emmanuel de Waresquiel, Cent Jours : La tentation de l'impossible - Mars-juillet 1815 )
« Je m’offre en sacrifice à la haine des ennemis de la France », « je proclame mon fils, sous le nom de Napoléon II, empereur des Français ».
Marie-Louise, pour mieux défendre les intérêts de son fils ( hum ! ) , prend le parti de sa famille, les Habsbourg-Lorraine contre son mari. Le congrès de Vienne lui accorde, en 1815, les Duchés de Parme, Plaisance et Guastalla.
Elle n'a alors que 24 ans.
Le croirez-vous ? Marie Walewska est toujours à Paris. Elle a cru au retour de l'empereur, fidèle, effacée, et la voici désespérée.
Le vol de l'aigle a fini comme celui d'Icare Elle espère être appelée aux Tuileries mais n’ose pas y aller de son propre chef. La bonne, l'adorable Hortense joue à nouveau le rôle délicat d’intermédiaire. Grâce à Hortense, le 11 juin 1815, Marie revoit enfin Napoléon au Palais de l’Elysée déserté, lugubre .
Il se reproche de l’avoir si mal traitée, mais politique fait loi . Marie pleure beaucoup. Le 21 juin, Napoléon la reçoit encore une fois, avec leur fils, et puis aussi le 28 juin, c'est à la Malmaison qu'ils se voient pour la dernière fois. De ses deux fils, Alexandre Walewski est le dernier sur lequel il pose les yeux, et c’est en pleurant toujours qu’elle le quitte. Même si Napoléon n’a pas accompli son rêve d’une Pologne libre, ils se sont passionnément aimés.
Pour l'heure, courage, fuyons ! Napoléon caresse le rêve de gagner l'Amérique . « L’Amérique était notre véritable asile, confiera-t-il plus tard à Las Cases. C’est un immense continent, d’une liberté toute particulière. Si vous avez de la mélancolie, vous pouvez monter en voiture et courir mille lieues et jouir constamment du plaisir d’un simple voyageur. » Mais Fouché, alors président du gouvernement provisoire, alerte les Britanniques sur le projet de fuite de Napoléon. L'entreprise capote dans le port de Rochefort où l'ex-empereur est déjà sur le point-même de s'embarquer . Cette fois tout est perdu, Napoléon est aux mains des Anglais.
Il paraît que Marie voulut le suivre à Sainte-Hélène ( ? ) mais qu'il refusa.
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Napoléon et les femmes
Marie est malade pendant des semaines après sa dernière entrevue avec Napoléon. Elle vit en recluse et ferme sa porte au comte Philippe d’Ornano qui lui fait une cour très respectueuse depuis des mois. Pendant son séjour en Italie, Marie avait appris la mort du comte Walewski. Toujours constant, toujours amoureux, quand le comte d'Ornano a enfin accès à elle, il lui demande sa main.
Elle refuse.
Philippe Antoine d’Ornano est né à Ajaccio le 17 janvier 1784. Sa mère était une Bonaparte. Il est un cousin issu de germains de Napoléon. Hein ! croyez-vous que le monde est tout petit ! Lors de la campagne de France, il a participé à la bataille de Paris, commandant les unités de la Garde impériale. Après l’abdication de Fontainebleau, il a accompagné Napoléon jusqu’à son embarquement pour l’île d’Elbe. Il est arrêté le 20 novembre 1815 pour avoir pris en public la défense de Ney .
Marie intervient vainement auprès de Fouché et de Talleyrand. Elle va trouver Decazes, nouveau ministre de la Police, qui lui accorde la libération d’Ornano. Ses sentiments ont changé. Elle accepte sa demande en mariage. Elle aurait pu enfin vivre heureuse avec cet homme intègre et sincère. Mais au terme d'une grossesse pénible, le 9 juin 1817, elle donne le jour à un petit garçon, Rodolphe-Auguste, puis s'épuise et s'affaiblit jusqu'à mourir en décembre, probablement d’une néphrite . Elle avait 31 ans.
