Marie-Joséphine de Savoie, comtesse de Provence

Merci, cher Dominique, pour cette analyse si pertinente . Vous avez très certainement raison ! La pauvre Provence à la fin de sa vie devait être bien pitoyable ...

Je ne saurais vraiment dire laquelle des deux Joséphine porte le mieux le châle

Intéressant. Merci Dominique Poulin.
Il faudrait davantage creuser la question...

Voici le lien qui renvoie au descriptif complet proposé à l'époque de la mise en vente aux enchères de ce portrait :
http://www.osenat.fr/html/fiche.jsp?id=2455974

En effet, le prix d'adjudication n'est guère élevé, s'il était permis d'imaginer que ce portrait pouvait être un témoignage historique plutôt rare ?
Car j'imagine que les portraits de la comtesse de Provence, après la Révolution, ne sont guère nombreux.

Vous êtes incorrigible Gouverneur Morris. Pourquoi vouloir comparer ce qui n'est absolument pas comparable, cela tient presque du sadisme ?
J'ai essayé de trouver des portraits de la Comtesse de Provence et en effet, ils sont très peu nombreux.
J'ai envie de prendre un peu sa défense. Qu'elle ne soit pas jolie, certes c'est incontestable, mais malheureusement pour elle, son mari n'a rien fait pour qu'elle essaie de sauver les apparences. Et essayer de s'embellir grâce aux artifices que nous avons, nous les femmes. Car on peut ne pas être belle mais avoir un charme certain grâce aux crèmes, au fard, au parfum, aux robes, etc.... Non ? Un simple parfum messieurs peut faire d'une femme laide une belle "cocotte", pardon une belle femme à envouter les hommes.
P.S.: je n'ai rien contre les cocottes qui furent toutes de très jolies courtisanes. Ah les hommes !!!!

Lucius a écrit:

Trianon a écrit:Vous êtes incorrigible Gouverneur Morris. Pourquoi vouloir comparer ce qui n'est absolument pas comparable, cela tient presque du sadisme ?

Je trouve que la seconde Joséphine a l'air cadavérique sur ce portrait, et la comtesse semble bien plus fraîche et vivante .... mais chute ! ce serait un sacrilège de lèse-napoléonité

Mon cher Lucius, Joséphine avait un teint jaunâtre/laiteux à la base, si je ne me trompe.

Peut être, mais sur ce portrait, il ne lui manque que deux canines pointues pour venir des Balkans ...

Pour répondre à la curiosité taquine que suscite la comtesse de Provence et sur les dernières interrogations, je constate comme vous la pauvreté de ses portraits après 1791,   année durant laquelle elle quitte la France pour ne plus y revenir.

D'après ma documentation, je ne connais qu'un portrait se rattachant à ses dix neuf années d'exil.
Il s'agit selon Olivier Blanc dans son très beau livre "Portraits de Femmes" page 224 d'un portrait peint puis gravé par un nomme Canu vers 1795-1798. Sa localisation n'est pas précisée mais il y a de bonnes chances qu'il appartienne à une collection privée. Marie-Joséphine de Savoie n'y paraît pas à son désavantage ; on retrouve les  traits du portrait de la princesse de Savoie de Mme Vigée-Lebrun en 1782.
Mais comment se fier à des portraits qui ont été flattés ? Difficile de trancher pour une femme que la plupart des contemporains ont présentée sous l'apparence d'une Altesse plutôt disgracieuse ?
L'exemple du peintre Boze en 1786 est sans appel car il présente une femme bien ingrate . En revanche, il en fit un autre de Madame, l'année suivante, beaucoup plus séduisant et pompeux peut-être pour se racheter du portrait précédent !!

Voici un profil en médaillon .

Portrait flatteur. Je la trouve charmante...

Mais ce n'est pas ce que nous recherchons, car il date d'avant la Révolution, n'est-ce pas ?

Oh oui, c'est sûr ! Mais il ne figurait pas encore dans le sujet ...

J'ai trouvé un portrait peu connu et inédit pour moi de la comtesse de Provence qui n'était encore à l'époque que la petite-fille du roi de Sardaigne Charles-Emmanuel III à la fin de la décennie 1760.
Elle doit avoir entre 14 et 16 ans environ portraituree par le peintre Domenico Dupra, peintre attaché à la Cour de Turin.
Une toute jeune fille qui a priori sur la toile n'annonce rien de choquant, mais là photographie n'est apparue qu'un siècle plus tard pour en juger...

Voici le lien suivant :
(pdf) Scheda restauri Sala Colazione. Palazzo Régale.

C'est charmant . La princesse nous montre son dessin d'un grand arbre sur le bord d'un lac .
Merci, cher Dominique .

