Marie-Antoinette et ses enfants, par et d'après Elisabeth Vigée Le Brun (1787)
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Re: Marie-Antoinette et ses enfants, par et d'après Elisabeth Vigée Le Brun (1787)
Quand je dis que Madame Dubarry a un visage fin, c'est que la morphologie de son visage est très délicate, en ce qui concerne son corps le sculpteur la représente grassouillette (ce qui était les canons de beauté de l'époque) on le voit par la générosité de ses cuisses en partie dénudées sur la réalisation.
Quand vous dites que Madame du Barry s'est épaissie avec l'âge, oui mais il ne faut pas pourtant l'imaginer longiligne jeune, loin de là !
C'est d'ailleurs pourquoi elle est aussi considérée comme une belle femme.
Madame du Barry à 25 est une jeune femme ronde au visage de poupée !
Quand vous dites que Madame du Barry s'est épaissie avec l'âge, oui mais il ne faut pas pourtant l'imaginer longiligne jeune, loin de là !
C'est d'ailleurs pourquoi elle est aussi considérée comme une belle femme.
Madame du Barry à 25 est une jeune femme ronde au visage de poupée !
Invité- Invité
Re: Marie-Antoinette et ses enfants, par et d'après Elisabeth Vigée Le Brun (1787)
Marie-Antoinette, Louis-Charles de France, dit Louis XVII ; Marie-Thérèse-Charlotte de France, duchesse d'Angoulême ; Louis-Joseph-Xavier-François de France, dauphin.
Elisabeth Vigée Le Brun
Huile sur toile, 1787
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
Note du château de Versailles :
Est-ce pour rendre hommage à la grand-mère de Louis XVI, la reine Marie Leszczynska, que Marie-Antoinette se fit portraiturer par Élisabeth Vigée Le Brun en robe de velours rouge bordée de fourrure ?
En 1748, la reine d’origine polonaise s’était en effet déjà fait représenter par Jean-Marc Nattier dans une robe à la française de velours rouge garnie de fourrure.
Marie Leszczynska
Par Jean-Marc Nattier
Huile sur toile, 1748
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
Ce portrait de Marie-Antoinette devait apparaître en tant que pièce maîtresse au Salon de 1787 mais, lors de l'ouverture de l'exposition, il était absent. L'affaire du collier avait ruiné la réputation de la reine et l'artiste, inquiète, n'avait pas osé envoyer la toile.
Finalement le tableau fut trouvé beau et d'une composition simple et bien groupée. Mais la reine, soucieuse, semble plutôt montrer de l'affliction que la joie d'une mère rassemblée avec ses enfants.
Néanmoins les Français découvrent une femme humaine et majestueuse et non futile et écervelée.
* Source : Juliette Trey / Château de Versailles
Elisabeth Vigée Le Brun
Huile sur toile, 1787
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
Note du château de Versailles :
Est-ce pour rendre hommage à la grand-mère de Louis XVI, la reine Marie Leszczynska, que Marie-Antoinette se fit portraiturer par Élisabeth Vigée Le Brun en robe de velours rouge bordée de fourrure ?
En 1748, la reine d’origine polonaise s’était en effet déjà fait représenter par Jean-Marc Nattier dans une robe à la française de velours rouge garnie de fourrure.
Marie Leszczynska
Par Jean-Marc Nattier
Huile sur toile, 1748
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
Ce portrait de Marie-Antoinette devait apparaître en tant que pièce maîtresse au Salon de 1787 mais, lors de l'ouverture de l'exposition, il était absent. L'affaire du collier avait ruiné la réputation de la reine et l'artiste, inquiète, n'avait pas osé envoyer la toile.
Finalement le tableau fut trouvé beau et d'une composition simple et bien groupée. Mais la reine, soucieuse, semble plutôt montrer de l'affliction que la joie d'une mère rassemblée avec ses enfants.
Néanmoins les Français découvrent une femme humaine et majestueuse et non futile et écervelée.
* Source : Juliette Trey / Château de Versailles
Invité- Invité
Re: Marie-Antoinette et ses enfants, par et d'après Elisabeth Vigée Le Brun (1787)
Notre amie Alice nous fait découvrir une déclinaison très originale du portrait de Marie-Antoinette et ses enfants ! :n,,;::::!!!:
Madame Alice a écrit:Aujourd'hui, l'Hotel de la Marine n'ouvre ses portes à la visite que pendant les Journées du Patrimoine donc je n'ai jamais eu la chance d'y pénétrer ni de le visiter pendant notre tour (habituellement on arrive à Paris dans le mois d'Août). Les Salles visitables sont très riches et il existe aussi le "Salon Marie Antoinette" où se trouve une tapisserie des Gobelins qui reproduit le portrait "Marie Antoinette et ses enfants" de Mme Vigée-Lebrun. Il n'est pas sûr que ce soit les mêmes salles qui furent habitées par la Reine mais elles sont vraiment très très belles et somptueuses.
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
XXXX
Demain, dimanche 13 décembre 2015, Arte diffuse à 12h30 Les Petits Secrets de ce portrait de Marie-Antoinette et Ses enfants.
Cela dure trente minutes.
Bien à vous.
Cela dure trente minutes.
A ne pas rater !!! :n,,;::::!!!:
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Marie-Antoinette et ses enfants, par et d'après Elisabeth Vigée Le Brun (1787)
Message déplacé ici.
Merci pour l'info.
C'est une bonne émission d'Arte, que je recommande.
Elle est consacrée à l'étude de tableaux célèbres. C'est très intéressant.
Présentation de celle qui sera diffusée demain donc :
Paris 1787, deux ans avant la révolution : la cote d’amour de Marie-Antoinette est au plus bas. La reine est accusée de tous les maux : elle dilapide le trésor, n’est ni une bonne épouse ni une bonne mère.
On l’appelle désormais "l’Autrichienne", et cela rime avec "chienne" dans les pamphlets qui dénoncent sa prétendue débauche. La Révolution gronde.
Avec son portrait de Marie-Antoinette, clou du Salon de l’Académie royale, Élisabeth Vigée Le Brun tente une opération de séduction. Dans cette composition, rien ne relève du hasard.
Chaque élément représenté a été longuement choisi et discuté avec l’intendant de la cour. Il s’agit d’offrir une image positive de la reine et de la mettre en scène en mère aimante. Mais il est trop tard pour regagner l’amour d’une opinion publique déchaînée.
Bande annonce ici : http://www.arte.tv/guide/fr/051648-008-A/les-petits-secrets-des-grands-tableaux?autoplay=1
Merci pour l'info.
C'est une bonne émission d'Arte, que je recommande.
Elle est consacrée à l'étude de tableaux célèbres. C'est très intéressant.
Présentation de celle qui sera diffusée demain donc :
Paris 1787, deux ans avant la révolution : la cote d’amour de Marie-Antoinette est au plus bas. La reine est accusée de tous les maux : elle dilapide le trésor, n’est ni une bonne épouse ni une bonne mère.
On l’appelle désormais "l’Autrichienne", et cela rime avec "chienne" dans les pamphlets qui dénoncent sa prétendue débauche. La Révolution gronde.
Avec son portrait de Marie-Antoinette, clou du Salon de l’Académie royale, Élisabeth Vigée Le Brun tente une opération de séduction. Dans cette composition, rien ne relève du hasard.
Chaque élément représenté a été longuement choisi et discuté avec l’intendant de la cour. Il s’agit d’offrir une image positive de la reine et de la mettre en scène en mère aimante. Mais il est trop tard pour regagner l’amour d’une opinion publique déchaînée.
Bande annonce ici : http://www.arte.tv/guide/fr/051648-008-A/les-petits-secrets-des-grands-tableaux?autoplay=1
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Marie-Antoinette et ses enfants, par et d'après Elisabeth Vigée Le Brun (1787)
Merci !
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7398
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Marie-Antoinette et ses enfants, par et d'après Elisabeth Vigée Le Brun (1787)
Sous Bonaparte on avait relégué dans un coin du château de Versailles le grand portrait que j'avais fait de la reine entourée de ses enfants. Je partis un matin de Paris pour le voir. Arrivée à la grille des Princes, un custode me conduisit à la salle qui le renfermait, dont l'entrée était interdite au public, et le gardien qui nous ouvrit la porte, me reconnaissant pour m'avoir vue à Rome, s'écria: Ah! que je suis heureux de recevoir ici madame Lebrun!
Cet homme s'empressa de retourner mon tableau, dont les figurés étaient placées contre le mur, attendu que Bonaparte, apprenant que beaucoup de personnes venaient le voir, avait ordonné qu'on l'enlevât. L'ordre, comme on le voit, était bien mal exécuté, puisque l'on continuait à le montrer, au point que le custode, quand je voulus lui donner quelque chose, me refusa avec obstination, disant que je lui faisais gagner assez d'argent.
À la restauration ce tableau fut exposé de nouveau au salon. Il représente Marie-Antoinette ayant près d'elle le premier dauphin, Madame, et tenant sur ses genoux le jeune duc de Normandie.
Elisabeth Vigée Le Brun
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et ses enfants, par et d'après Elisabeth Vigée Le Brun (1787)
Merci.
Je découvre le mot "custode" :
Custode (emprunté du latin classique custos, -odis, « gardien ») désigne :
- la custode, vase liturgique ayant la forme d'une boîte ronde conçue pour apporter la communion aux malades ou aux personnes qui ne peuvent pas recevoir l'eucharistie à la messe ;
- la custode, « boite » de protection d'un instrument, un livre…
- la custode, rideau qui, dans certaines églises, orne les côtés du maître-autel ;
- le custode, moine chargé de l’inspection dans certains ordres religieux, tel le Custode des Franciscains (en) ;
- le custode, gardien de musées, de monuments et mobiliers importants, notamment en Italie, tel le custode pontifical du suaire de Turin.
Je découvre le mot "custode" :
Custode (emprunté du latin classique custos, -odis, « gardien ») désigne :
- la custode, vase liturgique ayant la forme d'une boîte ronde conçue pour apporter la communion aux malades ou aux personnes qui ne peuvent pas recevoir l'eucharistie à la messe ;
- la custode, « boite » de protection d'un instrument, un livre…
- la custode, rideau qui, dans certaines églises, orne les côtés du maître-autel ;
- le custode, moine chargé de l’inspection dans certains ordres religieux, tel le Custode des Franciscains (en) ;
- le custode, gardien de musées, de monuments et mobiliers importants, notamment en Italie, tel le custode pontifical du suaire de Turin.
