Ventes aux enchères (année 2023)

Mme de Sabran a écrit:Moi, je leur laisse .  Un héritage aussi encombrant et vainement ruineux, de la part de ce bonhomme répugnant, cela ressemblerait presque à un mauvais gag.  

Va savoir en effet...le loulou était quand-même tordu...va savoir.

Suite aux succès des quatre ventes aux enchères des chefs-d'oeuvre des collections Rothschild, celles dites du château de Ferrières et de l'hôtel de Saint-Florentin (en France donc), mais cependant toutes organisées par Christie's New York... 

...voici annoncée la vente des lots sélectionnés pour la vente française cette fois-ci. Ah ? Tiens ?

Le "coup de balai" est présenté sur le site de la maison de vente comme :

Christie's Paris - Derniers souvenirs de Ferrières

Spoiler:

Quelques lots sont susceptibles de nous intéresser ici dont cette vue sur une...barricade et des communards ! Comment ??! Dans les collections Rothschild ??!!  

Oui ! Mais voici pourquoi...

L'hôtel Saint-Florentin, place de la Concorde, lors de la Commune
École française, vers 1871
Huile sur toile, sur sa toile d'origine
50,3 x 61,3 cm


Note au catalogue :

Le baron James de Rothschild fit l’acquisition de l’hôtel Saint-Florentin, construit sur les plans de l’architecte Ange-Jacques Gabriel à la fin des années 1760, en 1838. L’hôtel particulier avait précédemment appartenu à Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord qui fit de sa résidence un lieu d’influence politique et diplomatique, accueillant entre autres l’empereur François Ier d’Autriche, le roi Frédéric-Guillaume III de Prusse ou encore le duc de Wellington.

Offert au baron Alphonse de Rothschild en 1857, celui-ci y exécuta d’importantes transformations entre 1868 et 1871 pour y accueillir sa collection d’arts décoratifs. Les barricades visibles sur le tableau ci-présent, rappelant l’insurrection de la Commune de Paris, permettent de le dater de cette même période.

Le baron Édouard-Alphonse de Rothschild hérita de l’hôtel particulier de son père en 1906. Il y habita jusqu’à l’occupation allemande, période durant laquelle l’hôtel Saint-Florentin fut réquisitionné par le Ministère de la Marine de Vichy puis par la Marine allemande. Restitué à la famille après la Seconde Guerre mondiale, l’hôtel particulier fut loué au gouvernement des États-Unis qui en fit finalement l’acquisition en 1950.

* Source et infos complémentaires : Christie's Paris - Vente du 16 novembre 2023


Nous évoquons l'histoire de cet hôtel particulier, plus précisément celle du 18e siècle, et avec quelques illustrations, dans notre sujet :

La place Louis XV, puis place de la Révolution, aujourd'hui place de la Concorde


Image : World Monuments Fund - Hôtel de Talleyrand

Soit dit en passant, je rappelle que cet hôtel particulier n'est pas situé place de la Concorde !

Merci LNLN pour le lien vers le catalogue de ce vide-grenier comme tu l'écris si bien

J'y lis à plusieurs reprises "meuble en partie d'époque XY" : pas de doute sur la provenance, on est bien chez ces bricoleurs de Rothschild

Duc d'Ostrogothie a écrit:
Outre son absence de véritable valeur, cette collection se présente comme un véritable casse-tête pour les héritiers de Silvio Berlusconi. L'ensemble est stocké dans un entrepôt de 3 200 mètres carrés près de son manoir milanais. On y trouve des madones, des vues de Paris, de Naples ou de Venise et beaucoup de nus féminins. Vittorio Sgarbi estime que six ou sept peintures peuvent être considérées comme ayant une valeur artistique. L'ensemble est estimé à 20 millions d'euros, soit 800 € par œuvre en moyenne.

Le milliardaire possédait également de véritables toiles de maîtres de la Renaissance et de l'âge baroque, du Titien à Rembrandt, qui, elles, sont accrochées sur les murs de sa résidence principale. Le marchand d'art Cesare Lampronti, proche de Berlusconi pendant plusieurs dizaines d'années, confie à la BBC que l'homme était ce que l'on peut appeler « un acheteur compulsif » qui « savait que ce qu'il achetait ne valait rien ».

Berlusconi était atteint de la même forme de bric-à-bracomanie que Honoré de Balzac
Lui aussi fut un acheteur compulsif, qui, dans les années 1840, achetait bon nombre d'oeuvres à prix trop élévé avec l'argent de Mme Hanska, afin de décorer leur future maison dans la rue Fortunée.
Balzac a d'ailleurs décrit cette frénésie des achats compulsifs sur le marché des 'antiques' dans son roman Le Cousin Pons (1847).



