Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
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Lucius
Mme de Sabran
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Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Roi-cavalerie a écrit:
Mais, ayant peur de vous lasser avec ces redites, je m'arrête en laissant ceux qui veulent aller plus loin se procurer la biographie de Calonne par Lacour Gayet que l'on doit trouver encore sur Amazone ou peut être Ebay ou en se rendant à Londres consulter les Calonne Papers.
.
Justement, avec Eléonore, on se demandait laquelle des biographies sur Calonne qui existent, il fallait lire pour connaître un peu l'homme que nous sommes en train de découvrir...
Merci de ce conseil, cher Roi-Cavalerie
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Je viens de commander le mien...:n,,;::::!!!:Mme de Sabran a écrit:Voilà une très bonne idée !Roi-cavalerie a écrit:
Mais, ayant peur de vous lasser avec ces redites, je m'arrête en laissant ceux qui veulent aller plus loin se procurer la biographie de Calonne par LG que l'on doit trouver encore sur Amazone ou peut être Ebay ou en se rendant à Londres consulter les Calonne Papers.
.
Je vais la commander .
Mais il en reste
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Roi-cavalerie a écrit:
Voilà c'est un peu long comme je disais en introduction mais il me semble que cela permet d'y voir clair dans les différents documents dont on a parlés. Quant à moi, comme je l'ai déjà dit, je ne trouve pas du tout étonnant que Calonne, traversant une période difficile car exilé et accusé par Loménie d'avoir abusé de la confiance du roi, soit tombé dans ce piège. Il espérait se remettre en selle ( je suis cavalier!) auprès de la reine. Et puis, n'oublions pas, Calonne avait mené jusque là une existence protégée de conseiller au Parlement, d' intendant, puis de ministre, bien loin du milieu de ces malfrats qu'il allait rencontrer dans l'underground londonien. Il n'était donc pas armé pour ce type de négociations avec des adversaires aussi coriaces.
Bien à vous et d'ailleurs aux autres.
Roi-cavalerie.
Merci cher Roi-Cavalerie pour vos lumières...
Après la lecture de tout cela, je ne crois effectivement pas que le comportement de Calonne soit schizophrène à ce point... En sachant qu'une publication et divulgation des mémoires de Jeanne de la Motte serait d'office impossible à empêcher (ex-ministre étant à l'étranger, il n'avait plus aucun pouvoir), il a donc essayé de les rendre moins pesantes pour la réputation de la reine et son entourage (mais est-ce seulement possible, vu le caractère ordurier du texte ?) ...
Calonne qui a voulu rentrer dans les bonnes grâces de la reine, en concluant une affaire avec le couple La Motte... un vrai Rohan bis !
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Lucius a écrit:Et pourtant, si ses espoirs s'étaient tournés en dégoûts, cela aurait aussi se retourner contre la duchesse de Polignac, qui ne semble pas agir pour lui. Or en 1789, il est encore plus amical et attentionné à toute la famille Polignac (lettre à venir) !
Il ne peut pas en vouloir à mort à la reine et garder son amitié à la duchesse !
A mon avis, mon cher Lucius, Calonne, avait bien perçu que la duchesse de Polignac, à ce moment, ne bénéficiait plus de la même confiance de la part de la Reine. Besenval qui était un proche de Mme de Polignac s'en était rendu compte comme nous le savons par ses Mémoires, Bombelles l'avait également noté et même le duc de Dorset s'en était douté au vu de la lettre qu'il envoya à son amie Georgiana. Et s'il avait besoin d'être convaincu que la "ville Jules " n'était peut être plus aussi près du soleil que fut un temps, son éviction et l'hallali acharné mené contre lui par ses adversaires, avaient bien du le convaincre que, dans la lutte à mort qui s'était joué pour la conquête du pouvoir, celle-ci avait momentanément eu le dessous! La lettre du 25 juin, et les derniers mots de celle du 28 juillet ( et à notre pauvre ami: il s'agit bien évidemment de Vaudreuil) sont pour moi assez éclairants sur ce point:
"Mais je vous conjure, Madame la duchesse, de considérer attentivement et de peser bien sérieusement ce qui en resterait à votre égard, et ce que votre position actuelle parait exiger autoriser de votre part. Il est impossible que le renvoi du prélat ne vous donne pas beaucoup de moyens, et ne vous présente pas une chance plus avantageuse qu'elle n'a été depuis longtemps.
Les choix et les conseils de l'abbé de Vermond également discrédités, ses intrigues n'aboutissant qu'à donner des regrets et vos prédictions se trouvant accomplies, vous avez bien droit de parler ouvertement sur un choix qui ne ferait qu'empirer (la situation) et vous avez d'autant plus beau jeu pour l'empêcher qu'il n'y a pas une voix décisive en sa faveur.
Il vaut mille fois mieux qu'on se décide pour Mr du Châtelet. Le baron ne peut ni n'oserait y être positivement contraire et vous pouvez le conseiller d'autant plus affirmativement que vous n'avez jamais eu de liaison marquée avec lui.
