La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La France et le Monde au XVIIIe siècle :: Les Lumières : Littérature, sciences et philosophie
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La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
Tiens donc ! :n,,;::::!!!: Je n'avais pas encore rapatrié ici cet intéressant sujet, ouvert devinez où ( : ), autrefois, par notre ami Calonne .
Calonne a écrit :
Parmi les sciences qui progressent au siècle des lumières, n'oublions pas la médecine. LOUIS XV lui-même s'y intéressa et fît en sorte de perfectionner les études des médecins, afin de les distinguer des vulgaires barbiers de village.
C'est l'époque de l'inoculation, ancêtre de la vaccination. Le procédé est déjà bien établi : on pratique une incision sur l'avant-bras pour y injecter un petit peu de la maladie, puis on laisse l'organisme réagir et produire ses défenses naturelles. Le britannique JENNER perfectionnera le système à la fin du siècle, entrant dans l'Histoire. L'inoculation se pratiquait abondamment chez les chinois, les turcs et certains pays d'Europe, surtout contre la vérole (la VARIOLE) qui faisait des ravages. La fameuse maladie qui tue ou défigure (MIRABEAU en savait quelque chose)...
Malgré tout, même dans les pays où elle était courante, l'inoculation engendrait la méfiance et certains la refusaient. Ainsi, le sultan ABDUL-HAMID avait refusé d'y soumettre sa famille et il perdît ainsi trois de ses enfants. Un de ses successeurs, SELIM, garda des marques sur le visage et le corps.
En FRANCE, l'Eglise était farouchement contre, trouvant satanique le procédé de délibérément contaminer un organisme sain, d'y introduire le mal. Ailleurs, on sait qu'il en allait autrement. MARIE ANTOINETTE Elle-même fût inoculée et ainsi protégée.
La médecine progresse indiscutablement à cette époque : on commence à percer certains secrets du diabète, LAVOISIER découvre les mystères de la respiration et du sang (avant lui, on croyait que l'air pénétrait le sang et circulait ainsi dans l'organisme pour le vivifier), on commence à utiliser la digitale pour soutenir le coeur, l'arsenic liquide contre l'anémie, on prend l'habitude de tâter le pouls, on comprend que la fièvre est une réaction de défense naturelle de l'organisme...
L'accouchement devient plus profitable à la mère et l'enfant. Dans certains hôpitaux parisiens, on utilise des mannequins de bois articulés pour "entraîner" les praticiens.
Malgré tout, il y a encore beaucoup à faire : les maladies vénériennes font des ravages, il n'y a pas d'anesthésie, on cautérise au fer rouge, l'hygiène est souvent absente, le bain est un événement encore exceptionnel...
Sans parler de la redoutable saignée, beaucoup trop commune, destinée à faire tomber la fièvre et purger le corps de ses humeurs...
... un petit bouturage, ça vous dit ??? :n,,;::::!!!:
Calonne a écrit :
Parmi les sciences qui progressent au siècle des lumières, n'oublions pas la médecine. LOUIS XV lui-même s'y intéressa et fît en sorte de perfectionner les études des médecins, afin de les distinguer des vulgaires barbiers de village.
C'est l'époque de l'inoculation, ancêtre de la vaccination. Le procédé est déjà bien établi : on pratique une incision sur l'avant-bras pour y injecter un petit peu de la maladie, puis on laisse l'organisme réagir et produire ses défenses naturelles. Le britannique JENNER perfectionnera le système à la fin du siècle, entrant dans l'Histoire. L'inoculation se pratiquait abondamment chez les chinois, les turcs et certains pays d'Europe, surtout contre la vérole (la VARIOLE) qui faisait des ravages. La fameuse maladie qui tue ou défigure (MIRABEAU en savait quelque chose)...
Malgré tout, même dans les pays où elle était courante, l'inoculation engendrait la méfiance et certains la refusaient. Ainsi, le sultan ABDUL-HAMID avait refusé d'y soumettre sa famille et il perdît ainsi trois de ses enfants. Un de ses successeurs, SELIM, garda des marques sur le visage et le corps.
En FRANCE, l'Eglise était farouchement contre, trouvant satanique le procédé de délibérément contaminer un organisme sain, d'y introduire le mal. Ailleurs, on sait qu'il en allait autrement. MARIE ANTOINETTE Elle-même fût inoculée et ainsi protégée.
La médecine progresse indiscutablement à cette époque : on commence à percer certains secrets du diabète, LAVOISIER découvre les mystères de la respiration et du sang (avant lui, on croyait que l'air pénétrait le sang et circulait ainsi dans l'organisme pour le vivifier), on commence à utiliser la digitale pour soutenir le coeur, l'arsenic liquide contre l'anémie, on prend l'habitude de tâter le pouls, on comprend que la fièvre est une réaction de défense naturelle de l'organisme...
L'accouchement devient plus profitable à la mère et l'enfant. Dans certains hôpitaux parisiens, on utilise des mannequins de bois articulés pour "entraîner" les praticiens.
Malgré tout, il y a encore beaucoup à faire : les maladies vénériennes font des ravages, il n'y a pas d'anesthésie, on cautérise au fer rouge, l'hygiène est souvent absente, le bain est un événement encore exceptionnel...
Sans parler de la redoutable saignée, beaucoup trop commune, destinée à faire tomber la fièvre et purger le corps de ses humeurs...
... un petit bouturage, ça vous dit ??? :n,,;::::!!!:
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
Mme de Sabran a écrit:
Calonne a écrit :
Sans parler de la redoutable saignée, beaucoup trop commune, destinée à faire tomber la fièvre et purger le corps de ses humeurs...
... un petit bouturage, ça vous dit ??? :n,,;::::!!!:
Il va être très intéressant, grâce à votre bouturage de comprendre cette démarche de " vider les corps de leur sang" pour les sauver...
Moi ? Ça m'épate! ça m'épate ! ça m'épate !
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
Et comment !Mme de Sabran a écrit:
... un petit bouturage, ça vous dit ??? :n,,;::::!!!:
J'attends de (re)lire ça avec impatience ! :n,,;::::!!!:
Bien à toi !
Invité- Invité
Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
C'est parti ! :n,,;::::!!! :n,,;::::!!!:
Voilà un thème qui m'inspire follement, cher Calonne, car il est souvent d'une drôlerie extraordinaire !!!
On trouve dans les remèdes et la pratique de la médecine d'autrefois des incongruités inimaginables .
Je vais vous citer le livre que voici:
Calonne :
Personnellement, je pense que le plus difficile, à l'époque, était l'absence d'anesthésiant. On connaissait le LAUDANUM, depuis le XVI ème siècle, grâce à PARACELSE. On l'utilisait mêlé à du sucre, sous forme liquide le plus souvent. On parlait alors de SIROP D'OPIUM. Efficace pour endormir les petites douleurs, il était par contre insuffisant pour une opération chirurgicale. De plus, on ignorait ses effets de dépendance...
Il faudra attendre 1804 et la découverte de la MORPHINE (de MORPHEE, dieu du sommeil et des rêves). Et encore, cette substance ne sera véritablement efficace qu'en 1850, avec la création de la SERINGUE A AIGUILLE CREUSE.
Madame de SABRAN est dans le vrai : malgré ces progrès, le siècle des lumières restait attaché à certains remèdes bizarres ou à de sottes superstitions.
L'époque se pencha aussi sur la CONTRACEPTION. C'est la grande mode des "petites éponges" : une minuscule éponge, enduite d'une crème spéciale (ou d'un méchant vinaigre, pour le bas de gamme) et munie d'une ficelle. La dame plaçait la petite éponge dans son intimité avant une "visite". Ensuite, on tirait sur la ficelle pour ravoir la petite éponge... et les enfants du visiteur avec...
Mme de Sabran :
Oui ! Nous avons beaucoup parlé du laudanum dans le sujet de la mort de Mme de Polignac . La pauvrette en a été assommée, achevée !
Calonne :
Désolé pour le coup des "petites éponges", mais bon, à l'époque, il n'y avait guère que ce moyen, moins horrible que la "faiseuse d'anges", convenez-en...
Dans ce domaine, les égyptiens antiques furent des précurseurs : un papyrus égyptien de 1850 av JC parle d'un "ovule" de graisse et d'excréments de crocodile, enduit d'huile d'olive et introduit dans l'intimité comme moyen contraceptif. Rien de nouveau sous le soleil...
Pour rire un peu, une superstition du XVIIIème, en matière de contraceptif : on croyait que faire sauter la femme d'une table 100 fois, les bras en l'air, évitait une grossesse. Si, si, c'est vrai ! Vous imaginez la scène ?
Kiki :
Les bras en l'air, je ne vois pas pourquoi; mais sauter à répétition, de haut, c'est une recette qui avait cours jusqu'au XXème ...
Et ça pouvait marcher parfois .
En fait , la médecine à l'ancienne était friande de poudres de perlimpinpin en tous genres, sans parler des talismans et autres incantations à l'efficacité imparable !
Ce que les charlatans de tous poils allaient inventer, c'est fou ! Relisons Molière ...
Madame de Chmay :
J'ai posté sur le fil Les Princes du Malheur les progrès de l'obstétrique comme Monsieur Delorme le souligne dans son livre et je donne la référence du livre sur la Méthode de Madame de Coudray.
C'était un gros problème pour les chirurgiens obligés, à cause de la douleur infligée au patient, d'opérer très vite ! La rapidité, justesse, efficacité de son geste, faisait sa réputation et sa gloire .
Alors, comment atténuer la sensibilité du malade ??? eh bien, au moyen de drogues diverses . Au Moyen Age, on imprégnait une éponge d'un mélange fait de chanvre indien, jusquiame, cigüe, opium et mandragore .
Avant d'opérer, le chirurgien appliquait cette éponge humidifiée sur le nez et la bouche du patient . Les alcaloïdes agissaient .
Malheureusement, trop souvent, des erreurs de dosage expédiaient le malade les pieds outre ! C'est pourquoi, dès la Renaissance, on renonce à ce mode d'anesthésiant pour préférer des tisanes plus ou moins efficaces ( plutôt moins que plus ! )
Il y avait aussi la très classique forte rasade de gnole pour assommer le malheureux .......
C'est vers la fin du XVIIIème qu'a lieu, de façon complètement inopinée, la première anesthésie :
Un chimiste a découvert le protoxyde d'azote ou gaz hilarant qui, jusqu'alors, n'a pas d'autre usage que de déclencher le rire sur les trétaux de foire ...
Il paraît que quelqu'un venant de se faire arracher une dent l'ayant respiré, déclare in petto que, pfffuittt !!!!, la douleur a soudain disparu comme par miracle !
On doute, on s'étonne, on vérifie, on recommence l'expérience et l'on ne sait pas encore que la première anesthésie vient d'avoir lieu .
Cette éponge était un pessaire de laine imprégné de vin avant le rapport .
Vous n'arrivez pas, Madame, à mettre la main sur votre petite éponge et Monsieur se fait tendre ? Oindre Monsieur avec du jus d'oignon rendra le rapport assurément stérile !
Longue comme un jour sans pain était la liste des remèdes de bonne-femme, ingrédients propres à assurer l'anticonception : asperge en amulette, coloquinte, bryonne, poix, grenade, sang, cérumen d'oreilles d'animaux, avant ou après le gros calin, ou encore le goudron ... pendant !!!
Dans les anciens traités médicaux, on appelait l'étude des fièvres pyrétologie, une science qui donnait lieu à une multitude de spéculations des plus hasardeuses .
M. Hunauld, conseiller-médecin ordinaire de Louis XV écrivait, en 1747, que les fièvres malignes provenaient de quelques exhalaisons échappées du fond de la terre, de vents apportant un air corrompu, de tombeaux ouverts avec cadavres en pourriture ( dans les églises où le sol est bouleversé par la pose de nouveaux cercueils, d'astres malfaisants ...
Les fièvres domestiques, plus bénignes, naissaient de nos entrailles .
Jusqu'à la fin du XVIIIème , on pensera que la fièvre est une maladie en soi .
Sydenham affirmait que le sang renfermait les cinq principes suivants : l'esprit, le souffre, le sel, la terre et l'eau . L'effervescence anarchique de ces principes provoquait la fièvre, mouvement salutaire imprimé au sang par la nature pour le débarrasser des matières morbifiques qui l'altèrent, ce que vous disiez, cher Calonne .
Remède souverain contre la fièvre : l'araignée !
La pauvre bestiole est alors utilisée écrasée sur un linge fin posé en compresse sur le front et les tempes, ou bien suspendue au cou du malade enfermée dans une coque de noix, ou bien encore macérée dans un bocal puis infusée dans une tisane ... :,;:!ùù^^^$: ... :beurk13:
Mais, suivant le principe : Plus on tire de l'eau croupie d'un puits et plus il en revient de bonne, rien ne vaut une bonne saignée , comme voici :
Notez dans la main droite de la patiente le petit bâton qu'on lui demande de faire tourner, parce que le mouvement des doigts hâte la sortie du sang.
A droite de la patiente, un aide tient un verre et une fiole de vin dont le malade maintenait une gorgée dans sa bouche jusqu'à la fin de l'opération .
Agenouillé, prêt à intervenir si besoin, un apothicaire brandit son inévitable clystère ...
A l'époque qui nous occupe tant, outre-Manche, nos voisins anglais s'interrogent sur la participation indispensable et l'utilité de l'homme dans la conception !
