La vie de la famille royale aux Tuileries
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: L'histoire de Marie-Antoinette :: Marie-Antoinette et la Révolution française
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Re: La vie de la famille royale aux Tuileries
Chers amis,
Cet intéressant message fut adressé fin mai 1791 par un correspondant du Paris révolutionnaire aux Bayreuther Zeitung.
En général, cela coïncide aussi avec la correspondance de Madame Elizabeth, qui écrit le 4 juin 1791 à propos d'une promenade à cheval au lieu-dit Fosse dans les bois de Meudon, qu'elle verra aussi Versailles de là.
Même la reine pouvait sortir..même relativement loin..
Saviez vous-ce qu'est En Capot... ?
C'est une cape d'équitation ?
source: Bayreuther Zeitung: 1791, on line lisible google book mais vieil allemande.
Hier une partie de la cour royale a fait un promenade à Meudon et Bellevue. J'ai vu Mme Elisabeth arriver le matin et le Dauphin arriver le soir, qui a passé une heure à Bellevue. Pendant ce temps la Reine montait à cheval dans le bois de Meudon. Vers huit heures du soir je la vis revenir. Elle était assez légèrement vêtue en Capote et en chapeau rond. Elle était accompagnée aussi d'une dame seule et de deux membres la garde nationale et d'autres membres de leur entourage.
ma traduction
Cet intéressant message fut adressé fin mai 1791 par un correspondant du Paris révolutionnaire aux Bayreuther Zeitung.
En général, cela coïncide aussi avec la correspondance de Madame Elizabeth, qui écrit le 4 juin 1791 à propos d'une promenade à cheval au lieu-dit Fosse dans les bois de Meudon, qu'elle verra aussi Versailles de là.
Même la reine pouvait sortir..même relativement loin..
Saviez vous-ce qu'est En Capot... ?
C'est une cape d'équitation ?
source: Bayreuther Zeitung: 1791, on line lisible google book mais vieil allemande.
Hier une partie de la cour royale a fait un promenade à Meudon et Bellevue. J'ai vu Mme Elisabeth arriver le matin et le Dauphin arriver le soir, qui a passé une heure à Bellevue. Pendant ce temps la Reine montait à cheval dans le bois de Meudon. Vers huit heures du soir je la vis revenir. Elle était assez légèrement vêtue en Capote et en chapeau rond. Elle était accompagnée aussi d'une dame seule et de deux membres la garde nationale et d'autres membres de leur entourage.
ma traduction
Leos- Messages : 696
Date d'inscription : 29/12/2013
Age : 53
Localisation : Zlin, Tcheque
Re: La vie de la famille royale aux Tuileries
Merci Leos pour cette intéressante information.
J'ai le souvenir d'avoir lu en effet que la reine s'était rendue au château de Meudon, et à celui de Bellevue, pendant la Révolution. Mais j'ignorais qu'elle était monté à cheval dans le bois.
Je ne suis pas bien certaine du terme capot ou capote, mais je pense qu'il s'agit d'un habit d'équitation, une veste et une jupe, et non d'une cape.
Sur la promenade de Mme Élisabeth, il s'agit de la forêt de Fosse Repose que l'on traverse aujourd'hui depuis Ville d'Avray, et qui se termine à l'entrée de Versailles.
J'ai le souvenir d'avoir lu en effet que la reine s'était rendue au château de Meudon, et à celui de Bellevue, pendant la Révolution. Mais j'ignorais qu'elle était monté à cheval dans le bois.
Je ne suis pas bien certaine du terme capot ou capote, mais je pense qu'il s'agit d'un habit d'équitation, une veste et une jupe, et non d'une cape.
Sur la promenade de Mme Élisabeth, il s'agit de la forêt de Fosse Repose que l'on traverse aujourd'hui depuis Ville d'Avray, et qui se termine à l'entrée de Versailles.
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« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1392
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: La vie de la famille royale aux Tuileries
Merci M. de Coco j'ignorais cette appelation. Elle est encore plus compréhensible lorsque l'on observe l'état du pavillon avant sa reconstruction au XIXe, comme ici en 1849 :

(c) The Met
Gouverneur Morris- Messages : 10036
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La vie de la famille royale aux Tuileries
Ce dictionnaire en ligne propose plusieurs définitions dont la mante à capuchon et le manteau ou redingote militaire (ce qui me semble en effet plus approprié pour monter à cheval).Marie-Jeanne a écrit:
Je ne suis pas bien certaine du terme capot ou capote, mais je pense qu'il s'agit d'un habit d'équitation, une veste et une jupe, et non d'une cape.
Bon...

