Paris au XVIIIe siècle

Je dirais peu avant la Révolution, cher Leos, car ces places respirent le calme et l'harmonie . Les statues sont encore sereines sur leurs piédestaux.

Sereines et royales ...

En effet, il faut regarder les statues, mon cher Léos...

Pour la place Royale (aujourd'hui place des Vosges)





Il y avait cette statue avant la Révolution française :


La première statue équestre "Louis XIII de la place Royale"
Photo : Alain Manesson Mallet, La Géométrie pratique, t. II, Paris, Anisson, 1702, pl. LXXV. / Wikipedia

Note Wikipedia (extraits) :

En 1639, le cardinal de Richelieu commande une statue de bronze pour occuper le centre de la place Royale (dénommée place des Vosges après 1800) afin d'y empêcher les duels fréquents qui s'y déroulaient.
Cette statue, attribuée au sculpteur Pierre II Biard, était constituée d'un cheval fondu pour Henri II sur laquelle avait été placée une effigie trop grande de Louis XIII.

Elle est fondue pendant la Révolution française pour faire des canons.
En 1825, une nouvelle statue en marbre blanc réalisée en 1821 par Jean-Pierre Cortot sur un modèle de Charles Dupaty datant de 1816 est installée au même endroit.
(...)
* Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Statue_%C3%A9questre_de_Louis_XIII


Pour la place Louis XV (Place de la Concorde) :





Cette statue...


Louis XV, réduction en plâtre de la statue équestre
Jean-Baptiste Pigalle (1714-1785)
Plâtre, XVIIIe siècle
Photo : Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Note Wikipedia (extraits) :

Commencée par Edme Bouchardon et achevée par Jean-Baptiste Pigalle, la statue équestre de Louis XV est inaugurée le 20 juin 1763.
Elle est placée au centre de l'esplanade, face à l'est, à l'intersection de l'axe de la nouvelle rue Royale, qui relie la Madeleine à la Seine, et de l'axe du jardin des Tuileries et de l'avenue des Champs-Élysées.

Le 11 août 1792, lendemain de l'abolition de la monarchie, la statue équestre de Louis XV est renversée de son piédestal puis envoyée à la fonte.
À cette occasion, la place Louis XV est rebaptisée « place de la Révolution ».

Le 10 août 1793, sur le piédestal de l'ancienne statue de Louis XV, resté vide pendant un an, est érigée une Statue de la Liberté de François-Frédéric Lemot, effigie de plâtre représentant la Liberté coiffée d'un bonnet rouge et tenant une pique dans la main droite. Elle fut retirée en juin 1800.
(...)
* Source Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Place_de_la_Concorde


La place des Victoires





Celle-ci...


Statue de Louis XIV

Note Wikipedia (extraits) :

La statue originelle était une réalisation du sculpteur Martin Desjardins et représentait Louis XIV en pied.
L'inauguration a eu lieu le 28 mars 1686 ; l'ensemble, piédestal compris, faisait alors 12 m de haut.

Le roi était figuré en costume de sacre, piétinant un cerbère, représentant la Quadruple-Alliance vaincue. Son socle comportait quatre personnages en bronze, représentant allégoriquement chacun une nation vaincue par Louis XIV et un sentiment différent (la Résignation, l’Abattement, la Colère et l’Espérance), des bas-reliefs et des inscriptions dithyrambiques sur la gloire militaire du roi après la signature du traité de Nimègue.
Ces éléments de décoration (démontés en 1790) sont aujourd'hui exposés dans la cour Puget du musée du Louvre.


Éléments récupérés du socle originel de la place des Victoires
Musée du Louvre
Photo : Original téléversé par Siren sur Wikipédia français. Transféré de fr.wikipedia à Commons par Bloody-libu utilisant CommonsHelper.

En 1792, la statue de Louis XIV est abattue par les révolutionnaires. Elle est fondue pour produire des canons et remplacée par une pyramide en bois portant les noms des citoyens morts lors de la journée du 10 août 1792.
Selon la légende, Napoléon Ier donne le bois de la pyramide à un corps de garde, lequel l'aurait utilisé pour se chauffer.
(...)
* Source Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Place_des_Victoires


Et enfin pour la place Louis-le-Grand (Place Vendôme) :





Cette autre monumentale statue de Louis XIV...


