Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les femmes du XVIIIe siècle
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Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
Voici la réponse de Michelle :
"J'avais contacté Joseph Baillo il y a quelques années pour lui dire que c'était Rose Bertin et il m'avait à l'époque , (2007 environ, mes livres n'étaient pas encore sortis) dit que ce n'était pas elle mais la comtesse de Verdun. Je crois que j'ai encore sa réponse quelque part dans mes archives.
Mais voilà depuis Rose Bertin a pris de l'ampleur , alors ...."
Marie-Jeanne, grâce à Michelle Sapori se vendra mieux que cette comtesse alors changement de cap .....
"J'avais contacté Joseph Baillo il y a quelques années pour lui dire que c'était Rose Bertin et il m'avait à l'époque , (2007 environ, mes livres n'étaient pas encore sortis) dit que ce n'était pas elle mais la comtesse de Verdun. Je crois que j'ai encore sa réponse quelque part dans mes archives.
Mais voilà depuis Rose Bertin a pris de l'ampleur , alors ...."
Marie-Jeanne, grâce à Michelle Sapori se vendra mieux que cette comtesse alors changement de cap .....
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
Merci à Michelle et à toi ma chère Clio !!!
Invité- Invité
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
CLIOXVIII a écrit:Marie-Jeanne, grâce à Michelle Sapori se vendra mieux que cette comtesse alors changement de cap .....
C'est donc une identification bien intéressée quand même... boudoi29
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
C'est fou qu'une identification puisse se faire en fonction de la célébrité ou non d'un personnage. A qui ou quoi se fier ?
Semble-t-il qu'à chaque femme un peu rondelette, peu gâtée par la nature, nous devrions y voir mademoiselle Bertin. boudoi29
Nous en avons des exemples presque quotidiennement sur E-Bay avec des Marie-Antoinette pour chaque dame à peu près gracieuse du XVIIIème siècle. àè-è\':
Semble-t-il qu'à chaque femme un peu rondelette, peu gâtée par la nature, nous devrions y voir mademoiselle Bertin. boudoi29
Nous en avons des exemples presque quotidiennement sur E-Bay avec des Marie-Antoinette pour chaque dame à peu près gracieuse du XVIIIème siècle. àè-è\':
Invité- Invité
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
Reinette a écrit:C'est fou qu'une identification puisse se faire en fonction de la célébrité ou non d'un personnage. A qui ou quoi se fier ?
Semble-t-il qu'à chaque femme un peu rondelette, peu gâtée par la nature, nous devrions y voir mademoiselle Bertin. boudoi29
Nous en avons des exemples presque quotidiennement sur E-Bay avec des Marie-Antoinette pour chaque dame à peu près gracieuse du XVIIIème siècle. àè-è\':
Oui, c'est bien triste... Le profit, avant l'histoire. Une raison pour laquelle, je m'intéresse très peu au monde des ventes aux enchères.
Invité- Invité
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
Je dirais que le front est trop haut, pour mademoiselle Bertin .
Mme de Sabran- Messages : 55515
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
Tu auras tout de même noté mon emploi du conditionnel :
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
... conditionnel judicieux ! :
Mme de Sabran- Messages : 55515
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
capture du portrait et envoi immédiat à MICHELLE SAPORI experte en MARIE JEANNE
MARIE ANTOINETTE
MARIE ANTOINETTE
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3729
Date d'inscription : 22/12/2013
Age : 78
Localisation : P A R I S
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
Itou.Mme de Sabran a écrit:
Je dirais que le front est trop haut, pour mademoiselle Bertin .
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
Voici la maison de ROSE BERTIN à EPINAY SUR SEINE où elle passa ses derniers jours - on ne peut voir la maison que de l'ILE SAINT DENIS , cette maison se trouvant à terre à droite de la MAIRIE D'EPINAY
on trouve sur son parcours une station...........ROSE BERTIN qui deviendra très vite célèbre car elle dessert un centre commercial très fréquenté -
VIVE MELLE BERTIN qui connait enfin à notre époque moderne une célébrité populaire !!!
MARIE ANTOINETTE
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3729
Date d'inscription : 22/12/2013
Age : 78
Localisation : P A R I S
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
Quelle heureuse surprise pour notre grande mademoiselle de la Mode !!! : :\\\\\\\\:
Bien à elle ! :n,,;::::!!!:
Bien à elle ! :n,,;::::!!!:
Invité- Invité
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
J'ai vu les travaux lors de l'aménagement de la maison mais je n'avais pas osé entrer.... Ravie de cette nouvelle !