Voyez plutôt :
Est-ce franchement étonnant, quand on pense que la médecine est encore tellement empirique qu'elle se base sur le savoir des anciens, lesquels se basaient sur les astres, les climats, les divinités, les esprits perturbateurs ...
... et même le zodiaque !!! àè-è\':
Quand on parle médecine du XVIIIème, on pense à un moment ou un autre à Messmer et son fameux baquet qui fit tant de bruit , à la Cour comme à la ville ......
Messmer était médecin diplômé de la faculté de Vienne . Il réussit , dit-on, à guérir une jeune-fille tourmentée de crises douloureuses, au moyen d'un aimant . Le succès lui amenant une nombreuse clientèle, pour simplifier son système, il employa ses mains directement pour des attouchements tout aussi efficaces . Il expliquait sa méthode par l'action du magnétisme animal mais rencontra alors tellement de détracteurs qu'il résolut d'aller exercer ses talents à Paris .
La foule parisienne se pressant dans son antichambre, il ne pouvait faire face à la demande et eut l'idée d'envoyer son fluide en série . Il inventa le baquet rempli d'une eau qu'il magnétisait, autour duquel ses patients s'asseyaient par terre, reliés par des cordes attachées à des tiges de fer plantées dans l'eau magnétique ... :roll:
Le décor du salon de soins était feutré, dans une pénombre savamment traversée d'éclats de lumière. Ces séances duraient des heures . Les patients angoissés, fatigués, s'excitaient, avaient parfois des crises qualifiées d'hystérie, ce qui renforçait l'idée de l'efficacité du remède . Et pour rendre l'atmosphère encore plus impressionnante, Messmer faisait couvrir toute l'agitation collective par un petit orchestre. On raconte que lorsque les malades étaient jeunes et jolies, il les " magnétisaient " directement sans passer par le baquet . Il se faisait aider par des " valets toucheurs " .
( Suzanne Jacques-Marin : Médecines curieuses d'autrefois )
Ce serait le début des magnétiseurs?
Voici l'objet ! :n,,;::::!!!:
est justement bien là le rapport avec l'ésotérisme : tout réside dans l'auto-suggestion
Mais si tu as une vraie bonne maladie, mieux vaut aller voir ton médecin que le charlatan du coin !
Pour illustrer la peur de la vérole, comme on appelle la syphilis, voici une gravure très convaincante !
La Mort prend le masque attrayant du visage d'une jolie femme :
Gare aux messieurs qui se faisaient poivrer lors de fredaines avec des dames de petite vertu!
Elle est très dissuasive, n'est-ce pas ?
Tenez, j'ai une petite anecdote très très drôle sur le sujet :
L'ennui régnait à Versailles, et cependant on y trouvait parfois quelques distractions, que nous procuraient les aventures galantes, et les intrigues en tous genres, qui avaient toujours leur côté plaisant.
Je me rappelle que la marquise de R ... , fort jolie femme et désirant faire bon emploi de sa jeunesse et de sa beauté, avait promis à son amant une fidélité à toute épreuve, que son mari même ne pourrait lui faire enfreindre .
Ne sachant commment tenir cette promesse, elle alla se jeter aux pieds de ce dernier, et lui avoua qu'entraînée par une passion coupable, et par les conseils de Mme de P ... , elle s'était donnée à un garde du corps, qui avait dans ce moment plus besoin d'un médecin que d'une maîtresse .
L'indignation du mari fut extrême : il s'éloigna de sa femme qui, libre de ses importunités, put rester fidèle à son amant tout à son aise .
( Mémoires de Louis XVIII )
Eh bien, Messieurs, méchante ou malicieuse ???
C'est probablement à l'occasion des difficultés de l'enfantement que furent pratiqués les premiers gestes thérapeutiques .
Quand une femme arrivait au terme de sa grossesse, on recommandait de dénouer, dégrafer tous ses vêtements, voire même d'entourer sa taille d'une peau de serpent . Pour les Reines de France, on empruntait plutôt la ceinture de sainte Marguerite à l'abbaye de Saint Germain . Ces gestes étaient entourés de quantités de tours de passe-passe à la gomme ( les fameux remèdes de bonnes femmes, toujours ..... ) dont je vous passe le détail .
En Europe, jusqu'au XVIIIème siècle, les hommes seront exclus des accouchements ! On raconte qu'à Hambourg, au XVIème, on brûla vif un médecin qui s'était déguisé en sage-femme pour observer une naissance !
Dans la civilisation chrétienne, il était capital dès la naissance d'un enfant de pratiquer son baptême . Aussi les sages-femmes étaient-elles choisies par le curé du village pour leur bonne moralité et piété, et non pour leur habileté en la matière ...
C'est ainsi que Angélique le Boursier, épouse du Coudray, avec l'assentiment et le soutien de Louis XVI, entreprit de faire donner par les médecins ( enfin concernés par l'obstétrique ) un enseignement aux accoucheuses .
Eh oui ! Au XVIIIème siècle, les médecins n'étaient pas même couramment admis à présider aux accouchements, au point qu'un moraliste édita un livre intitulé : De l'indécence des hommes à accoucher les femmes .
Eh ! se dévêtir devant un homme était contraire aux bonnes mœurs ... En Chine, les médecins contournaient le problème en proposant à leurs patientes une statuette représentant le corps féminin . La malade désignait du doigt, sur l'objet, l'endroit dont elle souffrait .
Le médecin devait absolument ménager la pudeur féminine . Il devait opérer à tâtons sans jeter un œil indiscret sur l'intimité de sa patiente . Il en fut ainsi jusqu'au XIX ème, comme l'atteste cette gravure :
Calonne :
Au milieu de tout ça, il y avait quand même des gens sérieux, tels le fameux docteur TRONCHIN, d'origine suisse. Pour l'époque, ses méthodes étaient assez surprenantes : il fut l'un des premiers à constater les effets bénéfiques de la montagne et du bord de mer pour les problèmes respiratoires, il trouvait malsain corsets et vêtements trop serrés, il faisait trotter les cardiaques derrière leur carrosse pour leur fortifier le cœur et enfin, il relevait les accouchées le lendemain de leur accouchement. Pratique jugée folle à une époque où la nouvelle mère restait alitée plusieurs jours après sa délivrance...
Mme de Sabran :
C'était mon médecin : j'en parle dans ma correspondance avec M. de Boufflers .
Je ne me porte pas trop bien depuis plusieurs jours . Je prends cependant toujours les remèdes de Tronchin, mais je commence à croire qu'il n'y en a pas pour moi . Je me sens d'une faiblesse et d'un découragement qui m'effraient ...
Il m'a d'abord fort effrayée sur mon état : j'imagine que c'est pour m'engager à ne point différer ses remèdes . Il pense que j'ai mal au foie et que les drogues suisses m'ont fait beaucoup de tort . Il m'est difficile de n'en pas convenir .
Il m'a ordonné du petit-lait composé avec des sucs d'herbes; il dit que dans l'état de langueur et de faiblesse où je suis, on ne peut aller que bien bien doucement . Il me semble que son projet est de me faire prendre du lait; après, il m'a bien grondée d'avoir attendu si tard pour le consulter, et j'en suis bien fâchée à présent .
Trois jours plus tard je suis requinquée !!!!!
Les drogues suisses, c'est une allusion à Michel Schuppach de Langueneau, dit le Médecin de la Montagne ( mort en 1781 ), ordinairement considéré comme un charlatan dangereux : il réduisait la médecine à la prescription de quatre drogues : le mercure, l'opium, l'ipécacuanha ( ??? ) et le jalap ( ??? ) .
J'ai un scoop !!! la réponse à la question qui nous taraude tant !
Pourquoi Mme de la Motte renversait-elle son pot de chambre sur sa tête ???
... voici :
Une recette de beauté pour garder la fraîcheur du teint, au XVIIIème siècle semble avoir été moins longue à réaliser qu'une opération de distillation, mais relève du même principe : recueillir la vapeur condensée .
Il s'agissait tout simplement de demander à un jeune-homme " sain et bien-portant" de déposer chaque matin le produit de sa digestion ( * ) dans un vase de nuit . Immédiatement, avant que la matière ne refroidisse, il convenait de poser un couvercle sur le récipient .
Après quelques heures, la femme soucieuse de sa beauté pouvait ainsi recueillir les précieuses gouttelettes de condensation déposées à l'intérieur du vase de nuit et s'en masser le visage .
( Suzanne Jacques-Martin : Médecines curieuses d'autrefois )
( * ) Que galamment ces choses-là sont dites ! : : :
Saperlipopette !!! Je n'ai pas fini de vous étonner avec la médecine d'autrefois !
Ce nouveau petit chapitre est dédié à François, puisqu'il y est question de son épouse ou l'une de ses parentes .
On croyait beaucoup à l'efficacité des médecines absorbées par les pores de la peau . On utilisait, par exemple, le contact d'un sachet rempli d'une composition de médicaments secs et pulvérisés, placé aux endroits stratégiques où siégeait le mal, sachets pour la tête, l'estomac, la rate, le foie etc ...... Contre un fléau comme la syphilis, on eut l'idée d'enfermer le malade dans des sortes de tonneaux de fer appelés boîtes à fumigation pour lui faire absorber des vapeurs de mercure par les pores de la peau .
Comme ceci :
Le système fut perfectionné au XVIIIème siècle .
Comme cela :
Outre le dispositif du sachet ou la boite à fumigation, une troisième méthode de médecine absorbée par la peau consistait en une transmission de vapeurs bénéfiques par absorption de la transpiration du voisin .
Il suffisait de faire dormir dans le lit du malade affaibli un jeune sujet bien portant .
Lisons plutôt les mémoires du marquis de Castellane :
La marquise de Talaru a plus de cinquante ans. Elle croit nécessaire pour sa santé d'avoir un homme couché à côté d'elle . Quand M. de Talaru est absent, elle demande à M. de Courtivron, son parent, ou M. de Chavagnac, un cousin, de se laisser enfermer dans un sac que l'on coud et que l'on porte dans son lit.
Le lendemain matin, elle s'empresse d'appeler ses domestiques pour leur faire constater que le sac n'a pas été décousu.
Actuellement, MM. de Chavagnac et de Courtivron sont à Madrid, attachés à l'ambassade de M. de Talaru, et c'est M. Boirot, médecin des eaux de Néris, qui exerce pour le quart d'heure l'honneur de cette charge.
Ceci n'est en aucune façon une plaisanterie; mon secrétaire est parent du docteur qui, positivement, est renfermé dans le sac tous les jours .
Toute blague à part, cette fonction de transpiration était considérée comme à ce point importante qu'au XIXème un médecin, Esquirol, eut l'idée que l'épilepsie était due à sa suppression .
Il fallait faire transpirer ses patients ! Comment ? en les plaçant justement auprès d'organismes vivants à très forte transpiration afin que des échanges invisibles et subtiles s'établissent ...... des vaches !!!
Il organisa à l'hôpital de la Salpétrière une étable pour quatre vaches auprès desquelles étaient installés les quatre lits de patients épileptiques .
Cette histoire de transpiration n'est pas beaucoup plus étonnante que l'idée du flux des humeurs : la médecine est longtemps restée empirique .
Mme de Chimay :
Voici une référence :
L'Ecole de chirurgie du port de Rochefort 1722-1789,un modèle sous l'Ancien Régime de SARDET Michel
Service historique de la Marine,2000,211 pages
Les rois aussi en mouraient : Les Lumières en lutte contre la petite vérole de
Catriona Seth
Les Éditions Desjonquères , 2008, 473 p : 29 euros
Résumé Amazone :
"C'est la grande affaire des Lumières : on n'échappe guère à la petite vérole qui tue et défigure. Apparaît alors en Europe une méthode d'immunisation pragmatique, l'inoculation, remède dangereux pour les uns, poison salutaire pour les autres : il s'agit de contaminer un sujet sain pour tenter de contrôler l'évolution du mal. L'impact sur les mentalités comme sur l'imaginaire est immédiat et sera durable. Les inoculistes suscitent admiration, opprobre, méfiance. Leur pratique révèle ou aiguise les interrogations, les hantises et les espoirs du siècle. Voyageurs, scientifiques, journalistes, écrivains ou librettistes entrecroisent leurs discours. Les femmes ne laissent pas de jouer un rôle essentiel dans le débat. De la littérature à la religion, de la philosophie à la médecine, de la mode aux mathématiques en passant par la politique, aucun domaine n'échappe à l'étude que propose Catriona Seth de ce fait culturel global. Tout en apportant une contribution de choix à l'histoire des représentations, elle soulève des questions qui restent les nôtres : les devoirs de l'État en matière de santé publique, le lien entre risque individuel et bien collectif, le droit pour chacun de disposer de son corps, la relation de l'homme à la maladie et à la mort. À l'heure du questionnement bioéthique, cette enquête est décisive. "
HISTOIRE DES LASSITUDES DU CORPS ET DE L'ESPRIT: La fatigue et ses théories du XVIIIe au XXe siècle de Gérard SEIGNAN
Éditions universitaires européennes , 22 juin 2010 , 292 p : 93,90 euros
Voici donc le récit épique ( ) d'une opération du Dr Dupuytren .
Nos santés à toutes trois nous éprouvaient journellement . Pour ma part, de continuels et violents maux de dents faisaient mon supplice habituel, quand, après un accès de ce genre de souffrance, je m'aperçus d'une grosseur formant glande au milieu de ma langue . Ce mal survenu si rapidement a été pour moi une longue et pénible épreuve . ( ....... )
Ce nouvel accident de santé qui m'était arrivé ayant nécessité des consultations, je fus envoyée aux Bains de Bade, à douze lieues de Strasbourg . Le séjour d'eaux est des plus agréables, autant par les sites charmants qu'offre cette contrée que par la brillante société qu'il réunit chaque année .
