Les lettres de Louis XVI à Mme de Polignac

Je poste ici les deux lettres inédites de Louis XVI à la duchesse de Polignac, vendues chez Sotheby's le 26 novembre 2013.   

Voici la lettre du 12 septembre 1789 (vendue 31.250 EUR) :









... et la lettre du 9 février 1790 (vendue 57.900 EUR) :









Malheureusement, je n'ai pas la fin de ces courriers, Sotheby's n'ayant pas mis l'intégralité des photos sur son site.

Merci pour ces lettres Cosmo !!!     
Je n'arrive pas à les lire, cela ira mieux quand j'aurai mes nouvelles lunettes !!!  : : : 

Elles sont remarquables !  boudoi30 

Bonne idée que l'ouverture de ce sujet . Il m'inspire !   
Mais je manque de temps ces jours-ci ... Je passe en coup de vent .

Je trouve qu’il a une belle écriture, régulière.


Lettres adressées donc à Mme Erlinger.
C’était une bonne question pour le Jeu de l’hiver... : 

A Bâle, un gros négociant du nom de Mérian, qui connaît la véritable identité de M. et Mme Erlinger , et dans la boutique duquel le hasard a mené la comtesse Diane, leur fait mille offres de services dont justement une proposition de faire adresser chez lui, sous son enveloppe, lettres et paquets .

Journal de Bombelles, été 1790 :

Intéressant... Louis XVI lançait presque des bouteilles à la mer, ne sachant pas si les lettres qu'il adressait à untel ou untel arriveraient à bon port.
Je ne savais pas non plus que Bombelles avait reçu Mme de Polignac à Venise.

Cosmo a écrit:
Je ne savais pas non plus que Bombelles avait reçu Mme de Polignac à Venise.

Tu devrais pourtant puisque tu as lu certain livre ...   

... boudoi32 ... J'ai bien envie de le relire, tiens.   

Ce passage de Bombelles y est cité .   

... toujours sur les lettres que Louis XVI adressa à Madame de Polignac    :






Source     :

C'est touchant...   

je savais que le Roi aimait Madame de POLIGNAC qui lui servait d'œil
pour "surveiller" la Reine et lui éviter des soucis sans en avoir l'air !!!!

MARIE ANTOINETTE àè-è\': 

Mme de Sabran a écrit:

... La personne qui a écrit cet ouvrage paraît très bien informée. Il ne serait donc pas apocryphe?

Pourquoi voudrais-tu qu'il soit apocryphe ?!!!     Il ne l'est pas.
Ce sont les Mémoires de la comtesse Diane, que diable !

D'accord, d'accord...  :4869: 
Je possède l'édition originale de cet ouvrage, paru en 1796, mais je ne l'ai pas encore lu, car justement je me demandais d'où il sortait... mais si tu le dis, c'est parole d'évangile.   

... un peu, mon n'veu !

MARIE ANTOINETTE a écrit:je savais que le Roi aimait Madame de POLIGNAC qui lui servait d'œil
pour "surveiller" la Reine et lui éviter des soucis sans en avoir l'air !!!!

MARIE ANTOINETTE àè-è\': 

C'est aussi la thèse de Philippe Delorme :

C'est finalement assez logique !!!
Une amitié vraiment fatale !!!     

Tiens, ça me rappelle vaguement quelque chose ...  : 

Chers amis,

Je reviens quelques instants vers vous afin que vous m'éclairiez de vos lumières. Dans une lettre datée du 3 janvier 1791 le roi écrit à Mme de Polignac:

" J'espère que les gens que vous aimez ont entendu raison, et qu'ils risquaient tout en faisant des opérations prématurées et mal combinées... Le coeur de votre ami l'emportait, je n'ai jamais douté de celui là.... mais le borgne est beaucoup plus fin, et, j'ai peur, ne calculait que pour lui..."

Qui veut-il désigner par "votre ami" ( Artois, Vaudreuil?) et également par "le borgne" ( Provence?)?

Bien à vous. Roi-cavalerie

Nota: cet extrait de lettre est cité par Pierre Robin-Harmel, page 35, dans son livre "Le prince Jules de Polignac, Ministre de Charles X" Les livres nouveaux 1941, tome I, page 35. A la même page, un autre passage à propos de l'éducation du prince Jules m'intrigue car j'ignorais ce point:

" Sur ce point les enseignements de sa mère qui, en 1788 insistait pour que les Etats Généraux fussent convoqués, ont toujours rejoints ceux de son ancien précepteur."

En effet, je ne savais pas que la duchesse avait été favorable à la tenue des Etats Généraux alors que, d'une façon générale, il me semblait que le roi et son entourage y étaient plutôt opposés. Qu'en était-il de la reine?
Par ailleurs, je n'ai pas identifié avec certitude le précepteur qui est évoqué ici. Il s'agit peut être d François Fortunat de la Grèze qui, outre ses fonctions de secrétaire des commandements de la Maison des EF, s'occupait de l'éducation d'Armand, l'aîné des Polignac ( Bombelles). L'auteur écrit à son propos:

" Pour cette partie si délicate de son éducation [ les humanités ], les Polignac trouvèrent heureusement un ferme appui auprès du précepteur qu'ils avaient choisi. D'une nature généreuse, d'ailleurs fort partisan des idées nouvelles et admirateur des philosophes, celui-ci chercha à émouvoir l'esprit de son élève en lui montrant la nécessité d'une réforme de l'état, en l'entretenant des idées de Turgot, des projets de Necker. Souvent il abordait avec lui les problèmes politiques, lui représentant  les courtisans qui entouraient le Roi comme inutiles au souverain et au  pays..... Mais la révolution poursuit son cours et bientôt il [Jules] que son ancien précepteur, lui le libéral partisan si convaincu des idées du jour, a été envoyé à la guillotine."