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
Le 6 avril 1785, Mme Sophie von La Roche, en voyage en France, rend visite à Mlle Marie-Jeanne Bertin, en compagnie de Mme Dauphin, qui est la modiste la plus célèbre en Allemagne à ce moment-là, donc collègue de Marie-Jeanne
« L'après-midi, nous accompagnâmes madame Dauphin, la plus célèbre marchande de mode en Allemagne, chez mademoiselle Bertin, elle-même la plus renommée et la plus estimée modiste de Paris, qui fait toutes les robes de la reine et les principales dames de la cour et qui confectionne en ce moment, pour les cours espagnole et portugaise, tout le nécessaire destiné au double mariage des deux Infantes.*
La Bertin reçoit, pour deux cent quatre-vingt robes différentes, une somme de cinq cent mille livres. Beaucoup ont déjà été expédiées, mais nous avons la permission de venir tous les jours voir les nouvelles robes.
Toute la scène me parut mémorable. La maison est vaste et vraiment splendide, encore qu'elle soit très négligée en ce qui concerne la propreté. Par un bel escalier on entre dans une antichambre où, d'un côté deux commis étaient occupés aux écritures et où, de l'autre, deux vendeuses étaient en train de mesurer des rubans et du crêpe. Ensuite succède une grande salle où le plomb doré aux fenêtres, la cheminée en marbre et le stuc au plafond sont superbes.
Là, une vingtaine de jeunes ouvrières étaient assises à trois tables le long des murs, chacune d'elles occupée à des tâches différentes et parées chacune différemment, mais ne portant pas de chapeau. En travers de la salle se trouve la table de la maîtresse qui était assise, seule, dans un fauteuil un peu surélevé, et qui ne se lève pour personne, ce qui est son droit, car cela lui prendrait beaucoup de temps. Il y avait devant elle de grand tas de blondes**, de franges argentées, de guirlandes florales, de crêpe et de rubans. En face de la table, des chaises de modiste où venaient d'être posées deux jolies jupes pour la princesse des Asturies, sur lesquelles on cousait les garnitures.
Madame Dauphin nous introduisit et déclina nos noms. Mademoiselle Bertin fut courtoise ; sa robe était modeste mais précieuse car c'était un négligé en fine mousseline brodée, garnie de larges dentelles de Bruxelles.
Nous admirâmes vraiment la beauté des robes : l'une était blanche, brodée de paillettes d'or et d'argent, de feuilles de métal vertes et rouges, surpiquée de falbalas de crêpe avec des fils d'argent, ainsi que de franges de lamé ; au milieu, une bande de plumes de cormoran rendait la jupe étincelante de luxe grâce aux teintes jaunes les plus variées des plumes, allant de l'or jusqu'au brun, et à leur éclat extraordinaire. L'autre était bleu pâle, également brodée de petits carrés de lamelles de métal et de lamé d'argent et était garnie de dentelles argentées et de cordons sertis de pierres vertes et rouges, grandes d'un demi-pouce, ce qui produisait aussi un très bel effet.
J'étais contente de voir la personne qui ordonne à toutes les cours d'Europe ce qu'elles doivent considérer comme beau et de bon goût. Ses milliers d'inventions méritent d'être appréciées, tant en raison de la peine qu'elle se donne que des formes souvent fort agréables qu'elles produisent.
Madame Dauphin la qualifia de Voltaire des marchandes de mode, et Bertin raconta qu'elle occupait deux mille personnes qui exécutent pour elle tous ces rubans, crêpes, tissus, blondes et fleurs en métal, d'après les modèles qu'elle a élaborés, et qu'elle mettait en circulation à Paris plus d'un million de livres par an. Ces modèles pleins de fantaisie, qui assurent leur subsistance à deux mille personnes, confèrent aussi à la personne qui les invente une utilité certaine dont on doit lui être reconnaissant. On dit qu'elle a quarante mille livres de rente qu'elle a léguées aux enfants de ses frères et sœurs car elle ne veut pas se marier.
Une éloquence qui lui est propre donne à son langage des tournures élégantes et correspond ainsi à sa façon de donner au crêpe et aux fleurs de jolies courbes.
Il y a toujours devant sa maison des voitures avec de coquettes jeunes femmes qui sont heureuses de pouvoir se parer de quelque chose sortant des mains de mademoiselle Bertin.
