Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
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Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
J'ai aussi pensé à ce qu'il fait référence dans une de ses lettres aux enfants de Mme de Polignac, disant qu'on pouvait les prendre pour son frère et sa soeur tant elle avait un air de jeunesse...
J'adore cette lettre. C'est tellement élégant, chaleureux, gentil, intéressant et rempli de beaucoup de petits détails pour faire vivre la scène au lecteur.
Wimbledon était une propriété des Spencer, à cette époque dans la campagne.
Est-ce que le correspondant y était allé en visite?
J'adore cette lettre. C'est tellement élégant, chaleureux, gentil, intéressant et rempli de beaucoup de petits détails pour faire vivre la scène au lecteur.
Wimbledon était une propriété des Spencer, à cette époque dans la campagne.
Est-ce que le correspondant y était allé en visite?
Invité- Invité
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
outremanche a écrit:J'ai aussi pensé à ce qu'il fait référence dans une de ses lettres aux enfants de Mme de Polignac, disant qu'on pouvait les prendre pour son frère et sa soeur tant elle avait un air de jeunesse...
Eureka !!!
Aglaé et Armand ont l'air de soeur et frère de Yolande, mais le petit Adhémar est bien, lui, son véritable frère !!! :n,,;::::!!!:
Bravo Eve, c'est lumineux !!!
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
L'auteur est donc bien proche des Dillon.
Guéméné était un fin esprit, et un musicien de grande qualité. Mais il n'est pas si vieux non plus.
Guéméné était un fin esprit, et un musicien de grande qualité. Mais il n'est pas si vieux non plus.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
Mais on se parlait d'être vieux à trente ans... Il y a une lettre du duc de Dorset dans laquelle il explique qu'en France elle est vieille à vingt-sept ans!
Guéméné était proche au cercle de la reine, c'est pourquoi sa chute et sa disgrâce en 1782 fût si extraordinaire.
Guéméné était proche au cercle de la reine, c'est pourquoi sa chute et sa disgrâce en 1782 fût si extraordinaire.
Invité- Invité
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
Pourrait-ce être Lauzun ?
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
Lauzun ne fait pas du tout partie des intimes de Mme de Polignac .
Tout au contraire : ils ne s'aiment pas !
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
Le chevalier de L'Isle est né en 1735 (il est donc bien vieux en 1779 ! ) il est militaire, c'est un habitué de Chanteloup, il voyage à Spa (au moins une fois, en 1782). Familier des Polignac et du Prince de Ligne, je ne vois cependant pas son lien avec les Dillon.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
Tu te souviens, pourtant, de sa profonde souffrance quand il annonce au prince de Ligne que Mme Dillon est mourante .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
Eh bien vois-tu, moi pour l'instant j'en tiens vraiment pour le chevalier de l'Isle .
Par exemple, cet extrait de notre correspondant mystère ressemble tout à fait dans la forme et le ton à deux autres que je citerai ensuite du chevalier de l'Isle .
Comment se porte-t-elle ( Yolande ) aujourd'hui ? Assez bien, ma bonne duchesse. Le séjour à la campagne répare promptement, en elle, tous les dommages qu'y fait celui de la cour. L'air pur du matin la ranime, la rafraîchit, c'est l'effet qu'il produit sur toutes les fleurs. Et Mme de Châlons ? Mme de Châlons est quitte d'une petite fluxion qu'elle a eue sur la joue. Elle donnerait beaucoup pour la poser contre la vôtre, car elle vous aime, vous aime avec une tendresse dont l'amant le plus jaloux, le plus emporté, ne pourrait s'empêcher d'être content.
Et le comte Jules? Il a tué ce matin tant de perdreaux qu'il est revenu de la chasse avec une enflure au bras; il en souffre, il en jure un peu, sauf votre respect, mais j'ai lieu d'espérer que le mal n'est pas grave puisqu'il ne l'empêche point de danser la Lockhart ...
Maintenant le chevalier de l'Isle au prince de Ligne, le 20 avril 1782 :
Mme de Polignac a mal à l'estomac, son mari à la gorge, Mme de Guiche au coeur, la comtesse Diane au foie, moi partout quand je vois ces misérables santés-là ! ( : : : )
Et encore, le 24 novembre 1782, mêmes correspondants :
La reine s'est trouvée à la porte du carrosse pour présenter au prince M. le duc d'Angoulême qui s'est jeté au cou de son père, son père s'est jeté ensuite au cou de tout ce qui était là, au mien, au vôtre si vous vous y fussiez trouvé ... ( : : : )
Il y a le même côté poupées russes dans la façon de nommer tout le monde .
