Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
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Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
J'apprends à l'instant (à la radio, je n'ai pas noté la personne qui intervenait.... ) que Napoléon Bonaparte , avec son accent italien, appelait Talleyrand [Tailleyrand]...
On l'entend aussi appelé [Tall'rand] par ses détracteurs de la même manière que ceux de François Mitterrand l'appelleront [Mitt'rrand]... :
Bien à vous.
On l'entend aussi appelé [Tall'rand] par ses détracteurs de la même manière que ceux de François Mitterrand l'appelleront [Mitt'rrand]... :
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Chers amis,
Trouvé dans Talleyrand le prince immobile de Waresquiel, ce passage intéressant sur le positionnement politique de Talleyrand que l'on découvre dans le rôle de "visiteur du soir" à l'aube de la Révolution :
"Dans le courant du mois de juin, Charles-Maurice se rend à plusieurs reprises à Marly ou le roi et la reine se sont réfugiés après la mort traumatisante du dauphin. Accompagnés de quelques députés de la noblesse libérale, Noailles et d'Agout entre autres, il voit le comte d'Artois, l'avertit de la gravité de la situation et lui propose de dissoudre les états puis de les convoquer à nouveau sur le modèle anglais:une chambre basse élue, une chambre haute nommée par le roi et regroupant l'élite des anciens ordres du clergé et de la noblesse constituée en pouvoir. Précisément ce plan est celui que défendront sans succès les monarchiens, Mounier et Lally en tête, en août, au cours des débats sur la constitution du royaume. Ces notions de balance et d'équilibre des pouvoirs entre le roi et les deux chambres, l'une populaire, l'autre conservatrice, sont dans l'air du temps. Elles étaient au centre de la polémique qui opposa, au début des années 1780, Turgot d'un côté, le publiciste anglais Richard Price et l'américain John Adams, le futur président des Etats-unis, de l'autre. Elles resurgissent peu avant la Révolution sous Calonne et Loménie. L'anglophile Charles-Maurice, proche de Calonne , est aussi l'ami de Price qu'il verra à Londres en 1792. Il y a donc tout lieu de penser qu'il a suivi ces discussions de près.
L'existence des conversations nocturnes de Marly ne peut être mis en doute. Mais ce qui est intéressant c'est l'utilisation qu'en fera Charles-Maurice par la suite. Le thème est connu: je vous ai prévenu, vous n'avez pas voulu m'écouter, je me sauverai donc par mes propres moyens. Dans ses Mémoires il parle du plan qu'il propose comme d' - un acte de force et la force, il n'y avait autour du roi personne pour la manier.[...] Dans ce cas et sous peine de folie , il fallait penser à soi -. Tout est dit et tout devient légitime, à commencer par son engagement dans la Révolution.
En 1814, avec le retour des Bourbons au pouvoir, Charles-Maurice ne manquera pas de se servir de l'argument et de le faire savoir. D'autant plus qu'à cette époque il avait beaucoup à se faire pardonner. En avril, il rafraîchira discrètement la mémoire du comte d'Artois, alors sur la route de Paris, en lui rappelant la teneur de leur conversation en juin 1789. Vitrolles, chargé du message, raconte l'épisode dans ses Mémoires et en parle admiratif comme de - la plus complète justification révolutionnaire de M de Talleyrand. Tous les plaidoyers du monde n'auraient pas mieux servi à l'excuser, d'autant que le fait allégué me fut confirmé par M le comte d'Artois qui en avait conservé l'entier souvenir. - A singe, singe et demi; Les détonateurs à mèche lente, surtout bien placés, favorisent parfois les retours en grâce."
A lire ce passage, on se prend à penser qu'il est bien dommage que M de Talleyrand n'ait pas eu l'oreille et la confiance du roi à ce moment tragique ou la survie de son royaume aurait tenu à un peu de fermeté. Mais ne revenons pas sur ce qui n'a pas été...!
Amitiés Roi-cavalerie
Trouvé dans Talleyrand le prince immobile de Waresquiel, ce passage intéressant sur le positionnement politique de Talleyrand que l'on découvre dans le rôle de "visiteur du soir" à l'aube de la Révolution :
"Dans le courant du mois de juin, Charles-Maurice se rend à plusieurs reprises à Marly ou le roi et la reine se sont réfugiés après la mort traumatisante du dauphin. Accompagnés de quelques députés de la noblesse libérale, Noailles et d'Agout entre autres, il voit le comte d'Artois, l'avertit de la gravité de la situation et lui propose de dissoudre les états puis de les convoquer à nouveau sur le modèle anglais:une chambre basse élue, une chambre haute nommée par le roi et regroupant l'élite des anciens ordres du clergé et de la noblesse constituée en pouvoir. Précisément ce plan est celui que défendront sans succès les monarchiens, Mounier et Lally en tête, en août, au cours des débats sur la constitution du royaume. Ces notions de balance et d'équilibre des pouvoirs entre le roi et les deux chambres, l'une populaire, l'autre conservatrice, sont dans l'air du temps. Elles étaient au centre de la polémique qui opposa, au début des années 1780, Turgot d'un côté, le publiciste anglais Richard Price et l'américain John Adams, le futur président des Etats-unis, de l'autre. Elles resurgissent peu avant la Révolution sous Calonne et Loménie. L'anglophile Charles-Maurice, proche de Calonne , est aussi l'ami de Price qu'il verra à Londres en 1792. Il y a donc tout lieu de penser qu'il a suivi ces discussions de près.