Merci...

Voici donc ce portrait :


Domenico Duprà
Maria Giuseppina di Savoia

Nous connaissons mieux cet autre portrait, du frère de ce peintre :
Elle semble plus jeune encore...


Giuseppe Duprà
Maria Giuseppina con mappa e colomba

La nuit, la neige a écrit:
Elle semble plus jeune encore...

...     mais les deux portraits sont bien ressemblants entre eux .    
  Les traits du visage sont agréables.    Les sourcils ne broussaillent pas encore .

Je remercie Mme de Sabran et LNLN de répondre à mes commentaires et d"insérer les portraits dont nous parlons.

Au sujet du portrait de la princesse de Savoie avec une colombe, Olivier Blanc dans son ouvrage "Portraits de Femmes" indique que ce tableau est passé en vente en 1913 comme représentant une Mlle de Forges en précisant en note je cite que "les plus récentes identifications ne sont pas forcément les plus exactes."
Admettons ce postulat.
Cependant, on peut remarquer qu'une bande d'hermine est visible à l'extrême droite du tableau et comme nous le savons en matière de codification symbolique la fourrure d'hermine était particulièrement utilisée par les souverains et leurs familles pour les tableaux qui exhaltaient leur souveraineté. Le riche ornement de tête en pierres précieuses est un deuxième élément qui renforce cette thèse.
C'est à mon avis le tableau d'une princesse et il paraît bien ressemblant face au deuxième qui montre la future comtesse de Provence adolescente.

Oui, je trouve aussi.
Et nous pouvons également ajouter la carte d'un "état", posée sur la table, et qu'elle montre de son doigt.

Enfin, ce tableau est actuellement conservé dans le petit ( ) pavillon de chasse de Stupinigi, l'une des résidences de la famille de Savoie, dans le Piémont.
Je vais ouvrir un sujet, il le mérite !  



Dans cette Palazzina di caccia, nous retrouvons également, et toujours du même peintre, Giuseppe Duprà, ce charmant portrait de la petite Marie-Thérèse de Savoie (future comtesse d'Artois) :



Dans le Palais Royal de Turin, est également conservé ce portrait du duc de Savoie, Victor Amédée III, avec sa famille. Toujours de Giuseppe Duprà.
La future comtesse de Provence semble être à l'extrême gauche, si l'on se réfère à sa physionomie sur les portraits que nous présentions ...

Étonnement le manteau de velours doublé d'hermine, signe évident d'une princesse (ou d'une duchesse en France, mais ce n'est pas possible à cet âge) est bleu. Les souverains de la péninsule ibérique et italienne portent généralement sur leur portraits des manteaux rouges. Le bleu n'est utilisé presque que par les Bourbons de France.

Les quelques autres exceptions sont les archiduchesses d'Autriche sœurs !

Cher Lucius,
La bande d'hermine sur manteau de velours bleu de la jeune princesse de Savoie aurait donc été contraire à l'étiquette inhérente entre les maisons souveraines ?

Lucius a écrit: Le bleu n'est utilisé presque que par les Bourbons de France.

Tiens, est-ce étonnant !

Dominique Poulin a écrit:Cher Lucius,
La bande d'hermine sur manteau de velours bleu de la jeune princesse de Savoie aurait donc été contraire à l'étiquette inhérente entre les maisons souveraines ?

C'est contraire aux habitudes iconographique et emblématique de cette maison particulière. Mais ce n'est pas une question de protocole/étiquette.
L'hermine n'est pas en bande, elle double intégralement les manteaux de ce genre.

Mme de Sabran a écrit:

Lucius a écrit: Le bleu n'est utilisé presque que par les Bourbons de France.

Tiens, est-ce étonnant !  

Le bleu est une couleur royale en France à l'époque moderne, donc il nous paraît évident que ce la soit pour les autres, mais non ! La couleur du pouvoir en Europe est le rouge, et ses dérivés (orangés, violets ...) que l'on trouve aussi en France, en minorité face au bleu.

D'autres manteaux :
quelques rares bleus chez les Habsbourgs




le très classique rouge



et une variation

Dominique Poulin a écrit:Cher Lucius,
La bande d'hermine sur manteau de velours bleu de la jeune princesse de Savoie aurait donc été contraire à l'étiquette inhérente entre les maisons souveraines ?

Si le portrait fut peint peu après le mariage de la princesse à un prince de la maison de France la raison du manteau bleu devient évidente et non problématique.

Non, le portrait date du début des années 1760 lorsque Marie-Joséphine n'était que princesse de Savoie et non pas princesse de la maison de France par son mariage qui ne se fera qu'en 1771.