Enfin, je ne sais pas, je trouve en tous cas .
L'humour assez décalé est le même aussi, et la familiarité un peu déplacée affichée avec une légèreté à laquelle l'on pardonne tout tellement elle est craquante !
Lucius a écrit:Non, où est-ce ?
Ici, dans le sujet que j'ai créé pour le chevalier de l'Isle :
Mme de Sabran a écrit:
Le chevalier n'a pas toujours le coeur à rire.
Ici, le ton est très grave et Marie-Antoinette partage sa tristesse :
Paris, le 8 septembre 1782.
Vous demandez, mon bon Prince, ce que c'est que cela ? Je m'en vais vous le dire . C'est un pauvre homme, malheureux et triste, qui, trouvant injuste, de vous importuner de son malheur et de sa tristesse, pour cela même, ne vous écrit pas .
Nous avions ramené Mme Dillon dans un état inquiétant sans doute, mais qui laissait pourtant espérer la ressource du voyage de Naples : elle nous est entièrement ôtée. La faiblesse, la maigreur, la destruction, sont, en moins de huit jours, parvenues au dernier période ( ainsi dans le texte ) . Cette affreuse maladie est celle que les Anglais nomme " galoping consomption ". C'est en effet avec une incroyable rapidité qu'elle mène à la mort; mais elle a , du moins, l'avantage de si bien dérober au mourant la connaissance du danger et la proximité du terme, que Mme Dillon, de qui nous attendons, d'un instant à l'autre, le dernier soupir, s'occupe, à l'instant même où je vous parle, des préparatifs de son voyage d'Italie, des ressorts de sa voiture, de la façon de placer ses malles, et de l'habillement qu'elle adoptera comme plus commode.
Elle a demandé à la Reine, qui est venue passer une demi-journée avec elle, la permission de ne point faire sa première semaine. La Reine, en lui accordant, n'a pu retenir ses larmes qu'heureusement elle a cachées bien vite en abaissant son chapeau car elles eussent peut-être retiré Mme Dillon de l'heureuse ignorance dans laquelle nous espérons qu'elle finira.
M. de Guéménée fait la plus grande pitié. Sa douleur est si profonde et si vraie qu'elle m'inspirerait un sensible intérêt si je le voyais pour la première fois . Je le connais et je l'aime depuis vingt ans. Vous jugez combien mon affliction personnelle s'accroît encore de la sienne. Je le quitterai d'autant moins qu'il ne peut, dans ce moment-ci, ne compter que sur moi seul.
Mme de Guiche accouche incessamment. Tous les Polignac sont à Paris, à demeure, pour cet événement-là.
Je scinde .
Sujet créé pour la famille Dillon !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
Le ton en effet est très proche. Et visiblement il connait bien les Dillon.
Et cette familiarité avec les grands correspond assez bien aux anecdotes qui courent sur son compte.
Il correspond très bien au portrait robot !
J'essaye Estherazy, mais comme vous, je trouve qu'il correspond bien.
Il faudrait trouver un exemple de son écriture.
Tous ses papiers furent offert au comte d'Artois, et se trouvent probablement à la bibliothèque de l'Arsenal. Si l'hypothèse se maintient, j'essaierai d'y faire un tour.
Et cette familiarité avec les grands correspond assez bien aux anecdotes qui courent sur son compte.
Il correspond très bien au portrait robot !
J'essaye Estherazy, mais comme vous, je trouve qu'il correspond bien.
Il faudrait trouver un exemple de son écriture.
Tous ses papiers furent offert au comte d'Artois, et se trouvent probablement à la bibliothèque de l'Arsenal. Si l'hypothèse se maintient, j'essaierai d'y faire un tour.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
Ce ne peut être Esterhazy, en octobre et novembre 1779 il est avec son régiment entre St Omer et Rocroy !
Dernière édition par Lucius le Mar 16 Sep 2014, 12:46, édité 1 fois
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
Lucius a écrit:Le ton en effet est très proche. Et visiblement il connait bien les Dillon.
