Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
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Lucius
Mme de Sabran
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Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
" Il est impossible que le renvoi du P. ( Parlement ??? ) ne vous donne pas beaucoup de moyens, et ne vous présente pas une chance plus avantageuse qu'elle n'a été depuis longtemps."
Je pense qu'il faut lire" que le renvoi de l'archevêque" Ce qui serait dans la logique de sa pensée telle qu'elle est exprimée dans cette lettre : Profitons du renvoi de l'archevêque pour faire passe nos idées et mettre en place quelqu'un que l'on considère comme favorable à nos intérêts et à ceux du pays.
Roi-Cavalerie
Je pense qu'il faut lire" que le renvoi de l'archevêque" Ce qui serait dans la logique de sa pensée telle qu'elle est exprimée dans cette lettre : Profitons du renvoi de l'archevêque pour faire passe nos idées et mettre en place quelqu'un que l'on considère comme favorable à nos intérêts et à ceux du pays.
Roi-Cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
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Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Après reflexion, le baron désigne vraisemblablement Breteuil auprès duquel la reine prenait parfois des conseils.
Roi-cavalerie
Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
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Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Nul doute que le baron désigne Breteuil.
Mais ce n'est pas 'l'archeveque' car on voit clairement que le mot commence avec un P.
Peut-être c'est 'prélat'? Le renvoi du prélat désigne bien Brienne, comme le Genevois désigne Necker.
Je trouve cette lettre d'un énorme intérêt pour démêler les factions politiques à la cour dans cette période critique.
Mais ce n'est pas 'l'archeveque' car on voit clairement que le mot commence avec un P.
Peut-être c'est 'prélat'? Le renvoi du prélat désigne bien Brienne, comme le Genevois désigne Necker.
Je trouve cette lettre d'un énorme intérêt pour démêler les factions politiques à la cour dans cette période critique.
Invité- Invité
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
outremanche a écrit:
Peut-être c'est 'prélat'? Le renvoi du prélat désigne bien Brienne,
Ah oui, prélat, est très plausible ! :\\\\\\\\:
Mme de Sabran- Messages : 55570
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Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Oui, un grand merci à Outremanche pour ce document et à Eléonore pour sa transcription et sa mise en ligne. Il me fait progresser dans la connaissance du sujet.
Roi-cavalerie.
Roi-cavalerie.
Roi-cavalerie- Messages : 551
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Mme de Sabran- Messages : 55570
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Roi-cavalerie a écrit:Oui, un grand merci à Outremanche pour ce document et à Eléonore pour sa transcription et sa mise en ligne. Il me fait progresser dans la connaissance du sujet.
Roi-cavalerie.
Je vous ai dit, cher R-C, que ces lettres vous seraient d'un grand intérêt. Il m'étonne qu'on ignore une lettre d'une telle importance (et je sais bien que si on l'avait utilisée dans un livre vous l'auriez vue) : , mais il me semble que les papiers de Calonne n'ont jamais été exploités au fond par des historiens français, probablement parce qu'ils se trouvent en Angleterre. C'est un trésor pour l'histoire de la révolution et la contre-révolution, ainsi que sur les intrigues politiques de 1784 - 1789.
Nous continuons lentement en vérifiant et re-vérifiant les transcriptions pour être sûres avant de poster les lettres. Quatre yeux font beaucoup mieux que deux, vu l'état lamentable de ces documents, et nous voulons que nos cadeaux epistolaires soient parfaits.
Invité- Invité
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Bombelles dans son Journal à la date du 12 septembre 1788 nous confie:
" une autre intrigue agite, occupe la Cour. Mme la duchesse de Gramont n'ayant pu amortir en elle la passion de dominer et ne pouvant gouverner par son frère feu le duc de Choiseul, se sert de son crédit ancien et ranimé pour que la Reine fasse M le duc du Châtelet, ministre principal. Celui-ci refuse le département de la Guerre, à moins qu'il ne soit joint au suprême pouvoir d'un ministre dirigeant les autres départements et M Necker qui voit que la cabale Choiseul ( jointe à celle de l'abbé de Vermond) veut tout envahir, tout impétrer et lui suciter des embarras, déclare qu'il donnera sa démission si M le duc de Châtelet était appelé pour limiter ses pouvoirs comme ministre des Finances."
Calonne qui a vu venir la crise dès le printemps comme nous l'indique sa lettre, doit bien avoir une idée derrière la tête car il ne pouvait pas ne pas savoir que Châtelet était très lié au feu duc de Choiseul et à toute sa coterie. Voulait-t-il ainsi mettre en place un contre-feu à Necker qui pourtant , à ma connaissance, n'était pas du tout mal vu des Choiseulistes et de Mme de Gramont en particulier ?
Voilà bien de quoi méditer!