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Marie-Antoinette et ses enfants, par et d'après Elisabeth Vigée Le Brun (1787)
Le palais Alexandre fut la dernière résidence du dernier Tsar de Russie, Nicolas II.
L’impératrice Alexandra y fit exposer, dans son salon de réception personnel, le grand portrait en pied exécuté en tapisserie des Gobelins figurant Marie-Antoinette entourée de ses enfants par Mme Vigée le Brun .
Ce tableau lui avait été personnellement offert par notre président de la République, Emile Loubet, lors de la visite qu’il fit en Russie en 1902 car il connaissait bien la passion que la Tsarine avait pour la dernière reine de France.
Un an plus tôt, Loubet avait reçu à Compiègne le couple impérial russe . Les appartements de l'Empereur avaient été affectés au Tsar et ceux de l'Impératrice à la Tsarine, tandis que leur suite logeait dans l'appartement de Marie-Antoinette. Le président Loubet et les ministres se partageaient d'autres parties du château.
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et ses enfants, par et d'après Elisabeth Vigée Le Brun (1787)
Je cite l'intéressante présentation au catalogue de l'oeuvre qui sera prochainement présentée en vente aux enchères.
Dommage que nous ne bénéficions pas davantage de photos, (et de meilleure qualité de résolution ), pour mieux en apprécier les détails. J'espère que les reporters du Forum prendront quelques photos pour nous...
Atelier d'Elisabeth-Louise VIGÉE LE BRUN (1755-1842)
Portrait de Marie-Antoinette et ses enfants
Huile sur toile
Époque Restauration
H. 275 x L. 218 cm. Cadre : H. 289 x L. 236 cm
Dans son important cadre en bois doré à palmettes et lys, quatre écoinçons fleurdelysés (trois en bois sculpté et un postérieur en résine), surmonté d'un blason en carton pierre aux armes d’alliance de France et d’Autriche de la reine Marie-Antoinette.
Célèbre image de Marie-Antoinette entourée de ses trois enfants, d'après l'original commandé par la Maison du Roi auprès de Mme Vigée-Lebrun, artiste favori de la Reine, et présenté au Salon de 1787. De l’aveux même l’artiste, il s’agissait de son chef d’œuvre, qu’elle consacra non seulement à la Reine de France mais aussi et surtout à son amie intime Marie-Antoinette. Le tableau est l'une des œuvres les plus emblématiques de la collection de Versailles et est considéré comme un important trésor national.
Provenance : Probable commande royale sous Charles X ; très probablement collection de la Comtesse de Vierzon, fille du Duc de Berry, puis par descendance, famille des barons de Yrigoyen ; Collection du baron Antoine de Yrigoyen (1906-2000), château de La Hillière (Thouaré sur Loire) ; Vente Couton-Veyrac-Jamault, Nantes, 26 mars 2002 ; Galerie Bernard Steinitz, vendu comme "atelier d'Elisabeth Vigée-Lebrun" ; Collection Mr & Mrs Kumble, Newport, USA ; Collection privée, France.
Historique
Cette réplique du Marie Antoinette et ses enfants, également connue sous le nom de Marie Antoinette de Lorraine-Habsbourg, reine de France, et ses enfants, fut très probablement commandée par la duchesse de Berry ou le roi Charles X lui-même pour être offert en cadeau de mariage à la comtesse de Vierzon (1809-1891), fille naturelle du duc de Berry et d'Amy Brown, qui épousa le 16 juin 1827 Athanase de Charrette, premier baron de La Contrie (1796-1848), fils de Louis de Charette qui avait activement participé aux guerres de Vendée (mort en 1796 lors de la bataille des Brouzils) et neveu du grand chef vendéen François de Charette de La Contrie, fusillé à Nantes en 1796.
Athanase, peu enclin à servir la France de Louis-Philippe, fut l’un des lieutenants de la duchesse de Berry lors de l’expédition de 1832 à Nantes.
Cette commande royale correspond à l’aspect hors du commun de l’œuvre, seule copie peinte connue aux dimensions de l’originale, sur lequel a été placé un cadre doré aux fleurs de lys avec ajout des armes royales, caractéristique de l’époque Charles X.
On sait par ailleurs que la comtesse de Vierzon fut alors largement dotée par son grand-père le roi Charles X qui lui offrira plusieurs souvenirs royaux, un service en porcelaine de Sèvres et des diamants qui serviront plus tard à l’agrandissement du domaine familial de La Contrie.
Il est fort probable que le tableau provienne donc du château de la Contrie (Couffé), château familial des Charette où décèdent Athanase en 1848 et son épouse la baronne de Charette en 1891. Par descendance, l’œuvre va ensuite passer dans la famille de Yrigoyen au château du Plessis-du-Vair, dès le début du XXe siècle. En effet, Jeanne de Charette de La Contrie, fille d’Alain de Charette (1841-1916), héritier du domaine de La Contrie, et de Madeleine de Bourbon-Busset (1844-1908), épousa en août 1899 Gaston de Yrigoyen (1832-1939), fils de Manuel Marcellin de Yrigoyen, et petit-fils de Manuel José de Yrigoyen (1796-1884) et Ramona de la Torre, une des familles les plus riches de Bordeaux au XIXe siècle.
Manuel Marcellin de Yrigoyen avait acquis en 1869 le château du Plessis-de-Vair ; en 1932, son fils Gaston de Yrigoyen acquiert tout en conservant Le Plessis de Vair la propriété de La Hillière plus proche de Nantes. Le portrait de Marie-Antoinette et ses enfants sera ainsi conservé par la famille Yrigoyen dans le château de La Hillière, provenant vraisemblablement du château du Plessis-de-Vair ou de leurs hôtels particuliers nantais par suite de l’alliance des familles Yrigoyen-Charette en 1899 (Jeanne de Charrette décède en 1967).
En 1952, le château et le parc de La Hillière sont vendus à la communauté des frères de Saint-Gabriel et le tableau est alors déplacé dans le grand salon des dépendances du château conservées par la famille jusqu’à ce qu’il soit vendu en 2002 suite au décès d’Antoine de Yrigoyen en 2000. Dans le descriptif d’inventaire de la succession, effectué par Me Jean-Robert Petit en avril 2000 (commissaire-priseur, expert près de la Cour d’Appel de Rennes), il est décrit :
« Ecole française du XIXe s. (suiveur de Madame VIGEE-LEBRUN)
Portrait de la reine Marie-Antoinette et ses enfants
Huile sur toile 270x217 cm
Beau cadre bois et pâte dorés avec palmettes et lys, écoinçons (il manque deux écoinçons et le fronton qui serait décoré aux armes de France)
Dimensions avec cadre: 290x235 cm. »
Il est intéressant de noter que dans le même inventaire sont décrits deux autres objets provenant de la Famille de France, à savoir : un « bassin et aiguière en porcelaine de Sèvres blanche à décor polychrome de fleurs et or de dents de loup, marqués au revers ‘U’ pour 1773, marque de décorateur et doreur (un document manuscrit indique que l’objet aurait été donné par la princesse de LAMBALLE) » ; et un « Office de la Semaine Sainte, traduction de M. de MAROLLES, Paris, 1673, compagnie des Libraires frontispice gravure de Jacques CALLOT, reliure maroquin rouge, au centre les armes de Marie-Thérèse d’Autriche, reine de France, semis de chiffres couronnés et de fleurs de lys sur les plats et le dos ».
Notre tableau provient donc vraisemblablement de la comtesse de Vierzon par le mariage de Jeanne de Charette avec le baron Gaston de Yrigoyen en 1899, et donc de la famille de France, ce qui rapproche la réplique de l’original.
Cette copie de très belle qualité a été probablement peinte dans les années 1820, d'autant que, sous la Restauration, les épisodes de la vie de Louis XVI et de Marie-Antoinette sont remis au goût du jour, comme en témoignent les trois versions en tapisseries du portrait de Marie-Antoinette avec ses enfants, dont celle de la Manufacture des Gobelins tissée entre 1818 et 1822, conservée au Mobilier National (inv. GMTT-347-000), envoyée au Palais de Saint-Cloud en 1855. Il s’agissait de légitimer le retour des Bourbons sur le trône après la période de la Révolution et de l’Empire.
Le format identique de notre tableau par rapport à l’original porte à croire qu’il s’agit d’une commande royale de Charles X, en témoigne également le cadre aux fleurs de lys, motif qui sera honni sous la Monarchie de Juillet sauf pour les familles légitimistes.
Un tableau de l’atelier d’Elisabeth Louise Vigée Le Brun
La qualité de l’oeuvre en particulier dans le traitement des visages et des tissus, la précision de la réplique aux dimensions de l’original, la reprise fidèle de la composition et l’absence de variante notable, laisse à penser que l’artiste qui a réalisé cette peinture devait avoir accès à l’oeuvre originale de Vigée Le Brun au château de Versailles.
Notre toile a très certainement été exécutée sous la direction de Madame Vigée Le Brun par son atelier voire par sa nièce et élève Eugénie Tripier-Lefranc. Cette dernière exécuta en effet dès 1817 plusieurs répliques des portraits de Marie-Antoinette (Voir "Œuvres en rapport" et illustration 3).
Elle réalisa en outre une copie du portrait de Madame du Barry à Louveciennes, conservée à Versailles au musée Lambinet (inv.533, dimensions : 130x100 cm), d'après l'oeuvre originale de sa tante (collection particulière).
Œuvres en rapport
- Marie-Antoinette et ses enfants. Musée national du château de Versailles, inv. MV 4520, inv. 3059, AC 1945. Dimensions : 275 x 216 cm.
Commandé par la Direction des Bâtiments pour 18000 livres, 12 septembre 1785 ; têtes peintes d'après nature et les accessoires fournis par le Garde-Meuble, juillet 1786 ; Salon de 1787, n°97 ; collection Louis XVI ; accroché dans le salon de Mars, 1787 ; après la mort du Dauphin, Marie-Antoinette donne l'ordre de décrocher le tableau, juin 1789 ; non entièrement réglé à la Révolution ; resté dans les magasins, Révolution et Premier Empire ; peut-être l'un des quatre portraits mentionnés, sans nom d'auteur, Aile du Nord, second étage, salles des portraits, n°141-150, dans le guide de 1837 ; mentionné dans la 4ème salle des Portraits (n°155), côté des fenêtres, aile du Midi, attiques, dans l’inventaire de 1850 (n°5140) ; exposé dans la galerie basse, 1902 ; exposé dans le Salon de Mars (salle n°109), grand appartement du Roi, 1er étage, corps central, 7 février 1964 ; mentionné en réserve, 19 février 1976 ; exposé dans l'Antichambre du Grand Couvert de la Reine (salle n°117), appartement de la Reine, 1er étage, corps central, depuis 1980.