Et cette familiarité avec les grands correspond assez bien aux anecdotes qui courent sur son compte.
.
Tu penses au geste culotté du chevalier de l'Isle qui pince le tissu de la robe de la reine ( !!! ) pour juger de sa qualité !!!
Le prince de Ligne en éprouve une si grande honte pour son ami qu'il ne sait pas où se mettre ! :
Lucius a écrit:Le ton en effet est très proche. Et visiblement il connait bien les Dillon.
Et cette familiarité avec les grands correspond assez bien aux anecdotes qui courent sur son compte.
Il correspond très bien au portrait robot !
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Ah, je vois avec plaisir que nous sommes d'accord ! :n,,;::::!!!:
Hou hou !!! ... un autre postulant ??? :!,,,!!!:
.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
Mme de Sabran a écrit:
Tu penses au geste culotté du chevalier de l'Isle qui pince le tissu de la robe de la reine ( !!! ) pour juger de sa qualité !!!
.
Non, à son passage à Spa en 1782 où, lorsque tout le monde attend l'archiduchesse-gouvernante pour passer à table, et où lui baffre sous le prétexte qu'il ne mange que du fruit !!!!
(Je me demande si ce n'est pas un peu exagéré, mais quand même !! )
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
... un joyeux drille, drôlement trouspet !
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
Mme de Sabran a écrit:
Hou hou !!! ... un autre postulant ??? :!,,,!!!:
.
Lucius a écrit:Ce ne peut être Esterhazy, en octobre et novembre 1779 il est avec son régiment entre St Omer et Rocroy !
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
Tu vas voir que, par élimination, il ne restera bientôt plus que le chevalier ! :n,,;::::!!!:
Je le sens, je le sens bien !!!
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
Le tien , Eléonore?
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
En tout cas ces lettre sont d'une fraîcheur charmante, et les détails sont intéressants et délicieux !
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
Majesté a écrit:Le tien , Eléonore?
Bien à vous.
: : :
Invité- Invité
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
... nope, fellows, not mine !
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
Je penche aussi pour le chevalier de l'Isle. Car vraisemblablement ce ne peut être un seigneur du niveau de Lauzun, Guéméné ou Choiseul ou Esterhazy. Ici, nous avons plus affaire avec un commensal des Polignac qu'un homme d'un rang plus élevé.
D'autant qu'il nous faut absolument trouver quelqu'un dont on s'arrachait les lettres. Elles devaient vraisemblablement être lues en compagnie comme cela se faisait si souvent à cette époque. Donc un auteur reconnu.
D'autant qu'il nous faut absolument trouver quelqu'un dont on s'arrachait les lettres. Elles devaient vraisemblablement être lues en compagnie comme cela se faisait si souvent à cette époque. Donc un auteur reconnu.
Invité- Invité
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
Mme de Sabran a écrit:
... nope, fellows, not mine !
Mais c'est vrai, nous n'avons pas penser au chevalier de Boufflers ! Etait-il déjà en Afrique ?
Invité- Invité
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
Je pense que vous avez bien ciblé l'auteur des lettres - JEAN BAPTISTE NICOLAS DE L'ISLE qui m'est d'autant plus sympathique qu'il est LORRAIN !!!!
Voici quelques mots concernant MADAME DU BARRY
En sa qualité d'officier au régiment de Champagne, il fit la campagne du Hanovre, prit part à plusieurs batailles de la guerre de Sept ans en qualité de capitaine de dragons, puis ayant été fait "prisonnier", dut promettre en rentrant en France de ne plus servir pendant quelque années.
C.F.Q.D.
MARIE ANTOINETTE
POUR LES AMATEURS LES ARMES DE LA FAMILLE ( il y a des licornes - j'aime !!!!)
Voici quelques mots concernant MADAME DU BARRY
"chacun sait que Vénus naquit
"de l'écume de l'onde "
"de l'écume de l'onde "
En sa qualité d'officier au régiment de Champagne, il fit la campagne du Hanovre, prit part à plusieurs batailles de la guerre de Sept ans en qualité de capitaine de dragons, puis ayant été fait "prisonnier", dut promettre en rentrant en France de ne plus servir pendant quelque années.
C.F.Q.D.
MARIE ANTOINETTE
POUR LES AMATEURS LES ARMES DE LA FAMILLE ( il y a des licornes - j'aime !!!!)
