Yolande de Polastron, duchesse de Polignac (1749-1793)

Mme de Sabran a écrit:Chère Alice, je vois que vous êtes dans le Forum, j'en profite pour vous demander quel est cet autre Palazzo Polignac ?  :n,,;::::!!!:
Est-ce une autre façade de celui de Venise ?

Chère Eléonore,

Pour confirmer ce que vous a dit votre amie, il s'agit du Palazzo Contarini qui a appartenu à la princesse Winnaretta Singer, l'épouse du prince Edmond de Polignac, qui recevait là ses amis et de nombreux artistes. Il a ensuite été acquis par la famille des ducs Decazes.

Bien à vous. Roi-cavalerie

Merci pour ces précisions, cher Roi-Cavalerie ! :n,,;::::!!!:
C'est splendide !!!




Dites-moi, et si nous entrions ?  Allez zou ! soyons indiscrets .  :
( petit hors-sujet pour le plaisir ! )

Le fragment de lettre ci-dessous provenant d'une source sûre (le comte de Creutz, ambassadeur de Suède à la cour de France) témoigne de ce que nous savons déjà : la modestie de Yolande-Gabrielle.

« Paris 28 octobre 1782

Sire

Madame la Duchesse de Polignac a été nommée Gouvernante des Enfants de France. Cette dame qui a toujours avec une modération rare joui de la haute faveur où elle est a peut-être beaucoup d'envieux mais pas un ennemi. Elle prêtera dimanche serment. »

Dans :Comte de Creutz - La Suède & les Lumières, Lettres de France d'un ambassadeur à son roi (1771-1783), Éditions Michel de Maule, Paris, 2012

Est-il sympathique, ce Creutz !

Miniature du XIXe siècle représentant Madame de Polignac:


Bien à vous.

.

Du chevalier de l'Isle :

... n’a-t-il pas les qualités essentielles ? Bon, sensible, reconnaissant, empressé à plaire, de l’esprit, de la gaîté à revendre ; il soigne ses amis, les accompagne aux eaux, garde M. le duc d’Angoulême qui a été inoculé, et Mme de Polignac accouche dans ses bras. Oui, vous avez bien lu, et n’est-ce pas un assez joli trait de dévouement ?


Victor Du Bled
Un Client de l’Ancien Régime

Revue des Deux Mondes, 3e période, tome 101, 1890 (pp. 351-386)

Diable, quelle intimité !
Je suppose qu'il s'agit de la naissance de Jules junior, en mai 1780.

Mme de Sabran a écrit:
Diable, quelle intimité !
Je suppose qu'il s'agit de la naissance de Jules junior, en mai 1780.

Est-ce ce passage qui a fait que le Chevalier est supposé avoir été l'amant de Madame de Polignac?


Bien à vous.

Certainement pas.    
Les clabauderies couraient sur un tout autre registre :

Mme Jules de Polignac fait ses couches tout bonnement dans l'appartement de M. de Vaudreuil.  Antoinette ne quitte pas le chevet de son lit et lui sert de garde accoucheuse. Les ignorants et ceux qui ne se connaissent pas plus aux intrigues de la Cour qu'aux différents motifs qui les déterminent, trouvent singulier que Mme Jules n'ait pas fait ses couches au château de Versailles, et ne se soit pas mise à portée de son amie : cela paraît plus naturel, plus décent. Ces gens là ne savent pas que cela n'eût pas convenu. Ces fréquents voyages de Paris, ces visites, ont un but qui n'eût pas été rempli autrement. Mme de Polignac a fait un garcon; Vaudreuil sait donc faire des garcons ...  A la fin de tout cela, nous aurons un Dauphin .

( Henri d'Alméras : Marie Antoinette et les pamphlets royalistes et révolutionnaires )



La rumeur prétendait aussi que le duc était en province depuis plus d'un an, d'où la devinette :
L'enfant de Mme de Polignac est-il de la Reine ou bien de M. de Vaudreuil ?