La nuit, la neige- Messages : 16736
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La vie de la famille royale aux Tuileries
Oui, le mot capot fait probablement référence aux habits pour monter à cheval de l'armée. Je ne l'ai jamais rencontré dans le vocabulaire concernant femmes.
Je doute que Marie-Antoinette ait porté la redingote féminine bleu, blanc, rouge d'inspiration militaire, dite
« Nationale » en vogue pendant la Révolution.
Je doute que Marie-Antoinette ait porté la redingote féminine bleu, blanc, rouge d'inspiration militaire, dite
« Nationale » en vogue pendant la Révolution.
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Marie-Jeanne- Messages : 1392
Date d'inscription : 16/09/2018
Messe de la famille royale aux Tuileries en 1791 ou 1792 ?
Déjà présenté ici, nous avions également évoqué ce tableau dans notre sujet consacré au mécénat à Versailles, puisqu'il bénéficie, depuis le mois de juin dernier, d'un avis d'appel au mécénat d'entreprise pour son acquisition communiqué par le ministère de la Culture.
En dépit d'un avis d'appel au mécénat d'entreprise qui porte sur 2 500 000 euros
, je n'ai retrouvé aucune image de bonne qualité de ce tableau ! Ni dans l'appel d'offre (lien ci-dessus), ni même sur le site du château de Versailles, que je trouve toujours aussi fouilli...
Bref, il faut donc se contenter de l'image disponible sur Wikipedia :

Messe de la famille royale aux Tuileries
Hubert Robert
Huile sur toile, 1791
37 × 46 cm
Image : Commons wikimedia
Rappel historique :
Ce tableau montre la famille royale lors d'une messe aux Tuileries le 12 juin 1791, jour de Pentecôte. L'office se déroule dans la galerie de Diane, ornée de tapisseries représentant de célèbres Conquêtes de Louis XIV. La précision de ce rare témoignage par Hubert Robert des événements révolutionnaires, peu représentés dans son œuvre, laisse à penser que le peintre, présenté au couple royal en 1774, a pu assister à cet office.
On sait que la toile a appartenu, probablement dès 1791, à Madame Du Barry (1743-1793) jusqu'à la saisie de ses biens de Louveciennes en 1793. Classée dans les objets précieux de l'ancienne favorite, la Messe fut par la suite remise par le Directoire, en mai 1797, à l'entreprise Benjamin Frères et Cie. Elle passa alors de main en main jusqu'à entrer dans les collections familiales de l'actuel propriétaire.
Le musée Carnavalet possède une reproduction photographique de l'oeuvre, décrite au début d'un 20e siècle comme La messe de la famille royale aux Tuileries dans la galerie de Diane, le 9 août 1792

Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Le contexte dramatique de la "dernière messe" avant l'assaut des Tuileries est également celui de la légende de l'illustration du livre de G. Lenotre Les Tuileries, faste et maléfices d'un palais disparu. (édition 1933)

La dernière messe de Louis XVI dans la galerie des Tuileries, 9 août 1792
Les Tuileries, par G. Lenotre (Paris, Firmin-Didot, 1933)
Extrait du livre :
Dans la crainte d’une nouvelle invasion, il (le roi) a exigé que la reine quittât son rez-de-chaussée et vînt occuper près de lui la chambre du dauphin pour lequel, tous les soirs, on dressera un lit. On a même renoncé aux offices dans la chapelle ; la messe est célébrée dans les appartements ; une peinture de l’époque, document extrêmement précieux, nous montre cette cérémonie : on y voit la galerie tendue de grandes tapisseries, un petit autel portatif, posé à même le parquet, la famille royale agenouillée et, à distance respectueuse, un groupe encore nombreux de courtisans, debout, le chapeau sous le bras *.
*Note : Cette toile achetée en 1791 par Mme Du Barry, appartient à M. Henri Loyer. Elle a été reproduite par M. François Laurentie dans son Louis XVII (1913).
Enfin, dans l'article consacré à cet Appel au mécénat d'entreprise pour une toile d'Hubert Robert du mois de juin 2022, le site La Tribune de l'Art publie une autre version de cette scène, qui semble être une gouache, mais dont je n'ai pas retrouvé les références ou la source.