Après avoir passé quelques semaines à Bade, voyant que ma santé ne s'améliorait pas, on dut consulter à Paris . La Faculté ne rassura pas ma famille, il fut jugé urgent de me faire partir pour la capitale et, à la fin d'octobre, ce voyage s'effectua . ( ....... )
Je vis plusieurs chirurgiens; enfin on conseilla de consulter la sommité de la science chirurgicale, le fameux Dupuytren . Après m'avoir bien examinée, il garda avec moi un silence qui ne m'annonçait rien de bon . Ma soeur Joséphine et ma belle-soeur Eléonore entendirent son arrêt . Il fallait une opération et le plus tôt possible, dès le lendemain s'il se pouvait . La chose fut convenue pour le lendemain 19 avril .
J'étais la veille plus découragée que jamais et protestant que je ne me laisserais pas opérer . Car au silence que l'on gardait sur le résultat de la visite du docteur Dupuytren, je me doutais de ce qui m'était réservé . J'en avais si bien la prévision qu'après une nuit très agitée où j'avais pris un peu de courage, je me sentis le besoin de le puiser à la bonne source et d'aller à la messe où je communiai . Je dus à cette démarche la force dont j'avais besoin . Le rendez-vous était à midi . ( ....... )
Mes alarmes furent bientôt confirmées par l'arrivée de mon amie si charitable, la bonne madame de Fallois . La reconnaissance me porte à signaler ici le dévouement qu'elle me témoigna dans cette circonstance . Bientôt après arriva mon médecin, le docteur Bruneau, puis une sœur de charité, enfin l'opérateur avec son aide .
J'avoue ma faiblesse : le cœur me manqua en voyant ses apprêts . M. Dupuytren voyant ma pâleur, mais, aussitôt reprenant courage, je demandais seulement quelques minutes que je mis à profit pour me jeter à genoux dans la chambre voisine . Un seul instant de prière me rendit toute ma force, et, rentrant dans la chambre : " Je suis prête, lui dis-je . Quand il vous plaira, Monsieur . "
Me voilà donc sur la sellette, les yeux bandés . Sœur et belle-sœur avaient été priées de se retirer . La même invitation était faite à mon amie madame de Fallois, elle demanda la permission de ne pas y accéder, disant qu'elle n'abandonnerait pas son amie . Elle et mon médecin me tenaient la tête . Une nappe fortement reliée fut mise sous ma langue, et l'opération commença ... Elle dura quatre minutes ...
L'habile opérateur s'en tira avec son talent ordinaire, et s'écria : " Nous sommes plus heureux que nous ne pensions : la glande n'est pas adhérente et ne se reproduira plus ! "
Ce mot fut un grand soulagement à la très vive douleur que j'éprouvai . Elle ne fut cependant pas telle que je pouvais le craindre : je ne me trouvai pas mal . Quand je fus recouchée, ma langue enfla considérablement et devint toute noire . L'hémorragie s'établit et il fallut procéder à chercher l'artère dans la plaie . Ce fut là la plus vive douleur . Quand on eu trouvé avec des pinces l'artère que l'on cherchait, on la lia avec un gros fil qui devait tomber au bout de neuf jours , terme assigné à la guérison .
Elle s'opéra sans que j'ai eu un accès de fièvre, seulement, pendant deux jours, je ne pris que du bouillon, à l'aide d'un tuyau de plume, et pendant plusieurs jours je ne pus parler et me servais d'un crayon pour m'exprimer . On comprend l'extrême émotion de mes soeurs qui avaient entendu mes cris . Mais bientôt comme moi elles se retrouvèrent bien heureuses . On me pardonnera de m'être autant étendue sur cette épreuve de ma vie . Les craintes qui l'avaient accompagnée ne peuvent s'égaler qu'à la reconnaissance dont je suis restée pénétrée envers la Providence qui m'a secourue évidemment dans cette circonstance .
Cette opération fit presque événement parmi les personnes de ma connaissance tant cet accident est rare aux dires même du chirurgien qui ne se rappelait pas en avoir vu un pareil . Il avait couru le bruit que l'on m'avait coupé la langue et que je ne pourrai plus parler, ce qui m'a valu plusieurs mauvaises plaisanteries .
( Mémoires d'une octogénaire de Pauline Durey de Noinville )
Lucius :
Et encore, cette opération réussit ! Il y a bien des gens qui ont dû se faire charcuter, et qui sont morts dans les souffrances (septicémies, gangrène..).
Connaissez-vous l'incroyable opération d'Ambroise Paré sur le duc de Guise ? (ce n'est pas la même époque, je sais bien...)
C'est plutôt impressionnant.
Voila, vous êtes bien installé ? Bien.
Notre histoire commence en 1544. Le duc de Guise, alors comte d'Aumle participe au siège de Boulogne avec le roi François. Soudain, au coeur de la mêlée, il reçoit une lance qui lui pénètre à quelques centimètres sous l'oeil droit, traverse la tête, pour pointer sous l'oreille droite.
Cependant la lance n'a (pour l'instant) touché ni le cerveau ni aucune veine majeure. D'urgence on le transporte dans sa tente. Le maréchal de Brissac recommande un chirurgien qui l'avait opéré avec succès à une autre bataille, et y avait montré une grande ingéniosité : Ambroise Paré. Celui-ci arrive en hâte, et oscule la blessure. Ne sachant pas quelle est la forme du fer, on ne peut le retirer par l'arrière, de peur de lacérer les chairs. D'autre part, la proximité de l'oeil rend les choses encore plus délicates.
Le chirurgien tente alors une manoeuvre risquée. Avec l'autorisation du comte, il le fait retenir fermement par l'assistance, lui même pose son pied sur la tête de Guise, et armé d'une pince puissante, il saisi la pointe le fer de la lance (dont on avait retiré la hampe) sous l'oreille, et poursuit le trajet qu'il n'avait pas achevé à travers la tête du pauvre d'Aumale. Durant cette extirpation particulièrement difficile, Guise ne prononcera aucune parole. Lorsque le pied de Paré glisse et donne un à-coup, il ne laissera échapper qu'un "Mon Dieu".
Après s'y être repris plusieurs fois, le fer est enfin extrait de la tête d'Aumale, qui n'en gardera qu'une fine et élégante cicatrice, qui lui vaudra son surnom de Balafré.
Madame de Chimay :
Une construction de la clinique : Le savoir médical au XVIIIe siècle de
Jacques Bescond
L'Harmattan , 2010,547 p : 45,50 euros
Résumé Amazone
La clinique, notion fluctuante qui a son origine dans la Grèce antique, connaît au XVIIIe siècle une évolution déterminante dans un contexte socioculturel exceptionnel. Un hôpital parisien, la Charité, qui plus est couvent-hôpital, immergé dans le milieu académique et encyclopédiste, devient une référence, lieu de construction d'une clinique chirurgicale puis médicale, consacrée par le Décret du 14 Frimaire de l'An III (4 décembre 1794). Le chirurgien lettré, passionné de technique et de science, participe à la problématique du savoir, conduit son expérience sensible du dehors vers le dedans et bouleverse l'épistémologie dans une difficile approche physique du corps (oeil, main, oreille) confrontée à la connaissance anatomique. S'opposent ainsi vitalisme et mécanisme, clinique des humeurs et clinique des organes, naturel et artificiel, physique et moral, doctrine hippocratique expectante et médecine active, tradition et modernité, le religieux et une laïcité philanthropique. La seconde moitié du siècle est le temps de l'analyse et de l'émergence de la langue des signes, celui de la révolution chimique, de l'émancipation des maladies de l'esprit prélude à la naissance de la psychiatrie, mais aussi de l'irrationnel du mesmérisme : un essor européen dispersé de la clinique, contrarié en France par le refus de réformes d'un pouvoir monarchique réactionnaire.
Reinette :
Je ne vous retranscrit pas l'intégralité du Mémorial que je lis en ce moment. C'est trop détaillé.
Mais il y a des moments, outre quand cela concerne les personnes qui nous occupent, je ne peux pas m'empêcher de vous faire partager quelques histoires qui montrent les moeurs de l'époque.
Ainsi, parlant d'un chien qui avait la rage :
Ce même chien de chaîne mordit encore un autre petit chien que Monsieur le Curé aimait beaucoup et qu'il se plaisait à caresser. Il était alors incommodé d'hémorroïdes ; quelqu'un lui avait conseillé de faire lécher son mal par ce petit chien : il le faisait et s'en trouvait bien. :bou: :peur33: :beurk13:
Le pauvre curé en est mort...
J'hallucine :
Cinq jours auparavant, il avait célébré la fête patronale de son Eglise : il s'y était trouvé plus de 20 ecclésiastiques qui l'avaient embrassé et l'un d'eux avait même couché avec lui. Sa mort leur donne beaucoup d'inquiétude et de crainte.
Au moins, c'est clair et direct. C'est peut-être bien la première fois que je lis une telle chose de la part d'un prêtre, qui parle d'un autre prêtre. Normalement, il devrait vouer aux gémonies ses pairs qui s'adonneraient à de telles pratiques. Mais là, rien. Il en parle comme de quelque chose de tout à fait naturel. Pas tout à fait le discours officiel de l'Eglise...
Je ne suis pas choquée, loin de là, car je sais bien que c'était alors très généralement pratiqué. Mais personne n'en parle d'habitude !
Lucius :
Ma remarque va peut être paraître naïve, mais si les vingt dignitaires étaient reçus par un curé de campagne, il ne pouvait peut être pas leur proposer à tous une chambre individuelle, et ils durent se regrouper à plusieurs dans les lits (ce qui n'est pas inhabituel pour l'époque). Après bien sûr on n'était pas là ...
Reinette :
Non, non, ce serait en effet tout à fait plausible .
Mais la phrase est tournée de telle sorte que coucher est mis en opposition avec embrasser : 20 l'embrassent, 1 couche même avec lui .
Toute la nuance est dans le même .
Lucius :
Le même pourrait aussi s'appliquer à l'intensité du rapprochement physique qui augmente le risque de contamination...
Kiki :
Olivia parlait de rage et d'hémorroïdes .... Ce n'est pas contagieux.
A moins que notre curé n'ait été mordu par son petit chien et n'ait, à son tour, mordu l'un de ses collègues ...
Mais il est vrai que l'on n'en savait pas tant, fin XVIIIème !
Je pense comme Lucius, à savoir qu’il faut comprendre : partager le même lit !
Je pense qu'il faut comprendre que l'on craint que le petit chien enragé n'ait rendu malade son maître au moment du léchage d'hémorroïdes. Comme le curé a embrassé (fraternellement) un certain nombre de ses confrères et dormi (et non pas forniqué) avec l'un d'entre eux, on redoute une contamination massive.
Je ne suis pas certaine que les gens savaient exactement comment se transmettaient les maladies à cette époque. D'ailleurs, ce n'est pas non plus toujours le cas aujourd'hui, si on s'intéresse au grand public. Regardez la psychose qu'il y a eu au moment de l'apparition du VIH : certains pensaient que l'on pouvait être infecté par les poux, d'autres par la salive, d'autres encore par un simple contact ! Même aujourd'hui, je connais beaucoup de personnes qui refuseraient absolument d'approcher une personne atteinte par ce virus.
.......................................... FIN DE CE BOUTURAGE !
.........................
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Voilà un thème qui m'inspire follement, cher Calonne, car il est souvent d'une drôlerie extraordinaire !!!
On trouve dans les remèdes et la pratique de la médecine d'autrefois des incongruités inimaginables .
Je vais vous citer le livre que voici:
Calonne :
Personnellement, je pense que le plus difficile, à l'époque, était l'absence d'anesthésiant. On connaissait le LAUDANUM, depuis le XVI ème siècle, grâce à PARACELSE. On l'utilisait mêlé à du sucre, sous forme liquide le plus souvent. On parlait alors de SIROP D'OPIUM. Efficace pour endormir les petites douleurs, il était par contre insuffisant pour une opération chirurgicale. De plus, on ignorait ses effets de dépendance...
Il faudra attendre 1804 et la découverte de la MORPHINE (de MORPHEE, dieu du sommeil et des rêves). Et encore, cette substance ne sera véritablement efficace qu'en 1850, avec la création de la SERINGUE A AIGUILLE CREUSE.
Madame de SABRAN est dans le vrai : malgré ces progrès, le siècle des lumières restait attaché à certains remèdes bizarres ou à de sottes superstitions.
L'époque se pencha aussi sur la CONTRACEPTION. C'est la grande mode des "petites éponges" : une minuscule éponge, enduite d'une crème spéciale (ou d'un méchant vinaigre, pour le bas de gamme) et munie d'une ficelle. La dame plaçait la petite éponge dans son intimité avant une "visite". Ensuite, on tirait sur la ficelle pour ravoir la petite éponge... et les enfants du visiteur avec...
Mme de Sabran :
Oui ! Nous avons beaucoup parlé du laudanum dans le sujet de la mort de Mme de Polignac . La pauvrette en a été assommée, achevée !
Calonne :
Désolé pour le coup des "petites éponges", mais bon, à l'époque, il n'y avait guère que ce moyen, moins horrible que la "faiseuse d'anges", convenez-en...
