Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret

Oui  enfin, si l'on veut .  
 Comme le remarque Dorset, ce n'était pas anodin et sans appréhension .

Mme de Sabran a écrit:
Le 15 février 1786, le duc de Dorset ambassadeur d'Angleterre à Versailles, écrit à son amie Georgiana,  duchesse de Devonshire :
(...)
J'ai découvert que la chère Petite Po ( Madame de Polignac ) est dans la confidence.    

C'est énorme, non ? Cette lettre du duc de Dorset à Georgiana est une très belle découverte de notre chère Evelyn.
Il est clair que Mme de Polignac savait que la reine et Fersen étaient amants.
Cela est encore confirmé par la lettre de Marie-Antoinette à Mme de Polignac du 29 décembre 1789, où elle fait référence à la journée qu'elle a passé avec Axel dans les termes suivants :

"(...) la personne [Fersen] et moi sommes parvenu à nous voir une fois surement ; vous nous connaissez toutes deux ainsi vous pouvez juger de notre bonheur (...)"



Lettre consultable en intégralité ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t280p125-les-lettres-de-marie-antoinette-a-madame-de-polignac

La lettre du duc de Dorset à Georgiana ne met aucun doute quant à la liaison intime de la Reine et d'Axel. Mais, alors que de prudence.... La duchesse de Polignac courait aussi un risque de complicité dans cette histoire romanesque. La Reine pouvait compter sur de nombreux amis (oui, oui) qui connaissaient son "secret" où elle put être heureuse et vivre un réel bonheur. Ce fût si rare, qu'on ne peut qu'être touchés en y pensant.

Trianon a écrit:La duchesse de Polignac courait aussi un risque de complicité dans cette histoire romanesque.

Bien sûr, Tritri ! C'était de sa part beaucoup se compromettre vis à vis du roi . Elle pouvait perdre gros si Louis XVI avait subitement pris le coup de sang . Ainsi était-elle écartelée entre devoir et amitié .

Oui, c'est vrai, chère Eléonore, et on doit savoir que Louis XVI l'aimait (Mme de Polignac) beaucoup, ne se doutant de rien (ou faisant semblant de ne rien voir). J'ai une IMMENSE tendresse pour Louis XVI, presque maternelle. Il était si "faible", si plein de bonté. Ah, que tout cela est triste, même si c'est du passé.

Trianon a écrit: ne se doutant de rien (ou faisant semblant de ne rien voir).

Oui, encore en 1787...

Duc d'Ostrogothie a écrit:
Il est clair que Mme de Polignac savait que la reine et Fersen étaient amants.
Cela est encore confirmé par la lettre de Marie-Antoinette à Mme de Polignac du 29 décembre 1789, où elle fait référence à la journée qu'elle a passé avec Axel dans les termes suivants :

"(...) la personne [Fersen] et moi sommes parvenu à nous voir une fois surement ; vous nous connaissez toutes deux ainsi vous pouvez juger de notre bonheur (...)"

Merci pour cet extrait,  sur lequel je me permets de rebondir allègrement .  
En effet, comment pouvons-nous être certains que la personne soit bien Fersen ?
Eh bien, tout simplement parce qu'il écrit à sa soeur Sophie, le 27 :

"  Enfin le 24 j'ai passé une journée entière avec elle; c'était la première. Jugez de ma joie, il n'y a que vous qui puissiez le sentir . "

A noter, jolie coïncidence, tous deux usent de la même formule !  

Marie-Antoinette à Yolande :  " ... vous pouvez juger de notre bonheur "
Fersen à Sophie :  " Jugez de ma joie, il n'y a que vous qui puissiez le sentir "

C'est la mauvaise jambe de la reine qui leur fournit cette occasion de se voir en privé.  Dans sa lettre à Mme de Polignac, Marie-Antoinette écrit encore:  " Je viens de me donner encore une entorse à ma mauvaise jambe, ce qui m'a obligée d'être une douzaine de jours dans ma chambre. Mais quand on ne peut pas être où et avec qui l'on voudrait, on resterait un an à la même place sans penser à en changer..."



https://marie-antoinette.forumactif.org/t280p125-les-lettres-de-marie-antoinette-a-madame-de-polignac

Un mois plus tard, le 9 février 1790, Louis XVI informe Mme de Polignac :   " Vous avez appris qu'elle s'est donné une entorse qui la retenue chez elle à peu près trois semaines "  :



https://marie-antoinette.forumactif.org/t578-les-lettres-de-louis-xvi-a-mme-de-polignac

Ainsi Fersen et Marie-Antoinette ont-ils passé ensemble chez la reine la journée du 24 décembre .

( Même source : Marie-Antoinette et Fersen, la correspondance secrète,  E. Farr )

Mme de Sabran a écrit:
A noter, jolie coïncidence, tous deux usent de la même formule !  