Ayant une occasion sûre, je ne puis m'empêcher, Madame la duchesse, de vous demander en grâce d'envisager l'éloignement du Genevois comme la chose la plus importante pour vous, pour moi, pour Leurs Majestés elles-mêmes et pour l'Etat "
Il a donc du se rendre compte de la situation délicate dans laquelle ses requêtes mettaient la duchesse et c'est sans doute pour cela qu'il ne lui en voudra pas. Il lui en voudra d'autant moins qu'elle n'aura pas été pour rien dans le renvoi de Brienne en collaboration avec Artois. Son intervention auprès de la reine qui a été relevée par Bombelles et Besenval, n'a sans doute pas manqué de l'être par d'autres qui l'en auront informée. Ajouté à cela, qu'il savait très bien que sa nomination au contrôe général, s'était faite, certes avec l'appui de la "finance", mais aussi grâce à celui de la "ville Jules" et à l'intervention directe de la duchesse auprès de la reine ( confère les Mémoires d'Augeard).
Voilà donc, mon cher Lucius, ce qui pour moi explique son peu de ressentiment à l'égard de la duchesse.
Amicalement.
Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
C'est le chevalier de l'Isle, écrivant au prince de Ligne, qui appelait la société de Mme de Polignac : la ville Jules !
Dans une de ses lettres il annonce que tous sont malades, et le chevalier change sa formule habituelle pour dire au prince que tout l'hôpital Jules le salue ! :
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Merci, ma chère Eléonore, pour cette précision. Je ne connaissais pas "l'hôpital Jules". C'est tout le charme de la 'ville Jules" d'avoir su introduire dans l'atmosphère un peu guindée de la vieille cour, ce soupçon de décontraction que la reine puis le roi ont tant apprécié et qui leur permettait de se délasser un peu de la lourdeur du protocole dans une ambiance un peu plus libre auprès de vrais amis.
Dans le même ordre d'idée, souvenons nous de ce mot de Vaudreuil qui n'hésitait pas à écrire dans une de ses lettres à propos du salon des Jules qu'ils avaient "l'obigation de tenir, par la volonté des souverains, auberge royale"
Bien à vous. Roi-cavalerie
Dans le même ordre d'idée, souvenons nous de ce mot de Vaudreuil qui n'hésitait pas à écrire dans une de ses lettres à propos du salon des Jules qu'ils avaient "l'obigation de tenir, par la volonté des souverains, auberge royale"
Bien à vous. Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Roi-cavalerie a écrit:
Voilà donc, mon cher Lucius, ce qui pour moi explique son peu de ressentiment à l'égard de la duchesse.
Amicalement.
Roi-cavalerie
Certes. Mais le ressentiment est rarement rationnel. Je trouve que l'explication la meilleure reste la plus simple ; il n'en veut pas aux Polignac car il n'en veut pas à la reine ! Il s'est fait avoir, comme beaucoup d'hommes intelligents avant et après lui.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Roi-cavalerie a écrit:Merci, ma chère Eléonore, pour cette précision. Je ne connaissais pas "l'hôpital Jules". C'est tout le charme de la 'ville Jules" d'avoir su introduire dans l'atmosphère un peu guindée de la vieille cour...
Du reste, quand Yolande est nommée au poste de gouvernante des Enfants de France, le chevalier de l'Isle écrit-il à Ligne que la ville Jules compte un grand clocher de plus ! :
Nous avons un sujet aussi, vous savez, pour le chevalier de l'Isle !
.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Il aurait pu s'appeler le chevalier de Lille ... :
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
outremanche a écrit:Majesté a écrit:Quel trésor que ces correspondances que nous découvrons...
A lire la fin on pourrait imaginer que Calonne écrit à Martin en exil...mais nous ne sommes qu'en 1787...
Mais si, il était déjà parti en exil… il y a deux lettres dans son archive à Kew d'une amie datées de Paris en juillet 1787 qui lui conseillent d'aller en Angleterre pour échapper aux persécutions de Brienne. On voulait lui accuser en forme de malversation et on cherchait des preuves. Cette amie parle de Mme de Polignac 'qui vous aime toujours entièrement' et qui parlait de Calonne à Marie-Antoinette pour le défendre.
(Eléonore – c'est la lettre 'Anon à Calonne 17 juillet 1787' – je la crois très intéressante.)
Mme de Sabran, Outremanche, je reviens un peu en arrière c'est à dire au mois de juillet 1787 lorsque Calonne se trouvait encore en Hollande. En effet, j'ai peut-être identifié l'auteur de la lettre du 17 juillet 1787 à Calonne (Anon) qui lui conseillait de se rendre en Angleterre . En relisant French Politics 1774-1789 by John Harmann, je suis tombé sur cette phrase de l'historien anglais:
"In Holland, where he had many suporters , he was an embarrassment to the French government, at time of international tension in the region. Advocating the move, the princesse de Robecq, one of the Polignac group, told him he could work for a return to power as easily from England."
Effectivement les Robecq* étaient liés aux Polignac, et le prince de ce nom avait pris la défense de la réforme proposée par Calonne lors des discussions qui avaient eu lieu dans le bureau de l'Assemblée des Notables auquel il appartenait. Or, il me semble bien qu'Anon plaide dans le sens d'un déplacement de Calonne vers l'Angleterre dans sa lettre du 17 Juillet.
* Le prince de Robecq: 1745-1812 : Anne-Louis-Alexandre de Montmorency (25 janvier 1724 - Paris † 19 octobre 1812 - Paris), 7e prince de Robech, Grand d'Espagne de première classe, marquis de Morbecque, comte d'Estaires, vicomte d'Aire et baron d'Haverskerque, chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit, chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, Lieutenant-général des armées du roi (1762), capitaine des gardes du corps du roi, commandant en chef dans les provinces de Flandre, Hainaut et Cambrésis, député de la noblesse aux États généraux (1789),
Dernier des Montmorency-Robech, ses enfants ne lui ayant pas survécuent, c'est son cousin Anne Louis Christian de Montmorency (1769-1844), qui lui succéda dans ses titres de prince de Robecq et grand d'Espagne.
ou encore toujours selon Wikipédia.