Roi-cavalerie
" une autre intrigue agite, occupe la Cour. Mme la duchesse de Gramont n'ayant pu amortir en elle la passion de dominer et ne pouvant gouverner par son frère feu le duc de Choiseul, se sert de son crédit ancien et ranimé pour que la Reine fasse M le duc du Châtelet, ministre principal. Celui-ci refuse le département de la Guerre, à moins qu'il ne soit joint au suprême pouvoir d'un ministre dirigeant les autres départements et M Necker qui voit que la cabale Choiseul ( jointe à celle de l'abbé de Vermond) veut tout envahir, tout impétrer et lui suciter des embarras, déclare qu'il donnera sa démission si M le duc de Châtelet était appelé pour limiter ses pouvoirs comme ministre des Finances."
Calonne qui a vu venir la crise dès le printemps comme nous l'indique sa lettre, doit bien avoir une idée derrière la tête car il ne pouvait pas ne pas savoir que Châtelet était très lié au feu duc de Choiseul et à toute sa coterie. Voulait-t-il ainsi mettre en place un contre-feu à Necker qui pourtant , à ma connaissance, n'était pas du tout mal vu des Choiseulistes et de Mme de Gramont en particulier ?
Voilà bien de quoi méditer!
Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Encore une précision qui pourra nourrir nos réflexions: le duc du Châtelet, mari d'Emilie du Châtelet, était le cousin par alliance du baron de Breteuil qui avait, semble-t-il favorisé sa carrière (à vérifier). Il avait succédé au maréchal de Biron pour prendre le commandement du régiment des gardes françaises, place qui était également convoitée par le mréchal de Castries.
Bien à vous; Roi-cavalerie
Bien à vous; Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Mais c'est vrai ! Breteuil était le nom de jeune-fille d'Emilie !!! A quoi rêvons-nous !
Ce pauvre duc du Châtelet a fini sous le rasoir de Sanson ...
Mme de Sabran- Messages : 55570
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Mais je place la charrue avant les boeufs .
En fait, nous dit Wiki, en 1787, quand Louis XVI convoque les assemblées provinciales pour remédier aux embarras du trésor et réformer durablement les impôts et l'économie française, le duc du Châtelet est appelé à présider l'assemblée provinciale de l'Île-de-France, nomination signée par Louis XVI, où celui-ci lui donne la qualification honorifique de « cousin ». L'installation de l'assemblée, composée de membres des trois ordres, a lieu à Melun le 11 juillet. Le duc du Châtelet en prononce le discours d'ouverture.
En 1789, à la convocation des États généraux, l'effervescence, qui se répand jusqu'en province, touche aussi les « gardes françaises » dont le duc du Châtelet est colonel. Dans la crainte de les voir adopter des principes contraires à l'esprit de discipline, on leur interdit l'entrée des assemblées du district où s'expriment les agitateurs. Au début du mois de juillet 1789, quelques réfractaires, ayant enfreint l'ordre de se retirer dans leur caserne, sont conduits à la prison militaire de l'Abbaye, d'où le peuple, prenant leur défense, les en avait arrachés .
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Mme de Sabran- Messages : 55570
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
J'en suis toujours à la lettre de Calonne du 25 juin:
Après quelques temps de réflexion et en première analyse, on peut avancer l'hypothèse selon laquelle Calonne, prévoyant la crise ministérielle avec un temps d'avance, ne souhaitant surtout pas que Necker revienne aux affaires, parce que cela impacterait considérablement ses chances de retour, propose à la duchesse de Polignac d'appuyer la candidature du duc de Chatelet, dont il sait qu'il ne lui est pas trop défavorable et que le baron de Breteuil ne s'opposera à sa nomination, compte tenu de ses liens de parenté, pour le cas où la reine le sollicite à ce sujet. C'est sans doute de son point de vue le candidat le moins mauvais. Il serait intéressant de savoir si Vaudreuil, qui se trouvait alors en Italie, a validé cette proposition. On notera qu'elle ne s'est pas concrétisée mais il faut se souvenir que Breteuil a démissionné de ses fonctions le 24 juillet et que, de ce fait, il a peut être eu moins d'impact sur la marche des affaires après cette date, d'autant plus que, malgré le souhait de la reine qu'il reste au Conseil, il s'est refusé à le faire ( Bombelles, 24 juillet). Par ailleurs, comme il le souligne, la duchesse de Polignac n'ayant pas entretenu de liens étroits avec celui-ci, on pouvait moins la soupçonner de chercher à favoriser la nomination d'un candidat de sa coterie que l'on savait très liée à Calonne.
C'est un peu basique comme analyse, mais en l'absence d'autres éléments d'appréciation, elle me parait suffisament logique pour vous la soumettre.