Le chevalier de L'Isle bénéficiait donc d'une intimité extrême ... en tout bien tout honneur ...
Comme quoi cela était possible à Versailles ! :


Bien à vous.

C'était une intimité partagée avec la reine, présente aussi, et le prince de Ligne.
Ils dînent ensemble.

  Je leur promis d'y retourner à la même heure six mois après, et j'ordonnai mon carrosse de remise et mon laquais de louage en conséquence. Je les retrouvai à la même place et je tins parfaitement parole, quoiqu'il y eût bien des événements depuis ce temps là, entre autre la mort de l'Impératrice Reine.

( le prince de Ligne, Fragments de l'histoire de ma vie )


Quant à Louis XVI :

Le Roi a bien voulu partager les empressements de la Reine; il a été voir lui même Mme la comtesse Jules le troisième ou le quatrième jour de ses couches .

( Correspondance de Grimm )

Mme de Sabran a écrit:C'était une intimité partagée avec la reine, présente aussi, et le prince de Ligne.
Ils dînent ensemble.

J'entends bien... mais c'était l'intimité (au sens anatomique du terme) de la Duchesse :


Bien à vous.

L'événement pouvait très aisément se dérouler en ménageant la pudeur de l'accouchée.  Mais je pense surtout que c'est une façon de parler de l'Isle, pour se faire mousser.   Nous savons combien il adorait cela.   Par exemple, il arrivait toujours le premier chez Mme de Polignac pour que les suivants le trouve en présence de la reine comme s'ils étaient copains comme cochons.

.

Vous me faites penser, ma chère Diane, qu'il me faut signaler ici même, dans le sujet de Mme de Polignac, l'excellent ouvrage de notre ami Roi cavalerie Au coeur du pouvoir  .    

...    et sa présentation  :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2738-au-coeur-du-pouvoir-de-jean-pierre-bernard#79302

Et n'oublions pas non plus la nouvelle publication, ce mois de juin, de l'excellente biographie :



Voir notre sujet ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t178-madame-de-polignac-intime-de-marie-antoinette?highlight=polignac

Dans le sujet où nous évoquons la collection de peintures du comte de Vaudreuil, et parmi ses achats ceux des portraits de la duchesse de Polignac commandés à Louise-Elisabeth Vigée Le Brun, c'est ICI...

...Nous présentions notamment ce portrait :

En 1787, Mme Lebrun réalisait un nouveau portrait à l'huile représentant la duchesse debout auprès d'un piano-forte


The duchesse de Polignac
Par Louise-Elisabeth Vigée Le Brun
Photo : Collection Waddesdon Manor

Et dans la note descriptive de l'institution, nous pouvons lire, notamment :

Presented by Yolande-Martine-Gabrielle Duchesse de Polignac to Louis-Philippe de Rigaud Marquis de Vaudreuil (b.1724, d.1802); by descent to his grand-daughter the Comtesse de Clermont-Tonnerre before 1883; bought from the Comtesse de Clermont-Tonnerre by Baron Ferdinand de Rothschild etc...
* Source : http://collection.waddesdon.org.uk/search.do?view=detail&page=1&id=41326&db=object



Si j'ai bien compris ce qui est écrit en allemand, le Musikinstrumenten-Museum, Staatliches Institut für Musikforschung, posséderait un clavecin ayant appartenu à la duchesse de Polignac, et réalisé par Benoist Stehlin en 1767 :


Photo : Musikinstrumenten-Museum / Herald Fritz

"Dieses Cembalo kaufte Madame de Polignac vom Erbauer", erzählt die Musikerin. "Sie war Hofdame und enge Vertraute von Marie-Antoinette." Das Cembalo war das bevorzugte Instrument des Adels, auch am französischen Königshof in Versailles. Bis sich die Massen erhoben und auch die Musik in den Strudel der Revolution geriet: "Zum Glück gibt es das Cembalo noch. Die meisten verbrannten in der Revolution. Dieses war dann für fast einhundert Jahre verschwunden."