Si cet auteur dit vrai, et à priori il est vraisemblable que cela soit, car pour écrire ce livre, il s'est appuyé sur les archives de la famille, on découvre une facette assez paradoxale de la duchesse  que son appui à la pièce de Beaumarchais en 1784, et son indépendance d'esprit marqué à plusieurs reprises par les témoignages de l'époque, vient peut être confirmer.

Votre ami, j'y lirais aussi Vaudreuil... Louis XVI aurait parlé de son frère à propos d'Artois, non?

Pour le borgne... je me demande si ce n'est pas une image... du genre au royaume des aveugles... car pour les sobriquets c'est une habitude de Marie-Antoinette, évidemment. Mais Louis XVI en usait-il aussi?
En même temps c'est peut-être une prudence?
Auquel cas le borgne pourrait être La Fayette vu la date à laquelle le Roi écrit ces mots...

Bien à vous.

Merci, cher Majesté, pour cette réponse. Pour ma part, je maintiens Artois dans mes hypothèses car le roi, me semble-t-il, dans ses lettres à la duchesse, évitait de citer nommément les personnes dont il parlait et puis parce que la caractérisation qu'il fait de "votre ami" et du "borgne" me parait bien correspondre à Artois et à Provence. Si cela s'avérait, en tous les cas, je constaterais alors la confiance qu'il accordait à la duchesse pour se permettre de parler ainsi de son frère cadet Provence .

Amitiés. Roi-cavalerie

Roi-cavalerie a écrit:Chers amis,

Je reviens quelques instants vers vous afin que vous m'éclairiez de vos lumières. Dans une lettre datée du 3 janvier 1791 le roi écrit à Mme de Polignac:

" J'espère que les gens que vous aimez ont entendu raison, et qu'ils risquaient tout en faisant des opérations prématurées et mal combinées... Le coeur de votre ami l'emportait, je n'ai jamais douté de celui là.... mais le borgne est beaucoup plus fin, et, j'ai peur, ne calculait que pour lui..."

Qui veut-il désigner par "votre ami" ( Artois, Vaudreuil?) et également par "le borgne" ( Provence?)?

Je pense que, pour une fois,  " votre ami "   ne désigne pas Vaudreuil  mais bien le comte d'Artois.
Quant au " borgne ", je suis très heureuse, cher Roi-cavalerie, de pouvoir vous répondre avec complète certitude que ce sobriquet peu aimable s'attache au prince de Condé .  

C'est Bombelles qui me le souffle !  
Il note le 30 janvier dans son journal :

Mme de Polignac a reçu par la poste une lettre du Roi dans laquelle Sa Majesté l'assure de la constance de son amitié et du chagrin de ne point être encore arrivé au terme de leur séparation . Le Roi lui parle de la cruelle année qui est révolue et du malheur de sa position, que peu de personnes sont à portée de juger dans le vrai.  Cette lettre renferme des éloges de la Reine, des choses honnêtes et sensibles sur la confiance qu'a le Roi dans les sentiments généreux et purs de M. le comte d'Artois.  S.M. n'annonce pas une persuasion égale sur les vues et les démarches de M. le prince de Condé, qu'il désigne en le nommant " le Borgne ", parce qu'effectivement ce prince ne voit que par un oeil. Plusieurs choses dans la lettre du Roi ne sont pas suffisamment intelligibles.  On peut y découvrir pourtant qu'il est loin de rejeter l'intervention de M. le comte d'Artois, mais qu'il est persuadé qu'il faut que Mgr. ne se livre qu'à de meilleures mesures que celles qu'on avait voulu lui faire prendre .


Hedwige de Polignac nous donne cette lettre du 3 janvier du roi à Mme de Polignac .
La voici :





( Les Polignac )



Condé était déjà le Borgne, dans ce petit poème satirique:

Sur l'air de ...
Lanturlu (Castries) / Français qui soupirez / Air du Galant coureur ou C'est l'ouvrage d'un instant .


Le Borgne et le bossu


Le borgne et le bossu  ( 1 )
Tout le Palais tremble
De voir à grand bruit
Arriver ensemble
Bourbon et Conti  ( 2 ) ;
Les polissons chantent :
C’est le borgne et le bossu,
Lanturelu, lanturelu, lanturelu.

Princes, la cohorte
Vous enfle le cœur,
Croyant que l’escorte
Au Régent fait peur.
Cependant l’on chante :
C’est le borgne et le bossu.

A la pauvre France
Rendez les écus.
Servez la régence
Et par vos vertus
Empêchez qu’on chante
C’est le borgne et le bossu,
Lanturelu, lanturelu, lanturelu.

  ( 1. )
   A la réception du duc de Brissac au parlement, ces deux princes briguèrent à qui aurait le plus de gentilshommes à sa suite. (Lyon 1552) - Chanson sur ce que Monsieur le Duc et Monsieur le prince de Conti se firent accompagner de plusieurs gentilshommes allant au Parlement à la réception de M. le duc de Brissac (Arsenal 2962)

  ( 2. )
   Le duc de Bourbon et le prince de Conti se firent accompagner de plusieurs gentilshommes, allant au Parlement à la réception de M. le duc de Brissac. (M.) — « A la réception du duc de Nevers, on avait remarqué que M. le prince de Conti avait plus de monde, d’officiers et de gentilshommes ou seigneurs de la cour à sa suite que M. le Duc. Cela fait qu’hier M. le Duc et M. le prince de Conti écrivirent des billets à tous les gens d’épée pour les accompagner au Palais. M. le Duc est entré avec trente ou quarante personnes, le prince de Conti avait un cortège de cent cinquante jeunes gens. (Journal de Barbier, 6 fév.) (R)

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