Image : La Tribune de l'Art
En dépit d'un avis d'appel au mécénat d'entreprise qui porte sur 2 500 000 euros


Bref, il faut donc se contenter de l'image disponible sur Wikipedia :

Messe de la famille royale aux Tuileries
Hubert Robert
Huile sur toile, 1791
37 × 46 cm
Image : Commons wikimedia
Rappel historique :
Ce tableau montre la famille royale lors d'une messe aux Tuileries le 12 juin 1791, jour de Pentecôte. L'office se déroule dans la galerie de Diane, ornée de tapisseries représentant de célèbres Conquêtes de Louis XIV. La précision de ce rare témoignage par Hubert Robert des événements révolutionnaires, peu représentés dans son œuvre, laisse à penser que le peintre, présenté au couple royal en 1774, a pu assister à cet office.
On sait que la toile a appartenu, probablement dès 1791, à Madame Du Barry (1743-1793) jusqu'à la saisie de ses biens de Louveciennes en 1793. Classée dans les objets précieux de l'ancienne favorite, la Messe fut par la suite remise par le Directoire, en mai 1797, à l'entreprise Benjamin Frères et Cie. Elle passa alors de main en main jusqu'à entrer dans les collections familiales de l'actuel propriétaire.


Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Le contexte dramatique de la "dernière messe" avant l'assaut des Tuileries est également celui de la légende de l'illustration du livre de G. Lenotre Les Tuileries, faste et maléfices d'un palais disparu. (édition 1933)

La dernière messe de Louis XVI dans la galerie des Tuileries, 9 août 1792
Les Tuileries, par G. Lenotre (Paris, Firmin-Didot, 1933)
Extrait du livre :
Dans la crainte d’une nouvelle invasion, il (le roi) a exigé que la reine quittât son rez-de-chaussée et vînt occuper près de lui la chambre du dauphin pour lequel, tous les soirs, on dressera un lit. On a même renoncé aux offices dans la chapelle ; la messe est célébrée dans les appartements ; une peinture de l’époque, document extrêmement précieux, nous montre cette cérémonie : on y voit la galerie tendue de grandes tapisseries, un petit autel portatif, posé à même le parquet, la famille royale agenouillée et, à distance respectueuse, un groupe encore nombreux de courtisans, debout, le chapeau sous le bras *.
*Note : Cette toile achetée en 1791 par Mme Du Barry, appartient à M. Henri Loyer. Elle a été reproduite par M. François Laurentie dans son Louis XVII (1913).



Image : La Tribune de l'Art
La nuit, la neige- Messages : 16736
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La vie de la famille royale aux Tuileries
Cher La Nuit la neige,
Grand merci pour ces images.
juste un petit mot
Dans son journal, Louis XVI écrit ceci à propos de la fête du 12 juin… il ny a pas de ceremonie de Cordon? Grand Messe, Vesper et Salut en haut, Grand couvert
il écrit sur haut.. je pense qu'il est dans la chapelle..,
Car de retour de Varennes le 26 juillet il note sa présence à la Messe du dimanche dans la Gallerie/ qui je pense est celle de Diane... mais alors le plus de la messe s'y déroule déjà... jusqu'à la fin de l'année 1791 puis en 1792.
Leos
Grand merci pour ces images.
juste un petit mot
Dans son journal, Louis XVI écrit ceci à propos de la fête du 12 juin… il ny a pas de ceremonie de Cordon? Grand Messe, Vesper et Salut en haut, Grand couvert
il écrit sur haut.. je pense qu'il est dans la chapelle..,
Car de retour de Varennes le 26 juillet il note sa présence à la Messe du dimanche dans la Gallerie/ qui je pense est celle de Diane... mais alors le plus de la messe s'y déroule déjà... jusqu'à la fin de l'année 1791 puis en 1792.
Leos
Leos- Messages : 696
Date d'inscription : 29/12/2013
Age : 53
Localisation : Zlin, Tcheque
Re: La vie de la famille royale aux Tuileries
Merci pour ces informations complémentaires, cher Leos. Oui, nous sommes bien en 1791. Le tableau est peut-être daté ? Ce n'est pas précisé.
Quoiqu'il en soit, je me rends compte (à peine maintenant
) que la légende de cette image reproduite dans le livre de G. Lenotre est absurde !
Il précise lui-même dans ses notes que cette toile a été achetée en 1791 par Mme du Barry. Il ne peut donc s'agir d'une scène ayant eu lieu...un an plus tard !
Quoiqu'il en soit, je me rends compte (à peine maintenant


Il précise lui-même dans ses notes que cette toile a été achetée en 1791 par Mme du Barry. Il ne peut donc s'agir d'une scène ayant eu lieu...un an plus tard !

