Les oeufs de Pâques et les oeufs d'Autruche peints au XVIIIe siècle
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Les oeufs de Pâques et les oeufs d'Autruche peints au XVIIIe siècle
Un objet rare prochainement présenté en vente aux enchères me donne l'occasion d'ouvrir ce sujet (un peu fourre-tout ) :
Groupe en porcelaine émaillée bleu turquoise, Chine, début XVIIIe siècle, oeuf d'autruche, Japon, époque Edo, XVIIIe siècle et monture de bronze doré d'époque Louis XVI, vers 1780
Décoré de trois personnages et surmonté d'un oeuf à décor polychrome d'oiseaux.
Haut. 35 cm, Larg. 14 cm
Note au catalogue
L’œuf d’autruche peint constitue un objet curieux et précieux par sa nature, une paire se trouvait en 2002 sur le marché de l’art parisien (galerie Maurice Segoura). La manière dont ils étaient présentés, avec une monture de bronze doré et l’ajout de porcelaine de Chine témoigne d’un raffinement extrême.
Au Petit Trianon, à Versailles se trouve un œuf d’autruche peint par Lebel. Il repose sur un pied en ivoire tourné qui serait l’œuvre de Madame Adélaïde (1732-1800), quatrième fille du roi Louis XV.
* Source et infos complémentaires : Sotheby's Paris - Vente 28 juin 2022
En tout d'un style tout à fait différent, nous avions déjà évoqué l'oeuf d'Autruche monté sur un pied en ivoire qui aurait été tourné par Mme Adélaïde. C'était ici, dans notre sujet :Objets en ivoire tourné de et par la famille royale
A l'origine il s'agissait d'une paire, mais le second oeuf fut brisé au XIXe siècle.
Oeuf d'Autruche monté sur ivoire
Jean-Etienne Lebel, dit l'Aîné (peintre)
Madame Adélaïde (tourneur)
Vers 1767-1774
oeuf d'autruche peint, ivoire tourné, bois . H 40,5 cm
Image : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet / Jean Schormans
Historique
Oeuf de Pâques peint par Lebel, monté sur un pied tourné par Madame Adélaïde et provenant des appartements intérieurs de Louis XVI à Versailles ; à partir de 1822 dans la chambre à coucher du Petit Trianon, puis dans la salle à manger.
Je cite des extraits de l'article publié sur le site Le blog Gallica, site de la Bibliothèque nationale de France, que j'illustre, et qui nous raconte la...
PETITE HISTOIRE DES OEUFS DE PÂQUES
(...)
Dans l’Antiquité, notamment chez les Romains, il est déjà d’usage d’offrir des œufs à l’arrivée du printemps. Le christianisme n’abandonne pas la fête des œufs, mais lui donne un sens différent.
Au Moyen Âge, il est interdit de consommer des œufs pendant le Carême : ceux-ci sont donc conservés jusqu’à Pâques, qui commémore la résurrection de Jésus Christ et marque la fin du jeûne. Les œufs sont alors portés dans les Eglises, bénis par le prêtre, puis distribués aux voisins, parents et amis.
La procession des œufs
Dans son Histoire de la vie privée des Français, Pierre Jean-Baptiste Legrand d'Aussy dépeint la joyeuse procession des œufs qui se déroule pendant la semaine de Pâques : les étudiants, les clercs des églises, les jeunes gens de la ville s’assemblent sur la place publique au bruit des sonnettes et des tambours. Ils portent des étendards burlesques, des lances ou des bâtons. De la place, ils se rendent dans un grand tapage à l’église où, après avoir chanté les laudes, ils se répandent dans la ville pour quêter les œufs de Pâques, une échinée de lard, du beurre, ou de l’argent.