Quand elle élève la voix pour dire : « Mesdemoiselles », les visages de toutes les jeunes ouvrières manifestent une attention respectueuse. Ces opérations de couture, de torsion et de pliage de ces centaines de matériaux en fil de métal, en paille et en soie, et tous les tours de main qui y sont nécessaires étaient très intéressantes à observer. »
Le 16 avril, Mme Sophie von La Roche retourne voir Mlle Bertin :
« Encore une visite chez mademoiselle Bertin et de nouvelles surprises devant ces merveilleuses inventions de milliers de parures, destinées à ne briller qu'un instant. Mais lorsque je me rappelle que cette personne gère un commerce de plus de deux millions et procure leur subsistance à des centaines d'ouvriers, elle me paraît à nouveau très estimable.
Pourquoi toute l'Europe s'incline-t-elle devant le sceptre d'une mode aussi fantaisiste ? Pourquoi maintenons-nous en tout domaine notre opinion première, alors que nous sommes incroyablement dociles quand il s'agit de nous habiller ? Avec les robes pour les deux Infantes, mademoiselle Bertin renvoie en Espagne une bonne partie de cet argent qui est venu en France sous forme de lingots, car les grandes fleurs et les feuilles de couleurs variées sont toutes faites d'argent martelé, comme le sont les pompons de lamé, les paillettes et les montures des grands cabochons de verre.
Ma conversation avec cette personne fut très instructive : elle me parla de ses discussions avec la reine, de sa correspondance avec la grande-duchesse de Russie, de ses nuits sans sommeil pendant lesquelles elle invente de nouvelles combinaisons de couleur pour le crêpe et les rubans, de nouvelles formes de coiffes et de chapeaux, de robes et de garnitures dont elle fait faire ensuite des dessins destinés aux fabricants et aux dentellières de blondes ; elle leur trouve des noms, puis donne des instructions à ses secrétaires qui doivent notifier cela à des correspondants lointains. Ses explications m'intéressèrent énormément. (...)
Devant la porte, une duchesse attendait dans sa voiture qu'on terminât son nouveau chapeau de crêpe rose aux plumes violettes qui devait lui aller très bien, blonde comme elle l'était. J'admirai la rapidité et l'habileté des deux filles qui travaillaient cet objet ; de même, j'eus plaisir à observer l'essayage des jupes sur les mannequins, car on leur apporte une retouche tantôt à droite, tantôt à gauche selon le regard critique de la Bertin, et quand elle dit : « bien » ou « pas bien », les têtes des vingt ouvrières se tournent toujours du côté inspecté par la maîtresse. Leur goût est formé par elle, et elles sont certaines d'être engagées partout, comme femme de chambre ou comme vendeuse, en sortant de cette école avec de bonnes notes. »
*Il s'agit de Charlotte Joachime d'Espagne (1775-1830) :
et de Marie de Portugal (1778-1788)
** Blonde : dentelle de soie plate et légère, écrue à l'origine, exécutée au fuseau
Extrait du Journal d'un voyage à travers la France, 1785, par Sophie von La Roche, traduit par Michel Lung, Thomas Dunskus et Anne Lung-Faivre, d'après l'édition originale (1787), aux Éditions de l'Entre-deux-Mers, 2012.
« L'après-midi, nous accompagnâmes madame Dauphin, la plus célèbre marchande de mode en Allemagne, chez mademoiselle Bertin, elle-même la plus renommée et la plus estimée modiste de Paris, qui fait toutes les robes de la reine et les principales dames de la cour et qui confectionne en ce moment, pour les cours espagnole et portugaise, tout le nécessaire destiné au double mariage des deux Infantes.*
La Bertin reçoit, pour deux cent quatre-vingt robes différentes, une somme de cinq cent mille livres. Beaucoup ont déjà été expédiées, mais nous avons la permission de venir tous les jours voir les nouvelles robes.
Toute la scène me parut mémorable. La maison est vaste et vraiment splendide, encore qu'elle soit très négligée en ce qui concerne la propreté. Par un bel escalier on entre dans une antichambre où, d'un côté deux commis étaient occupés aux écritures et où, de l'autre, deux vendeuses étaient en train de mesurer des rubans et du crêpe. Ensuite succède une grande salle où le plomb doré aux fenêtres, la cheminée en marbre et le stuc au plafond sont superbes.
