Louis-Stanislas, comte de Provence, et futur roi Louis XVIII

Même biographie, et plus tôt dans le chapitre qui relate le premier séjour de Provence en Courlande, à Mittau.
Le 13 mars 1798...

Pour la première fois depuis Coblence, le prétendant fut heureusement surpris. Aux portes de la ville, la noblesse de Courlande et le gouverneur, le baron Fersen * l'attendaient pour lui souhaiter la bienvenue et le conduire jusqu'au palais ducal.

Avec en note en bas de page :  * Cousin du comte Axel de Fersen, " l'ami de la reine ".

Louis XVIII couronne la rosière de Mittau, 1799
Jean-Charles Tardieu, dit Tardieu-Cochin
Huile sur toile, 1817
Image : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

Je n'ai pas cherché plus que ça qui était ce Fersen, mais j'ajoute qu'on le retrouve ici, dans cet article consacré à La Courlande au XIXe siècle, mentionné comme : le gouverneur de la place, le général de Fersen, accueillit le roi au nom du tsar, son maître.

L'auteur situe cette arrivée le 20 mars (et non le 13 comme la date Mme Lever).

Quant au départ forcé du futur Louis XVIII, près de 3 ans plus tard, l'auteur du même article précise que c'est le comte d'Arsenieff, gouverneur de Mittau, qui chasse l'exilé et son entourage.

La nuit, la neige a écrit: L'auteur situe cette arrivée le 20 mars (et non le 13 comme la date Mme Lever).

Une différence due aux calendriers gregorien et julien peut-être ? Ce dernier restera en vigueur en Russie jusqu'en 1917.

Ah ?!...bonne idée.

Spoiler:

Le comte de Provence fut plusieurs fois fratricide d'intention. Parce qu'il avait des lettres, qu'il était impuissant et méchant, il se croyait supérieur à son frère, le roi. Il animait de loin, peureusement, une coterie qui donnait pour de l'esprit ses mots ou ses chansons scatologiques sur le monarque, la reine ou la religion. Ils oubliaient que, pour les humbles, leurs railleries devenaient vérités, leurs mensonges colère, et qu'il ne faut pas, dit Erasme, exciter cet énorme et puissant animal qu'on appelle peuple.

Aimée de Coigny, Journal .

Gouverneur Morris a écrit: Une différence due aux calendriers gregorien et julien peut-être ?

C'est évidemment cela. D'ailleurs le calendrier julien est toujours totalement d'application dans l'église russe-orthodoxe

Le 6 octobre, comme le duc d'Orléans, le comte de Provence attendit l'assassinat. Difficile à identifier dans le crime, il était toujours, mystérieusement, complice de tous les crimes; au moins, chaque fois informé, il ne les empêchait pas .

( Aimée de Coigny, Journal )

Du comte Provence au comte d'Artois, à Hamm, Wesphalie" , le 28 janvier 1793.

C'en est fait, mon frère, le coup est porté, je tiens dans mes mains la nouvelle officielle du malheureux Louis XVI et je n'ai que le temps de vous en instruire. L'on m'apprend aussi que son fils s'en va mourir. En donnant des larmes à nos proches, vous n'oublierez pas que de telle utilité pour l'Etat va devenir leur mort ... "

Commentaire d'Aimée de Coigny :

Lettre effrayante, non par la sécheresse de coeur la plus inouïe, mais par l'aveu : " Son fils s'en va mourir ... " A cette date en parfaite santé, le Dauphin n'était même pas séparé de sa mère, sa tante et sa soeur. C'est tout un réseau de complicités dont M. Decazes est actuellement est actuellement trop curieux que dévoile cette terrible phrase, réseau qui, la nuit même où Louis XVI fut livré à Varennes, achemina le plus paisiblement du monde de comte de Provence à Bruxelles.

Cette lettre glace le sang, aucune émotion, aucune compassion, c'est révoltant et vil. Infâme.
Le comte de Provence signe ici la preuve de sa sécheresse inouïe.

.... Cette lettre est-elle recensée dans un fonds ?

Dominique Poulin a écrit:.... Cette lettre est-elle recensée dans un fonds ?

Ce serait un faux ? Je pense que notre ami la nuit, la neige nous en donne l'explication :

La nuit, la neige a écrit:

Mme de Sabran a écrit:
si c'est vrai ...

(  Aimée de Coigny, Journal )

Alors, je lis ICI que " (...) ce journal prétendu est un faux manifeste ". Oups !

Un texte apocryphe et tardif, composé notamment des Mémoires de Aimée de Coigny, eux-mêmes publiés en 1902 seulement.

Dominique Poulin a écrit:.... Cette lettre est-elle recensée dans un fonds ?

Eh bien oui, Domi :  cette lettre n'est pas un faux.

Cet extrait est cité dans le Madame Royale  
de Anne Muratori-Philip

Oui, Mme Muratori-Philip aurait donc vérifié sa source... Mais le fonds ou est-il ? Enfin bon, je ne veux pas être tatillon... Mais cette lettre m'a glacé le sang...

Extrait de :


(...)




(...)


