Les souliers et chaussures de Marie-Antoinette

Petite présentation vidéo de celui conservé à Carnavalet :

https://fb.watch/3TdQ-lbkGt/

Merci

Ah ! Merci Gouv'.
Je suis content de voir que nous retrouverons à Carnavalet quelques " reliques " et autres objets de vitrine (pas tous d'un grand intérêt ), vestiges de l'ancien étage consacré à la Révolution...

Ainsi donc de ce soulier, oublié dans les réserves de Carnavalet, dont nous ne connaissions pour l'instant qu'une mauvaise image en noir et blanc publiée plusieurs fois dans ce sujet.

Voici donc quelques captures d'écran, en attendant que les reporters du Forum de Marie-Antoinette soient bientôt invités à l'occasion de la réouverture du musée.  

C'est curieux la conception du talon n'est pas du tout la même que les autres souliers dits de Marie-Antoinette.

Le soulier évoqué ci-dessus fait partie de la cinquantaine " d'oeuvres incontournables " présentées sur le nouveau site internet du musée Carnavalet.
Je cite sa présentation :


Soulier de Marie-Antoinette d'Autriche
1792
L. 22 ; l. 9-8 cm ; H. 9 cm
Don d’Henry Moreau, arrière petit-neveu de M. d’Ennecey de Champuis, en 1914
Image : Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Note du musée :

Trois souliers conservés dans les collections publiques racontent le destin de Marie-Antoinette : sa pantoufle rose, couverte de paillettes et de perles au temps de sa splendeur de reine de France, son soulier supposé des Tuileries, qui témoigne de sa chute, et celui qu’elle aurait porté lors de son exécution le 16 octobre 1793.

Le soulier de la reine arraché le 10 août 1792 des mains d’un des envahisseurs par M. d’Ennecey de Champuis, qui défendait le château des Tuileries comme grenadier des Filles-Saint-Thomas, devient le scénario du sauvetage héroïque d’une chaussure par un corps à corps. Les souvenirs royaux affluent dans les collections au début du 20e siècle. Ceux de Marie-Antoinette, au nombre de trente dans les collections de Carnavalet, sont des objets de toilette, des textiles, des éventails, des bijoux, des jeux lui ayant appartenu, ou des mèches de cheveux.






Images : Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris

La nuit, la neige a écrit:et celui qu’elle aurait porté lors de son exécution le 16 octobre 1793.

Comment !       Il n'est plus à Caen ?!!

Je suppose que oui.    
Il est juste précisé : Trois souliers conservés dans les collections publiques (...)

Le musée Carnavalet a écrit:
Trois souliers conservés dans les collections publiques racontent le destin de Marie-Antoinette : sa pantoufle rose, couverte de paillettes et de perles au temps de sa splendeur de reine de France, (...)

Was ist das ?    
Ceci ?

Image : Pinterest / musée Carnavalet


Image : Forum de Marie-Antoinette

Oui probablement ce sont celles-ci. Côté légendes çà ne s'arrange à Carnavalet !  
Elle avait bien du mérite Marie-Antoinette d'enfiler des « pantoufles » à talons de 10cm au saut du lit      
Ce sont des mules, généralement portées avec une robe parée ou un grand habit d'étiquette. Si ma mémoire est bonne elles sont en soie beige rosé, brodée et perlée.

Sauf s'il était en dépôt, le soulier de Caen y restera certainement, mais il ne peut pas être celui de l'échafaud.

Les légendes ayant la vie dure, voici la liste de tous les souliers livrés à Marie-Antoinette au Temple, depuis aout 1792 jusqu'à juillet 1793. Vous verrez qu'aucun ne ressemble à celui de Caen, ni par les matières, ni par les coloris.

En revanche, ceux recouverts de « ras de Saint-Cyr noir », une étoffe rase en usage pour le deuil, recoupent la narration de Rosalie Lamorlière. Elle évoque des souliers « noirs de prunelle », à comprendre « en prunelle noire » ; la prunelle n'étant pas une couleur, mais une étoffe similaire au ras de Saint-Cyr.

Fourni par Effling cordonnier
13 aout 1792 : 1 paire de souliers de taffetas puce, 12 livres.
15 aout 1792 : 1 paire en taffetas bleu, 12 livres.
17 aout 1792 : 2 paires gros bleu et 1 gros vert, 24 livres.
1 septembre 1792 : 2 paires, 1 grise et une puce, 24 livres.
15 septembre 1792 : 1 paire de taffetas gris, 12 livres.
21 octobre 1792 : 2 paires de souliers en peau de chèvre noire, 12 livres.
30 janvier 1793 : 1 paire de souliers en drap de Saint-Cyr noir, 12 livres.
24 avril 1793 : 3 paires de souliers de même drap de Saint-Cyr noir, 36 livres.
Avoir rabaissé 2 paires de talons, 4 livres. (peut être ceux de l'échafaud dit à la Saint-Huberty, donc bas, par Rosalie Lamorlière)

Fourni par Wolff, cordonnier
19 décembre 1792 : 2 paires de souliers de taffetas gris, 20 livres
14 janvier 1793 : 6 paires de souliers de taffetas gris, 72 livres
31 janvier 1793 : 2 paires de souliers de ras de Saint-Cire noir pour le deuil, 24 livres
21 mars : 3 paires de souliers en ras de Saint-Cire noir (prix nom détaillé)
15 juillet 1793 : 3 paires de souliers en ras de Saint-Cire noir, 42 livres

Soit 31 paires de chaussures en tout. Madame Royale et Madame Élisabeth reçurent des quantités identiques. Inutile de préciser que la reine ne passait pas de commandes nouvelles à la Conciergerie...