Les variantes régionales auxquelles donnent lieu les festivités pascales sont nombreuses : à Auxerre, on joue aux billes avec des œufs durs peints. En Bourgogne, les enfants emploient des « formules de malédiction magique » contre ceux qui leur refusent des offrandes. A Nantes, une foire aux œufs se tient le lundi de Pâques, donnant lieu à d'impressionnants festins. Aux petits Alsaciens, on fait chercher le lièvre blanc qui pond des œufs rouges. Dans le Berry, bergers et pâtours se réunissent dans les champs le lundi de Pâques pour faire de copieux repas appelés « manches »…
Psalterium
Manuscrit sur parchemin, 1280-1290
Image : Bibliothèque nationale de France
Des œufs colorés et ornés
Le premier marchand à avoir fabriqué et vendu en grande quantité des œufs rouges se nomme Solirène : au XVIIe siècle, il établit son commerce à la descente du Pont-Neuf, près de la Samaritaine, et gagne rapidement une jolie fortune, bien que pratiquant des prix modestes à la pièce.
Le samedi saint, on élève dans le cabinet de Louis XIV des corbeilles de verdure contenant des pyramides d’œufs coloriés, qu’il fait bénir puis distribue autour de lui, aux courtisans, aux gardes et aux laquais.
D’abord teints en rouge, puis bariolés de diverses couleurs, les œufs peuvent aussi être ornés de dessins ou d’inscriptions avec une plume trempée dans l’huile avant d’être soumis à la cuisson. De frais pondus qu’ils étaient à l’origine, les œufs ne tardent pas à devenir friandises, puis objets d’art.
Egg shaped boxes or bonbonnières
18th century
Image : The Royal Collection Trust
Des œufs aussi précieux qu’extravagants
Au XVIIIe siècle, à la Cour, les œufs de Pâques atteignent des sommets de raffinement : issus de diverses volailles, parfois même d’autruches pour les plus gros, ils sont délicatement découpés et vidés, rehaussés d’or et peints avec raffinement, notamment par Watteau et Lancret.
Ostrich egg on a gilt bronze base
Jean-Étienne Lebel (attributed to)
c. 1760 - c. 1765 and/or c. 1765 - c. 1775
Image : Rijksmuseum Amsterdam
Les « œufs à surprises » offerts pour Pâques par Louis XV à sa fille, Madame Victoire, renferment dans leurs coques des figures et décors miniatures. Les bourgeois, à leur tour, inventent de nouvelles manières de décorer les coquilles, ornées de pastorales, de bas-reliefs en moelle de sureau, d’arabesques ou de devises.
Des œufs en chocolat
Quand apparaît l’idée de percer les œufs et de les remplir de chocolat ? Sans doute au XVIIIe siècle, lorsque le chocolat fait fureur à la Cour. Mais c'est au XIXe siècle, avec le développement des techniques de travail de la pâte de cacao et la diversification des moules, que les œufs en chocolat font véritablement leur apparition.
(...)
* Source texte dans son intégralité : Isabelle Degrange / Gallica BNF - Petite histoire des oeufs de Pâques (avril 2022)
Pair of Louis XV ostrich eggs attributed to Lebel
Paris, circa 1760
Gilt bronze mounted polychrome-painted
Height 37.5 cm, width 18 cm. each.
Image et infos complémentaires : Richard Redding Antiques Ltd
Présentation du marchand d'art :
Eighteenth century painted ostrich eggs are extremely rare; those that have survived all seem to have a link to the French royal family and were painted by Lebel. Among them was one in Louis XV's collection that was exhibited in Paris at the Académie de Saint-Luc in August 1774, which caused one critic to describe the compositions as "vives, animées, d'un coloris agreeable et d'une touché facile".
The latter was later in the collection of George Blumenthal (sold, Galerie Georges Petit, Paris, December 2nd 1932, lot 76) and is now in the Detroit Institute of Art. As a reflection of the egg's importance the slightly later Neo-classical gilt bronze stand was made by the celebrated bronzier Pierre Gouthière (1732-1813).
