Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
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Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Passionnant que nenni. C'est exaltant, rocambolesque, excitant, haletant, formidable !
C'est incroyable la vie que prend ou subit une œuvre quand son géniteur d'artiste la livre au public.
Merci, très cher ami, pour ce récit qui fait la joie de mes mardis.
C'est incroyable la vie que prend ou subit une œuvre quand son géniteur d'artiste la livre au public.
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Mr de Talaru- Messages : 3186
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Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Ah bon François, vous aimez les surprises et les rebondissements, eh bien sachez que ce n'est pas fini!Mr de Talaru a écrit:C'est exaltant, rocambolesque, excitant, haletant, formidable !
J'ai choisi une séquence hebdomadaire pour ne pas trop lasser et aussi pour boucler le 2 novembre. Il me fallait par ailleurs débuter en septembre pour avoir dès le début du mois un lien Forum à communiquer pour un ouvrage sur Marie-Antoinette qui sortira en janvier prochain et qui reproduira pour la première fois le portrait qui nous occupe ici. Ce sera un gros livre (430 pages!), écrit par un type épatant qui est un grand connaisseur du thème qu'il va aborder. Il s'agira d'un éclairage très fouillé et largement inédit sur le personnage de la reine et son action dans un domaine bien spécifique, très négligé des biographes conventionnels.
Un peu de patience, levée de l'embargo début octobre.
J'aurai bien sûr à vous en reparler (mais peut-être pas en 10 épisodes ), c'est un livre qui comptera.
Tous les autres chapitres de cette série sont bouclés bien sûr, j'attends encore deux dernières informations qui pourront ou bien nuancer le propos d'un prochain post ou au contraire l'appuyer. La première est à trouver dans un dossier sur le portrait de la princesse de Lamballe en mairie de cette ville, lequel donnerait comme info que le portrait de la Surintendante aurait été commandé par la reine elle-même (), ou en tout cas qu'elle aurait pu recommander le peintre à son amie ( ). C'est Sarah Grant qui fait référence au fameux dossier dans une note de son livre sur le mécénat de la princesse dont j'ai parlé sur le Forum. Je n'ai pas réussi à la joindre au V&A (elle fait sa versaillaise, elle ne répond pas aux mails ) mais je suis en contact avec l'adjoint à la culture de Lamballe (là ce sont apparemment des problèmes informatiques qui freinent! ). La seconde me viendra des collections royales anglaise, toujours très accueillantes pour faciliter les recherches, quels que soient vos titres. J'ai demandé une autorisation spéciale pour que soient photographiées des œuvres qui ne sont pas disponibles en ligne sur le site du RCT et cette demande a été acceptée. J'aurai le résultat à temps pour insérer l'image (un inédit d'inédit, pour le coup !!!) et faire un commentaire dans le post du 12 octobre... .
le comte d'Hézecques a écrit:Magnifique pastel de la reine Je ne l'ai jamais vu auparavant. Je connais pourtant bien les autres portraits qu'il a effectué de Marie-Antoinette dauphine.
Je m'aperçois que je n'ai pas répondu au post de Félix du 13 septembre, je m'en excuse!
Je le ferai ce soir, je reviendrai sur les pastels de la reine à Turin et aussi sur celui fait par cette Mme Vallayer-Coster que Mr de Talaru affectionne tant.
L'occasion de vous en proposer une image bien meilleure que celle qui traine sur le web, mon cher comte!
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(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
Bonnefoy du Plan- Messages : 390
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Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Si vous saviez combien on vous aime dans ce pays-çi…
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Mr de Talaru- Messages : 3186
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Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
le comte d'Hézecques a écrit:Magnifique pastel de la reine. Je ne l'ai jamais vu auparavant.
Oui c'est un joli pastel, cher comte, même s'il a perdu sa fleur comme disent les spécialistes.
Fait-il partie de la grande série préparée pour Clotilde en 1775 alors qu'elle quitte la France pour épouser l'héritier de Savoie, ou le portrait est-il envoyé plus tard à Turin? La conservation du Musée Royal de Turin ne détient pas les archives de la Maison de Savoie, il faudrait prendre le temps de faire des démarches auprès des Archives de la Région du Piémont pour en savoir plus sur la commande et les destinées de ces nombreux portraits de la Famille royale de France...
Pour l'anecdote, vous connaissez cette image en couleur car c'est moi qui en ai passé commande auprès du Musée royal en 2019. J'avais demandé à faire photographier les deux pastels qui représentent Marie-Antoinette en ces lieux, y compris celui qu'on s'obstine toujours là-bas à baptiser comtesse de Provence, alors que c'est une version au pastel de la belle huile sur toile de l'ex Collection Bancel, qu'un de nos membres éminents du Forum a le privilège d'avoir pu admirer de près. Il était à l'époque de la vente Bancel attribué à Gautier-Dagoty, artiste aussi commode en France que Meytens en Autriche quand on sèche un peu sur l'origine du pinceau…
Les images HD des deux portraits ont été envoyées à Neil Jeffares pour expertise et il y a bien trouvé tout le travail préparatoire caractéristique de Ducreux à qui il faut donc sans hésiter les attribuer, ce qu'il a fait sur son site de référence des pastellistes avant 1800:
Joseph Ducreux dans le dictionnaire en ligne des pastellistes avant 1800, par Neil Jeffares
Je vous renvoie aussi à l'excellente synthèse sur notre Forum:
Portraits de Marie-Antoinette en buste par Joseph Ducreux (et d'après)
Ces deux pastels, ou ce qu'il en reste, les voici donc :
Joseph Ducreux, pastel, vers 1775-1776, 71,5x57cm, Turin, Museo di Palazzo Reale
Joseph Ducreux, pastel, vers 1775-177, 72x61cm, Turin, Museo di Palazzo Reale
le comte d'Hézecques a écrit:J'ai du mal à croire que c'est bien un portrait de Vallayer-Coster. On dirait presque un portrait posthume du 19ème siècle... Je n'y reconnais guère les traits si caractéristiques de la reine.
Le portrait de la reine par Anne Vallayer-Coster en 1780 est documenté par des pièces d'archives. Marianne Roland Michel, historienne spécialiste d'Anne Vallayer depuis 50 ans, ne le remet pas en cause un instant, alors qu'elle suggère fort justement que la miniature conservée au Walters Art de Baltimore n'est qu'une copie XIXe d'un original disparu.
Le portrait de 1780 est attesté principalement par la correspondance entre Vallayer et d'Angiviller. Le 21 juillet, l'artiste informe le Directeur des Bâtiments des contacts qu'elle a pris à ce sujet avec la princesse de Chimay, dame d'atours de la reine. Une seconde lettre, du 31 juillet, indique qu'elle est près d'achever ce portrait. Cette rapidité d'exécution s'explique par le fait qu'il s'agit d'un pastel.
Cette image vous semble-t-elle plus conforme à l'idée que vous vous faites de la reine?
Anne Vallayer-Coster, pastel, 1780, 73x62cm, Versailles Enchères, 4 octobre 2009, Lot #31
Voici le livre de référence sur ce peintre, excellent catalogue d'exposition (à Marseille, dans les galeries de Vieille-Charité, en 2003), avec des articles très intéressants, dont je retiens particulièrement ceux-ci :
Vallayer en son temps
Les femme et les arts plastiques au temps de Marie-Antoinette
(j'y ai eu recours pour le second chapitre de la série )
Si vous lisez indifféremment l'anglais ou le français, j'ajoute que la version en anglais, éditée pour le passage de l'exposition à la National Gallery of Art de Washington, au Dallas Museum of Art, puis à la Frick Collection de New York en 2002-2003 se trouve facilement pour une poignée d'euros, alors que la version française chez Somogy est plus rare et donc beaucoup, beaucoup plus chère.
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Merci, mon cher Bonnefoy, pour cette brillante étude.
Je ne suis pas mécontent de t'entendre réfuter l'assertion selon laquelle Marie-Antoinette n'avait pas d'intérêt pour la peinture.
1/ Premièrement, il est constant qu'elle avait un vrai intérêt pour l'art du portrait : n'a-t-elle pas protégé Mme Vigée-Lebrun, qui lui doit son intégration à l'Académie ? Et pas que : par exemple, Charles Leclercq, qui a fait des portraits de la reine en vestale, se présentait lui aussi comme "peintre de la reine". L'on sait aussi qu'elle avait fréquemment recours à Campana pour se faire portraiturer etc... Beaucoup de peintres ont été admis à "l'honneur" de la représenter, pour paraphraser Mme Campan.
Marie-Antoinette avait des ami(e)s dans toute l'Europe, on l'adorait et on s'arrachait ses portraits : il lui fallait donc se faire portraiturer pour envoyer des images d'elle à ses ami(e)s partout en Europe (elle n'avait pas Instagram remember ).
Ses portraits s'arrachaient aussi dans le public, car jusqu'à l'affaire du collier elle était très populaire. On ne lui demandait même pas son avis pour la représenter. Ainsi de Bernard de Lunéville, qui faisait des portraits de la reine à la plume (à la main levée) pour les vendre au public.
C'est sans doute pourquoi elle est l'un des personnages historiques qui a été le plus représenté (en peinture, en dessin, en pastel, en miniature, en gravure, en porcelaine, en marbre, en bronze, à la plume "à la main levée", sur monnaie, sur médaillons en terre cuite, en bois, en cire, en ivoire etc...).
Le nombre de représentations de la reine est considérable : aucune autre reine, aucun autre roi de France (pas même Louis XIV me semble-t-il) n'a été autant portraituré.
Les portraits de Marie-Antoinette (en gravure, en peinture, en dessin etc...) faisaient déjà l'objet d'un commerce lucratif au XVIIIème siècle.
2/ Marie-Antoinette n'avait-elle d'intérêt que pour l'art du portrait, et non pour la peinture d'histoire ou les autres genres de peinture ?
Il faut bien comprendre qu'à cette époque, les femmes sont en grande partie exclues du monde de la peinture. La peinture d'histoire est considérée comme le summum de l'art ... à l'inverse de l'art du portrait. C'est d'ailleurs pourquoi on permet à deux femmes portraitistes, Mme Vigée-Lebrun et à Mme Labille-Guiard d'intégrer l'Académie : elles ne font "que" du portrait et ne pourront donc pas faire de l'ombre aux hommes.
Rien d'étonnant, dès lors, que Marie-Antoinette se sente "exclue" du monde de la peinture d'histoire et protège une peintre de portraits (Mme Vigée-Lebrun).