Marie-Antoinette à Yolande :  " ... vous pouvez juger de notre bonheur "
Fersen à Sophie :  " Jugez de ma joie, il n'y a que vous qui puissiez le sentir "

Bien vu, l'aveugle !  

J'aime beaucoup la scène du billet de la reine pour Fersen, caché dans le manchon de Mme de Polignac. Elle paraît tout droit sortie des liaisons dangereuses.  

Dorset remarque également que Marie-Antoinette se fait beaucoup plus discrète lorsque Louis XVI et Fersen sont dans la même pièce.
Il écrit ainsi à Georgiana, le 2 mars 1786 :

« La comtesse Diane [de Polignac] a donné un bal mardi à Versailles. [...] Mr Brown [Louis XVI] y est venu et a semblé s’amuser beaucoup. Mrs B comme toujours était charmante, mais un peu plus réservée que d’habitude ; vous savez pourquoi ainsi je n’en dirai pas davantage. Le Roman était là, comme vous pouvez aisément le supposer. » (source : E. Farr)

Duc d'Ostrogothie a écrit:
Bien vu, l'aveugle !  

Duc d'Ostrogothie a écrit:

J'aime beaucoup la scène du billet de la reine pour Fersen, caché dans le manchon de Mme de Polignac. Elle paraît tout droit sortie des liaisons dangereuses.  

... ou de Feydeau .

ma remarque à cette lettre de Dorset l à Georgiana, le 2 mars 1786 :

« La comtesse Diane [de Polignac] a donné un bal mardi à Versailles. [...] Mr Brown [Louis XVI] y est venu et a semblé s’amuser beaucoup. Mrs B comme toujours était charmante, mais un peu plus réservée que d’habitude ; vous savez pourquoi ainsi je n’en dirai pas davantage. Le Roman était là, comme vous pouvez aisément le supposer

Le roi a noté dans son journal le 28 février 1786:

Mardi 28.2 1786 : Rien, salut et procession, Bal soupé et comedie chez Mme Polignac.

Leos

Merci, cher Leos . Louis XVI est toujours aussi laconique .
Il n'a rien remarqué des attitudes respectives de Marie-Antoinette, Dorset, Fersen ...

... ni vraiment réalisé l'ampleur de ce qu'il se passait le 14 juillet 1789, comme son journal en atteste également.

Cette lettre de Dorset, exprimant la contrainte guindée de cette soirée en présence du roi, m'évoque le stratagème de la pendule rapporté par Tilly :

Le roi, qui était très-ponctuel, ayant l'habitude de se retirer à dix heures du soir, il arrivait qu'on avançait furtivement sur ce chiffre l'aiguille de la pendule ; et. le succès obtenu, le cercle intime reprenait sans réserve toute sa gaieté dans l'absence du roi .

Marie-Antoinette elle-même avoue avoir usé de ce stratagème, ce qui provoquera le courroux de sa mère.
On a le sentiment que Louis XVI ne voulait pas voir ce qui pouvait le déranger.

Chers amis,
Pardonnez moi le péché d'orgueil de citer mes propos, il y a quelques mois, en postant à nouveau ce que j'avais écrit lorsque le forum avait publié la lettre du duc de Dorset à la duchesse de Devonshire qui révélait la complicité de la duchesse de Polignac dans l'intrigue de sa maitresse avec Fersen.

"p77 du livre d'Evelyn Farr. Très intéressant, l'extrait de la lettre du duc de Dorset à la duchesse de Devonshire où ce dernier nous révèle ce dont nous nous doutions, en raison des liens d'amitié de la reine avec la duchesse de Polignac mais que, jusqu'à présent, à ma connaissance, nous ne pouvions pas confirmer de manière certaine. Celle-ci était donc bien dans la confidence du tendre sentiment de la reine pour le comte de Fersen. Plus de doute désormais car nous avons bien là de la part d'un observateur attentif de la cour, un témoignage difficilement contestable sauf à imaginer que sa lettre soit apocryphe ce qui semble une hypothèse à exclure  dans ce cas. La remarque de Dorset sur les craintes concernant la découverte du pot aux roses par le roi parait également tout à fait vraisemblable, compte tenu de l'amitié de la duchesse pour la reine mais peut-être aussi pour le roi. Sans compter  bien évidemment son intérêt personnel et celui de sa famille car le roi pouvait lui en vouloir d'avoir ainsi trahi sa confiance avec les répercussions qui pourraient s'en suivre sur sa position à la cour.  Ce passage nous permet par ailleurs de comprendre les raisons pour lesquelles, quelques soient leurs divergences de vue sur certains ministres ( Calonne, Vergennes Loménie), la reine ne pouvait se permettre d'éloigner la duchesse de Polignac qui avait, sur bien des sujets sensibles, été sa confidente ou son intermédiaire"

