"Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
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"Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
"Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
Petit chien de porcelaine représentant le carlin du duc d'Enghien :
Laissez-moi vous faire découvrir l'histoire du carlin du duc d'Enghien, un véritable témoignage d'amour et de fidélité (dont devraient s'inspirer certains êtres humains ) :
"Le petit museau et les grands yeux un peu globuleux de ce chien sont restés célèbres. Il s'agit d'un carlin dont le nom est Mohiloff. Il est entré dans l'histoire avec son maître : le duc d'Enghien… En 1804, Napoléon Bonaparte n'est que Premier consul de la République. Il caresse l'idée d'instaurer l'Empire, mais doit donner des gages à ceux qui avaient voté la mort du roi et mis fin à l'Ancien Régime. Prétextant un complot, le Premier consul fait arrêter, dans la nuit du 15 mars dans le Bade, non loin du Rhin, l'un des derniers princes de sang royal : le jeune Louis Antoine de Bourbon Condé, duc d'Enghien. N'écoutant que son sentiment de fidélité, le carlin que l'épouse du duc, Charlotte de Rohan, lui avait offert en Pologne quelques années plus tôt, lui emboîte le pas. Les soldats le repoussent à coup de bottes, mais le carlin les poursuit à travers l'Europe. En arrivant sur le Rhin, il se jette dans l'eau glacée et traverse le fleuve à la nage. Il réussit à sauter dans la voiture de son maître un peu après Strasbourg et se blottit contre le duc. Impressionnés par la force de cet animal, les gardes le laissent monter… et filent à tombeau ouvert vers Paris. Le duc d'Enghien est conduit le 20 mars dans l'après-midi au château de Vincennes. Le soir, il donne son repas à son carlin, qui l'a suivi jusque dans le cachot. Réveillé à deux heures du matin, le duc d'Enghien subit un simulacre de procès puis est froidement conduit dans les fossés du château, face à un peloton d'exécution. Mohiloff veut s'interposer, mais le duc l'éloigne. Une salve retentit. Enghien est mort. « Plus qu'un crime dira Fouché ou Talleyrand ? C'est une faute». Enghien est enterré dans une fosse creusée la veille. Le carlin reste plusieurs jours à hurler la mort de son maître. Le peintre Carle Vernet l'immortalise grattant la pierre qui recouvre la tombe. Après sa mort, Mohiloff est naturalisé et exposé à Strasbourg au Musée du Palais de Rohan. Vingt ans plus tard, avec la restauration de la monarchie en France, le duc d'Enghien devient une icône : martyre de l'imposteur Bonaparte. La manufacture de Meissen, en Saxe, créé cette figurine à l'image de Mohiloff pour les grandes familles proches de la cour. Cette porcelaine est le témoignage d'une épopée historique romanesque."
(tiré de l'article : "Le carlin attachant du duc d'Enghien", La Nouvelle République, 25/02/2012 : https://www.lanouvellerepublique.fr/loir-et-cher/le-carlin-attachant-du-duc-d-enghien#:~:text=«%20Le%20petit%20museau%20et%20les,Premier%20consul%20de%20la%20République.)
Un autre récit, poignant, de son histoire :
"Le carlin du duc d’Enghien" "Pleure pas Mohiloff, pleure pas… ton maître, il est mort, enfin… non, il est tombé, Mohiloff… Ton maître, il est tombé sous la pluie, et la pluie, dans tes yeux… Tu as couru, Mohiloff, tu as détalé… Alors, tu n’as pas vu, tu ne sais pas s’il est… Tu ne sais pas où il est, enfin, si, tu sais où il est… Tu le sais, où il est ? Tu pleures, Mohiloff, attends, j’ai du pain, j’ai de la viande, tu as faim ? Ah, mon Dieu, mon Dieu, ils l’ont fait, ils l’ont tué… Non, Mohiloff, je ne dis rien, je me parle, à moi, tu n’as pas faim, tu me regardes et tes yeux, c’est des puits, des puits de chagrin, Mohiloff. Pleure pas… Ton maître, il est mort, oui, mais peut-être pas tout mort, pas tout… Peut-être qu’il en reste un peu, de son âme, dans le fossé, et que son âme forte, et pure, va le… Ah, quel tonnerre tout à l’heure dans la nuit, et les lampes à bout de bras, et l’averse, et le mur, il était debout devant le mur, et toi, Mohiloff, à ses pieds, tu ne voulais pas, tu ne voulais pas partir, tu ne voulais pas le laisser, tu sentais qu’il était seul, tout seul devant les ombres avec des fusils, et tu t’es dit, je vais le protéger, moi, Mohiloff, ils vont se dire, mais qu’est-ce qu’il fait là celui-là, à ses pieds, tout trempé, tout tremblant, et ils vont comprendre tout d’un coup, ils vont se dire on ne peut pas, et ils vont refuser… Non Mohiloff, les hommes, c’est bien pire que les chiens.
Ils sont allés chercher ton maître à Ettenheim, à quatre lieues de Strasbourg, Ettenheim, en Allemagne… Allons, calme-toi, viens dans ma cabane, au bord du fossé, viens, Mohiloff, laisse-moi te prendre, là, là, viens, grimpe sur mes genoux, et roule en boule dans mes bras, bon, mon bon carlin, avec ton museau noir, tout plat, ta peau qui plisse, et tes yeux comme des petits boulets de verre, tout noirs, avec un point de lumière chercheuse. Carlin, toi, ton nom… On me l’a dit quand je servais Joséphine, elle en a deux comme toi, ton nom, c’est parce que ton nez et ta face ressemblent au masque de Carlo Bertinazzi, l’Italien qui jouait Arlequin à Paris voilà cinquante ans, Arlequin avec son masque noir, noir comme le tien, et on appelait ce comédien d’un diminutif, Carlin… Tu en apprends cette nuit, Mohiloff, et je vais te dire, la reine Marie-Antoinette, la marquise de Pompadour, elles avaient des chiens comme toi, des Carlins, ta race est celle des princes, des nobles, ne tremble plus, cette grande famille des aristocrates s’occupera de toi, c’est sûr, tu verras, dans tes yeux ils fouilleront, ils recueilleront les derniers éclairs de vie de ton maître.