Pour autant, elle n'avait pas de dégoût pour les autres genres de peinture, comme le démontre la protection qu'elle a accordée à Mme Vallayer-Coster, peintre de natures mortes.
Merci mon cher Bonnefoy, tu fais mes délices !
Magnifique portrait de la reine. Le possesseur de ce portrait a bien de la chance.
Je ne suis pas mécontent de t'entendre réfuter l'assertion selon laquelle Marie-Antoinette n'avait pas d'intérêt pour la peinture.
1/ Premièrement, il est constant qu'elle avait un vrai intérêt pour l'art du portrait : n'a-t-elle pas protégé Mme Vigée-Lebrun, qui lui doit son intégration à l'Académie ? Et pas que : par exemple, Charles Leclercq, qui a fait des portraits de la reine en vestale, se présentait lui aussi comme "peintre de la reine". L'on sait aussi qu'elle avait fréquemment recours à Campana pour se faire portraiturer etc... Beaucoup de peintres ont été admis à "l'honneur" de la représenter, pour paraphraser Mme Campan.
Marie-Antoinette avait des ami(e)s dans toute l'Europe, on l'adorait et on s'arrachait ses portraits : il lui fallait donc se faire portraiturer pour envoyer des images d'elle à ses ami(e)s partout en Europe (elle n'avait pas Instagram remember ).
Ses portraits s'arrachaient aussi dans le public, car jusqu'à l'affaire du collier elle était très populaire. On ne lui demandait même pas son avis pour la représenter. Ainsi de Bernard de Lunéville, qui faisait des portraits de la reine à la plume (à la main levée) pour les vendre au public.
C'est sans doute pourquoi elle est l'un des personnages historiques qui a été le plus représenté (en peinture, en dessin, en pastel, en miniature, en gravure, en porcelaine, en marbre, en bronze, à la plume "à la main levée", sur monnaie, sur médaillons en terre cuite, en bois, en cire, en ivoire etc...).
Le nombre de représentations de la reine est considérable : aucune autre reine, aucun autre roi de France (pas même Louis XIV me semble-t-il) n'a été autant portraituré.
Les portraits de Marie-Antoinette (en gravure, en peinture, en dessin etc...) faisaient déjà l'objet d'un commerce lucratif au XVIIIème siècle.
2/ Marie-Antoinette n'avait-elle d'intérêt que pour l'art du portrait, et non pour la peinture d'histoire ou les autres genres de peinture ?
Il faut bien comprendre qu'à cette époque, les femmes sont en grande partie exclues du monde de la peinture. La peinture d'histoire est considérée comme le summum de l'art ... à l'inverse de l'art du portrait. C'est d'ailleurs pourquoi on permet à deux femmes portraitistes, Mme Vigée-Lebrun et à Mme Labille-Guiard d'intégrer l'Académie : elles ne font "que" du portrait et ne pourront donc pas faire de l'ombre aux hommes.
Rien d'étonnant, dès lors, que Marie-Antoinette se sente "exclue" du monde de la peinture d'histoire et protège une peintre de portraits (Mme Vigée-Lebrun).
Pour autant, elle n'avait pas de dégoût pour les autres genres de peinture, comme le démontre la protection qu'elle a accordée à Mme Vallayer-Coster, peintre de natures mortes.
Merci mon cher Bonnefoy, tu fais mes délices !
Magnifique portrait de la reine. Le possesseur de ce portrait a bien de la chance.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Content d'avoir touché juste avec mon spécial dédicace, Ta Grâce!le duc de'Ostrogothie a écrit:Magnifique portrait de la reine. Le possesseur de ce portrait a bien de la chance.
Nous savons déjà que l'heureux possesseur de cette très belle toile n'est pas notre ami LNLN!
Vu de plus près, c'est vrai qu'elle est bien charmante cette jeune princesse... (je me bornerai à faire remarquer ici que la coiffure de Marie-Antoinette me semble tout-à-fait identique à celle du portrait de notre étude...
Pour revenir à Marie-Antoinette et la peinture, tout en précisant / redisant que ce n'est pas son espace privilégié, je réfute en effet le procès en indifférence et les propos de maîtresse d'école de Madame Campan, qui lui dénie avec un tantinet de mépris jusqu'à "ce goût qui suffit dans les princes".
J'avais parlé d'autres anecdotes que celle rapportée par la première femme de chambre, en voici une que je trouve "bien tournée" et que ton intervention me donne l'occasion de rappeler. Ce sont les Mémoire secrets qui se font l'écho d'une visite de Marie-Antoinette au Salon et qui écrivent en date du 1er octobre 1777:
"On rapporte un bon mot de la Reine, le jour où elle est allée au Salon. Ne voyant point le sieur Vernet entre les artistes qui lui faisaient leur cour, elle l'a fait appeler et lui a dit obligeamment, "Monsieur Vernet, je vois que c'est toujours vous qui faites la pluie et le beau temps ici!". Il faut savoir que cet artiste est un peintre de marines supérieur, dont les tableaux étaient en effet les plus remarquables du Salon, entr'autres une Tempête et un Calme. Ses confrères, jaloux, ont cherché à étouffer cette saillie de la Reine, qui transpire aujourd'hui."
A croire que la reine avait levé les yeux ce jour-là, au Salon!...
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Je me joins à l'éloge général qui vous salue, Bonnefoy.
Monsieur de la Pérouse- Messages : 485
Date d'inscription : 31/01/2019
Localisation : Enfin à bon port !
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Mais oui tout à fait ! Avec les cheveux coupés en vergettes sur le pourtour du front et des tempes me semble t-ilBonnefoy du Plan a écrit: je me bornerai à faire remarquer ici que la coiffure de Marie-Antoinette me semble tout-à-fait identique à celle du portrait de notre étude
Vivement la suite
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Marie-Jeanne a écrit:Mais oui tout à fait ! Avec les cheveux coupés en vergettes sur le pourtour du front et des tempes me semble t-il
Il suffirait bien sûr que la tableau qui plait tant à Sa Grâce soit daté et signé, ce qui n'est bien sûr pas le cas!
Il ne faudrait tout de même pas que les choses soient trop faciles...
Merci en tout cas de votre remarque, chère Marie-Jeanne, j'ai aussi trouvé frappante cette quasi-similitude.
Je me doutais bien que vous réagiriez étant donné nos réflexions anciennes sur ce sujet... capital!
A suivre, comme vous dîtes!
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Marie-Jeanne a écrit:Mais oui tout à fait ! Avec les cheveux coupés en vergettes sur le pourtour du front et des tempes me semble t-il
Mais alors, Marie-Jeanne, que penser de la coiffure du portrait de mai 1775 envoyé à Marie-Thérèse, dont cette gravure reproduit semble-t-il le modèle (ce que je développais dans le chapitre sur Gautier-Dagoty) ?
Y voyez-vous aussi la même chose?
Jean-Baptiste André Gautier-Dagoty
manière noire, tirage en couleurs, vers 1775, d'après un original à l'huile peint entre mars et mai 1775 pour Marie-Thérèse (détail)
(le sens de la gravure a été inversé pour les besoins de la comparaison avec le portrait "attribué à Mosnier")
manière noire, tirage en couleurs, vers 1775, d'après un original à l'huile peint entre mars et mai 1775 pour Marie-Thérèse (détail)
(le sens de la gravure a été inversé pour les besoins de la comparaison avec le portrait "attribué à Mosnier")
Si la gravure est en contrepartie, comme c'est l'usage, nous aurions d'ailleurs une même orientation du visage sur le portrait perdu et celui qui nous occupe. Il n'y a de dragonne que d'un côté, mais tout cela me semble vraiment proche.
Or, nous ne sommes qu'en 1775...
Et le tableau "attribué" à Mosnier était daté de 1776...
C'est en fait cette image, que je verse à nouveau à la discussion, qui m'a longtemps fait penser que la date de 1776 était la plus probable.
Je me contente de dire aujourd'hui, qu'elle ne doit pas être écartée...
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Je ne connaissais pas ce terme de " cheveux coupés en vergette ".
Je trouve la définition suivante :
(Désuet) Coiffure, cheveux coupés assez ras pour qu’ils se dressent comme les poils d’une brosse. Ce qui m'évoque la coiffure type du petit garçon des années cinquante ( et la guerre des boutons ) plus que le XVIIIème.
Et pourtant je trouve aussi :
Tantôt hauts, tantôt courts, frisés & plats, poudrés, teints, parfumés, en cadenette, en vergette.
— (Antoine-Angélique Chomel, Aménités littéraires,, Éd.Vincent, Paris 1773)
Mais s'agit-il là de coiffure féminine ou masculine ?
Comment " rabouter " ces coiffures si sophistiquées ( que nous connaissons bien ) à une couronne de poils en brosse ? Une frange souple paraît plus adaptée.
Et comment imaginer une dame " en cheveux " sur les épaules, au naturel, cascadant autour d'une brosse dure et raide ?
Je trouve la définition suivante :
(Désuet) Coiffure, cheveux coupés assez ras pour qu’ils se dressent comme les poils d’une brosse. Ce qui m'évoque la coiffure type du petit garçon des années cinquante ( et la guerre des boutons ) plus que le XVIIIème.
Et pourtant je trouve aussi :
Tantôt hauts, tantôt courts, frisés & plats, poudrés, teints, parfumés, en cadenette, en vergette.
— (Antoine-Angélique Chomel, Aménités littéraires,, Éd.Vincent, Paris 1773)
Mais s'agit-il là de coiffure féminine ou masculine ?
Comment " rabouter " ces coiffures si sophistiquées ( que nous connaissons bien ) à une couronne de poils en brosse ? Une frange souple paraît plus adaptée.
Et comment imaginer une dame " en cheveux " sur les épaules, au naturel, cascadant autour d'une brosse dure et raide ?
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
En fait il ne s'agit pas d'une coupe en brosse comme nous l'entendons aujourd'hui. Selon l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert brosse et vergette ne signifie pas tout à fait la même chose, précisant aussi « de toutes les vergettes, il y en a qui servent de peigne pour les enfants. »
En 1778, Le Traité des principes de l’art de la coëffure des femmes, par M. Lefevre, maître coiffeur décrit ainsi la méthode de la coupe en vergette, pour les enfants et pour les femmes :
Avis aux pères et mères
« Il sera très essentiel pour fortifier les cheveux des enfants de couper leurs faces en vergettes (du front jusqu’au haut du crâne) même le tout si l’on veut (…) on pourra les peigner en remontant sur le haut de la tête »
Sur les portraits ils sont soit coiffés en arrière, soit avec une frange.