L'existence des conversations nocturnes de Marly ne peut être mis en doute. Mais ce qui est intéressant c'est l'utilisation qu'en fera Charles-Maurice par la suite. Le thème est connu: je vous ai prévenu, vous n'avez pas voulu m'écouter, je me sauverai donc par mes propres moyens. Dans ses Mémoires il parle du plan qu'il propose comme d' - un acte de force et la force, il n'y avait autour du roi personne pour la manier.[...] Dans ce cas et sous peine de folie , il fallait penser à soi -. Tout est dit et tout devient légitime, à commencer par son engagement dans la Révolution.
En 1814, avec le retour des Bourbons au pouvoir, Charles-Maurice ne manquera pas de se servir de l'argument et de le faire savoir. D'autant plus qu'à cette époque il avait beaucoup à se faire pardonner. En avril, il rafraîchira discrètement la mémoire du comte d'Artois, alors sur la route de Paris, en lui rappelant la teneur de leur conversation en juin 1789. Vitrolles, chargé du message, raconte l'épisode dans ses Mémoires et en parle admiratif comme de - la plus complète justification révolutionnaire de M de Talleyrand. Tous les plaidoyers du monde n'auraient pas mieux servi à l'excuser, d'autant que le fait allégué me fut confirmé par M le comte d'Artois qui en avait conservé l'entier souvenir. - A singe, singe et demi; Les détonateurs à mèche lente, surtout bien placés, favorisent parfois les retours en grâce."
A lire ce passage, on se prend à penser qu'il est bien dommage que M de Talleyrand n'ait pas eu l'oreille et la confiance du roi à ce moment tragique ou la survie de son royaume aurait tenu à un peu de fermeté. Mais ne revenons pas sur ce qui n'a pas été...!
Amitiés Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
;
Merci, cher Roi-cavalerie, pour ce long extrait du livre de E. de Waresquiel !
Je suis justement dans les Mémoires de Talleyrand, et j'ai lu le passage que vous mentionnez il y a peu .
Je l'ai donc facilement retrouvé.
Eh oui ! boudoi29
Sous la plume de Talleyrand lui-même :
Mon opinion était qu'il fallait dissoudre les états généraux; et forcé de prendre les choses où elles en étaient, de les convoquer de nouveau, suivant un des modes que j'ai indiqués ci-dessus. J'en donnai le conseil à M. le comte d'Artois qui avait alors de la bonté et, si j'osais me servir d'une des expressions qu'il employait, de l'amitié pour moi. On trouva mon conseil trop hasardeux. C'était un acte de force, et la force, il n'y avait autour du roi personne pour la manier. J'eus la nuit à Marly quelques rendez-vous qui, ayant tous été inutiles, me démontrèrent que je ne pouvais être bon à rien, et que, dans ce cas, sous peine de folie, il fallait penser à soi.
La composition des états généraux rendant évidemment nuls les deux premiers ordres, il ne restait qu'un seul parti raisonnable à prendre, c'était de céder avant d'y être contraint, et quand on pouvait encore s'en faire un mérite. Par là on pouvait empêcher que les choses ne fussent d'abord portées à l'extrême, on forçait le troisième ordre à des ménagements, on conservait le moyen d'influer sur les délibérations communes, on gagnait du temps, ce qui souvent est tout gagner; et s'il y avait une chance de reprendre du terrain, ce parti était le seul qui l'offrît. Je n'hésitait donc point à me mettre au nombre de ceux qui en donnèrent l'exemple .
Tiburce ! ... à ma rescousse !!! :n,,;::::!!!:
... et que nous déplorons tous !
Merci, cher Roi-cavalerie, pour ce long extrait du livre de E. de Waresquiel !
Je suis justement dans les Mémoires de Talleyrand, et j'ai lu le passage que vous mentionnez il y a peu .
Je l'ai donc facilement retrouvé.
Roi-cavalerie a écrit:
L'existence des conversations nocturnes de Marly ne peut être mis en doute. Mais ce qui est intéressant c'est l'utilisation qu'en fera Charles-Maurice par la suite. Le thème est connu: je vous ai prévenu, vous n'avez pas voulu m'écouter, je me sauverai donc par mes propres moyens. Dans ses Mémoires il parle du plan qu'il propose comme d' - un acte de force et la force, il n'y avait autour du roi personne pour la manier.[...] Dans ce cas et sous peine de folie , il fallait penser à soi -.
Eh oui ! boudoi29
Sous la plume de Talleyrand lui-même :
Mon opinion était qu'il fallait dissoudre les états généraux; et forcé de prendre les choses où elles en étaient, de les convoquer de nouveau, suivant un des modes que j'ai indiqués ci-dessus. J'en donnai le conseil à M. le comte d'Artois qui avait alors de la bonté et, si j'osais me servir d'une des expressions qu'il employait, de l'amitié pour moi. On trouva mon conseil trop hasardeux. C'était un acte de force, et la force, il n'y avait autour du roi personne pour la manier. J'eus la nuit à Marly quelques rendez-vous qui, ayant tous été inutiles, me démontrèrent que je ne pouvais être bon à rien, et que, dans ce cas, sous peine de folie, il fallait penser à soi.