Roi-cavalerie
Après quelques temps de réflexion et en première analyse, on peut avancer l'hypothèse selon laquelle Calonne, prévoyant la crise ministérielle avec un temps d'avance, ne souhaitant surtout pas que Necker revienne aux affaires, parce que cela impacterait considérablement ses chances de retour, propose à la duchesse de Polignac d'appuyer la candidature du duc de Chatelet, dont il sait qu'il ne lui est pas trop défavorable et que le baron de Breteuil ne s'opposera à sa nomination, compte tenu de ses liens de parenté, pour le cas où la reine le sollicite à ce sujet. C'est sans doute de son point de vue le candidat le moins mauvais. Il serait intéressant de savoir si Vaudreuil, qui se trouvait alors en Italie, a validé cette proposition. On notera qu'elle ne s'est pas concrétisée mais il faut se souvenir que Breteuil a démissionné de ses fonctions le 24 juillet et que, de ce fait, il a peut être eu moins d'impact sur la marche des affaires après cette date, d'autant plus que, malgré le souhait de la reine qu'il reste au Conseil, il s'est refusé à le faire ( Bombelles, 24 juillet). Par ailleurs, comme il le souligne, la duchesse de Polignac n'ayant pas entretenu de liens étroits avec celui-ci, on pouvait moins la soupçonner de chercher à favoriser la nomination d'un candidat de sa coterie que l'on savait très liée à Calonne.
C'est un peu basique comme analyse, mais en l'absence d'autres éléments d'appréciation, elle me parait suffisament logique pour vous la soumettre.
Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
... du tout, du tout !
Votre analyse est au contraire très pertinente .
Roi-cavalerie a écrit: C'est sans doute de son point de vue le candidat le moins mauvais. Il serait intéressant de savoir si Vaudreuil, qui se trouvait alors en Italie, a validé cette proposition.
Je crois que Vaudreuil décroche un peu de la politique à ce moment-là parce qu'il a d'autres chats à fouetter, en fait d'énormes problèmes d'argent depuis que Calonne n'est plus aux Finances . Sa charge de grand fauconnier vient d'être supprimée, la banqueroute du banquier Saint-James diminue énormément ses ressources personnelles, et pas moyen d'espérer quelque chose du roi qui aurait dit de lui et de ses amis :
Ils n'ont qu'à payer, je n'entends plus être responsable de leurs folies .
Il cède alors Gennevilliers au duc d'Orléans, met en vente des tableaux et objets d'art, vend au roi son mobilier en bloc ... bref se débat dans des difficultés matérielles qu'il part oublier à Rome, dans l'auberge ( espagnole : ) du cardinal de Bernis, histoire de souffler un peu .
.
Mme de Sabran- Messages : 55570
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Je n'ai pas le temps (une fois de plus ! : ) de tout lire mais je veux juste rebondir sur le shisme Breteuil/Bombelles/Louis XVI/Marie-Antoinette d'un côté, Calonne/Vaudreuil/Polignac/comte d'Artois.
Ces derniers sont bien gentils mais enfin, c'est le roi et lui seul, à défaut sa femme, qui décident de qui obtiendra leur confiance. Qu'ils soient d'accord ou non, qu'ils apprécient ou non Breteuil, qu'ils préfèrent ou pas Calonne. Oser penser le contraire est une trahison envers le roi ! Il n'y a pas d'alternative. Que Louis XVI et Marie-Antoinette aient eu raison ou pas dans leur choix.
Ces bisbilles permettront aux révolutionnaires de se frotter les mains. Bravo... boudoi29
Quand on lit l'extrait de Bombelles sur les paroles du comte d'Artois, c'est terrible. Aucun frère de roi n'a osé aller jusque-là, même Gaston ! àè-è\': Malheureusement pour Louis XVI, Breteuil n'était pas Richelieu...
Enfin bref, pour moi c'est un crime de lèse-majesté.
Ces derniers sont bien gentils mais enfin, c'est le roi et lui seul, à défaut sa femme, qui décident de qui obtiendra leur confiance. Qu'ils soient d'accord ou non, qu'ils apprécient ou non Breteuil, qu'ils préfèrent ou pas Calonne. Oser penser le contraire est une trahison envers le roi ! Il n'y a pas d'alternative. Que Louis XVI et Marie-Antoinette aient eu raison ou pas dans leur choix.
Ces bisbilles permettront aux révolutionnaires de se frotter les mains. Bravo... boudoi29
Quand on lit l'extrait de Bombelles sur les paroles du comte d'Artois, c'est terrible. Aucun frère de roi n'a osé aller jusque-là, même Gaston ! àè-è\': Malheureusement pour Louis XVI, Breteuil n'était pas Richelieu...
Enfin bref, pour moi c'est un crime de lèse-majesté.
Invité- Invité
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Je viens de me plonger dans les dépêches de Mercy, à la page 198 de La correspondance secrète, on trouve cette lettre de Marie-Antoinette à Mercy dans laquelle la reine lui fait part de ses réflexions après avoir eu une entrevue avec Loménie de Brienne:"Ce mardi soir. L'archevêque est venu tout de suite, chez moi, ce matin, Monsieur, pour me dire la conversation qu'il a eu avec vous ce matin.... Je crains beaucoup que l'Archevêque ne soit obligé de partir tout à fait et alors quel homme prendre pour mettre à la tête de tout? Car il en faut un , surtout avec M Necker. Il lui faut un frein. Le personnage au dessus de moi n'en est pas en état, et, moi quelque chose qu'on dise et qui arrive, je ne suis jamais qu'en second, et malgré la confiance du premier, il me le fait sentir souvent. M du Châtelet* pourrait peut être représenter le premier ministre. C'est un honnête homme et celui que l'Archevêque aimerait le mieux. Il serait bien avec M Necker aussi, il le laisserait seul à sa partie..."