Ils sont allés le chercher ton maître, en terre étrangère, celle du margrave de Bade, violant la frontière, ton maître, un prince, Louis-Antoine… Tu tressailles, Mohiloff, son nom, c’est son âme qui passe encore en toi… Louis Antoine de Bourbon-Condé, duc d’Enghien… Un conspirateur ! Ils l’ont dit, ils l’ont cru, ils l’ont voulu…
Je pense à la petite fille, la petite Marianne, le 24 décembre 1800, voilà combien… nous sommes le 21 mars 1804, voilà quatre ans à peine… Marianne Peusol, elle avait quatorze ans, sa mère, la veuve Peusol fabriquait des petits pains rue du Bac, et elle envoyait sa fille en vendre dans les rues fortunées. Marianne, je l’ai croisée ce 24 décembre 1800, rue Saint-Nicaise, son plateau d’osier chargé de boules encore chaudes, appétissantes, Marianne, je me rappelle le fichu jaune qui enveloppait ses cheveux blonds, sa robe à rayures bleu et blanc et son caraco de laine, elle grelottait, mais hélait le passant avec un bon sourire. Je me rappelle aussi tous ces gens attablés au café Apollon, et la patronne accourue devant sa porte, avertie qu’il allait passer, dans son carrosse, Bonaparte ! Il y avait aussi un marchand de vin qui fermait sa boutique, un perruquier sur le seuil de sa porte, un horloger, de petits outils en main qui discutait avec le marchand de drap…
Et puis une charrette est arrivée, une charrette traînée par un vieux cheval noir, fourbu, une petite charrette couverte d’une bâche un peu soulevée à l’arrière, on voyait des cailloux… La charrette s’est arrêtée à la sortie de la rue Saint-Nicaise, un peu en travers, celui qui la conduisait, un jeune homme à blouse noire, a déchargé les cailloux de façon qu’ils bouchent l’autre moitié du passage. Il est allé vers Marianne, lui a demandé de garder cheval et charrette contre douze sous ! La fortune ! Ah, la tête de cette enfant heureuse, un conte de Noël…
Tu le sais, Mohiloff, enfin, non, tu ne le sais pas, parce que Paris, cette immense niche à chiens n’est pas la tienne, Bonaparte habite au palais des Tuileries, et quand il en sort, il se trouve place du Carrousel, et de là, il entre dans la rue Saint-Nicaise, et celle qui la prolonge, c’est la rue de Richelieu. C’est là qu’il se rendait, Bonaparte, rue Richelieu, le 24 décembre 1800. Il ne voulait pas y aller, mais Joséphine l’avait forcé… Alors, d’abord, des cavaliers sont sortis des Tuileries, au grand galop, suivis de plusieurs voitures qui filaient, à toute allure… Dans la première, il y avait Bonaparte. Au bout de la rue, elle n’a même pas ralenti, elle est passée entre le tas de cailloux et l’arrière de la charrette, il y avait juste la place.
Alors, j’ai vu, moi qui m’en allais dans l’autre sens, j’ai vu un homme faisant de grands signes avec son chapeau, il donnait un signal, et presque aussitôt, l’enfer ! La charrette a explosé, tout a volé dans les airs, des fenêtres, des pierres, des bras, des têtes… La femme sur son seuil a reçu une plaque de fer, en travers, qui lui a coupé les seins. Le plafond du café s’est effondré sur les clients, plus de quarante maisons autour étaient détruites, la fumée, les cris, le sang, la chair, trente morts… Mohiloff, c’était atroce… Et Marianne, Marianne… C’est le lendemain que sa mère a su, elle est venue demander à la police où pouvait se trouver sa fille qui n’était pas rentrée la veille au soir… Elle s’est évanouie, la veuve Peusol… Et Bonaparte ? L’explosion s’est déclenchée trop tard. A une minute près, le premier consul et tout le cortège y passaient !
Et qui avait préparé cette affaire, Mohiloff ? Tu me regardes, je t’intéresse, mon carlin, qui sait, je vais peut-être te garder avec moi… Tu m’écoutes et tu oublies ta misère… C’était des hommes de Cadoudal ! Georges Cadoudal, un Breton épais comme un bœuf, grand comme deux fois Bonaparte… Imagine, dans ta tête de carlin, la rencontre de ces deux hommes, elle a eu lieu en février 1800, toi, ce serait Cadoudal, et Bonaparte un chien de manchon, gros comme le poing… Tes yeux rient… Les deux hommes se sont toisés, se sont haïs. En décembre, c’était l’attentat de la rue Saint-Nicaise…
Cadoudal ! Il hait la République ! Il veut remettre un Bourbon sur le trône de France, coûte que coûte. L’attentat, il l’avait confié à ses sbires ! Il va se charger lui-même d’en finir avec Bonaparte. Son plan, c’est de le capturer sur le chemin qui le conduit du château des Tuileries à celui de la Malmaison. Et de le tuer.
Une quarantaine de conjurés sous ses ordres arrivent dans la capitale au début de 1804. Pendant ce temps, Mohiloff, ton maître vit en bon enfant de famille à Ettenheim, il aime chasser, il se tient sage, prêt à renouveler des exploits militaires si on vient le chercher, mais il n’en a pas envie. Charlotte-Louise de Rohan, son grand amour, lui suffit. A Paris, la police de Bonaparte flaire toutes les traces laissées par les hommes de Cadoudal, et dès février, les plus en vue sont en prison.
Et Cadoudal arrêté aussi ? Oui, le 9 mars 1804 ! Attention, Mohiloff, c’est mouvementé, tes petites pattes vont en courir toutes seuls dans tes prochains rêves… Cadoudal et trois autres complices logeaient place du Panthéon, une cachette provisoire. Pour en changer, ils avaient fait louer par un autre complice un cabriolet, mais, au moment d’y grimper, voici la police. Le conducteur du cabriolet où seul Cadoudal s’était déjà installé fouette alors le cheval. Un pauvre cheval sans force, usé et épuisé qui trotte comme il peut… La voiture descend la rue Monsieur le Prince, arrive au Carrefour de l’Odéon. Là, un inspecteur nommé Buffet court au-devant de l’attelage, saisit le cheval par la bride, mais Cadoudal sort son pistolet, tue Buffet, saute du cabriolet et galope à toute vitesse pour s’échapper par la rue de l’Ancienne Comédie… L’adjoint de Buffet le poursuit, ameute les passants qui rattrapent Cadoudal au carrefour de Buci. Il envoie coups de poings et coups de pieds, mord, crie, mais rien n’y fait. Cadoudal, le géant breton à l’énorme cou, aux bouclettes blondes, est arrêté.
On interroge les conjurés, et tous, tous disent qu’après avoir tué Bonaparte, ils attendent l’arrivée d’un jeune prince, un prince de très grande famille, un prince qui a trente ans, et qui va prendre en mains l’opération de retour du roi. Un jeune prince… Mohiloff, tu réalises ? Ce jeune prince, pour la police, pour Bonaparte, c’est le tien ! Un ennemi de la République, un ennemi de la Nation… Il faut aller le chercher dans le duché de Bade, il faut l’arrêter, il faut le juger, il faut…
C’est le général Ordener et le commandant Charlot qui sont envoyé à Ettenheim le 15 mars. Ils y arrivent le 16. Ton maître est bientôt prévenu, mais il refuse de fuir. Fuir, pourquoi ? Il n’a rien fait, sinon attendre, attendre en chef militaire certes, mais surtout en fou amoureux, attendre que peut-être un commandement lui soit donné pour quels objectifs ? Il n’en sait rien, l’Angleterre qui lui alloue une pension chaque mois le lui dira assez, tôt. A cinq heures du matin, Ordener et Charlot encerclent la maison où se trouve ton maître, ils enfoncent la porte, se ruent sur le prince qui, par réflexe, a pris son fusil, mais ne tire pas. Charlotte-Louise n’est pas loin et va tout voir, tout comprendre, et commencer à pleurer pour le reste de sa vie…
Le dixième prince de Condé est monté dans une charrette, et, derrière elle, tu cours, tu trottine, Mohiloff, tu pleures, et les soldats te lancent des coups de bottes pour te faire fuir, tu regardes, de tes grands yeux noirs, la tête de ton prince se dorer dans les premiers rayons du soleil, tu le vois conserver son bon visage serein… Voici le Rhin, ton maître est grimpé dans une voiture, tu galopes près des chevaux, la tête tournée vers l’ouverture de la bâche où tu le guettes, lui, que tu ne vois plus… Tu es épuisé à Strasbourg… Et, après la nuit, Mohiloff, tu entends la voix que tu chéris demander : «Vous me permettez au moins d’emmener mon chien ? » Trois jours de route et de chemins, de relais, de voiture brinquebalante, trois jours de tendresse avec lui, trois jours où vous êtes forts tous les deux, invincibles, et les soldats s’amusent de vous voir si sages, si soucieux l’un de l’autre, si chaudement lovés dans le sommeil sans souci, sans mémoire.