Inauguration de la statue équestre de Louis XIV, le 13 août 1699, sur la place Louis Le Grand
Eau forte de Pierre Lepautre, architecte du Roi.
Vers 1699
Photo : Wikipedia

Note musée du Louvre (extraits) :

Cette oeuvre en bronze est une réduction de la statue équestre de Louis XIV de la place Louis-le-Grand (actuelle place Vendôme).
(...) En 1685 par Louvois, ministre de la Guerre de Louis XIV, décida le roi à créer une place des Conquêtes à l'emplacement de l'hôtel de Vendôme.

Pour dépasser en magnificence la place des Victoires concurrente, on décida d'y ériger une statue équestre, confiée à un sculpteur encore plus prestigieux que Desjardins, François Girardon.
Girardon travailla au modèle de 1685 à 1687. Il représente Louis XIV en empereur romain mais portant une abondante perruque bouclée contemporaine.
(...)
Girardon s'inspire de la statue antique de Marc Aurèle du Capitole à Rome, référence incontournable en la matière, mais la surpasse de loin en taille : sept mètres de haut au lieu de quatre.
(...)
La statue ne fut installée sur son piédestal qu'en 1699, sur la place finalement baptisée Louis-le-Grand. Elle fut abattue en août 1792 sous la Révolution, comme symbole de l'absolutisme.


Vestige, pied gauche de la statue équestre de Louis XIV, place Louis Le Grand (actuelle place Vendôme), détruite le 12 août 1792.
Balthazar Keller (fondeur), François Girardon (sculpteur)
Photo : RMN-Grand Palais / René-Gabriel Ojéda

Plusieurs réductions furent réalisées, certaines à l'initiative de Girardon. Celle du Louvre, la seule signée, parfaitement ciselée, dépasse un mètre.


Réduction en bronze de la statue de Louis XIV à cheval
Musée du Louvre
Photo : RMN Musée du Louvre / Thierry Ollivier
(...)
* Source : https://www.louvre.fr/oeuvre-notices/louis-xiv-cheval

La statue de bronze de Louis XV, par Pigalle et Bouchardon a en effet été cassée et fondue en 92 .
C’est à la statue de la Liberté qui l’a remplacée que Madame Roland s’adresse sur l’échafaud : »Liberté, que de crimes on commet en ton nom... »
Seule la main droite de la statue d’origine fut conservée. On peut la voir à Carnavalet :

Ah ! Merci Vicq...

Il reste donc de ces statues originales une main de Louis XV et un pied de Louis XIV.

Encore quelques morceaux à retrouver, et on en fait une neuve...

La nuit, la neige a écrit:

La place des Victoires

(...)

La statue originelle était une réalisation du sculpteur Martin Desjardins et représentait Louis XIV en pied.
L'inauguration a eu lieu le 28 mars 1686 ; l'ensemble, piédestal compris, faisait alors 12 m de haut.

Le roi était figuré en costume de sacre, piétinant un cerbère, représentant la Quadruple-Alliance vaincue. Son socle comportait quatre personnages en bronze, représentant allégoriquement chacun une nation vaincue par Louis XIV et un sentiment différent (la Résignation, l’Abattement, la Colère et l’Espérance), des bas-reliefs et des inscriptions dithyrambiques sur la gloire militaire du roi après la signature du traité de Nimègue.
Ces éléments de décoration (démontés en 1790) sont aujourd'hui exposés dans la cour Puget du musée du Louvre.


Éléments récupérés du socle originel de la place des Victoires
Musée du Louvre
Photo : Original téléversé par Siren sur Wikipédia français. Transféré de fr.wikipedia à Commons par Bloody-libu utilisant CommonsHelper.

Voici les personnages entourant le socle de la statue de Louis XIV place des Victoires, aujourd'hui exposés au Louvre (clichés personnels) :




 


Je rêve de voir un jour la place de la Concorde recouverte de parterres de pelouse "à la française" comme avant la Révolution. 

encore note à l'image : la place Louis XV (Place de la Concorde) :

Je ne suis pas sûr ... mais je pense qu'à l'époque l'église de la Madeleine ne pouvait pas ressembler à ça ... c'était à l'équateur inachevée ...

Leos

LNLN a écrit:Merci Vicq...

Il reste donc de ces statues originales une main de Louis XV et un pied de Louis XIV.  

Ainsi qu'une botte et un bras de la statue d'Henri IV place Dauphine à Carnavalet.

La statue avait été jetée à la Seine en 1792 (après quelques hésitations tout de même, c'est qu'il était populaire ! ). On tenta donc de la draguer sous la Restauration pour la retrouver. Seule cette botte et ce bras furent récupérés :

Leos a écrit:encore note à l'image :  la place Louis XV (Place de la Concorde) :

Je ne suis pas sûr ... mais je pense qu'à l'époque l'église de la Madeleine ne pouvait pas ressembler à ça ... c'était à l'équateur inachevée ...