Là, une vingtaine de jeunes ouvrières étaient assises à trois tables le long des murs, chacune d'elles occupée à des tâches différentes et parées chacune différemment, mais ne portant pas de chapeau. En travers de la salle se trouve la table de la maîtresse qui était assise, seule, dans un fauteuil un peu surélevé, et qui ne se lève pour personne, ce qui est son droit, car cela lui prendrait beaucoup de temps. Il y avait devant elle de grand tas de blondes**, de franges argentées, de guirlandes florales, de crêpe et de rubans. En face de la table, des chaises de modiste où venaient d'être posées deux jolies jupes pour la princesse des Asturies, sur lesquelles on cousait les garnitures.
Madame Dauphin nous introduisit et déclina nos noms. Mademoiselle Bertin fut courtoise ; sa robe était modeste mais précieuse car c'était un négligé en fine mousseline brodée, garnie de larges dentelles de Bruxelles.
Nous admirâmes vraiment la beauté des robes : l'une était blanche, brodée de paillettes d'or et d'argent, de feuilles de métal vertes et rouges, surpiquée de falbalas de crêpe avec des fils d'argent, ainsi que de franges de lamé ; au milieu, une bande de plumes de cormoran rendait la jupe étincelante de luxe grâce aux teintes jaunes les plus variées des plumes, allant de l'or jusqu'au brun, et à leur éclat extraordinaire. L'autre était bleu pâle, également brodée de petits carrés de lamelles de métal et de lamé d'argent et était garnie de dentelles argentées et de cordons sertis de pierres vertes et rouges, grandes d'un demi-pouce, ce qui produisait aussi un très bel effet.
J'étais contente de voir la personne qui ordonne à toutes les cours d'Europe ce qu'elles doivent considérer comme beau et de bon goût. Ses milliers d'inventions méritent d'être appréciées, tant en raison de la peine qu'elle se donne que des formes souvent fort agréables qu'elles produisent.
Madame Dauphin la qualifia de Voltaire des marchandes de mode, et Bertin raconta qu'elle occupait deux mille personnes qui exécutent pour elle tous ces rubans, crêpes, tissus, blondes et fleurs en métal, d'après les modèles qu'elle a élaborés, et qu'elle mettait en circulation à Paris plus d'un million de livres par an. Ces modèles pleins de fantaisie, qui assurent leur subsistance à deux mille personnes, confèrent aussi à la personne qui les invente une utilité certaine dont on doit lui être reconnaissant. On dit qu'elle a quarante mille livres de rente qu'elle a léguées aux enfants de ses frères et sœurs car elle ne veut pas se marier.
Une éloquence qui lui est propre donne à son langage des tournures élégantes et correspond ainsi à sa façon de donner au crêpe et aux fleurs de jolies courbes.
Il y a toujours devant sa maison des voitures avec de coquettes jeunes femmes qui sont heureuses de pouvoir se parer de quelque chose sortant des mains de mademoiselle Bertin.
Quand elle élève la voix pour dire : « Mesdemoiselles », les visages de toutes les jeunes ouvrières manifestent une attention respectueuse. Ces opérations de couture, de torsion et de pliage de ces centaines de matériaux en fil de métal, en paille et en soie, et tous les tours de main qui y sont nécessaires étaient très intéressantes à observer. »
Le 16 avril, Mme Sophie von La Roche retourne voir Mlle Bertin :
« Encore une visite chez mademoiselle Bertin et de nouvelles surprises devant ces merveilleuses inventions de milliers de parures, destinées à ne briller qu'un instant. Mais lorsque je me rappelle que cette personne gère un commerce de plus de deux millions et procure leur subsistance à des centaines d'ouvriers, elle me paraît à nouveau très estimable.
Pourquoi toute l'Europe s'incline-t-elle devant le sceptre d'une mode aussi fantaisiste ? Pourquoi maintenons-nous en tout domaine notre opinion première, alors que nous sommes incroyablement dociles quand il s'agit de nous habiller ? Avec les robes pour les deux Infantes, mademoiselle Bertin renvoie en Espagne une bonne partie de cet argent qui est venu en France sous forme de lingots, car les grandes fleurs et les feuilles de couleurs variées sont toutes faites d'argent martelé, comme le sont les pompons de lamé, les paillettes et les montures des grands cabochons de verre.
Ma conversation avec cette personne fut très instructive : elle me parla de ses discussions avec la reine, de sa correspondance avec la grande-duchesse de Russie, de ses nuits sans sommeil pendant lesquelles elle invente de nouvelles combinaisons de couleur pour le crêpe et les rubans, de nouvelles formes de coiffes et de chapeaux, de robes et de garnitures dont elle fait faire ensuite des dessins destinés aux fabricants et aux dentellières de blondes ; elle leur trouve des noms, puis donne des instructions à ses secrétaires qui doivent notifier cela à des correspondants lointains. Ses explications m'intéressèrent énormément. (...)