Façon de couper les cheveux des femmes en vergettes (étagés jusqu'à l'arrière des oreilles, en dégradé comme on dit aujourd'hui)
« Si, dans un cas de nécessité, comme après des couches une maladie, les cheveux tombent par trop grande quantité, il est de prudence de les couper tous en vergette, je veux dire les faces, car pour le chignon (chignon = longueurs arrière) ils seraient trop longs à revenir ; il faut néanmoins en couper une bonne partie »
« Pour les cheveux coupés en vergette pour cause de dépérissement, il faut qu’il le soient environ tous les quinze jours pour les fortifier (…) et par la suite une fois par mois. En adoptant cette méthode, dès le premier accident on ne sera jamais dépourvu de cheveux. »[/i]
Le tout pommadé, poudré, et savamment accommodé bien entendu
En 1778, Le Traité des principes de l’art de la coëffure des femmes, par M. Lefevre, maître coiffeur décrit ainsi la méthode de la coupe en vergette, pour les enfants et pour les femmes :
Avis aux pères et mères
« Il sera très essentiel pour fortifier les cheveux des enfants de couper leurs faces en vergettes (du front jusqu’au haut du crâne) même le tout si l’on veut (…) on pourra les peigner en remontant sur le haut de la tête »
Sur les portraits ils sont soit coiffés en arrière, soit avec une frange.
Façon de couper les cheveux des femmes en vergettes (étagés jusqu'à l'arrière des oreilles, en dégradé comme on dit aujourd'hui)
« Si, dans un cas de nécessité, comme après des couches une maladie, les cheveux tombent par trop grande quantité, il est de prudence de les couper tous en vergette, je veux dire les faces, car pour le chignon (chignon = longueurs arrière) ils seraient trop longs à revenir ; il faut néanmoins en couper une bonne partie »
« Pour les cheveux coupés en vergette pour cause de dépérissement, il faut qu’il le soient environ tous les quinze jours pour les fortifier (…) et par la suite une fois par mois. En adoptant cette méthode, dès le premier accident on ne sera jamais dépourvu de cheveux. »[/i]
Le tout pommadé, poudré, et savamment accommodé bien entendu
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
QUATRIÈME CHAPITRE (5ème post) : L’attribution du portrait à Jean-Laurent Mosnier (1743-1808) nous donne l’occasion, dans un premier temps, de faire le point sur la production connue de cet artiste pour la reine et son entourage le plus immédiat.
Ce grand peintre de portraits, aussi doué pour la miniature que les tableaux à l’huile, avait intégré l'Académie Royale de Peinture juste avant la Révolution. Il attend toujours son historien en France. L’essentiel de sa production d’artiste de chevalet a été accompli en exil, à Londres, Hambourg puis Saint-Pétersbourg, où il est souvent mieux connu et plus apprécié qu'à Paris. Ce n'est pas un hasard si le meilleur spécialiste le concernant est un historien de nationalité allemande.
Des miniatures que Mosnier a peintes pour Marie-Antoinette, seules trois nous sont aujourd'hui connues. C'est bien peu ! Et seules deux d'entre elles ont été photographiées en couleur... Marguerite Jallut, et d'autres après elles, nous assurent pourtant que ces miniatures furent "nombreuses".
Que sont alors devenues toutes celles que la reine aurait offert en cadeau aux ami(e)s et aux cours alliées?
V – JEAN-LAURENT MOSNIER, MINIATURISTE À SUCCÈS ET « PEINTRE DE LA REINE »
1. une formation et un début de carrière mal renseignés
Le portrait de Marie-Antoinette issu des anciennes collections Houssaye et Nordgren et attribué à Mosnier est signé et daté de 1776. C’est moins la signature qui renseigne – elle est pratiquement illisible au moment de l’achat en 2019 – que le catalogue de la Collection Houssaye, lequel – nous l’avons vu – donne sans réserve le nom de Mosnier et l’année où le portrait a été peint.
Le costume de la reine, atypique et assez incompréhensible dans le bas de la toile, ne donne pas d’indice temporel précis. La coiffure, au contraire, ne contredit en rien l’hypothèse de l’année 1776. Une connaissance plus approfondie en matière de coiffure féminine conduirait sans doute à élargir prudemment la fourchette jusqu’à la fin des années 1770.
Je vous renvoie aussi au deux messages précédents échangés entre Mme de Sabran et Marie-Jeanne...
Les portraits de la reine, depuis l’avènement jusqu’à la première maternité, montrent une même disposition de la coiffure, avec de grosses boucles en dragonnes qui retombent en tire-bouchons sur les épaules et jusque sur le devant de la poitrine. Il n’est pas rare qu’un rang de perles s’enroule autour de la plus longue. Un simple retour au chapitre consacré à Gautier-Dagoty en fournira plusieurs exemples.
Après la naissance de Madame Royale, fin 1778, la coiffure change assez vite, les grosses boucles raccourcissent et ne descendent plus jusqu’au corsage, les cheveux ne sont plus montés en hérisson et sont en partie coupés. Si la boucle d’oreille est plus rare au cours de la décennie, elle est déjà bien présente, notamment sur une gravure de Haines en 1775 (inspirée d’un tableau perdu de De Lorge), ou sur les deux versions de la miniature de Pasquier (en 1771 et 1773), ou encore sur le petit profil en marbre conservé dans la bibliothèque des appartements privés de la reine à Versailles.
La formation de Jean-Laurent Mosnier et ses débuts comme peintre sont mal documentés.
Il semble bien avoir fait son apprentissage à l’Académie de Saint-Luc et avoir rejoint la communauté des maîtres peintres en 1766, mais aucun des auteurs à avoir écrit sur Mosnier depuis le XIXe siècle n’a vraiment trouvé matière à en dire beaucoup plus. Il est en revanche avéré que, dès le début des années 1770, Mosnier développe une solide réputation de miniaturiste auprès d’une clientèle aristocratique séduite par sa manière plaisante et flatteuse.
Il ne va tarder à retenir l’attention des instances responsables de véhiculer l’image royale...
2. un miniaturiste sollicité par les Affaires étrangères et les Menus Plaisirs
Les commandes officielles ne tardent pas en effet. En 1773, il a alors trente ans, Mosnier livre un portrait de Louis XV pour le département des Affaires étrangères.
Deux ans plus tard, sa réputation lui vaut une commande des Menus Plaisirs pour quatre miniatures de Marie-Antoinette. Son travail ayant plu, il reçoit une nouvelle commande pour peindre la reine. Mais cette fois, il ne travaillera pas à partir d’un modèle existant : la reine lui a en effet accordé une séance de pose !
Tout est sans doute allé très vite puisque l’Almanach historique des Architectes, peintres, sculpteurs etc. pour 1776 précise : « Monier, rue du Petit-Bourbon, peint la miniature : vient de peindre la reine d’après nature » (p. 117). L’almanach ayant paru fin 1775, il faut imaginer la séance de pose au cours de cette même année, dans le prolongement immédiat de la première commande.
Le témoignage du bibliothécaire de la reine, Jacob-Nicolas Moreau, est ici précieux pour en confirmer l’hypothèse. Dans le second volume de ses Souvenirs, en date du 26 juillet 1775, il note en effet l’arrivée de la reine dans une demeure versaillaise pour une fête donnée en l’honneur de la duchesse de Civrac : « A onze heures, la Reine, Monsieur et Madame arrivent dans le carrosse de Madame Victoire. La Reine fut on ne peut plus honnête et plus parfaite ; elle venait de se faire peindre par Lemonnier et modeler par Lemoyne. Le portrait de Lemonnier, que j'eus l'occasion de voir, me parut de la plus grande beauté : c'était une miniature de cinq pouces environ. Le Roi s'était aussi fait peindre par Duplessis ; son portrait n'était ni flatté ni flatteur, mais d'une vérité incroyable. » (Vol. 2, page 216).
Le peintre Le Monnier a bien existé, c’était un peintre d’histoire qui sera en fin de carrière directeur des Gobelins, sous Napoléon. Mais il n’a jamais peint la reine et c’est bien du seul Mosnier qu’il peut s’agir ici. (La confusion entre les deux artistes semble courante, elle se trouve aussi chez Portalis dans son ouvrage sur Danloux !). Quant au tableau du roi, c’est le buste qui sera exposé au Salon dans l’été.
Pour ce qui est de Lemoyne, aucun buste de Marie-Antoinette n’est connu après celui de 1771 et Louis Réau n’y fait aucune allusion dans son livre de référence sur Les Lemoyne en 1927. Un nouveau projet, qui n’aurait pas abouti, aurait-il été confié au grand sculpteur au début du règne ?
Si nous faisons confiance à Moreau et à sa mémoire, ou plus exactement aux notes qu’il a prises, la séance de pose de Mosnier intervient la veille même de la présentation du portrait en pied de Gautier-Dagoty, dans la Galerie des Glaces, le 27 juillet 1775 ! La date du 26 juillet semble d’autant plus recevable que la duchesse de Civrac était née Anne Marie de La Faurie de Monbadon et que les Anne, naguère comme aujourd’hui, sont bien fêtées au calendrier le 26 juillet.
Ce qui permet aussi d’avancer dans l’interprétation des miniatures de Mosnier parvenues jusqu’à nous et qu’il nous faut maintenant tenter... Elles sont donc au nombre de trois, toutes signées, même si la signature pour celle reproduite en noir et blanc ci-dessous est illisible sur le seul document apparemment en circulation à ce jour.
Cette troisième miniature est la reprise en buste du portrait en grand par Gautier-Dagoty, elle est donc postérieure au 27 juillet et à la séance de pose de Mosnier la veille. Sertie dans le couvercle d'une tabatière circulaire en or décorée d'un damier en vernis martin, la miniature a fait partie de la mythique collection Pierpont-Morgan, vendue à Londres en 1935. Cette collection a donné lieu à une édition de prestige en quatre volumes entre 1906 et 1908, pour diffusion privée. Les centaines de miniatures de la collection y sont fidèlement photographiées ou reproduites en facsimile et en couleurs. Celle de Mosnier (illustration (3) ci-dessous, lot 615 de la vente de 1935) se trouve au volume III, sous le numéro 523 avec comme précision « signée et datée 1776 ».