* Il faut savoir que le duc du Châtelet avait été nommé par Choiseul comme le représentant de la France à Vienne entre 1761 et 1766. A ce poste, il avait su se concilier l'estime de l'impératrice Marie Thérèse. C'était autant de titre à la bienveillance de Marie Antoinette qui, au mois d'octobre 1788, lui fit donner le régiment des Gardes Françaises.
Pour ma part, je tire de tout cela la conclusion qu'il est vraisemblable que la duchesse de Polignac soit intervenue pendant cette crise pour souffler à la reine le nom du duc du Châtelet comme le lui avait conseillé Calonne. Elle n'a peut être pas d'ailleurs été la seule puisu'il semble d'après Bombelles qu'il avait également l'appui de quelques Choiseulistes éminents. Ce qui tend à prouve a minima qu'elle a bien lu cette lettre.
Je m'incline également devant le sens politique et la perspicacité de Calonne qui avait bien prévu ce moment de crise, et connaissant sans aucun doute la passé viennois de celui-ci, s'était dit qu'il ferait un candidat valable à soufler à la reine. Chapeau, M de Calonne, même si la manoeuvre à échouer. Exilé en Angleterre, il arraivait encore à influencer les débats au plus haut sommet de l'état!
Bien à vous. Roi-cavalerie
* Il faut savoir que le duc du Châtelet avait été nommé par Choiseul comme le représentant de la France à Vienne entre 1761 et 1766. A ce poste, il avait su se concilier l'estime de l'impératrice Marie Thérèse. C'était autant de titre à la bienveillance de Marie Antoinette qui, au mois d'octobre 1788, lui fit donner le régiment des Gardes Françaises.
Pour ma part, je tire de tout cela la conclusion qu'il est vraisemblable que la duchesse de Polignac soit intervenue pendant cette crise pour souffler à la reine le nom du duc du Châtelet comme le lui avait conseillé Calonne. Elle n'a peut être pas d'ailleurs été la seule puisu'il semble d'après Bombelles qu'il avait également l'appui de quelques Choiseulistes éminents. Ce qui tend à prouve a minima qu'elle a bien lu cette lettre.
Je m'incline également devant le sens politique et la perspicacité de Calonne qui avait bien prévu ce moment de crise, et connaissant sans aucun doute la passé viennois de celui-ci, s'était dit qu'il ferait un candidat valable à soufler à la reine. Chapeau, M de Calonne, même si la manoeuvre à échouer. Exilé en Angleterre, il arraivait encore à influencer les débats au plus haut sommet de l'état!
Bien à vous. Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Mme de Sabran a écrit:
et pas moyen d'espérer quelque chose du roi qui aurait dit de lui et de ses amis :
Ils n'ont qu'à payer, je n'entends plus être responsable de leurs folies .
.... :
Pas étonnant qu’Artois pousse pour Calonne, si ma mémoire est bonne, c’est lui qui a fait éponger les dettes colossales des deux frères du roi.
La nuit, la neige- Messages : 18153
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
outremanche a écrit:
Nous continuons lentement en vérifiant et re-vérifiant les transcriptions pour être sûres avant de poster les lettres. Quatre yeux font beaucoup mieux que deux, vu l'état lamentable de ces documents, et nous voulons que nos cadeaux épistolaires soient parfaits.
Oui, ma chère Eve, c'est exactement cela ! Mais pour celle qui suit, vraiment, il n'y avait pas de miracle possible ! àè-è\':
Elle est pleine de manques ...
Je mets entre parenthèses ce qui n'a aucun sens parce qu'il y a davantage de trous que de mots .
Calonne à Mme de Polignac
Pour vous seule et à brûler
Londres le 28
Il m'a paru, Madame la duchesse, que ce que je vous ai écrit hier pouvait n'être pas encore assez ??? et je vous envoie une seconde lettre pour en faire l'usage que vous voudrez. Elle n'est pas bonne à montrer. Mais du moins elle me paraît faite pour vous faire sentir l'importance de la circonstance. Il me semble que ne l'ayant pas cherchée, et même en ayant été suspecte et fort éloignée par la voie que j'avais préférée, vous êtes présentement bien ??? la saisirez et en tirez un grand parti.
Pensez que vous ne gagnez rien par trop de réserve, ni à paraître craindre celui qui ne s'entend qu'à vous détruire, mais qui heureusement crèvera à la peine. Si l'on sent ce qu'il me parait impossible de ne pas sentir en ce moment, vous pouvez en prendre l'occasion de détruire sans affectation tous les vieux préjugés.