Leos

Elle n'a jamais ressemblé à cela, vous avez raison. Le chantier ne commencera vraiment à s'élever que sous Bonaparte. Ce que l'image nous montre, comme bien souvent, est une vue du projet. On inclue à l'image à la fois pour la cohérence de celle-ci, et afin qu'elle ne soit pas obsolète une fois la construction terminée. Remarquez que ce que nous voyons ressemble beaucoup à la Sainte-Geneviève de Soufflot. Il s'agit en fait du projet de Couture, élève de Contant d'Ivry, inspiré de ce modèle, et envisagé à partir de 1778-80.

La nuit, la neige a écrit:
Ces éléments de décoration (démontés en 1790) sont aujourd'hui exposés dans la cour Puget du musée du Louvre.

Cherchant le décret du 19 juin 1790 sur la suppression des titres de noblesse, j'ai trouvé cet autre intéressant document, qui explique pourquoi les groupes d'esclaves entourant le piédestal de la statue n'ont pas été envoyés à la fonte avec elle en 1792 : ils en avaient été distraits dès 1790 pour ne pas heurter la sensibilité des populations provinciales montant à Paris à l'occasion de la Fête de la Fédération

Concernant la place de la Concorde, on pourrait imaginer que les fossés soient rétablis. Il y en avait tout autour de la place, et n’avaient qu’une valeur décorative. Au fond, il y avait des parterres de fleurs, et on pouvait y accéder par des escaliers (qui existent toujours), dont le point de départ était dans les guérites, toujours existantes. De même, les balustrades surplombant les fossés ont été conservées; on se demande aujourd’hui à quoi elles servent...
Ce n’est qu’au 19e qu’on combla ces fossés, et qu’on plaça les statues des villes de France sur les guérites...
Côté Tuileries, le pont tournant permettait, le soir, de fermer l’accès aux jardins. Un Suisse était chargé de le faire pivoter. Ainsi, se trouvait-il en surplomb du fossé, et ne permettait donc plus de passer. Pour Marie-Antoinette, l’échafaud se trouvait face à ce pont tournant.
Quant à l’ancienne église de la Madeleine, elle ne se trouvait pas à l’emplacement de l’église actuelle, mais plus à l’ouest, tout près du site de la Chapelle Expiatoire. C’est devant cette église que le corps de Louis XVI fut béni par l’abbé Renard, ce qui fut refusé à Marie-Antoinette.

Les différentes percées du métro rendent hélas impossible la restitution de ces jolis fossés de nos jours.

L'église que l'on devine au bout de la place Louis-le-Grand , n'est-elle pas l'église conventuelle des capucines où furent enterrées la marquise de Pompadour et sa fille ?

Bravo Léos, vous avez l'oeil pour quelqu'un qui n'habite pas Paris !  

Lucius a écrit:
Elle n'a jamais ressemblé à cela, vous avez raison. Le chantier ne commencera vraiment à s'élever que sous Bonaparte. Ce que l'image nous montre, comme bien souvent, est une vue du projet. On inclue à l'image à la fois pour la cohérence de celle-ci, et afin qu'elle ne soit pas obsolète une fois la construction terminée. Remarquez que ce que nous voyons ressemble beaucoup à la Sainte-Geneviève de Soufflot. Il s'agit en fait du projet de Couture, élève de Contant d'Ivry, inspiré de ce modèle, et envisagé à partir de 1778-80.

C'eut été un peu mieux que cette sorte de hangar actuel !  
Désolé, je n'aime pas La Madeleine...


Eglise de la Madeleine
Guillaume-Martin Couture (1732-1799)
Antoine Meunier (1765-1808)
Dessin, 1776
Source : Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie

Oui je crois bien que c'est bien cela, le cimetière aurait été situé approximativement sous la place Vendôme, si bien que lorsque je me gare parfois dans ce parking, j'ai toujours une petite pensée pour madame de Pompadour dont les restes ne furent paraît-il jamais exhumés.

Ils seraient, d’après Castelot, sous les trottoirs de l’actuelle rue de la Paix...