Ostrich Egg
Clément-Louis-Marie-Anne Le Bel
ca. 1780
ostrich egg, gouache, gilt bronze
Image : 2022 Detroit Institute of Arts
The identity of Lebel has posed a slight mystery but according to an article by Martin Eidelberg ("Apollo", 1st September 2004), based on a paper by Ronald L. Winokur concerning the mounted ostrich egg in the Detroit Institute of Art he was Clement Louis Marie Anne Lebel (d. 1806). Lebel or Le Bel, who also painted porcelain was referred to when in April 1760 Monsieur de la Roche interceded with the Marquis de Marigny in the latter's capacity as the directeur général des Bâtiments to obtain a privilège du roi for Lebel. He noted that "ce garçon est sage et a du talent; le Roy a trouvé ses oeufs très jolyement peints".
To support his application, Lebel painted an egg with four verses presumably praising the King. C. Baulez also notes that Lebel had been painting eggs for the King since 1750; these eggs all came from ostriches that were kept in the royal menagerie at Versailles and may well have been presented as Easter gifts which would the scarcity of extant examples.
Image : Sotheby's
Another eighteenth century painted ostrich egg is in the Petit Trianon at Château de Versailles which was recently shown at the exhibition 'Versailles deux siècles d'histoire de l'art', and discussed in the catalogue, pp. 248-249.
Originally one of a pair, (the pendant having been broken between 1839 and 1854), it is signed E Lebel and painted with a scène champêtre and rests on a rosewood stand mounted in ivory turned by Madame Adélaïde. Madame Adélaïde then gave it to her father Louis XV and subsequently it was chosen by Louis XVI for his appartements intérieures at Versailles.
The only other known decorated eggs include one with similar decoration almost certainly by Lebel but fitted with a slightly later gilt bronze mounting, which was in the collection of Sigismond Bardac and then sold in Paris at Galerie Georges Petit, May 10-11th 1920, lot 21 where interestingly it was sold as part of the collection of paintings and not part of the decorative art collection. Another painted ostrich egg was in the Veil-Picard collection in Paris (as noted in the Blumenthal catalogue) while a pair was with Maurice Ségoura in 2002.
The chinoiserie decoration on these eggs was inspired by the work of Jean Baptiste Pillement (1728-1808), whose imaginative Rococo designs were engraved and exerted a considerable influence on other artists. Specifically the monkey would appear to be taken directly from the title page of his "A New Book of Chinese Ornaments", published in London in 1757; the bearded man holding a parasol and a number of the birds are also taken from the same publication.
This decoration in combination with the fanciful and exotic ormolu base combine to support the possibility that these eggs are the earliest extant painted examples of this type recorded to date.
Source et infos complémentaires : Richard Redding Antiques Ltd
Groupe en porcelaine émaillée bleu turquoise, Chine, début XVIIIe siècle, oeuf d'autruche, Japon, époque Edo, XVIIIe siècle et monture de bronze doré d'époque Louis XVI, vers 1780
Décoré de trois personnages et surmonté d'un oeuf à décor polychrome d'oiseaux.
Haut. 35 cm, Larg. 14 cm
Note au catalogue
L’œuf d’autruche peint constitue un objet curieux et précieux par sa nature, une paire se trouvait en 2002 sur le marché de l’art parisien (galerie Maurice Segoura). La manière dont ils étaient présentés, avec une monture de bronze doré et l’ajout de porcelaine de Chine témoigne d’un raffinement extrême.
Au Petit Trianon, à Versailles se trouve un œuf d’autruche peint par Lebel. Il repose sur un pied en ivoire tourné qui serait l’œuvre de Madame Adélaïde (1732-1800), quatrième fille du roi Louis XV.
* Source et infos complémentaires : Sotheby's Paris - Vente 28 juin 2022
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En tout d'un style tout à fait différent, nous avions déjà évoqué l'oeuf d'Autruche monté sur un pied en ivoire qui aurait été tourné par Mme Adélaïde. C'était ici, dans notre sujet :Objets en ivoire tourné de et par la famille royale
A l'origine il s'agissait d'une paire, mais le second oeuf fut brisé au XIXe siècle.