La photographie de cette miniature comme celles des autres miniatures qui figurent la reine dans la collection Pierpont-Morgan ont été communiquées au baron de Vinck par Georges Charles Williamson, auteur du catalogue, pour être ajoutées à la documentation du baron aujourd’hui accessible sur Gallica. Il n’est pas clair si la miniature de Mosnier figure en noir et blanc dans le catalogue Williamson ou si elle fait partie des œuvres qui ont été reproduites en couleur. Les Collections royales anglaises conservent un des vingt exemplaires sur vélin avec reproductions en facsimilé coloriées à la main. Une démarche est en cours auprès du Royal Collection Trust pour obtenir une reproduction de qualité du numéro 523... Un véritable inédit pour un chapitre prochain, at Her Majesty's pleasure!
Les deux miniatures reproduites en couleurs sont quant à elles très distinctement signées Mosnier et datées de 1775.
Celle qui figura dans la Collection Veil-Picard (vendue chez Christies en juin 2010), d’une hauteur de 11,5cm (correspondant à 4 pouces et demi), présente une dimension tout-à-fait compatible avec ce qu’indique Moreau pour la miniature qui lui a tellement plu à l’été 1775. Il est généralement admis que cette miniature correspond à celle réalisée par Mosnier suite à sa séance de pose. Grâce à Moreau, l’hypothèse semble prendre encore plus de consistance.
Une miniature de la comtesse de Provence, apparemment en pendant de celle de la reine, est également livrée par Mosnier en 1775. Madame y est assise dans un décor beaucoup plus dépouillé, une corbeille à ouvrage sur les genoux. Les deux miniatures sont présentées dans un encadrement identique en bronze doré.
Reste donc la miniature de l’ancienne Collection Decloux, un temps dans la Collection Bruni-Tedeschi, ensuite léguée au Palazzo Madama à Turin. C’est la seule qui pourrait faire partie de la première commande de quatre, sauf à penser qu’après sa séance de pose, Mosnier multiplie les créations (?) et les interprétations du visage de Marie-Antoinette et que cette miniature rejoigne alors les deux dont nous venons de parler. Marguerite Jallut n’écrit-elle pas en effet que « Jean-Laurent Mosnier fut un des miniaturistes souvent choisis » ? Affirmation lapidaire dans la version 1955 de son étude iconographique, dont il faut se contenter faute de pouvoir accéder à la thèse...
1775 voit Jean-Laurent Mosnier décidément très actif à la Cour puisqu’en dehors des miniatures de Marie-Antoinette et de celle de Madame, il peint aussi le portrait de Madame Clotilde avant son départ pour Turin. La très estimable sœur de Louis XVI y mérite plus que jamais son sobriquet de Gros-Madame. La future reine de Piémont-Sardaigne tourne une partition, elle est assise à son clavecin.
En 1776, fort de ses succès l’année précédente, Mosnier prend le titre de « peintre de la reine ».
3. « peintre de la reine » et de quelques autres grandes dames
L’assertion selon laquelle Mosnier devient « un des peintres attitrés » de la reine reste à démontrer ! Car s’il réalise bien « un certain nombre de portraits de Marie-Antoinette, portraits qui, souvent répliqués servaient de présents de cour à cour (...) » (fiche Wikipédia) force est de constater que ces œuvres souvent offertes ne sont pas souvent localisées aujourd’hui. On pourrait en effet renverser la proposition et s’étonner qu’après une telle activité en 1775 - 1776 Mosnier n’ait pas travaillé ensuite à de nouveaux portraits pour Marie-Antoinette, en miniature bien sûr, mais surtout à l’huile, lorsqu’il devient essentiellement peintre en grand, sur toile, vers la fin des années 1770.
Le premier tableau à l’huile connu par les spécialistes de Mosnier est daté de 1779. Sur fond de draperie, il représente la vicomtesse de Buissy sous les traits d'une dessinatrice, assise à un bureau, porte-craie dans une main et quantité de feuilles vierges dans l'autre (vente Galerie Heim, 1956).
L’année suivante est celle du grand portrait de la princesse de Lamballe, un des chefs-d’œuvre du peintre. L’époque de la transition de Mosnier d’une technique vers l’autre est tout aussi mal documentée que celle de sa formation. Les auteurs nous proposent d’admettre l’idée que le tableau en pied de la princesse de Lamballe, un « coup d’essai », serait donc d’emblée un « coup de maitre », où Mosnier maîtrise absolument tout : de la composition aux coloris, des proportions aux codes de représentation et jusqu’à l’expressivité de son modèle. Le tout sur un support qu’il n’aurait pas pratiqué auparavant.
Un miracle de l’art, en quelque sorte ! Comme il en existe, parfois...
La prouesse est possible, mais il est aussi légitime de penser que – sans en faire sa pratique essentielle – Mosnier, alors âgé de 37 ans, a déjà développé en 1780 une certaine habitude de la peinture de chevalet.
Car le tableau de Madame de Lamballe n’a rien d’une œuvre de débutant. Acquis par la municipalité en 1978 auprès des descendants de la famille de Habsbourg-Toscane, qui le tenaient de la princesse Alice de Bourbon-Parme, le portrait est exposé dans la Salle des Mariages de l’Hôtel de Ville de Lamballe. C’est l’équivalent d’un véritable portrait d’état, propre à représenter celle qui préside depuis cinq ans à la Maison de la Reine en sa qualité de Surintendante. Et comme tout portrait d’état, il est bavard en symboles à déchiffrer et à mettre en perspective.
L’arrière-plan est celui d’un palais de convention, qui ouvre sur un massif de roses et une fontaine. Mosnier montre ici toute sa maîtrise à rendre les étoffes et à les marier dans une impressionnante accumulation d’effets, depuis le pilier drapé de soie lustrée pourpre, jusqu’à la table recouverte d’un épais tissu frangé de glands en fils d’or, le même velours bleu roi que celui de la chaise. L’amie de Marie-Antoinette porte une magnifique robe de satin blanc et cramoisi, bordée de broderies en fil d'or, les manches et le corsage sont garnis de dentelle. A chaque poignet, la princesse porte des bracelets de perles lumineuses à double rang.
La Surintendante appuie la main sur un portefeuille d’où dépassent plusieurs croquis maintenus par des rubans bleus. Elle tient un porte-crayon en or, ou en laiton, avec de la craie rouge d’un côté et blanche de l’autre. Sa feuille est vierge, elle n'a pas encore commencé son croquis. Devant elle, sur la table, une boîte en bois est ouverte, elle contient l'étui du porte-crayon et un nécessaire à parfum en cuir vert ou en galuchat avec deux flacons de parfum et un petit entonnoir. Un collier de perles est enroulé sur la boîte qui laisse aussi deviner une clé enfilée sur un ruban de soie rose. Un vase de fleurs ferme la composition à gauche et, entre les fleurs et la boîte, un putto en terre cuite lève les bras au ciel. Peut-être l’objet du dessin que s’apprête à commencer la princesse...
Ancré dans une tradition très « Grand Siècle », le portrait représente la princesse comme une amie éclairée des arts et témoigne de l'influence qu’elle exerce à la Cour. La pose et la mise en situation s'efforcent de montrer tout le sérieux de l'intérêt de la princesse de Lamballe pour les arts. Elles suggèrent aussi sa propre compétence en tant qu’artiste amateur.
Nous connaissons plusieurs autres tableaux de grand format par Mosnier dans les années 1780, à commencer par le portrait de la famille Bergeret de Grancourt, vers 1785, son propre autoportrait avec ses filles (1786), ou encore le portrait du baron de Breteuil (1787). Mais aucun de Marie-Antoinette...
Il est vrai qu’entretemps Madame Vigée Le Brun est devenue la portraitiste attitrée de la souveraine.
Que Marie-Antoinette ait rappelé Mosnier, qui s’affirmait alors parmi les meilleurs portraitistes de sa génération, aurait pu affaiblir la relation de confiance entre la reine et son peintre, dont Mosnier était le rival direct. Les portraits d’artistes secondaires comme Böttner, Boze ou Wertmüller étaient sans conséquence, ces peintres travaillaient d’ailleurs parfois de leur propre initiative, sans que la reine ait posé pour eux (c’est vrai pour Böttner en 1783, Boze en 1785 et Wertmüller en 1788). Peut-être faut-il voir ici un effet de la délicatesse de la reine – il y aurait d’autres exemples ! – pour expliquer pourquoi elle s’est privée de se faire représenter par Mosnier dans les années 1780, tout comme elle n’a pas considéré devoir poser devant Madame Labille-Guiard, l’autre rivale. Ce que nous pouvons regretter dans l’un et l’autre cas...
Fort de ses succès et de sa pratique en tant que portraitiste « en grand », Jean-Laurent Mosnier est agréé à l’Académie royale en 1786. Il est officiellement reçu en 1788 comme « peintre de portraits », avec pour morceaux de réception deux toiles représentant Durameau et Bridan.
Il peut exposer au Salon dès 1787 et fait sensation deux ans plus tard, toujours au Louvre, avec son portrait de Bailly, vision géniale du premier maire de Paris en épouvantail, sans doute son tableau le plus fameux et le plus saisissant. A l’occasion de ce Salon de 1789, Cochin fait de Mosnier l’éloge suivant : « Celui qui, selon moi, remporte la palme, c’est M. Mosnier. Il y a plusieurs portraits dont je crois pouvoir dire que, dans ce que j’ai vu de nos peintres modernes, j’ai bien rarement vu quelque chose d’aussi beau ».
Pour terminer sur un autre sourire, voici enfin le portrait non moins impressionnant de Mrs John Drummond en 1792, au début de la période londonienne de l'artiste. Le tableau est passé récemment en vente publique à Londres, c'est un autre exemple très saisissant du talent sans concession du portraitiste alors que commence son exil définitif…
Le tableau de Marie-Antoinette dans la Collection d'Arsène Houssaye porte en 1896 la signature « Mosnier » avec la date « 1776 », année où il devient « peintre de la reine ».
Il serait donc à situer pendant ces années d’apprentissage si mal documentées, où le peintre en miniature se perfectionne de manière apparemment confidentielle dans le portrait à l’huile avant d’en faire bientôt son activité principale.
Nous parlerons en détail dans les deux prochains chapitres de la restauration du tableau,
il sera alors temps de dire ce qu’il est permis de penser de la main qui peint le portrait
et de la signature qui est avancée...