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
- Marie-Antoinette et ses enfants. Ancienne collection de Madame la baronne James de Rothschild (mention in Nolhac, Madame Vigée Le Brun peintre de la Reine, p. 266). Exposé à Paris lors d’une exposition rétrospective féminine en 1908 (chapitre Liste des œuvres de Madame Vigée-Lebrun ayant figuré dans les expositions particulières) ; il s’agit d’une réplique de petit format.
- Marie-Antoinette et ses enfants. Ancienne collection de la Comtesse de Béarn née Pauline de Tourzel ; réplique de petit format. Archives nationales 69 AP (Papiers du prince Henri de Béarn, correspondance avec l’historien Laurentie : “(…) Quant au portrait de la famille Royale, qui est la réplique de celui de Versaillles peint par Mme Vigée Lebrun, il doit être en effet la réduction qui avait été faite pour Mme de Polignac. Mon père m’a toujours dit qu’il avait été peint par Mme Vigée Lebrun pour quelqu’un de la famille, et il est très probable que c’est la copie qui avait été faite pour Mme de Polignac en 1787 (…)”.
- Marie-Antoinette entourée de ses enfants. Hillwood Museum (inv. 51., legs Merriweather Post en 1973, réplique de petit format (72,5x59 cm) mais de facture très proche du nôtre. Acheté à Paris en 1937, ancienne provenance russe. Au dos un inventaire des collections de l’Académie des Beaux-Arts de St Pétersbourg.
Image : Hillwood Museum
- Portrait de la reine Marie-Antoinette. Robe de velours et fourrures, décolletée, poudrée, toque rouge à plumes blanches. Huile sur toile (92,7x 73,7 cm). Collection de M. Tripier-Le Franc ; Collection Edgar B. Whitcomb ; Collection du Musée de Détroit en 1953 ; Vente Christies, octobre 1992. D’après Joseph Baillio, peint par Eugénie Tripier-LeFranc, née Le Brun.
(J'y reviendrai plus tard)
- Portrait de Marie Antoinette en buste. Dessin à la sanguine avec rehauts (34x28 cm), par Eugénie Tripier-Lefranc (1817). Collection du Musée de Versailles, inv. MV 8085, don de Mme Hill, 1955. D’après le portrait exécuté par Mme Vigée-Lebrun en 1786, et la réplique signée et datée de 1788, emportée en Russie par l’artiste, achetée à la Restauration par Louis XVIII.
Eugénie Tripier-Lefranc, nièce de Madame Vigée-Lebrun exécuta, vers 1817 et sous la direction de sa tante, ce portrait inspiré de ces œuvres [en notes d’un inventaire manuscrit du Catalogue du Musée de Versailles, sommaires des acquisitions, dons et dépôts 1953-1957].
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux
- Gravure d'après Vigée-Lebrun. D’après Nolhac, le graveur Porporati qui accueillit Vigée-Lebrun à Turin avait entrepris des démarches en 1787 pour graver le grand tableau de la Reine et ses enfants.
Bibliographie
- Vigée-Lebrun. Souvenirs. Paris, 1837. Tome II, p. 350.
- Nolhac. Vigée Lebrun : peintre de la Reine Marie-Antoinette. Paris, 1908, p.115.
- Nolhac. Le musée national de Versailles, description du château et des collections : description du château et des collections. Paris, 1896.
- Fernand Enguerand. Inventaire des tableaux commandés et achetés par la direction des Bâtiments du Roi (1709-1792). Paris, Leroux, 1900.
- Maurice Fenaille. État général des tapisseries de la manufacture des Gobelins depuis son origine jusqu'à nos jours, 1600-1900. Paris 1903-1923. Cf Tome V.
- Albert Vuaflart. La tombe de Mme Vigée-Lebrun à Louveciennes. Paris, 1915.
- W. H. Helm, Vigée Le Brun: Her Life, Works and Friendships, London, 1915, p. 134.
- A. Blum, Madame Vigée Le Brun: peintre des grandes dames du XVIIIe siècle, Paris, 1919, p. 72.
- J. Baillio, Le Dossier d’une œuvre d’actualité politique : Marie-Antoinette et ses enfants par Mme Vigée Le Brun, L’œil, n°308, mars 1981 et n°310, mai 1981.
- E. L. Vigée Le Brun, Mémoires d'une portraitiste 1755-1842, Paris, 1989.
- Octave Fidière, Les femmes artistes à l’Académie royale de peinture et de sculpture, Paris, Charavay, 1885.
- Joseph Baillio, Xavier Salmon (dir.), Élisabeth Louise Vigée Le Brun, catalogue d’exposition (Paris, New York, Ottawa, 2015-2016), Paris, Réunion des musées nationaux-Grand Palais, 2015.
Nous remercions très chaleureusement M. Arnaud de Yrigoyen, pour les informations familiales précieuses transmises afin de retracer la provenance de ce tableau de famille, et Mme Emmanuelle Le Bail, historienne de l'art, pour ses recherches.
Genèse de l’œuvre originale par les sources
De tous les portraits de Marie-Antoinette qu’exécuta Mme Vigée-Lebrun, un seul fut directement commandé par les Bâtiments. Le 12 septembre 1785, d’Angiviller informait J.-B. M. Pierre des intentions de la Reine et annonçait officiellement cette commande à l’artiste. Le tableau parut au Salon de 1787.
Archives nationales, série O1/1913 |Maison du Roy]
12 septembre 1785. Correspondance du directeur des Bâtiments d’Angiviller au premier peintre Jean-Baptiste-Marie Pierre :
La Reine est aussi dans le dessein de faire faire son portrait en grand avec ses trois enfans par Mme Le Brun. J’en préviens généralement cette artiste, mais il est à propos que vous lui communiquiez les intentions de la Reyne, d’après lesquelles il faut que Mme Le Brun travaille incessamment à une esquisse de la disposition de ce tableau. Je la mettrai ensuite sous les yeux de S.M. pour avoir son approbation et, cette esquisse arrêtée, elle pourra travailler à son grand tableau et le disposer de manière à n’avoir plus besoin pour le terminer que des études des têtes.
(…) La Reyne vient de me dire qu’elle voulait qu’on plaçât au Salon son portrait, que Mme Le Brun a fait pour M. le baron de Breteuil. Il me suffit de vous avoir fait part des intentions de S.M. pour ne pas douter que vous ne vous concertiez avec M. Amédée Vanloo pour remplir au plutôt ses intentions à cet égard (…).
Correspondance d’Angiviller à Vigée Le Brun, faisant part de la décision de la Reine.
La Reine m’ayant, Madame, fait part de l’intention où elle était de se faire peindre en grand avec ses trois enfants, je lui ai proposé de vous charger de cet ouvrage, ce qu’elle a agréé. C’est avec un vrai plaisir que je vous fais part des intentions de S.M. à cet égard. J’ai chargé du reste M. Pierre de vous expliquer ce qu’il est nécessaire de faire pour remplir de la manière la plus propre à la satisfaire. Je suis bien flatté d’avoir à vous annoncer cette marque de distinction particulière que la Reine fait de vos talens.
Archives nationales, série O1/ 1931 [Maison du Roy]
Mémoire d’un tableau fait pour le service du Roi, sous les ordres de M. le comte d’Angiviller, par Mme Le Brun, peintre du Roi, pendant l’année 1787.
Ce tableau a 8 pieds 6 pouces de haut sur 6 pieds 8 pouces de large. Il représente la Reine, tenant Monseigneur le duc de Normandie sur ses genoux, accompagné de Monseigneur le Dauphin et de Madame, fille du Roi. Estimé : 18,000 livres.
Ce tableau monumental devait restaurer l’image de Marie-Antoinette et lui rendre une respectabilité en l’exaltant dans son rôle de mère. L’œuvre représente la Reine dans un de ses appartements, en compagnie de ses enfants, garants de la continuité dynastique. L’esquisse préparatoire ayant reçu l’approbation du comte d’Angiviller puis du modèle, le Garde-Meuble livra, le 22 juillet 1786, le mobilier qui, placé dans le grand cabinet de la reine – actuel salon de la Paix –, devait servir de décor.
Parmi les décors mis en avant, outre le berceau, on aperçoit en arrière-plan le fameux meuble à bijoux qui fera scandale lors de l’exposition, car il constituait un malheureux écho à l’affaire du collier ; ce serre-bijoux aux vantaux décorés des armoiries royales, « couvert en dehors de velours cramoisi orné de broderie en bosse d’or sur son pied de bois doré sculpté » (extrait de la vente du 30 septembre 1793, lot n° 2353), avait été fourni par les Menus-Plaisirs en 1770.
« Coiffée d’une toque empanachée d’une aigrette et de plumes d’autruche assortie à sa robe de velours rouge bordée de martre, la reine, en pied, de grandeur naturelle, tient sur ses genoux le duc de Normandie, Louis Charles, le plus jeune de ses fils. Marie-Thérèse-Charlotte de France, dite Madame Royale, se blottit tendrement contre sa mère. Le premier dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François de France, arborant le ruban bleu et la plaque de l’ordre du Saint-Esprit, entrouvre le rideau d’une bercelonnette vide, allusion à la mort précoce de Sophie-Hélène-Béatrix, disparue à onze mois pendant l’exécution de l’œuvre. (…) Sur les conseils de David, elle imagine, afin de sacraliser ses modèles, une composition triangulaire inspirée des saintes Familles de la Renaissance. Le rouge de la robe est celui de la vertueuse Marie Leszczynska représentée par Nattier en 1748. Malgré un discours savamment orchestré, Marie-Antoinette ne saurait, comme l’a souligné Joseph Baillio, incarner Cornélia, mère des Gracques, dont les seuls bijoux sont ses enfants. Consciente de l’impopularité croissante de l’« Autrichienne », l’artiste n’osa pas envoyer le tableau au Salon.
Le 25 août 1787, jour de l’ouverture, la place d’honneur qui lui était réservée resta donc vide, suscitant force quolibets, dont le célèbre « Voilà le déficit ! ».