Sur le site web de la Maison de Balzac :

Balzac collectionneur

"De même que Balzac demeura toute sa vie, parallèlement à l'écrivain qu'il était essentiellement, imprimeur, mondain et entrepreneur, il eut très tôt le goût des séries, des listes, des classifications et des collections, à commencer par les groupements de textes intitulés « scènes de la vie... » privée, parisienne ou de province. Il pense et compose par ensembles, pour la construction de son oeuvre et son assemblage : une pièce en appelle une autre. Comme dans une galerie d'amateur d'art, il peut déplacer les scènes à loisir pour jouir d'un autre effet ou d'une autre perspective.

C'est cependant dans les dernières années de sa vie que Balzac cultiva le plus intensément son goût des objets d'art, qu'on appelait alors des « antiques », manifestant une véritable frénésie d'acquisition et de collection. C'est le moment où il aménage pour sa future épouse la maison qu'il a achetée rue Fortunée (actuelle rue Balzac). Avant même de l'habiter, à partir du 15 avril 1847, il brocante partout, passe commande, s'enthousiasme pour de vraies ou de fausses bonnes affaires. Mais on peut le soupçonner d'aimer la trouvaille pour elle-même et la chasse autant que la possession, car les collections imaginaires restent son vrai domaine. En tout cas, le « bric-à-brac », comme il l'appelle lui-même, envahit les lettres à Mme Hanska et s'y déploie en listes infinies et méticuleuses descriptions d'objets.

Ce n'est-ce pas forcément du temps perdu pour l'écriture. La « bricabracomanie » balzacienne (le mot est aussi de lui) nourrit plusieurs grandes figures de collectionneurs et de collections dans La Comédie humaine : celle de l'« antiquaire » et son « vaste bazar de folies humaines », dans La Peau de chagrin, les splendides tableaux du bonhomme Rouget dans La Rabouilleuse, issus des églises vendues sous la Révolution, les « nouvelles vieilles toiles » du ridicule M.Vervelle, bourgeois niaisement amateur, auquel le rusé élias Magus vend de piètres copies de grands maîtres confectionnées par Pierre Grassou. Et bien sûr, la collection Pons, sans doute la plus belle expression littéraire de cette passion, qui finira aux mains des bourreaux du pauvre Pons, tandis que triomphe celle d'élias Magus, promu chef des « tableaumanes ».

Mais si La Comédie humaine est imprégnée par l'esprit de collection, avant, pendant et après le Furne, dans sa genèse, sa réalisation et son contenu, c'est qu'au-delà de la passion toute personnelle de Balzac, le XIXe siècle, dont ses romans témoignent, a changé le sens de la collection en en multipliant spectaculairement les manifestations. C'est là un fait de culture et de société. Partout on rassemble, on dénombre, on compare, on évalue, on classe ou sélectionne, ou on entasse, par nécessité fonctionnelle, par entraînement, ou pour le trouble plaisir d'un regard possessif : inventaires post-révolutionnaires, nouvelle gestion des biens symboliques, vogue des « antiques », lancée par la Restauration, transmission ou constitution d'un patrimoine, affirmation d'un privilège aristocratique ou promotions bourgeoises, opérations de librairie (il faut susciter le désir de la collection « complète »), aménagements des musées, publics ou privés, organisation des salons, etc."

Article de Nicole Mozet

Oh, merci pour ce document très intéressant cher Félix !

C'est ce que j'appelle le syndrome de Diogène... chic

Comte d'Hézècques a écrit:
Balzac a d'ailleurs décrit cette frénésie des achats compulsifs sur le marché des 'antiques' dans son roman Le Cousin Pons (1847).

Ainsi que la frénésie sportive du Cousin Pons :

Les débris les plus prestigieux de cette vente Rothschild que tu nous signales LNLN   seront cependant mis eux enchères séparément lors de The Exceptional Sale, Including masterpieces from the Rothschild Collections, le 21 novembre à Paris  

On y trouvera ainsi, en lien avec nos vieilles connaissances :

La guitare d'Elisabeth-Charlotte d'Orléans, duchesse de Lorraine et grand-mère de Marie-Antoinette (on rêverait d'un achat pour le château de Lunéville) :


Une des 36 chaises du salon des jeux de Louis XVI à Versailles :


Une bonbonnière de l'ami Neuber, dans laquelle est inséré un portrait du duc de Bourgogne, père de Louis XV :

Deux cabriolets pour le repos du Yéti à Montreuil   :

Une table à écrire pour les petits appartements de Louis XVI à Fontainebleau :


Une paire de piédestaux livrés pour le célèbre hôtel de la duchesse de Mazarin quai Malaquais :


C'est le moment de vider vos PEL

Merci pour cette info...