Dans ce domaine, les égyptiens antiques furent des précurseurs : un papyrus égyptien de 1850 av JC parle d'un "ovule" de graisse et d'excréments de crocodile, enduit d'huile d'olive et introduit dans l'intimité comme moyen contraceptif. Rien de nouveau sous le soleil...
Pour rire un peu, une superstition du XVIIIème, en matière de contraceptif : on croyait que faire sauter la femme d'une table 100 fois, les bras en l'air, évitait une grossesse. Si, si, c'est vrai ! Vous imaginez la scène ?
Kiki :
Les bras en l'air, je ne vois pas pourquoi; mais sauter à répétition, de haut, c'est une recette qui avait cours jusqu'au XXème ...
Et ça pouvait marcher parfois .
En fait , la médecine à l'ancienne était friande de poudres de perlimpinpin en tous genres, sans parler des talismans et autres incantations à l'efficacité imparable !
Ce que les charlatans de tous poils allaient inventer, c'est fou ! Relisons Molière ...
Madame de Chmay :
J'ai posté sur le fil Les Princes du Malheur les progrès de l'obstétrique comme Monsieur Delorme le souligne dans son livre et je donne la référence du livre sur la Méthode de Madame de Coudray.
CALONNE a écrit:
Personellement, je pense que le plus difficile, à l'époque, était l'absence d'anésthésiant. .
C'était un gros problème pour les chirurgiens obligés, à cause de la douleur infligée au patient, d'opérer très vite ! La rapidité, justesse, efficacité de son geste, faisait sa réputation et sa gloire .
Alors, comment atténuer la sensibilité du malade ??? eh bien, au moyen de drogues diverses . Au Moyen Age, on imprégnait une éponge d'un mélange fait de chanvre indien, jusquiame, cigüe, opium et mandragore .
Avant d'opérer, le chirurgien appliquait cette éponge humidifiée sur le nez et la bouche du patient . Les alcaloïdes agissaient .
Malheureusement, trop souvent, des erreurs de dosage expédiaient le malade les pieds outre ! C'est pourquoi, dès la Renaissance, on renonce à ce mode d'anesthésiant pour préférer des tisanes plus ou moins efficaces ( plutôt moins que plus ! )
Il y avait aussi la très classique forte rasade de gnole pour assommer le malheureux .......
C'est vers la fin du XVIIIème qu'a lieu, de façon complètement inopinée, la première anesthésie :
Un chimiste a découvert le protoxyde d'azote ou gaz hilarant qui, jusqu'alors, n'a pas d'autre usage que de déclencher le rire sur les trétaux de foire ...
Il paraît que quelqu'un venant de se faire arracher une dent l'ayant respiré, déclare in petto que, pfffuittt !!!!, la douleur a soudain disparu comme par miracle !
On doute, on s'étonne, on vérifie, on recommence l'expérience et l'on ne sait pas encore que la première anesthésie vient d'avoir lieu .
CALONNE a écrit:
L'époque se pencha aussi sur la CONTRACEPTION. C'est la grande mode des "petites éponges" : une minuscule éponge, enduite d'une crème spéciale (ou d'un méchant vinaigre, pour le bas de gamme) et munie d'une ficelle. La dame plaçait la petite éponge dans son intimité avant une "visite". Ensuite, on tirait sur la ficelle pour ravoir la petite éponge... et les enfants du visiteur avec...
Cette éponge était un pessaire de laine imprégné de vin avant le rapport .
Vous n'arrivez pas, Madame, à mettre la main sur votre petite éponge et Monsieur se fait tendre ? Oindre Monsieur avec du jus d'oignon rendra le rapport assurément stérile !
Longue comme un jour sans pain était la liste des remèdes de bonne-femme, ingrédients propres à assurer l'anticonception : asperge en amulette, coloquinte, bryonne, poix, grenade, sang, cérumen d'oreilles d'animaux, avant ou après le gros calin, ou encore le goudron ... pendant !!!
CALONNE a écrit:on prend l'habitude de tâter le pouls, on comprend que la fièvre est une réaction de défense naturelle de l'organisme...
..
Dans les anciens traités médicaux, on appelait l'étude des fièvres pyrétologie, une science qui donnait lieu à une multitude de spéculations des plus hasardeuses .
M. Hunauld, conseiller-médecin ordinaire de Louis XV écrivait, en 1747, que les fièvres malignes provenaient de quelques exhalaisons échappées du fond de la terre, de vents apportant un air corrompu, de tombeaux ouverts avec cadavres en pourriture ( dans les églises où le sol est bouleversé par la pose de nouveaux cercueils, d'astres malfaisants ...
Les fièvres domestiques, plus bénignes, naissaient de nos entrailles .
Jusqu'à la fin du XVIIIème , on pensera que la fièvre est une maladie en soi .
Sydenham affirmait que le sang renfermait les cinq principes suivants : l'esprit, le souffre, le sel, la terre et l'eau . L'effervescence anarchique de ces principes provoquait la fièvre, mouvement salutaire imprimé au sang par la nature pour le débarrasser des matières morbifiques qui l'altèrent, ce que vous disiez, cher Calonne .
Remède souverain contre la fièvre : l'araignée !
La pauvre bestiole est alors utilisée écrasée sur un linge fin posé en compresse sur le front et les tempes, ou bien suspendue au cou du malade enfermée dans une coque de noix, ou bien encore macérée dans un bocal puis infusée dans une tisane ... :,;:!ùù^^^$: ... :beurk13:
Mais, suivant le principe : Plus on tire de l'eau croupie d'un puits et plus il en revient de bonne, rien ne vaut une bonne saignée , comme voici :
Notez dans la main droite de la patiente le petit bâton qu'on lui demande de faire tourner, parce que le mouvement des doigts hâte la sortie du sang.
A droite de la patiente, un aide tient un verre et une fiole de vin dont le malade maintenait une gorgée dans sa bouche jusqu'à la fin de l'opération .
Agenouillé, prêt à intervenir si besoin, un apothicaire brandit son inévitable clystère ...
A l'époque qui nous occupe tant, outre-Manche, nos voisins anglais s'interrogent sur la participation indispensable et l'utilité de l'homme dans la conception !
Voyez plutôt :
Est-ce franchement étonnant, quand on pense que la médecine est encore tellement empirique qu'elle se base sur le savoir des anciens, lesquels se basaient sur les astres, les climats, les divinités, les esprits perturbateurs ...
... et même le zodiaque !!! àè-è\':
Quand on parle médecine du XVIIIème, on pense à un moment ou un autre à Messmer et son fameux baquet qui fit tant de bruit , à la Cour comme à la ville ......
Messmer était médecin diplômé de la faculté de Vienne . Il réussit , dit-on, à guérir une jeune-fille tourmentée de crises douloureuses, au moyen d'un aimant . Le succès lui amenant une nombreuse clientèle, pour simplifier son système, il employa ses mains directement pour des attouchements tout aussi efficaces . Il expliquait sa méthode par l'action du magnétisme animal mais rencontra alors tellement de détracteurs qu'il résolut d'aller exercer ses talents à Paris .
La foule parisienne se pressant dans son antichambre, il ne pouvait faire face à la demande et eut l'idée d'envoyer son fluide en série . Il inventa le baquet rempli d'une eau qu'il magnétisait, autour duquel ses patients s'asseyaient par terre, reliés par des cordes attachées à des tiges de fer plantées dans l'eau magnétique ... :roll:
Majesté a écrit:
Cette illustration est parfaitement recomposée dans Jefferson à Paris de James Ivory .
Bien à vous.
Le décor du salon de soins était feutré, dans une pénombre savamment traversée d'éclats de lumière. Ces séances duraient des heures . Les patients angoissés, fatigués, s'excitaient, avaient parfois des crises qualifiées d'hystérie, ce qui renforçait l'idée de l'efficacité du remède . Et pour rendre l'atmosphère encore plus impressionnante, Messmer faisait couvrir toute l'agitation collective par un petit orchestre. On raconte que lorsque les malades étaient jeunes et jolies, il les " magnétisaient " directement sans passer par le baquet . Il se faisait aider par des " valets toucheurs " .
( Suzanne Jacques-Marin : Médecines curieuses d'autrefois )
Ce serait le début des magnétiseurs?
Voici l'objet ! :n,,;::::!!!:
est justement bien là le rapport avec l'ésotérisme : tout réside dans l'auto-suggestion
Mais si tu as une vraie bonne maladie, mieux vaut aller voir ton médecin que le charlatan du coin !
CALONNE a écrit:
Malgré tout, il y a encore beaucoup à faire : les maladies vénériennes font des ravages, ...
Pour illustrer la peur de la vérole, comme on appelle la syphilis, voici une gravure très convaincante !
La Mort prend le masque attrayant du visage d'une jolie femme :
Gare aux messieurs qui se faisaient poivrer lors de fredaines avec des dames de petite vertu!
la nuit, la neige a écrit:
Intéressante cette gravure...
Elle est très dissuasive, n'est-ce pas ?
Tenez, j'ai une petite anecdote très très drôle sur le sujet :
L'ennui régnait à Versailles, et cependant on y trouvait parfois quelques distractions, que nous procuraient les aventures galantes, et les intrigues en tous genres, qui avaient toujours leur côté plaisant.
Je me rappelle que la marquise de R ... , fort jolie femme et désirant faire bon emploi de sa jeunesse et de sa beauté, avait promis à son amant une fidélité à toute épreuve, que son mari même ne pourrait lui faire enfreindre .
Ne sachant commment tenir cette promesse, elle alla se jeter aux pieds de ce dernier, et lui avoua qu'entraînée par une passion coupable, et par les conseils de Mme de P ... , elle s'était donnée à un garde du corps, qui avait dans ce moment plus besoin d'un médecin que d'une maîtresse .
L'indignation du mari fut extrême : il s'éloigna de sa femme qui, libre de ses importunités, put rester fidèle à son amant tout à son aise .
( Mémoires de Louis XVIII )
Eh bien, Messieurs, méchante ou malicieuse ???
C'est probablement à l'occasion des difficultés de l'enfantement que furent pratiqués les premiers gestes thérapeutiques .
Quand une femme arrivait au terme de sa grossesse, on recommandait de dénouer, dégrafer tous ses vêtements, voire même d'entourer sa taille d'une peau de serpent . Pour les Reines de France, on empruntait plutôt la ceinture de sainte Marguerite à l'abbaye de Saint Germain . Ces gestes étaient entourés de quantités de tours de passe-passe à la gomme ( les fameux remèdes de bonnes femmes, toujours ..... ) dont je vous passe le détail .
En Europe, jusqu'au XVIIIème siècle, les hommes seront exclus des accouchements ! On raconte qu'à Hambourg, au XVIème, on brûla vif un médecin qui s'était déguisé en sage-femme pour observer une naissance !
Dans la civilisation chrétienne, il était capital dès la naissance d'un enfant de pratiquer son baptême . Aussi les sages-femmes étaient-elles choisies par le curé du village pour leur bonne moralité et piété, et non pour leur habileté en la matière ...
C'est ainsi que Angélique le Boursier, épouse du Coudray, avec l'assentiment et le soutien de Louis XVI, entreprit de faire donner par les médecins ( enfin concernés par l'obstétrique ) un enseignement aux accoucheuses .
Eh oui ! Au XVIIIème siècle, les médecins n'étaient pas même couramment admis à présider aux accouchements, au point qu'un moraliste édita un livre intitulé : De l'indécence des hommes à accoucher les femmes .
Eh ! se dévêtir devant un homme était contraire aux bonnes mœurs ... En Chine, les médecins contournaient le problème en proposant à leurs patientes une statuette représentant le corps féminin . La malade désignait du doigt, sur l'objet, l'endroit dont elle souffrait .
Le médecin devait absolument ménager la pudeur féminine . Il devait opérer à tâtons sans jeter un œil indiscret sur l'intimité de sa patiente . Il en fut ainsi jusqu'au XIX ème, comme l'atteste cette gravure :
Calonne :
Au milieu de tout ça, il y avait quand même des gens sérieux, tels le fameux docteur TRONCHIN, d'origine suisse. Pour l'époque, ses méthodes étaient assez surprenantes : il fut l'un des premiers à constater les effets bénéfiques de la montagne et du bord de mer pour les problèmes respiratoires, il trouvait malsain corsets et vêtements trop serrés, il faisait trotter les cardiaques derrière leur carrosse pour leur fortifier le cœur et enfin, il relevait les accouchées le lendemain de leur accouchement. Pratique jugée folle à une époque où la nouvelle mère restait alitée plusieurs jours après sa délivrance...
Mme de Sabran :
C'était mon médecin : j'en parle dans ma correspondance avec M. de Boufflers .
Je ne me porte pas trop bien depuis plusieurs jours . Je prends cependant toujours les remèdes de Tronchin, mais je commence à croire qu'il n'y en a pas pour moi . Je me sens d'une faiblesse et d'un découragement qui m'effraient ...
Il m'a d'abord fort effrayée sur mon état : j'imagine que c'est pour m'engager à ne point différer ses remèdes . Il pense que j'ai mal au foie et que les drogues suisses m'ont fait beaucoup de tort . Il m'est difficile de n'en pas convenir .
Il m'a ordonné du petit-lait composé avec des sucs d'herbes; il dit que dans l'état de langueur et de faiblesse où je suis, on ne peut aller que bien bien doucement . Il me semble que son projet est de me faire prendre du lait; après, il m'a bien grondée d'avoir attendu si tard pour le consulter, et j'en suis bien fâchée à présent .