Voir l'article ici : http://www.dw.com/de/mein-kunst-st%C3%BCck-madame-de-polignacs-launisches-cembalo/a-2331686



Photo : https://fr.wikipedia.org/wiki/Benoist_Stehlin

Magnifique découverte, cher La Nuit, la Neige.
Amitiés. Roi-cavalerie

La nuit, la neige a écrit:"Dieses Cembalo kaufte Madame de Polignac vom Erbauer", erzählt die Musikerin. "Sie war Hofdame und enge Vertraute von Marie-Antoinette." Das Cembalo war das bevorzugte Instrument des Adels, auch am französischen Königshof in Versailles. Bis sich die Massen erhoben und auch die Musik in den Strudel der Revolution geriet: "Zum Glück gibt es das Cembalo noch. Die meisten verbrannten in der Revolution. Dieses war dann für fast einhundert Jahre verschwunden."

Pour ceux qui ne lisent pas l'allemand :

"Ce clavecin acheté par Mme de Polignac à son constructeur», dit la musicienne. «Elle était proche confidente de Marie-Antoinette." Le clavecin est l'instrument privilégié de la noblesse, particulièrement à la cour de Versailles. Jusqu'à ce que les foules se soient réunies et eurent la musique dans le tourbillon de la Révolution: «Heureusement, il y en a encore mais la plupart des clavecins furent brûlés à la révolution, et il disparut pour presque cent ans ..."


Bien à vous.

Extrait de


La plus fameuse des amies intimes de Marie-Antoinette fut Yolande de ¨Polastron, comtesse de Polignac, dite la comtesse Jules, du nom de son époux.  Elle était la belle-sœur de la comtesse Diane de Polignac, dame de la Maison de la comtesse d'Artois puis, en 1778, dame d'honneur de Madame Élisabeth.  Marie-Antoinette fit sa connaissance chez la princesse de Guéménée qui faisait partie de sa société, et tomba sous le charme de son ingénuité.  Yolande ne fréquentait la Cour qu'occasionnellement. A la reine lui en demandant la raison, elle invoqua son peu de fortune qui l'empêchait de tenir son rang.  Et Marie-Antoinette de faire tomber une pluie de faveurs et de grâces sur la famille de Polignac: son cœur lui dictait ses sentiments, mais c'est en reine qu'elle les exprima.
Le comte de Polignac devint colonel du régiment du roi et, ce qui ne s'était jamais vu, obtint en 1777 la survivance de premier écuyer de la reine contre l'avis même du comte de Tessé, titulaire de la charge.   Début 1780, les Polignac étaient parvenus à se procurer des revenus à hauteur de 500 000 livres par an, un secrétaire d’État touchait alors entre 100 000 et 150 000 livres par an .
L'année 1780 fut particulièrement faste pour le réseau Polignac : le comte de Polignac reçut le titre de duc ainsi que la direction générale des Postes et Haras de France.  De même la fille des époux Polignac, Aglaé, reçut la somme colossale de 800 000 livres pour son mariage, célébré également en 1780, avec le duc de Guiche, nommé capitaine des gardes du roi.  Cette année-là encore, la vicomtesse de Polastron, épouse du demi-frère de Yolande, fut nommée dame du palais de la reine.  Dès décembre 1779,  Mercy-Argenteau déplorait cette politique de faveurs qui créait un déséquilibre profond à la Cour : " Toutes les familles les plus méritantes se récrient contre le sort qu'elles éprouvent par une telle dispension des grâces. "
En 1782, Yolande de Polignac fut choisie pour succéder à la princesse de Guéménée comme gouvernante des Enfants de France.  C'est alors qu'elle quitta son appartement du premier étage de la Vieille Aile pour aller s'installer à l'extrémité méridionale de l'aile des Princes.   Tout en permettant à la reine de s'impliquer dans l'éducation de ses enfants, au mépris de la tradition curiale qui voulait que ce fut affaire de gouvernante, la nomination de 1782 vint renverser le monopole de la famille de Rohan sur l'éducation des Enfants de France.
Comme Joël Félix l'a analysé, le réseau Polignac était susceptible par bien des rapports de servir aussi la politique royale : outre qu'ils étaient en mesure d'encadrer, voire de surveiller les agissements de la reine, les membres du clan, restés imperméables aux courants de contestation de la monarchie absolue, détenaient des fonctions importantes au sein de la Cour, aux dépens d'une haute noblesse d'épée devenue libérale.  Ce dispositif fut renforcé en 1783, dans la sphère gouvernementale, par la nomination du baron de Breteuil, un ancien diplomate de la clientèle de Choiseul, comme secrétaire d’État de la Maison du roi et par celle du comte de Calonne comme contrôleur général des Finances : si tous deux passaient pour des protégés de la reine, ils faisaient aussi figure de fidèles soutiens du régime absolutiste de Louis XVI.  Lors de l'affaire des Bouches de l'Escaut, les Polignac offrirent leur soutien à Vergennes contre la reine. Cette dernière commença alors à se détacher du clan.