Vincennes. Le procès. Dans l’après-midi où ton maître est interrogé, le 20 mars, je peux te le dire, Mohiloff, quelqu’un je ne sais pas qui, mais je le vois, quelqu’un donne l’ordre de creuser un trou, un trou comme on n’en fait jamais ici, au pied du mur, et c’est, d’après celui qui le commence, pour mettre des ordures. Le procès… Oui à toutes les questions, oui, forcément, avec tous ceux qui le composent, le tribunal déclare coupable ton maître, il a porté les armes contre la République, il est l’ami des ennemis, les Anglais, et les ennemis le payent ! Il est le chef des émigrés, il fomente un complot à Strasbourg, c’est un traître et un conspirateur. Pendant ce procès sans nom et sans honneur, sans témoins, sans défenseur, on apporte à manger à ton prince. Il n’a pas faim, ou du moins, c’est ce qu’il dit, et toi, tu es là, à ses pieds, épuisé, tu attends, alors, il se penche doucement vers toi, tu lèves ta truffe noire, il installe son assiette par terre, sous ton nez, et tu manges, tu avales sa viande et son pain avec de petits clins d’œil vers lui, comme à Ettenheim, comme chez Charlotte-Louise, comme toujours…
Condamné à mort, Louis Antoine de Bourbon-Condé duc d’Enghien, trente-deux ans ! Il ne comprend pas trop ce qui lui arrive, mais demande une audience à Bonaparte pour le lendemain. Accordé. Le général qui a conduit cette mascarade de justice commence à rédiger la lettre qui sera transmise au Premier consul…
Mais une autre main, violente, en colère, et comme mue par un ordre, arrache la plume des mains du général qui entend : «Ce n’est plus votre affaire ». C’est Savary qui vient de parler, le bon chien, le toutou, l’aide de camp de Bonaparte, c’est lui qui a interprété la voix de son maître et qui y a compris l’exigence de l’immédiat pour la sanction, pour l’exécution… Ou c’est autre chose, ou cela venait d’ailleurs, on ne saura jamais…
Savary ordonne tout de suite que ton maître soit conduit dans le fossé du château. Tu le suis, tu relèves ta grosse tête, il te regarde, en silence, tu t’agites, tu sens la mort, Mohiloff… Et vous voici descendus, sous la pluie, non loin du trou qui vient d’être agrandi… Des falots sont allumés, des gendarmes, l’arme au pied, déjà alignés, attendent…
Ton maître a tout compris. Il demande des ciseaux. On les lui donne. Il coupe alors une mèche de ses cheveux blonds, la glisse dans l’anneau d’or qu’il vient d’enlever de son doigt. C’est pour Charlotte-Louise. Puis, il demande un prêtre. « Pas de capucinades !» répond Savary. Les gendarmes épaulent, tirent. Le ciel tremble. La muraille vibre. L’explosion écrase la poitrine. Ton maître est tombé doucement. Qui donc a pris une pierre énorme pour donner sur sa tête le coup de grâce ? Tête écrasée, le corps est étendu dans le trou à ordures. Et couvert de terre. J’étais là, moi, devant, hébété, ils l’ont enterré comme un… enfin, comme toi… il l’ont enterré, mais, retiens cela, Mohiloff, aucun des soldats n’a voulu le fouiller, le dépouiller avant sa mise en terre, ils en avaient le droit, ils ont refusé…
Mohiloff, tu vivais avec une fée, Charlotte. Tu étais aimé d’un prince, tu aimais ton dieu. Tu viens de découvrir les hommes."
(tiré de "Les malchanceux de l’Histoire de France", Jean-Joseph Julaud, Le cherche midi éditeur, 2014 : http://jeanjosephjulaud.fr/2017/12/les-malchanceux-de-lhistoire-de-france-extrait/)
Encore quelques mots :
"Un carlin si fidèle !" "Si Charlotte n’a pas pu suivre son duc dans son cauchemar, un être pourtant va le faire jusqu’au bout : le petit carlin qu'elle lui avait offert en Russie, Mohiloff.
Un chien à gros yeux globuleux, râblé, épais, museau ramassé. Moche, mais si gentil !
Le 15 mars 1804, jour de l’enlèvement, le carlin ne quitte pas son maître d’une semelle.
On le met dans une charrette, il la suit. On le met dans un bateau traversant le Rhin, il traverse à la nage et continue de suivre son maître jusqu’à Strasbourg, de tout son petit coeur.
C’est là pendant le transfert à Paris qu’il saute dans la voiture aux pieds du duc, et reste caché 72 heures durant, sans nourriture.
Le 20 mars, on arrive à Vincennes. On donne au prisonnier un repas frugal qu’il partage avec son petit compagnon.
Après l’exécution du duc, alors que les soldats s’éloigneront, des hurlements résonneront : Mohiloff, qui dévalera les marches de la tour du Diable et sautera sur la tombe de son maître...
On le chassera avec peine. La femme du gouverneur du château le recueillera. Le marquis de Béthisy adoptera finalement le petit carlin."
(tiré de "L'exécution injuste du duc d’Enghien", https://fr.anecdotrip.com/l-execution-injuste-du-duc-d-enghien--vinaigrette)
Sur le duc d'Enghien :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Antoine_de_Bourbon-Condé
https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_du_duc_d%27Enghien
https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/autour-de-la-mort-du-duc-d-enghien/
https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/la-faute-de-bonaparte-10-09-2016-6108895.php
Petit chien de porcelaine représentant le carlin du duc d'Enghien :
Laissez-moi vous faire découvrir l'histoire du carlin du duc d'Enghien, un véritable témoignage d'amour et de fidélité (dont devraient s'inspirer certains êtres humains ) :
"Le petit museau et les grands yeux un peu globuleux de ce chien sont restés célèbres. Il s'agit d'un carlin dont le nom est Mohiloff. Il est entré dans l'histoire avec son maître : le duc d'Enghien… En 1804, Napoléon Bonaparte n'est que Premier consul de la République. Il caresse l'idée d'instaurer l'Empire, mais doit donner des gages à ceux qui avaient voté la mort du roi et mis fin à l'Ancien Régime. Prétextant un complot, le Premier consul fait arrêter, dans la nuit du 15 mars dans le Bade, non loin du Rhin, l'un des derniers princes de sang royal : le jeune Louis Antoine de Bourbon Condé, duc d'Enghien. N'écoutant que son sentiment de fidélité, le carlin que l'épouse du duc, Charlotte de Rohan, lui avait offert en Pologne quelques années plus tôt, lui emboîte le pas. Les soldats le repoussent à coup de bottes, mais le carlin les poursuit à travers l'Europe. En arrivant sur le Rhin, il se jette dans l'eau glacée et traverse le fleuve à la nage. Il réussit à sauter dans la voiture de son maître un peu après Strasbourg et se blottit contre le duc. Impressionnés par la force de cet animal, les gardes le laissent monter… et filent à tombeau ouvert vers Paris. Le duc d'Enghien est conduit le 20 mars dans l'après-midi au château de Vincennes. Le soir, il donne son repas à son carlin, qui l'a suivi jusque dans le cachot. Réveillé à deux heures du matin, le duc d'Enghien subit un simulacre de procès puis est froidement conduit dans les fossés du château, face à un peloton d'exécution. Mohiloff veut s'interposer, mais le duc l'éloigne. Une salve retentit. Enghien est mort. « Plus qu'un crime dira Fouché ou Talleyrand ? C'est une faute». Enghien est enterré dans une fosse creusée la veille. Le carlin reste plusieurs jours à hurler la mort de son maître. Le peintre Carle Vernet l'immortalise grattant la pierre qui recouvre la tombe. Après sa mort, Mohiloff est naturalisé et exposé à Strasbourg au Musée du Palais de Rohan. Vingt ans plus tard, avec la restauration de la monarchie en France, le duc d'Enghien devient une icône : martyre de l'imposteur Bonaparte. La manufacture de Meissen, en Saxe, créé cette figurine à l'image de Mohiloff pour les grandes familles proches de la cour. Cette porcelaine est le témoignage d'une épopée historique romanesque."