Biographie
Fils aîné, de Anne Auguste de Montmorency (1679 † 22 octobre 1745 - Lille) (... - 27 octobre 1745), 6e prince de Robech, grand d'Espagne de 1re classe (1716), premier baron chrétien, comte de l'empire romain, marquis de Morbecque, et de son union le 23 décembre 1722, avec Charlotte Félicité du Bellay, dame de Villarnoult, (1708-1727), dame du palais de la reine d'Espagne, décédée à 17 ans en 1727. Il voit le jour en 1724.
Il est aussi grand d'Espagne de première classe, marquis de Morbecque, comte d'Estaires, vicomte d'Aire et baron d'Haverskerque. Il reprend de fief de Villarnoult en 1767.
Colonel du régiment du Limousin en 1744, il est brigadier en 1748, maréchal aide de camp en 1749, lieutenant-général des Armées du Roi le 21 juillet 1762, gouverneur de Bouchain. Commandant en chef dans les provinces de Flandre, Hainaut et Cambrésis. Chevalier de la Toison d'or[réf. nécessaire][Quand ?]
Élu député de la noblesse aux États généraux de 1789 pour le bailliage de Bailleul, il se montre favorable aux réformes avant de prendre congé en août 1790 et d'émigrer en 1791.
Il revient en France sous le Consulat. Ses biens furent vendus dont Villarnoult, à l'exception des forêts qui furent restituées et dont son petit-fils, le Duc de La Rochefoucauld, jouissait en 1865.[réf. à confirmer]1
Ses enfants ne lui ayant pas survécurent, c'est son cousin Anne Louis Christian de Montmorency (1769-1844), comte de Tancarville, qui lui succéda dans ses titres de prince de Robecq et grand d'Espagne.
Vie familiale
Il épouse le 26 février 1745 à Paris, le 26 février 1745, sa cousine Anne-Maurice (8 mars 1729 † 4 juillet 1760 - Paris) fille de Charles II Frédéric de Montmorency (1702 † 1764), duc de Piney-Luxembourg, et de Marie-Sophie Colbert (22 décembre 1711 - rue Neuve-des-Petits-Champs, Paris † 29 octobre 1747), marquise de Seignelay, comtesse de Tancarville et dame de Gournay. Ensemble, ils eurent :
Louis Anne Alexandre (2 mars 1746 - Paris † 16 janvier 1749 - Paris), marquis de Morbecque ;
Anne Sophie Rosalie (6 septembre 1749 - Paris † 17 août 1753 - Paris) ;
Il épouse en secondes noces, le 3 mars 1761 à Paris, Émilie Alexandrine de La Rochefoucauld (31 décembre 1742 - Paris † 29 janvier 1814 - Paris), fille de François Armand de La Rochefoucauld de Roye (22 septembre 1695 † 28 mai 1783), duc de Liancourt, 1er duc d'Estissac2 (24 novembre 1737), grand'maître de la Garde-Robe du Roi, et de Marie de La Rochefoucauld3 (décembre 1718 † septembre 1789), dite « Mademoiselle de La Rocheguyon », dame d'Aubijoux, du Luguet, de Bélesta et de Bernis, sans postérité.
Nous aurions donc affaire à cette dernière Emilie Alexandrine de La Rochefoucauld. A noter que dans le passé Aubijoux et Luguet avaient été des fiefs appartenant aux Polignac. En effet les La Rochefoucauld étaient alliés aux Polignac par le mariage d'Anne de Polignac (1495- 1554 ) avec Francois II de la Rochefoucauld. Anne de Polignac eut le grand honneur de recevoir l'empereur Charles Quint dans son château de Verteuil, lors du passage en France de celui-ci en 1538 alors qu'il rejoignait les Provinces Unies depuis l'Espagne. Anne de Polignac était la fille de Jean de Polignac et de Jeanne de Chambes la dame d'honneur d'Anne de Bretagne. Mais je m'égare une fois de plus et ce n'est pas notre sujet actuel!
A confirmer donc.
Amicalement à vous. Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Mme de Sabran, Outremanche,
Je confirme mon identification de l'auteur de la lettre à Calonne du 17 juillet 1787 avec cette citation d'un autre livre de John Hardman ( Louis XVI, the silent King) dans un passage consacré à l'assemblée des Notables. C'est bien la lettre du 17 juillet à laquelle il fait allusion:
Et John Hardman, lui, cite sa source: note 34, A.N. 297 A.P 3.114
Bien à vous. Roi cavalerie
Je confirme mon identification de l'auteur de la lettre à Calonne du 17 juillet 1787 avec cette citation d'un autre livre de John Hardman ( Louis XVI, the silent King) dans un passage consacré à l'assemblée des Notables. C'est bien la lettre du 17 juillet à laquelle il fait allusion:
Et John Hardman, lui, cite sa source: note 34, A.N. 297 A.P 3.114
Bien à vous. Roi cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Roi-cavalerie a écrit:
Mme de Sabran, Outremanche, je reviens un peu en arrière c'est à dire au mois de juillet 1787 lorsque Calonne se trouvait encore en Hollande. En effet, j'ai peut-être identifié l'auteur de la lettre du 17 juillet 1787 à Calonne (Anon) qui lui conseillait de se rendre en Angleterre . En relisant French Politics 1774-1789 by John Harmann, je suis tombé sur cette phrase de l'historien anglais:
"In Holland, where he had many suporters , he was an embarrassment to the French government, at time of international tension in the region. Advocating the move, the princesse de Robecq, one of the Polignac group, told him he could work for a return to power as easily from England."