Pour endiguer le déferlement de critiques, l’ordonnateur du Salon, Charles Amédée Vanloo, demanda à Mme Vigée Le Brun d’accrocher son œuvre. Si ses qualités picturales furent appréciées, elle ne toucha guère. On fut frappé par la tristesse des visages, l’évocation d’une maternité qu’on eût souhaitée plus rayonnante. Substituer à l’image d’une dynastie de droit divin celle d’une famille royale pleine de vertus domestiques n’allait pas de soi. Même le comte Potocki, grand amateur de l’art du peintre, se montra critique. »
Cependant on notera une observation bienveillante de Louis XVI à l’égard de l’artiste, à la vue du tableau exposé par la suite dans la grande galerie de Versailles [note de Nolhac dans sa biographie] : « Je ne me connais pas en peinture, mais vous me la faites aimer ».
Récit manuscrit écrit sous la dictée de Madame Le Brun [source : biographie de Nolhac] : Le roi en manifesta son contentement au comte d’Angiviller qui lui proposa d’accorder à Madame Le Brun le grand cordon noir ; mais celle-ci, ayant appris la proposition du comte, alla le trouver et le supplia de ne point reparler au Roi de cette distinction, car ses ennemis s’en seraient encore servis pour la calomnier. M. d’Angiviller n’en parla plus, et comme de tous temps, à ce qu’il parait, il a fallu demander un distinction pour l’obtenir, Madame Le Brun n’en obtint pas.
Historique de la toile par Pierre de Nohlac, ancien conservateur de Versailles
« (…) La Reine a la toque et la robe en velours rouge garni de fourrures ; sur ses genoux est le duc de Normandie (Louis XVII) âgé de deux ans ; Madame Royale enlace tendrement le bras droit de sa mère ; devant elle, le Dauphin debout soulève le rideau du berceau de son jeune frère, portant comme lui le cordon du Saint-Esprit. Dans le fond est une indication de la Galerie de Versailles et un beau meuble à trois corps, qui ne se retrouve pas aujourd’hui, rappelle le fameux cabinet de velours rouge brodé d’or, qui fut offert à Marie-Antoinette en 1770 pour contenir sa corbeille de mariage. Mme Lebrun avait déjà peint les deux enfants plus âgés en 1784, dans le gracieux tableau où la jeune princesse et le Dauphin sont assis sur un banc de gazon et tiennent ensemble un nid d’oiseaux. Le grand tableau fut payé dix-huit mille livres. C’est celui qui, un moment absent de son cadre au Salon de 1787, à l’époque de l’impopularité croissante de la reine et de la crise des finances, fut appelé malignement Madame Déficit ; C’est aussi celui qui fut retiré en 1789 des grands appartements où il était placé, parce que Marie-Antoinette ne pouvait passer sans pleurer devant le portrait du dauphin qu’elle venait de perdre. Sous l’Empire, la toile était encore à Versailles, mais dans une salle à l’écart, où les gardiens la montraient aux visiteurs et où la revit Mme Lebrun (…). »
Observations sur le prix du tableau
« Le portrait de Marie-Antoinette et ses Enfants, commandé le 12 septembre 1785, a été fixé au prix colossal pour l’époque de 18,000 livres. On peut dire que le principe générateur de cette œuvre de circonstance est la raison d’état, contrairement aux précédents portraits de la Reine qui sont des commandes plus intimes. Ces 18,000 livres sont plus chères que ce que le Roi n’allouait pour les plus importants tableaux d’Histoire (c’est le critère de noblesse absolue d’une œuvre, à l’époque), et représentent 4000 livres de plus que pour le portrait que Wermüller réalisa des même modèles (sans Louis-Charles), dans les jardins de Trianon. Un acompte de 6000 livres fut versé à l’artiste, à valoir sur le prix total ; le reliquat (à savoir la figure de la petite Madame Sophie qui semble avoir été effacée du berceau que montre Louis-Joseph), malgré les demandes réitérées de Madame Le Brun et de son mari, ne fut jamais parfaitement acquitté. La correspondance échangée sous diverses administrations entre Le Brun et sa femme et les responsables du règlement de cette dette, ainsi que l’inscription de Madame Le Brun sur le Grand Livre de la Dette Publique seront publiées ultérieurement dans le catalogue raisonné. Il est a noter qu’Adélaïde Labille-Guiard, grande rivale d’Elisabeth s’il en est, n’a reçu en 1787 pour son grand portrait de Madame Adélaïde, que la somme de 5000 livres… »
Cf Evelyne Lever, Biographie de Marie-Antoinette.
Le « grand portrait de la Reine » , dans les Souvenirs de Mme Lebrun, publiés en 1835-1837
« (…) Mon tableau fut placé dans une des salles du château de Versailles, et la Reine passait devant en allant et en revenant de la messe. A la mort de M. le Dauphin, cette vue ranimait si vivement le souvenir de la perte cruelle qu’elle venait de faire, qu’elle ne pouvait plus traverser cette salle sans verser des larmes. Elle dit à M. d’Angiviller de faire enlever ce tableau ; mais avec sa grâce habituelle, elle eut soin de m’en instruire aussitôt, en me faisant savoir le motif de ce déplacement. C’est à la sensibilité de la Reine que j’ai dû la conservation de mon tableau ; car les poissardes et les bandits qui vinrent peu de temps après chercher Leurs Majestés à Versailles, l’auraient infailliblement lacéré, ainsi qu’ils firent du lit de la Reine, qui a été percé de part en part »
(…)
« Sous Bonaparte, on avait relégué dans un coin du château de Versailles le grand portrait que j’avais fait de la Reine entourée de ses enfants. Je partis un matin de Paris pour le voir. Arrivée à la grille des Princes, un custode me conduisit à la salle qui le renfermait, dont l’entrée était interdite au public, et le gardien qui nous ouvrit la porte, me reconnaissant pour m’avoir vue à Rome, s’écria : Ah ! que je suis heureux de recevoir ici Madame Le Brun ! Cet homme s’empressa de retourner mon tableau, dont les figures étaient placées contre le mur, attendu que Bonaparte, apprenant que beaucoup de personnes venaient le voir, avait ordonné qu’on l’enlevât. L’ordre, comme on le voit, était bien mal exécuté, puisque l’on continuait à le montrer, au point que le custode, quand je voulus lui donner quelques chose, me refusa avec obstination, disant que je lui faisais gagner assez d’argent.
A la Restauration, ce tableau fut exposé de nouveau au salon. Il représente Marie-Antoinette ayant près d’elle le premier Dauphin, et Madame, tenant sur ses genoux le duc de Normandie.
Je gardais chez moi un autre tableau représentant la Reine, que j’avais fait sous le règne de Bonaparte. Marie-Antoinette y était peinte montant au ciel ; à gauche sur des nuages, on voit Louis XVI et deux anges, allusion aux deux enfants qu’il avait perdus. [Il s’agit de l’Apothéose de la Reine]. J’envoyai ce tableau à Madame la vicomtesse de Châteaubriand pour être mis dans l’établissement de Sainte-Thérèse, qu’elle a fondé. (…) Depuis que la paix de mon pays semblait assurée, je ne songeais plus à le quitter, et je partageais mon temps entre Paris et la campagne ; car mon goût pour ma jolie maison de Louveciennes ne s’était pas affaibli ; j’y passais huit mois de l’année. Là, ma vie s’écoulait le plus doucement du monde. Je peignais, je m’occupais de mon jardin, je faisais de longues promenades solitaires, et les dimanches, je recevais mes amis (…). »
Toile prêtée à la Manufacture des Gobelins pour copie
Tapisserie reprenant le tableau de Marie-Antoinette avec ses enfants, commandée dès l’avènement de Louis XVIII en 1814.
D’après Fenaille qui a inventorié les tapisseries répliquant le tableau de Vigée : « Ce portrait peint par Mme Lebrun en 1787, figure sur la première liste dressée par l’administrateur Lemonnier, d’accord avec le directeur des Musées, Denon, pour présenter à l’approbation du comte de Blacas, ministre de la Maison du Roi, les pièces qui pourraient être mises sur les métiers à la place des pièces napoléoniennes suspendues. Le 4 juin 1814, le baron Mounier, chargé provisoirement de l’Intendance de la Couronne, adressait cette liste au comte de Blacas qui, le 17 juin, ordonnait l’exécution du Portrait de Marie Antoinette avec ses enfants, dont la copie fut presque aussitôt commencée. »
Ainsi, première copie commencée le 10 juillet 1814 et mise sur le métier à a place des Préliminaires de Léoben, pièce impériale suspendue. Interrompue le 20 mars 1815, reprise le 20 juillet 1815, terminée le 30 septembre 1818. [dimensions de cette tapisserie : 2,87 x 2,38 m].
Cette copie en cours d’exécution, fut admirée par la fille de Marie-Antoinette, la duchesse d'Angoulême, lors de sa visite à la manufacture le 7 octobre 1815. La tapisserie qui avait été confiée à Claude, un des meilleurs chefs d’atelier de la manufacture, n’échappa pas aux critiques lorsqu’elle fut exposée avec les produits des Manufactures au Louvre, du 25 décembre 1818 au 5 janvier 1819. Mme Lebrun qui était allée la voir au Louvre n’en était pas satisfaite, et elle fit part de son mécontentement au comte de Pradel directeur de la Maison du Roi, déconseillant d’exposer la pièce lorsque l’exposition était ouverte !
Réflexions de Vigée-Lebrun sur la tapisserie des Gobelins, première copie réalisée du tableau
Lettre de Vigée-Lebrun au comte de Pradel, le 28 décembre 1818.
Monsieur le comte, Permettez-moi de vous transmettre mes observations au sujet de la tapisserie faite aux Gobelins d’après le tableau (fait par moi) de la Reine avec ses enfants. Je suis allée le voir, je rendrés justice aux draperies qui sont très bien exécutées, mais je ne puis vous dissimuler, Monsieur le Comte, la peine que j’ai éprouvée en voyant les têtes défigurées, qu’elles font mal à voir ; elle ne sont ny dessiné, ny ressemblante, comme il est facile d’en juger ; celle de Madame seule peut être supporter. Enfin, Monsieur le Comte, je crois que, sous plus d’un rapport, l’exposition ne serait pas satisfaisante ; croyez que mon amour-propre n’y ait pour rien ; un sentiment plu digne est ce qui me fait avoir l’honneur de vous en écrire et je crois même aussi qu’il nuirait au succès que l’on devait en attendre (…). [adresse 9 Rue d’Anjou Saint-Honoré]
La tapisserie ne sera pas exposée à l’Exposition générale des produits de l’Industrie française, d’août 1819, et restera dans les magasins jusqu’en 1868. A cette date, la tapisserie est offerte en présent à l’Empereur d’Autriche par l’Impératrice Eugénie, admiratrice de Marie-Antoinette [arrêté impérial du 3 janvier 1868]. L’Impératrice Eugénie en avait une autre copie sous les yeux au Palais de Saint-Cloud ; c’est le surintendant de ce palais qui, le 24 décembre 1867, avise l’administrateur de la Manufacture des intentions de l’Impératrice.
