Les portraits de Louis XVII, prisonnier au Temple
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fleurdelys- Messages : 668
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Les portraits de Louis XVII, prisonnier au Temple
Les portraits de Louis Charles prisonnier se firent de plus en plus rares après avril 1793, où un décret de la Convention interdit de représenter la famille royale et d'en détenir des reproductions.
Certains, comme le dessin par Lavit, qui montait la garde au Temple, furent pris « à la volée », en cachette des municipaux. Plus nombreux sont ceux qui sont œuvres d'imagination, d'après des gravures du temps ou des descriptions orales : le résultat n'est guère brillant. Songez au portrait de Vien, où l'enfant, d'une maigreur maladive, (alors qu'en 1793 il a beaucoup grossi, d'après Mme Royale), a l'air coiffé d'une perruque aussi raide qu'encombrante.
Sous la garde de Simon, les portraits montrant le petit roi en costume révolutionnaire ne brillent pas par l’exactitude. Et chacun de représenter Louis Charles à sa manière, tantôt à la façon de Greuze : un bel enfant aux boucles savamment ondulées, tantôt à la manière de Prieur ou de Boilly, visant à émouvoir sur la situation du petit prisonnier, sans chercher la ressemblance, même approximative.
Notons quand même que Prieur a su rendre la petite taille de son modèle, dont les pieds ne touchent pas terre lorsqu'il est assis sur une chaise !
L'histoire doit donc venir à notre aide : existe-t-il des faits qui puissent nous guider dans ce dédale de portraits ?
Un premier fait avéré par les historiens (dont Antoine et Laurentie), c'est que la citoyenne Simon coupa les cheveux de Louis Charles, l'été 1793, peu de temps après qu'on l'ait séparé de sa mère. Était-ce une brimade ? ? Un élément du jeu du « Roi dépouillé » ? Peut-être, et nous allons bientôt en avoir une explication vraisemblable. En attendant, retenons que le petit roi aura désormais les cheveux courts pendant quelques mois. C'est ensuite le réseau d'Antraigues qui intervient, pour nous révéler que d'après Simon, on aurait présenté à l'enfant des filles « emputinées » pour l'amener à témoigner contre la Reine. Nous n'avons aucun témoignage de ce genre au Temple, où l'arrivée de ces demoiselles aurait fait un assez joli scandale.
Alors, invention du savetier ? Là, nous possédons un témoin, et de taille. Il s'agit du peintre Hubert Robert, qui, sur la dénonciation du Comité de surveillance des Tuileries, fut incarcéré à Sainte Pélagie dans des conditions singulières.
Nous avons en effet un mandat d'arrêt du 3 octobre 1793, qui fut ensuite post daté du 8ème jour du 2ème mois (soit le 29 octobre) ; la date de l'entrée est le 8ème jour de l'an II, soit le 29 septembre 1793 !
En fait, les préposés aux registres d'écrou s'embrouillent complètement avec les nouvelles dates révolutionnaires qui seront obligatoires à partir du 17 octobre (soit le 26 ème jour du 1er mois de l'an II, ou 26 vendémiaire ...). De toutes façons, l'entrant ne fut fouillé que le 15 brumaire, soit le 5 novembre ! Le peintre côtoya donc les Comédiens Français qui se trouvaient à Sainte Pélagie et particulièrement parmi les actrices, Mesdemoiselles Contat, Lange et Raucourt. On se doute que ces dames refusèrent hautement de débaucher un enfant de huit ans et que, faute de jouer avec des « filles », le petit Capet joua aux cartes avec le savetier.
C'est cette scène qu'Hubert Robert prit sur le vif. Simon est très reconnaissable à son bonnet de fourrure, sa pipe et sa fiasque de vin. Quant à Louis Charles, dont les pieds ne touchent toujours pas le sol, il a une chemise ouverte sur un « jacton » (petite jaquette sans manches) et un linge autour de ses cheveux courts. Eh oui, notre petit Capet avait des poux, sans doute pris au contact des Simon et de leurs acolytes.
Et par un affreux jeu de mots, qui dut enchanter la populace de la prison, le « Roi dépouillé » devint le « Roi épouillé » ... La citoyenne Simon avait donc dû lui couper les cheveux, les enduire de vinaigre et maintenir le tout avec un linge ou un bonnet de coton. C'est encore une méthode utilisée de nos jours ... Cette scène singulière inspira le peintre, qui au début de son incarcération, pouvait se promener librement dans sa prison, et en profita pour croquer des scènes de genre. Le dessin au lavis est intitulé «Partie de cartes à Sainte Pélagie ».
Sa copie par le peintre Houel, au musée de Nantes, est désignée différemment : «Louis XVII et le cordonnier Simon». La scène est
identique, seuls quelques détails du décor diffèrent.
Quelques jours plus tard, après Sainte Pélagie, nous retournons à la tour du Temple, le 8 octobre 1793. C'était le second jour de l'interrogatoire de Louis Charles destiné à le faire témoigner contre sa mère. On connaît cette infâme tentative d'Hébert qui se retourna contre les accusateurs au procès de la Reine. Le peintre David y assistait, et ne résista sans doute pas à la tentation de faire un croquis du petit prisonnier.
Seul, un dessin un peu effacé attribué à l'artiste révolutionnaire nous restitue la physionomie du petit roi lors de cette pénible séance de questions dont il ne comprenait ni le sens, ni la portée. On voit un enfant blond, aux cheveux coupés courts, à la tête ronde ; une oreille assez marquée est à moitié dissimulée sous les mèches de la coiffure.