Ce grand peintre de portraits, aussi doué pour la miniature que les tableaux à l’huile, avait intégré l'Académie Royale de Peinture juste avant la Révolution. Il attend toujours son historien en France. L’essentiel de sa production d’artiste de chevalet a été accompli en exil, à Londres, Hambourg puis Saint-Pétersbourg, où il est souvent mieux connu et plus apprécié qu'à Paris. Ce n'est pas un hasard si le meilleur spécialiste le concernant est un historien de nationalité allemande.
Des miniatures que Mosnier a peintes pour Marie-Antoinette, seules trois nous sont aujourd'hui connues. C'est bien peu ! Et seules deux d'entre elles ont été photographiées en couleur... Marguerite Jallut, et d'autres après elles, nous assurent pourtant que ces miniatures furent "nombreuses".
Que sont alors devenues toutes celles que la reine aurait offert en cadeau aux ami(e)s et aux cours alliées?
Détail du portrait restauré (DR)
V – JEAN-LAURENT MOSNIER, MINIATURISTE À SUCCÈS ET « PEINTRE DE LA REINE »
1. une formation et un début de carrière mal renseignés
Le portrait de Marie-Antoinette issu des anciennes collections Houssaye et Nordgren et attribué à Mosnier est signé et daté de 1776. C’est moins la signature qui renseigne – elle est pratiquement illisible au moment de l’achat en 2019 – que le catalogue de la Collection Houssaye, lequel – nous l’avons vu – donne sans réserve le nom de Mosnier et l’année où le portrait a été peint.
Le costume de la reine, atypique et assez incompréhensible dans le bas de la toile, ne donne pas d’indice temporel précis. La coiffure, au contraire, ne contredit en rien l’hypothèse de l’année 1776. Une connaissance plus approfondie en matière de coiffure féminine conduirait sans doute à élargir prudemment la fourchette jusqu’à la fin des années 1770.
Je vous renvoie aussi au deux messages précédents échangés entre Mme de Sabran et Marie-Jeanne...
Les portraits de la reine, depuis l’avènement jusqu’à la première maternité, montrent une même disposition de la coiffure, avec de grosses boucles en dragonnes qui retombent en tire-bouchons sur les épaules et jusque sur le devant de la poitrine. Il n’est pas rare qu’un rang de perles s’enroule autour de la plus longue. Un simple retour au chapitre consacré à Gautier-Dagoty en fournira plusieurs exemples.
Après la naissance de Madame Royale, fin 1778, la coiffure change assez vite, les grosses boucles raccourcissent et ne descendent plus jusqu’au corsage, les cheveux ne sont plus montés en hérisson et sont en partie coupés. Si la boucle d’oreille est plus rare au cours de la décennie, elle est déjà bien présente, notamment sur une gravure de Haines en 1775 (inspirée d’un tableau perdu de De Lorge), ou sur les deux versions de la miniature de Pasquier (en 1771 et 1773), ou encore sur le petit profil en marbre conservé dans la bibliothèque des appartements privés de la reine à Versailles.
La formation de Jean-Laurent Mosnier et ses débuts comme peintre sont mal documentés.
Il semble bien avoir fait son apprentissage à l’Académie de Saint-Luc et avoir rejoint la communauté des maîtres peintres en 1766, mais aucun des auteurs à avoir écrit sur Mosnier depuis le XIXe siècle n’a vraiment trouvé matière à en dire beaucoup plus. Il est en revanche avéré que, dès le début des années 1770, Mosnier développe une solide réputation de miniaturiste auprès d’une clientèle aristocratique séduite par sa manière plaisante et flatteuse.
Il ne va tarder à retenir l’attention des instances responsables de véhiculer l’image royale...
Jean-Laurent Mosnier (1743-1808)
autoportrait, huile sur toile, 1786 (83x64cm), Minneapolis Institute of Arts
(source de l’image : site du MIA)
autoportrait, huile sur toile, 1786 (83x64cm), Minneapolis Institute of Arts
(source de l’image : site du MIA)
2. un miniaturiste sollicité par les Affaires étrangères et les Menus Plaisirs
Les commandes officielles ne tardent pas en effet. En 1773, il a alors trente ans, Mosnier livre un portrait de Louis XV pour le département des Affaires étrangères.
Deux ans plus tard, sa réputation lui vaut une commande des Menus Plaisirs pour quatre miniatures de Marie-Antoinette. Son travail ayant plu, il reçoit une nouvelle commande pour peindre la reine. Mais cette fois, il ne travaillera pas à partir d’un modèle existant : la reine lui a en effet accordé une séance de pose !
Tout est sans doute allé très vite puisque l’Almanach historique des Architectes, peintres, sculpteurs etc. pour 1776 précise : « Monier, rue du Petit-Bourbon, peint la miniature : vient de peindre la reine d’après nature » (p. 117). L’almanach ayant paru fin 1775, il faut imaginer la séance de pose au cours de cette même année, dans le prolongement immédiat de la première commande.
Le témoignage du bibliothécaire de la reine, Jacob-Nicolas Moreau, est ici précieux pour en confirmer l’hypothèse. Dans le second volume de ses Souvenirs, en date du 26 juillet 1775, il note en effet l’arrivée de la reine dans une demeure versaillaise pour une fête donnée en l’honneur de la duchesse de Civrac : « A onze heures, la Reine, Monsieur et Madame arrivent dans le carrosse de Madame Victoire. La Reine fut on ne peut plus honnête et plus parfaite ; elle venait de se faire peindre par Lemonnier et modeler par Lemoyne. Le portrait de Lemonnier, que j'eus l'occasion de voir, me parut de la plus grande beauté : c'était une miniature de cinq pouces environ. Le Roi s'était aussi fait peindre par Duplessis ; son portrait n'était ni flatté ni flatteur, mais d'une vérité incroyable. » (Vol. 2, page 216).
Le peintre Le Monnier a bien existé, c’était un peintre d’histoire qui sera en fin de carrière directeur des Gobelins, sous Napoléon. Mais il n’a jamais peint la reine et c’est bien du seul Mosnier qu’il peut s’agir ici. (La confusion entre les deux artistes semble courante, elle se trouve aussi chez Portalis dans son ouvrage sur Danloux !). Quant au tableau du roi, c’est le buste qui sera exposé au Salon dans l’été.
Pour ce qui est de Lemoyne, aucun buste de Marie-Antoinette n’est connu après celui de 1771 et Louis Réau n’y fait aucune allusion dans son livre de référence sur Les Lemoyne en 1927. Un nouveau projet, qui n’aurait pas abouti, aurait-il été confié au grand sculpteur au début du règne ?
Si nous faisons confiance à Moreau et à sa mémoire, ou plus exactement aux notes qu’il a prises, la séance de pose de Mosnier intervient la veille même de la présentation du portrait en pied de Gautier-Dagoty, dans la Galerie des Glaces, le 27 juillet 1775 ! La date du 26 juillet semble d’autant plus recevable que la duchesse de Civrac était née Anne Marie de La Faurie de Monbadon et que les Anne, naguère comme aujourd’hui, sont bien fêtées au calendrier le 26 juillet.
Ce qui permet aussi d’avancer dans l’interprétation des miniatures de Mosnier parvenues jusqu’à nous et qu’il nous faut maintenant tenter... Elles sont donc au nombre de trois, toutes signées, même si la signature pour celle reproduite en noir et blanc ci-dessous est illisible sur le seul document apparemment en circulation à ce jour.
Cette troisième miniature est la reprise en buste du portrait en grand par Gautier-Dagoty, elle est donc postérieure au 27 juillet et à la séance de pose de Mosnier la veille. Sertie dans le couvercle d'une tabatière circulaire en or décorée d'un damier en vernis martin, la miniature a fait partie de la mythique collection Pierpont-Morgan, vendue à Londres en 1935. Cette collection a donné lieu à une édition de prestige en quatre volumes entre 1906 et 1908, pour diffusion privée. Les centaines de miniatures de la collection y sont fidèlement photographiées ou reproduites en facsimile et en couleurs. Celle de Mosnier (illustration (3) ci-dessous, lot 615 de la vente de 1935) se trouve au volume III, sous le numéro 523 avec comme précision « signée et datée 1776 ».
La photographie de cette miniature comme celles des autres miniatures qui figurent la reine dans la collection Pierpont-Morgan ont été communiquées au baron de Vinck par Georges Charles Williamson, auteur du catalogue, pour être ajoutées à la documentation du baron aujourd’hui accessible sur Gallica. Il n’est pas clair si la miniature de Mosnier figure en noir et blanc dans le catalogue Williamson ou si elle fait partie des œuvres qui ont été reproduites en couleur. Les Collections royales anglaises conservent un des vingt exemplaires sur vélin avec reproductions en facsimilé coloriées à la main. Une démarche est en cours auprès du Royal Collection Trust pour obtenir une reproduction de qualité du numéro 523... Un véritable inédit pour un chapitre prochain, at Her Majesty's pleasure!
Jean-Laurent Mosnier (1743-1808) : trois portraits de Marie-Antoinette en 1775-1776
1.miniature sur ivoire, 1775 (11,5x9,6cm), vente Christie’s Paris, 23 juin 2010, lot #66, collection particulière
probablement la miniature effectuée suite à la séance de pose accordée par Marie-Antoinette
2.miniature sur ivoire, 1775 (6x5cm), Turin, Palazzo Madama
3.miniature sur ivoire, 1776 (6,4x4,8cm), vente Christie’s Londres (Collection Pierpont-Morgan), 24-27 juin 1935 lot #615, localisation actuelle inconnue (Vinck n° 5623)
(source des images : 1 : Christie’s ; 2 : Palazzo Madama ; 3 : Gallica)
1.miniature sur ivoire, 1775 (11,5x9,6cm), vente Christie’s Paris, 23 juin 2010, lot #66, collection particulière
probablement la miniature effectuée suite à la séance de pose accordée par Marie-Antoinette
2.miniature sur ivoire, 1775 (6x5cm), Turin, Palazzo Madama
3.miniature sur ivoire, 1776 (6,4x4,8cm), vente Christie’s Londres (Collection Pierpont-Morgan), 24-27 juin 1935 lot #615, localisation actuelle inconnue (Vinck n° 5623)
(source des images : 1 : Christie’s ; 2 : Palazzo Madama ; 3 : Gallica)
Les deux miniatures reproduites en couleurs sont quant à elles très distinctement signées Mosnier et datées de 1775.