Son coeur est placé dans la crypte de la famille d'Ornano au cimetière du Père Lachaise, à Paris, et son corps est ramené en Pologne.
Dans ses Mémoires, Marie Walewska raconte comment c'est la politique d'abord qui la poussée dans les bras de l'empereur de qui, croyait-elle, dépendait le sort de sa chère Pologne, et combien ensuite elle l'a réellement aimé .
Sous le ciel bleu d'Italie, Marie-Louise file le parfait amour avec Neipperg qui gouverne le duché de Parme pour elle. Alors qu'elle est toujours légalement mariée à Napoléon et que les médecins français avaient déclaré qu'elle ne pouvait plus avoir d'enfants, Marie-Louise donne naissance à Albertine, en mai 1817 puis à Guillaume Albert en août 1819. Deux autres, Mathilde et Gustave, mourront en bas âge. Neipperg occupe les plus hautes charges, investi du pouvoir absolu. Il fait preuve de modération et de tolérance qui contrastent avec le régime auquel sont soumis les pays voisins.
A Sainte-Hélene, Napoléon se morfond, les yeux rivés sur l'horizon .
Une chaste conquête pourtant, un petit flirt innocent, ensoleillera encore l'exil de Sainte-Hélène : la jeune Betsy Balcombe .
Je vous le racontais ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t5334-hudson-lowe-betsy-balcombe-et-napoleon-a-sainte-helene?highlight=NAPOLEON
Photograph of print entitled 'Napoléon a l'ile Ste Hélène', with Balcombe family members, ca. 1815, from copy prints of portraits of members of the Balcombe Family, State Library of New South Wales PXB1455
La pensée, l'image de son fils obsèdent l'ex-empereur. Pauvre petit Napoléon, aussi peu " II " que Louis-Charles avait été " XVII "...
Son père contemple souvent, dans sa chambre à Longwood, une miniature qui représente l'enfant blond et bouclé priant Dieu pour le succès des armées françaises...
... d'après laquelle Marchand a peint cet assez vilain petit portrait :
Napoléon meurt le 5 mai 1821.
Marie-Louise est informée de la mort de son mari en lisant la Gazzetta del Piemonte du 19 juillet, alors qu'elle est à la Villa Sala avec Neipperg et ses enfants.
Elle se confie à une amie :
« Je suis maintenant dans une grande incertitude, la Gazzetta del Piemonte a annoncé d'une manière tellement certaine la mort de l'empereur Napoléon, qu'il est presque impossible d'en douter, je vous avoue que j'en ai été très touchée, parce que, même si je n'ai jamais eu de sentiments très vifs de quelque type que ce soit pour lui, je ne peux pas oublier qu'il est le père de mon fils et que loin de me maltraiter comme le monde le pense, il m'a toujours témoigné tous les égards, seule chose que l'on puisse souhaiter dans un mariage politique. J'en suis, par conséquent, très troublée, et bien que nous devrions être contents qu'il ait fini son existence malheureuse d'une manière aussi chrétienne, moi je lui aurais souhaité de nombreuses années de bonheur et de vie, à condition qu'il soit loin de moi. Dans l'incertitude de ce qu'est la vérité, je me suis installée à Sala, ne voulant pas aller au théâtre, jusqu'à ce que l'on sache quelque chose de certain ».
... et quelques jours plus tard, le 24 juillet, à son fils :
« Je suis sûre que vous ressentirez cette douleur profondément, comme je la sens moi-même, parce que vous seriez un ingrat si vous oubliez toute la bonté qu'il a eue pour vous dans votre petite enfance, je suis aussi certaine que vous chercherez à imiter ses vertus, tout en évitant les pièges qui ont fini par le perdre ».
Devenue veuve, Marie-Louise peut épouser Neipperg, le 8 août 1821 . Elle l'enterrera en 1829. Trois ans plus tard, c'est le fils de Napoléon, le malheureux duc de Reichstadt qui meurt à l’âge de 21 ans, d’une tuberculose. Marie-Louise accourt à Vienne pour recueillir le dernier soupir de cet enfant qu'elle a bel et bien abandonné.