Oeuf d'Autruche monté sur ivoire
Jean-Etienne Lebel, dit l'Aîné (peintre)
Madame Adélaïde (tourneur)
Vers 1767-1774
oeuf d'autruche peint, ivoire tourné, bois . H 40,5 cm
Image : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet / Jean Schormans
Historique
Oeuf de Pâques peint par Lebel, monté sur un pied tourné par Madame Adélaïde et provenant des appartements intérieurs de Louis XVI à Versailles ; à partir de 1822 dans la chambre à coucher du Petit Trianon, puis dans la salle à manger.
Je cite des extraits de l'article publié sur le site Le blog Gallica, site de la Bibliothèque nationale de France, que j'illustre, et qui nous raconte la...
PETITE HISTOIRE DES OEUFS DE PÂQUES
(...)
Dans l’Antiquité, notamment chez les Romains, il est déjà d’usage d’offrir des œufs à l’arrivée du printemps. Le christianisme n’abandonne pas la fête des œufs, mais lui donne un sens différent.
Au Moyen Âge, il est interdit de consommer des œufs pendant le Carême : ceux-ci sont donc conservés jusqu’à Pâques, qui commémore la résurrection de Jésus Christ et marque la fin du jeûne. Les œufs sont alors portés dans les Eglises, bénis par le prêtre, puis distribués aux voisins, parents et amis.
La procession des œufs
Dans son Histoire de la vie privée des Français, Pierre Jean-Baptiste Legrand d'Aussy dépeint la joyeuse procession des œufs qui se déroule pendant la semaine de Pâques : les étudiants, les clercs des églises, les jeunes gens de la ville s’assemblent sur la place publique au bruit des sonnettes et des tambours. Ils portent des étendards burlesques, des lances ou des bâtons. De la place, ils se rendent dans un grand tapage à l’église où, après avoir chanté les laudes, ils se répandent dans la ville pour quêter les œufs de Pâques, une échinée de lard, du beurre, ou de l’argent.
Les variantes régionales auxquelles donnent lieu les festivités pascales sont nombreuses : à Auxerre, on joue aux billes avec des œufs durs peints. En Bourgogne, les enfants emploient des « formules de malédiction magique » contre ceux qui leur refusent des offrandes. A Nantes, une foire aux œufs se tient le lundi de Pâques, donnant lieu à d'impressionnants festins. Aux petits Alsaciens, on fait chercher le lièvre blanc qui pond des œufs rouges. Dans le Berry, bergers et pâtours se réunissent dans les champs le lundi de Pâques pour faire de copieux repas appelés « manches »…
Psalterium
Manuscrit sur parchemin, 1280-1290
Image : Bibliothèque nationale de France
Des œufs colorés et ornés
Le premier marchand à avoir fabriqué et vendu en grande quantité des œufs rouges se nomme Solirène : au XVIIe siècle, il établit son commerce à la descente du Pont-Neuf, près de la Samaritaine, et gagne rapidement une jolie fortune, bien que pratiquant des prix modestes à la pièce.
Le samedi saint, on élève dans le cabinet de Louis XIV des corbeilles de verdure contenant des pyramides d’œufs coloriés, qu’il fait bénir puis distribue autour de lui, aux courtisans, aux gardes et aux laquais.
D’abord teints en rouge, puis bariolés de diverses couleurs, les œufs peuvent aussi être ornés de dessins ou d’inscriptions avec une plume trempée dans l’huile avant d’être soumis à la cuisson. De frais pondus qu’ils étaient à l’origine, les œufs ne tardent pas à devenir friandises, puis objets d’art.