La lettre de la reine à la duchesse de Polignac du mois de décembre 1789 dont parle Mme de Sabran vient bien confirmer cette complicité. Pour ma part et sans avoir d'élément tangible pour étayer mon opinion, il me parait difficile que le roi n'ait pas été informé du tendre sentiment de son épouse pour le suédois alors que de nombreux courtisans ou diplomates étrangers l'avait remarqué. Il y aura bien eu l'un de ses proches pour le mettre en garde comme par exemple ses tantes qui détestaient la reine. Je pense qu'il a préféré ne pas voir pour ne pas avoir à prendre une décision qui aurait fait éclater le scandale.
Amitiés Roi-cavalerie

Roi-cavalerie a écrit:Chers amis,
Pardonnez moi le péché d'orgueil de citer mes propos, il y a quelques mois, en postant à nouveau ce que j'avais écrit lorsque le forum avait publié la lettre du duc de Dorset à la duchesse de Devonshire qui révélait la complicité de la duchesse de Polignac dans l'intrigue de sa maitresse avec Fersen.

Vous êtes tout pardonné, cher Roi-cavalerie !
Merci pour cette analyse dans laquelle je vous suis tout à fait .

Roi-cavalerie a écrit:

il me parait difficile que le roi n'ait pas été informé du tendre sentiment de son épouse pour le suédois alors que de nombreux courtisans ou diplomates étrangers l'avait remarqué. Il y aura bien eu l'un de ses proches pour le mettre en garde comme par exemple ses tantes qui détestaient la reine. Je pense qu'il a préféré ne pas voir pour ne pas avoir à prendre une décision qui aurait fait éclater le scandale.

Cela me semble aussi être l'explication de l'attitude de Louis XVI. Nous pouvons comprendre, en tant que roi, son souci de l'opinion publique, et nous comprenons d'autant mieux qu'en tant qu'homme les affres de la jalousie amoureuse lui sont épargnées .

Roi-cavalerie a écrit: Je pense qu'il a préféré ne pas voir pour ne pas avoir à prendre une décision qui aurait fait éclater le scandale.

C'est sûr.  

Comtesse Diane a écrit:

Roi-cavalerie a écrit: Je pense qu'il a préféré ne pas voir pour ne pas avoir à prendre une décision qui aurait fait éclater le scandale.

C'est sûr.  

D'accord avec vous Cavalerie. Et puis, la Reine était si discrète par peur du scandale sûrement, mais aussi par respect de son époux.

Roi-cavalerie a écrit:  Ce passage nous permet par ailleurs de comprendre les raisons pour lesquelles, quelques soient leurs divergences de vue sur certains ministres ( Calonne, Vergennes Loménie), la reine ne pouvait se permettre d'éloigner la duchesse de Polignac qui avait, sur bien des sujets sensibles, été sa confidente ou son intermédiaire

Parfaitement, et d'ailleurs Mercy se plaint très tôt, dans une lettre à Marie-Thérèse, du fait que Marie-Antoinette a fait de Mme de Polignac, sa confidente.
Mme de Polignac ayant elle-même un amant et un mari complaisant, elle pouvait tout à fait comprendre la situation de Marie-Antoinette.

Roi-cavalerie a écrit:
Je pense qu'il a préféré ne pas voir pour ne pas avoir à prendre une décision qui aurait fait éclater le scandale.

Je le pense aussi.
C'est ce qui paraît ressortir, en tout cas, des mémoires de Saint-Priest, qui évoque le fait que la reine avait trouvé le moyen de lui "faire agréer" sa liaison avec Fersen.

J'éprouve aussi une sorte d'attendrissement pour Louis XVI, il aimait sa femme et j'aime à penser qu'il a préféré fermer les yeux sur cette liaison par amour pour elle, pour son bonheur qu'il ne pouvait lui-même satisfaire.

J'aime beaucoup beaucoup  Louis XVI !

Marie a écrit:
J'éprouve aussi une sorte d'attendrissement pour Louis XVI, il aimait sa femme et j'aime à penser qu'il a préféré fermer les yeux sur cette liaison par amour pour elle, pour son bonheur qu'il ne pouvait lui-même satisfaire.

Non malheureusement, chère Marie, il n'avait pas d'amour pour elle  mais bien plutôt une tendresse conjugale bourgeoise  ( et encore ! seulement au bout de quelques années de mariage, difficiles pour eux deux ).    
Il était certainement conscient de ne pouvoir la satisfaire et en souffrir, mais il fermait les yeux aussi par confort personnel.  Il lui eût été difficile de combattre son apathie naturelle.  Il n'a pas fait de gros efforts dans ce sens.    Alors, il laissait couler ...  Il avait le même comportement en politique, il laissait couler ...  Il avait davantage de préoccupations spirituelles édifiantes que les pieds sur terre .  Il s'est sublimé en martyr, cela peut plaire ou laisser dubitatif.

T'aimes pas mon Louis, toi !

Bon dious, Comtesse, vous avez une fichue droite !!!  
Je vois les 36 chandelles ...



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