La nuit, la neige- Messages : 16736
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La vie de la famille royale aux Tuileries
Leos a écrit:
Saviez vous-ce qu'est En Capot... ?
C'est une cape d'équitation ?
Détective Goguelat pour vous servir.
J'ai trouvé dans le même ouvrage allemand de 1791 une autre référence à un "capot" et retrouvé l'illustration correspondante p8 fig2
"Dame Française dans un capot écarlate avec un chapeau noir Flamand"


Goguelat- Messages : 49
Date d'inscription : 10/02/2019
Localisation : New York
Re: La vie de la famille royale aux Tuileries
Merci cher Goguelat
Alors voici à quoi aurait pu ressembler notre reine à cheval en 1791 dans la forêt de Meudon ou dans le bois de Boulogne
Un observateur et correspondant de journal a pu la voir dans cette tenue.
Pour que vous puissiez lire le vieil allemand aussi .. Bravo
votre Leos
Leos- Messages : 696
Date d'inscription : 29/12/2013
Age : 53
Localisation : Zlin, Tcheque
Re: La vie de la famille royale aux Tuileries
Ce tableau de George Morland (peintre Anglais) The Squire's Door 1790s représente une tenue d'équitation très similaire à ce fameux "capot".
Je trouve aussi intéressant qu'en cette période trouble, la reine semble être encore à la pointe de la mode et que le "Journal du luxe et des modes" allemand la considère aussi encore comme telle en décrivant sa tenue d'équitation.

Je trouve aussi intéressant qu'en cette période trouble, la reine semble être encore à la pointe de la mode et que le "Journal du luxe et des modes" allemand la considère aussi encore comme telle en décrivant sa tenue d'équitation.

Goguelat- Messages : 49
Date d'inscription : 10/02/2019
Localisation : New York
Re: La vie de la famille royale aux Tuileries
Je reviens sur le sujet de la représentation de la Famille royale assistant à un office religieux dans la Galerie de Diane aux Tuileries.
Le catalogue de l’exposition new-yorkaise « The Winds of Revolution » en 1989 nous renseigne sur la gouache qui représente la famille royale assistant à cette messe, dont la légende a longtemps prétendu qu'elle aurait été célébrée à la veille de l'invasion du palais en août 1792.

L’œuvre figurait au catalogue au numéro 61 et Joseph Baillio – organisateur de l’exposition pour Wildenstein en collaboration avec l’Alliance française – en proposait une reproduction en couleur, jamais reprise depuis à ma connaissance, jusqu’à cette version donnée plus haut par La Nuit La Neige depuis le site de la Tribune de l’Art.

C’est donc au peintre Jean-Baptiste Mallet - auquel La Nuit La Neige a consacré récemment un de ses somptueux dossiers
– que nous devons la version à la gouache de cette scène traitée par deux artistes :
Gouache par Jean-Baptiste Mallet (25,5x36,4cm)
Huile sur toile par Hubert Robert (37,0x46,0cm)
La notice du catalogue n’indique pas que la gouache est signée; Joseph Baillio précise que « selon toute vraisemblance, Hubert Robert a utilisé la gouache comme modèle pour sa propre composition ».
Selon lui, la gouache – issue d’une collection polonaise, à Vienne – pourrait avoir été peinte pour la princesse Isabelle Lubomirska qui « faisait partie du cercle des intimes de Marie-Antoinette aux Tuileries et a continué à résider dans ses appartements du Palais Royal (?) jusqu’après l’exécution de la reine, avant de regagner ensuite la Pologne ».