Pas d'illustration pour cette tapisserie, autrefois disposée dans le salon Marie-Antoinette du palais de Schönbrunn et aujourd'hui supposée être gardée par un membre de la famille impériale.
Nous la retrouvons ici sur cette composition :
Emperor Francis Joseph I of Austria with the German Federal Princes, Schönbrunn Palace, 7 May 1908
Franz von Matsch
Impression couleur, 1908
Image : Dorotheum
Voir notre sujet : Marie-Antoinette et ses enfants, tapisseries des Gobelins
Deuxième copie de la Manufacture des Gobelins
Commencée le 15 décembre 1818, remise au magasin le 21 décembre 1822. [dimensions 2,92 x 2,30 m]
Exposée au Louvre en décembre 1822 – janvier 1823, et jugée par Vigée-Lebrun de meilleure qualité que la première tapisserie. Restée au magasin, cette tapisserie fut affectée au Palais de St-Cloud en 1856 grâce à l’Impératrice Eugénie grande admiratrice de Marie-Antoinette. C'est celle du Mobilier National citée plus haut.
Marie-Antoinette entourée de ses enfants
Manufacture des Gobelins, d'après Elisabeth Vigée Le Brun (oeuvre originale peinte en 1787)
2ème copie. Haute-lisse - atelier Laforest- chef de pièce Jullion
Tissage : du 15.12.1818 au 21.12.1822
Image : Mobilier national
Voir notre sujet : Marie-Antoinette et ses enfants, tapisseries des Gobelins
Lettre inédite d’Eugénie Tripier-Lefranc à M. Cailleux, Directeur adjoint des Musées royaux (Louvre).
Archives Nationales. Dossier Vigée-Lebrun. Louveciennes, 18 août 1837
Le tableau de la Reine entourée de ses enfants, restera pour les deux artistes d’une grande importance. A la fin de sa vie, Vigée-Lebrun se soucie toujours du sort de son œuvre et se renseigne sur son emplacement, au moment où Louis-Philippe ouvre son Musée historique en 1837.
Ma tante Mme Lebrun me charge (…) de vous présenter une requête relativement au grand portrait qu'elle a pu faire en pied dans le tems de la Reine Marie-Antoinette avec ses trois enfans près d'elle. Nous espérions le trouver dans la galerie de Versailles, mais nous avons été bien désappointées de ne point voir ce tableau au nombre des portraits historiques que renferme le château. Personne n'a pu nous donner de renseignemens sur cet ouvrage, ouvrage que ma tante regarde comme un de ses meilleurs, ce qu'elle voudrait à ce titre voir exposé au public. Elle vous demande (…) d'avoir la bonté de lui faire connaître où ce tableau peut être en ce moment, et si elle peut espérer qu'il fera partie un jour de l'exposition de Versailles (…).
En p.s. : Mme Lebrun près St-Germain en Laye, Louveciennes.
Fond Tripier-Lefranc, INHA. N°27556 lettre de Caroline Vigée Rivière à Eugénie – St-Germain, en Laye, 6 septembre 1837
Je n’ai pu vous écrire lundi, chère Dame, J’étais très souffrante et le suis encore de violentes douleurs d’entrailles. Je vous ai envoyé néanmoins votre (carton ?) et une lettre de ma tante. Elle a reçu une lettre de Mr LePrince qui est retourné à Paris et qui a été aux Gobelins pour s’informer si le grand tableau de la Reine s’y trouve encore, mais le directeur lui a dit que depuis longtems le tableau n’y était plus et qu’il ignorait ce qu’il était devenu. Ma tante est désolée et vous prie, chère Dame, de voir le directeur de Musée puisqu’il ne vous a pas répondu, il serait inutile de lui récrire. Voyez donc si vous pouvez en avoir des nouvelles. Nous attendrons votre réponse avec impatience. Toute à vous de cœur. Caroline
* Source et infos complémentaires : Millon - Vente Souvenirs historiques (Paris, 11 juin 2022)
Dommage que nous ne bénéficions pas davantage de photos, (et de meilleure qualité de résolution ), pour mieux en apprécier les détails. J'espère que les reporters du Forum prendront quelques photos pour nous...
Atelier d'Elisabeth-Louise VIGÉE LE BRUN (1755-1842)
Portrait de Marie-Antoinette et ses enfants
Huile sur toile
Époque Restauration
H. 275 x L. 218 cm. Cadre : H. 289 x L. 236 cm
Dans son important cadre en bois doré à palmettes et lys, quatre écoinçons fleurdelysés (trois en bois sculpté et un postérieur en résine), surmonté d'un blason en carton pierre aux armes d’alliance de France et d’Autriche de la reine Marie-Antoinette.
Célèbre image de Marie-Antoinette entourée de ses trois enfants, d'après l'original commandé par la Maison du Roi auprès de Mme Vigée-Lebrun, artiste favori de la Reine, et présenté au Salon de 1787. De l’aveux même l’artiste, il s’agissait de son chef d’œuvre, qu’elle consacra non seulement à la Reine de France mais aussi et surtout à son amie intime Marie-Antoinette. Le tableau est l'une des œuvres les plus emblématiques de la collection de Versailles et est considéré comme un important trésor national.
Provenance : Probable commande royale sous Charles X ; très probablement collection de la Comtesse de Vierzon, fille du Duc de Berry, puis par descendance, famille des barons de Yrigoyen ; Collection du baron Antoine de Yrigoyen (1906-2000), château de La Hillière (Thouaré sur Loire) ; Vente Couton-Veyrac-Jamault, Nantes, 26 mars 2002 ; Galerie Bernard Steinitz, vendu comme "atelier d'Elisabeth Vigée-Lebrun" ; Collection Mr & Mrs Kumble, Newport, USA ; Collection privée, France.
Historique
Cette réplique du Marie Antoinette et ses enfants, également connue sous le nom de Marie Antoinette de Lorraine-Habsbourg, reine de France, et ses enfants, fut très probablement commandée par la duchesse de Berry ou le roi Charles X lui-même pour être offert en cadeau de mariage à la comtesse de Vierzon (1809-1891), fille naturelle du duc de Berry et d'Amy Brown, qui épousa le 16 juin 1827 Athanase de Charrette, premier baron de La Contrie (1796-1848), fils de Louis de Charette qui avait activement participé aux guerres de Vendée (mort en 1796 lors de la bataille des Brouzils) et neveu du grand chef vendéen François de Charette de La Contrie, fusillé à Nantes en 1796.
Athanase, peu enclin à servir la France de Louis-Philippe, fut l’un des lieutenants de la duchesse de Berry lors de l’expédition de 1832 à Nantes.
Cette commande royale correspond à l’aspect hors du commun de l’œuvre, seule copie peinte connue aux dimensions de l’originale, sur lequel a été placé un cadre doré aux fleurs de lys avec ajout des armes royales, caractéristique de l’époque Charles X.
On sait par ailleurs que la comtesse de Vierzon fut alors largement dotée par son grand-père le roi Charles X qui lui offrira plusieurs souvenirs royaux, un service en porcelaine de Sèvres et des diamants qui serviront plus tard à l’agrandissement du domaine familial de La Contrie.
Il est fort probable que le tableau provienne donc du château de la Contrie (Couffé), château familial des Charette où décèdent Athanase en 1848 et son épouse la baronne de Charette en 1891. Par descendance, l’œuvre va ensuite passer dans la famille de Yrigoyen au château du Plessis-du-Vair, dès le début du XXe siècle. En effet, Jeanne de Charette de La Contrie, fille d’Alain de Charette (1841-1916), héritier du domaine de La Contrie, et de Madeleine de Bourbon-Busset (1844-1908), épousa en août 1899 Gaston de Yrigoyen (1832-1939), fils de Manuel Marcellin de Yrigoyen, et petit-fils de Manuel José de Yrigoyen (1796-1884) et Ramona de la Torre, une des familles les plus riches de Bordeaux au XIXe siècle.
Manuel Marcellin de Yrigoyen avait acquis en 1869 le château du Plessis-de-Vair ; en 1932, son fils Gaston de Yrigoyen acquiert tout en conservant Le Plessis de Vair la propriété de La Hillière plus proche de Nantes. Le portrait de Marie-Antoinette et ses enfants sera ainsi conservé par la famille Yrigoyen dans le château de La Hillière, provenant vraisemblablement du château du Plessis-de-Vair ou de leurs hôtels particuliers nantais par suite de l’alliance des familles Yrigoyen-Charette en 1899 (Jeanne de Charrette décède en 1967).
En 1952, le château et le parc de La Hillière sont vendus à la communauté des frères de Saint-Gabriel et le tableau est alors déplacé dans le grand salon des dépendances du château conservées par la famille jusqu’à ce qu’il soit vendu en 2002 suite au décès d’Antoine de Yrigoyen en 2000. Dans le descriptif d’inventaire de la succession, effectué par Me Jean-Robert Petit en avril 2000 (commissaire-priseur, expert près de la Cour d’Appel de Rennes), il est décrit :
« Ecole française du XIXe s. (suiveur de Madame VIGEE-LEBRUN)
Portrait de la reine Marie-Antoinette et ses enfants
Huile sur toile 270x217 cm
Beau cadre bois et pâte dorés avec palmettes et lys, écoinçons (il manque deux écoinçons et le fronton qui serait décoré aux armes de France)
Dimensions avec cadre: 290x235 cm. »
Il est intéressant de noter que dans le même inventaire sont décrits deux autres objets provenant de la Famille de France, à savoir : un « bassin et aiguière en porcelaine de Sèvres blanche à décor polychrome de fleurs et or de dents de loup, marqués au revers ‘U’ pour 1773, marque de décorateur et doreur (un document manuscrit indique que l’objet aurait été donné par la princesse de LAMBALLE) » ; et un « Office de la Semaine Sainte, traduction de M. de MAROLLES, Paris, 1673, compagnie des Libraires frontispice gravure de Jacques CALLOT, reliure maroquin rouge, au centre les armes de Marie-Thérèse d’Autriche, reine de France, semis de chiffres couronnés et de fleurs de lys sur les plats et le dos ».
