Portraits de Marie-Antoinette dans les prisons du Temple et de la Conciergerie

Vicq d Azir a écrit:Avez-vous remarqué que sur les représentations fin XIXe de la Reine, le peintre lui fait la tête de l’Impératrice ( Eugènie ) ?

Bien vu.

S'il n'est pas très joliment peint, du moins son sujet est-il atypique...
Présenté prochainement en vente aux enchères :

Ecole du XIXème siècle
Marie-Antoinette représentée par le peintre à la prison du Temple
Huile sur toile marouflé sur panneau, cadre en bois doré portant le cartel M.FATH
26.5 x 35 cm A vue




* Source et infos complémentaires : Hôtel des ventes de Poitiers - Vente du 30 novembre 2019


Bon...

Il est dit que plusieurs peintres seraient parvenus à entrer au Temple afin de réaliser des portraits de la famille royale ; le plus célèbre, car cité au procès de Marie-Antoinette, est Alexandre Kurcharski qui aura l'occasion de dessiner au pastel un portrait de Marie-Antoinette au début de l'année 1793.

1er avril 1793, sur le réquisitoire du procureur de la commune, le Conseil Général arrête : " Qu'aucune personne de garde au Temple ou autrement ne pourra y dessiner quoi que ce soit et que si quelqu'un est surpris en contravention au présent arrêté, il sera sur le champ mis en état d'arrestation et amené au Conseil général faisant en cette partie les fonctions de Gouvernement " (Archives Nationales, Police Générale F. 7. 4391).


Voir nos discussions pour tenter de déterminer quel fut le portrait " original " qui a inspiré tant de copies, ici :

Marie-Antoinette à la prison du Temple, par Alexandre Kucharsky (Kucharki), 1793

Cette peinture est dans un piteux état mais c'est une occasion de présenter, avec ses références cette fois-ci, la grande version exposée encore aujourd'hui à la Conciergerie.

Sera donc prochainement présenté en vente aux enchères...

- Marie-Antoinette à la Conciergerie
Ecole française du début du XIXe siècle
Huile sur toile. 102,5 x 82 cm.
Accidents, enfoncements, craquelures, manques.

Provenance : Ancienne collection Étienne L’Éveillé, directeur de la Conciergerie sous Napoléon III


* Source et infos complémentaires : Lucien Paris - Vente Paris mon amour (18 mai 2021)



Nous reconnaissons une copie de l'oeuvre exposée dans l'oratoire de Marie-Antoinette, située sur l'ancienne cellule de Marie-Antoinette


Image de notre sujet : Marie-Antoinette. Combien de cellules à la Conciergerie ?


Marie-Antoinette dans son cachot
Gervais Simon
Huile sur toile, 1817
100,5 x 80,5 cm
La Conciergerie, Paris
Image : Bernard Acloque/ Centre des Monuments nationaux


Je cite un extrait de l'article publié en ligne " La cellule de la reine, oratoire de la Conciergerie ", dans lequel est notamment précisé :

A son retour en France en 1814, louis XVIII veut réconcilier le pays avec l’idéologie royale par une attitude de pardon. Mais le traumatisme des cent-Jours, en 1815, provoque les lois résolument expiatoires de janvier 1816 : bannissement des conventionnels régicides,sacralisation de la mémoire des rois martyrs.
La dernière lettre de Marie-Antoinette à Madame Élisabeth, bientôt connue comme « Testament de la reine », est alors retrouvée chez l’ex-conventionnel Courtois. Aussitôt, le ministre de la Police, le comte Élie Decazes, lit solennellement le document à la Chambre le 22 février 1816, avant une diffusion générale.  

Dès 1812, Decazes, alors président des Assises de la Seine (Paris), choqué par l’état de la cellule de la reine à la Conciergerie, avait rédigé un projet de sanctuarisation du lieu, non suivi par sa hiérarchie.

En 1816, c’est à son instigation que le préfet de la Seine, le comte de Chabrol, avec l’accord du conseil des prisons et l’approbation de Louis XVIII, fait ériger un oratoire dans le cachot de Marie-Antoinette.
L’« arrêté d’autorisation de travaux » est signé le 6 avril, juste avant l’ordonnance de restauration des caveaux royaux de Saint-Denis.  Le comte Decazes, favori du roi, prend à la charge de son ministère le coût des travaux, soit 5 095,79 francs.