(tiré de l'article : "Le carlin attachant du duc d'Enghien", La Nouvelle République, 25/02/2012 : https://www.lanouvellerepublique.fr/loir-et-cher/le-carlin-attachant-du-duc-d-enghien#:~:text=«%20Le%20petit%20museau%20et%20les,Premier%20consul%20de%20la%20République.)
Un autre récit, poignant, de son histoire :
"Le carlin du duc d’Enghien" "Pleure pas Mohiloff, pleure pas… ton maître, il est mort, enfin… non, il est tombé, Mohiloff… Ton maître, il est tombé sous la pluie, et la pluie, dans tes yeux… Tu as couru, Mohiloff, tu as détalé… Alors, tu n’as pas vu, tu ne sais pas s’il est… Tu ne sais pas où il est, enfin, si, tu sais où il est… Tu le sais, où il est ? Tu pleures, Mohiloff, attends, j’ai du pain, j’ai de la viande, tu as faim ? Ah, mon Dieu, mon Dieu, ils l’ont fait, ils l’ont tué… Non, Mohiloff, je ne dis rien, je me parle, à moi, tu n’as pas faim, tu me regardes et tes yeux, c’est des puits, des puits de chagrin, Mohiloff. Pleure pas… Ton maître, il est mort, oui, mais peut-être pas tout mort, pas tout… Peut-être qu’il en reste un peu, de son âme, dans le fossé, et que son âme forte, et pure, va le… Ah, quel tonnerre tout à l’heure dans la nuit, et les lampes à bout de bras, et l’averse, et le mur, il était debout devant le mur, et toi, Mohiloff, à ses pieds, tu ne voulais pas, tu ne voulais pas partir, tu ne voulais pas le laisser, tu sentais qu’il était seul, tout seul devant les ombres avec des fusils, et tu t’es dit, je vais le protéger, moi, Mohiloff, ils vont se dire, mais qu’est-ce qu’il fait là celui-là, à ses pieds, tout trempé, tout tremblant, et ils vont comprendre tout d’un coup, ils vont se dire on ne peut pas, et ils vont refuser… Non Mohiloff, les hommes, c’est bien pire que les chiens.
Ils sont allés chercher ton maître à Ettenheim, à quatre lieues de Strasbourg, Ettenheim, en Allemagne… Allons, calme-toi, viens dans ma cabane, au bord du fossé, viens, Mohiloff, laisse-moi te prendre, là, là, viens, grimpe sur mes genoux, et roule en boule dans mes bras, bon, mon bon carlin, avec ton museau noir, tout plat, ta peau qui plisse, et tes yeux comme des petits boulets de verre, tout noirs, avec un point de lumière chercheuse. Carlin, toi, ton nom… On me l’a dit quand je servais Joséphine, elle en a deux comme toi, ton nom, c’est parce que ton nez et ta face ressemblent au masque de Carlo Bertinazzi, l’Italien qui jouait Arlequin à Paris voilà cinquante ans, Arlequin avec son masque noir, noir comme le tien, et on appelait ce comédien d’un diminutif, Carlin… Tu en apprends cette nuit, Mohiloff, et je vais te dire, la reine Marie-Antoinette, la marquise de Pompadour, elles avaient des chiens comme toi, des Carlins, ta race est celle des princes, des nobles, ne tremble plus, cette grande famille des aristocrates s’occupera de toi, c’est sûr, tu verras, dans tes yeux ils fouilleront, ils recueilleront les derniers éclairs de vie de ton maître.
Ils sont allés le chercher ton maître, en terre étrangère, celle du margrave de Bade, violant la frontière, ton maître, un prince, Louis-Antoine… Tu tressailles, Mohiloff, son nom, c’est son âme qui passe encore en toi… Louis Antoine de Bourbon-Condé, duc d’Enghien… Un conspirateur ! Ils l’ont dit, ils l’ont cru, ils l’ont voulu…
Je pense à la petite fille, la petite Marianne, le 24 décembre 1800, voilà combien… nous sommes le 21 mars 1804, voilà quatre ans à peine… Marianne Peusol, elle avait quatorze ans, sa mère, la veuve Peusol fabriquait des petits pains rue du Bac, et elle envoyait sa fille en vendre dans les rues fortunées. Marianne, je l’ai croisée ce 24 décembre 1800, rue Saint-Nicaise, son plateau d’osier chargé de boules encore chaudes, appétissantes, Marianne, je me rappelle le fichu jaune qui enveloppait ses cheveux blonds, sa robe à rayures bleu et blanc et son caraco de laine, elle grelottait, mais hélait le passant avec un bon sourire. Je me rappelle aussi tous ces gens attablés au café Apollon, et la patronne accourue devant sa porte, avertie qu’il allait passer, dans son carrosse, Bonaparte ! Il y avait aussi un marchand de vin qui fermait sa boutique, un perruquier sur le seuil de sa porte, un horloger, de petits outils en main qui discutait avec le marchand de drap…
Et puis une charrette est arrivée, une charrette traînée par un vieux cheval noir, fourbu, une petite charrette couverte d’une bâche un peu soulevée à l’arrière, on voyait des cailloux… La charrette s’est arrêtée à la sortie de la rue Saint-Nicaise, un peu en travers, celui qui la conduisait, un jeune homme à blouse noire, a déchargé les cailloux de façon qu’ils bouchent l’autre moitié du passage. Il est allé vers Marianne, lui a demandé de garder cheval et charrette contre douze sous ! La fortune ! Ah, la tête de cette enfant heureuse, un conte de Noël…
Tu le sais, Mohiloff, enfin, non, tu ne le sais pas, parce que Paris, cette immense niche à chiens n’est pas la tienne, Bonaparte habite au palais des Tuileries, et quand il en sort, il se trouve place du Carrousel, et de là, il entre dans la rue Saint-Nicaise, et celle qui la prolonge, c’est la rue de Richelieu. C’est là qu’il se rendait, Bonaparte, rue Richelieu, le 24 décembre 1800. Il ne voulait pas y aller, mais Joséphine l’avait forcé… Alors, d’abord, des cavaliers sont sortis des Tuileries, au grand galop, suivis de plusieurs voitures qui filaient, à toute allure… Dans la première, il y avait Bonaparte. Au bout de la rue, elle n’a même pas ralenti, elle est passée entre le tas de cailloux et l’arrière de la charrette, il y avait juste la place.