Devant la porte, une duchesse attendait dans sa voiture qu'on terminât son nouveau chapeau de crêpe rose aux plumes violettes qui devait lui aller très bien, blonde comme elle l'était. J'admirai la rapidité et l'habileté des deux filles qui travaillaient cet objet ; de même, j'eus plaisir à observer l'essayage des jupes sur les mannequins, car on leur apporte une retouche tantôt à droite, tantôt à gauche selon le regard critique de la Bertin, et quand elle dit : « bien » ou « pas bien », les têtes des vingt ouvrières se tournent toujours du côté inspecté par la maîtresse. Leur goût est formé par elle, et elles sont certaines d'être engagées partout, comme femme de chambre ou comme vendeuse, en sortant de cette école avec de bonnes notes. »
*Il s'agit de Charlotte Joachime d'Espagne (1775-1830) :
et de Marie de Portugal (1778-1788)
** Blonde : dentelle de soie plate et légère, écrue à l'origine, exécutée au fuseau
Extrait du Journal d'un voyage à travers la France, 1785, par Sophie von La Roche, traduit par Michel Lung, Thomas Dunskus et Anne Lung-Faivre, d'après l'édition originale (1787), aux Éditions de l'Entre-deux-Mers, 2012.
Dernière édition par Comte d'Hézècques le Ven 16 Déc 2016, 10:39, édité 1 fois
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
Merci infiniment, mon cher Félix , pour ces extraits que je dois avoir lus dans l'ouvrage de Michelle Sapori, mais dont je ne me souvenais pas... C'est passionnant de lire Mme Sophie von La Roche car on se trouve avec elle au milieu du Grand Mogol , c'est un témoignage très évocateur !!! Merci, merci !!! :n,,;::::!!!:
Bien à vous. :
Bien à vous. :
Invité- Invité
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
Ah ! que je me suis régalée de toutes ces descriptions de précieux falbalas !!!
Merci, mon cher Félix !
C'est complètement fou d'imaginer que Mme Bertin employait deux mille cousettes !!! ... Quelle réussite !
Merci, mon cher Félix !
C'est complètement fou d'imaginer que Mme Bertin employait deux mille cousettes !!! ... Quelle réussite !
Mme de Sabran- Messages : 55515
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
Son journal est vraiment une mine d'or pour les descriptions de la vie à Paris, comment les gens furent habillés, les différents monuments, et puis il y a son voyage à Bordeaux et au Havre. Sébastien Mercier est d'ailleurs son grand exemple
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
Le journal de Mlle de Rothe fut-il publié ?
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
C'est passionnant !!! On a l'impression d'y être !!! :n,,;::::!!!:
Invité- Invité
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
L'impression?
Mais !on !!! Nous y sommes bel et bien :n,,;::::!!!:
Bien à vous boudoi30
Mais !on !!! Nous y sommes bel et bien :n,,;::::!!!:
Bien à vous boudoi30
Invité- Invité
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
Majesté a écrit:Merci infiniment, mon cher Félix , pour ces extraits que je dois avoir lus dans l'ouvrage de Michelle Sapori, mais dont je ne me souvenais pas... C'est passionnant de lire Mme Sophie von La Roche car on se trouve avec elle au milieu du Grand Mogol , c'est un témoignage très évocateur !!! Merci, merci !!! :n,,;::::!!!:
Hier soir par curiosité j'ai parcouru le livre de Michèle Sapori, mais elle n'évoque nulle part le témoignage de Mme Sophie von La Roche, ce qui ne m'étonne pas puisque son livre était déjà édité au moment où la première traduction française du journal de Sophie von La Roche voyait le jour, en 2012.
Lucius a écrit:
Le journal de Mlle de Rothe fut-il publié ?
En effet, en 2012 pour la première fois en français, d'après la première édition allemande qui date de 1787.
J'ai mis les références en dessous de l'extrait où Sophie von La Roche évoque Mlle Rose Bertin.
Il y a aussi un sujet céans consacré au journal : https://marie-antoinette.forumactif.org/t925-journal-d-un-voyage-a-travers-la-france-1785?highlight=1785
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose Bertin
Tout s'explique dans cette surprise que j'ai eue en lisant ta citation, Félix, alors !
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
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