( Je ne sais si l'on a lu ce que M. de P…. m'avait chargé de dire et ??? pas même dit la moitie que j'ai ??? Je ne pourrais même pas y croire. Il est bien aisé à discerner, croyez que ce soit là le principal prix, d'en disculper l'intention et de l'excuser par la circonstance ??? que par le peu de valeur de la chose. )
Mais le plus grand service possible est d'avoir démantelé toutes les menées de ceux qui se sont emparés de son esprit pour le malheur public. A vrai dire? je ne ? pas le tenter faiblement ce qu'on réussissait par vous. Vous avez du moins rempli le devoir de l'amitié et de la fidélité. Quant à moi, dont rien ne peut ébranler les sentiments ni le courage. Je verrai fort tranquillement la continuation de ce qu'on fait contre moi, et je ne cesserai pas de prouver combien on m'a injurié mais je prouverai ??? ne gagne rien en me persécutant qu'au contraire on me ??? une célébrité que je n'attendais plus ...
( ce que l'on me ferait a pousser encore plus …………….( Plusieurs lignes illisibles ) de ? à confondre mes ennemis. Voila, Mme la duchesse, que j'aimerai toujours et … cette dernière fois que se pourra…… tout à votre sagesse mais … )
.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55570
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Reinette a écrit:Je n'ai pas le temps (une fois de plus ! : ) de tout lire mais je veux juste rebondir sur le shisme Breteuil/Bombelles/Louis XVI/Marie-Antoinette d'un côté, Calonne/Vaudreuil/Polignac/comte d'Artois.
Ces derniers sont bien gentils mais enfin, c'est le roi et lui seul, à défaut sa femme, qui décident de qui obtiendra leur confiance. Qu'ils soient d'accord ou non, qu'ils apprécient ou non Breteuil, qu'ils préfèrent ou pas Calonne. Oser penser le contraire est une trahison envers le roi ! Il n'y a pas d'alternative. Que Louis XVI et Marie-Antoinette aient eu raison ou pas dans leur choix.
Ces bisbilles permettront aux révolutionnaires de se frotter les mains. Bravo... boudoi29
Ma chère Reinette, cela a bien été là tout le drame du mouvement royaliste, ainsi divisé et affaibli par des querelles internes. Les princes n'ont pas été pour rien dans cet état de fait! Mais ils pensaient que le roi pris en otage souffrait du syndrome de Stockolm. Quant à la reine, malheureusement,elle ne faisait pas l'unanimité. La désunion, je crois bien que cela fait partie du génie français!
Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
A propos de la lettre du 25 juin 1788 et en espérant ne pas vous ennuyer à cette heure tardive:
J'ai continué mes recherches pour savoir ce qu'il était advenu de la proposition de Calonne : la question qui se posait à la reine dans cette crise du mois d'août était de déterminer Necker à reprendre les destinées financières du royaume sous l'autorité d'un ministre principal, sachant qu'il fallait également convaincre le roi de le reprendre. Or Necker ne semblait pas favorable à cette solution car il voulait sans doute avoir les coudées franches. A cette date, Loménie de Brienne s'acrochait encore à son siège. Mercy menait les négociations.
Comme vous allez le constater, dans la réponse qu'il fait à la reine, datée du 20 août 1788, Mercy Argenteau estime que Loménie de Brienne doit rester à sa place et déconseille de nommer le duc du Châtelet pour le remplacer :
« ... Le maintien de M l'archevêque dans sa place intéresse la gloire, la justice et le service de VM. Il me paraît impossible de s'écarter à cet égard des principes dont elle daigne me parler et qui caracérise sa grandeur d'âme. Le contraire deviendrait un scandale pour l'Europe, en même temps une victoire dont la troupe des conjurés contre l'autorité royale ne manquerait pas d'abuser d'une étrange manière.
Si M Necker est aussi honnête homme que je présume, il ne peut demander que le pouvoir suffisant pour espérer le bien. Le principal ministre a tous les genres d'intérêt à ne pas s'y refuser. Alors l'incompatibilité cesse et l'ordre peut être rétabli. Il serait difficilement ramené par tout autre choix, nommément par celui de la personne dont VM daigne me parler. L'opinion publique ne lui serait pas favorable et cette opinion est le mobile de tout succès en Finances »
Voilà donc comment l'option du Châtelet fut évacuée par un ambassadeur d'Autriche vers lequel la reine s'était tournée pour obtenir des conseils dans cette grave crise à laquelle elle avait à faire face car le roi, comme elle le disait explicitement, dans sa lettre du 19 aout que j'ai citée dans un post précédent, semblait ne pas être en état, à ce moment là, de prendre lui même les décisions qui s'imposaient.
Quelques temps après, la peur de la banqueroute, les démarches entreprises par Mme de Polignac et par le comte d'Artois, contribueront sans doute pour une certaine part à convaincre les souverains de laisser partir Loménie de Brienne.
Bien à vous tous.
Roi-cavalerie.