La composition des états généraux rendant évidemment nuls les deux premiers ordres, il ne restait qu'un seul parti raisonnable à prendre, c'était de céder avant d'y être contraint, et quand on pouvait encore s'en faire un mérite. Par là on pouvait empêcher que les choses ne fussent d'abord portées à l'extrême, on forçait le troisième ordre à des ménagements, on conservait le moyen d'influer sur les délibérations communes, on gagnait du temps, ce qui souvent est tout gagner; et s'il y avait une chance de reprendre du terrain, ce parti était le seul qui l'offrît. Je n'hésitait donc point à me mettre au nombre de ceux qui en donnèrent l'exemple .
Roi-cavalerie a écrit:Tout est dit et tout devient légitime, à commencer par son engagement dans la Révolution.
En 1814, avec le retour des Bourbons au pouvoir, Charles-Maurice ne manquera pas de se servir de l'argument et de le faire savoir. D'autant plus qu'à cette époque il avait beaucoup à se faire pardonner. En avril, il rafraîchira discrètement la mémoire du comte d'Artois, alors sur la route de Paris, en lui rappelant la teneur de leur conversation en juin 1789. Vitrolles, chargé du message, raconte l'épisode dans ses Mémoires et en parle admiratif comme de - la plus complète justification révolutionnaire de M de Talleyrand. Tous les plaidoyers du monde n'auraient pas mieux servi à l'excuser, d'autant que le fait allégué me fut confirmé par M le comte d'Artois qui en avait conservé l'entier souvenir. - A singe, singe et demi; Les détonateurs à mèche lente, surtout bien placés, favorisent parfois les retours en grâce." [/i]
Tiburce ! ... à ma rescousse !!! :n,,;::::!!!:
Roi-cavalerie a écrit:
A lire ce passage, on se prend à penser qu'il est bien dommage que M de Talleyrand n'ait pas eu l'oreille et la confiance du roi à ce moment tragique ou la survie de son royaume aurait tenu à un peu de fermeté. Mais ne revenons pas sur ce qui n'a pas été...!
... et que nous déplorons tous !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
.
Charles-Maurice ( quelle familiarité ! : ) poursuit ainsi, un peu plus loin :
La Bastille est attaquée, prise ou livrée en deux heures, et son gouverneur égorgé. La fureur populaire se fait encore d'autres victimes. Alors tout cède; il n'y a plus d'états généraux; ils ont fait place à une assemblée unique et toute puissante; et le principe de l'égalité est consacré. Ceux qui ont conseillé l'emploi de la force, ceux qui l'ont mise en mouvement, ceux qui en ont été les chefs, ne songent qu'à leur sûreté. Une partie des princes sort du royaume et l'émigration commence.
M. le comte d'Artois en avait donné le premier signal. Son départ me fit une peine extrême. Je l'aimais. J'eus besoin de toute la force de ma raison pour ne pas le suivre, et pour résister aux instances que me faisait de sa part madame de Carignan pour aller le rejoindre à Turin.
On se tromperait si on concluait de mon refus que je blamâsse les émigrés; je ne les blâmais point, mais je blâmais l'émigration. Presque tous les émigrés ont été guidés par un sentiment noble et par un grand dévouement; mais l'émigration était une combinaison fausse. Elle eut pour motif, ou la crainte du danger, ou l'amour propre offensé, ou le désir de recouvrer par les armes ce qu'on aurait perdu, ou l'idée d'un devoir à remplir, elle ne me paraissait sous tous ces rapports qu'un mauvais calcul .
Charles-Maurice ( quelle familiarité ! : ) poursuit ainsi, un peu plus loin :
La Bastille est attaquée, prise ou livrée en deux heures, et son gouverneur égorgé. La fureur populaire se fait encore d'autres victimes. Alors tout cède; il n'y a plus d'états généraux; ils ont fait place à une assemblée unique et toute puissante; et le principe de l'égalité est consacré. Ceux qui ont conseillé l'emploi de la force, ceux qui l'ont mise en mouvement, ceux qui en ont été les chefs, ne songent qu'à leur sûreté. Une partie des princes sort du royaume et l'émigration commence.
M. le comte d'Artois en avait donné le premier signal. Son départ me fit une peine extrême. Je l'aimais. J'eus besoin de toute la force de ma raison pour ne pas le suivre, et pour résister aux instances que me faisait de sa part madame de Carignan pour aller le rejoindre à Turin.
On se tromperait si on concluait de mon refus que je blamâsse les émigrés; je ne les blâmais point, mais je blâmais l'émigration. Presque tous les émigrés ont été guidés par un sentiment noble et par un grand dévouement; mais l'émigration était une combinaison fausse. Elle eut pour motif, ou la crainte du danger, ou l'amour propre offensé, ou le désir de recouvrer par les armes ce qu'on aurait perdu, ou l'idée d'un devoir à remplir, elle ne me paraissait sous tous ces rapports qu'un mauvais calcul .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Avec de telles dispositions, on attend avec hâte le passage où il raconte comment, au péril de sa vie, il a tenté vainement de s'interposer entre le peloton d'exécution et le duc d'Enghien dans les fossés de Vincennes boudoi26
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Majesté a écrit:J'apprends à l'instant (à la radio, je n'ai pas noté la personne qui intervenait.... ) que Napoléon Bonaparte , avec son accent italien, appelait Talleyrand [Tailleyrand]...