Alors, j’ai vu, moi qui m’en allais dans l’autre sens, j’ai vu un homme faisant de grands signes avec son chapeau, il donnait un signal, et presque aussitôt, l’enfer ! La charrette a explosé, tout a volé dans les airs, des fenêtres, des pierres, des bras, des têtes… La femme sur son seuil a reçu une plaque de fer, en travers, qui lui a coupé les seins. Le plafond du café s’est effondré sur les clients, plus de quarante maisons autour étaient détruites, la fumée, les cris, le sang, la chair, trente morts… Mohiloff, c’était atroce… Et Marianne, Marianne… C’est le lendemain que sa mère a su, elle est venue demander à la police où pouvait se trouver sa fille qui n’était pas rentrée la veille au soir… Elle s’est évanouie, la veuve Peusol… Et Bonaparte ? L’explosion s’est déclenchée trop tard. A une minute près, le premier consul et tout le cortège y passaient !
Et qui avait préparé cette affaire, Mohiloff ? Tu me regardes, je t’intéresse, mon carlin, qui sait, je vais peut-être te garder avec moi… Tu m’écoutes et tu oublies ta misère… C’était des hommes de Cadoudal ! Georges Cadoudal, un Breton épais comme un bœuf, grand comme deux fois Bonaparte… Imagine, dans ta tête de carlin, la rencontre de ces deux hommes, elle a eu lieu en février 1800, toi, ce serait Cadoudal, et Bonaparte un chien de manchon, gros comme le poing… Tes yeux rient… Les deux hommes se sont toisés, se sont haïs. En décembre, c’était l’attentat de la rue Saint-Nicaise…
Cadoudal ! Il hait la République ! Il veut remettre un Bourbon sur le trône de France, coûte que coûte. L’attentat, il l’avait confié à ses sbires ! Il va se charger lui-même d’en finir avec Bonaparte. Son plan, c’est de le capturer sur le chemin qui le conduit du château des Tuileries à celui de la Malmaison. Et de le tuer.
Une quarantaine de conjurés sous ses ordres arrivent dans la capitale au début de 1804. Pendant ce temps, Mohiloff, ton maître vit en bon enfant de famille à Ettenheim, il aime chasser, il se tient sage, prêt à renouveler des exploits militaires si on vient le chercher, mais il n’en a pas envie. Charlotte-Louise de Rohan, son grand amour, lui suffit. A Paris, la police de Bonaparte flaire toutes les traces laissées par les hommes de Cadoudal, et dès février, les plus en vue sont en prison.
Et Cadoudal arrêté aussi ? Oui, le 9 mars 1804 ! Attention, Mohiloff, c’est mouvementé, tes petites pattes vont en courir toutes seuls dans tes prochains rêves… Cadoudal et trois autres complices logeaient place du Panthéon, une cachette provisoire. Pour en changer, ils avaient fait louer par un autre complice un cabriolet, mais, au moment d’y grimper, voici la police. Le conducteur du cabriolet où seul Cadoudal s’était déjà installé fouette alors le cheval. Un pauvre cheval sans force, usé et épuisé qui trotte comme il peut… La voiture descend la rue Monsieur le Prince, arrive au Carrefour de l’Odéon. Là, un inspecteur nommé Buffet court au-devant de l’attelage, saisit le cheval par la bride, mais Cadoudal sort son pistolet, tue Buffet, saute du cabriolet et galope à toute vitesse pour s’échapper par la rue de l’Ancienne Comédie… L’adjoint de Buffet le poursuit, ameute les passants qui rattrapent Cadoudal au carrefour de Buci. Il envoie coups de poings et coups de pieds, mord, crie, mais rien n’y fait. Cadoudal, le géant breton à l’énorme cou, aux bouclettes blondes, est arrêté.
On interroge les conjurés, et tous, tous disent qu’après avoir tué Bonaparte, ils attendent l’arrivée d’un jeune prince, un prince de très grande famille, un prince qui a trente ans, et qui va prendre en mains l’opération de retour du roi. Un jeune prince… Mohiloff, tu réalises ? Ce jeune prince, pour la police, pour Bonaparte, c’est le tien ! Un ennemi de la République, un ennemi de la Nation… Il faut aller le chercher dans le duché de Bade, il faut l’arrêter, il faut le juger, il faut…
C’est le général Ordener et le commandant Charlot qui sont envoyé à Ettenheim le 15 mars. Ils y arrivent le 16. Ton maître est bientôt prévenu, mais il refuse de fuir. Fuir, pourquoi ? Il n’a rien fait, sinon attendre, attendre en chef militaire certes, mais surtout en fou amoureux, attendre que peut-être un commandement lui soit donné pour quels objectifs ? Il n’en sait rien, l’Angleterre qui lui alloue une pension chaque mois le lui dira assez, tôt. A cinq heures du matin, Ordener et Charlot encerclent la maison où se trouve ton maître, ils enfoncent la porte, se ruent sur le prince qui, par réflexe, a pris son fusil, mais ne tire pas. Charlotte-Louise n’est pas loin et va tout voir, tout comprendre, et commencer à pleurer pour le reste de sa vie…
Le dixième prince de Condé est monté dans une charrette, et, derrière elle, tu cours, tu trottine, Mohiloff, tu pleures, et les soldats te lancent des coups de bottes pour te faire fuir, tu regardes, de tes grands yeux noirs, la tête de ton prince se dorer dans les premiers rayons du soleil, tu le vois conserver son bon visage serein… Voici le Rhin, ton maître est grimpé dans une voiture, tu galopes près des chevaux, la tête tournée vers l’ouverture de la bâche où tu le guettes, lui, que tu ne vois plus… Tu es épuisé à Strasbourg… Et, après la nuit, Mohiloff, tu entends la voix que tu chéris demander : «Vous me permettez au moins d’emmener mon chien ? » Trois jours de route et de chemins, de relais, de voiture brinquebalante, trois jours de tendresse avec lui, trois jours où vous êtes forts tous les deux, invincibles, et les soldats s’amusent de vous voir si sages, si soucieux l’un de l’autre, si chaudement lovés dans le sommeil sans souci, sans mémoire.