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3729
Date d'inscription : 22/12/2013
Age : 78
Localisation : P A R I S
Re: Lettres du fameux correspondant mystère, à Georgiana de Devonshire
Paris, le 12 décembre 1779
Nous nous sommes entendus, ma belle et bonne duchesse, pour ne point vous écrire tous ensemble, afin que l'inquiétude que peut vous donner l'état de votre cher Martin, se trouve dissipée successivement, par des nouvelles qui soient vraiment nouvelles. Le comte Jules vous a écrit lundi, je vous écris aujourd'hui, Mme la comtesse Jules vous écrira jeudi; si quelque affaire l'en empêchait, ce serait encore moi.
Ne craignez pas, qu'avec la connaissance que j'ai de votre charmante manière d'aimer vos amis, je vous laisse dans l'ignorance de ce qui les touche essentiellement. Je n'ai, grâce à Dieu, rien que de bon et d'heureux à vous écrire aujourd'hui, des deux cousines. Il n'est plus question de dysenterie pour Mme de Châlons, elle sort depuis trois jours et vous pensez bien qu'elle ne se réjouit d'avoir recouvré ses forces que pour se dévouer entièrement à la comtesse Jules, qui, de son côté, ne ressent plus de douleurs inquiétantes, a passé trois excellentes nuits de suite, ne tousse plus ou presque plus, et ne conserve de tous les accidents qui nous ont alarmés que l'état équivoque où la quatrième révolution terminée n'a point apporté de changement . On la purgera demain, ensuite elle prendra le lait d'ânesse, qui n'est pas aussi bon à Paris qu'à Londres, et puis nous attendrons qu'il plaise à Dieu de faire connaître s'il veut, ou non, la rendre encore une fois mère, car la science des hommes est à bout là-dessus.
La petite Henriette Dillon vient, à ce que m'écrit sa maman, de poser la jambe à terre. Les chirurgiens ont décidé qu'elle était remise parfaitement et qu'à peine ne trouvait-on quelques légères traces de la fracture. Je viens de mander, à la mère et à l'enfant, ce que vous me dites de sensible et d'obligeant pour elles, et je puis, sans rien hasarder, vous assurer qu'elles en sont vraiment reconnaissantes. Elles reviendront jeudi prochain, dans une dormeuse du roi ( * ) qui partira demain pour les aller chercher.
Je les ai quittées depuis douze jours, et quittées bien brusquement, car ce fut à minuit par un temps déplorable, sur la nouvelle de l'état inquiétant de votre cher Martin, de façon que j'ai fait tout de suite deux voyages bien troublés; mais, puisque ici bas nul bien ne peut s'acquérir ni se conserver sans quelques peines, comment regretterait-on celles que coûte l'amitié, le plus doux de tous les biens?
A présent, laissez-moi vous féliciter sur le bonheur, sur le charme que vous goûtez à vous voir réunie aux deux premiers objets de votre tendresse. Assurément je vous pardonne de n'avoir point écrit pour aller à leur rencontre; je sens que si j'avais dû être du voyage, je n'aurais écrit à personne dans ce moment-là.
Hélas! Sans cette maudite guerre, j'en aurais peut-être été comme un autre, car je suis bien persuadé que quelques uns de nous vous auraient reconduites en Angleterre . Au lieu que nous voyons s'éloigner jusqu'à l'espérance d'aller vous y voir, à moins que cet été, je n'y sois amené prisonnier; j'espère qu'alors milady me prendrait dans sa pincette de miséricorde, en disant " il ne faut pas tuer cette pauvre bête là! "
Dites-lui, je vous en prie, combien dans cette occasion-là, comme dans toute autre, je compte sur ses bontés, et combien je les mérite par mon respect et mon admiration pour elle. Vous n'aurez point de peine à me persuader que milady Henriette est revenue fraîche et jolie. Je l'en crois fort capable; mais est-il bien vrai qu'elle se soit souvenue de moi? De moi qui ne danse point, qui suis vieux, tant soit peu sauvage et souvent taciturne; en vérité je trouverais bien simple que, jeune et brillante, elle ait oublié tout à fait un pareil homme qui n'a que le mérite, comme tous ceux qui la voient et qui la connaissent, celui de la trouver aimable. Pour moi, quand je voudrais l'oublier, ce me serait chose impossible car votre Martin m'en parle cent fois par jour, et, je suis encore à deviner qui, d'elle ou de vous, a la première place dans son cœur; mais ce dont je suis sûr c'est que chacune de vous en occupe une place très distinguée .