On l'entend aussi appelé [Tall'rand] par ses détracteurs de la même manière que ceux de François Mitterrand l'appelleront [Mitt'rrand]... :
Je suis surpris de ce que vous dîtes. Cette prononciation sans le "ey" est plus ancienne que lui, elle s'applique à toute la famille depuis longtemps, quant à la prononciation "Taille", je l'ai entendue dans la bouche des descendants de la famille, et je crois quelques orthographe de document.
Je crois qu'il s'agit plutôt de la vieille tradition de la dissociation de l'orthographe et de la prononciation, si chère aux grandes familles de l'ancien régime. Ces prononciations étant souvent plus anciennes que les orthographes modernes.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Gouverneur Morris a écrit:Avec de telles dispositions, on attend avec hâte le passage où il raconte comment, au péril de sa vie, il a tenté vainement de s'interposer entre le peloton d'exécution et le duc d'Enghien dans les fossés de Vincennes boudoi26
Sa conduite en cette occurrence tragique fut digne d'admiration . :\\\\\\\\:
Mais ce qui me scotche aussi, c'est que je ne savais absolument pas ( avant de le lire de sa propre main ) que Talleyrand avait voulu empêcher les états généraux . Ma surprise est totale !
L'édition que j'ai sous les yeux, nous offre d'ailleurs cette lettre du baron de Vitrolles à M. de Bacourt.
Talleyrand a vraiment fait tout son possible .
Dernière édition par Mme de Sabran le Ven 10 Mar 2017, 21:10, édité 1 fois
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Et quand on pense qu'il a décidé d'un moratoire sur la date de publication de ses mémoires... Un homme méconnu, humble et discret dans ses actions !
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Passionnant ! A quoi tient le destin d'un pays. Un peu de fermeté de la part du roi, des conseillers clairvoyants et avisés,quelques hommes d'action et au lieu de cette débandade (je veux parler de la fin de l'Ancien Régime), on aurait peut-être hérité d'une histoire différente ! Du moins, pour quelques années puisque le régime de monarchie constitutionnelle mis en place à la Restauration n'a tenu que 33 ans !
Roi-cavalerie
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Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Roi-cavalerie a écrit:Passionnant ! A quoi tient le destin d'un pays.
Cette idée aussi de Necker, du doublement du Tiers !!!
C'était scier la branche sur laquelle ils se prélassaient ...
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Talleyrand poursuit :
La seule perte dont l'esprit d'égalité menaçât alors la noblesse, était celle de ses titres et de ses privilèges. Par l'émigration, on ne prévenait point cette perte, et même les gentilshommes français couraient le risque d'en ajouter une plus grande, celle de leurs biens .
( ... )
Ainsi, loin de pouvoir être regardée comme l'accomplissement d'un devoir, l'émigration avait besoin d'être excusée, et ne pouvait l'être que par l'immensité d'un danger personnel auquel on n'eût point d'autre moyen de se soustraire .
C'était le cas de Mme de Polignac et du comte d'Artois dont les têtes étaient mises à prix .
La seule perte dont l'esprit d'égalité menaçât alors la noblesse, était celle de ses titres et de ses privilèges. Par l'émigration, on ne prévenait point cette perte, et même les gentilshommes français couraient le risque d'en ajouter une plus grande, celle de leurs biens .
( ... )
Ainsi, loin de pouvoir être regardée comme l'accomplissement d'un devoir, l'émigration avait besoin d'être excusée, et ne pouvait l'être que par l'immensité d'un danger personnel auquel on n'eût point d'autre moyen de se soustraire .
C'était le cas de Mme de Polignac et du comte d'Artois dont les têtes étaient mises à prix .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Je résolus donc de ne point quitter la France, avant d'y être contraint par un danger personnel; de ne rien faire pour le provoquer, de ne point lutter contre un torrent qu'il fallait laisser passer, mais de me tenir en situation et à portée de concourir à sauver ce qui pouvait être sauvé, de ne point élever d'obstacle entre l'occasion et moi, et de me réserver pour elle .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
On t'a compris, mon gars, y'a pas d'soucis ! :;;::,:!!!ùùù:
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Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Mme de Sabran a écrit:Talleyrand poursuit :
La seule perte dont l'esprit d'égalité menaçât alors la noblesse, était celle de ses titres et de ses privilèges. Par l'émigration, on ne prévenait point cette perte, et même les gentilshommes français couraient le risque d'en ajouter une plus grande, celle de leurs biens .
( ... )
Ainsi, loin de pouvoir être regardée comme l'accomplissement d'un devoir, l'émigration avait besoin d'être excusée, et ne pouvait l'être que par l'immensité d'un danger personnel auquel on n'eût point d'autre moyen de se soustraire .
C'était le cas de Mme de Polignac et du comte d'Artois dont les têtes étaient mises à prix .