Vincennes. Le procès. Dans l’après-midi où ton maître est interrogé, le 20 mars, je peux te le dire, Mohiloff, quelqu’un je ne sais pas qui, mais je le vois, quelqu’un donne l’ordre de creuser un trou, un trou comme on n’en fait jamais ici, au pied du mur, et c’est, d’après celui qui le commence, pour mettre des ordures. Le procès… Oui à toutes les questions, oui, forcément, avec tous ceux qui le composent, le tribunal déclare coupable ton maître, il a porté les armes contre la République, il est l’ami des ennemis, les Anglais, et les ennemis le payent ! Il est le chef des émigrés, il fomente un complot à Strasbourg, c’est un traître et un conspirateur. Pendant ce procès sans nom et sans honneur, sans témoins, sans défenseur, on apporte à manger à ton prince. Il n’a pas faim, ou du moins, c’est ce qu’il dit, et toi, tu es là, à ses pieds, épuisé, tu attends, alors, il se penche doucement vers toi, tu lèves ta truffe noire, il installe son assiette par terre, sous ton nez, et tu manges, tu avales sa viande et son pain avec de petits clins d’œil vers lui, comme à Ettenheim, comme chez Charlotte-Louise, comme toujours…
Condamné à mort, Louis Antoine de Bourbon-Condé duc d’Enghien, trente-deux ans ! Il ne comprend pas trop ce qui lui arrive, mais demande une audience à Bonaparte pour le lendemain. Accordé. Le général qui a conduit cette mascarade de justice commence à rédiger la lettre qui sera transmise au Premier consul…
Mais une autre main, violente, en colère, et comme mue par un ordre, arrache la plume des mains du général qui entend : «Ce n’est plus votre affaire ». C’est Savary qui vient de parler, le bon chien, le toutou, l’aide de camp de Bonaparte, c’est lui qui a interprété la voix de son maître et qui y a compris l’exigence de l’immédiat pour la sanction, pour l’exécution… Ou c’est autre chose, ou cela venait d’ailleurs, on ne saura jamais…
Savary ordonne tout de suite que ton maître soit conduit dans le fossé du château. Tu le suis, tu relèves ta grosse tête, il te regarde, en silence, tu t’agites, tu sens la mort, Mohiloff… Et vous voici descendus, sous la pluie, non loin du trou qui vient d’être agrandi… Des falots sont allumés, des gendarmes, l’arme au pied, déjà alignés, attendent…
Ton maître a tout compris. Il demande des ciseaux. On les lui donne. Il coupe alors une mèche de ses cheveux blonds, la glisse dans l’anneau d’or qu’il vient d’enlever de son doigt. C’est pour Charlotte-Louise. Puis, il demande un prêtre. « Pas de capucinades !» répond Savary. Les gendarmes épaulent, tirent. Le ciel tremble. La muraille vibre. L’explosion écrase la poitrine. Ton maître est tombé doucement. Qui donc a pris une pierre énorme pour donner sur sa tête le coup de grâce ? Tête écrasée, le corps est étendu dans le trou à ordures. Et couvert de terre. J’étais là, moi, devant, hébété, ils l’ont enterré comme un… enfin, comme toi… il l’ont enterré, mais, retiens cela, Mohiloff, aucun des soldats n’a voulu le fouiller, le dépouiller avant sa mise en terre, ils en avaient le droit, ils ont refusé…
Mohiloff, tu vivais avec une fée, Charlotte. Tu étais aimé d’un prince, tu aimais ton dieu. Tu viens de découvrir les hommes."
(tiré de "Les malchanceux de l’Histoire de France", Jean-Joseph Julaud, Le cherche midi éditeur, 2014 : http://jeanjosephjulaud.fr/2017/12/les-malchanceux-de-lhistoire-de-france-extrait/)
Encore quelques mots :
"Un carlin si fidèle !" "Si Charlotte n’a pas pu suivre son duc dans son cauchemar, un être pourtant va le faire jusqu’au bout : le petit carlin qu'elle lui avait offert en Russie, Mohiloff.
Un chien à gros yeux globuleux, râblé, épais, museau ramassé. Moche, mais si gentil !
Le 15 mars 1804, jour de l’enlèvement, le carlin ne quitte pas son maître d’une semelle.
On le met dans une charrette, il la suit. On le met dans un bateau traversant le Rhin, il traverse à la nage et continue de suivre son maître jusqu’à Strasbourg, de tout son petit coeur.
C’est là pendant le transfert à Paris qu’il saute dans la voiture aux pieds du duc, et reste caché 72 heures durant, sans nourriture.
Le 20 mars, on arrive à Vincennes. On donne au prisonnier un repas frugal qu’il partage avec son petit compagnon.
Après l’exécution du duc, alors que les soldats s’éloigneront, des hurlements résonneront : Mohiloff, qui dévalera les marches de la tour du Diable et sautera sur la tombe de son maître...
On le chassera avec peine. La femme du gouverneur du château le recueillera. Le marquis de Béthisy adoptera finalement le petit carlin."
(tiré de "L'exécution injuste du duc d’Enghien", https://fr.anecdotrip.com/l-execution-injuste-du-duc-d-enghien--vinaigrette)
Sur le duc d'Enghien :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Antoine_de_Bourbon-Condé
https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_du_duc_d%27Enghien
https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/autour-de-la-mort-du-duc-d-enghien/
https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/la-faute-de-bonaparte-10-09-2016-6108895.php
Re: "Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
Merci pour ce beau texte, cher Eddy, j'en suis toute émue .
Montaigne disait que « L’amitié du chien est sans conteste plus vive et plus constante que celle de l’homme. »
Cela se vérifie, hélas ! parfois...
Notre sujet sur Carlo Antonio Bertinazzi, connu sous le nom de théâtre " Carlin " est ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t5470-carlo-antonio-bertinazzi-arlequin-et-marie-antoinette?highlight=carlo+bertinazzi
Voyez comme son portrait ressemble curieusement au petit Mohiloff !
Montaigne disait que « L’amitié du chien est sans conteste plus vive et plus constante que celle de l’homme. »
Cela se vérifie, hélas ! parfois...
Notre sujet sur Carlo Antonio Bertinazzi, connu sous le nom de théâtre " Carlin " est ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t5470-carlo-antonio-bertinazzi-arlequin-et-marie-antoinette?highlight=carlo+bertinazzi
Voyez comme son portrait ressemble curieusement au petit Mohiloff !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: "Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
Mme de Sabran a écrit:Merci pour ce beau texte, cher Eddy, j'en suis toute émue .
Montaigne disait que « L’amitié du chien est sans conteste plus vive et plus constante que celle de l’homme. »
Cela se vérifie, hélas ! parfois...
Oui, vraiment une touchante histoire et de beaux textes ! Content que cela vous ait plu !
Mme de Sabran a écrit:Notre sujet sur Carlo Antonio Bertinazzi, connu sous le nom de théâtre " Carlin " est ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t5470-carlo-antonio-bertinazzi-arlequin-et-marie-antoinette?highlight=carlo+bertinazzi
Voyez comme son portrait ressemble curieusement au petit Mohiloff !
Je viens d'aller voir le sujet ! C'est vrai qu'il y a quelque ressemblance !
Re: "Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
Il y a un certain temps, à mon instigation, les petits chiens du duc d'Enghien et de Marie Stuart avaient fait l'objet de notre Jeu à énigmes, îls ont été fidèles jusqu'à la mort.
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: "Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
En effet, cher Dominique, et notre petit Lulu avait deviné la réponse dans l'instant.