J'ai continué mes recherches pour savoir ce qu'il était advenu de la proposition de Calonne : la question qui se posait à la reine dans cette crise du mois d'août était de déterminer Necker à reprendre les destinées financières du royaume sous l'autorité d'un ministre principal, sachant qu'il fallait également convaincre le roi de le reprendre. Or Necker ne semblait pas favorable à cette solution car il voulait sans doute avoir les coudées franches. A cette date, Loménie de Brienne s'acrochait encore à son siège. Mercy menait les négociations.
Comme vous allez le constater, dans la réponse qu'il fait à la reine, datée du 20 août 1788, Mercy Argenteau estime que Loménie de Brienne doit rester à sa place et déconseille de nommer le duc du Châtelet pour le remplacer :
« ... Le maintien de M l'archevêque dans sa place intéresse la gloire, la justice et le service de VM. Il me paraît impossible de s'écarter à cet égard des principes dont elle daigne me parler et qui caracérise sa grandeur d'âme. Le contraire deviendrait un scandale pour l'Europe, en même temps une victoire dont la troupe des conjurés contre l'autorité royale ne manquerait pas d'abuser d'une étrange manière.
Si M Necker est aussi honnête homme que je présume, il ne peut demander que le pouvoir suffisant pour espérer le bien. Le principal ministre a tous les genres d'intérêt à ne pas s'y refuser. Alors l'incompatibilité cesse et l'ordre peut être rétabli. Il serait difficilement ramené par tout autre choix, nommément par celui de la personne dont VM daigne me parler. L'opinion publique ne lui serait pas favorable et cette opinion est le mobile de tout succès en Finances »
Voilà donc comment l'option du Châtelet fut évacuée par un ambassadeur d'Autriche vers lequel la reine s'était tournée pour obtenir des conseils dans cette grave crise à laquelle elle avait à faire face car le roi, comme elle le disait explicitement, dans sa lettre du 19 aout que j'ai citée dans un post précédent, semblait ne pas être en état, à ce moment là, de prendre lui même les décisions qui s'imposaient.
Quelques temps après, la peur de la banqueroute, les démarches entreprises par Mme de Polignac et par le comte d'Artois, contribueront sans doute pour une certaine part à convaincre les souverains de laisser partir Loménie de Brienne.
Bien à vous tous.
Roi-cavalerie.
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Roi-cavalerie a écrit:
Voilà donc comment l'option du Châtelet fut évacuée par un ambassadeur d'Autriche vers lequel la reine s'était tournée pour obtenir des conseils dans cette grave crise à laquelle elle avait à faire face car le roi, comme elle le disait explicitement, dans sa lettre du 19 aout que j'ai citée dans un post précédent, semblait ne pas être en état, à ce moment là, de prendre lui même les décisions qui s'imposaient.
Hélas, j'ai grand peur que ce ne fût là son état normal ... boudoi29 boudoi29 boudoi29
Cette aboulie qui lui fit toujours tout manquer !
.
Mme de Sabran- Messages : 55570
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Entièrement d'accord avec vous, ma chère Eléonore, mais il avait des hauts et des bas et là on était plutôt dans les basses eaux. Sur ce point, j'ai bien aimé le Louis XVI de Petitfils, qui a écrit à ce sujet:" l'échec de sa révolution [1787 et la réforme de Calonne] a été l'un des grands drames de sa vie, vécu comme un traumatisme. Le caractère du roi, tel que nous le décrivent habituellement les Mémoires, et récits du temps - faiblesse, hésitations extrêmes, indifférence, dépendence à l'égard de sa femme, sans oublier ses silences si lourds et si pesants- prend à ce moment là sa vraie dimension... Louis XVi n'est plus Louis XVI, il commence à ressembler au modèle conventionnel![/i]". On sent chez Petitfils une grande empathie pour ce pauvre roi, tant décrié, mais qui manifestement n'était pas fait pour gouverner.
Bien à vous. Roi-cavalerie
Bien à vous. Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Saint-Priest disait que Louis XVI n'a jamais montré de courage que pour souffrir ...
Mme de Sabran- Messages : 55570
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Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Outremanche a écrit:
Oh la la.... il est évident qu'il manquait quelques pages de cette lettre. J'y ai placé les feuilles que nous avons postées en PS à la lettre du 4 décembre 1787. Elles semblent devoir s'insérer ici, parce qu'il parle de la lettre qu'on ne devait pas montrer au roi, ce qui s'accorde avec la première page de celle-ci.
Tu pourras juger si j'ai raison et les supprimer si tu veux. Je les mets en italiques.
D'accord avec toi, ma chère Eve .
Je garde les italiques .
Calonne à Mme de Polignac
-- Date illisible
J'espère, Madame la duchesse, que vous êtes persuadée de ne plus vouloir que ma lettre soit remise au Roi et ouverte en sa présence. J'ai frémi du danger auquel on s'exposait par cette résolution, et je ne conçois pas qu'on y ait persisté si le duc de Dorset a montré ce que je lui avais écrit. Je ne devais pas dire la chose. Je ne pourrai pas dire plus, et après m'être exprimé aussi fortement, je n'étais plus responsable de l'événement. Mais qu'en est-il arrivé ? On n'a peut-être pas d'idée juste de ce que contiennent les pages dont il s'agit et de l'effet qu'elles peuvent produire. Je n'ai pas voulu les voir parce que je veux pouvoir me nier à moi-même l'existence de ce qui, vrai ou faux, doit être enseveli dans le plus profond néant .