Effectivement les Robecq* étaient liés aux Polignac, et le prince de ce nom avait pris la défense de la réforme proposée par Calonne lors des discussions qui avaient eu lieu dans le bureau de l'Assemblée des Notables auquel il appartenait. Or, il me semble bien qu'Anon plaide dans le sens d'un déplacement de Calonne vers l'Angleterre dans sa lettre du 17 Juillet.
La voici, cher Roi-cavalerie, cette lettre :
A Paris le 17 juillet 1787
Oui, sûrement je vous ai dit des injures dans ma dernière lettre, et je serais bien tentée de vous en dire encore dans celle-ci. Je suis inquiète et tourmentée à l'excès de vous savoir en Hollande. Vous n'êtes réellement en sûreté qu'en Angleterre et vos combinaisons sont fausses, mais très fausses, de vous faire illusions sur cela. Dès que vous êtes sorti du royaume, un endroit ou un autre, pour votre retour c'est la même chose, il sera aussi prompt étant à Londres qu'où vous êtes, et du moins vos amis vous y sauraient sûrement. Je ne veux pas vous en dire davantage dans la crainte que vous ne me preniez en aversion . J'espère que vous croyez bien que mes vives instances partent de mon intérêt et de mon amitié pour vous.
Je tus ( fus ? ) , hier soupé à Montreuil, chez la comtesse Diane par rapport à vous. ( ??? ) ( illisible ) Je vis la duchesse de Polignac, qui vous aime toujours extrêmement à qui la reine a dit, que vous seriez tranquille . Si j'en étais bien persuadée, je ne vous tourmenterais pas comme je le fais, mais la disposition peut changer et les gens qui voudraient vous avertir de vous en aller seraient peut-être ceux qui vous arrêteraient.
Mme de Polignac, dis-je, est toujours parfaitement bien pour M. de Vaudreuil, ici. Je vous envoie une lettre de lui. Il est très heureux, dans votre malheur que Mme de P... soit revenue. Elle vous serait très utile si les affaires étrangères prenaient de l'humeur. Elle dit à la Reine toute les fois qu'elle reçoit de vos nouvelles. Elle veut se conserver le droit de lui parler de vous.
L'archevêque de Toulouse, comme me le disait hier Monseigneur le comte d'Artois, est dans ce moment-ci peu occupé de M. de Calonne, mais beaucoup de sa position. Elle est bien mauvaise, cette position. Le Parlement le renversera. Les têtes sont plus montées que jamais. Je vous défie qu'il s'en tire. Je ne doute pas qu'on ne vous envoie tous ses arrêtés et les réponses du roi.
Adieu, le plus aimable des hommes. Je vous aime bien, mais je vous aimerais davantage en Angleterre. Vous verrez par la lettre de M. de Vaudreuil que Mgr le comte d'Artois cet ami, l'est plus encore pour vous. ( ?)
.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Roi-cavalerie a écrit:
Je confirme mon identification de l'auteur de la lettre à Calonne du 17 juillet 1787 avec cette citation d'un autre livre de John Hardman ( Louis XVI, the silent King) dans un passage consacré à l'assemblée des Notables. C'est bien la lettre du 17 juillet à laquelle il fait allusion:
Formidable !!! :n,,;::::!!! :n,,;::::!!!:
Je propulse votre découverte dans le sujet des lettres de Madame Y à Calonne .
Madame Y n'est autre que la princesse de Robecq !!!
.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Je ne reconnais pas, dans la lettre du 17 juillet, le passage cité par John Hardman .
Ce peut être l'une des phrases sur lesquelles Eve et moi nous sommes cassé les dents ?
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
tementMme de Sabran a écrit:
Je ne reconnais pas, dans la lettre du 17 juillet, le passage cité par John Hardman .
Ce peut être l'une des phrases sur lesquelles Eve et moi nous sommes cassé les dents ?
Objection, votre Honneur!!!
Pour ma part, je pense qu'il s'agit exactement de la même phrase traduite en Anglais mais il a sauté un passage . En effet, comparez:
Anon, 17 Juillet: "Il est très heureux dans votre malheur que Mme de Polignac soit revenue"
Hardmann, 17 Juillet:"It is very lucky in your misfortune Mme de Polignac should have returned"
Anon 17 Juilet: " elle dit à la reine tout ce qu'elle reçoit de vous"
Hardmann 17 juillet: " she tells every time she receives news of you"
Anon 17 juillet: Elle veut se conserver le droit de lui parler de vous
Hardamn 17 Juillet: She wants to retain the right to speak about you"
Après cette démonstration magistrale au tableau noire, êtes vous convaincue, chère Eléonore?
Amitiés Roi-cavalerie
Bien évidemment Anon est l'abréviation du mot Anonym en anglais.
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Roi-cavalerie a écrit:
Objection, votre Honneur!!!
Objection accordée, Maître !
Vous avez tout à fait raison !!! :n,,;::::!!! :n,,;::::!!!:
.