L’architecte Peyre dit le Neveu est choisi pour transformer le cachot révolutionnaire et sanctifier « ce lieu de douleur ». Son accès est déplacé à l’arrière de la chapelle de la prison (aujourd’hui dite des Girondins). Dans ce prolongement, la partie de la pièce où se tenait la reine devient un oratoire dédié au recueillement et à la prière. Ses murs sont peints en faux marbre noir à larmes d’argent avec encadrements de marbre jaune veiné. La fenêtre reçoit un vitrail au chiffre de la reine.


Image : Bernard Acloque/ Centre des Monuments nationaux

Le message s’exprime dans le choix des inscriptions du cénotaphe et les sujets des tableaux qui ornent l’oratoire. Face à l’entrée, un panneau de marbre noir et larmes d’argent supporte un cénotaphe néoclassique, à pilastres et fronton triangulaire, de marbre blanc. deux épitaphes y sont gravées.  En haut, sur fond de marbre noir, la dédicace, en latin, est rédigée par Louis XVIII :

« Dans ce lieu, Marie-Antoinette-Jeanne d'Autriche veuve de Louis XVI, après la mort de son époux et l’enlèvement de ses enfants, fut jetée en prison et y demeura 76 jours dans l’anxiété, le deuil et l’abandon. mais, appuyée sur son courage, elle se montra dans les fers comme sur le trône, plus grande que la fortune.
Condamnée à mort par des scélérats, au moment même du trépas, elle écrivit ici un éternel monument de piété, de courage et de toutes les vertus, le 16 octobre 1793. Vous tous qui venez ici, adorez, admirez, priez. »

Sur le soubassement en marbre blanc est reproduit un extrait de la dernière lettre : « Que mon fils n’oublie jamais les derniers mots de son père que je lui répète expressément, qu’il ne cherche jamais à venger notre mort. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. »

Trois tableaux retracent le chemin de croix de la reine.  
Celui de Gervais Simon représente Marie-Antoinette dans sa cellule à la Conciergerie, après avoir reçu les secours de la religion.

Marie-Antoinette dans son cachot
Gervais Simon
Huile sur toile, 1817
100,5 x 80,5 cm
La Conciergerie, Paris
Image : Bernard Acloque/ Centre des Monuments nationaux

La reine est en deuil, dans la cellule d’origine où l’artiste avait exécuté des esquisses avant sa transformation. Les objets mobiliers représentés sont cités dans les inventaires de 1793.
L’oeuvre est accrochée au-dessus du petit autel qui marque l’emplacement du lit de Marie-Antoinette, dès l’inauguration de l’oratoire.

Dernier séjour d'une illustre victime
L'oratoire de Marie-Antoinette
Simonet fils (graveur)
Gravure coloriée, XIXe siècle
Image : Jean-Jacques Hautefeuille / Centre des monuments nationaux

Les deux autres toiles figurent au Salon de 1817, avant leur mise en place.


Image : Bernard Acloque/ Centre des Monuments nationaux

Jacques augustin Pajou représente Marie-Antoinette séparée de sa famille au Temple. (...) Michel Martin Drolling peint quant à lui la dernière communion de Marie-Antoinette à la Conciergerie, un épisode resté énigmatique : l’abbé Magnin, prêtre réfractaire, aurait célébré secrètement la messe dans la cellule de la reine, en présence de Mlle Fouché, tandis que deux gendarmes, complices, auraient tenu les flambeaux.
(...)


* Source texte : Béatrice de Parseval, chargée d ‘offre culturelle pour les monuments de l’ile de la Cité, Centre des monuments nationaux. Extraits de la monographie Marie-Antoinette, métamorphoses d’une image paru aux Éditions du patrimoine / Paris Conciergerie


La version du Marie-Antoinette dans son cachot, présentée en vente aux enchères, ne comporte pas de fleurs de lys illustrées sur le mur au dos de Marie-Antoinette, contrairement à la version de la Conciergerie.

Au sujet de ce décor mural, voir nos messages page 2 de ce sujet. Personnellement, je n'ai rien compris, et je n'ai pas envie de chercher à comprendre !!