Madame Vigée Le Brun a laissé un portrait de cette princesse Lubomirska :
Une autre hypothèse formulée par Joseph Baillio est qu’il pourrait s’agir de la messe du Dimanche des Rameaux, le 17 avril 1791. Il ajoute que, célébrée par un prêtre non jureur, cette messe serait à l’origine des incidents de la semaine suivante lorsqu’une foule en colère empêcha la Famille royale de rejoindre Saint-Cloud pour y célébrer Pâques. Tout ça sous les yeux du « blondinet » La Fayette, que Baillio pense pouvoir reconnaître sur la droite de la gouache, peut-être à l’air d’importance qu’il se donne.
Je n’ai pas vérifié pour la messe des Rameaux : fut-elle bien célébrée par un prêtre non assermenté? Quelles sources pouvons-nous citer ici ?
Dans sa présentation, La Nuit La Neige reprend une autre date, celle du dimanche de la Pentecôte, le 12 juin 1791.
L’occasion peut-être de s'interroger sur la période exacte pendant laquelle la galerie de Diane (Galerie des Ambassadeurs) a été utilisée pour les offices religieux. Nous avons certainement des spécialistes de la vie aux Tuileries parmi les membres du Forum pour nous renseigner avec précision.
Pour ma part, mes lectures me conduisent à penser que la scène représentée pourrait plutôt être datée entre le retour de Varennes fin juin 1791 et avant l’acceptation de la Constitution par le roi en septembre. Pendant cette période, la Famille royale est consignée dans ses appartements où elle est littéralement gardée à vue par la Garde Nationale. Pour éviter d’avoir à traverser toutes les Tuileries jusqu’à la Chapelle, La Fayette a pris la décision de faire installer un autel dans la Galerie attenante aux appartements du roi et de ses enfants. Je ne sais pas quelles sources pourraient indiquer que la chapelle n'était pas utilisée au printemps 1791 (?).
Le dernier dimanche passé aux Tuileries, le 5 août, la messe est bien célébrée à la Chapelle comme en attestent les souvenirs de Madame Campan, qui rappelle les quolibets que le roi et sa famille doivent essuyer sur leur parcours de la part d’une partie de la Garde Nationale. A ma connaissance, rien n’indique qu’une messe ait ensuite été célébrée les jours suivants dans la Galerie pour éviter un retour à la Chapelle.
Si l’on retient l’antériorité de la gouache de Jean-Baptiste Mallet comme y invite la datation (« vers 1791 » selon Joseph Baillio), Hubert Robert aurait donc ensuite copié Mallet en 1792, modifiant seulement quelques détails de la gouache. En 1792, ou peut-être dès 1791 ? Faut-il par ailleurs suivre Lenôtre quant à l’achat de la toile d’Hubert Robert par Madame du Barry ?... Bref, beaucoup de questions, comme à l'ordinaire!
Quoi qu’il en soit, voir cette petite huile rejoindre les collections nationales serait une bonne nouvelle, elle nous permettrait aussi – enfin – d'en avoir prochainement une image de qualité.
Le catalogue de l’exposition new-yorkaise « The Winds of Revolution » en 1989 nous renseigne sur la gouache qui représente la famille royale assistant à cette messe, dont la légende a longtemps prétendu qu'elle aurait été célébrée à la veille de l'invasion du palais en août 1792.

L’œuvre figurait au catalogue au numéro 61 et Joseph Baillio – organisateur de l’exposition pour Wildenstein en collaboration avec l’Alliance française – en proposait une reproduction en couleur, jamais reprise depuis à ma connaissance, jusqu’à cette version donnée plus haut par La Nuit La Neige depuis le site de la Tribune de l’Art.

C’est donc au peintre Jean-Baptiste Mallet - auquel La Nuit La Neige a consacré récemment un de ses somptueux dossiers

Gouache par Jean-Baptiste Mallet (25,5x36,4cm)
Huile sur toile par Hubert Robert (37,0x46,0cm)
La notice du catalogue n’indique pas que la gouache est signée; Joseph Baillio précise que « selon toute vraisemblance, Hubert Robert a utilisé la gouache comme modèle pour sa propre composition ».
Selon lui, la gouache – issue d’une collection polonaise, à Vienne – pourrait avoir été peinte pour la princesse Isabelle Lubomirska qui « faisait partie du cercle des intimes de Marie-Antoinette aux Tuileries et a continué à résider dans ses appartements du Palais Royal (?) jusqu’après l’exécution de la reine, avant de regagner ensuite la Pologne ».

Madame Vigée Le Brun a laissé un portrait de cette princesse Lubomirska :
Une autre hypothèse formulée par Joseph Baillio est qu’il pourrait s’agir de la messe du Dimanche des Rameaux, le 17 avril 1791. Il ajoute que, célébrée par un prêtre non jureur, cette messe serait à l’origine des incidents de la semaine suivante lorsqu’une foule en colère empêcha la Famille royale de rejoindre Saint-Cloud pour y célébrer Pâques. Tout ça sous les yeux du « blondinet » La Fayette, que Baillio pense pouvoir reconnaître sur la droite de la gouache, peut-être à l’air d’importance qu’il se donne.
Je n’ai pas vérifié pour la messe des Rameaux : fut-elle bien célébrée par un prêtre non assermenté? Quelles sources pouvons-nous citer ici ?