Source : Marie-Antoinette l'affranchie, Sylvie Le Bras-Chauvot, Armand Colin, 2020.

Chére Marie Jeanne,
Merci .. je suis très enrichi ..pour des informations sur la vie de la Reine ... dans le Temple
Il semble donc qu'elle n'ait pas vraiment souffert de besoin matériel.
/ du moins de mon point de vue .. certainement dans les moments plus heureux, elle avait beaucoup plus de chaussures / aussi en termes de robes ..
Mais encore une fois dans le Temple dans un petit espace théoriquement, elle ne pouvait pas passer ainsi ..
porter....

Comme vous l'avez remarqué une fois ... il est bon de toujours tout vérifier.

Leos

Merci Marie-Jeanne pour ces précieuses informations.

Marie-Jeanne a écrit:
Fourni par Effling cordonnier
(...)

17 aout 1792 : 2 paires gros bleu et 1 gros vert, 24 livres.
1 septembre 1792 : 2 paires, 1 grise et une puce, 24 livres.

Aucune chance pour que le soulier de Caen soit du " puce " signalé ci-dessus ?
Que sont des " gros bleu et vert " ?

Je remarque tout de même beaucoup de taffetas et de matières légères (à l'exception de la paire en peau de chèvre). La reine devait se geler les pieds au Temple une fois l'hiver venu !

Cher Leos,
Bien sur la reine comme toute la famille royale n'ont pas matériellement manqué de l'essentiel au Temple. Mais il faut relativiser car beaucoup de femmes de la moyenne, et même de la petite bourgeoisie parisienne, possédaient des garde-robes bien plus fournies, comme j'ai pu le voir dans les inventaires après décès de la période. J'ai par ailleurs le souvenir précis que la roi et la reine demandèrent eux-mêmes, que peu de dépenses soient faites pour leur entretien. Je vous rechercherai la source exacte.

À vrai dire, la garde-robe du Temple est même modeste, si on tient compte de l'usure rapide des vêtements de l'époque, en particuliers dans l'environnement malsain non aéré de la forteresse. Les factures de la blanchisseuse indiquent d'ailleurs des réparations et des raccommodages. Après près de cinq mois durant lesquels y n'y eut que très peu de renouvellements, les vêtements de la reine devaient être en bien mauvais état. Ceux du deuil de Louis XVI tiendront pendant plus de 8 mois pour finir dans un état pitoyable à la Conciergerie, si on en croit les témoins.
 
Cher LNLN,
Non aucune chance pour les souliers de Caen car ils sont en cuir, alors que ceux livrés au Temple sont recouverts de taffetas (soie).



Gros bleu et gros vert ? Pas facile de répondre rapidement, mais si ma mémoire est bonne, ce sont de nuances très sombres.

Marie-Jeanne a écrit:
Gros bleu et gros vert ? Pas facile de répondre rapidement, mais si ma mémoire est bonne, ce sont de nuances très sombres.

Oui, c'est cela !     
bleu foncé, vert foncé 


Dictionnaire de l'Académie française: Institut de France

Tiens, ils ne parlent pas de Gros de Naples là-dedans ... ?

Comte d'Hézècques a écrit:Tiens, ils ne parlent pas de Gros de Naples là-dedans ... ?  

Si si, tu penses, bien-sûr !  

Félix n'avait pas ses lunettes

Merci Éléonore d'avoir vérifié pour moi

Marie-Jeanne a écrit:Merci Éléonore d'avoir vérifié pour moi

Mais de rien, c'est un plaisir. Tu cours déjà après tellement de sources et d'archives   
 ...   que tu nous épates tous !  

Certaines sources sont dans ma mémoire, mais la plupart sont dans mes tablettes, je n'ai pas loin à les rechercher.

Marie-Jeanne a écrit:Cher Leos,  J'ai par ailleurs le souvenir précis que la roi et la reine demandèrent eux-mêmes, que peu de dépenses soient faites pour leur entretien. Je vous rechercherai la source exacte

Voici de quoi il s'agit: Début novembre 1792, Drouet (celui de Varennes) alors commissaire du comité de sureté général, était en mission au Temple pour rendre compte de la situation des prisonniers, de la façon dont ils étaient gardés et traités. Il déclara qu'ils ne se plaignaient ni du logement, ni de la nourriture, mais qu'ils désiraient que le montant de leurs dépenses personnelles mensuelles soit fixé, pour ne pas dépasser cette limite.

Récemment photographié au musée Carnavalet, ouvert depuis peu et après 4 ans de travaux, le soulier présenté comme le...

Soulier supposé de Marie-Antoinette, arraché des mains d'un insurgé lors de la prise des Tuileries le 10 août 1792.
Anonyme
Soie, bois, cuir
c. 1792
Longueur 22 cm - Hauteur 9 cm - Largeur 8 cm

Soulier supposé de Marie-Antoinette, qui aurait été arraché lors de la prise des Tuileries des mains d’un insurgé par M. d’Ennecey de Champuis, garde national du bataillon des Filles-Saint-Thomas



Voir nos autres messages, en amont, pour plus de détails et d'images concernant ce soulier.

Le Point revient ce jour sur le soulier que la Reine aurait perdu en montant sur l'échafaud :

Qu’est devenu le soulier perdu par Marie-Antoinette à l’échafaud ?

Rien de bien neuf sinon une jolie vidéo

Merci, mon cher Momo.
Mythe ou réalité, ce petit soulier garde tout son mystère,   mais pour tout savoir sur le comte de Guernon-Ranville ...

... notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t6022-le-comte-martial-de-guernon-ranville-1787-1866#188223