J'ai toujours eu l'impression que cette fuite des premiers jours, celle des frères du Roi en particulier, avait été prématurée, et même qu'elle avait donné à ces libelles une valeur bien plus grande qu'elle n'en méritait.
Car ces listes n'étaient que l'ouvrage de factieux. A moins d'un attentat, nul n'aurait pu en attenter aux frères du Roi alors qu'on prétendait défendre celui-ci contre les mauvais conseillers .... La dernière fois que des proches du souverain avaient été tués, c'était le maréchal d'Ancres, sur l'ordre même du Roi !
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Moins "compromis" qu'Artois , Provence est resté !Lucius a écrit:
J'ai toujours eu l'impression que cette fuite des premiers jours, celle des frères du Roi en particulier, avait été prématurée, et même qu'elle avait donné à ces libelles une valeur bien plus grande qu'elle n'en méritait.
Tu penses, au cas où son frère ainé, se casse les dents...
D'ailleurs, lorsque Louis XVI se rend à Paris le 17 juillet 1789, et puisqu'il n'est pas sûr du sort que les parisiens lui réservent, il nomme son frère "Lieutenant général du royaume", avec pleins pouvoirs.
Manque de c... pour Provence, son frère revient finalement à Versailles, et il lui reprend illico les pouvoirs. boudoi32
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Certes, mais ça n'enlève rien à mon propos.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Lucius a écrit:
J'ai toujours eu l'impression que cette fuite des premiers jours, celle des frères du Roi en particulier, avait été prématurée, et même qu'elle avait donné à ces libelles une valeur bien plus grande qu'elle n'en méritait.
Car ces listes n'étaient que l'ouvrage de factieux. A moins d'un attentat, nul n'aurait pu en attenter aux frères du Roi alors qu'on prétendait défendre celui-ci contre les mauvais conseillers .... La dernière fois que des proches du souverain avaient été tués, c'était le maréchal d'Ancres, sur l'ordre même du Roi !
Cher Lucius,
Vous oubliez Foulon et Berthier de Sauvigny assassinés sur le pavé parisien quelques heures après. Le risque existait bien et je n'aurais pas donné cher de la vie de Mme de Polignac si elle avait été reconnue au cours d'un déplacement dans les jours tragiques qui ont suivi le renvoi de Necker ou bien si elle avait été encore présente à Versailles le 5 octobre. Qu'en pensez vous? Pour le comte d'Artois, je ne sais pas mais je ne suis pas certain qu'il serait sorti sain et sauf d'une promenade aux Tuileries à la même période. Rappelez vous l'émeute qui a suivi la charge du Royal Allemand aux alentours de la place Louis XV.
Amitiés. Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Roi-cavalerie a écrit: ... je n'aurais pas donné cher de la vie de Mme de Polignac si elle avait été reconnue au cours d'un déplacement dans les jours tragiques qui ont suivi le renvoi de Necker ou bien si elle avait été encore présente à Versailles le 5 octobre.
Oui, certes, moi non plus, et je dirais même bien avant le début de la Révolution :
Le 21 septembre 1787, lors d'émeutes parlementaires, on distribue des pamphlets anti-royalistes, on allume des feux de joie; on y brûle en effigie le portrait de Mme de Polignac .
( Chantal Thomas, La reine scélérate )
Et, toujours au mois de septembre de 1787 :
Le peuple est aigri, mais on a lieu d'espérer que la sagesse des administrateurs et la multiplicité des précautions qu'ils ont prises, préviendront tout désordre.
Madame la comtesse de Tessé venant ici, fut arrêtée ces jours-ci par plus de cinq cents vagabonds qui la prirent pour Madame de Polignac. Elle eut tant d'effroi qu'elle est tombée sérieusement malade et l'on craint encore pour ses jours .
( Correspondance secrète de Lescure )
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Oui, il est sûr que la duchesse de Polignac était parmi ceux qui furent le plus décriés.
Et, en effet, quelques semaines plus tard, les émeutiers qui ont envahi le château de Versailles, et qui n'ont pas hésité à filer droit vers les appartements de la reine, auraient peut-être plus que sérieusement "bousculé" (si ce n'est pire) la duchesse de Polignac.
Pour Artois, ses positions "conservatrices" étaient connues.
Je ne sais pas si sa vie était alors -vraiment- en danger, mais je pense qu'il n'aurait pas dû partir, et planter là son frère.
Ce n'était guère digne de sa part, et l'effet sur l'opinion publique fut regrettable.
Bon...nous savons cependant que ceux qui sont partis assez rapidement ont pour la plupart sauvé leur peau s'ils ne sont pas revenus.
Nous connaissons tous le sort funeste qui fut réservé aux aristocrates pourtant "libéraux" et "réformateurs" qui ont finalement perdu leur vie quelques mois plus tard.
Mme de Staël est sortie de Paris par miracle, la comtesse du Barry fut exécutée, le duc de Cossé Brissac massacré etc.
Et, en effet, quelques semaines plus tard, les émeutiers qui ont envahi le château de Versailles, et qui n'ont pas hésité à filer droit vers les appartements de la reine, auraient peut-être plus que sérieusement "bousculé" (si ce n'est pire) la duchesse de Polignac.