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Roi-cavalerie a écrit:Encore une précision qui pourra nourrir nos réflexions: le duc du Châtelet, mari d'Emilie du Châtelet, était le cousin par alliance du baron de Breteuil qui avait, semble-t-il favorisé sa carrière (à vérifier). Il avait succédé au maréchal de Biron pour prendre le commandement du régiment des gardes françaises, place qui était également convoitée par le mréchal de Castries.
Pour le renom de ce forum, je reviens sur une erreur que j'ai commise. Emilie du Châtelet, la tante du baron de Breteuil était la mère du duc du Châtelet et non son épouse.
Roi Cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Nous n'y avons tous vu que du feu, même notre Lucius ! :
Merci, cher Roi-cavalerie pour ce petit rectificatif .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Je n'avais pas lu précisément ce message.
Mais en effet, Emilie est la marquise du Châtelet !
Mais en effet, Emilie est la marquise du Châtelet !
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Ouh la ! Quand donc vais-je trouver le temps de rattraper ma lecture en retard ? àè-è\':
Invité- Invité
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Mais tu verras que le jeu en vaut la chandelle !
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
La forme est celle-là plus proche de la lettre, ainsi que la ponctuation (à trois virgules près). L'orthographe est revue bien-sûr (des temps sans p, des ni avec un y, le deuxième personne du pluriel -és ...).
Quelques trous et approximations malheureusement.
National Archives, Kew
Calonne à la duchesse de Polignac
25 février 1789
1
J'ai attendu Madame la duchesse le départ de mon
frère pour vous écrire avec sûreté. Il me parait
nécessaire de prendre beaucoup de précautions
pour que mes lettres vous parviennent, puisque
suivant ce que me dit Lady Clermont vous vous
plaignez de ce que je ne vous écris jamais, quoique
je vous aie adressé par différentes voies quelques lettres
qui n'ont été suivies d'aucune réponse de
votre part ; qu'il y a six mois que je n'ai pas reçu
de vos nouvelles directement. Je ne suis pas
moins persuadé de la continuation de vos
sentiments et mes amis n'ont pas cessé de m'en
assurer. Je sais que les circonstances ne me laissent
aucun espoir de jouir des relations [au sens de récit ?] de notre amitié
et ne vous laissent aucun moyen de faire d'inutiles
efforts pour détruire des préventions ineffaçables.
J'en gémis, mais je n'ai garde de me plaindre de
vous, ni de devenir moins sensible à vos bontés
que je l'ai toujours été. Peut être ce .... ci et
le parti que j'ai pris d'adresser au Roi une
lettre que je crois très importante, sur la crise actuelle
vous donneront-ils l'occasion d'appuyer sur la bonté
de mes intentions . Je crois que cette lettre qui ne tardera
pas à être publique fera sensation, et que s'il reste
3
encore dans le cours de ma vie quelques instants où
mes amis puissent me servir avec chaleur, c'est
celui ci. Non que je désire ni retour, ni plan,
ni faveur quelconque. Je me suis expliqué
là dessus dans cet écrit adressé au Roi, avec trop
d'énergie et de franchise pour qu'on puisse en
conserver de doute : mais le succès de cette publi-
-cation me tient fort à cœur, non seulement pour
l'honneur qui peut m'en revenir, mais aussi pour
le bien de l'Etat que j'y crois très intéressé.
Voici, Madame la duchesse, ce que j'attends en
cette occasion de votre bon cœur et de votre bon
esprit :
Premièrement, et c'est un point essentiel, que
vous lisiez ma longue lettre au Roi attentivement et
d'un bout à l'autre. Vous verrez s'il m'était possible
de la faire plus courte. C'est l'affaire d'une
demi journée de lecture ininterrompue, et
il ne vous est pas aisé, je le sais, de disposer
d'un aussi long temps, dans la situation
peu libre où vous êtes .
Secondement que si le Roi et la Reine vous en
parlent, vous ne balanciez pas à leur exprimer avec
un peu de force ce que vous penserez des connaissances
dont elle est le résultat très abrégé, et surtout des
intentions de l'auteur.
2
Troisièmement que vous concouriez à fixer l'opinion de
Monsieur le comte d'Artois, et que vous lui donniez l'exemple
de s'expliquer publiquement sur les principes que
j'expose, de la manière dont je les expose, et sur
l'importance d'y adhérer.
Je vous demande pardon très aimable duchesse, de vous
faire ainsi votre leçon, vous qui savez mieux que
moi, et mieux que personne ce qu'il faut faire,
quand et comment il faut le faire. Je devrais
bien m'en rapporter entièrement à votre sagesse,
à votre amitié, à votre discernement.
C'est ce que je fais aussi ; mais en même temps
je vous exprime ce que je désire et ce qui me
parait désirable pour tous le monde dans
la circonstance présente. Il me semble que
mon ouvrage peut produire une réelle
révolution dans les esprits, et c'est ce qui
m'a déterminé à le rendre publique : mais
il ne le peut qu'en surmontant les torrents des
opinions qui sont devenues dominantes
et il ne les surmontera qu'autant qu'il sera
soutenu et exalté, pour détruire les effets
de l'engouement, pour arrêter les progrès de
..... destruction/eurs de tout principe, pour
dissiper les prestiges qui ont séduit la multitude
et renverser le trophée qu'elle a érigé à son idole sur
4
les débris du trône, il faut bien opposer
opinion à opinion, parti à parti, et façon
de penser déclarée à la prévention populaire.