Trois jours plus tard je suis requinquée !!!!!
Les drogues suisses, c'est une allusion à Michel Schuppach de Langueneau, dit le Médecin de la Montagne ( mort en 1781 ), ordinairement considéré comme un charlatan dangereux : il réduisait la médecine à la prescription de quatre drogues : le mercure, l'opium, l'ipécacuanha ( ??? ) et le jalap ( ??? ) .
J'ai un scoop !!! la réponse à la question qui nous taraude tant !
Pourquoi Mme de la Motte renversait-elle son pot de chambre sur sa tête ???
... voici :
Une recette de beauté pour garder la fraîcheur du teint, au XVIIIème siècle semble avoir été moins longue à réaliser qu'une opération de distillation, mais relève du même principe : recueillir la vapeur condensée .
Il s'agissait tout simplement de demander à un jeune-homme " sain et bien-portant" de déposer chaque matin le produit de sa digestion ( * ) dans un vase de nuit . Immédiatement, avant que la matière ne refroidisse, il convenait de poser un couvercle sur le récipient .
Après quelques heures, la femme soucieuse de sa beauté pouvait ainsi recueillir les précieuses gouttelettes de condensation déposées à l'intérieur du vase de nuit et s'en masser le visage .
( Suzanne Jacques-Martin : Médecines curieuses d'autrefois )
( * ) Que galamment ces choses-là sont dites ! : : :
Saperlipopette !!! Je n'ai pas fini de vous étonner avec la médecine d'autrefois !
Ce nouveau petit chapitre est dédié à François, puisqu'il y est question de son épouse ou l'une de ses parentes .
On croyait beaucoup à l'efficacité des médecines absorbées par les pores de la peau . On utilisait, par exemple, le contact d'un sachet rempli d'une composition de médicaments secs et pulvérisés, placé aux endroits stratégiques où siégeait le mal, sachets pour la tête, l'estomac, la rate, le foie etc ...... Contre un fléau comme la syphilis, on eut l'idée d'enfermer le malade dans des sortes de tonneaux de fer appelés boîtes à fumigation pour lui faire absorber des vapeurs de mercure par les pores de la peau .
Comme ceci :
Le système fut perfectionné au XVIIIème siècle .
Comme cela :
Outre le dispositif du sachet ou la boite à fumigation, une troisième méthode de médecine absorbée par la peau consistait en une transmission de vapeurs bénéfiques par absorption de la transpiration du voisin .
Il suffisait de faire dormir dans le lit du malade affaibli un jeune sujet bien portant .
Lisons plutôt les mémoires du marquis de Castellane :
La marquise de Talaru a plus de cinquante ans. Elle croit nécessaire pour sa santé d'avoir un homme couché à côté d'elle . Quand M. de Talaru est absent, elle demande à M. de Courtivron, son parent, ou M. de Chavagnac, un cousin, de se laisser enfermer dans un sac que l'on coud et que l'on porte dans son lit.
Le lendemain matin, elle s'empresse d'appeler ses domestiques pour leur faire constater que le sac n'a pas été décousu.
Actuellement, MM. de Chavagnac et de Courtivron sont à Madrid, attachés à l'ambassade de M. de Talaru, et c'est M. Boirot, médecin des eaux de Néris, qui exerce pour le quart d'heure l'honneur de cette charge.
Ceci n'est en aucune façon une plaisanterie; mon secrétaire est parent du docteur qui, positivement, est renfermé dans le sac tous les jours .
Toute blague à part, cette fonction de transpiration était considérée comme à ce point importante qu'au XIXème un médecin, Esquirol, eut l'idée que l'épilepsie était due à sa suppression .
Il fallait faire transpirer ses patients ! Comment ? en les plaçant justement auprès d'organismes vivants à très forte transpiration afin que des échanges invisibles et subtiles s'établissent ...... des vaches !!!
Il organisa à l'hôpital de la Salpétrière une étable pour quatre vaches auprès desquelles étaient installés les quatre lits de patients épileptiques .
Cette histoire de transpiration n'est pas beaucoup plus étonnante que l'idée du flux des humeurs : la médecine est longtemps restée empirique .
Mme de Chimay :
Voici une référence :
L'Ecole de chirurgie du port de Rochefort 1722-1789,un modèle sous l'Ancien Régime de SARDET Michel
Service historique de la Marine,2000,211 pages
Les rois aussi en mouraient : Les Lumières en lutte contre la petite vérole de
Catriona Seth
Les Éditions Desjonquères , 2008, 473 p : 29 euros
Résumé Amazone :
"C'est la grande affaire des Lumières : on n'échappe guère à la petite vérole qui tue et défigure. Apparaît alors en Europe une méthode d'immunisation pragmatique, l'inoculation, remède dangereux pour les uns, poison salutaire pour les autres : il s'agit de contaminer un sujet sain pour tenter de contrôler l'évolution du mal. L'impact sur les mentalités comme sur l'imaginaire est immédiat et sera durable. Les inoculistes suscitent admiration, opprobre, méfiance. Leur pratique révèle ou aiguise les interrogations, les hantises et les espoirs du siècle. Voyageurs, scientifiques, journalistes, écrivains ou librettistes entrecroisent leurs discours. Les femmes ne laissent pas de jouer un rôle essentiel dans le débat. De la littérature à la religion, de la philosophie à la médecine, de la mode aux mathématiques en passant par la politique, aucun domaine n'échappe à l'étude que propose Catriona Seth de ce fait culturel global. Tout en apportant une contribution de choix à l'histoire des représentations, elle soulève des questions qui restent les nôtres : les devoirs de l'État en matière de santé publique, le lien entre risque individuel et bien collectif, le droit pour chacun de disposer de son corps, la relation de l'homme à la maladie et à la mort. À l'heure du questionnement bioéthique, cette enquête est décisive. "
HISTOIRE DES LASSITUDES DU CORPS ET DE L'ESPRIT: La fatigue et ses théories du XVIIIe au XXe siècle de Gérard SEIGNAN
Éditions universitaires européennes , 22 juin 2010 , 292 p : 93,90 euros
Voici donc le récit épique ( ) d'une opération du Dr Dupuytren .
Nos santés à toutes trois nous éprouvaient journellement . Pour ma part, de continuels et violents maux de dents faisaient mon supplice habituel, quand, après un accès de ce genre de souffrance, je m'aperçus d'une grosseur formant glande au milieu de ma langue . Ce mal survenu si rapidement a été pour moi une longue et pénible épreuve . ( ....... )
Ce nouvel accident de santé qui m'était arrivé ayant nécessité des consultations, je fus envoyée aux Bains de Bade, à douze lieues de Strasbourg . Le séjour d'eaux est des plus agréables, autant par les sites charmants qu'offre cette contrée que par la brillante société qu'il réunit chaque année .
Après avoir passé quelques semaines à Bade, voyant que ma santé ne s'améliorait pas, on dut consulter à Paris . La Faculté ne rassura pas ma famille, il fut jugé urgent de me faire partir pour la capitale et, à la fin d'octobre, ce voyage s'effectua . ( ....... )
Je vis plusieurs chirurgiens; enfin on conseilla de consulter la sommité de la science chirurgicale, le fameux Dupuytren . Après m'avoir bien examinée, il garda avec moi un silence qui ne m'annonçait rien de bon . Ma soeur Joséphine et ma belle-soeur Eléonore entendirent son arrêt . Il fallait une opération et le plus tôt possible, dès le lendemain s'il se pouvait . La chose fut convenue pour le lendemain 19 avril .
J'étais la veille plus découragée que jamais et protestant que je ne me laisserais pas opérer . Car au silence que l'on gardait sur le résultat de la visite du docteur Dupuytren, je me doutais de ce qui m'était réservé . J'en avais si bien la prévision qu'après une nuit très agitée où j'avais pris un peu de courage, je me sentis le besoin de le puiser à la bonne source et d'aller à la messe où je communiai . Je dus à cette démarche la force dont j'avais besoin . Le rendez-vous était à midi . ( ....... )
Mes alarmes furent bientôt confirmées par l'arrivée de mon amie si charitable, la bonne madame de Fallois . La reconnaissance me porte à signaler ici le dévouement qu'elle me témoigna dans cette circonstance . Bientôt après arriva mon médecin, le docteur Bruneau, puis une sœur de charité, enfin l'opérateur avec son aide .
J'avoue ma faiblesse : le cœur me manqua en voyant ses apprêts . M. Dupuytren voyant ma pâleur, mais, aussitôt reprenant courage, je demandais seulement quelques minutes que je mis à profit pour me jeter à genoux dans la chambre voisine . Un seul instant de prière me rendit toute ma force, et, rentrant dans la chambre : " Je suis prête, lui dis-je . Quand il vous plaira, Monsieur . "
Me voilà donc sur la sellette, les yeux bandés . Sœur et belle-sœur avaient été priées de se retirer . La même invitation était faite à mon amie madame de Fallois, elle demanda la permission de ne pas y accéder, disant qu'elle n'abandonnerait pas son amie . Elle et mon médecin me tenaient la tête . Une nappe fortement reliée fut mise sous ma langue, et l'opération commença ... Elle dura quatre minutes ...
L'habile opérateur s'en tira avec son talent ordinaire, et s'écria : " Nous sommes plus heureux que nous ne pensions : la glande n'est pas adhérente et ne se reproduira plus ! "
Ce mot fut un grand soulagement à la très vive douleur que j'éprouvai . Elle ne fut cependant pas telle que je pouvais le craindre : je ne me trouvai pas mal . Quand je fus recouchée, ma langue enfla considérablement et devint toute noire . L'hémorragie s'établit et il fallut procéder à chercher l'artère dans la plaie . Ce fut là la plus vive douleur . Quand on eu trouvé avec des pinces l'artère que l'on cherchait, on la lia avec un gros fil qui devait tomber au bout de neuf jours , terme assigné à la guérison .
Elle s'opéra sans que j'ai eu un accès de fièvre, seulement, pendant deux jours, je ne pris que du bouillon, à l'aide d'un tuyau de plume, et pendant plusieurs jours je ne pus parler et me servais d'un crayon pour m'exprimer . On comprend l'extrême émotion de mes soeurs qui avaient entendu mes cris . Mais bientôt comme moi elles se retrouvèrent bien heureuses . On me pardonnera de m'être autant étendue sur cette épreuve de ma vie . Les craintes qui l'avaient accompagnée ne peuvent s'égaler qu'à la reconnaissance dont je suis restée pénétrée envers la Providence qui m'a secourue évidemment dans cette circonstance .
Cette opération fit presque événement parmi les personnes de ma connaissance tant cet accident est rare aux dires même du chirurgien qui ne se rappelait pas en avoir vu un pareil . Il avait couru le bruit que l'on m'avait coupé la langue et que je ne pourrai plus parler, ce qui m'a valu plusieurs mauvaises plaisanteries .
( Mémoires d'une octogénaire de Pauline Durey de Noinville )
Lucius :
Et encore, cette opération réussit ! Il y a bien des gens qui ont dû se faire charcuter, et qui sont morts dans les souffrances (septicémies, gangrène..).
Connaissez-vous l'incroyable opération d'Ambroise Paré sur le duc de Guise ? (ce n'est pas la même époque, je sais bien...)
C'est plutôt impressionnant.
Voila, vous êtes bien installé ? Bien.
Notre histoire commence en 1544. Le duc de Guise, alors comte d'Aumle participe au siège de Boulogne avec le roi François. Soudain, au coeur de la mêlée, il reçoit une lance qui lui pénètre à quelques centimètres sous l'oeil droit, traverse la tête, pour pointer sous l'oreille droite.
Cependant la lance n'a (pour l'instant) touché ni le cerveau ni aucune veine majeure. D'urgence on le transporte dans sa tente. Le maréchal de Brissac recommande un chirurgien qui l'avait opéré avec succès à une autre bataille, et y avait montré une grande ingéniosité : Ambroise Paré. Celui-ci arrive en hâte, et oscule la blessure. Ne sachant pas quelle est la forme du fer, on ne peut le retirer par l'arrière, de peur de lacérer les chairs. D'autre part, la proximité de l'oeil rend les choses encore plus délicates.
Le chirurgien tente alors une manoeuvre risquée. Avec l'autorisation du comte, il le fait retenir fermement par l'assistance, lui même pose son pied sur la tête de Guise, et armé d'une pince puissante, il saisi la pointe le fer de la lance (dont on avait retiré la hampe) sous l'oreille, et poursuit le trajet qu'il n'avait pas achevé à travers la tête du pauvre d'Aumale. Durant cette extirpation particulièrement difficile, Guise ne prononcera aucune parole. Lorsque le pied de Paré glisse et donne un à-coup, il ne laissera échapper qu'un "Mon Dieu".
Après s'y être repris plusieurs fois, le fer est enfin extrait de la tête d'Aumale, qui n'en gardera qu'une fine et élégante cicatrice, qui lui vaudra son surnom de Balafré.