Egg shaped boxes or bonbonnières
18th century
Image : The Royal Collection Trust
Des œufs aussi précieux qu’extravagants
Au XVIIIe siècle, à la Cour, les œufs de Pâques atteignent des sommets de raffinement : issus de diverses volailles, parfois même d’autruches pour les plus gros, ils sont délicatement découpés et vidés, rehaussés d’or et peints avec raffinement, notamment par Watteau et Lancret.
Ostrich egg on a gilt bronze base
Jean-Étienne Lebel (attributed to)
c. 1760 - c. 1765 and/or c. 1765 - c. 1775
Image : Rijksmuseum Amsterdam
Les « œufs à surprises » offerts pour Pâques par Louis XV à sa fille, Madame Victoire, renferment dans leurs coques des figures et décors miniatures. Les bourgeois, à leur tour, inventent de nouvelles manières de décorer les coquilles, ornées de pastorales, de bas-reliefs en moelle de sureau, d’arabesques ou de devises.
Des œufs en chocolat
Quand apparaît l’idée de percer les œufs et de les remplir de chocolat ? Sans doute au XVIIIe siècle, lorsque le chocolat fait fureur à la Cour. Mais c'est au XIXe siècle, avec le développement des techniques de travail de la pâte de cacao et la diversification des moules, que les œufs en chocolat font véritablement leur apparition.
(...)
* Source texte dans son intégralité : Isabelle Degrange / Gallica BNF - Petite histoire des oeufs de Pâques (avril 2022)
Pair of Louis XV ostrich eggs attributed to Lebel
Paris, circa 1760
Gilt bronze mounted polychrome-painted
Height 37.5 cm, width 18 cm. each.
Image et infos complémentaires : Richard Redding Antiques Ltd
Présentation du marchand d'art :
Eighteenth century painted ostrich eggs are extremely rare; those that have survived all seem to have a link to the French royal family and were painted by Lebel. Among them was one in Louis XV's collection that was exhibited in Paris at the Académie de Saint-Luc in August 1774, which caused one critic to describe the compositions as "vives, animées, d'un coloris agreeable et d'une touché facile".
The latter was later in the collection of George Blumenthal (sold, Galerie Georges Petit, Paris, December 2nd 1932, lot 76) and is now in the Detroit Institute of Art. As a reflection of the egg's importance the slightly later Neo-classical gilt bronze stand was made by the celebrated bronzier Pierre Gouthière (1732-1813).
Ostrich Egg
Clément-Louis-Marie-Anne Le Bel
ca. 1780
ostrich egg, gouache, gilt bronze
Image : 2022 Detroit Institute of Arts
The identity of Lebel has posed a slight mystery but according to an article by Martin Eidelberg ("Apollo", 1st September 2004), based on a paper by Ronald L. Winokur concerning the mounted ostrich egg in the Detroit Institute of Art he was Clement Louis Marie Anne Lebel (d. 1806). Lebel or Le Bel, who also painted porcelain was referred to when in April 1760 Monsieur de la Roche interceded with the Marquis de Marigny in the latter's capacity as the directeur général des Bâtiments to obtain a privilège du roi for Lebel. He noted that "ce garçon est sage et a du talent; le Roy a trouvé ses oeufs très jolyement peints".
To support his application, Lebel painted an egg with four verses presumably praising the King. C. Baulez also notes that Lebel had been painting eggs for the King since 1750; these eggs all came from ostriches that were kept in the royal menagerie at Versailles and may well have been presented as Easter gifts which would the scarcity of extant examples.
Image : Sotheby's
Another eighteenth century painted ostrich egg is in the Petit Trianon at Château de Versailles which was recently shown at the exhibition 'Versailles deux siècles d'histoire de l'art', and discussed in the catalogue, pp. 248-249.
Originally one of a pair, (the pendant having been broken between 1839 and 1854), it is signed E Lebel and painted with a scène champêtre and rests on a rosewood stand mounted in ivory turned by Madame Adélaïde. Madame Adélaïde then gave it to her father Louis XV and subsequently it was chosen by Louis XVI for his appartements intérieures at Versailles.