Comme nous le savons, par une bizarrerie de l'Histoire, cette ex-impératrice, la propre nièce de Marie-Antoinette aura pour troisième mari l'un des fils de notre bon et excellent marquis de Bombelles ! Les mariages morganatiques ne faisaient pas peur à Marie-Louise . Quelques amants s'étaient gaillardement succédés dans son lit dans la parenthèse entre Neipperg et Bombelles, un homme droit, austère et pieux avec qui elle finira sa vie en poursuivant une action gouvernementale qui lui vaudra d'être aimée et regrettée par ses sujets parmesans.
Elle est emportée, le 17 décembre 1847, par une pleurésie rhumatoïde.
Ce rapide survol de toutes les amours de Napoléon depuis sa prime jeunesse s'est appuyé sur les fiches wiki des différents protagonistes ainsi que quelques échos passionnants des sites suivants :
http://www.napoleonprisonnier.com/chronologie/elbe_evenements.html
http://www.noblesseetroyautes.com/marie-walewska-8eme-partie-et-fin/
http://www.napoleonprisonnier.com/napoleon/marielouise.html
Elle refuse.
Philippe Antoine d’Ornano est né à Ajaccio le 17 janvier 1784. Sa mère était une Bonaparte. Il est un cousin issu de germains de Napoléon. Hein ! croyez-vous que le monde est tout petit ! Lors de la campagne de France, il a participé à la bataille de Paris, commandant les unités de la Garde impériale. Après l’abdication de Fontainebleau, il a accompagné Napoléon jusqu’à son embarquement pour l’île d’Elbe. Il est arrêté le 20 novembre 1815 pour avoir pris en public la défense de Ney .
Marie intervient vainement auprès de Fouché et de Talleyrand. Elle va trouver Decazes, nouveau ministre de la Police, qui lui accorde la libération d’Ornano. Ses sentiments ont changé. Elle accepte sa demande en mariage. Elle aurait pu enfin vivre heureuse avec cet homme intègre et sincère. Mais au terme d'une grossesse pénible, le 9 juin 1817, elle donne le jour à un petit garçon, Rodolphe-Auguste, puis s'épuise et s'affaiblit jusqu'à mourir en décembre, probablement d’une néphrite . Elle avait 31 ans.
Son coeur est placé dans la crypte de la famille d'Ornano au cimetière du Père Lachaise, à Paris, et son corps est ramené en Pologne.
Dans ses Mémoires, Marie Walewska raconte comment c'est la politique d'abord qui la poussée dans les bras de l'empereur de qui, croyait-elle, dépendait le sort de sa chère Pologne, et combien ensuite elle l'a réellement aimé .
Sous le ciel bleu d'Italie, Marie-Louise file le parfait amour avec Neipperg qui gouverne le duché de Parme pour elle. Alors qu'elle est toujours légalement mariée à Napoléon et que les médecins français avaient déclaré qu'elle ne pouvait plus avoir d'enfants, Marie-Louise donne naissance à Albertine, en mai 1817 puis à Guillaume Albert en août 1819. Deux autres, Mathilde et Gustave, mourront en bas âge. Neipperg occupe les plus hautes charges, investi du pouvoir absolu. Il fait preuve de modération et de tolérance qui contrastent avec le régime auquel sont soumis les pays voisins.
A Sainte-Hélene, Napoléon se morfond, les yeux rivés sur l'horizon .
Une chaste conquête pourtant, un petit flirt innocent, ensoleillera encore l'exil de Sainte-Hélène : la jeune Betsy Balcombe .
Je vous le racontais ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t5334-hudson-lowe-betsy-balcombe-et-napoleon-a-sainte-helene?highlight=NAPOLEON
Photograph of print entitled 'Napoléon a l'ile Ste Hélène', with Balcombe family members, ca. 1815, from copy prints of portraits of members of the Balcombe Family, State Library of New South Wales PXB1455
La pensée, l'image de son fils obsèdent l'ex-empereur. Pauvre petit Napoléon, aussi peu " II " que Louis-Charles avait été " XVII "...