Madame de Chimay :
Une construction de la clinique : Le savoir médical au XVIIIe siècle de
Jacques Bescond
L'Harmattan , 2010,547 p : 45,50 euros
Résumé Amazone
La clinique, notion fluctuante qui a son origine dans la Grèce antique, connaît au XVIIIe siècle une évolution déterminante dans un contexte socioculturel exceptionnel. Un hôpital parisien, la Charité, qui plus est couvent-hôpital, immergé dans le milieu académique et encyclopédiste, devient une référence, lieu de construction d'une clinique chirurgicale puis médicale, consacrée par le Décret du 14 Frimaire de l'An III (4 décembre 1794). Le chirurgien lettré, passionné de technique et de science, participe à la problématique du savoir, conduit son expérience sensible du dehors vers le dedans et bouleverse l'épistémologie dans une difficile approche physique du corps (oeil, main, oreille) confrontée à la connaissance anatomique. S'opposent ainsi vitalisme et mécanisme, clinique des humeurs et clinique des organes, naturel et artificiel, physique et moral, doctrine hippocratique expectante et médecine active, tradition et modernité, le religieux et une laïcité philanthropique. La seconde moitié du siècle est le temps de l'analyse et de l'émergence de la langue des signes, celui de la révolution chimique, de l'émancipation des maladies de l'esprit prélude à la naissance de la psychiatrie, mais aussi de l'irrationnel du mesmérisme : un essor européen dispersé de la clinique, contrarié en France par le refus de réformes d'un pouvoir monarchique réactionnaire.
Reinette :
Je ne vous retranscrit pas l'intégralité du Mémorial que je lis en ce moment. C'est trop détaillé.
Mais il y a des moments, outre quand cela concerne les personnes qui nous occupent, je ne peux pas m'empêcher de vous faire partager quelques histoires qui montrent les moeurs de l'époque.
Ainsi, parlant d'un chien qui avait la rage :
Ce même chien de chaîne mordit encore un autre petit chien que Monsieur le Curé aimait beaucoup et qu'il se plaisait à caresser. Il était alors incommodé d'hémorroïdes ; quelqu'un lui avait conseillé de faire lécher son mal par ce petit chien : il le faisait et s'en trouvait bien. :bou: :peur33: :beurk13:
Le pauvre curé en est mort...
J'hallucine :
Cinq jours auparavant, il avait célébré la fête patronale de son Eglise : il s'y était trouvé plus de 20 ecclésiastiques qui l'avaient embrassé et l'un d'eux avait même couché avec lui. Sa mort leur donne beaucoup d'inquiétude et de crainte.
Au moins, c'est clair et direct. C'est peut-être bien la première fois que je lis une telle chose de la part d'un prêtre, qui parle d'un autre prêtre. Normalement, il devrait vouer aux gémonies ses pairs qui s'adonneraient à de telles pratiques. Mais là, rien. Il en parle comme de quelque chose de tout à fait naturel. Pas tout à fait le discours officiel de l'Eglise...
Je ne suis pas choquée, loin de là, car je sais bien que c'était alors très généralement pratiqué. Mais personne n'en parle d'habitude !
Lucius :
Ma remarque va peut être paraître naïve, mais si les vingt dignitaires étaient reçus par un curé de campagne, il ne pouvait peut être pas leur proposer à tous une chambre individuelle, et ils durent se regrouper à plusieurs dans les lits (ce qui n'est pas inhabituel pour l'époque). Après bien sûr on n'était pas là ...
Reinette :
Non, non, ce serait en effet tout à fait plausible .
Mais la phrase est tournée de telle sorte que coucher est mis en opposition avec embrasser : 20 l'embrassent, 1 couche même avec lui .
Toute la nuance est dans le même .
Lucius :
Le même pourrait aussi s'appliquer à l'intensité du rapprochement physique qui augmente le risque de contamination...
Kiki :
Olivia parlait de rage et d'hémorroïdes .... Ce n'est pas contagieux.
A moins que notre curé n'ait été mordu par son petit chien et n'ait, à son tour, mordu l'un de ses collègues ...
Mais il est vrai que l'on n'en savait pas tant, fin XVIIIème !
Je pense comme Lucius, à savoir qu’il faut comprendre : partager le même lit !
Je pense qu'il faut comprendre que l'on craint que le petit chien enragé n'ait rendu malade son maître au moment du léchage d'hémorroïdes. Comme le curé a embrassé (fraternellement) un certain nombre de ses confrères et dormi (et non pas forniqué) avec l'un d'entre eux, on redoute une contamination massive.
Je ne suis pas certaine que les gens savaient exactement comment se transmettaient les maladies à cette époque. D'ailleurs, ce n'est pas non plus toujours le cas aujourd'hui, si on s'intéresse au grand public. Regardez la psychose qu'il y a eu au moment de l'apparition du VIH : certains pensaient que l'on pouvait être infecté par les poux, d'autres par la salive, d'autres encore par un simple contact ! Même aujourd'hui, je connais beaucoup de personnes qui refuseraient absolument d'approcher une personne atteinte par ce virus.
.......................................... FIN DE CE BOUTURAGE !
.........................
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Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
Majesté a écrit:
Cette illustration est parfaitement recomposée dans Jefferson à Paris de James Ivory .
Du reste avons-nous ouvert un sujet pour le célèbre Mesmer .
C'est ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t1494-franz-anton-mesmer?highlight=MESMER
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Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
Merci pour cette leçon de médecine du temps passé... où nous en apprenons de belles (? ) sur les recettes de cosmétiques... :
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
Il fallait bien que la Motte ait une bonne raison pour en user ainsi ... :
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Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
;
Brrrrr, je ne suis pas aise d'apprendre que je vais devenir aveugle, comme cette pauvre Madame du Deffand ! Mon Elzéar s'occupera de moi ... Il sera mes yeux, comme Antigone ceux d'Oedipe .
Enfin, consolation suprême, je garderai mes plus chers amis . Je suis un peu inquiète tout de même à l'idée de me faire opérer de la cataracte ... et pour finir ma vie aveugle malgré tout ! allons bon, c'est bien la peine !
Je prends mes renseignements, courageuse mais pas téméraire.
Cette opération est effectivement pratiquée par nos chirurgiens, je dirais presque, depuis toujours. Et je ne le savais pas !!! M. Daviel, par exemple, se propose d'extraire mon cristalin opacifié .
Je ne vous soumets que deux pages de ses savantes explications qui ne sont pas forcément faites pour me rassurer :
Un certain Jean-Paul Marat, médecin des Gardes du corps de Monseigneur le comte d'Artois, se dit ophtalmologiste.
Mon oeil !!!!!
Je parierais gros que cet individu rentré d'Angleterre avec son diplôme, l'a trouvé dans une pochette surprise. Du reste, aucun de ses "confrères" de la Faculté ne veut le reconnaître pour un des leurs. Il en est mortifié, aigri. Il y a quelque chose chez lui qui me rebute invinciblement . Bouh ! que la physionomie de cet homme-là ne me revient pas !
Je serais très étonnée que M. Marat ait potassé des publications comme celle-ci, par exemple :
En fait, l'opération de la cataracte est pratiquée, avec brio, en France, depuis le Moyen-Age .
Nous avons imité les Arabes, qui eux-mêmes tenaient leur science des Romains, semble t-il, puisque une stèle gallo-romaine du IIème ou IIIème siècle après J.C., à Montiers sur Saulx, illustre sans ambiguité une opération de la cataracte.
Je ne vous parle même pas des Egyptiens, champions en tout ...... pour sauter allègrement XVIII siècles avant notre ère !!!!!!!!!! YES !
Quatre lois du code de Hammurabi concernent la chirurgie ophtalmologique !!!!!!!!!!
Je sais que je fais un hors sujet, que je tombe une fois de plus dans la digression ... mais je ne résiste pas au plaisir de vous citer le code de Hammurabi. C'est trop fort !!!
Si un médecin,
un homme, d'une plaie grave
avec le poinçon de bronze
a traité,
et guérit l'homme
avec le poinçon de bronze
a ouvert,
et l'œil de l'homme
a guéri,
10 sicles d'argent
il recevra.
s'il s'agit d'un noble,
5 sicles d'argent
il recevra.
S'il s'agit d'un esclave d'homme
libre,
le maître de l'esclave au médecin
2 sicles d'argent
donnera.
Si un médecin un homme libre,
d'une plaie grave
avec le poinçon de bronze
a traité, et a fait mourir l'homme,
et la taie de l'homme
avec le poinçon de bronze
a ouvert et l'œil de l'homme
a détruit,
ses mains on coupera.
la nuit, la neige a écrit:à la Conciergerie
Portrait de Madame de Sabran, par EVLB :
Rentrée en France dans les derniers temps de sa vie, elle devint aveugle. Son fils ne la quitta plus ; son bras, ainsi dire, était attaché au bras de sa mère, et vraiment on pouvait envier le sort de M. de Sabran ; car, malgré ses souffrances et son âge, madame de Boufflers toujours bonne, toujours aimable, conservait ce charme qui plaît et attire tout le monde.
Je me rappelle que sur la fin de sa vie, Forlense, le fameux oculiste, venant de lui faire l'opération de la cataracte, elle était obligée de se tenir dans la plus grande obscurité.
Un soir, je vais la voir, je la trouve seule sans lumière, je croyais n'y rester qu'un moment ; mais le charme toujours renaissant de sa conversation si piquante, si pleine d'anecdotes que personne ne savait conter ainsi, me retint plus de trois heures auprès d'elle.
Je pensai, en l'écoutant, que, ne voyant rien, ne recevant aucune distraction des objets extérieurs, elle lisait en elle-même, si je puis m'exprimer ainsi, et que cette sorte de lanterne magique de choses et d'idées, qu'elle me retraçait avec tant de grâce, c'était ce qui me retenait là.
Je ne la quittai qu'à regret, car jamais je ne l'avais trouvée plus aimable.
Brrrrr, je ne suis pas aise d'apprendre que je vais devenir aveugle, comme cette pauvre Madame du Deffand ! Mon Elzéar s'occupera de moi ... Il sera mes yeux, comme Antigone ceux d'Oedipe .
Enfin, consolation suprême, je garderai mes plus chers amis . Je suis un peu inquiète tout de même à l'idée de me faire opérer de la cataracte ... et pour finir ma vie aveugle malgré tout ! allons bon, c'est bien la peine !
Je prends mes renseignements, courageuse mais pas téméraire.
Cette opération est effectivement pratiquée par nos chirurgiens, je dirais presque, depuis toujours. Et je ne le savais pas !!! M. Daviel, par exemple, se propose d'extraire mon cristalin opacifié .
Je ne vous soumets que deux pages de ses savantes explications qui ne sont pas forcément faites pour me rassurer :
Un certain Jean-Paul Marat, médecin des Gardes du corps de Monseigneur le comte d'Artois, se dit ophtalmologiste.
Mon oeil !!!!!
Je parierais gros que cet individu rentré d'Angleterre avec son diplôme, l'a trouvé dans une pochette surprise. Du reste, aucun de ses "confrères" de la Faculté ne veut le reconnaître pour un des leurs. Il en est mortifié, aigri. Il y a quelque chose chez lui qui me rebute invinciblement . Bouh ! que la physionomie de cet homme-là ne me revient pas !
Je serais très étonnée que M. Marat ait potassé des publications comme celle-ci, par exemple :
En fait, l'opération de la cataracte est pratiquée, avec brio, en France, depuis le Moyen-Age .
Nous avons imité les Arabes, qui eux-mêmes tenaient leur science des Romains, semble t-il, puisque une stèle gallo-romaine du IIème ou IIIème siècle après J.C., à Montiers sur Saulx, illustre sans ambiguité une opération de la cataracte.
Je ne vous parle même pas des Egyptiens, champions en tout ...... pour sauter allègrement XVIII siècles avant notre ère !!!!!!!!!! YES !
Quatre lois du code de Hammurabi concernent la chirurgie ophtalmologique !!!!!!!!!!
Je sais que je fais un hors sujet, que je tombe une fois de plus dans la digression ... mais je ne résiste pas au plaisir de vous citer le code de Hammurabi. C'est trop fort !!!
Si un médecin,
un homme, d'une plaie grave
avec le poinçon de bronze
a traité,
et guérit l'homme
avec le poinçon de bronze
a ouvert,
et l'œil de l'homme
a guéri,
10 sicles d'argent
il recevra.
s'il s'agit d'un noble,
5 sicles d'argent
il recevra.
S'il s'agit d'un esclave d'homme
libre,
le maître de l'esclave au médecin
2 sicles d'argent
donnera.
Si un médecin un homme libre,
d'une plaie grave
avec le poinçon de bronze
a traité, et a fait mourir l'homme,
et la taie de l'homme
avec le poinçon de bronze
a ouvert et l'œil de l'homme
a détruit,
ses mains on coupera.
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Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
.
La comtesse d'Adhémar ( alias le sieur de Lamothe-Langon : ) nous fait une description minutieuse du pouf à l'Inoculation :
La reine porta la première le pouf à l'inoculation, et bientôt toutes les femmes de la Cour l'imitèrent. Cette coiffure coûtait dix louis. Mlle Bertin ne pouvait suffire à en fournir. Elle y avait placé avec un goût exquis un soleil levant, un olivier chargé de fruits, autour duquel s'enlaçait un serpent qui soutenait une massue entourée de guirlandes de fleurs.
Voici l'explication que l'on donnait à cette charmante coiffure . Le serpent représentait la médecine, la massue l'art dont elle s'était servie pour terrasser le monstre variolique; le soleil levant devenait l'emblème naturel du jeune roi vers lequel se tournaient nos espérances, et l'on trouvait dans l'olivier le symbole de la paix et de la douceur que répandait dans les âmes l'heureux succès de l'opération à laquelle nos princes s'étaient soumis .
Pouf à l'Inoculation ( une version assez fantaisiste )
by capta77
Ah, d'accord ! C'est un soleil levant, ça !!!