Publié en 1916, ce pamphlet évoque une source encore plus ancienne, à savoir ce titre : Les Prisonniers du Temple, suite du Cimetière de la Madeleine, 3 vol. in-12, d'un certain Jean-Joseph Regnault Warin (1773-1844) que Wikipedia présente comme un romancier et un pamphlétaire français.

Je pense donc que ces mots de Provence sont des faux.  
Du reste, je ne reconnais pas vraiment son écriture, sa pensée est d'habitude bien moins claire à lire.    Et l'imagine-t-on, franchement, écrire de tels aveux ? Ce serait bien imprudent et maladroit, et ce n'est guère son genre de faire tomber le masque si facilement, si grossièrement.

Par acquis de conscience je tâcherai tout de même de jeter un oeil dans la bio de Louis XVIII, écrite par Evelyne Lever. Peut-être que cette lettre y est aussi mentionnée, qui sait ?

La nuit, la neige a écrit:

Par acquis de conscience je tâcherai tout de même de jeter un oeil dans la bio de Louis XVIII, écrite par Evelyne Lever. Peut-être que cette lettre y est aussi mentionnée, qui sait ?

Je viens de vérifier : cette lettre n'est pas mentionnée dans la biographie de Louis XVIII de Mme Lever.

Bon. Cqfd.

Du temps de sa jeunesse...quelle ligne ! Prochainement présenté en vente aux enchères...

Portrait de Louis Stanislas Xavier, comte de Provence, en uniforme de colonel du régiment du comte de Provence
Ferdinand-Alexandre Bizard (1820-1879), d'après Jean-Martial Frédou
Huile sur toile signée en bas à droite F. Bizard, daté 1865
110 x 70 cm. Réentoilé. BE (manques au cadre)
Cadre en bois doré avec fronton orné des armes de France



Note au catalogue

Notre tableau est une reprise de l'esquisse à l'huile sur toile de Jean-Martial Frédou, "Louis-Stanislas-Xavier de France, comte de Provence (1755-1824) en costume de colonel de son régiment" conservé au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, (inv MV 4532.)


Louis-Stanislas-Xavier de France, comte de Provence (1755-1824) en costume de colonel de son régiment
Jean-Martial Frédou
Esquisse à l’huile sur toile
Image : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Jean-Marc Manaï

Louis Stanislas Xavier, comte de Provence, roi de France et de Navarre sous le nom de Louis XVIII du 6 avril 1814 au 20 mars 1815 puis du 8 juillet 1815 à sa mort, le 16 septembre 1824, à Paris. Issu de la Maison de Bourbon, quatrième fils du dauphin Louis et frère cadet de Louis XVI, il est appelé « Monsieur » quand ce dernier devient roi. Exilé sous la Révolution française et le Premier Empire, il adopte en tant que prétendant au trône le nom de Louis XVIII.
Expert CNES: Laurent Mirouze


* Source et infos complémentaires : Pousse Cornet - Blois, Vente du 24 septembre 2023



Je vous renvoie également à notre sujet :

Portraits de Marie-Antoinette et de la famille royale par Jean-Martial Frédou

C'est très court mais bien senti.

On se demande vraiment s'il y avait quelqu'un pour apprécier cet homme-là? Il a pourtant bonne presse comme roi par la suite.

J'aime beaucoup le ton badinant du chevalier de Boufflers

Prochainement proposé en vente aux enchères...

Portrait du comte de Provence
École française, atelier de Joseph-Siffred Duplessis
vers 1770
Toile ovale Haut. : 80 cm ; Larg. : 65 cm
Cadre en chêne sculpté à la feuille de chêne, d'époque Louis XIV, redoré
Provenance : Vente Paris Hôtel Drouot, Me Fraysse, 23 mars 2013


Note au catalogue

Que dalle !



* Source et infos complémentaires : Audap & Associés - Vente Paris, le 15 mai 2024


Bien dis donc ! Ils ne se sont pas foulés avec la présentation ou la datation de ce tableau...

Ce beau portrait rappelle bien sûr celui conservé au château de Chantilly, à la veste de couleur greige, réputé être la version originale peinte par Duplessis vers 1778 et exposée au Salon de Paris de 1779 :

Portrait du comte de Provence
Joseph-Siffrein Duplessis
Peinture à l'huile, vers 1778
Salon de l'académie royale de peinture, Paris, 1779 (N° 177)
Image : RMN Grand Palais, Chantilly ; musée Condé

Nous avions déjà eu l'occasion de présenter ici quelques autres versions attribuées au maître ou à son atelier, et encore à Joseph Boze auteur de la version à la veste bleue à suivre :

La nuit, la neige a écrit:

Bien dis donc ! Ils ne se sont pas foulés avec la présentation ou la datation de ce tableau...

De plus en plus fainéants ces commissaires priseurs !

De toute façon, faudra un grand mur pour ce visage bouffi du comte de P***

Personnellement, il me donnerait des cauchemars ...

En 1783, le comte de Provence devint le nouveau propriétaire du château d'Auvers-sur-Oise, dans le Val d'Oise, après Conti.
Aujourd'hui, le château subsiste, mais plus aucune pièce d'origine. Les salles servent aux expositions temporaires et ont été rénovées.