Notre tableau provient donc vraisemblablement de la comtesse de Vierzon par le mariage de Jeanne de Charette avec le baron Gaston de Yrigoyen en 1899, et donc de la famille de France, ce qui rapproche la réplique de l’original.
Cette copie de très belle qualité a été probablement peinte dans les années 1820, d'autant que, sous la Restauration, les épisodes de la vie de Louis XVI et de Marie-Antoinette sont remis au goût du jour, comme en témoignent les trois versions en tapisseries du portrait de Marie-Antoinette avec ses enfants, dont celle de la Manufacture des Gobelins tissée entre 1818 et 1822, conservée au Mobilier National (inv. GMTT-347-000), envoyée au Palais de Saint-Cloud en 1855. Il s’agissait de légitimer le retour des Bourbons sur le trône après la période de la Révolution et de l’Empire.
Le format identique de notre tableau par rapport à l’original porte à croire qu’il s’agit d’une commande royale de Charles X, en témoigne également le cadre aux fleurs de lys, motif qui sera honni sous la Monarchie de Juillet sauf pour les familles légitimistes.
Un tableau de l’atelier d’Elisabeth Louise Vigée Le Brun
La qualité de l’oeuvre en particulier dans le traitement des visages et des tissus, la précision de la réplique aux dimensions de l’original, la reprise fidèle de la composition et l’absence de variante notable, laisse à penser que l’artiste qui a réalisé cette peinture devait avoir accès à l’oeuvre originale de Vigée Le Brun au château de Versailles.
Notre toile a très certainement été exécutée sous la direction de Madame Vigée Le Brun par son atelier voire par sa nièce et élève Eugénie Tripier-Lefranc. Cette dernière exécuta en effet dès 1817 plusieurs répliques des portraits de Marie-Antoinette (Voir "Œuvres en rapport" et illustration 3).
Elle réalisa en outre une copie du portrait de Madame du Barry à Louveciennes, conservée à Versailles au musée Lambinet (inv.533, dimensions : 130x100 cm), d'après l'oeuvre originale de sa tante (collection particulière).
Œuvres en rapport
- Marie-Antoinette et ses enfants. Musée national du château de Versailles, inv. MV 4520, inv. 3059, AC 1945. Dimensions : 275 x 216 cm.
Commandé par la Direction des Bâtiments pour 18000 livres, 12 septembre 1785 ; têtes peintes d'après nature et les accessoires fournis par le Garde-Meuble, juillet 1786 ; Salon de 1787, n°97 ; collection Louis XVI ; accroché dans le salon de Mars, 1787 ; après la mort du Dauphin, Marie-Antoinette donne l'ordre de décrocher le tableau, juin 1789 ; non entièrement réglé à la Révolution ; resté dans les magasins, Révolution et Premier Empire ; peut-être l'un des quatre portraits mentionnés, sans nom d'auteur, Aile du Nord, second étage, salles des portraits, n°141-150, dans le guide de 1837 ; mentionné dans la 4ème salle des Portraits (n°155), côté des fenêtres, aile du Midi, attiques, dans l’inventaire de 1850 (n°5140) ; exposé dans la galerie basse, 1902 ; exposé dans le Salon de Mars (salle n°109), grand appartement du Roi, 1er étage, corps central, 7 février 1964 ; mentionné en réserve, 19 février 1976 ; exposé dans l'Antichambre du Grand Couvert de la Reine (salle n°117), appartement de la Reine, 1er étage, corps central, depuis 1980.
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
- Marie-Antoinette et ses enfants. Ancienne collection de Madame la baronne James de Rothschild (mention in Nolhac, Madame Vigée Le Brun peintre de la Reine, p. 266). Exposé à Paris lors d’une exposition rétrospective féminine en 1908 (chapitre Liste des œuvres de Madame Vigée-Lebrun ayant figuré dans les expositions particulières) ; il s’agit d’une réplique de petit format.
- Marie-Antoinette et ses enfants. Ancienne collection de la Comtesse de Béarn née Pauline de Tourzel ; réplique de petit format. Archives nationales 69 AP (Papiers du prince Henri de Béarn, correspondance avec l’historien Laurentie : “(…) Quant au portrait de la famille Royale, qui est la réplique de celui de Versaillles peint par Mme Vigée Lebrun, il doit être en effet la réduction qui avait été faite pour Mme de Polignac. Mon père m’a toujours dit qu’il avait été peint par Mme Vigée Lebrun pour quelqu’un de la famille, et il est très probable que c’est la copie qui avait été faite pour Mme de Polignac en 1787 (…)”.
- Marie-Antoinette entourée de ses enfants. Hillwood Museum (inv. 51., legs Merriweather Post en 1973, réplique de petit format (72,5x59 cm) mais de facture très proche du nôtre. Acheté à Paris en 1937, ancienne provenance russe. Au dos un inventaire des collections de l’Académie des Beaux-Arts de St Pétersbourg.
Image : Hillwood Museum
- Portrait de la reine Marie-Antoinette. Robe de velours et fourrures, décolletée, poudrée, toque rouge à plumes blanches. Huile sur toile (92,7x 73,7 cm). Collection de M. Tripier-Le Franc ; Collection Edgar B. Whitcomb ; Collection du Musée de Détroit en 1953 ; Vente Christies, octobre 1992. D’après Joseph Baillio, peint par Eugénie Tripier-LeFranc, née Le Brun.
(J'y reviendrai plus tard)
- Portrait de Marie Antoinette en buste. Dessin à la sanguine avec rehauts (34x28 cm), par Eugénie Tripier-Lefranc (1817). Collection du Musée de Versailles, inv. MV 8085, don de Mme Hill, 1955. D’après le portrait exécuté par Mme Vigée-Lebrun en 1786, et la réplique signée et datée de 1788, emportée en Russie par l’artiste, achetée à la Restauration par Louis XVIII.
Eugénie Tripier-Lefranc, nièce de Madame Vigée-Lebrun exécuta, vers 1817 et sous la direction de sa tante, ce portrait inspiré de ces œuvres [en notes d’un inventaire manuscrit du Catalogue du Musée de Versailles, sommaires des acquisitions, dons et dépôts 1953-1957].
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux
- Gravure d'après Vigée-Lebrun. D’après Nolhac, le graveur Porporati qui accueillit Vigée-Lebrun à Turin avait entrepris des démarches en 1787 pour graver le grand tableau de la Reine et ses enfants.
Bibliographie
- Vigée-Lebrun. Souvenirs. Paris, 1837. Tome II, p. 350.
- Nolhac. Vigée Lebrun : peintre de la Reine Marie-Antoinette. Paris, 1908, p.115.
- Nolhac. Le musée national de Versailles, description du château et des collections : description du château et des collections. Paris, 1896.
- Fernand Enguerand. Inventaire des tableaux commandés et achetés par la direction des Bâtiments du Roi (1709-1792). Paris, Leroux, 1900.
- Maurice Fenaille. État général des tapisseries de la manufacture des Gobelins depuis son origine jusqu'à nos jours, 1600-1900. Paris 1903-1923. Cf Tome V.
- Albert Vuaflart. La tombe de Mme Vigée-Lebrun à Louveciennes. Paris, 1915.
- W. H. Helm, Vigée Le Brun: Her Life, Works and Friendships, London, 1915, p. 134.
- A. Blum, Madame Vigée Le Brun: peintre des grandes dames du XVIIIe siècle, Paris, 1919, p. 72.
- J. Baillio, Le Dossier d’une œuvre d’actualité politique : Marie-Antoinette et ses enfants par Mme Vigée Le Brun, L’œil, n°308, mars 1981 et n°310, mai 1981.
- E. L. Vigée Le Brun, Mémoires d'une portraitiste 1755-1842, Paris, 1989.
- Octave Fidière, Les femmes artistes à l’Académie royale de peinture et de sculpture, Paris, Charavay, 1885.
- Joseph Baillio, Xavier Salmon (dir.), Élisabeth Louise Vigée Le Brun, catalogue d’exposition (Paris, New York, Ottawa, 2015-2016), Paris, Réunion des musées nationaux-Grand Palais, 2015.
Nous remercions très chaleureusement M. Arnaud de Yrigoyen, pour les informations familiales précieuses transmises afin de retracer la provenance de ce tableau de famille, et Mme Emmanuelle Le Bail, historienne de l'art, pour ses recherches.
Genèse de l’œuvre originale par les sources
De tous les portraits de Marie-Antoinette qu’exécuta Mme Vigée-Lebrun, un seul fut directement commandé par les Bâtiments. Le 12 septembre 1785, d’Angiviller informait J.-B. M. Pierre des intentions de la Reine et annonçait officiellement cette commande à l’artiste. Le tableau parut au Salon de 1787.
Archives nationales, série O1/1913 |Maison du Roy]
12 septembre 1785. Correspondance du directeur des Bâtiments d’Angiviller au premier peintre Jean-Baptiste-Marie Pierre :
La Reine est aussi dans le dessein de faire faire son portrait en grand avec ses trois enfans par Mme Le Brun. J’en préviens généralement cette artiste, mais il est à propos que vous lui communiquiez les intentions de la Reyne, d’après lesquelles il faut que Mme Le Brun travaille incessamment à une esquisse de la disposition de ce tableau. Je la mettrai ensuite sous les yeux de S.M. pour avoir son approbation et, cette esquisse arrêtée, elle pourra travailler à son grand tableau et le disposer de manière à n’avoir plus besoin pour le terminer que des études des têtes.
(…) La Reyne vient de me dire qu’elle voulait qu’on plaçât au Salon son portrait, que Mme Le Brun a fait pour M. le baron de Breteuil. Il me suffit de vous avoir fait part des intentions de S.M. pour ne pas douter que vous ne vous concertiez avec M. Amédée Vanloo pour remplir au plutôt ses intentions à cet égard (…).
Correspondance d’Angiviller à Vigée Le Brun, faisant part de la décision de la Reine.
La Reine m’ayant, Madame, fait part de l’intention où elle était de se faire peindre en grand avec ses trois enfants, je lui ai proposé de vous charger de cet ouvrage, ce qu’elle a agréé. C’est avec un vrai plaisir que je vous fais part des intentions de S.M. à cet égard. J’ai chargé du reste M. Pierre de vous expliquer ce qu’il est nécessaire de faire pour remplir de la manière la plus propre à la satisfaire. Je suis bien flatté d’avoir à vous annoncer cette marque de distinction particulière que la Reine fait de vos talens.