Vous ferez bien, l'une et l'autre, tant pour votre amour-propre que pour le plaisir de nos yeux, de nous envoyer vos portraits, afin que l'on ne voie plus sur la cheminée de la comtesse Jules ces deux figures que je suis obligé de renier devant ceux qui ne vous connaissent pas. Il faut que je me tue à expliquer comme quoi ceci, cela, et cela encore est sans comparaison mieux dans l'original que dans la copie. C'est une affaire qui me prend tous les jours beaucoup de temps et beaucoup de paroles, choses dont je deviens plus économe que jamais, parce qu'à mesure que j'avance il m'en reste moins à dépenser et que je n'en ai que trop gaspillé.
Les détails que nous avons reçus hier prouvent que votre amitié n'a rien exagéré en me vantant la bonne, douce et loyale conduite de M. Fox. Il me semble que c'est un homme qui parle, écrit et se bat bien. César ne fit pas autre chose et devint le maître de son pays, c'est à dire du monde. Mais oserais-je vous demander depuis quand vos messieurs de la Chambre des Communes sont devenus si formalistes? Quand nous lisons dans les papiers de Londres qu'il y a été dit en plein Parlement: " Comment le noble lord peut-il mentir avec tant d'impudence?" et d'autres phrases semblables qui passent toutes comme du petit lait;en vérité, nous nous étonnons un peu de trouver tout d'un coup M. Adams si susceptible, et nous prévoyons qu'avec de pareilles manières et les grands débats que cet hiver va voir éclore, le terrain de tout le parc Saint-James ne suffira pas au rendez-vous. ( ** )
Au reste il était écrit que M. Fox trouverait, dans sa vie, un homme de mauvaise humeur;car un jour, ou plutôt une nuit, que nous soupions à Paris dans la petite maison de M. de Lauzun, M. Fox entra au moment où tout le monde était ivre. Un de mes amis, plus ivre encore qu'un autre, et d'une ivresse lourde et mauvaise pour qu'elle était de gros vin de Bordeaux, s'avisa de voir M. Fox de mauvais oeil et de trouver insolent à lui de venir là sans être ivre . M. Fox, de son côté, plus jeune de dix ans qu'il n'est aujourd'hui, voulait demander raison à un homme qui n'en avait point. Nous le déterminâmes avec peine à s'en aller chez lui, l'autre lui envoya un appel que j'interceptai et dont il ne se souvint plus en s'éveillant; mais, moi qui vous parle, je passai la nuit entière à aller et venir pour sauver à mon ivrogne la plus absurde affaire, et à M. Fox le désagrément de s'y trouver engagé . Quelque ami de M. Adams aurait bien dû lui rendre le même service, car il me semble que cet Anglais-là a fait une querelle d'Allemand .
M. d'Estaing est à Brest. Les nouvelles imprimées vous diront ce qui le regarde; moi je suis prudent. Edouard Dillon est arrivé. Son bras a été mal remis. Il est à craindre qu'il n'en demeure estropié tout à fait, et c'est le bras droit. Nous prétendons ici que tout le parti Bedford s'est jeté dans l'opposition. Voilà, par exemple, ce que vous ne me direz pas, mais ce que je saurai fort bien sans vous. Il y a des gens qui n'ont rien de caché pour leurs amis, mais votre parlement n'a rien de caché pour ses ennemis. Encore je ne peux pas souffrir ce mot-là, quand je songe que c'est à nous qu'il s'applique. Au moins je ne suis pas le vôtre, je vous en réponds. La preuve c'est que votre coiffeur, qui est bien vilain, m'a fait plaisir à voir parce qu'il est à vous.
Lettre citée avec l'aimable permission du duc de Devonshire et du Chatsworth House Trust .
( * ) La dormeuse était une voiture hippomobile spécialement aménagée pour permettre à ses occupants de s'y allonger pour dormir. Ce pouvait être n'importe quel type de voiture (berline, coupé, etc), pourvu que cet aménagement y soit réalisé. L'avant ou l'arrière pouvait s'abaisser de manière à fournir l'espace nécessaire
( ** ) Le parc Saint James était un lieu de rendez-vous pour les duels.
