La collection de gemmes de Marie-Antoinette

Il est certain que l'on ne poserait pas cela chez soi sur un coin de meuble ...
L'objet en soi est fascinant et tellement original ! Les camées ne représentent pas que des membres de la famille impériale mais aussi une foultitude de figures allégoriques, cabalistiques, d'objets, d'animaux . J'aimerais bien en lire le descriptif détaillé.

Oui, tu as raison, " gothique " est bien le mot qui convient.

La nuit, la neige a écrit:Exposée au Louvre (dans les nouvelles salles consacrées aux XVIIè et XVIIIè siècles), j'ai remarqué, parmi la collection de cristaux taillés de Marie-Antoinette, cette petite statuette en ivoire, or et diamants, décrite comme faisant aussi partie de ses collections. Je crois que je ne la connaissais pas.  

Quelques informations complémentaires, ainsi que de bien meilleures images de cette précieuse petite figurine, actuellement présentée à l'exposition : Venus d'ailleurs, matériaux et objets voyageurs (Musée du Louvre, La petite galerie)


Colporteur
Anonyme
Allemagne, vers 1702-1703
Ivoire d’éléphant, diamants, or émaillé, argent doré, diamant
Collection Marie-Antoinette, saisie révolutionnaire
Hauteur : 8,4 cm ; Largeur : 3,4 cm ; Profondeur : 4,9 cm ; Largeur : 4,3 cm ; Profondeur : 3,5 cm
Image : RMN - Grand Palais (Musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

Présentation :

Certaines grandes foires du début du 18ème siècle étaient spécialisées dans le commerce des objets de luxe, telle cette figurine d’ivoire montée en or et en diamant. C’est peut-être à Francfort (Allemagne) qu’elle fut achetée par Ana Maria Luisa de’ Medici, femme de l’Électeur palatin. Entrée dans les collections impériales à Vienne (Autriche), la statuette parvint à Paris avec Marie-Antoinette.

Dans sa hotte, le colporteur propose des marchandises exotiques, butin de la bataille navale de Vigo (Espagne) en 1702 : Anglais et Hollandais capturèrent un convoi provenant d’Amérique à l’entrée d’un port de Galice. La cargaison comprenait sûrement des produits américains (du tabac, de l’argent, du sucre), mais aussi des marchandises asiatiques qui arrivaient au Mexique depuis les Philippines par le « Galion de Manille ».


Image : RMN - Grand Palais (Musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

Description :

Le colporteur semble fléchir sous le poids de sa malle. Sa main est encore crispée sur un objet disparu, qu'il devait proposer à l'attention de ses clients. Son expression fermée est encore accentuée par son chapeau trop grand, qui désigne un couvre-chef récupéré et lui couvre les yeux.

Image : RMN - Grand Palais (Musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

La malle d'or, ornée d'un braillant comme le tricorne du colporteur, s'ouvre et révèle un premier volet en émail peint qui montre un homme courant sur une plage ; il porte une cape, une fraise et une sorte de cabasset, tous accessoires qui évoquent un Espagnol de fantaisie. Il détourne avec horreur les yeux d'une scène de naufrage. Sur le bateau en flammes flotte un drapeau au champ blanc chargé d'une croix rouge, la croix de Saint-Georges, qui désigne un vaisseau anglais, tandis que des ballots partent à la dérive. La devise en italien macaronique " Speranto mio niento " fait allusion à la destruction d'un précieux chargement, marquant l'anéantissement des espoirs de son propriétaire.


Images : RMN - Grand Palais (Musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

Le revers de ce volet montre trois étages de marchandises bien rangées grâce à des ficelles dans sa hotte, qui sont séparées par l'inscription : " Marchandises de Vigos ". On y reconnaît des denrées de luxe : de la vaisselle précieuse, une assiette, des flacons et des couverts, une coupe couverte en porcelaine bleu et blanc, un miroir et une boîte de café, une boîte à thé en porcelaine, un couteau pliant, des ustensiles de toilette, des bouteilles d'onguent, un collier de perles, un paquet de chocolat.

Images : RMN - Grand Palais (Musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

L'indication " Marchandises de Vigos " fait allusion à la bataille navale de la baie de Rande dans l'estuaire de Vigo, le 23 octobre 1702, lors de la guerre de la Succession d'Espagne.
Le compartiment vide, à l'intérieur de la malle, est vraisemblablement destiné à contenir du tabac râpé supposé provenir, comme les autres marchandises, du butin de la bataille navale.

Images : RMN - Grand Palais (Musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

Merci, et bonjour cher LNLN,
Merci en particulier de m’avoir fait découvrir ce que contenait la hotte du petit colporteur d’ivoire…
J’ai toujours imaginé que cette petite statuette pouvait être l’objet préféré de la Reine dans ses collections…
Faut-il préciser que tous ces objets sont présentés au Louvre sur des tablettes de bois pétrifié. Ce sont celles qui ornaient les fameuses « cages » ( c’est à dire les vitrines ) du salon doré à Versailles. C’est Joseph qui les expédiait à sa sœur. Celle-ci, on s’en souvient, possédait un guéridon avec un plateau de la même matière, longtemps présenté dans la méridienne.