Si chacun se contente de gémir en particulier sur
la déraison qui entraîne tout, si les enthousiastes
et les novateurs prédicants sont maîtres du champ
de bataille, s'il n'y a pas un point de ralliement
où l'on puisse se réunir et faire ferme contre
les débordements d'écrits incendiaires qui nous
menacent de la plus affreuse anarchie, le
peuple encouragé par l'intrigue ne gardera
plus de mesure et il arrivera les plus grands
malheurs. Mais dès que les personnes marquantes
et faites pour donner le ton auront fixé leur
drapeau, et la défense d'un poste quelconque
qu'elles auront embrassé, un plan, adopté une même
mesure, une opinion, tout ce qu'il y a de gens
sensés s'y joindra, les faibles s'enhardiront
les parlements reprendront courage, la mobile
nation se laissera entraîner et son retour à la
raison sera aussi prompt que l'a été son abandon
aux prétentions les plus folles. Voila charmante [amie ?]
ce que j'ai vu d'ici, ce qui m'a mis la plume
à la main, et ce que je remets à vos soins. J'ai marqué la
chasse, j'ai [rature ?] servi la balle, c'est aux bons joueurs
à faire le reste. Dites moi du moins quand vous le pourrez ce
que vous en pensez et continuez à me compter au nombre de vos plus fidèles
serviteurs,et de même, de vos plus tendres amis. Je ... que ... ....
[en marge] Notre ami vous remettra l'ouvrage que j’envoie d'abord au Roi seul
et puis un seul exemplaire pour M. Le comte d'Artois avant de le donner à aucun
autre : je compte commencer la distribution par la ? Reine ? Et joindre à l'exemplaire [le billet cy joint en copie
5
P.S.
J'ai écris une lettre, madame la duchesse,
de manière que si vous étiez dans le
cas de la montrer, vous le puissiez.
Ma requête est ma dernière ressource
je suis sûr de l'effet qu'elle
produira dans le public et chez
l'étranger. Si cet effet ne soutient
pas le courage de mes amis, il en
imposera, et en vérité on ne
gagne rien à paraître craindre.
Je vous demande en grâce, constante
amie, de faire en ce moment décisif
tous ce que vous pourrez sans vous
compromettre. Vous trouverez de
l'énergie et de l'âme dans ma requête
vous pouvez en faire l'éloge et
trouver les preuves claires puisqu'elles le
sont. Il paraîtrait fort simple que vous
preniez le parti de quelqu'un pour qui vous
avez toujours montré beaucoup d'intérêt
lorsqu'il fait voir à tout l'univers qu'il
est malheureux sans être coupable.
Animez, je vous prie, monsieur le comte
d'Artois. Je lui écris et je l'engage à
6
remettre ma requête au Roi. Il faut bien
que de manière ou d'autre elle lui
parvienne puisqu'elle doit être publique.
Mais ce qui serait essentiel c'est qu'il
puis[se] la lire avant qu'on lui en parla,
ce qu'il f... prévenir contre. C'est pourquoi
je voudrais que M. le comte d'Artois
la lui remît aussitôt après qu'il la reçût
de moi, soit par vous si vous le voulez
lui donner le paquet, soit par la voie
ordinaire si vous le préférez. Je voudrais
que personne ne fût encore a voir la
cette requête avant le Roi, et que
Sa Majesté eut son exemplaire 24
heures avant ceux que je ferai remettre
aux ministres. Expliquez cela je vous
prie à M. le comte d'Artois et vous
même ne montrez à personne l'exemplaire
que je vous envoie avant le moment
de la distribution pour la Cour. Je n'ose
pas en adresser un à la Reine ; elle ….
[rature?] ...... .... à cause de
la manière dont je traite l'archevêque
il est cependant certain qu'un jour viendra
qu'elle en sera très mécontente et qu'elle
[effacé] qu'il sacrifie toute à son ambition
… ... il faudrait le lui prédire.
7
D'ailleurs il me paraît impossible que
ce principal ministre se soutienne ; à la
manière dont il se conduit et dont il
conduit les affaires. Ce qu'il vient de
faire faire le Roi vis à vis du parlement
achève de détruire toute considération
et …. ? prospérité ? fut/sur … .
Ma requête le mettra au désespoir
parce qu’elle le démasque : mais il
aura beau faire il n'en détruira pas
l'effet qui sera plus fort que lui. Il
ne s'agit que d'aider dans les …...
surtout en la p...... un peu, ou même
beaucoup. Vous voyez madame la duchesse
combien je compte toujours sur vos
bontés, sur votre amitié. Ah ! Si je n'y
comptais pas je serais trop malheureux.
Je n’oublierai jamais la douceur des
moments que je passais avec vous,
l'impression qu'ils m'ont fait ne
s'affaiblira pas ni par le temps
ni par l'éloignement. Jugez de mes
regrets ; adoucissez-les en m'assurant
quelquefois que vous êtes toujours la
même pour moi. Oh oui, j'en suis sûr
il n'est pas en vous de changer.
Adieu, adieu, madame la duchesse,
je vous assure que si le roi lit il sera
touché : il faut que le Roi lise …... [pointillés dans le texte]
Je voudrai offrir mes hommages à mad. votre fille, à madlle
Chalons , à la comtesse Diane …. [dans le texte] mille tendresses à … de Polignac et
à ...............
.
Quelques trous et approximations malheureusement.