Je sais seulement qu'on atteste qu'on peut montrer cinq lettres originales, dont deux de la main de La R. et trois de la main du C…. Toutes cinq également probantes. Le mémoire y ajoute, dit-on, une infinité de circonstances et de détails fort appuyés; il est ( accompagné ) d'une gravure atroce.
Vous êtes fort compromise dans tout cela, Madame la duchesse, et je serai au désespoir pour vous autant que pour l'honneur du trône qu'on laisse paraître une pareille infamie. Elle serait publique à présent si je n'avais pas trouvé moyen de l'empêcher par le plus grand bonheur du monde, et je puis dire aussi par une conduite si mesurée et si intelligente que j'ai fait faire, sans paraître, sans que mon nom soit connu en aucune sorte, sans que les personnes avec qui j'ai fait traiter par un tiers qui a leur confiance, puissent deviner que j'y sois pour rien, et sans qu'elles sachent même pour quoi ou de la part de qui on agit ainsi; mais vous concevez bien que ce que j'ai suspendu depuis un mois, je ne serai pas le maître de l'arrêter toujours, et qu'il n'y a plus un instant à perdre. J'ai déjà manqué une fois au terme que j'avais fait annoncer. Je n'ai, depuis un mois et plus, aucune réponse.
Pendant ce temps là on agit très vivement d'un côté opposé, on fait des offres, et l'on a d'autant plus l'avantage qu'elles s'accordent avec la fureur dont est animée la personne qui ne peut pas songer à son épaule ( * ) sans entrer dans une rage capable de tout. Elle est poussée d'un côté par un homme avec qui elle vit et qui espère gagner beaucoup par la publication de l'infernal ouvrage, d'un autre coté par je ne sais quelle intrigue qu'elle dit être fort redoutable, et qui ne lui demande que de déposer les preuves originales de manière que la vérification puisse en être ordonnée.
J'ai toujours soutenu vis-à-vis de la personne même qui les a vues, que c'étaient des pièces contrefaites, et je le soutiendrai toujours, mais ces gens-là se croient bien sûrs de leur fait et prétendent même qu'ils ont plus sûr genre de preuves, et que quand on aura tout vu, tout vérifié, il sera impossible qu'il reste aucun doute dans l'opinion. Mais le doute même serait affreux, et il me semble qu'on ne doit rien épargner pour le prévenir.
Les moyens que je propose sont certains et ne laisseront à craindre aucune fraude, aucune possibilité de faire renaître pareille inquiétude: mais je ferai en sorte qu'on ne manque à aucune, et qu'on soit délivré à jamais de cette horreur. La fronder, la mépriser, la réprimer avec l'indignation qu'elle mérite est le premier sentiment qu'elle fait naître, mais d'après ce qu'on me dit et d'après ce qu'on peut faire, il me semble qu'il y aurait un grand danger, plus grand peut-être qu'on ne l'imagine. Faites-y réfléchir. Quoiqu'il en soit, j'aurai fait tout ce qui était en moi pour empêcher le mal. J'ai eu l'intention de faire le bien et je mets à portée de prendre le parti qu'on voudra. Celui que j'offre est fondé sur des mesures aussi certaines que secrètes, et ce sont les seules qu'on puisse employer sûrement, décemment et efficacement. Voudra-t-on bien considérer dans quelle circonstance je fais cette démarche et avec quelle constance je persévère à vouloir la rendre utile, au risque même de paraître avoir un ton de plus par le refus de laisser remettre ma lettre au Roi à qui je ne devais pas croire qu'on en parlerait!
Voudra-t-on faire attention que, dans le même temps, ceux qui vantent leur attachement pour la Reine ne craignent pas de la compromettre horriblement par le conseil que vraisemblablement ils lui ont donné de rejeter tout ce qui viendrait de moi.
Ce contraste ne fera-t-il aucune impression? Combien d'autres dans ma position, sans se permettre même rien de blâmable, eussent laissé faire ce qui pouvait leur devenir utile? Une honnêteté qui ne s'est jamais démentie, ce qui ne se dément pas encore au milieu des rigueurs dont on l'accable, et qui ne cesse pas de montrer du zèle quand elle n'éprouve qu'injustice et défiance, ne devrait-elle pas parler plus haut que les fausses insinuations de ceux qui sont intéressés à nuire et qui ne savent que nuire?
Faudra-t-il toujours que ce que je fais soit interprété à rebours de mes intentions, me fasse supposer des sentiments contraires, absolument contraires à ceux dont je suis le plus intimement pénétré. Vous en savez, Madame la duchesse, plus d'un exemple et vous ne savez pas tout. Peut-être quelque jour trouverez-vous occasion de détromper. Celle-ci paraît en être une.