( Alexandre Maral, Femmes de Versailles )

Alexandre Maral a écrit: Lors de l'affaire des Bouches de l'Escaut, les Polignac offrirent leur soutien à Vergennes contre la reine. Cette dernière commença alors à se détacher du clan.

Sans pour autant se détacher de Yolande...

Tu as raison : il y a eu plusieurs moments de friction entre Marie-Antoinette et Yolande, pour autant la réconciliation suivait toujours ( même lors des incartades de Vaudreuil : Figaro, Rohan, Calonne, la queue de billard ... etc ... ).
Alexandre Maral n'est pas tendre pour les Polignac mais quel savon il passe aussi à Marie-Antoinette, tu verrais cela !!!

Je poste ici cette image de cette vilaine gravure, que nous connaissons pour l'avoir déjà vue, afin de publier une image des armoiries de la duchesse.






Dans le sujet dédié au comte Jules, nous retrouvons cette illustration :

Roi-cavalerie a écrit:Chers amis,

Voici les armes du premier duc de Polignac portées sur la couverture d'un livre actuellement en vente chez Alde le 11/05/17.


Bien amicalement. Roi cavalerie

Ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t284p50-le-comte-jules-de-polignac#96368

Et dans celui consacré à la famille Polastron,

Lucius a écrit:Les armoiries des Polastron sont avec un lion noir, et non pas rouge comme présenté au début de ce sujet.

Mme de Sabran a écrit:
Sur l'armorial du siège d'Orléans en 1429, le lion est noir, en effet !
Merci, Lulu !!!

Mme de Sabran a écrit:Le lion Polastron est sable, au bas du Chiffre d'Amour :
(...)
...   ainsi que dans l'Armorial de Pierre-Paul Dubuisson :

Ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1043-la-famille-de-polastron#29363

La nuit, la neige a écrit:Je poste ici cette image de cette vilaine gravure, que nous connaissons pour l'avoir déjà vue, afin de publier une image des armoiries de la duchesse.

Merci, cher ami, pour cette rétrospective .  
Sous le " Chiffre d'amour " de Fragonard, le petit lion Polastron est écartelé du blason de Lussan dEsparbès ( puisque cette fois Polastron est le nom de l'époux ) , qui est d'argent à une fasce de gueules accompagnée de trois merlettes (ou trois éperviers) de sable .

Entendu, mais je ne l'ai pas posté dans ce sujet-ci, qui concerne notre petite duchesse...

Oui, bien sûr.  
Je fais un hors-sujet ...

Et moi qui prenais les merlettes pour de vulgaires canards...