The only other known decorated eggs include one with similar decoration almost certainly by Lebel but fitted with a slightly later gilt bronze mounting, which was in the collection of Sigismond Bardac and then sold in Paris at Galerie Georges Petit, May 10-11th 1920, lot 21 where interestingly it was sold as part of the collection of paintings and not part of the decorative art collection. Another painted ostrich egg was in the Veil-Picard collection in Paris (as noted in the Blumenthal catalogue) while a pair was with Maurice Ségoura in 2002.
The chinoiserie decoration on these eggs was inspired by the work of Jean Baptiste Pillement (1728-1808), whose imaginative Rococo designs were engraved and exerted a considerable influence on other artists. Specifically the monkey would appear to be taken directly from the title page of his "A New Book of Chinese Ornaments", published in London in 1757; the bearded man holding a parasol and a number of the birds are also taken from the same publication.
This decoration in combination with the fanciful and exotic ormolu base combine to support the possibility that these eggs are the earliest extant painted examples of this type recorded to date.
Source et infos complémentaires : Richard Redding Antiques Ltd
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les oeufs de Pâques et les oeufs d'Autruche peints au XVIIIe siècle
Mon Dieu, quelles merveilles !!!
Pour l'une de ces petites choses, je vendrais mon âme au Diable et ma vieille grand-mère avec ...
Tu m'en mettras une douzaine, siouplaît ?!
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les oeufs de Pâques et les oeufs d'Autruche peints au XVIIIe siècle
Le rituel de la distribution des œufs de Pâques à la Cour de Versailles
... nous est raconté par G. Lenôtre
Il y avait, en 1840, à Versailles, un bibliothécaire nommé Cazotte; il était, je le crois bien, fils du fameux écrivain devenu plus célèbre par une prophétie qu'il ne fit jamais que par tous les ouvrages dont il fut l'auteur.
Ce bibliothécaire avait une manie: dès qu'il avait, dans la tabatière qu'il tournait sans cesse entre ses doigts à la manière des élégants du dix-huitième siècle, puisé une prise qu'il savourait voluptueusement, il considérait d'un air attendri sa main droite, qu'il avait blanche et très soignée, puis il déposait sur elle un baiser retentissant. Comme cette étrange action n'avait d'autre but que de lui attirer une question, il ne manquait pas de raconter qu'il avait eu, jadis, le bonheur de se trouver aux Tuileries, auprès de Marie-Antoinette, lors du retour de Varennes; que la reine s'était appuyée sur lui en descendant de voiture, et qu'elle avait tenu pendant quelques instants ses doigts, à lui, entre ses doigts royaux. Depuis ce jour, il avait voué à sa propre main une sorte de culte; il la considérait comme une relique et il l'honorait comme telle.
A la même époque, et dans la même ville, vivait un brave homme à qui était advenue une aventure à peu près semblable: c'était un petit employé retraité, bon bourgeois, peu fortuné, pas fier et qui n'avait eu dans sa vie qu'un seul événement: le roi Louis XVI lui avait lavé le pied droit et le lui avait baisé. Il aimait à conter ce souvenir, et, quand on parlait devant lui de la main du bibliothécaire Cazotte, il répliquait, non sans une nuance de dédain:
- Et mon pied ! ( )
Et puis il montrait, soigneusement placé sous le globe de sa pendule, un œuf rouge, un bel œuf de Pâques, sur lequel était imprimé en bleu une fleur de lis. C'était le seul survivant de deux douzaines d’œufs semblables, qu'il avait fallu briser, à l'époque révolutionnaire, lors du décret sur les armoiries et les emblèmes de la féodalité. Il avait conservé celui-là, ne pouvant se résoudre à anéantir le souvenir du seul jour glorieux de son existence. C'est grâce à ce brave homme, peut-être, qu'on sait, aujourd'hui, de quelle façon se célébraient, à la Cour de Versailles, la cérémonie de la Cène et la distributions des œufs de Pâques.