Pour Artois, ses positions "conservatrices" étaient connues.
Je ne sais pas si sa vie était alors -vraiment- en danger, mais je pense qu'il n'aurait pas dû partir, et planter là son frère.
Ce n'était guère digne de sa part, et l'effet sur l'opinion publique fut regrettable.
Bon...nous savons cependant que ceux qui sont partis assez rapidement ont pour la plupart sauvé leur peau s'ils ne sont pas revenus.
Nous connaissons tous le sort funeste qui fut réservé aux aristocrates pourtant "libéraux" et "réformateurs" qui ont finalement perdu leur vie quelques mois plus tard.
Mme de Staël est sortie de Paris par miracle, la comtesse du Barry fut exécutée, le duc de Cossé Brissac massacré etc.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Sera présenté, à l'occasion d'une vente aux enchères organisée, le 27 novembre à Drouot Paris, par l'étude L'Huillier & Associés :
François GERARD dit le Baron GERARD (1770 - 1837) Portrait de Charles Maurice de Talleyrand-Périgord
De profil Crayon noir et rehaut de craie blanche sur papier anciennement beige.
16,5 x 13,2 cm
Provenance : ancienne collection de la duchesse de Montmorency, puis par descendance.
Note de l'expert (extraits) : Talleyrand et le peintre François Gérard
Il est difficile de savoir exactement à quand remonte les relations du prince de Talleyrand avec le peintre François Gérard. Sans doute de l'époque du Consulat, peut-être avant.
On sait que Gérard a peint la femme de Talleyrand, Catherine Grand, en 1803.
Nous sommes mieux informé sur leur amitié à partir de 1808.
Cette année là Talleyrand lui commande son portrait, à titre privé. Il vient de donner sa démission du ministère des Relations extérieures et dispose d'un peu plus de temps pour se faire peindre.
Gérard de son côté est au sommet de sa carrière. Il est très officiellement le premier peintre de l'impératrice Joséphine et le peintre favori de l'empereur qui lui a commandé en mars 1806 une gigantesque Bataille d'Austerlitz pour le plafond de la salle du Conseil d'Etat des Tuileries.
Le portrait de 1808, exposé au salon de la même année et conservé aujourd'hui au Métropolitain Museum de New York, est le plus célèbre des portraits du diplomate.
On en connaît le commentaire de Goethe : " Nous avons ici devant nous le premier diplomate du siècle. "
Et Goethe de parler du " regard insondable " du modèle.
En 1808, le peintre venait d'offrir à Talleyrand son portrait du sculpteur italien Canova. On sait par les lettres de ce dernier que le diplomate se rendait fréquemment dans l'atelier de Gérard.
Ainsi le 21 février 1808 : " Vous rendez bien difficile d'aller dans votre atelier, puisqu'on ne peut sans danger, dire ce qu'on y aime et ce qu'on y admire. "
A cette époque Talleyrand tenait déjà Gérard pour " l'un des plus beaux génies de notre siècle ".
François Pascal Simon Gérard
Portrait du sculpteur Canova, 1802
Photo : RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado
Il ne cessera par la suite de l'aider et lui facilitera la poursuite de sa carrière sous le règne de Louis XVIII.
Gérard a d'ailleurs peint les portraits de presque tous les membres de la famille du diplomate qui lui achète, en 1822, pour sa nièce Dorothée de Dino, une version réduite de son Corinne au cap Misène.
Par les traits du visage du modèle, par sa coiffure poudrée en queue et par l'arrangement de sa cravate haute, notre dessin date sans doute du tournant des dernières années de l'Empire.
Il n'est aucunement l'un des dessins préparatoires au portrait de 1808 qui comme on le sait représente le modèle de trois-quarts face, mais peut-être un dessin destiné à l'exécution d'un autre portrait jamais réalisé.
Cette datation est d'autant plus plausible lorsque l'on sait, grâce à l'inscription à l'encre notée au dos du dessin, que ce dernier appartenait "à Mme la duchesse de Montmorency, née Matignon ".
Caroline de Matignon, la propre petite fille du baron de Breteuil était considérée avanta la Révolution comme l'une des plus riches héritières du royaume.
On sait par les rapports du ministre de la police Fouché, la liaison très scandaleuse de cette dernière avec le prince de Talleyrand un peu avant le congrès d'Erfurt en 1809.
Plus tard, en 1829, la duchesse de Montmorency mariera sa seconde fille Alix avec le propre petit-neveu et héritier du prince Louis de Talleyrand, ce qui la fait en quelque sorte, entrer une deuxième fois dans la famille.
Maintenant que nous savons cela, ii y a de bonnes chances pour que ce dessin lui ait été donné soit par son auteur, par Talleyrand lui-même.
* Source et infos complémentaires : http://www.lhuillierparis.com/html/index.jsp?id=88641&lng=fr&npp=10000
François GERARD dit le Baron GERARD (1770 - 1837) Portrait de Charles Maurice de Talleyrand-Périgord
De profil Crayon noir et rehaut de craie blanche sur papier anciennement beige.
16,5 x 13,2 cm
Provenance : ancienne collection de la duchesse de Montmorency, puis par descendance.