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Nous nous sommes entendus, ma belle et bonne duchesse, pour ne point vous écrire tous ensemble, afin que l'inquiétude que peut vous donner l'état de votre cher Martin, se trouve dissipée successivement, par des nouvelles qui soient vraiment nouvelles. Le comte Jules vous a écrit lundi, je vous écris aujourd'hui, Mme la comtesse Jules vous écrira jeudi; si quelque affaire l'en empêchait, ce serait encore moi.
Ne craignez pas, qu'avec la connaissance que j'ai de votre charmante manière d'aimer vos amis, je vous laisse dans l'ignorance de ce qui les touche essentiellement. Je n'ai, grâce à Dieu, rien que de bon et d'heureux à vous écrire aujourd'hui, des deux cousines. Il n'est plus question de dysenterie pour Mme de Châlons, elle sort depuis trois jours et vous pensez bien qu'elle ne se réjouit d'avoir recouvré ses forces que pour se dévouer entièrement à la comtesse Jules, qui, de son côté, ne ressent plus de douleurs inquiétantes, a passé trois excellentes nuits de suite, ne tousse plus ou presque plus, et ne conserve de tous les accidents qui nous ont alarmés que l'état équivoque où la quatrième révolution terminée n'a point apporté de changement . On la purgera demain, ensuite elle prendra le lait d'ânesse, qui n'est pas aussi bon à Paris qu'à Londres, et puis nous attendrons qu'il plaise à Dieu de faire connaître s'il veut, ou non, la rendre encore une fois mère, car la science des hommes est à bout là-dessus.
La petite Henriette Dillon vient, à ce que m'écrit sa maman, de poser la jambe à terre. Les chirurgiens ont décidé qu'elle était remise parfaitement et qu'à peine ne trouvait-on quelques légères traces de la fracture. Je viens de mander, à la mère et à l'enfant, ce que vous me dites de sensible et d'obligeant pour elles, et je puis, sans rien hasarder, vous assurer qu'elles en sont vraiment reconnaissantes. Elles reviendront jeudi prochain, dans une dormeuse du roi ( * ) qui partira demain pour les aller chercher.
Je les ai quittées depuis douze jours, et quittées bien brusquement, car ce fut à minuit par un temps déplorable, sur la nouvelle de l'état inquiétant de votre cher Martin, de façon que j'ai fait tout de suite deux voyages bien troublés; mais, puisque ici bas nul bien ne peut s'acquérir ni se conserver sans quelques peines, comment regretterait-on celles que coûte l'amitié, le plus doux de tous les biens?
A présent, laissez-moi vous féliciter sur le bonheur, sur le charme que vous goûtez à vous voir réunie aux deux premiers objets de votre tendresse. Assurément je vous pardonne de n'avoir point écrit pour aller à leur rencontre; je sens que si j'avais dû être du voyage, je n'aurais écrit à personne dans ce moment-là.
Hélas! Sans cette maudite guerre, j'en aurais peut-être été comme un autre, car je suis bien persuadé que quelques uns de nous vous auraient reconduites en Angleterre . Au lieu que nous voyons s'éloigner jusqu'à l'espérance d'aller vous y voir, à moins que cet été, je n'y sois amené prisonnier; j'espère qu'alors milady me prendrait dans sa pincette de miséricorde, en disant " il ne faut pas tuer cette pauvre bête là! "
Dites-lui, je vous en prie, combien dans cette occasion-là, comme dans toute autre, je compte sur ses bontés, et combien je les mérite par mon respect et mon admiration pour elle. Vous n'aurez point de peine à me persuader que milady Henriette est revenue fraîche et jolie. Je l'en crois fort capable; mais est-il bien vrai qu'elle se soit souvenue de moi? De moi qui ne danse point, qui suis vieux, tant soit peu sauvage et souvent taciturne; en vérité je trouverais bien simple que, jeune et brillante, elle ait oublié tout à fait un pareil homme qui n'a que le mérite, comme tous ceux qui la voient et qui la connaissent, celui de la trouver aimable. Pour moi, quand je voudrais l'oublier, ce me serait chose impossible car votre Martin m'en parle cent fois par jour, et, je suis encore à deviner qui, d'elle ou de vous, a la première place dans son cœur; mais ce dont je suis sûr c'est que chacune de vous en occupe une place très distinguée .