Gouverneur Morris a écrit:Les débris les plus prestigieux de cette vente Rothschild que tu nous signales LNLN  seront cependant mis eux enchères séparément

Eh bien !

Encore n'a-je pas signalé la vente "Les greniers de Ferrières" (sic !) et celle incluant une "sélection de livres de la bibliothèque de la famille Rothschild".

De la cave au grenier, tout doit disparaître !

Je me demande pourquoi ils vendent....serait-ce mauvais signe pour l avenir ?...Le nôtre plus particulièrement, celui du citoyen "de base".
Sans vouloir tomber dans le complotisme...
Little.

Chère Mme de Théus, j'ai cru comprendre qu'ils vidaient tout simplement leurs vieux garde-meubles, dans lesquels s'entassaient depuis les ventes de leurs résidences parisiennes et de Ferrières quantité de biens non utilisés (?)  

Mais le fait est que LNLN a raison, toutes ces ventes Ferrières mises bout à bout (en incluant la première et grande vente des années 70' lors de la cession du château à la Chancellerie des Universités), cela fait beaucoup et le contenu en paraîtrait presque incommensurable

... de quoi meubler et décorer toutes nos résidences principales et secondaires à nous tous, vulgus pecus !

En effet !!!
Je veux bien les débarrasser de quelques bricoles..
;-)

Little

... ça pour toi, ça pour moi, ça pour toi, ça pour moi, ça pour toi, ça pour moi ...

Gouverneur Morris a écrit:Chère Mme de Théus, j'ai cru comprendre qu'ils vidaient tout simplement leurs vieux garde-meubles, dans lesquels s'entassaient depuis les ventes de leurs résidences parisiennes et de Ferrières quantité de biens non utilisés (?)  

Ces riches qui ne savent que faire de tout leur impédimenta!

Monsieur de la Pérouse a écrit:
Ces riches qui ne savent que faire de tout leur impédimenta!  

Affolant oui
Et puis, les goûts ont changé.
Les nouvelles générations Rothschild ne sont sans doute pas INTO the Bric-à-bracomanie de leurs aïeux

Faut-il rappeler que les collections françaises se sont enrichies de plus de 130 000 œuvres réparties sur tout le territoire dans plus de 200 institutions.

Tous les détails du mécénat des Rothschild sont sur le site de L'INHA.

Marie-Jeanne a écrit:Faut-il rappeler que les collections françaises se sont enrichies de plus de 130 000 œuvres réparties sur tout le territoire dans plus de 200 institutions.

Tous les détails du mécénat des Rothschild sont sur le site de L'INHA.

Voilà une bonne chose !

Marie-Jeanne a écrit:Faut-il rappeler que les collections françaises se sont enrichies de plus de 130 000 œuvres réparties sur tout le territoire dans plus de 200 institutions.

Tous les détails du mécénat des Rothschild sont sur le site de L'INHA.

Chère Marie-Jeanne, merci beaucoup pour ce rappel salutaire.

La critique est facile mais être généreux l’est beaucoup moins.

Marie-Jeanne a écrit: Tous les détails du mécénat des Rothschild sont sur le site de L'INHA.

Ah ! C'est très intéressant, merci.

L'inventaire est incomplet mais vous retrouverez notamment sur ce site :

Sélection d'œuvres issues des collections Rothschild (dont quelques-unes concernent Marie-Antoinette )

Outils de recherche / Synthèse des ressources en ligne des dons Rothschild aux institutions publiques françaises.



Mais je reviens à ce qui ne sera (probablement) pas "offert" aux institutions publiques françaises, puisque en vente prochainement aux enchères, et notamment cette étonnante...

HARPE DITE 'CHROMATIQUE' À SIMPLE ACTION EN FORME DE LYRE
ESTAMPILLE DE JACQUES-PIERRE MICHELOT
PARIS, VERS 1790-1795
En épicéa, érable ondé et noyer sculpté et partiellement doré, les sept touches en ivoire d'éléphant, sommée d'une couronne de laurier et d'un noeud de ruban, la caisse de résonance reposant entre les deux montants terminés en volute sur une base centrée d'un motif de tournesol, estampillée 'MICHELOT' sur un montant
H.: 87 cm. (34 ½ in.) ; L.: 49 cm. (19 ½ in.)



Note au catalogue

Rien ! Dommage...  


* Source et infos complémentaires : Christie's - Paris, vente Derniers souvenirs de Ferrières (16 Nov. 2023)

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Merci LNLN !!!

Le tournesol est l’emblème des cardinaux de Rohan à Saverne et Strasbourg… un début de piste ?





Clichés personnels

Gouverneur Morris a écrit:
Le tournesol est l’emblème des cardinaux de Rohan à Saverne et Strasbourg… un début de piste ?

Oh, mais certainement !

Excellente piste, en effet...