Note de l'expert (extraits) : Talleyrand et le peintre François Gérard
Il est difficile de savoir exactement à quand remonte les relations du prince de Talleyrand avec le peintre François Gérard. Sans doute de l'époque du Consulat, peut-être avant.
On sait que Gérard a peint la femme de Talleyrand, Catherine Grand, en 1803.
Nous sommes mieux informé sur leur amitié à partir de 1808.
Cette année là Talleyrand lui commande son portrait, à titre privé. Il vient de donner sa démission du ministère des Relations extérieures et dispose d'un peu plus de temps pour se faire peindre.
Gérard de son côté est au sommet de sa carrière. Il est très officiellement le premier peintre de l'impératrice Joséphine et le peintre favori de l'empereur qui lui a commandé en mars 1806 une gigantesque Bataille d'Austerlitz pour le plafond de la salle du Conseil d'Etat des Tuileries.
Le portrait de 1808, exposé au salon de la même année et conservé aujourd'hui au Métropolitain Museum de New York, est le plus célèbre des portraits du diplomate.
On en connaît le commentaire de Goethe : " Nous avons ici devant nous le premier diplomate du siècle. "
Et Goethe de parler du " regard insondable " du modèle.
En 1808, le peintre venait d'offrir à Talleyrand son portrait du sculpteur italien Canova. On sait par les lettres de ce dernier que le diplomate se rendait fréquemment dans l'atelier de Gérard.
Ainsi le 21 février 1808 : " Vous rendez bien difficile d'aller dans votre atelier, puisqu'on ne peut sans danger, dire ce qu'on y aime et ce qu'on y admire. "
A cette époque Talleyrand tenait déjà Gérard pour " l'un des plus beaux génies de notre siècle ".
François Pascal Simon Gérard
Portrait du sculpteur Canova, 1802
Photo : RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado
Il ne cessera par la suite de l'aider et lui facilitera la poursuite de sa carrière sous le règne de Louis XVIII.
Gérard a d'ailleurs peint les portraits de presque tous les membres de la famille du diplomate qui lui achète, en 1822, pour sa nièce Dorothée de Dino, une version réduite de son Corinne au cap Misène.
Par les traits du visage du modèle, par sa coiffure poudrée en queue et par l'arrangement de sa cravate haute, notre dessin date sans doute du tournant des dernières années de l'Empire.
Il n'est aucunement l'un des dessins préparatoires au portrait de 1808 qui comme on le sait représente le modèle de trois-quarts face, mais peut-être un dessin destiné à l'exécution d'un autre portrait jamais réalisé.
Cette datation est d'autant plus plausible lorsque l'on sait, grâce à l'inscription à l'encre notée au dos du dessin, que ce dernier appartenait "à Mme la duchesse de Montmorency, née Matignon ".
Caroline de Matignon, la propre petite fille du baron de Breteuil était considérée avanta la Révolution comme l'une des plus riches héritières du royaume.
On sait par les rapports du ministre de la police Fouché, la liaison très scandaleuse de cette dernière avec le prince de Talleyrand un peu avant le congrès d'Erfurt en 1809.
Plus tard, en 1829, la duchesse de Montmorency mariera sa seconde fille Alix avec le propre petit-neveu et héritier du prince Louis de Talleyrand, ce qui la fait en quelque sorte, entrer une deuxième fois dans la famille.
Maintenant que nous savons cela, ii y a de bonnes chances pour que ce dessin lui ait été donné soit par son auteur, par Talleyrand lui-même.
* Source et infos complémentaires : http://www.lhuillierparis.com/html/index.jsp?id=88641&lng=fr&npp=10000
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
:
L’incroyable mariage de Monsieur d’Autun
Par Jacques Jourquin - Rédacteur en chef de la Revue du Souvenir Napoléonien
Des amies, des maîtresses, une seule épouse, mais quelle épouse ! Talleyrand eut beaucoup de femmes dans sa vie. Ce n'était pas un amant exceptionnel. Mme de Flahaut (dont il eut un fils, le père du duc de Morny) disait crûment mais en latin qu'il agissait « suaviter in modo » mais, hélas non « fortiter in re ». Ses aventures furent toujours brèves, enchevêtrées et, comme il restait l'ami de ses ex-maîtresses, c'est tout un essaim de femmes et du meilleur monde qui gravita autour de lui. Il les fascinait. En revanche, elles ne comptèrent guère dans sa vie, sauf sa femme et sa nièce.
En 1798, il rencontra Catherine Grant, « une beauté céleste » dont il fut longtemps épris, malgré son peu d'intelligence. « Je suis d'Inde » déclarait-elle, car elle y était née et s'y était mariée. De maîtresse devenue concubine, elle tint la maison du ministre au grand dam de Bonaparte qui, pour le détacher d'elle, proposa de lui faire obtenir le chapeau de cardinal. Talleyrand résista et la belle Catherine obtint du Premier Consul la permission d'épouser son amant, qui céda, à la grande surprise des contemporains.
Mais le ministre était toujours évêque et, qui plus est, évêque « jureur », et la dame était divorcée. La négociation du Concordat permit de trouver une solution. Le pape Pie VII, « dilatant les entrailles de notre charité paternelle [sic] » ( ) fit semblant de croire que l'ex-évêque regrettait ses erreurs passées (il en était bien loin) et le rendit à l'état laïque en juin 1802.