Archives nationales, série O1/ 1931 [Maison du Roy]
Mémoire d’un tableau fait pour le service du Roi, sous les ordres de M. le comte d’Angiviller, par Mme Le Brun, peintre du Roi, pendant l’année 1787.
Ce tableau a 8 pieds 6 pouces de haut sur 6 pieds 8 pouces de large. Il représente la Reine, tenant Monseigneur le duc de Normandie sur ses genoux, accompagné de Monseigneur le Dauphin et de Madame, fille du Roi. Estimé : 18,000 livres.
Ce tableau monumental devait restaurer l’image de Marie-Antoinette et lui rendre une respectabilité en l’exaltant dans son rôle de mère. L’œuvre représente la Reine dans un de ses appartements, en compagnie de ses enfants, garants de la continuité dynastique. L’esquisse préparatoire ayant reçu l’approbation du comte d’Angiviller puis du modèle, le Garde-Meuble livra, le 22 juillet 1786, le mobilier qui, placé dans le grand cabinet de la reine – actuel salon de la Paix –, devait servir de décor.
Parmi les décors mis en avant, outre le berceau, on aperçoit en arrière-plan le fameux meuble à bijoux qui fera scandale lors de l’exposition, car il constituait un malheureux écho à l’affaire du collier ; ce serre-bijoux aux vantaux décorés des armoiries royales, « couvert en dehors de velours cramoisi orné de broderie en bosse d’or sur son pied de bois doré sculpté » (extrait de la vente du 30 septembre 1793, lot n° 2353), avait été fourni par les Menus-Plaisirs en 1770.
« Coiffée d’une toque empanachée d’une aigrette et de plumes d’autruche assortie à sa robe de velours rouge bordée de martre, la reine, en pied, de grandeur naturelle, tient sur ses genoux le duc de Normandie, Louis Charles, le plus jeune de ses fils. Marie-Thérèse-Charlotte de France, dite Madame Royale, se blottit tendrement contre sa mère. Le premier dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François de France, arborant le ruban bleu et la plaque de l’ordre du Saint-Esprit, entrouvre le rideau d’une bercelonnette vide, allusion à la mort précoce de Sophie-Hélène-Béatrix, disparue à onze mois pendant l’exécution de l’œuvre. (…) Sur les conseils de David, elle imagine, afin de sacraliser ses modèles, une composition triangulaire inspirée des saintes Familles de la Renaissance. Le rouge de la robe est celui de la vertueuse Marie Leszczynska représentée par Nattier en 1748. Malgré un discours savamment orchestré, Marie-Antoinette ne saurait, comme l’a souligné Joseph Baillio, incarner Cornélia, mère des Gracques, dont les seuls bijoux sont ses enfants. Consciente de l’impopularité croissante de l’« Autrichienne », l’artiste n’osa pas envoyer le tableau au Salon.
Le 25 août 1787, jour de l’ouverture, la place d’honneur qui lui était réservée resta donc vide, suscitant force quolibets, dont le célèbre « Voilà le déficit ! ».
Pour endiguer le déferlement de critiques, l’ordonnateur du Salon, Charles Amédée Vanloo, demanda à Mme Vigée Le Brun d’accrocher son œuvre. Si ses qualités picturales furent appréciées, elle ne toucha guère. On fut frappé par la tristesse des visages, l’évocation d’une maternité qu’on eût souhaitée plus rayonnante. Substituer à l’image d’une dynastie de droit divin celle d’une famille royale pleine de vertus domestiques n’allait pas de soi. Même le comte Potocki, grand amateur de l’art du peintre, se montra critique. »
Cependant on notera une observation bienveillante de Louis XVI à l’égard de l’artiste, à la vue du tableau exposé par la suite dans la grande galerie de Versailles [note de Nolhac dans sa biographie] : « Je ne me connais pas en peinture, mais vous me la faites aimer ».
Récit manuscrit écrit sous la dictée de Madame Le Brun [source : biographie de Nolhac] : Le roi en manifesta son contentement au comte d’Angiviller qui lui proposa d’accorder à Madame Le Brun le grand cordon noir ; mais celle-ci, ayant appris la proposition du comte, alla le trouver et le supplia de ne point reparler au Roi de cette distinction, car ses ennemis s’en seraient encore servis pour la calomnier. M. d’Angiviller n’en parla plus, et comme de tous temps, à ce qu’il parait, il a fallu demander un distinction pour l’obtenir, Madame Le Brun n’en obtint pas.
Historique de la toile par Pierre de Nohlac, ancien conservateur de Versailles
« (…) La Reine a la toque et la robe en velours rouge garni de fourrures ; sur ses genoux est le duc de Normandie (Louis XVII) âgé de deux ans ; Madame Royale enlace tendrement le bras droit de sa mère ; devant elle, le Dauphin debout soulève le rideau du berceau de son jeune frère, portant comme lui le cordon du Saint-Esprit. Dans le fond est une indication de la Galerie de Versailles et un beau meuble à trois corps, qui ne se retrouve pas aujourd’hui, rappelle le fameux cabinet de velours rouge brodé d’or, qui fut offert à Marie-Antoinette en 1770 pour contenir sa corbeille de mariage. Mme Lebrun avait déjà peint les deux enfants plus âgés en 1784, dans le gracieux tableau où la jeune princesse et le Dauphin sont assis sur un banc de gazon et tiennent ensemble un nid d’oiseaux. Le grand tableau fut payé dix-huit mille livres. C’est celui qui, un moment absent de son cadre au Salon de 1787, à l’époque de l’impopularité croissante de la reine et de la crise des finances, fut appelé malignement Madame Déficit ; C’est aussi celui qui fut retiré en 1789 des grands appartements où il était placé, parce que Marie-Antoinette ne pouvait passer sans pleurer devant le portrait du dauphin qu’elle venait de perdre. Sous l’Empire, la toile était encore à Versailles, mais dans une salle à l’écart, où les gardiens la montraient aux visiteurs et où la revit Mme Lebrun (…). »
Observations sur le prix du tableau
« Le portrait de Marie-Antoinette et ses Enfants, commandé le 12 septembre 1785, a été fixé au prix colossal pour l’époque de 18,000 livres. On peut dire que le principe générateur de cette œuvre de circonstance est la raison d’état, contrairement aux précédents portraits de la Reine qui sont des commandes plus intimes. Ces 18,000 livres sont plus chères que ce que le Roi n’allouait pour les plus importants tableaux d’Histoire (c’est le critère de noblesse absolue d’une œuvre, à l’époque), et représentent 4000 livres de plus que pour le portrait que Wermüller réalisa des même modèles (sans Louis-Charles), dans les jardins de Trianon. Un acompte de 6000 livres fut versé à l’artiste, à valoir sur le prix total ; le reliquat (à savoir la figure de la petite Madame Sophie qui semble avoir été effacée du berceau que montre Louis-Joseph), malgré les demandes réitérées de Madame Le Brun et de son mari, ne fut jamais parfaitement acquitté. La correspondance échangée sous diverses administrations entre Le Brun et sa femme et les responsables du règlement de cette dette, ainsi que l’inscription de Madame Le Brun sur le Grand Livre de la Dette Publique seront publiées ultérieurement dans le catalogue raisonné. Il est a noter qu’Adélaïde Labille-Guiard, grande rivale d’Elisabeth s’il en est, n’a reçu en 1787 pour son grand portrait de Madame Adélaïde, que la somme de 5000 livres… »
Cf Evelyne Lever, Biographie de Marie-Antoinette.
Le « grand portrait de la Reine » , dans les Souvenirs de Mme Lebrun, publiés en 1835-1837
« (…) Mon tableau fut placé dans une des salles du château de Versailles, et la Reine passait devant en allant et en revenant de la messe. A la mort de M. le Dauphin, cette vue ranimait si vivement le souvenir de la perte cruelle qu’elle venait de faire, qu’elle ne pouvait plus traverser cette salle sans verser des larmes. Elle dit à M. d’Angiviller de faire enlever ce tableau ; mais avec sa grâce habituelle, elle eut soin de m’en instruire aussitôt, en me faisant savoir le motif de ce déplacement. C’est à la sensibilité de la Reine que j’ai dû la conservation de mon tableau ; car les poissardes et les bandits qui vinrent peu de temps après chercher Leurs Majestés à Versailles, l’auraient infailliblement lacéré, ainsi qu’ils firent du lit de la Reine, qui a été percé de part en part »
(…)
« Sous Bonaparte, on avait relégué dans un coin du château de Versailles le grand portrait que j’avais fait de la Reine entourée de ses enfants. Je partis un matin de Paris pour le voir. Arrivée à la grille des Princes, un custode me conduisit à la salle qui le renfermait, dont l’entrée était interdite au public, et le gardien qui nous ouvrit la porte, me reconnaissant pour m’avoir vue à Rome, s’écria : Ah ! que je suis heureux de recevoir ici Madame Le Brun ! Cet homme s’empressa de retourner mon tableau, dont les figures étaient placées contre le mur, attendu que Bonaparte, apprenant que beaucoup de personnes venaient le voir, avait ordonné qu’on l’enlevât. L’ordre, comme on le voit, était bien mal exécuté, puisque l’on continuait à le montrer, au point que le custode, quand je voulus lui donner quelques chose, me refusa avec obstination, disant que je lui faisais gagner assez d’argent.
A la Restauration, ce tableau fut exposé de nouveau au salon. Il représente Marie-Antoinette ayant près d’elle le premier Dauphin, et Madame, tenant sur ses genoux le duc de Normandie.
Je gardais chez moi un autre tableau représentant la Reine, que j’avais fait sous le règne de Bonaparte. Marie-Antoinette y était peinte montant au ciel ; à gauche sur des nuages, on voit Louis XVI et deux anges, allusion aux deux enfants qu’il avait perdus. [Il s’agit de l’Apothéose de la Reine]. J’envoyai ce tableau à Madame la vicomtesse de Châteaubriand pour être mis dans l’établissement de Sainte-Thérèse, qu’elle a fondé. (…) Depuis que la paix de mon pays semblait assurée, je ne songeais plus à le quitter, et je partageais mon temps entre Paris et la campagne ; car mon goût pour ma jolie maison de Louveciennes ne s’était pas affaibli ; j’y passais huit mois de l’année. Là, ma vie s’écoulait le plus doucement du monde. Je peignais, je m’occupais de mon jardin, je faisais de longues promenades solitaires, et les dimanches, je recevais mes amis (…). »
Toile prêtée à la Manufacture des Gobelins pour copie
Tapisserie reprenant le tableau de Marie-Antoinette avec ses enfants, commandée dès l’avènement de Louis XVIII en 1814.