Ce qui est très notable dans ce dessin, c'est que Louis Charles est exactement habillé comme dans le lavis d'Hubert Robert, quelques jours auparavant, avec un col relevé et un jacton sans manches d'où sort une manche de chemise.
C'est bien le portrait d'un enfant de huit ans, dont l'expression est difficile à interpréter un mélange d'attention un peu craintive, de demi sourire interrogateur, de bonne grâce pour désarmer le tribunal improvisé qui le harcèle de questions; mais l'innocence et la naïveté de l'enfance ne se lisent guère dans ce regard, trop mûr après les épreuves qu'il a déjà traversées et l'éducation « sans culottière » du citoyen Simon.
Tragique témoignage ! Ce sera le dernier portrait que nous aurons du petit Capet avant le départ du savetier et de sa femme, et avant les mois dits « de l'enfermement » qui se termineront par l'apparition d'un enfant bien différent, qu'un élève de David, Moriès, croquera sur le vif un an plus tard.
( Laure de la Chapelle, Cercle d'étude historique sur la question Louis XVII )
.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les portraits de Louis XVII, prisonnier au Temple
Consternante évocation que je n'avais jamais lue !Mme de Sabran a écrit:Le peintre côtoya donc les Comédiens Français qui se trouvaient à Sainte Pélagie et particulièrement parmi les actrices, Mesdemoiselles Contat, Lange et Raucourt. On se doute que ces dames refusèrent hautement de débaucher un enfant de huit ans et que, faute de jouer avec des « filles », le petit Capet joua aux cartes avec le savetier.
Le début du petit Roi emprisonné commencent à la mort de son père ... dont voici les adieux :
Cela termine cinq mois de captivité de toute la Famille Royale :
Mais cette captivité ne commença-t-elle pas à Varennes?
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Les portraits de Louis XVII, prisonnier au Temple
Pervertir l'enfant, accuser des pires saletés la mère étaient bien un objectif des révolutionnaires. àè-è\':
Invité- Invité
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les portraits de Louis XVII, prisonnier au Temple
Pour le troisième, j'ai toujours vu qu'il s'agissait du duc de Bourgogne, frère de Louis XVI.
Pour celui que tu n'aimes pas, mon sentiment à son égard est un peu différent. En fait, il m'effraie. Terriblement. Quand je le vois, je serais presque à sursauter ou pousser un cri.
Pour celui que tu n'aimes pas, mon sentiment à son égard est un peu différent. En fait, il m'effraie. Terriblement. Quand je le vois, je serais presque à sursauter ou pousser un cri.
Invité- Invité
Re: Les portraits de Louis XVII, prisonnier au Temple
Reinette a écrit:Pour celui que tu n'aimes pas, mon sentiment à son égard est un peu différent. En fait, il m'effraie. Terriblement. Quand je le vois, je serais presque à sursauter ou pousser un cri.
Si je ne l'aime pas c'est aussi qu'il m'effraie tant on lit la souffrance dans le regard de cet enfant !
Bien à vous.
Invité- Invité
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les portraits de Louis XVII, prisonnier au Temple
Incontestablement David était un remarquable artiste. Pas besoin d'artifice comme les yeux au ciel, baissés ou de biais, la maigreur, etc pour donner de l'émotion. Là, on y voit un vrai enfant. Un enfant partagé entre l'angoisse et l'envie de jouer toute naturelle à son âge.
Et c'est fou comme y retrouvent ses parents...
Et c'est fou comme y retrouvent ses parents...
Invité- Invité
Re: Les portraits de Louis XVII, prisonnier au Temple
Reinette a écrit:
Normalement, si je ne m'abuse, il s'agit du duc de Bourgogne.
Pauvre petit, on le sent aux portes de la mort ...
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les portraits de Louis XVII, prisonnier au Temple
Il faut savoir que certains peintres ne connaissaient pas du tout la famille royale et ne peignaient que selon leur bons désirs et imagination, sans se préoccuper de la ressemblance ou pas. Ce fût le cas parfois pour le Roi et la Reine. C'est le cas ici du petit Duc de Normandie.
Je pense plutôt à ces moments terribles que ce pauvre enfant a dû endurer pendant sa captivité. C'est déchirant.
Je pense plutôt à ces moments terribles que ce pauvre enfant a dû endurer pendant sa captivité. C'est déchirant.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Autres portraits...
J' ai retrouvé quelques portraits du dauphin (puis Roi...), ayant fait partie de la collection Bancel, maintenant dispersée. Le plus intéressant est celui en noir et blanc (ou il a un chapeau avec cocarde), car il aurait été fait à distance au "physionotrace", à partir d' un immeuble qui donnait (avant les destructions qu'on connaît), sur la Tour du Temple...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Les portraits de Louis XVII, prisonnier au Temple
Merci pour cet inédit !
Le petit est encore fort bien mis, avec son jabot de dentelle .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les portraits de Louis XVII, prisonnier au Temple
Ces deux derniers portraits se ressemblent étrangement... c'est si rare dans les représentations du petit Roi : dans tout ce que nous avons posté pas un portrait ne ressemble à un autre... àè-è\':
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Les portraits de Louis XVII, prisonnier au Temple
J'adore ces profils si réalistes ! :n,,;::::!!!: On y sent un petit garçon coquin. Ce que laissait entendre je trouve le portrait de David.
Invité- Invité
Re: Les portraits de Louis XVII, prisonnier au Temple
L'un est brun, l'autre blond comme les blés .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les portraits de Louis XVII, prisonnier au Temple
...on l'a même représenté roux...
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
fleurdelys- Messages : 668
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 54
Localisation : Québec
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