Cependant, nous retrouvons bien, sur ces deux compositions, l'esquisse du tapis, réputé comme étant celui de la cellule de la reine, et toujours conservé à la Conciergerie.

Tapis de sol
Laine, XVIIIe siècle
La Conciergerie
Image : Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux



Pour les autres objets à la mémoire de la reine conservés à la Conciergerie, voir notre sujet :

La cellule de Marie-Antoinette à la Conciergerie

La nuit, la neige a écrit:

La version du Marie-Antoinette dans son cachot, présentée en vente aux enchères, ne comporte pas de fleurs de lys illustrées sur le mur au dos de Marie-Antoinette, contrairement à la version de la Conciergerie.  

Au sujet de ce décor mural, voir nos messages page 2 de ce sujet. Personnellement, je n'ai rien compris, et je n'ai pas envie de chercher à comprendre !!

Mouais ... cela me paraît bien bizarroïde aussi, ces fleurs de lys dans le cachot de la reine.
Je n'y crois pas trop.

Pourtant j'ai vu sur une émission un cachot avec mannequins représentant telle qu'était ce cachot. C'est où ? et comment est donc le cachot de la reine actuellement ? Je suis perdu...

Tout est expliqué dans notre sujet dont le lien est déjà cité ci-dessus, cher Mr ventier.
Depuis de récents travaux et réaménagements à la Conciergerie, la reconstitution que vous évoquez n'existe plus (si ce n'est virtuellement).

Voir nos commentaires et reportages photos, ici : La cellule de Marie-Antoinette à la Conciergerie

Merci je vous remercie
Il serait génial qu'un parisien du forum puisse organiser une visite pour les provinciaux

Hors contraintes sanitaires du satané covid,  nous faisons en effet des sorties communes toujours très sympathiques, cher M. Ventier, visites de musées, lieux, expositions, sans oublier notre Pique-Nique à Versailles .  Le calendrier que nous a exposé M. Macron hier nous laisse entrevoir le proche retour à une vie ( presque ) normale !  

Et surtout cet été au château de Breteuil (78)
Pour retrouver la troupe de mr Ventier. Pour decouvrir. qui a tué Jean De la Tour.......

Quoique le personnage dessiné ne lui ressemble guère, voici un tableau bien connu de Marie-Antoinette qui sera prochainement présenté en vente aux enchères...

La reine Marie-Antoinette, prisonnière à la Conciergerie
Charles-Louis-Lucien Muller (Paris 1815 - 1892)
Panneau, une planche, non parqueté, sans cadre
41 x 32 cm



Note au catalogue :

Réplique du tableau exposé au Salon de 1857 sous le n°1982

* Source et infos complémentaires : Tessier Sarou - Vente Paris Drouot, le 27 mars 2023



La version exposée au Salon de 1857 est probablement (mais ce n'est pas précisé) celle aujourd'hui conservée au château de Versailles, et que nous avons parfois utilisée afin d'illustrer ici divers sujets. Les traits de Marie-Antoinette sont déjà un peu plus réussis...


Marie-Antoinette à la Conciergerie : le bénédicité
Charles-Louis Muller
Huile sur panneau (acajou ?), 1857
H. 95 ; L. 74 cm (hors cadre)
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin




Nous avons déjà présenté ici quelques oeuvres de ce Charles-Louis Müller (1815-1892), connu comme peintre d'histoire, peintre de genre, portraitiste et décorateur, notamment celles liées à l'histoire du 18e siècle et de la Révolution, dont ses nombreuses versions de " L'Appel des dernières victimes de la Terreur "...

The Roll Call of the Last Victims of the Terror
Charles-Louis-Lucien Muller
Oil on Canvas, c. 1845 / 1855
Image : George F. Harding Collection / Art Institute of Chicago

Voir notre sujet : Les prisons parisiennes durant la Révolution française

Sa non moins célèbre représentation de...

Charlotte Corday en prison
D'après Charles-Louis Muller
Version originale, localisation inconnue
Image : Commons wikimedia


Ou encore, dans un goût bien moins larmoyant...



