Marie de Vichy-Chamrond (ou Champrond), marquise du Deffand

capin a écrit:
Sinon il est probable que le château de Chantilly conserve le portrait de la marquise par Carmontelle.

De quel portrait parlez-vous ?

Le comte de Creutz à Gustave III


Paris, le 14 octobre 1780.

Madame du Deffand est morte, elle a donné un grand scandale en refusant les sacrements.  Madame de Luxembourg a fait tout au monde pour les lui faire recevoir. Mais le curé de Saint-Sulpice étant venu pour l'administrer, elle lui a dit :
"  --- Vous savez, Monsieur, que je ne crois en rien, ainsi vous pouvez vous retirer. "



Source:

Ne serait-ce pas un poil trop caricatural pour être vrai ?

Il faudrait que je retrouve l'une de ses bios pour voir si je ne lis pas autre chose, mais je cite d'ores et déjà un extrait de la lettre que le fidèle secrétaire de la marquise adresse à Horace Walpole suite au décès de son amie.
Le récit est bien plus nuancé :

Paris, le 22 octobre 1780

Vous me demandez, monsieur, des détails de la maladie et mort de votre digne amie.
(...)
Il s'en faut beaucoup, monsieur, qu'elle ait désiré des honneurs après sa mort : elle a ordonné par son testament l'enterrement le plus simple. Ses ordres ont été exécutés ; elle a aussi demandé à être enterrée dans l'église Saint-Sulpice, sa paroisse, et c'est où elle repose. (...)
Cependant son curé la vue tous les jours, et avait commencé sa confession ; mais il n'a pas pu achever, parce que la tête s'est perdue, et qu'elle n'a pu recevoir les sacrements ; mais M. le curé s'est conduit à merveille, il a cru que sa fin n'était pas si prochaine.
Je garderai Tonton (chien de madame du Deffand) jusqu'au départ de M. Thomas Walpole ; j'en ai le plus grand soin ; il est très doux, il ne mord personne ; il n'était méchant qu'auprès de sa maîtresse. Je me souviens très bien, monsieur, qu'elle vous a prié de vous en charger après elle.

Comme il lui refile le (méchant) cleps !!

Le 22 août 1780, elle écrivait à Walpole :

Je suis d'une faiblesse et d'un abattement extrêmes; ma voix est éteinte; je ne puis me donner aucun mouvement, j'ai le coeur enveloppé et j'ai de la peine à croire que cet état n'annonce pas une fin prochaine. Je n'ai pas la force d'en être effrayée et, ne devant vous revoir de ma vie, je n'ai rien à regretter ...

Ce fut à un souper chez madame de Marchais qu’en 1774 madame du Deffand, complimentée sur la perte qu’elle venait de faire, ce jour-là même, du comte de Pont de Veyle avec qui elle vivait depuis quarante ans, dit ce mot singulier :
« Hélas ! il est mort ce soir à six heures ; sans cela vous ne me verriez pas ici. »

Et Laharpe, qui était un des convives, raconte « qu’elle soupa comme à son ordinaire, c’est-à-dire fort bien, car elle était très-gourmande »

(Correspondance littér., t. 3, p. 146).

Cette semaine, Cécile Berly était l'invitée de Stéphane Bern dans son émission de radio "Historiquement vôtre" (Europe 1).  

"Appelez-moi madame !" (EP. 4/5)
La véritable histoire de Madame du Deffand, marquise en son salon



Présentation :

Semaine spéciale “Appelez-moi Madame !" De lundi à vendredi, des “Madame” singulières s'invitent dans Historiquement Vôtre.

Pour le quatrième épisode, Stéphane Bern raconte une femme de lettres qui n’a jamais vraiment voulu en être une, et a privilégié la conversation à sa passion pour l’écrit… Ou la véritable histoire de Madame du Deffand, marquise en son salon… En quoi incarne-t-elle parfaitement le XVIIIe siècle ? Qui accueillait-elle dans son célèbre salon ? Quel regard portait-on, en son temps, sur les femmes de lettres ?

Pour en parler, Stéphane Bern reçoit Cécile Berly, historienne, spécialiste du XVIIIe siècle et auteure de "Elles écrivent, Les plus belles lettres de femmes au XVIIIe siècle" (Passés Composés).

Emission à écouter ici (durée 36 mn) : Historiquement vôtre - La marquise du Deffand



Nous avions présenté le nouveau livre de Mme Berly, ici, dans :  ce sujet.