Celle qui figura dans la Collection Veil-Picard (vendue chez Christies en juin 2010), d’une hauteur de 11,5cm (correspondant à 4 pouces et demi), présente une dimension tout-à-fait compatible avec ce qu’indique Moreau pour la miniature qui lui a tellement plu à l’été 1775. Il est généralement admis que cette miniature correspond à celle réalisée par Mosnier suite à sa séance de pose. Grâce à Moreau, l’hypothèse semble prendre encore plus de consistance.
- De plus près...:
Une miniature de la comtesse de Provence, apparemment en pendant de celle de la reine, est également livrée par Mosnier en 1775. Madame y est assise dans un décor beaucoup plus dépouillé, une corbeille à ouvrage sur les genoux. Les deux miniatures sont présentées dans un encadrement identique en bronze doré.
Jean-Laurent Mosnier (1743-1808), portrait de la comtesse de Provence
miniature sur ivoire, 1775 (11,6x9,6cm), vraisemblablement en pendant de celle de la reine
vente Christie’s Paris, 23 juin 2010, lot #69, collection particulière
(source de l’image : Invaluable)
miniature sur ivoire, 1775 (11,6x9,6cm), vraisemblablement en pendant de celle de la reine
vente Christie’s Paris, 23 juin 2010, lot #69, collection particulière
(source de l’image : Invaluable)
Reste donc la miniature de l’ancienne Collection Decloux, un temps dans la Collection Bruni-Tedeschi, ensuite léguée au Palazzo Madama à Turin. C’est la seule qui pourrait faire partie de la première commande de quatre, sauf à penser qu’après sa séance de pose, Mosnier multiplie les créations (?) et les interprétations du visage de Marie-Antoinette et que cette miniature rejoigne alors les deux dont nous venons de parler. Marguerite Jallut n’écrit-elle pas en effet que « Jean-Laurent Mosnier fut un des miniaturistes souvent choisis » ? Affirmation lapidaire dans la version 1955 de son étude iconographique, dont il faut se contenter faute de pouvoir accéder à la thèse...
- De plus près...:
1775 voit Jean-Laurent Mosnier décidément très actif à la Cour puisqu’en dehors des miniatures de Marie-Antoinette et de celle de Madame, il peint aussi le portrait de Madame Clotilde avant son départ pour Turin. La très estimable sœur de Louis XVI y mérite plus que jamais son sobriquet de Gros-Madame. La future reine de Piémont-Sardaigne tourne une partition, elle est assise à son clavecin.
En 1776, fort de ses succès l’année précédente, Mosnier prend le titre de « peintre de la reine ».
Jean-Laurent Mosnier (1743-1808), portrait de Madame Clotilde de France
miniature sur ivoire, 1775 (6,4cm de diamètre)
vente Sotheby’s Londres (The Pohl-Ströher Collection of Portrait Miniatures, Part II), 4 juillet 2019, lot #44
(source de l’image : site internet Sotheby’s)
miniature sur ivoire, 1775 (6,4cm de diamètre)
vente Sotheby’s Londres (The Pohl-Ströher Collection of Portrait Miniatures, Part II), 4 juillet 2019, lot #44
(source de l’image : site internet Sotheby’s)
- De plus près... :
3. « peintre de la reine » et de quelques autres grandes dames
L’assertion selon laquelle Mosnier devient « un des peintres attitrés » de la reine reste à démontrer ! Car s’il réalise bien « un certain nombre de portraits de Marie-Antoinette, portraits qui, souvent répliqués servaient de présents de cour à cour (...) » (fiche Wikipédia) force est de constater que ces œuvres souvent offertes ne sont pas souvent localisées aujourd’hui. On pourrait en effet renverser la proposition et s’étonner qu’après une telle activité en 1775 - 1776 Mosnier n’ait pas travaillé ensuite à de nouveaux portraits pour Marie-Antoinette, en miniature bien sûr, mais surtout à l’huile, lorsqu’il devient essentiellement peintre en grand, sur toile, vers la fin des années 1770.
Le premier tableau à l’huile connu par les spécialistes de Mosnier est daté de 1779. Sur fond de draperie, il représente la vicomtesse de Buissy sous les traits d'une dessinatrice, assise à un bureau, porte-craie dans une main et quantité de feuilles vierges dans l'autre (vente Galerie Heim, 1956).
L’année suivante est celle du grand portrait de la princesse de Lamballe, un des chefs-d’œuvre du peintre. L’époque de la transition de Mosnier d’une technique vers l’autre est tout aussi mal documentée que celle de sa formation. Les auteurs nous proposent d’admettre l’idée que le tableau en pied de la princesse de Lamballe, un « coup d’essai », serait donc d’emblée un « coup de maitre », où Mosnier maîtrise absolument tout : de la composition aux coloris, des proportions aux codes de représentation et jusqu’à l’expressivité de son modèle. Le tout sur un support qu’il n’aurait pas pratiqué auparavant.
Un miracle de l’art, en quelque sorte ! Comme il en existe, parfois...
La prouesse est possible, mais il est aussi légitime de penser que – sans en faire sa pratique essentielle – Mosnier, alors âgé de 37 ans, a déjà développé en 1780 une certaine habitude de la peinture de chevalet.
Jean-Laurent Mosnier (1743-1808), portrait de la princesse de Lamballe
huile sur toile, 1780 (206x145cm), Mairie de Lamballe
(source de l’image : site Narthex.fr)
huile sur toile, 1780 (206x145cm), Mairie de Lamballe
(source de l’image : site Narthex.fr)
Car le tableau de Madame de Lamballe n’a rien d’une œuvre de débutant. Acquis par la municipalité en 1978 auprès des descendants de la famille de Habsbourg-Toscane, qui le tenaient de la princesse Alice de Bourbon-Parme, le portrait est exposé dans la Salle des Mariages de l’Hôtel de Ville de Lamballe. C’est l’équivalent d’un véritable portrait d’état, propre à représenter celle qui préside depuis cinq ans à la Maison de la Reine en sa qualité de Surintendante. Et comme tout portrait d’état, il est bavard en symboles à déchiffrer et à mettre en perspective.
L’arrière-plan est celui d’un palais de convention, qui ouvre sur un massif de roses et une fontaine. Mosnier montre ici toute sa maîtrise à rendre les étoffes et à les marier dans une impressionnante accumulation d’effets, depuis le pilier drapé de soie lustrée pourpre, jusqu’à la table recouverte d’un épais tissu frangé de glands en fils d’or, le même velours bleu roi que celui de la chaise. L’amie de Marie-Antoinette porte une magnifique robe de satin blanc et cramoisi, bordée de broderies en fil d'or, les manches et le corsage sont garnis de dentelle. A chaque poignet, la princesse porte des bracelets de perles lumineuses à double rang.
La Surintendante appuie la main sur un portefeuille d’où dépassent plusieurs croquis maintenus par des rubans bleus. Elle tient un porte-crayon en or, ou en laiton, avec de la craie rouge d’un côté et blanche de l’autre. Sa feuille est vierge, elle n'a pas encore commencé son croquis. Devant elle, sur la table, une boîte en bois est ouverte, elle contient l'étui du porte-crayon et un nécessaire à parfum en cuir vert ou en galuchat avec deux flacons de parfum et un petit entonnoir. Un collier de perles est enroulé sur la boîte qui laisse aussi deviner une clé enfilée sur un ruban de soie rose. Un vase de fleurs ferme la composition à gauche et, entre les fleurs et la boîte, un putto en terre cuite lève les bras au ciel. Peut-être l’objet du dessin que s’apprête à commencer la princesse...
Ancré dans une tradition très « Grand Siècle », le portrait représente la princesse comme une amie éclairée des arts et témoigne de l'influence qu’elle exerce à la Cour. La pose et la mise en situation s'efforcent de montrer tout le sérieux de l'intérêt de la princesse de Lamballe pour les arts. Elles suggèrent aussi sa propre compétence en tant qu’artiste amateur.
Nous connaissons plusieurs autres tableaux de grand format par Mosnier dans les années 1780, à commencer par le portrait de la famille Bergeret de Grancourt, vers 1785, son propre autoportrait avec ses filles (1786), ou encore le portrait du baron de Breteuil (1787). Mais aucun de Marie-Antoinette...
- La famille Bergeret de Grancourt, Musée des Beaux-Arts de Brest:
- Mosnier et ses filles, Musée de l'Ermitage:
Il est vrai qu’entretemps Madame Vigée Le Brun est devenue la portraitiste attitrée de la souveraine.
Que Marie-Antoinette ait rappelé Mosnier, qui s’affirmait alors parmi les meilleurs portraitistes de sa génération, aurait pu affaiblir la relation de confiance entre la reine et son peintre, dont Mosnier était le rival direct. Les portraits d’artistes secondaires comme Böttner, Boze ou Wertmüller étaient sans conséquence, ces peintres travaillaient d’ailleurs parfois de leur propre initiative, sans que la reine ait posé pour eux (c’est vrai pour Böttner en 1783, Boze en 1785 et Wertmüller en 1788). Peut-être faut-il voir ici un effet de la délicatesse de la reine – il y aurait d’autres exemples ! – pour expliquer pourquoi elle s’est privée de se faire représenter par Mosnier dans les années 1780, tout comme elle n’a pas considéré devoir poser devant Madame Labille-Guiard, l’autre rivale. Ce que nous pouvons regretter dans l’un et l’autre cas...
Fort de ses succès et de sa pratique en tant que portraitiste « en grand », Jean-Laurent Mosnier est agréé à l’Académie royale en 1786. Il est officiellement reçu en 1788 comme « peintre de portraits », avec pour morceaux de réception deux toiles représentant Durameau et Bridan.
Il peut exposer au Salon dès 1787 et fait sensation deux ans plus tard, toujours au Louvre, avec son portrait de Bailly, vision géniale du premier maire de Paris en épouvantail, sans doute son tableau le plus fameux et le plus saisissant. A l’occasion de ce Salon de 1789, Cochin fait de Mosnier l’éloge suivant : « Celui qui, selon moi, remporte la palme, c’est M. Mosnier. Il y a plusieurs portraits dont je crois pouvoir dire que, dans ce que j’ai vu de nos peintres modernes, j’ai bien rarement vu quelque chose d’aussi beau ».