La famille royale au Trianon
Charles-Louis Muller
Huile sur toile, 19e siècle
Signé C.L Muller
H. 97 cm L. 75,5 cm (sans cadre)
Image : Musée des beaux-arts et d'archéologie de Libourne

Présentation du musée :

En 1831, Müller devient à quinze ans l’élève de Gros et de Cogniet à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Il débute au Salon de 1834 et ses tableaux, inspirés par les évènements historiques, sont remarqués.
Il faut citer le tableau commandé par la Direction des Beaux-Arts en 1850 : Appel des dernières victimes de la Terreur dans la prison de St Lazare, 7, 9 Thermidor ( 5,05 x 8,90 m, Versailles, musée national du Château ). Cette toile, où une vingtaine de portraits historiques groupés autour d’André Chénier, représente tout ce que la Révolution a sacrifié de plus illustre, sera celle à laquelle on associera le nom du peintre.

Müller fut un des peintres les plus appréciés de son époque et ses œuvres ont été popularisées par les gravures. Son œuvre repose, pour la plus grande partie, sur l’histoire anecdotique de la fin de l’Ancien Régime et de la Révolution. Le peintre contribuera également au XIXe à l’illustration d’une légende autour du roi Louis XVI et de sa famille. Müller joint à des qualités de coloriste une fidélité intelligente du caractère des personnages et des costumes. Il a le goût des arrangements savamment ordonnés et des effets habilement compris.

* Source texte : Estelle Moulineau / Libourne, musée des beaux-arts et d'archéologie

Prochainement présenté en vente aux enchères...

Marie-Antoinette dans la prison du Temple
Jean Lubin VAUZELLE (Angerville la Gâte 1776-Paris 1839)
Plume et encre noire, aquarelle.
Signé en bas à droite Vauzelle Dell.
18 x 15 cm

Provenance : collection de Madame Gabriel Delessert, née Valentine de la Borde ; donné à E. Eucénée (?) ; vente anonyme, Paris, Hôtel Drouot, 27 octobre 2017, n° 63, reproduit.



Note au catalogue

Élève de Hubert Robert et Jean-Charles Nicaise Perrin, Vauzelle expose au Salon jusqu’en 1837. Il montre un intérêt particulier pour l’architecture. Proche d’Alexandre Lenoir il dessine les différentes salles du musée des Monuments français, En 1800, il accompagne le comte de Laborde dans un périple en Espagne. Les dessins qu’il en rapporta furent publiés dans l’ouvrage, Voyage pittoresque en Espagne, en 1806.

* Source et infos complémentaires : Crait Muller - Paris, vente du 23 juin 2023



Une aquarelle que nous connaissons pour l'avoir déjà présentée en 2017.    C'était à l'occasion d'une autre vente aux enchères, et le dessin était alors présenté comme un portrait de Marie-Antoinette à la Conciergerie.  

La nuit, la neige a écrit:Voici une aquarelle, qui passera prochainement en vente aux enchères à Droutot-Paris, le 27 octobre 2017, et présentée par l'étude L'Huillier & Associés Hubert L'Huillier et Roman de Pontac


Marie-Antoinette à la Conciergerie
Jean-Lubin VAUZELLE (1776-1837)
Aquarelle, signée en bas à droite.
18 x 15 cm

Etant entendu qu'il ne s'agit pas d'une représentation exacte de l'une ou l'autre des cellules de Marie-Antoinette (Temple et ou Conciergerie), je vous renvoie à la lecture de nos messages passés, avec notamment des illustrations de nombreuses autres oeuvres de cet artiste.  

C'est ici : Portraits de Marie-Antoinette au Temple et à la Conciergerie

La nuit, la neige a écrit:Etant entendu qu'il ne s'agit pas d'une représentation exacte de l'une ou l'autre des cellules de Marie-Antoinette (Temple et ou Conciergerie), je vous renvoie à la lecture de nos messages passés, avec notamment des illustrations de nombreuses autres oeuvres de cet artiste.  

En effet.  Dans la cellule de la reine, par exemple, le dallage au sol était posé en chevron.
Et que dire de la haute fenêtre et la grande cheminée !  C'est clair, presque confortable.

Une photo ancienne .

Maison de justice de la Conciergerie : cellule de Marie-Antoinette (au premier plan, porte murée dans le haut de façon à faire courber la tête) : [photographie de presse] / Agence Meurisse Agence de presse Meurisse. Agence photographique (commanditaire)