D’après Fenaille qui a inventorié les tapisseries répliquant le tableau de Vigée : « Ce portrait peint par Mme Lebrun en 1787, figure sur la première liste dressée par l’administrateur Lemonnier, d’accord avec le directeur des Musées, Denon, pour présenter à l’approbation du comte de Blacas, ministre de la Maison du Roi, les pièces qui pourraient être mises sur les métiers à la place des pièces napoléoniennes suspendues. Le 4 juin 1814, le baron Mounier, chargé provisoirement de l’Intendance de la Couronne, adressait cette liste au comte de Blacas qui, le 17 juin, ordonnait l’exécution du Portrait de Marie Antoinette avec ses enfants, dont la copie fut presque aussitôt commencée. »
Ainsi, première copie commencée le 10 juillet 1814 et mise sur le métier à a place des Préliminaires de Léoben, pièce impériale suspendue. Interrompue le 20 mars 1815, reprise le 20 juillet 1815, terminée le 30 septembre 1818. [dimensions de cette tapisserie : 2,87 x 2,38 m].
Cette copie en cours d’exécution, fut admirée par la fille de Marie-Antoinette, la duchesse d'Angoulême, lors de sa visite à la manufacture le 7 octobre 1815. La tapisserie qui avait été confiée à Claude, un des meilleurs chefs d’atelier de la manufacture, n’échappa pas aux critiques lorsqu’elle fut exposée avec les produits des Manufactures au Louvre, du 25 décembre 1818 au 5 janvier 1819. Mme Lebrun qui était allée la voir au Louvre n’en était pas satisfaite, et elle fit part de son mécontentement au comte de Pradel directeur de la Maison du Roi, déconseillant d’exposer la pièce lorsque l’exposition était ouverte !
Réflexions de Vigée-Lebrun sur la tapisserie des Gobelins, première copie réalisée du tableau
Lettre de Vigée-Lebrun au comte de Pradel, le 28 décembre 1818.
Monsieur le comte, Permettez-moi de vous transmettre mes observations au sujet de la tapisserie faite aux Gobelins d’après le tableau (fait par moi) de la Reine avec ses enfants. Je suis allée le voir, je rendrés justice aux draperies qui sont très bien exécutées, mais je ne puis vous dissimuler, Monsieur le Comte, la peine que j’ai éprouvée en voyant les têtes défigurées, qu’elles font mal à voir ; elle ne sont ny dessiné, ny ressemblante, comme il est facile d’en juger ; celle de Madame seule peut être supporter. Enfin, Monsieur le Comte, je crois que, sous plus d’un rapport, l’exposition ne serait pas satisfaisante ; croyez que mon amour-propre n’y ait pour rien ; un sentiment plu digne est ce qui me fait avoir l’honneur de vous en écrire et je crois même aussi qu’il nuirait au succès que l’on devait en attendre (…). [adresse 9 Rue d’Anjou Saint-Honoré]
La tapisserie ne sera pas exposée à l’Exposition générale des produits de l’Industrie française, d’août 1819, et restera dans les magasins jusqu’en 1868. A cette date, la tapisserie est offerte en présent à l’Empereur d’Autriche par l’Impératrice Eugénie, admiratrice de Marie-Antoinette [arrêté impérial du 3 janvier 1868]. L’Impératrice Eugénie en avait une autre copie sous les yeux au Palais de Saint-Cloud ; c’est le surintendant de ce palais qui, le 24 décembre 1867, avise l’administrateur de la Manufacture des intentions de l’Impératrice.
Pas d'illustration pour cette tapisserie, autrefois disposée dans le salon Marie-Antoinette du palais de Schönbrunn et aujourd'hui supposée être gardée par un membre de la famille impériale.
Nous la retrouvons ici sur cette composition :
Emperor Francis Joseph I of Austria with the German Federal Princes, Schönbrunn Palace, 7 May 1908
Franz von Matsch
Impression couleur, 1908
Image : Dorotheum
Voir notre sujet : Marie-Antoinette et ses enfants, tapisseries des Gobelins
Deuxième copie de la Manufacture des Gobelins
Commencée le 15 décembre 1818, remise au magasin le 21 décembre 1822. [dimensions 2,92 x 2,30 m]
Exposée au Louvre en décembre 1822 – janvier 1823, et jugée par Vigée-Lebrun de meilleure qualité que la première tapisserie. Restée au magasin, cette tapisserie fut affectée au Palais de St-Cloud en 1856 grâce à l’Impératrice Eugénie grande admiratrice de Marie-Antoinette. C'est celle du Mobilier National citée plus haut.
Marie-Antoinette entourée de ses enfants
Manufacture des Gobelins, d'après Elisabeth Vigée Le Brun (oeuvre originale peinte en 1787)
2ème copie. Haute-lisse - atelier Laforest- chef de pièce Jullion
Tissage : du 15.12.1818 au 21.12.1822
Image : Mobilier national
Voir notre sujet : Marie-Antoinette et ses enfants, tapisseries des Gobelins
Lettre inédite d’Eugénie Tripier-Lefranc à M. Cailleux, Directeur adjoint des Musées royaux (Louvre).
Archives Nationales. Dossier Vigée-Lebrun. Louveciennes, 18 août 1837
Le tableau de la Reine entourée de ses enfants, restera pour les deux artistes d’une grande importance. A la fin de sa vie, Vigée-Lebrun se soucie toujours du sort de son œuvre et se renseigne sur son emplacement, au moment où Louis-Philippe ouvre son Musée historique en 1837.
Ma tante Mme Lebrun me charge (…) de vous présenter une requête relativement au grand portrait qu'elle a pu faire en pied dans le tems de la Reine Marie-Antoinette avec ses trois enfans près d'elle. Nous espérions le trouver dans la galerie de Versailles, mais nous avons été bien désappointées de ne point voir ce tableau au nombre des portraits historiques que renferme le château. Personne n'a pu nous donner de renseignemens sur cet ouvrage, ouvrage que ma tante regarde comme un de ses meilleurs, ce qu'elle voudrait à ce titre voir exposé au public. Elle vous demande (…) d'avoir la bonté de lui faire connaître où ce tableau peut être en ce moment, et si elle peut espérer qu'il fera partie un jour de l'exposition de Versailles (…).
En p.s. : Mme Lebrun près St-Germain en Laye, Louveciennes.
Fond Tripier-Lefranc, INHA. N°27556 lettre de Caroline Vigée Rivière à Eugénie – St-Germain, en Laye, 6 septembre 1837
Je n’ai pu vous écrire lundi, chère Dame, J’étais très souffrante et le suis encore de violentes douleurs d’entrailles. Je vous ai envoyé néanmoins votre (carton ?) et une lettre de ma tante. Elle a reçu une lettre de Mr LePrince qui est retourné à Paris et qui a été aux Gobelins pour s’informer si le grand tableau de la Reine s’y trouve encore, mais le directeur lui a dit que depuis longtems le tableau n’y était plus et qu’il ignorait ce qu’il était devenu. Ma tante est désolée et vous prie, chère Dame, de voir le directeur de Musée puisqu’il ne vous a pas répondu, il serait inutile de lui récrire. Voyez donc si vous pouvez en avoir des nouvelles. Nous attendrons votre réponse avec impatience. Toute à vous de cœur. Caroline
* Source et infos complémentaires : Millon - Vente Souvenirs historiques (Paris, 11 juin 2022)
Dernière édition par La nuit, la neige le Jeu 26 Mai 2022, 15:50, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Marie-Antoinette et ses enfants, par et d'après Elisabeth Vigée Le Brun (1787)
La nuit, la neige a écrit:
Dommage que nous ne bénéficions pas davantage de photos, (et de meilleure qualité de résolution ), pour mieux en apprécier les détails. J'espère que les reporters du Forum prendront quelques photos pour nous...
Voici quelques photos prises à Drouot.
Personnellement j'ai toujours trouvé cette oeuvre assez ennuyeuse. Au moins Mme Vigée-Lebrun avait-elle su peindre la reine et ses enfants avec délicatesse. La version aujourd'hui présentée en vente (par un suiveur plutôt qu'un atelier à mon sens) est encore plus "statique" que l'original. Aucune vie dans les yeux ou les visages, peints de manière presque naïve :
Non, le village derrière est gentil... :
Le cadre est sympa en revanche :
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Marie-Antoinette et ses enfants, par et d'après Elisabeth Vigée Le Brun (1787)
Merci beaucoup pour toutes ces images complémentaires ! Les reporters du Forum sont partout...
Pour les non-initiés, sait-on jamais ? Curseur temps poussé à 1 mn...
Duc d'Ostrogothie a écrit:Non, le village derrière est gentil...
Pour les non-initiés, sait-on jamais ? Curseur temps poussé à 1 mn...
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Marie-Antoinette et ses enfants, par et d'après Elisabeth Vigée Le Brun (1787)
“Bon euh c’est-à-dire il faut le voir chez soi”
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Marie-Antoinette et ses enfants, par et d'après Elisabeth Vigée Le Brun (1787)
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et ses enfants, par et d'après Elisabeth Vigée Le Brun (1787)
Millon - Présentation au catalogue a écrit:
Œuvres en rapport
(...)
- Portrait de la reine Marie-Antoinette. Robe de velours et fourrures, décolletée, poudrée, toque rouge à plumes blanches. Huile sur toile (92,7x 73,7 cm). Collection de M. Tripier-Le Franc ; Collection Edgar B. Whitcomb ; Collection du Musée de Détroit en 1953 ; Vente Christies, octobre 1992. D’après Joseph Baillio, peint par Eugénie Tripier-LeFranc, née Le Brun.
Illustrations inédites et commentaires dans ce sujet :
Marie-Antoinette en buste et robe rouge par et d'après Elisabeth Vigée Le Brun
Millon - Présentation au catalogue a écrit:
Toile prêtée à la Manufacture des Gobelins pour copies
Illustrations et commentaires dans ce sujet :
Portrait de Marie-Antoinette avec ses enfants, tapisseries des Gobelins d'après l'oeuvre originale de Vigée Le Brun
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
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