Jean-Laurent Mosnier (1743-1808), portrait de Louis-Sylvain Bailly
huile sur toile, 1789 (81x65cm), Paris, Musée Carnavalet
(source de l’image : Paris Musées Collections)
huile sur toile, 1789 (81x65cm), Paris, Musée Carnavalet
(source de l’image : Paris Musées Collections)
Pour terminer sur un autre sourire, voici enfin le portrait non moins impressionnant de Mrs John Drummond en 1792, au début de la période londonienne de l'artiste. Le tableau est passé récemment en vente publique à Londres, c'est un autre exemple très saisissant du talent sans concession du portraitiste alors que commence son exil définitif…
Jean-Laurent Mosnier (1743-1808), portrait de Mrs John Drummond
huile sur toile, 1792 (112x88cm), Sotheby's, londres, 2 mai 2018, Lot #165
(source de l’image : site internet Artvee)
huile sur toile, 1792 (112x88cm), Sotheby's, londres, 2 mai 2018, Lot #165
(source de l’image : site internet Artvee)
Le tableau de Marie-Antoinette dans la Collection d'Arsène Houssaye porte en 1896 la signature « Mosnier » avec la date « 1776 », année où il devient « peintre de la reine ».
Il serait donc à situer pendant ces années d’apprentissage si mal documentées, où le peintre en miniature se perfectionne de manière apparemment confidentielle dans le portrait à l’huile avant d’en faire bientôt son activité principale.
Nous parlerons en détail dans les deux prochains chapitres de la restauration du tableau,
il sera alors temps de dire ce qu’il est permis de penser de la main qui peint le portrait
et de la signature qui est avancée...
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" Ai-je vu dans sa société quelque chose qui ne fût pas marqué au coin de la grâce, de la bonté et du goût? "
(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Marie-Jeanne a écrit:
Façon de couper les cheveux des femmes en vergettes (étagés jusqu'à l'arrière des oreilles, en dégradé comme on dit aujourd'hui)
« Si, dans un cas de nécessité, comme après des couches une maladie, les cheveux tombent par trop grande quantité, il est de prudence de les couper tous en vergette, je veux dire les faces, car pour le chignon (chignon = longueurs arrière) ils seraient trop longs à revenir ; il faut néanmoins en couper une bonne partie »
ils seraient trop longs à revenir ; il faut néanmoins en couper une bonne partie ...
Voilà ! Nous sommes d'accord. La coupe en vergette est un cas de force majeur, pas une coquetterie, voire même une indication médicale. Elle est d'ailleurs toujours préconisée de nos jours, en cas de cheveux trop clairsemés ou de chute de cheveux ( sans parler du fléau des parasites, les poux par excellence, au XVIIIème siècle ) Quoi qu'il en soit, il faut couper court pour ainsi fortifier une bonne repousse.
Nous nous souvenons que la coupe à l'enfant des cheveux de Marie-Antoinette suit une alopécie plus sévère que d'habitude ( et lance une nouvelle tendance ! )
Bonnefoy du Plan a écrit:
Une démarche est en cours auprès du Royal Collection Trust pour obtenir une reproduction de qualité du numéro 523... Un véritable inédit pour un chapitre prochain, at Her Majesty's pleasure!
Comme vous savez ménager vos effet, cher Bonnefoy, et nous tenir en haleine ! Nous trépignons de plaisir !!!
Bonnefoy du Plan a écrit:
L’année suivante est celle du grand portrait de la princesse de Lamballe, un des chefs-d’œuvre du peintre. L’époque de la transition de Mosnier d’une technique vers l’autre est tout aussi mal documentée que celle de sa formation. Les auteurs nous proposent d’admettre l’idée que le tableau en pied de la princesse de Lamballe, un « coup d’essai », serait donc d’emblée un « coup de maitre », où Mosnier maîtrise absolument tout :
La prouesse est possible, mais il est aussi légitime de penser que – sans en faire sa pratique essentielle – Mosnier, alors âgé de 37 ans, a déjà développé en 1780 une certaine habitude de la peinture de chevalet.
C'est ce que j'incline aussi plutôt à penser ... Ce portrait est splendide !
... mais a-t-elle vraiment grande envie de le commencer, ce croquis ? Son visage exprime une impression de lassitude, peut-être même d'ennui . Le porte-crayon semble plus prêt à glisser de ses doigts qu'à attaquer le dessin; de même sa main gauche retombe mollement . La princesse " est-elle " à son travail ou a-t-elle l'esprit ailleurs ?Bonnefoy du Plan a écrit:La Surintendante appuie la main sur un portefeuille d’où dépassent plusieurs croquis maintenus par des rubans bleus. Elle tient un porte-crayon en or, ou en laiton, avec de la craie rouge d’un côté et blanche de l’autre. Sa feuille est vierge, elle n'a pas encore commencé son croquis.
La pose et la mise en situation s'efforcent de montrer tout le sérieux de l'intérêt de la princesse de Lamballe pour les arts. Elles suggèrent aussi sa propre compétence en tant qu’artiste amateur.
Oui, ce souci de tact entrerait tout à fait dans le caractère obligeant de Marie-Antoinette.Bonnefoy du Plan a écrit:
Que Marie-Antoinette ait rappelé Mosnier, qui s’affirmait alors parmi les meilleurs portraitistes de sa génération, aurait pu affaiblir la relation de confiance entre la reine et son peintre, dont Mosnier était le rival direct. Les portraits d’artistes secondaires comme Böttner, Boze ou Wertmüller étaient sans conséquence, ces peintres travaillaient d’ailleurs parfois de leur propre initiative, sans que la reine ait posé pour eux (c’est vrai pour Böttner en 1783, Boze en 1785 et Wertmüller en 1788). Peut-être faut-il voir ici un effet de la délicatesse de la reine – il y aurait d’autres exemples ! – pour expliquer pourquoi elle s’est privée de se faire représenter par Mosnier dans les années 1780, tout comme elle n’a pas considéré devoir poser devant Madame Labille-Guiard, l’autre rivale. Ce que nous pouvons regretter dans l’un et l’autre cas...
A bientôt, cher Bonnefoy ! Nous tâchons de calmer notre impatience .Bonnefoy du Plan a écrit:Nous parlerons en détail dans les deux prochains chapitres de la restauration du tableau,
il sera alors temps de dire ce qu’il est permis de penser de la main qui peint le portrait
et de la signature qui est avancée...
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Le portrait de la princesse n'est pas sans rappeler l'opulence vestimentaire du grand siècle, et la coiffure bouclée de Marie-Anne de Bourbon-Condé, dite Mlle de Clermont, surintendante de de la maison de la reine, morte en charge en 1741 et non remplacée, jusqu'à la réactivation de la charge pour Madame de Lamballe, qui fort couteuse fut très mal acceptée.
Mlle de Clermont par Rosalba Giovanna Carriera, 1720, Musée condé, Chantilly.
Sur les vergettes : Depuis 1775, la coiffure était devenue si essentielle à la mode qu'en 1777, 600 coiffeurs pour dames (et non perruquiers) furent agrégés à la corporation des barbiers perruquiers par décret de Louis XVI. C'est très probablement à cause des traitements radicaux subis par les chevelures dans cette période, que pour en réparer les dommages, les coiffeurs furent amenés à trouver des solutions créatives en s'inspirant des coupes enfantines.
À commencer par Léonard pour la reine autour de 1776/78 au plus tard. La coiffure à l'enfant de Marie-Antoinette, dite aussi « à l'enfance » s'ensuivit de façon définitivement aboutie dans le premier semestre de 1779.
Mlle de Clermont par Rosalba Giovanna Carriera, 1720, Musée condé, Chantilly.
Sur les vergettes : Depuis 1775, la coiffure était devenue si essentielle à la mode qu'en 1777, 600 coiffeurs pour dames (et non perruquiers) furent agrégés à la corporation des barbiers perruquiers par décret de Louis XVI. C'est très probablement à cause des traitements radicaux subis par les chevelures dans cette période, que pour en réparer les dommages, les coiffeurs furent amenés à trouver des solutions créatives en s'inspirant des coupes enfantines.
À commencer par Léonard pour la reine autour de 1776/78 au plus tard. La coiffure à l'enfant de Marie-Antoinette, dite aussi « à l'enfance » s'ensuivit de façon définitivement aboutie dans le premier semestre de 1779.
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« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
En voulez-vous encore sur les vergettes Selon cet auteur, il ne s'agit pas d'une coupe spécifique à la perte de cheveux
« Autre méthode de tenir les cheveux courts, c’est ceux que l’on nomme en vergette, lorsque la coiffure est bien faite et que les cheveux sont bien coupés, elle est aussi très avantageuse, quoique le chignon soit long, elle n’en est pas moins élégante en observant de ne suivre cette manière qu’aux personnes dont les traits sont fins & délicats & aux petits têtes et front de même, à moins que ce ne soit pour rétablir les cheveux. »
Traité de la nature des cheveux, et de l’Art de coeffer, Tissot, coëffeur, dédié au beau sexe, 1776.
« Autre méthode de tenir les cheveux courts, c’est ceux que l’on nomme en vergette, lorsque la coiffure est bien faite et que les cheveux sont bien coupés, elle est aussi très avantageuse, quoique le chignon soit long, elle n’en est pas moins élégante en observant de ne suivre cette manière qu’aux personnes dont les traits sont fins & délicats & aux petits têtes et front de même, à moins que ce ne soit pour rétablir les cheveux. »
Traité de la nature des cheveux, et de l’Art de coeffer, Tissot, coëffeur, dédié au beau sexe, 1776.
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Moi j'en veux encore du Mosnier !!!!!
Je trouve la peinture remarquable, son geste semble précis et net. L'esquisse de son auto-portrait est saisissante en comparaison avec son portrait avec ses filles je rage de ne pas pouvoir contempler sa peinture de plus près.
Le portrait de la Surintendante est formidable.. La toile est belle, bonne composition, bon coloris.
Étudions donc un peu ce portrait
D'abord ce drapé majestueux, cette envolée de soie mauve qui repose sur une base de colonne. Mais pourquoi une colonne ? Et bien vous cherchiez des signes, des codes en voilà un. La colonne représente le pouvoir. Entière, il est important, caché, il l est un peu moins ou en sous main. C'est le cas pour la Princesse qui n’a pas de réel pouvoir sur les gens mais qui en a énormément en sous-main.