Vous ajoutiez :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t5125p350-notre-jeu-de-l-automneDominique Poulin a écrit:Voici quelques sources :
- Sur le chien de Marie Stuart, au moment de son exécution :
"... Quand on releva le corps, on découvrit le petit chien de la reine, qui s'était caché sous la jupe de sa maîtresse ; il se plaça entre le tronc et la tête, mais sans lecher le sang, sans vouloir bouger de là. Il fallut l'emporter et le laver, car il était couvert de sang. Déjà la légende s'emparait des circonstances du drame. "
(" Marie Stuart " de Michel Duchein, Fayard, 1987)
- Sur le chien du duc d'Enghien, au moment de son exécution :
" Le récit de l'exécution s'enrichit de nouveaux témoignages ajoutant encore à l'horreur de la scène où à l'attitude chevaleresque du prince." Pas de capucinade " aurait-on lancé, lorsqu'il reclama l'assistance d'un prêtre. Un fanal aurait été dispose aux pieds du duc, voire sur lui pour permettre aux fusiliers de mieux ajuster leurs tirs. D'autres prétendent que ce fut un mouchoir épinglé sur le cœur qui devait permettre de les guider et qu'Enghien l'aurait refusé en disant : " Vous êtes français, vous me rendrez bien le service de ne point me manquer ! ".
Le bruit de la fusillade une fois disparu, certains entendirent Mohiloff ( c'était le nom du chien du duc ) hurler à la mort."
( " Le duc d'Enghien " de Jean-Paul Bertaud, Fayard, 2001)
A compléter avec " Histoire des animaux de cour " de Katharine MacDonogh, Payot, 2008.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: "Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
Les bouledogues de YSL, tous nommés Moujiks, et dont un est mort d’une overdose de LSD pour avoir mangé les pilules de son maître, mériteraient aussi que l’on raconte leur histoire
Gouverneur Morris- Messages : 11795
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Re: "Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
Yves Saint Laurent ? ( j'ai demandé à Google )
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: "Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
Gouverneur Morris a écrit:Les bouledogues de YSL ( ... ) mériteraient aussi que l’on raconte leur histoire
Nous t'en prions, Momo, fais donc !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: "Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
Merci pour ce récit, Eddy2000.
J'en profite pour rappeler notre sujet, où nous tentons de faire un point au sujet de tous les (prétendus) chiens de Marie-Antoinette, et leurs mésaventures :
Les chiens de Marie-Antoinette
J'en profite pour rappeler notre sujet, où nous tentons de faire un point au sujet de tous les (prétendus) chiens de Marie-Antoinette, et leurs mésaventures :
Les chiens de Marie-Antoinette
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: "Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
Gouverneur Morris a écrit:
Les bouledogues de YSL ( ... ) mériteraient aussi que l’on raconte leur histoire
Je parie que les toutous de YSL goûtaient une existence aussi douce et choyée que ceux de Liz Taylor ( sur leur yacht privé, avec tout le personnel ) .
Bref ... une vie de chien.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: "Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
Dominique Poulin a écrit:Il y a un certain temps, à mon instigation, les petits chiens du duc d'Enghien et de Marie Stuart avaient fait l'objet de notre Jeu à énigmes, îls ont été fidèles jusqu'à la mort.
Mme de Sabran a écrit:
En effet, cher Dominique, et notre petit Lulu avait deviné la réponse dans l'instant.
Vous ajoutiez :https://marie-antoinette.forumactif.org/t5125p350-notre-jeu-de-l-automneDominique Poulin a écrit:Voici quelques sources :
- Sur le chien de Marie Stuart, au moment de son exécution :
"... Quand on releva le corps, on découvrit le petit chien de la reine, qui s'était caché sous la jupe de sa maîtresse ; il se plaça entre le tronc et la tête, mais sans lecher le sang, sans vouloir bouger de là. Il fallut l'emporter et le laver, car il était couvert de sang. Déjà la légende s'emparait des circonstances du drame. "
(" Marie Stuart " de Michel Duchein, Fayard, 1987)
- Sur le chien du duc d'Enghien, au moment de son exécution :
" Le récit de l'exécution s'enrichit de nouveaux témoignages ajoutant encore à l'horreur de la scène où à l'attitude chevaleresque du prince." Pas de capucinade " aurait-on lancé, lorsqu'il reclama l'assistance d'un prêtre. Un fanal aurait été dispose aux pieds du duc, voire sur lui pour permettre aux fusiliers de mieux ajuster leurs tirs. D'autres prétendent que ce fut un mouchoir épinglé sur le cœur qui devait permettre de les guider et qu'Enghien l'aurait refusé en disant : " Vous êtes français, vous me rendrez bien le service de ne point me manquer ! ".
Le bruit de la fusillade une fois disparu, certains entendirent Mohiloff ( c'était le nom du chien du duc ) hurler à la mort."
( " Le duc d'Enghien " de Jean-Paul Bertaud, Fayard, 2001)
A compléter avec " Histoire des animaux de cour " de Katharine MacDonogh, Payot, 2008.
Je suis désolé, Dominique et Eléonore, je n'avais pas vu cette énigme !
L'inspiration de ce post m'est venue en lisant un 3ème livre d'affilée sur Napoléon, où figurait une reproduction de ce tableau de Jean-Paul Laurens, "L’exécution du duc d’Enghien".
La présence de ce petit chien m'a interloqué, d'où ma recherche et ce post !
Sur ce tableau :
https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/tableaux/lexecution-du-duc-denghien/
https://histoire-image.org/fr/etudes/execution-duc-enghien
Sur Jean-Paul Laurens :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Laurens
https://www.musee-orsay.fr/fr/expositions/jean-paul-laurens-1838-1921-peintre-dhistoire-196380
https://www.wikiart.org/fr/jean-paul-laurens
https://histoire-image.org/fr/artistes/laurens-jean-paul
https://www.ayguesvives31.fr/fr/remontee-de-contenus-permanents/le-peintre-jean-paul-laurens.html
https://www.latribunedelart.com/des-tableaux-de-salon-de-jean-paul-laurens-reapparus-recemment-5832-5832-5832-5832-5832-5832-5832-5832-5832-5832-5832-5832-5832-5832-5832-5832-5832-5832-5832
Re: "Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
Eddy2000 a écrit:
Je suis désolé, Dominique et Eléonore, je n'avais pas vu cette énigme !
Mais non, mais non, vous avez bien fait . Le texte que vous avez posté est très bien écrit, c'était un plaisir de le découvrir.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: "Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
Mme de Sabran a écrit:Eddy2000 a écrit:
Je suis désolé, Dominique et Eléonore, je n'avais pas vu cette énigme !
Mais non, mais non, vous avez bien fait . Le texte que vous avez posté est très bien écrit, c'était un plaisir de le découvrir.
Re: "Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
Mme de Sabran a écrit:Gouverneur Morris a écrit:
Les bouledogues de YSL ( ... ) mériteraient aussi que l’on raconte leur histoire
Je parie que les toutous de YSL goûtaient une existence aussi douce et choyée que ceux de Liz Taylor ( sur leur yacht privé, avec tout le personnel ) .
Bref ... une vie de chien.
Pour vous Eléonore, sur l'existence actuelle des chiens et chats du gotha !
https://www.lexpress.fr/styles/familles-royales/les-chats-et-chiens-du-gotha-confidents-royaux_1685843.html
Re: "Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
Je ne me passionne déjà pas pour les people, alors vous imaginez, leurs petites bestioles ... mais merci !
Cela dit, au jeu des questions " Etes-vous Mozart ou Beethov ? ... bain ou douche ? ... rose ou pâquerette ? ... mer ou campagne ? ... Beatles ou Stones ? ... etc etc etc ... chien ou chat ? "
Je répondrais plutôt chien.