Dans sa présentation, La Nuit La Neige reprend une autre date, celle du dimanche de la Pentecôte, le 12 juin 1791.
L’occasion peut-être de s'interroger sur la période exacte pendant laquelle la galerie de Diane (Galerie des Ambassadeurs) a été utilisée pour les offices religieux. Nous avons certainement des spécialistes de la vie aux Tuileries parmi les membres du Forum pour nous renseigner avec précision.

Pour ma part, mes lectures me conduisent à penser que la scène représentée pourrait plutôt être datée entre le retour de Varennes fin juin 1791 et avant l’acceptation de la Constitution par le roi en septembre. Pendant cette période, la Famille royale est consignée dans ses appartements où elle est littéralement gardée à vue par la Garde Nationale. Pour éviter d’avoir à traverser toutes les Tuileries jusqu’à la Chapelle, La Fayette a pris la décision de faire installer un autel dans la Galerie attenante aux appartements du roi et de ses enfants. Je ne sais pas quelles sources pourraient indiquer que la chapelle n'était pas utilisée au printemps 1791 (?).
Le dernier dimanche passé aux Tuileries, le 5 août, la messe est bien célébrée à la Chapelle comme en attestent les souvenirs de Madame Campan, qui rappelle les quolibets que le roi et sa famille doivent essuyer sur leur parcours de la part d’une partie de la Garde Nationale. A ma connaissance, rien n’indique qu’une messe ait ensuite été célébrée les jours suivants dans la Galerie pour éviter un retour à la Chapelle.
Si l’on retient l’antériorité de la gouache de Jean-Baptiste Mallet comme y invite la datation (« vers 1791 » selon Joseph Baillio), Hubert Robert aurait donc ensuite copié Mallet en 1792, modifiant seulement quelques détails de la gouache. En 1792, ou peut-être dès 1791 ? Faut-il par ailleurs suivre Lenôtre quant à l’achat de la toile d’Hubert Robert par Madame du Barry ?... Bref, beaucoup de questions, comme à l'ordinaire!

Quoi qu’il en soit, voir cette petite huile rejoindre les collections nationales serait une bonne nouvelle, elle nous permettrait aussi – enfin – d'en avoir prochainement une image de qualité.
_________________
"Il faut retirer toutes les clefs (...) ne voulant qu'il n'entre dans mon jardin que les personnes connues et avec ma permission".
(note manuscrite de Marie-Antoinette à Bonnefoy du Plan, 1er juillet 1779)
Bonnefoy du Plan- Messages : 354
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: La vie de la famille royale aux Tuileries
Merci beaucoup, cher Bonnefoy, pour toutes ces précieuses informations complémentaires !
Il me semble en effet que nous pouvons reconnaître le style et le crayon de cet artiste que nous présentons longuement ici :
Le peintre Jean-Baptiste Mallet (1759-1835), chroniques de la société française de la fin du 18e siècle à la Restauration
Pourquoi un peintre très bien en cour (et " proche " de la famille royale) aurait-il eu besoin de s'appuyer sur une gouache d'un petit peintre habitué à dessiné des " scénettes de boudoir " ?
Et comment (et pourquoi) Mallet aurait-il pu être présent aux Tuileries et assister à cette scène intime de la famille royale ?
Cependant, nous retrouvons ce Mallet à d'autres occasions assez " fortes " (disons dans le récit des contre-révolutionnaires).
Voir nos échanges à partir de ce message dans le sujet qui lui est consacré.
Le 13 août 1792, peu avant le transfert de la famille royale au Temple :

Louis XVI, témoigne à ses fidèles amis, au moment d'être séparé d'eux, sa reconnaissance et celle de sa famille, le 13 août 1792
Jean-Baptiste Mallet
Dessin
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Dans son livre La famille royale au Temple, Charles-Eloi Vial précise que parmi tous les dessins et gravures bien connus qui illustrent Les adieux de Louis XVI à sa famille, le 20 janvier 1793, une esquisse est plus singulière que les autres puisque son auteur, le peintre Jean-Baptiste Mallet, était l'un des commissaires en service au Temple ce jour là.