Vous ferez bien, l'une et l'autre, tant pour votre amour-propre que pour le plaisir de nos yeux, de nous envoyer vos portraits, afin que l'on ne voie plus sur la cheminée de la comtesse Jules ces deux figures que je suis obligé de renier devant ceux qui ne vous connaissent pas. Il faut que je me tue à expliquer comme quoi ceci, cela, et cela encore est sans comparaison mieux dans l'original que dans la copie. C'est une affaire qui me prend tous les jours beaucoup de temps et beaucoup de paroles, choses dont je deviens plus économe que jamais, parce qu'à mesure que j'avance il m'en reste moins à dépenser et que je n'en ai que trop gaspillé.
Les détails que nous avons reçus hier prouvent que votre amitié n'a rien exagéré en me vantant la bonne, douce et loyale conduite de M. Fox. Il me semble que c'est un homme qui parle, écrit et se bat bien. César ne fit pas autre chose et devint le maître de son pays, c'est à dire du monde. Mais oserais-je vous demander depuis quand vos messieurs de la Chambre des Communes sont devenus si formalistes? Quand nous lisons dans les papiers de Londres qu'il y a été dit en plein Parlement: " Comment le noble lord peut-il mentir avec tant d'impudence?" et d'autres phrases semblables qui passent toutes comme du petit lait;en vérité, nous nous étonnons un peu de trouver tout d'un coup M. Adams si susceptible, et nous prévoyons qu'avec de pareilles manières et les grands débats que cet hiver va voir éclore, le terrain de tout le parc Saint-James ne suffira pas au rendez-vous. ( ** )
Au reste il était écrit que M. Fox trouverait, dans sa vie, un homme de mauvaise humeur;car un jour, ou plutôt une nuit, que nous soupions à Paris dans la petite maison de M. de Lauzun, M. Fox entra au moment où tout le monde était ivre. Un de mes amis, plus ivre encore qu'un autre, et d'une ivresse lourde et mauvaise pour qu'elle était de gros vin de Bordeaux, s'avisa de voir M. Fox de mauvais oeil et de trouver insolent à lui de venir là sans être ivre . M. Fox, de son côté, plus jeune de dix ans qu'il n'est aujourd'hui, voulait demander raison à un homme qui n'en avait point. Nous le déterminâmes avec peine à s'en aller chez lui, l'autre lui envoya un appel que j'interceptai et dont il ne se souvint plus en s'éveillant; mais, moi qui vous parle, je passai la nuit entière à aller et venir pour sauver à mon ivrogne la plus absurde affaire, et à M. Fox le désagrément de s'y trouver engagé . Quelque ami de M. Adams aurait bien dû lui rendre le même service, car il me semble que cet Anglais-là a fait une querelle d'Allemand .
M. d'Estaing est à Brest. Les nouvelles imprimées vous diront ce qui le regarde; moi je suis prudent. Edouard Dillon est arrivé. Son bras a été mal remis. Il est à craindre qu'il n'en demeure estropié tout à fait, et c'est le bras droit. Nous prétendons ici que tout le parti Bedford s'est jeté dans l'opposition. Voilà, par exemple, ce que vous ne me direz pas, mais ce que je saurai fort bien sans vous. Il y a des gens qui n'ont rien de caché pour leurs amis, mais votre parlement n'a rien de caché pour ses ennemis. Encore je ne peux pas souffrir ce mot-là, quand je songe que c'est à nous qu'il s'applique. Au moins je ne suis pas le vôtre, je vous en réponds. La preuve c'est que votre coiffeur, qui est bien vilain, m'a fait plaisir à voir parce qu'il est à vous.
Lettre citée avec l'aimable permission du duc de Devonshire et du Chatsworth House Trust .
( * ) La dormeuse était une voiture hippomobile spécialement aménagée pour permettre à ses occupants de s'y allonger pour dormir. Ce pouvait être n'importe quel type de voiture (berline, coupé, etc), pourvu que cet aménagement y soit réalisé. L'avant ou l'arrière pouvait s'abaisser de manière à fournir l'espace nécessaire
( ** ) Le parc Saint James était un lieu de rendez-vous pour les duels.
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