J'ai idée qu'aux siècles de foi, les princes, quand venait la semaine sainte, ouvraient aux pauvres les portes de leur palais, et leur lavaient les pieds par humilité. Cette pieuse tradition s'était conservée à la Cour de France jusqu'à la Révolution, mais elle avait, oh combien!, subi des modifications. C'était dans la grande salle des gardes du corps que l'on rangeait, le matin du jeudi saint, douze petits enfants, dont la fraîcheur égalait celle de l'énorme bouquet des fleurs les plus rares qu'ils tenaient à la main. Ces enfants étaient choisis, non parmi les mendiants, mais dans les familles bourgeoises et aisées de Versailles. Désignées un mois avant la cérémonie, ils étaient remis entre les mains des médecins qui veillaient à ce qu'ils fussent sains et propres, qui les faisaient baigner, laver, frotter, parfumer. Au jour dit, on les couvrait d'une petite robe d'étoffe rouge et trois aunes de toile fine leur étaient passées autour du cou. Un évêque faisait l'absoute, et la cérémonie commençait.
Chaque enfant plaçait son pied droit au-dessus d'un bassin de vermeil que tenait un aumônier. Le roi s'approchait, y versait un peu d'eau, essuyait le pied avec la serviette que l'enfant avait au cou, puis, se mettant à genoux, baisait les orteils. Alors, le grand aumônier donnait à l'enfant une petite bourse contenant douze écus; celui qui avait le triste honneur de représenter Judas en avait treize.
Après le lavement des pieds, commençait le service. Tous les plats étaient rangés dans la salle des Cent-Suisses, et les princes de la famille royale allaient les chercher. Le cortège était conduit par M. le prince de Condé, grand-maître de la maison du roi, ayant en main son bâton enrichi de diamants et un superbe bouquet. Venaient, ensuite, tous les maîtres d'hôtels, avec leurs grands bâtons garnis de velours et de fleurs de lis d'or, portant également des bouquets. Puis paraissait solennellement Monsieur, portant des petits pains sur un plat de terre. M. le comte d'Artois tenait une cruche de grès pleine de vin et une tasse; les autres princes portaient chacun un plat contenant les mets les plus recherchés en poissons et légumes, mais froids. Il y en avait douze pour chaque enfant; et si les princes n'étaient pas assez nombreux pour faire le service, les gentilshommes ordinaires y suppléaient. Le roi prenait chaque plat, le remettait au grand aumônier, qui le donnait aux parents de l'enfant. Ceux-ci avaient de grands paniers, dans lesquels tout s'engouffrait, et, en sortant, ils vendaient ce repas à qui le leur voulait acheter. Comme les poissons étaient très beaux, les légumes apprêtés avec soin, chacun se procurait une part d'apôtre, invitant ses amis à venir la manger.
Le bouquet y était toujours compris, et ce n'était pas ce qu'il y avait de moins précieux; le menu comprenait également un plat de vingt-quatre œufs coloriés et fleurdelisés pour chaque enfant: œufs et fleurs, c'était là l'emblème de la Pâques, le symbole de la résurrection des êtres et des choses, l'image du printemps revenu, de l'espoir renaissant dans toute la création.
G. Lenotre.
Les Annales politiques et littéraires, Revue universelle paraissant le dimanche, 31 mars 1907.
https://chroniquesintemporelles.blogspot.com/2015/11/les-ufs-de-paques-la-cour.html
Jacques Cazotte est né le 7 octobre 1719 à Dijon
Il est mort guillotiné le 25 septembre 1792 à Paris sur la place du Carrousel. Il fut conseiller du roi en ses conseils, commissaire général de la marine (1760), membre de l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Dijon (1763), maire de Pierry (1790), littérateur français, propriétaire du Château de la Marquetterie de 1760 à 1789.
Notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t5488-jacques-cazotte-homme-de-lettres-1719-1792?highlight=cazotte
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