Les Adieux de Louis XVI à sa famille (20 janvier 1793)
Jean-Baptise Mallet
Dessin
Localisation inconnue ?
Et quatre jours plus tard, il serait encore le témoin de la visite au Temple du docteur Brunier, venu soigner Madame Royale.

Madame Royale soignée par le médecin Brunier le 24 janvier 1793
Jean-Baptiste Mallet
Gouache sur trait de plume et encre noire, ca 1793
Selon Lady Mendl, à laquelle ce dessin a appartenu, Mallet se serait rendu au Temple en se faisant passer pour l'assistant de Brunier.
Image : Artcurial
Cela fait beaucoup ! Il était partout, ce Mallet...
Et j'ajoute encore, du temps de la Restauration, ce que nous connaissons sous la forme d'une gravure, d'après une oeuvre dudit Mallet :

Madame la duchesse d'Angoulême, au tombeau de ses parents
Philibert-Louis Debucourt (graveur), d'après Jean-Baptiste Mallet (peintre du modèle)
Estampe, 1814
Image : The Trustees of the British Museum
Rien ne me va !
On sait que la toile a appartenu, probablement dès 1791, à Madame Du Barry (1743-1793) jusqu'à la saisie de ses biens de Louveciennes en 1793. Classée dans les objets précieux de l'ancienne favorite, la Messe fut par la suite remise par le Directoire, en mai 1797, à l'entreprise Benjamin Frères et Cie. Elle passa alors de main en main jusqu'à entrer dans les collections familiales de l'actuel propriétaire.
J'imagine donc que tout ceci est sourcé, référencé ?


Ah ! Mais oui ! Je m'en veux de ne pas avoir pensé à cet artiste.Bonnefoy du Plan a écrit:
C’est donc au peintre Jean-Baptiste Mallet - auquel La Nuit La Neige a consacré récemment un de ses somptueux dossiers – que nous devons la version à la gouache de cette scène traitée par deux artistes



Ah ? Tiens ? Je serais plutôt tenté de penser le contraire.Bonnefoy du Plan a écrit:
(...) Joseph Baillio précise que « selon toute vraisemblance, Hubert Robert a utilisé la gouache comme modèle pour sa propre composition ».

Pourquoi un peintre très bien en cour (et " proche " de la famille royale) aurait-il eu besoin de s'appuyer sur une gouache d'un petit peintre habitué à dessiné des " scénettes de boudoir " ?
Et comment (et pourquoi) Mallet aurait-il pu être présent aux Tuileries et assister à cette scène intime de la famille royale ?

Cependant, nous retrouvons ce Mallet à d'autres occasions assez " fortes " (disons dans le récit des contre-révolutionnaires).



Louis XVI, témoigne à ses fidèles amis, au moment d'être séparé d'eux, sa reconnaissance et celle de sa famille, le 13 août 1792
Jean-Baptiste Mallet
Dessin
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris



Les Adieux de Louis XVI à sa famille (20 janvier 1793)
Jean-Baptise Mallet
Dessin
Localisation inconnue ?


Madame Royale soignée par le médecin Brunier le 24 janvier 1793
Jean-Baptiste Mallet
Gouache sur trait de plume et encre noire, ca 1793
Selon Lady Mendl, à laquelle ce dessin a appartenu, Mallet se serait rendu au Temple en se faisant passer pour l'assistant de Brunier.

Image : Artcurial
Cela fait beaucoup ! Il était partout, ce Mallet...



Madame la duchesse d'Angoulême, au tombeau de ses parents
Philibert-Louis Debucourt (graveur), d'après Jean-Baptiste Mallet (peintre du modèle)
Estampe, 1814
Image : The Trustees of the British Museum
Bonnefoy du Plan a écrit: (...) la princesse Isabelle Lubomirska qui « faisait partie du cercle des intimes de Marie-Antoinette aux Tuileries et a continué à résider dans ses appartements du Palais Royal (?) jusqu’après l’exécution de la reine (...) ».