Cela dit, au jeu des questions " Etes-vous Mozart ou Beethov ? ... bain ou douche ? ... rose ou pâquerette ? ... mer ou campagne ? ... Beatles ou Stones ? ... etc etc etc ... chien ou chat ? "
Je répondrais plutôt chien.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: "Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
Mme de Sabran a écrit:Je ne me passionne déjà pas pour les people, alors vous imaginez, leurs petites bestioles ... mais merci !
Cela dit, au jeu des questions " Etes-vous Mozart ou Beethov ? ... bain ou douche ? ... rose ou pâquerette ? ... mer ou campagne ? ... Beatles ou Stones ? ... etc etc etc ... chien ou chat ? "
Je répondrais plutôt chien.
C'était une petite blague !
J'ai eu les deux, mais actuellement, j'ai un petit chien, un Cairn terrier nommé Herman !
Re: "Le carlin attachant du duc d'Enghien (Louis-Antoine de Bourbon-Condé, 1772-1804)"
Dominique Poulin a écrit:Il y a un certain temps, à mon instigation, les petits chiens du duc d'Enghien et de Marie Stuart avaient fait l'objet de notre Jeu à énigmes, îls ont été fidèles jusqu'à la mort.
Mme de Sabran a écrit:
En effet, cher Dominique, et notre petit Lulu avait deviné la réponse dans l'instant.
Vous ajoutiez :https://marie-antoinette.forumactif.org/t5125p350-notre-jeu-de-l-automneDominique Poulin a écrit:Voici quelques sources :
- Sur le chien de Marie Stuart, au moment de son exécution :
"... Quand on releva le corps, on découvrit le petit chien de la reine, qui s'était caché sous la jupe de sa maîtresse ; il se plaça entre le tronc et la tête, mais sans lecher le sang, sans vouloir bouger de là. Il fallut l'emporter et le laver, car il était couvert de sang. Déjà la légende s'emparait des circonstances du drame. "
(" Marie Stuart " de Michel Duchein, Fayard, 1987)
- Sur le chien du duc d'Enghien, au moment de son exécution :
" Le récit de l'exécution s'enrichit de nouveaux témoignages ajoutant encore à l'horreur de la scène où à l'attitude chevaleresque du prince." Pas de capucinade " aurait-on lancé, lorsqu'il reclama l'assistance d'un prêtre. Un fanal aurait été dispose aux pieds du duc, voire sur lui pour permettre aux fusiliers de mieux ajuster leurs tirs. D'autres prétendent que ce fut un mouchoir épinglé sur le cœur qui devait permettre de les guider et qu'Enghien l'aurait refusé en disant : " Vous êtes français, vous me rendrez bien le service de ne point me manquer ! ".
Le bruit de la fusillade une fois disparu, certains entendirent Mohiloff ( c'était le nom du chien du duc ) hurler à la mort."
( " Le duc d'Enghien " de Jean-Paul Bertaud, Fayard, 2001)
A compléter avec " Histoire des animaux de cour " de Katharine MacDonogh, Payot, 2008.
Le sort du petit chien de Marie Stuart demeure incertain.
Deux versions s'affrontent :
- dans l'une : il survit et est donné à une princesse française !
"No one realized the dog was there, until after Mary’s death when the executioner, Mr Bull, was removing the body. The dog refused to leave the corpse and had to be forcibly removed, where upon he ran back and settled between the severed head and shoulders.
Mr Bull had orders to wash or burn anything that was soiled with Mary’s blood, “for fear someone might dip a piece of linen in it…who keep it as a relic of this act [execution], to incite to vengeance those concerned for the death of the dead person.”
The white dog was now covered in blood, but Mr Bull acted kindly and had him washed clean. The dog was then given to a French princess, on the condition that he left the country."
(tiré de http://graceelliot-author.blogspot.com/2014/04/mary-queen-of-scots-and-her-dogs.html)
"Caché sous sa jupe et ses jupons, son fidèle Bichon l’accompagna jusqu’à son exécution, sans que personne ne le remarque. Le pauvre animal se précipita alors vers la tête décapitée de sa maîtresse, et le bourreau eut beaucoup de mal à s’en défaire.
On raconte que ce dernier avait eu pour ordre de brûler tout ce qui était entaché du sang de la reine d’Ecosse, mais qu’il eut pitié de son petit Bichon et le fit laver soigneusement avant de le donner à une princesse française."
(tiré de https://www.chien.com/le-chien-50/chiens-celebres-50004/les-chiens-de-mary-stuart-19190-4_3.php)
"When Mary, Queen of Scots was sent to Fotheringhay to await her death, she was allowed to bring some servants and her dogs with her. On the day of her execution (February 8, 1587), she hid one of her small dogs under her long skirts and petticoats. No one noticed the dog until after the beheading. According to Robert Wynkfield, a witness to the execution:
"Then one of the executioners, pulling off her garters, espied her little dog which was crept under her cloths, which could not be gotten forth by force, yet afterwards would not depart from the dead corpse, but came and lay between her head and her shoulders, which being imbrued with her blood was carried away and washed, as all things else were that had any blood was either burned or washed clean, and the executioners sent away with money for their fees."
The little dog - one source says a Skye terrier and another says a small white dog (I believe a Maltese) - never moved when the axe struck her three times, and afterwards refused to leave her side. After being washed, one source says the dog refused to eat and died of a broken heart shortly afterwards, and another says it was given to a French princess and lived the rest of its life in France."
(tiré de https://dogs-in-history.blogspot.com/2020/05/dog-comforts-mary-queen-of-scots-at.html)
- dans l'autre, il survit mais se languissant de sa maîtresse, il a refusé de s'alimenter par la suite et est décédé peu de temps après :
"Mary had always been fond of dogs. Her time in France was reportedly spent in the company of twenty-two lapdogs[3], so it is only fitting that at the end of her life one of her companions would be by her side. When Mary was led to the hall where her execution would take place, unbeknownst to those present her Skye terrier was hiding underneath the large skirt of her dress. After she was beheaded, her dress began moving, almost as if her body were trying to stand.
Upon closer examination, her beloved dog was found shaking and clinging to his mistress’s garments. The dog, covered in Mary’s blood and sitting between her body and head, refused to leave. Eventually it was forcibly removed, washed and given food, but it refused to eat and, pining for its mistress, died shortly afterwards."
(tiré de https://www.historyscotland.com/history/mary-queen-of-scots-and-her-loyal-canine-companion/)
"When Mary, Queen of Scots was sent to Fotheringhay to await her death, she was allowed to bring some servants and her dogs with her. On the day of her execution (February 8, 1587), she hid one of her small dogs under her long skirts and petticoats. No one noticed the dog until after the beheading. According to Robert Wynkfield, a witness to the execution:
"Then one of the executioners, pulling off her garters, espied her little dog which was crept under her cloths, which could not be gotten forth by force, yet afterwards would not depart from the dead corpse, but came and lay between her head and her shoulders, which being imbrued with her blood was carried away and washed, as all things else were that had any blood was either burned or washed clean, and the executioners sent away with money for their fees."
The little dog - one source says a Skye terrier and another says a small white dog (I believe a Maltese) - never moved when the axe struck her three times, and afterwards refused to leave her side. After being washed, one source says the dog refused to eat and died of a broken heart shortly afterwards, and another says it was given to a French princess and lived the rest of its life in France."
(tiré de https://dogs-in-history.blogspot.com/2020/05/dog-comforts-mary-queen-of-scots-at.html)
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