Bonjour cher Vicq !  

Vicq d Azir a écrit:  
Faut-il préciser que tous ces objets sont présentés au Louvre sur des tablettes de bois pétrifié. Ce sont celles qui ornaient les fameuses « cages » ( c’est à dire les vitrines ) du salon doré à Versailles. C’est Joseph qui les expédiait à sa sœur. Celle-ci, on s’en souvient, possédait un guéridon avec un plateau de la même matière, longtemps présenté dans la méridienne.

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas ces oeuvres, nous les présentons ici :

Collection de Marie-Antoinette d'objets et meubles en bois pétrifié

Vicq d Azir a écrit:

La galerie Kraemer expose en ce moment au Rond-Point des Champs-Elysées ce qui serait le pendant de cet objet, et qui lui a conservé son couvercle

A voir sur place, photos interdites hélas

Merci, Gouv' ! Roooh...Il fallait leur dire que tout le monde accorde une exclusivité au Forum de Marie-Antoinette précisément lorsqu'il s'agit de présenter un objet inédit qui lui a appartenu !

Soyons patient, une photo de l'objet finira bien par "fuiter" sur les réseaux sociaux.  

Un objet inédit, à la très belle provenance, que nous n'avions pas encore présenté dans ce sujet puisque le Louvre vient d'en "hériter" grâce à une dation.  

Socle d'un vase de Marie-Antoinette
Provenance : Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine ; Joséphine de Beauharnais ; Eugène de Beauharnais (...)

Socle d'un vase de Marie-Antoinette
Ange-Joseph Aubert (1736 - 1785), joaillier, orrfèvre
François Rémond (?, vers 1747 - 1812), doreur, ciseleur
1784
Jaspe rouge et jaune de Sicile, sardoine, agate, lapis lazuli, bronze doré
H 11 cm ; P 10,8 cm ; L 20 cm



Description du musée du Louvre :

Socle d'un vase en sardoine de Marie-Antoinette, ce dernier aujourd'hui perdu mais tous deux achetés sur sa cassette personnelle à l'orfèvre-joaillier Ange-Joseph Aubert, successivement en 1783 et en 1784.

Le socle a perdu son camée remplacé par une plaque de lapis lazuli. Le camée a été identifié: acheté en 1834 par la Bibliothèque royale au marchand d'art Camille Rollin, il est aujourd'hui conservé au département des Médailles et Antiques de la Bibliothèque nationale. C'est un camée de sardonyx brun clair et blanc jaunâtre avec Apollon et Marsyas.

Que voici...

Camée "Apollon et Marsyas"
Epoque hellénistique, Renaissance
Sardonyx (brun clair et blanc jaunâtre, à deux couches, taille en camée, camée) ; or (émaillé, monture)
H. 5,7 cm, l. 4,9 cm (avec monture)
Image : BNF, Département Médailles & Antiques

Historique (extrait) : Camée d'Apollon et Marsyas inséré dans le socle d'un vase en sardoine brune, par le joaillier de Marie-Antoinette, Ange-Joseph Aubert (1736-1785), livré à la reine en août 1784, acquis par Aubert à la vente après décès de Blondel d'Azincourt le 10 février 1783 dans l'hôtel de Louvois, n°445 (...)

Description : Apollon à demi-nu, de face et debout, les cheveux retombant sur les épaules. Il porte une chlamyde qui lui recouvre une partie des jambes. Sa main droite tient un plectre et sa main gauche maintient sa lyre appuyée contre sa poitrine. A ses pieds, Olympus qui implore la grâce de son maître Marsyas. Ce dernier, nu, assis sur une peau de lion exprime dans ses traits la douleur. Ses pieds sont chargés de chaînes et ses mains sont liées par derrière à un arbre mort. A côté de lui est posée sa flûte.

Merci LNLN ! Il serait intéressant de présenter les deux éléments ensemble !!!

Cela va peut-être se faire...d'ici quelques années !

Imaginons ce magnifique socle avec son camée et le vase de sardoine en complément...

Je reviens sur le petit bol en pierre dure du Louvre…



(C) Musée du Louvre

… car on m’a fait aimablement parvenir ces clichés du jumeau que j’évoque plus haut :







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La nuit, la neige a écrit:Cela va peut-être se faire...d'ici quelques années !  

Imaginons ce magnifique socle avec son camée et le vase de sardoine en complément...

Beaucoup de personnes en rêvent sans doute. et qui sait si , exceptionnellement, pour une exposition peut-être ?...

Gouverneur Morris a écrit:Je reviens sur le petit bol en pierre dure

Splendide petite chose !
Merci, mon cher Momo.

Ravissant !!

Merci beaucoup pour ces images inédites...