Le ministère de la Culture qui présente cet avis d'appel au mécénat d'entreprise pour l'acquisition de l'huile sur toile reprend cette information :Bonnefoy du Plan a écrit:Faut-il par ailleurs suivre Lenôtre quant à l’achat de la toile d’Hubert Robert par Madame du Barry ?...
On sait que la toile a appartenu, probablement dès 1791, à Madame Du Barry (1743-1793) jusqu'à la saisie de ses biens de Louveciennes en 1793. Classée dans les objets précieux de l'ancienne favorite, la Messe fut par la suite remise par le Directoire, en mai 1797, à l'entreprise Benjamin Frères et Cie. Elle passa alors de main en main jusqu'à entrer dans les collections familiales de l'actuel propriétaire.
J'imagine donc que tout ceci est sourcé, référencé ?
La nuit, la neige- Messages : 16736
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La vie de la famille royale aux Tuileries
Merci pour une lecture intéressante cher Bonnefoy et La Nuit la neige.
J'aime ce tableau Messe de la famille royale aux Tuileries parce que je le vois comme une photo...
Je crois que c'est une image réaliste et c'est à quoi ressemblait vraiment la galerie... elle semble assez magnifiquement décorée.
Leos
J'aime ce tableau Messe de la famille royale aux Tuileries parce que je le vois comme une photo...
Je crois que c'est une image réaliste et c'est à quoi ressemblait vraiment la galerie... elle semble assez magnifiquement décorée.
Leos
Leos- Messages : 696
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Re: La vie de la famille royale aux Tuileries
j'ai eu ce tableau (la messe aux tuileries) en mains pour l'accrocher sur les murs de la mairie du V° arrondissement lors de l'exposition "quand Paris mettait Versailles à l'encan-
il appartenait à une Madame DE R. la cousine de la célèbre collectionneuse
je ne sais à ce jour où se trouve le tableau après le décès de cette dame.
Marie Antoinette
il appartenait à une Madame DE R. la cousine de la célèbre collectionneuse
je ne sais à ce jour où se trouve le tableau après le décès de cette dame.
Marie Antoinette

MARIE ANTOINETTE- Messages : 3697
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Re: La vie de la famille royale aux Tuileries
De mon point de vue la toile de la messe aux Tuileries pourrait être fictive. Si cette messe a eu lieu telle que représentée, je la crois ultérieure au retour de Varennes le 25 juin 1791, et possiblement plus tard.
Il ne peut s'agir d'une messe en relation avec les Rameaux ou la Pentecôte, où l'habit d'étiquette était de rigueur y compris aux Tuileries. Pendant toute la période révolutionnaire, les facturations des marchandes de modes de Marie-Antoinette en attestent très précisément en mentionnant les fêtes religieuses auxquelles leurs travaux étaient destinés. De plus je ne crois pas que la reine aurait dérogé à l'étiquette dans une circonstance solennelle, et encore moins qu'elle ait renoncé à sa dignité à aucun moment.
Par ailleurs les sources indiquent sans aucun doute possible, que la garde-robe de Marie-Antoinette aux Tuileries ne différait aucunement de celle de Versailles. La différence ne résidait pas dans la qualité ou les types d'habillements, mais dans les quantités seulement, quoique encore très abondantes. De même les vestiaires de son entourage, Mme de Lamballe ou Mme de Tourzel par exemple, dont nous avons connaissance par les inventaires.
Sur le tableau, les habillements informels des femmes pourraient s'expliquer soit par une date proche du 10 août 1792, soit par l'interprétation du peintre ayant pu voir la famille royale à Paris en tenues informelles bourgeoises, mais dans d'autres circonstances.
Il ne peut s'agir d'une messe en relation avec les Rameaux ou la Pentecôte, où l'habit d'étiquette était de rigueur y compris aux Tuileries. Pendant toute la période révolutionnaire, les facturations des marchandes de modes de Marie-Antoinette en attestent très précisément en mentionnant les fêtes religieuses auxquelles leurs travaux étaient destinés. De plus je ne crois pas que la reine aurait dérogé à l'étiquette dans une circonstance solennelle, et encore moins qu'elle ait renoncé à sa dignité à aucun moment.
Par ailleurs les sources indiquent sans aucun doute possible, que la garde-robe de Marie-Antoinette aux Tuileries ne différait aucunement de celle de Versailles. La différence ne résidait pas dans la qualité ou les types d'habillements, mais dans les quantités seulement, quoique encore très abondantes. De même les vestiaires de son entourage, Mme de Lamballe ou Mme de Tourzel par exemple, dont nous avons connaissance par les inventaires.
Sur le tableau, les habillements informels des femmes pourraient s'expliquer soit par une date proche du 10 août 1792, soit par l'interprétation du peintre ayant pu voir la famille royale à Paris en tenues informelles bourgeoises, mais dans d'autres circonstances.
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« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1392
Date d'inscription : 16/09/2018
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