Son père contemple souvent, dans sa chambre à Longwood, une miniature qui représente l'enfant blond et bouclé priant Dieu pour le succès des armées françaises...
... d'après laquelle Marchand a peint cet assez vilain petit portrait :
Napoléon meurt le 5 mai 1821.
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Marie-Louise est informée de la mort de son mari en lisant la Gazzetta del Piemonte du 19 juillet, alors qu'elle est à la Villa Sala avec Neipperg et ses enfants.
Elle se confie à une amie :
« Je suis maintenant dans une grande incertitude, la Gazzetta del Piemonte a annoncé d'une manière tellement certaine la mort de l'empereur Napoléon, qu'il est presque impossible d'en douter, je vous avoue que j'en ai été très touchée, parce que, même si je n'ai jamais eu de sentiments très vifs de quelque type que ce soit pour lui, je ne peux pas oublier qu'il est le père de mon fils et que loin de me maltraiter comme le monde le pense, il m'a toujours témoigné tous les égards, seule chose que l'on puisse souhaiter dans un mariage politique. J'en suis, par conséquent, très troublée, et bien que nous devrions être contents qu'il ait fini son existence malheureuse d'une manière aussi chrétienne, moi je lui aurais souhaité de nombreuses années de bonheur et de vie, à condition qu'il soit loin de moi. Dans l'incertitude de ce qu'est la vérité, je me suis installée à Sala, ne voulant pas aller au théâtre, jusqu'à ce que l'on sache quelque chose de certain ».
... et quelques jours plus tard, le 24 juillet, à son fils :
« Je suis sûre que vous ressentirez cette douleur profondément, comme je la sens moi-même, parce que vous seriez un ingrat si vous oubliez toute la bonté qu'il a eue pour vous dans votre petite enfance, je suis aussi certaine que vous chercherez à imiter ses vertus, tout en évitant les pièges qui ont fini par le perdre ».
Devenue veuve, Marie-Louise peut épouser Neipperg, le 8 août 1821 . Elle l'enterrera en 1829. Trois ans plus tard, c'est le fils de Napoléon, le malheureux duc de Reichstadt qui meurt à l’âge de 21 ans, d’une tuberculose. Marie-Louise accourt à Vienne pour recueillir le dernier soupir de cet enfant qu'elle a bel et bien abandonné.
Comme nous le savons, par une bizarrerie de l'Histoire, cette ex-impératrice, la propre nièce de Marie-Antoinette aura pour troisième mari l'un des fils de notre bon et excellent marquis de Bombelles ! Les mariages morganatiques ne faisaient pas peur à Marie-Louise . Quelques amants s'étaient gaillardement succédés dans son lit dans la parenthèse entre Neipperg et Bombelles, un homme droit, austère et pieux avec qui elle finira sa vie en poursuivant une action gouvernementale qui lui vaudra d'être aimée et regrettée par ses sujets parmesans.
Elle est emportée, le 17 décembre 1847, par une pleurésie rhumatoïde.
Ce rapide survol de toutes les amours de Napoléon depuis sa prime jeunesse s'est appuyé sur les fiches wiki des différents protagonistes ainsi que quelques échos passionnants des sites suivants :
http://www.napoleonprisonnier.com/chronologie/elbe_evenements.html
http://www.noblesseetroyautes.com/marie-walewska-8eme-partie-et-fin/
http://www.napoleonprisonnier.com/napoleon/marielouise.html
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Napoléon et les femmes
Merci beaucoup d'avoir pris le temps d'écrire et d'illustrer pour nous cette grande fresque des amours de Napoléon !
La nuit, la neige- Messages : 18131
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Napoléon et les femmes
Tout ceci confirme, que l'envie de sexe et le pouvoir en politique vont de pair, puisque dans sa jeuneuse Napoléon n'était pas très doué pour l'amour.
Teresa-Cabarrus- Messages : 364
Date d'inscription : 18/02/2014
Re: Napoléon et les femmes
Teresa-Cabarrus a écrit: l'envie de sexe et le pouvoir en politique vont de pair
Le second semble bien aider le premier !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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