Je ne demande d'autre changement que celui de la disposition intérieure, et en vérité c'est bien demander qu'une justice, surtout quand au-delà je ne désire rien, et qu'après avoir été disgracié, poursuivi jusque dans ma retraite, déchiré, calomnié, livré à la diffamation publique et réduit à fuir ma patrie, je n'aspire qu'à pouvoir, en conservant mon honneur, trouver enfin la tranquillité. Je suis bien sûr, Madame la duchesse, que vous êtes touchée de mon sort et je me flatte que vous voulez bien croire que d'être séparé de vous et de mes amis n'est pas la moindre de mes peines. Je ne vous en dis pas davantage et je vous prie de déchirer ma lettre.
Voila ce que votre amitié pour la R doit lui faire envisager pendant qu'il en est encore temps. Je ne manque pas d'y ajouter ce que je me suis contenté de laisser entrevoir en parlant d'un parti opposé. Je ne dois pas même m'expliquer davantage à cet égard; et peut-être en savez vous plus sûrement que moi le calcul des intérêts et cela doit ouvrir les yeux. Il n'y a peut-être que moi dans ce monde qui ne fait pas ce calcul et qui n'ai été à toutes les instigations …. malhonnêtes tout même que mal fondées m'offrir les moyens de vengeance et d'utilité personnelle. ( ??? ) Vous avez beaucoup à faire entendre sur ce chapitre et je me borne à vous y faire ??? Si vous faites, en réunissant tous ces moyens à la circonstance présente, l'impression que vous devez faire, vous regagnerez aussitôt toute la confiance qui eut été bien à souhaiter pour le bonheur même de la Reine et qu'elle vous eût toujours conservée.
Vous la rendez ??? quand il serait vrai que, réduit où j'en étais, j'eusse cherché tous les moyens de faire ….. sans ménagements, n'en ai-je pas été assez puni par les suites, et le reste de ma conduite, et ce que je fais en ce moment, et les sentiments que vous m'avez toujours connus, ne vous donnent-ils pas des armes puissantes à faire valoir avec le nerf que vous savez employer quand le moment l'exige. Il me semble que vous n'en avez jamais vu matière ( ? ) pour vous-même.
Les affaires vont à la diable, quoiqu'on en dise. On perd le royaume, en perdant tout crédit et faisant perdre toute considération. On a enhardi la fermentation devenue générale, par une suite de faiblesses, de rétractations, et d'inconséquences qui excitent le mépris plus dangereux que la haine. On va nous engager dans une guerre épouvantable. La France reprochera à la Reine tous les malheurs; on nous croira sacrifiés à la maison d'Autriche, on fera retomber sur elle-même l'exécration que s'attirent ceux qui agissent en son nom; et elle éprouvera trop tard de cruels repentirs.
_____________________
( * ) Bombelles note dans son journal :
Quatre bourreaux n'ont pas été assez forts ou assez adroits pour contenir leur victime, et il a fallu la marquer au hasard tandis qu'elle était terrassée sous les pieds de ces bêtes féroces et qu'elle se débattait avec tout le courage qui eût pu accompagner une meilleure cause. Ses cris retentissaient au loin. Un des fers rouges, en glissant sur son dos, lui a occasionné une brûlure très considérable et qui a serré de très près une des glandes du sein .
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Mme de Sabran- Messages : 55570
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Mmde Sabran a écrit:J'espère, Madame la duchesse, que vous êtes persuadée de ne plus vouloir que ma lettre soit remise au Roi et ouverte en sa présence. J'ai frémi du danger auquel on s'exposait par cette résolution, et je ne conçois pas qu'on y ait persisté si le duc de Dorset a montré ce que je lui avais écrit.
Qu'avait donc écrit Calonne au duc de Dorset?
Connaît-on cette lettre?
Pourquoi a-t-il était question de la montrer au Roi?
La R. c'est la Reine, on est d'accordMme de Sabran a écrit:Je sais seulement qu'on atteste qu'on peut montrer cinq lettres originales, dont deux de la main de La R. et trois de la main du C…. Toutes cinq également probantes.
Le C.... ce ne peut signifier que le Comte...quel comte?
En quoi et de quoi ces lettres sont-elles probantes?
En quoi la duchesse de Polignac est-elle compromise dans ces pamphlets qu'on sait faux? C'est le point de vue de Calonne pour mettre en valeur son action... boudoi29
On reconnaît dans sa façon de décrire la femme Lamotte la folle qui se versa son pot de chambre dessus en prison...
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Majesté a écrit:
La R. c'est la Reine, on est d'accord
Le C.... ce ne peut signifier que le Comte...quel comte?
Mais non, voyons ! Le C... , c'est le Cardinal, forcément, c'est Rohan .
Majesté a écrit:
En quoi la duchesse de Polignac est-elle compromise dans ces pamphlets qu'on sait faux? .
Je ne sais pas ... peut-être comme entremetteuse entre la reine et la Motte ?
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Mme de Sabran- Messages : 55570
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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