La couleur mauve ou bleu écarlate, comme vous voudrez, répond aux tons oranges de la robe. Les couleurs complémentaires qui en font la force ( pour rappel le violet et le jaune , le vert et le rouge, le bleu et l'orangé, etc dans toutes les nuances possible ) dans ce portrait, elles se répondent en nombre et en force.
Le vase de roses indique l'intérêt de la Princesse pour la botanique et sublime sa féminité ( ou sont les fleurs dans la miniature de la Comtesse de Provence et de celle de Gros-Madame ? )
Le petit amour peut être pour indiquer que la Princesse n’est pas mère puisque l'enfant lève les bras au ciel pour demander pardon ou attendre une grâce divine, si c'était l'amour, il aurait une flèche, un carquois, ou ne serait pas seul.
Voilà en deux Mots sur ce portrait pour en voir quelques signes.
Je trouve la peinture remarquable, son geste semble précis et net. L'esquisse de son auto-portrait est saisissante en comparaison avec son portrait avec ses filles je rage de ne pas pouvoir contempler sa peinture de plus près.
Le portrait de la Surintendante est formidable.. La toile est belle, bonne composition, bon coloris.
Étudions donc un peu ce portrait
D'abord ce drapé majestueux, cette envolée de soie mauve qui repose sur une base de colonne. Mais pourquoi une colonne ? Et bien vous cherchiez des signes, des codes en voilà un. La colonne représente le pouvoir. Entière, il est important, caché, il l est un peu moins ou en sous main. C'est le cas pour la Princesse qui n’a pas de réel pouvoir sur les gens mais qui en a énormément en sous-main.
La couleur mauve ou bleu écarlate, comme vous voudrez, répond aux tons oranges de la robe. Les couleurs complémentaires qui en font la force ( pour rappel le violet et le jaune , le vert et le rouge, le bleu et l'orangé, etc dans toutes les nuances possible ) dans ce portrait, elles se répondent en nombre et en force.
Le vase de roses indique l'intérêt de la Princesse pour la botanique et sublime sa féminité ( ou sont les fleurs dans la miniature de la Comtesse de Provence et de celle de Gros-Madame ? )
Le petit amour peut être pour indiquer que la Princesse n’est pas mère puisque l'enfant lève les bras au ciel pour demander pardon ou attendre une grâce divine, si c'était l'amour, il aurait une flèche, un carquois, ou ne serait pas seul.
Voilà en deux Mots sur ce portrait pour en voir quelques signes.
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Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3186
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Mr de Talaru a écrit:Étudions donc un peu ce portrait
Merci de ce complément de lecture, cher François. J'y vois une fois encore une illustration de la complète maîtrise de Mosnier quand il réalise ce portrait ambitieux à tous les points de vue... Une telle maturité n'est d'ailleurs pas pour surprendre chez un artiste de déjà 37 ans. Curieux tout de même qu'aucun des auteurs à s'être intéressé à Mosnier ne soit parvenu à identifier des toiles qui lui seraient attribuables dans les années 1770, ce qui nous laisse dans le flou le plus complet sur ses années d'apprentissage...
Si vous aimez Mosnier et lisez l'allemand, vous trouverez des références non pas dans le post de la semaine prochaine, mais dans celui d'après.
Mme de Sabran a écrit:C'est ce que j'incline aussi plutôt à penser ... Ce portrait est splendide !
Vous ne croyez pas trop aux miracles, vous non plus, chère Eléonore
Ce qui m'étonne avec cet exemple, c'est l'apparente facilité avec laquelle les sachants surfent sur ce genre d'interrogation de bon sens. Circulez, y'a rien à voir! Puisqu'on vous le dit!
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Mr de Talaru a écrit:Moi j'en veux encore du Mosnier !!!!!
... si vous insistez, que pensez-vous de ce curieux portrait du Chevalier d'Eon en 1792 signé Jean-Laurent Mosnier et conservé aujourd'hui en collection privée?
D'Éon accueille favorablement la Révolution française et adresse même le 10 mai 1792 à l'Assemblée nationale législative une pétition dans laquelle, s'appuyant sur un décret de la Constituante, il demande à être réintégré dans son grade et à prendre du service :
« A présent, que je vois la nation, la loi et le roi en grands dangers, je sens mon amour pour la patrie se réveiller et mon humeur guerrière se révolter contre ma cornette et mes jupes : mon cœur redemande à grands cris mon casque, mon sabre, mon cheval et surtout mon rang dans l'armée pour aller combattre les ennemis de la France. Pour me mettre dans le cas de faire de la bonne besogne à l'armée, qu'on m'accorde la permission de lever une légion appelée la légion des volontaires de d'Éon-Tonnerre. Je tâcherais de la composer au moins de moitié de soldats vétérans, et l'autre moitié d'une jeunesse robuste et de bonne volonté qui sera bientôt aguerrie dans une guerre active. »
La pétition, présentée par Lazare Carnot à l'Assemblée dans la séance du 11 juin, est renvoyée au comité militaire qui n'y donne aucune suite. (extrait fiche Wikipedia)
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Mille excuses, j'ai fait l'erreur à ne pas commettre en postant l'image de la copie du tableau de Mosnier par Stewart, acquise par la National Portrait Gallery de Londres en vente publique en 2011.
Copie du portrait du Chevalier d'Eon par Mosnier à la National Portrait Gallery
L'original, le voici, la qualité de l'image n'est pas extraordinaire, mais c'est tout autre chose...
Copie du portrait du Chevalier d'Eon par Mosnier à la National Portrait Gallery
L'original, le voici, la qualité de l'image n'est pas extraordinaire, mais c'est tout autre chose...
(source de l'image : scan page 193 dans "Artistische Wanderer, Gerrit Walczak; Deutscher Kunstverlag, 2019)
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
C'est incroyable que ce peintre ne soit pas plus reconnu comme artiste et portraitiste. Ce dernier tableau est saisissant. Ce regard du Chevalier comme un appel de détresse. Un SOS de compassion. Il ne nous présente pas le Chevalier d Eon comme un vieux trav' après une soirée arrosée chez Michou, mais comme un homme incompris, ridicule, mais brave et courageux, regardez sa médaille. Il me fait mal plutôt que pitié..
Merci, mon très cher ami, de me faire connaître et sortir des ombres ce peintre fabuleux.
Merci, mon très cher ami, de me faire connaître et sortir des ombres ce peintre fabuleux.
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Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3186
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Bonnefoy du Plan a écrit:
1775 voit Jean-Laurent Mosnier décidément très actif à la Cour puisqu’en dehors des miniatures de Marie-Antoinette et de celle de Madame, il peint aussi le portrait de Madame Clotilde avant son départ pour Turin. La très estimable sœur de Louis XVI y mérite plus que jamais son sobriquet de Gros-Madame. La future reine de Piémont-Sardaigne tourne une partition, elle est assise à son clavecin.
Il est vrai que, sur ce tableau peut-être encore plus particulièrement, ce pauvre Gros Madame est à faire peur.
La réputation d'obésité de la princesse s'était largement répandue même hors de nos frontières. Elle ne fit cependant pas tiédir l'empressement du roi du Piémont à solliciter pour son fils la main de Clotilde. ( Alors que, des années plus tard, l'embonpoint d'Elisabeth fera reculer Joseph. )
Bref ! L'avant-veille du mariage , l'ambassadeur de Sardaigne avait apporté les présents de noces, au nombre desquels étaient des bracelets de diamants avec le portrait du prince de Piémont; ces bracelets se trouvèrent trop larges, tant en Piémont on croyait énorme la taille de cette princesse.
La princesse quitte Versailles, suivie par un cortège de vingt-deux carrosses.
A Leur arrivée au Pont-de-Bonvoisin, le prince de Piémont les attendait; il entra chez la princesse au moment où elle venait de changer de chemise, la surprit fort, se jeta à ses pieds et l'embrassa. Elle lui demanda s'il ne la trouvait pas bien grosse. " Beaucoup moins qu'on ne me l'avait dit " lui répondit-il.
( Par Jacob-Nicolas Moreau, Mes souvenirs )
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Bonnefoy du Plan a écrit: Mais alors, Marie-Jeanne, que penser de la coiffure du portrait de mai 1775 envoyé à Marie-Thérèse, dont cette gravure reproduit semble-t-il le modèle (ce que je développais dans le chapitre sur Gautier-Dagoty) ?
Y voyez-vous aussi la même chose? :
Cher Bonnefoy, je m'aperçois que je n'ai répondu qu'indirectement à votre question. Il me semble bien voir que les cheveux de la reine sont en partie coupés sur ce portrait, à dater semble t-il de 1776. Ce qui renvoie au traité publié par le coiffeur Tissot la même année.
Selon le blog de l'INHA cette version assagie du grand portrait de 1775 constituerait le pendant du portrait de Louis XVI, achevé par Duplessis en 1776, puis gravé par Dagoty.
Personnellement, je ne dirais pas que l'apparence de la reine est assagie, mais plutôt très anti conformiste par sa coiffure
« décoiffée ». Et si tant est que Marie-Thérèse ait reçue ce portrait, c'est probablement ce qui lui déplut particulièrement, et expliquerait pourquoi elle ne trouva plus rien à redire par la suite sur les coiffures de sa fille.
Pour l'anecdote voici ce que Tissot écrit sur son « Art » et sur les peintres :
« (...) de tous les Arts celui de la coiffure n’est pas le moins intéressant. Le peintre n’a pas le même avantage, avec son pinceau délicat & moelleux, il représente une figure sur une toile inanimée qui est bien différent de celle de nos doigts actifs & industrieux (...) je dirai toujours que quand le peintre attrape la ressemblance par un usage ménagé et adroit, du clair à l’obscur, & par la distribution des ombres, il a rempli sa tâche, le prestige est opéré, & voilà, la perfection de son ouvrage. »
Votre étude sur le tableau de Mosnier m'incite à la recherche dans ce domaine des coiffures qui reste si superficiellement exploré. Merci !
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Aujourd’hui nouveau chapitre de l'énigme. Je suis dans les starting-blocks
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Mr de Talaru- Messages : 3186
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: Enquête sur un tableau retrouvé de Marie-Antoinette attribué à Jean-Laurent Mosnier (vers 1776)
Cher Bonnefoy, c'est toujours aussi plaisant ET intéressant de vous lire.
Merci beaucoup de prendre tout ce temps pour partager ici vos connaissances et découvertes.
Merci beaucoup de prendre tout ce temps pour partager ici vos connaissances et découvertes.
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
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