National Archives, Kew
Calonne à la duchesse de Polignac
25 février 1789
1
J'ai attendu Madame la duchesse le départ de mon
frère pour vous écrire avec sûreté. Il me parait
nécessaire de prendre beaucoup de précautions
pour que mes lettres vous parviennent, puisque
suivant ce que me dit Lady Clermont vous vous
plaignez de ce que je ne vous écris jamais, quoique
je vous aie adressé par différentes voies quelques lettres
qui n'ont été suivies d'aucune réponse de
votre part ; qu'il y a six mois que je n'ai pas reçu
de vos nouvelles directement. Je ne suis pas
moins persuadé de la continuation de vos
sentiments et mes amis n'ont pas cessé de m'en
assurer. Je sais que les circonstances ne me laissent
aucun espoir de jouir des relations [au sens de récit ?] de notre amitié
et ne vous laissent aucun moyen de faire d'inutiles
efforts pour détruire des préventions ineffaçables.
J'en gémis, mais je n'ai garde de me plaindre de
vous, ni de devenir moins sensible à vos bontés
que je l'ai toujours été. Peut être ce .... ci et
le parti que j'ai pris d'adresser au Roi une
lettre que je crois très importante, sur la crise actuelle
vous donneront-ils l'occasion d'appuyer sur la bonté
de mes intentions . Je crois que cette lettre qui ne tardera
pas à être publique fera sensation, et que s'il reste
3
encore dans le cours de ma vie quelques instants où
mes amis puissent me servir avec chaleur, c'est
celui ci. Non que je désire ni retour, ni plan,
ni faveur quelconque. Je me suis expliqué
là dessus dans cet écrit adressé au Roi, avec trop
d'énergie et de franchise pour qu'on puisse en
conserver de doute : mais le succès de cette publi-
-cation me tient fort à cœur, non seulement pour
l'honneur qui peut m'en revenir, mais aussi pour
le bien de l'Etat que j'y crois très intéressé.
Voici, Madame la duchesse, ce que j'attends en
cette occasion de votre bon cœur et de votre bon
esprit :
Premièrement, et c'est un point essentiel, que
vous lisiez ma longue lettre au Roi attentivement et
d'un bout à l'autre. Vous verrez s'il m'était possible
de la faire plus courte. C'est l'affaire d'une
demi journée de lecture ininterrompue, et
il ne vous est pas aisé, je le sais, de disposer
d'un aussi long temps, dans la situation
peu libre où vous êtes .
Secondement que si le Roi et la Reine vous en
parlent, vous ne balanciez pas à leur exprimer avec
un peu de force ce que vous penserez des connaissances
dont elle est le résultat très abrégé, et surtout des
intentions de l'auteur.
2
Troisièmement que vous concouriez à fixer l'opinion de
Monsieur le comte d'Artois, et que vous lui donniez l'exemple
de s'expliquer publiquement sur les principes que
j'expose, de la manière dont je les expose, et sur
l'importance d'y adhérer.
Je vous demande pardon très aimable duchesse, de vous
faire ainsi votre leçon, vous qui savez mieux que
moi, et mieux que personne ce qu'il faut faire,
quand et comment il faut le faire. Je devrais
bien m'en rapporter entièrement à votre sagesse,
à votre amitié, à votre discernement.
C'est ce que je fais aussi ; mais en même temps
je vous exprime ce que je désire et ce qui me
parait désirable pour tous le monde dans
la circonstance présente. Il me semble que
mon ouvrage peut produire une réelle
révolution dans les esprits, et c'est ce qui
m'a déterminé à le rendre publique : mais
il ne le peut qu'en surmontant les torrents des
opinions qui sont devenues dominantes
et il ne les surmontera qu'autant qu'il sera
soutenu et exalté, pour détruire les effets
de l'engouement, pour arrêter les progrès de
..... destruction/eurs de tout principe, pour
dissiper les prestiges qui ont séduit la multitude
et renverser le trophée qu'elle a érigé à son idole sur
4
les débris du trône, il faut bien opposer
opinion à opinion, parti à parti, et façon
de penser déclarée à la prévention populaire.
Si chacun se contente de gémir en particulier sur
la déraison qui entraîne tout, si les enthousiastes
et les novateurs prédicants sont maîtres du champ
de bataille, s'il n'y a pas un point de ralliement
où l'on puisse se réunir et faire ferme contre
les débordements d'écrits incendiaires qui nous
menacent de la plus affreuse anarchie, le
peuple encouragé par l'intrigue ne gardera
plus de mesure et il arrivera les plus grands
malheurs. Mais dès que les personnes marquantes
et faites pour donner le ton auront fixé leur
drapeau, et la défense d'un poste quelconque
qu'elles auront embrassé, un plan, adopté une même
mesure, une opinion, tout ce qu'il y a de gens
sensés s'y joindra, les faibles s'enhardiront
les parlements reprendront courage, la mobile
nation se laissera entraîner et son retour à la
raison sera aussi prompt que l'a été son abandon
aux prétentions les plus folles. Voila charmante [amie ?]
ce que j'ai vu d'ici, ce qui m'a mis la plume
à la main, et ce que je remets à vos soins. J'ai marqué la
chasse, j'ai [rature ?] servi la balle, c'est aux bons joueurs
à faire le reste. Dites moi du moins quand vous le pourrez ce
que vous en pensez et continuez à me compter au nombre de vos plus fidèles
serviteurs,et de même, de vos plus tendres amis. Je ... que ... ....