La comtesse d'Adhémar ( alias le sieur de Lamothe-Langon : ) nous fait une description minutieuse du pouf à l'Inoculation :
La reine porta la première le pouf à l'inoculation, et bientôt toutes les femmes de la Cour l'imitèrent. Cette coiffure coûtait dix louis. Mlle Bertin ne pouvait suffire à en fournir. Elle y avait placé avec un goût exquis un soleil levant, un olivier chargé de fruits, autour duquel s'enlaçait un serpent qui soutenait une massue entourée de guirlandes de fleurs.
Voici l'explication que l'on donnait à cette charmante coiffure . Le serpent représentait la médecine, la massue l'art dont elle s'était servie pour terrasser le monstre variolique; le soleil levant devenait l'emblème naturel du jeune roi vers lequel se tournaient nos espérances, et l'on trouvait dans l'olivier le symbole de la paix et de la douceur que répandait dans les âmes l'heureux succès de l'opération à laquelle nos princes s'étaient soumis .
Pouf à l'Inoculation ( une version assez fantaisiste )
by capta77
Ah, d'accord ! C'est un soleil levant, ça !!!
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Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
La fistule anale du roi-soleil : grandeurs et servitudes de la maladie
Stanis Perez le 20-03-09 ( )
La fistule anale dont Louis XIV fut atteint au cours de sa quarante-huitième année est un événement historique à part entière et non une simple anecdote rapportée par de fâcheux courtisans.
C’est au cours de l’année 1686 que Louis XIV a ressenti les premiers symptômes d’une maladie dont la postérité retient, jusqu’à aujourd’hui encore, les péripéties et les conséquences les plus curieuses. Parce qu’il s’agit d’un roi, mais prioritairement parce que cet épisode est révélateur des liens très étroits qui existaient entre le corps sacré du souverain et son corps mortel, celui qui était inexorablement soumis à toutes les affres de la maladie et de la vieillesse. Ainsi, comme le plus simple de ses sujets, le Roi-Soleil souffrait en sa chair et devait se plier aux exigences de médecins hésitant entre servilité courtisane et déontologie professionnelle.
LES SOUPÇONS DE LA COUR
De quelles sources dispose-t-on aujourd’hui pour établir, avec exactitude, la nature du mal dont le roi a souffert? Tout d’abord, du témoignage de ses médecins, et en premier lieu les étonnantes pages du Journal de santé.
L’une des premières mentions de la fistule provient du marquis de Dangeau, un diariste très proche du roi. En février 1686, il note que Louis se plaint d’une «tumeur à la cuisse», formule à la fois pudique et trompeuse: le roi ose-t-il tout dire de son mal naissant? La discrétion du malade, et surtout le fait qu’il se laisse de moins en moins voir éveillent les soupçons alors que son médecin attitré, Antoine Daquin, multiplie les interventions sans succès.
Emplâtres fantaisistes et suppuratifs vitriolés se succèdent sur un abcès qui est placé près de l’anus et qui finit par s’ouvrir quinze jours après le début des tourments royaux. Le chirurgien intervient à la lancette pour sonder le mal et tenter de le cautériser à l’aide de liquides astringents et franchement acides. D’autres potions suivent mais sans effets probants: que peuvent les pétales de roses de Provins ou le mystérieux baume du Pérou sinon entretenir le mal au lieu de le cautériser tout à fait?
See more ?
http://www.larevuedupraticien.fr/histoire-de-la-medecine/la-fistule-anale-du-roi-soleil-grandeurs-et-servitudes-de-la-maladie
Stanis Perez le 20-03-09 ( )
La fistule anale dont Louis XIV fut atteint au cours de sa quarante-huitième année est un événement historique à part entière et non une simple anecdote rapportée par de fâcheux courtisans.
C’est au cours de l’année 1686 que Louis XIV a ressenti les premiers symptômes d’une maladie dont la postérité retient, jusqu’à aujourd’hui encore, les péripéties et les conséquences les plus curieuses. Parce qu’il s’agit d’un roi, mais prioritairement parce que cet épisode est révélateur des liens très étroits qui existaient entre le corps sacré du souverain et son corps mortel, celui qui était inexorablement soumis à toutes les affres de la maladie et de la vieillesse. Ainsi, comme le plus simple de ses sujets, le Roi-Soleil souffrait en sa chair et devait se plier aux exigences de médecins hésitant entre servilité courtisane et déontologie professionnelle.
LES SOUPÇONS DE LA COUR
De quelles sources dispose-t-on aujourd’hui pour établir, avec exactitude, la nature du mal dont le roi a souffert? Tout d’abord, du témoignage de ses médecins, et en premier lieu les étonnantes pages du Journal de santé.
L’une des premières mentions de la fistule provient du marquis de Dangeau, un diariste très proche du roi. En février 1686, il note que Louis se plaint d’une «tumeur à la cuisse», formule à la fois pudique et trompeuse: le roi ose-t-il tout dire de son mal naissant? La discrétion du malade, et surtout le fait qu’il se laisse de moins en moins voir éveillent les soupçons alors que son médecin attitré, Antoine Daquin, multiplie les interventions sans succès.
Emplâtres fantaisistes et suppuratifs vitriolés se succèdent sur un abcès qui est placé près de l’anus et qui finit par s’ouvrir quinze jours après le début des tourments royaux. Le chirurgien intervient à la lancette pour sonder le mal et tenter de le cautériser à l’aide de liquides astringents et franchement acides. D’autres potions suivent mais sans effets probants: que peuvent les pétales de roses de Provins ou le mystérieux baume du Pérou sinon entretenir le mal au lieu de le cautériser tout à fait?
See more ?
http://www.larevuedupraticien.fr/histoire-de-la-medecine/la-fistule-anale-du-roi-soleil-grandeurs-et-servitudes-de-la-maladie
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Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
Si j'osais... allez, j'ose :
Bien à vous. :
Invité- Invité
Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
Roooh !
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Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
Dieu merci, Eddy Mitchell n'a jamais interprété Louis XIV... ni sorti cette réplique à Madame de Maintenon ! :
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
On n'a jamais vu Eddy Mitchell dans un film costumé, non ?
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
;
Sciences médicales et philosophie au Siècle des Lumières
http://www.franceculture.fr/emission-sciences-m%C3%A9dicales-et-philosophie-au-si%C3%A8cle-des-lumi%C3%A8res-2010-01-11.html
La médecine, au XVIIIe, n'est pas ce désert que certains imaginent. Elle montre, au contraire, une véritable pertinence épistémologique, en révélant un imposant réseau d'articulations fécondes entre sciences et méthodes d'investigation. Elle est imprégnée par les modèles de la botanique, de la chimie, de la physique ou des mathématiques. Ainsi l'étude du corpus médical du siècle offre de multiples centres d'intérêt : philosophique, historique et épistémologique. Toutes ces disciplines se rejoignent sur ce constat : c'est à une anthropologie aux multiples facettes que l'étude de la médecine de toute cette période représente.
Sciences médicales et philosophie au Siècle des Lumières
http://www.franceculture.fr/emission-sciences-m%C3%A9dicales-et-philosophie-au-si%C3%A8cle-des-lumi%C3%A8res-2010-01-11.html
La médecine, au XVIIIe, n'est pas ce désert que certains imaginent. Elle montre, au contraire, une véritable pertinence épistémologique, en révélant un imposant réseau d'articulations fécondes entre sciences et méthodes d'investigation. Elle est imprégnée par les modèles de la botanique, de la chimie, de la physique ou des mathématiques. Ainsi l'étude du corpus médical du siècle offre de multiples centres d'intérêt : philosophique, historique et épistémologique. Toutes ces disciplines se rejoignent sur ce constat : c'est à une anthropologie aux multiples facettes que l'étude de la médecine de toute cette période représente.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
;
La teigne ( ) était une dermatose fréquente liée au manque d'hygiène . Tu m'étonnes ! :roll:
Elle faisait l'objet de nombreux traitements . Autrefois ( vers le XVIème siècle ... ) il était conseillé de frotter le lieu dépilé avec une pièce de de drap teint jusqu'à ce qu'il saigne, puis d'oindre la plaie avec un mélange de vin, d'huile et de fiente de souris .
Des médecins étaient spécialistes du traitement de la teigne :
( J'aime bien depuis la mamelle jusqu'à l'âge décrépite : )
La teigne ( ) était une dermatose fréquente liée au manque d'hygiène . Tu m'étonnes ! :roll:
Elle faisait l'objet de nombreux traitements . Autrefois ( vers le XVIème siècle ... ) il était conseillé de frotter le lieu dépilé avec une pièce de de drap teint jusqu'à ce qu'il saigne, puis d'oindre la plaie avec un mélange de vin, d'huile et de fiente de souris .
Des médecins étaient spécialistes du traitement de la teigne :
( J'aime bien depuis la mamelle jusqu'à l'âge décrépite : )
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Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
;
Impossible d'évoquer la médecine des Lumières sans présenter le fameux Mannequin d'accouchement -
Il est fabriqué au XVIIIe siècle - en France
C'est la "Machine de Mme du Coudray".
Musée Flaubert et d'histoire de la médecine.
La "machine" est en réalité un mannequin servant à enseigner l'art des accouchements.
Elle fut déposée en 1778; il en reste un unique exemplaire conservé et exposé au musée Flaubert et d’histoire de la Médecine, à Rouen.
Elle comprend un mannequin représentant, en grandeur réelle, la partie inférieure du corps d’une femme, une poupée de la taille d’un nouveau-né et différents accessoires montrant, entre autres, l’anatomie de la femme, un fœtus à sept mois, des jumeaux.
Notez comme le nourrisson vient au monde tout sourire ! : :n,,;::::!!!:
Le mannequin de démonstration:
L’ensemble de confection artisanale est fait en toile et en peau, de couleur rose, rembourré de coton. Le mannequin de démonstration est représenté en grandeur nature et repose sur une armature en fer, en position gynécologique. Il s’ouvre dans sa partie supérieure pour positionner la poupée dans le ventre maternel. Il porte des orifices où coulisse tout un jeu de ficelles et de lanières permettant de simuler l’ampliation vaginale et la dilatation du périnée lors du passage de l’enfant et contribuant à montrer la dynamique de l’accouchement.
La radiographie a révélé que sous les étoffes, la soie et les rubans se cache une véritable structure osseuse: le bassin d’une jeune femme.
L'anatomie de la femme selon Madame Du Coudray:
Cette reproduction de l’appareil génital de la femme, représenté en dehors de la grossesse, est remarquable par sa fidélité au modèle anatomique. Cette pièce porte 21 petites étiquettes cousues qui permettaient aux élèves d’identifier les différents organes de la reproduction, notamment l’utérus, les ovaires, les trompes de Fallope et de les situer par rapport à l’intestin et la vessie. En tenant la pièce comme une marionnette l’élève pouvait pratiquer le toucher du col utérin.
Le nouveau-né:
L’ensemble est flexible en particulier la tête afin de pouvoir mettre la poupée dans toutes sortes de positions pour expliquer les différentes présentations. Les parties dures, sensibles à la palpation, sont le crâne avec la présence de la fontanelle, la colonne vertébrale portant le nombre exact de vertèbres, le thorax, les coudes, les genoux et même les talons.
Pieds et mains sont bien individualisés car il est important pour la sage-femme qui travaille en aveugle de repérer le membre droit et le membre gauche lors de l’extraction de l’enfant.
La tête, dont le nez est modelé, les oreilles cousues et les cheveux dessinés à l’encre, a la bouche ouverte. On peut y introduire le doigt jusqu’à une profondeur de 5 cm et apercevoir la langue. Ce détail est important car il permet a la sage-femme d’introduire deux doigts dans la bouche pour faciliter le passage de la tête lors d’une présentation de l’enfant par le siège. Ainsi l’élève pouvait répéter sur la machine ce que l’on appelle la manœuvre de Mauriceau.
https://www.flickr.com/photos/31089402@N07/3105204787
Impossible d'évoquer la médecine des Lumières sans présenter le fameux Mannequin d'accouchement -
Il est fabriqué au XVIIIe siècle - en France
C'est la "Machine de Mme du Coudray".
Musée Flaubert et d'histoire de la médecine.
La "machine" est en réalité un mannequin servant à enseigner l'art des accouchements.
Elle fut déposée en 1778; il en reste un unique exemplaire conservé et exposé au musée Flaubert et d’histoire de la Médecine, à Rouen.
Elle comprend un mannequin représentant, en grandeur réelle, la partie inférieure du corps d’une femme, une poupée de la taille d’un nouveau-né et différents accessoires montrant, entre autres, l’anatomie de la femme, un fœtus à sept mois, des jumeaux.
Notez comme le nourrisson vient au monde tout sourire ! : :n,,;::::!!!:
Le mannequin de démonstration:
L’ensemble de confection artisanale est fait en toile et en peau, de couleur rose, rembourré de coton. Le mannequin de démonstration est représenté en grandeur nature et repose sur une armature en fer, en position gynécologique. Il s’ouvre dans sa partie supérieure pour positionner la poupée dans le ventre maternel. Il porte des orifices où coulisse tout un jeu de ficelles et de lanières permettant de simuler l’ampliation vaginale et la dilatation du périnée lors du passage de l’enfant et contribuant à montrer la dynamique de l’accouchement.
La radiographie a révélé que sous les étoffes, la soie et les rubans se cache une véritable structure osseuse: le bassin d’une jeune femme.