La place Vendôme , ex-place Louis-le-Grand , existait déjà lors de la reconstruction de la chapelle conventuelle des capucines dans les années 1720 , et la marquise de Pompadour et sa fille furent précisément inhumées dans cette église , elles ne peuvent avoir été sous la place .
Ce couvent fut rasé en 1806 pour ouvrir la rue de la Paix c'est donc bien à cet endroit qu'il se situait .
Les restes des défunts des capucines furent de toute façon transportés aux catacombes au moment de la Révolution je crois , peut-être la marquise s'y trouve-t-elle.

Le projet de Couture pour l'église Sainte-Marie Madeleine était autrement plus grandiose et élégant que le pseudo-temple romain d’aujourd’hui , en bien piètre état d'ailleurs , mais il transformait déjà totalement le projet de Contant d'Ivry , plus petit et pour lequel Louis XV posa la 1ère 1ère.
Seul le portail avait été élevé en 1789 jusqu'à la hauteur des chapiteaux.
A partir de1806 l'édifice actuel a d'abord été conçu par l'architecte Vignon comme un temple dédié à la Grande Armée de Napoléon , avant d'être transformé en église catholique seulement en 1845 (après avoir failli être une des 1ère gare parisienne ).

Clin d’œil à Madame de Sabran , l'architecture reproduit exactement le style et les dimensions que devait avoir le grand temple de Zeus d'Athènes , dit Olympéïon
Ses colonnes corinthiennes et chapiteaux en sont d'exactes répliques .

L'église de la Madeleine en 1806:



A noter qu'à la suite de Couture , Etienne-Louis Boullée fournit lui aussi un projet pour cette église , gigantesque comme à son habitude et reprenant la partie déjà réalisée à savoir le portail , mais en développant considérablement l'édifice sur les transepts et l'immense coupole.



(sources : wikipedia)

Pour ce qui est de l'ancien couvent des capucines et son églises , voici une intéressante page :

http://www.tombes-sepultures.com/crbst_1164.html

Portail de l'église conventuelle des capucines (ordre des clarisses) :



La place Louis-le-Grand avec le couvent des capucines au fond :



Et de l'autre côté de cette place royale , se trouvait le fameux couvent des feuillants de le rue Saint-Honoré et sa superbe façade de François Mansart, mais qui elle était parallèle à la place et non perpendiculaire comme les capucines :



Plan de Turgot ; à gauche en bas l'église conventuelle des capucines et à droite (point rouge) l'église et le couvent des feuillants :

Merci beaucoup pour l'information et les liens intéressants ..
J'ai trouvé cette gravure de l'année 1792 ..
il est généralement mentionné en relation avec Le Madeleine ...
est là pour voir l'église inachevée .. juste des piliers .. comment l'écrire ..

Leos


Pompe funèbre en l'honneur de Simoneau maire d'Estampes : le 3 Juin 1792 :

Merci cher leos , je recherchais justement cette gravure !!    

C'est le seul document présentant l'état d'édification de l'église de la Madeleine au moment de la Révolution , avec les colonnes du portail de Couture .

Bravo, cher Leos !!!

... toujours la belle place des Victoires !

De jolies vues de Paris, et en particulier des quais de Seine, d'un peintre qui mériterait bien un petit sujet...

Commandé par le roi Louis XVI, et exposé au Salon de 1783 :

Vue de Paris, prise du Pont Neuf
Pierre-Antoine Demachy (1723-1807)
Huile sur toile, 1783
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin





Avec une vue sur l'Hôtel des Monnaies (Hôtel de la Monnaie), quai de Conti :




Le Musée de la Monnaie possède dans ses collections une autre version de cette vue, même artiste :


Vue de la Seine en aval du Pont-Neuf, à gauche l'Hôtel des Monnaies, à droite Le Louvre.
Pierre-Antoine Demachy
Huile sur toile, 1783
Photo : Musée de la Monnaie / Wikipedia


Quelques années auparavant, Pierre-Antoine Demachy avait peint le bâtiment néo-classique de l'hôtel des Monnaies, alors fraîchement achevé par l'architecte Jacques-Denis Antoine :

L'Hôtel des Monnaies et la Seine vus de la pointe de l'Île de la Cité
Pierre-Antoine Demachy
Huile sur toile, 1777
Photo : Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Et en complément, en aval (amont ? ) du fleuve :

Vue de Paris prise du Pont Royal en 1778
Pierre-Antoine Demachy
Huile sur toile, vers 1776-1800
Collection Louis-Philippe
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin

Magnifique, cet Hôtel de la Monnaie, et comme on comprend bien que Paris faisait déjà l'admiration de tous les visiteurs étrangers !