[en marge] Notre ami vous remettra l'ouvrage que j’envoie d'abord au Roi seul
et puis un seul exemplaire pour M. Le comte d'Artois avant de le donner à aucun
autre : je compte commencer la distribution par la ? Reine ? Et joindre à l'exemplaire [le billet cy joint en copie
5
P.S.
J'ai écris une lettre, madame la duchesse,
de manière que si vous étiez dans le
cas de la montrer, vous le puissiez.
Ma requête est ma dernière ressource
je suis sûr de l'effet qu'elle
produira dans le public et chez
l'étranger. Si cet effet ne soutient
pas le courage de mes amis, il en
imposera, et en vérité on ne
gagne rien à paraître craindre.
Je vous demande en grâce, constante
amie, de faire en ce moment décisif
tous ce que vous pourrez sans vous
compromettre. Vous trouverez de
l'énergie et de l'âme dans ma requête
vous pouvez en faire l'éloge et
trouver les preuves claires puisqu'elles le
sont. Il paraîtrait fort simple que vous
preniez le parti de quelqu'un pour qui vous
avez toujours montré beaucoup d'intérêt
lorsqu'il fait voir à tout l'univers qu'il
est malheureux sans être coupable.
Animez, je vous prie, monsieur le comte
d'Artois. Je lui écris et je l'engage à
6
remettre ma requête au Roi. Il faut bien
que de manière ou d'autre elle lui
parvienne puisqu'elle doit être publique.
Mais ce qui serait essentiel c'est qu'il
puis[se] la lire avant qu'on lui en parla,
ce qu'il f... prévenir contre. C'est pourquoi
je voudrais que M. le comte d'Artois
la lui remît aussitôt après qu'il la reçût
de moi, soit par vous si vous le voulez
lui donner le paquet, soit par la voie
ordinaire si vous le préférez. Je voudrais
que personne ne fût encore a voir la
cette requête avant le Roi, et que
Sa Majesté eut son exemplaire 24
heures avant ceux que je ferai remettre
aux ministres. Expliquez cela je vous
prie à M. le comte d'Artois et vous
même ne montrez à personne l'exemplaire
que je vous envoie avant le moment
de la distribution pour la Cour. Je n'ose
pas en adresser un à la Reine ; elle ….
[rature?] ...... .... à cause de
la manière dont je traite l'archevêque
il est cependant certain qu'un jour viendra
qu'elle en sera très mécontente et qu'elle
[effacé] qu'il sacrifie toute à son ambition
… ... il faudrait le lui prédire.
7
D'ailleurs il me paraît impossible que
ce principal ministre se soutienne ; à la
manière dont il se conduit et dont il
conduit les affaires. Ce qu'il vient de
faire faire le Roi vis à vis du parlement
achève de détruire toute considération
et …. ? prospérité ? fut/sur … .
Ma requête le mettra au désespoir
parce qu’elle le démasque : mais il
aura beau faire il n'en détruira pas
l'effet qui sera plus fort que lui. Il
ne s'agit que d'aider dans les …...
surtout en la p...... un peu, ou même
beaucoup. Vous voyez madame la duchesse
combien je compte toujours sur vos
bontés, sur votre amitié. Ah ! Si je n'y
comptais pas je serais trop malheureux.
Je n’oublierai jamais la douceur des
moments que je passais avec vous,
l'impression qu'ils m'ont fait ne
s'affaiblira pas ni par le temps
ni par l'éloignement. Jugez de mes
regrets ; adoucissez-les en m'assurant
quelquefois que vous êtes toujours la
même pour moi. Oh oui, j'en suis sûr
il n'est pas en vous de changer.
Adieu, adieu, madame la duchesse,
je vous assure que si le roi lit il sera
touché : il faut que le Roi lise …... [pointillés dans le texte]
Je voudrai offrir mes hommages à mad. votre fille, à madlle
Chalons , à la comtesse Diane …. [dans le texte] mille tendresses à … de Polignac et
à ...............
.
Dernière édition par Lucius le Dim 01 Fév 2015, 13:32, édité 1 fois
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Cette première recommandation m'a bien amusé :
Premièrement, et c'est un point essentiel, que
vous lisiez ma longue lettre au Roi attentivement et
d'un bout à l'autre. Vous verrez s'il m'était possible
de la faire plus courte. C'est l'affaire d'une
demi journée de lecture ininterrompue, et
il ne vous est pas aisé, je le sais, de disposer
d'un aussi long temps, dans la situation
peu libre où vous êtes.
Et il dit cela dans une lettre de six feuillets pleins !
Premièrement, et c'est un point essentiel, que
vous lisiez ma longue lettre au Roi attentivement et
d'un bout à l'autre. Vous verrez s'il m'était possible
de la faire plus courte. C'est l'affaire d'une
demi journée de lecture ininterrompue, et
il ne vous est pas aisé, je le sais, de disposer
d'un aussi long temps, dans la situation
peu libre où vous êtes.
Et il dit cela dans une lettre de six feuillets pleins !
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Je trouve que le ton de cette lettre ne correspond pas à un Calonne complice (et amant) des La Motte, aigri contre la reine. Il est visiblement passé à d'autre sujet d'occupation, sans avoir changé de sentiments envers la ville Jules ou la reine.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
BRAVO et MERCI, mon très cher petit Lulu, pour cette belle transcription particulièrement intéressante !!! :n,,;::::!!! :n,,;::::!!!:
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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