A Paris, on fit semblant de croire que le bref papal incluait l'autorisation de se marier. Le pape, si l'on peut dire, avala sa tiare, et Talleyrand épousa « Kelly » le 10 septembre. Dans l'acte de mariage, il fut précisé que les parents du marié étaient tous deux décédés alors que sa mère vivait encore, qui aurait sûrement refusé son consentement. Un curé complaisant donna la bénédiction nuptiale le lendemain. Pour faire bon poids, on fit envoyer M. Grant au cap de Bonne-Espérance par le ministre des Affaires étrangères de la République batave.
Avant le mariage, et le divorce de sa mère, une fille, Charlotte, était née, probablement de Talleyrand qui lui fera épouser un neveu…
Bien plus tard, ce n'est pas la princesse de Bénévent mais Dorothée de Dino, femme de son neveu Edmond, que Talleyrand emmènera au congrès de Vienne. Il en tombera amoureux, elle deviendra la châtelaine de Valençay, la maîtresse de sa maison à Paris, le trompera, lui donnera peut-être une fille que Talleyrand aimera et avantagera dans son testament, et assistera à ses derniers instants. Quant à la princesse, éloignée de force et dûment rentée, elle mourra à Paris en 1835, en douairière repentie.
J'adore Pie VII qui dilate les entrailles de sa charité paternelle ...
Tiens, cela me rappelle Stautre embrassant Gaston de Lévis de toutes ses paternelles entrailles !
L’incroyable mariage de Monsieur d’Autun
Par Jacques Jourquin - Rédacteur en chef de la Revue du Souvenir Napoléonien
Des amies, des maîtresses, une seule épouse, mais quelle épouse ! Talleyrand eut beaucoup de femmes dans sa vie. Ce n'était pas un amant exceptionnel. Mme de Flahaut (dont il eut un fils, le père du duc de Morny) disait crûment mais en latin qu'il agissait « suaviter in modo » mais, hélas non « fortiter in re ». Ses aventures furent toujours brèves, enchevêtrées et, comme il restait l'ami de ses ex-maîtresses, c'est tout un essaim de femmes et du meilleur monde qui gravita autour de lui. Il les fascinait. En revanche, elles ne comptèrent guère dans sa vie, sauf sa femme et sa nièce.
En 1798, il rencontra Catherine Grant, « une beauté céleste » dont il fut longtemps épris, malgré son peu d'intelligence. « Je suis d'Inde » déclarait-elle, car elle y était née et s'y était mariée. De maîtresse devenue concubine, elle tint la maison du ministre au grand dam de Bonaparte qui, pour le détacher d'elle, proposa de lui faire obtenir le chapeau de cardinal. Talleyrand résista et la belle Catherine obtint du Premier Consul la permission d'épouser son amant, qui céda, à la grande surprise des contemporains.
Mais le ministre était toujours évêque et, qui plus est, évêque « jureur », et la dame était divorcée. La négociation du Concordat permit de trouver une solution. Le pape Pie VII, « dilatant les entrailles de notre charité paternelle [sic] » ( ) fit semblant de croire que l'ex-évêque regrettait ses erreurs passées (il en était bien loin) et le rendit à l'état laïque en juin 1802.
A Paris, on fit semblant de croire que le bref papal incluait l'autorisation de se marier. Le pape, si l'on peut dire, avala sa tiare, et Talleyrand épousa « Kelly » le 10 septembre. Dans l'acte de mariage, il fut précisé que les parents du marié étaient tous deux décédés alors que sa mère vivait encore, qui aurait sûrement refusé son consentement. Un curé complaisant donna la bénédiction nuptiale le lendemain. Pour faire bon poids, on fit envoyer M. Grant au cap de Bonne-Espérance par le ministre des Affaires étrangères de la République batave.
Avant le mariage, et le divorce de sa mère, une fille, Charlotte, était née, probablement de Talleyrand qui lui fera épouser un neveu…
Bien plus tard, ce n'est pas la princesse de Bénévent mais Dorothée de Dino, femme de son neveu Edmond, que Talleyrand emmènera au congrès de Vienne. Il en tombera amoureux, elle deviendra la châtelaine de Valençay, la maîtresse de sa maison à Paris, le trompera, lui donnera peut-être une fille que Talleyrand aimera et avantagera dans son testament, et assistera à ses derniers instants. Quant à la princesse, éloignée de force et dûment rentée, elle mourra à Paris en 1835, en douairière repentie.
J'adore Pie VII qui dilate les entrailles de sa charité paternelle ...
Tiens, cela me rappelle Stautre embrassant Gaston de Lévis de toutes ses paternelles entrailles !
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Inimitable Talleyrand !
Comment oublier sa réponse, un soir en pleine Révolution, à une dame louchant effroyablement et lui demandant comment allaient les affaires du royaume :
- Comme vous voyez Madame...
Comment oublier sa réponse, un soir en pleine Révolution, à une dame louchant effroyablement et lui demandant comment allaient les affaires du royaume :
- Comme vous voyez Madame...
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J'ai oublié hier, je ne sais pas ce que sera demain, mais aujourd'hui je t'aime
Calonne- Messages : 1123
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
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