L'anatomie de la femme selon Madame Du Coudray:
Cette reproduction de l’appareil génital de la femme, représenté en dehors de la grossesse, est remarquable par sa fidélité au modèle anatomique. Cette pièce porte 21 petites étiquettes cousues qui permettaient aux élèves d’identifier les différents organes de la reproduction, notamment l’utérus, les ovaires, les trompes de Fallope et de les situer par rapport à l’intestin et la vessie. En tenant la pièce comme une marionnette l’élève pouvait pratiquer le toucher du col utérin.
Le nouveau-né:
L’ensemble est flexible en particulier la tête afin de pouvoir mettre la poupée dans toutes sortes de positions pour expliquer les différentes présentations. Les parties dures, sensibles à la palpation, sont le crâne avec la présence de la fontanelle, la colonne vertébrale portant le nombre exact de vertèbres, le thorax, les coudes, les genoux et même les talons.
Pieds et mains sont bien individualisés car il est important pour la sage-femme qui travaille en aveugle de repérer le membre droit et le membre gauche lors de l’extraction de l’enfant.
La tête, dont le nez est modelé, les oreilles cousues et les cheveux dessinés à l’encre, a la bouche ouverte. On peut y introduire le doigt jusqu’à une profondeur de 5 cm et apercevoir la langue. Ce détail est important car il permet a la sage-femme d’introduire deux doigts dans la bouche pour faciliter le passage de la tête lors d’une présentation de l’enfant par le siège. Ainsi l’élève pouvait répéter sur la machine ce que l’on appelle la manœuvre de Mauriceau.
https://www.flickr.com/photos/31089402@N07/3105204787
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
Sacré engin d'études, dis donc, que ce mannequin de femme accouchée !
Merci pour cet exposé étonnant !
Bien à vous.
Merci pour cet exposé étonnant !
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
.
Étonnant aussi, ce remède de bonne-femme ancestral du bézoard !
Les médecins arabes introduisirent en occident l'utilisation de la pierre bézoard qu'ils recherchaient dans l'estomac de certains mammifères. Cette petite boule de consistance dure, sorte de concrétion principalement formée de carbonate de chaux était de forme et de couleur variées : ronde, oblongue, ressemblant à une châtaigne noire, cendrée, jaunâtre ...
On lui attribuait de nombreuses vertus thérapeutiques pour la raison suivante : Le bézoard est bon pour la santé, parce que, d'instinct, les animaux qui le fournissent savent choisir les meilleures herbes pour se bien porter ou pour se guérir des maladies . Cette pierre se forme à partir des vertus de ces herbes .
En 1733, Nicolas Lemery en énumère les indications :
Il est propre pour fortifier le cœur, pour exciter la sueur, pour résister à la malignité des humeurs, pour arrêter les cours de ventre; on s'en sert dans la peste, dans la petite vérole, dans la dysenterie, dans l'épilepsie, dans les vertiges, dans les palpitations, pour les vers; la dose en est depuis quatre grains jusqu'à seize, étant pulvérisé subtilement et mêlé dans une liqueur appropriée .
C'est fou, toutes ces vertus !!! :
Le succès de ce médicament resta immense jusqu'au XVIIIème siècle. On s'arrachait à prix d'or les quelques béozards que les navigateurs rapportaient des contrées lointaines . Ces pierres venant de l'estomac du " Chamois de Perse" , de la "Gazelle du Pérou ", ou du " Singe du Siam ", étaient réputées plus efficaces du fait de leur exotisme . Ce qui n'empêchait pas l'utilisation de bézoards extraits du tube digestif des mammifères domestiques de nos régions occidentales .
Le mode d'emploi le plus courant était de le tremper dans un breuvage. Plus rarement, on en râpait quelques grains. Ou encore on en faisait des attouchements : Pomet assurait que cette pierre " appliquée aux narines rend la vue plus nette . " : : :
Infusée dans un peu de vin et d'eau, elle " apporte au liquide une petite amertume qui n'est pas désagréable " , constatait Lémery en 1733.
C'est bon à savoir, si le cœur vous en dit ! :n,,;::::!!!:
Le véritable bézoard d'orient, était si précieux qu'on utilisait divers moyens pour le conserver . On l'incrustait au milieu d'une assiette, de façon à ne pouvoir bouger, ou encore on le reliait par une chaîne à l'anse d'un récipient à boire .
Comme la plupart des objets pour soigner, seringue à clystère, entonnoir vaginaux, pilule perpétuelle, il pouvait être loué ou prêté à la journée .
Les familles riches qui possédaient un bézoard d'Orient particulièrement réputé pour son efficacité le conservaient dans un écrin d'orfèvrerie, et le transmettaient en héritage .
Un autre exemple de matière médicale animale imputrescible employée pour les maux du corps était la corme de rhinocéros utilisée en gobelet . Contre les risques d'empoisonnement, en particulier, on faisait de cette corne un récipient auquel on attribuait la propriété d'absorber le poison . IL suffisait d'y laisser reposer le breuvage avant que de le boire .
Étonnant aussi, ce remède de bonne-femme ancestral du bézoard !
Les médecins arabes introduisirent en occident l'utilisation de la pierre bézoard qu'ils recherchaient dans l'estomac de certains mammifères. Cette petite boule de consistance dure, sorte de concrétion principalement formée de carbonate de chaux était de forme et de couleur variées : ronde, oblongue, ressemblant à une châtaigne noire, cendrée, jaunâtre ...
On lui attribuait de nombreuses vertus thérapeutiques pour la raison suivante : Le bézoard est bon pour la santé, parce que, d'instinct, les animaux qui le fournissent savent choisir les meilleures herbes pour se bien porter ou pour se guérir des maladies . Cette pierre se forme à partir des vertus de ces herbes .
En 1733, Nicolas Lemery en énumère les indications :
Il est propre pour fortifier le cœur, pour exciter la sueur, pour résister à la malignité des humeurs, pour arrêter les cours de ventre; on s'en sert dans la peste, dans la petite vérole, dans la dysenterie, dans l'épilepsie, dans les vertiges, dans les palpitations, pour les vers; la dose en est depuis quatre grains jusqu'à seize, étant pulvérisé subtilement et mêlé dans une liqueur appropriée .
C'est fou, toutes ces vertus !!! :
Le succès de ce médicament resta immense jusqu'au XVIIIème siècle. On s'arrachait à prix d'or les quelques béozards que les navigateurs rapportaient des contrées lointaines . Ces pierres venant de l'estomac du " Chamois de Perse" , de la "Gazelle du Pérou ", ou du " Singe du Siam ", étaient réputées plus efficaces du fait de leur exotisme . Ce qui n'empêchait pas l'utilisation de bézoards extraits du tube digestif des mammifères domestiques de nos régions occidentales .
Le mode d'emploi le plus courant était de le tremper dans un breuvage. Plus rarement, on en râpait quelques grains. Ou encore on en faisait des attouchements : Pomet assurait que cette pierre " appliquée aux narines rend la vue plus nette . " : : :
Infusée dans un peu de vin et d'eau, elle " apporte au liquide une petite amertume qui n'est pas désagréable " , constatait Lémery en 1733.
C'est bon à savoir, si le cœur vous en dit ! :n,,;::::!!!:
Le véritable bézoard d'orient, était si précieux qu'on utilisait divers moyens pour le conserver . On l'incrustait au milieu d'une assiette, de façon à ne pouvoir bouger, ou encore on le reliait par une chaîne à l'anse d'un récipient à boire .
Comme la plupart des objets pour soigner, seringue à clystère, entonnoir vaginaux, pilule perpétuelle, il pouvait être loué ou prêté à la journée .
Les familles riches qui possédaient un bézoard d'Orient particulièrement réputé pour son efficacité le conservaient dans un écrin d'orfèvrerie, et le transmettaient en héritage .
Un autre exemple de matière médicale animale imputrescible employée pour les maux du corps était la corme de rhinocéros utilisée en gobelet . Contre les risques d'empoisonnement, en particulier, on faisait de cette corne un récipient auquel on attribuait la propriété d'absorber le poison . IL suffisait d'y laisser reposer le breuvage avant que de le boire .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
On dirait un œuf de dragon :
Où pourrait-on s'en procurer? ça pourrait m'intéresser : :
Bien à vous. : : :
Où pourrait-on s'en procurer? ça pourrait m'intéresser : :
Bien à vous. : : :
Invité- Invité
Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
Moi, je veux bien le dernier comme bibelot décoratif !
C'est tout à fait joli quand on ne sait pas ce que c'est ...
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
Très intéressant, merci !
On notera que la corne des rhinocéros est toujours très recherchée par quelques amateurs.
Pauvres bêtes... boudoi29
On notera que la corne des rhinocéros est toujours très recherchée par quelques amateurs.
Pauvres bêtes... boudoi29
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
Sa vertu est censée être aphrodisiaque .
Suivons plutôt le conseil de Casanova, et buvons du chocolat !!! :n,,;::::!!!:
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La médecine, les soins et la santé au XVIIIe siècle
.
Lauzun, Orléans, Fersen, la Fayette, Ligne, Saint-Just, et Louis XVI lui-même, portaient une boucle d'oreille .
Nous en parlions ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1667p15-boucles-d-oreilles-pour-les-messieurs?highlight=BOUCLES
... et avions évoqué, entre autres folles raisons ( : ), celle médicale.
Wiki est prolixe sur cette question !
Vertus thérapeutiques de la boucle d'oreille
Les travaux de Giuseppe Pitrè ont attesté de manière médicale les vertus du perçage du lobe de l'oreille. En effet, selon le médecin italien, « Trouer le lobe de l'oreille est une pratique qui prévient et guérit les ophtalmies."
Peut-être que le tout est d'y croire ? :
Pour le maintenir toujours ouvert, selon certains, il faut y mettre une boucle. Le trou dans l'oreille éclaircit la vue, soulage les conjonctivites et les autres affections des yeux » On prête donc au perçage du lobe et au port de boucles d'oreille en métal qui empêche le trou de se reboucher des vertus thérapeutiques.
Le trou éclaircit la vue, soulage les maux d'yeux.
Le Nei Jing Su Wen, premier ouvrage d'acupuncture dans l'Histoire, affirme que tous les méridiens sont réunis dans l'auricule. Cependant, selon J.E.H. Niboyet, les connaissances de l'époque concernant le pavillon de l'oreille ne permettaient pas de relier de manière cohérente les différents points d'acupuncture. D'autres livres établissent des liens entre l'oreille et le cœur, les poumons, le foie et surtout les yeux.
La preuve : avant 1956, les Chinois utilisaient l'auriculothérapie uniquement pour soigner les maladies oculaires, les maux de gorge et les fièvres. Des soins par saignées derrière l'oreille ou par cautérisation ont également été effectués au cours de l'histoire.
En effet, en provoquant des blessures artificielles, il est possible de faire couler les excès de fluides produits à l'intérieur du corps. Certains médecins conseillaient également l'application des sangsues derrière l'oreille.
La tradition italienne utilisait également ce bijou pour prévenir des maladies ophtalmiques, courantes dans les pays méditerranéens.
Demain, ce sera horrible ! àè-è\':
Nous verrons ce qu'il en était de la chirurgie de nos aïeux ... brrrrrr !
Lauzun, Orléans, Fersen, la Fayette, Ligne, Saint-Just, et Louis XVI lui-même, portaient une boucle d'oreille .
Nous en parlions ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1667p15-boucles-d-oreilles-pour-les-messieurs?highlight=BOUCLES
... et avions évoqué, entre autres folles raisons ( : ), celle médicale.
Wiki est prolixe sur cette question !
Vertus thérapeutiques de la boucle d'oreille
Les travaux de Giuseppe Pitrè ont attesté de manière médicale les vertus du perçage du lobe de l'oreille. En effet, selon le médecin italien, « Trouer le lobe de l'oreille est une pratique qui prévient et guérit les ophtalmies."
Peut-être que le tout est d'y croire ? :
Pour le maintenir toujours ouvert, selon certains, il faut y mettre une boucle. Le trou dans l'oreille éclaircit la vue, soulage les conjonctivites et les autres affections des yeux » On prête donc au perçage du lobe et au port de boucles d'oreille en métal qui empêche le trou de se reboucher des vertus thérapeutiques.
Le trou éclaircit la vue, soulage les maux d'yeux.
Le Nei Jing Su Wen, premier ouvrage d'acupuncture dans l'Histoire, affirme que tous les méridiens sont réunis dans l'auricule. Cependant, selon J.E.H. Niboyet, les connaissances de l'époque concernant le pavillon de l'oreille ne permettaient pas de relier de manière cohérente les différents points d'acupuncture. D'autres livres établissent des liens entre l'oreille et le cœur, les poumons, le foie et surtout les yeux.
La preuve : avant 1956, les Chinois utilisaient l'auriculothérapie uniquement pour soigner les maladies oculaires, les maux de gorge et les fièvres. Des soins par saignées derrière l'oreille ou par cautérisation ont également été effectués au cours de l'histoire.
En effet, en provoquant des blessures artificielles, il est possible de faire couler les excès de fluides produits à l'intérieur du corps. Certains médecins conseillaient également l'application des sangsues derrière l'oreille.
La tradition italienne utilisait également ce bijou pour prévenir des maladies ophtalmiques, courantes dans les pays méditerranéens.
Demain, ce sera horrible ! àè-è\':
Nous verrons ce qu'il en était de la chirurgie de nos aïeux ... brrrrrr !
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