Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
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Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Georges Jacob (Cheny, 6 juillet 1739 — Paris 5 juillet 1814), reçu maître en 1765, est le plus célèbre et aussi le plus prolifique des menuisiers en sièges du XVIIIème siècle français. Il est le fondateur d'une dynastie ; deux de ses trois fils, Georges II Jacob (1768-1803) et François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter (1770-1841), seront menuisiers et ébénistes, puis son petit-fils Alphonse Jacob-Desmalter (1799-1870) prolongera la renommée du nom de Jacob jusqu'au règne de Louis Philippe.
Depuis le règne de Louis XV jusqu'au Consulat, Georges Jacob produit une quantité incalculable de sièges, de toutes espèces et d'une grande richesse d'invention.
Voici sa biographie par Wiki :
Biographie
Fils d’Étienne Jacob (1705-1755) et de Françoise Beaujan, il naît à Cheny (actuel département de l'Yonne) dans une famille de laboureurs. À la mort de son père en 1755, il est recueilli à Paris par sa tante Madelaine Jacob, veuve d'un charcutier de la rue de Charenton dans le faubourg Saint-Antoine. Elle le place en apprentissage le 3 août 1756 chez son propre gendre Jean-Baptiste Lerouge, installé comme maître menuisier également rue de Charenton. Il y rencontre Louis Delanois qui est alors compagnon dans cet atelier. Une fois celui-ci devenu maître, Georges Jacob intègre son atelier comme compagnon. Le 4 septembre 1765, il est reçu maître en présentant un petit siège en bois doré.
Avec l'appui de son maître, il lui fut permis de s’établir sans prendre la succession d’un autre maître menuisier, pratique plutôt rare à l’époque. En 1767, rompant avec la tradition du mariage avec une fille ou une veuve d'ébéniste, il épouse Jeanne-Germaine Loyer, issue d'une famille de maîtres brodeurs, qui lui donne cinq enfants.
En 1777, Louis Delanois, confronté à de sérieuses difficultés financières, est forcé de vendre son atelier à son confrère Martin Jullien, et se retire. À compter de cette époque, le seul rival sérieux de Jacob est Jean-Baptiste-Claude Sené.
Établi d'abord rue de Clery, la rue des artisans du siège au XVIIIème siècle, Georges Jacob transporte ses ateliers rue Meslée en 1775. C'est là que se déroulera la période la plus notable de sa carrière, et que seront exécutées les grandes commandes royales. Sa clientèle est des plus brillantes. Il travaille peu pour le roi, les commandes du Garde-Meuble de la Couronne allant plutôt à Sené et Francois II Foliot ; mais il a la faveur de la reine Marie-Antoinette, des frères du roi, en particulier le comte de Provence, futur Louis XVIII, qui le nomme en 1781 son « ébéniste ordinaire », et du comte d’Artois, futur Charles X, du prince de Condé, du duc de Penthièvre et des cours étrangères, notamment des princes allemands comme le futur George IV d'Angleterre ou Gustave III de Suède.
Georges Jacob, fauteuil appartenant au mobilier aux Epis pour la chambre à coucher de la reine Marie-Antoinette dite "du Treillage" au Petit Trianon
Georges Jacob, canapé (d'une suite de deux fauteuils et de quatre chaises), 1777, livré pour le boudoir turc du comte d'Artois au palais du Temple
Georges Jacob, un fauteuil et une chaise d'un ensemble comportant 2 fauteuils et 6 chaises, château de Versailles
À la fin des années 1780, Georges Jacob réalise des sièges inspirés de l'antiquité greco-romaine, dessinés par le peintre Jacques-Louis David, pour son atelier, et que ce dernier fera figurer dans plusieurs de ses tableaux, notamment dans Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils, exposé au Salon de 1789 (conservé au musée du Louvre par la suite). C'est sans doute l'amitié qui lie les deux artistes et la puissante protection de David qui permet à Jacob de traverser la période révolutionnaire sans être trop inquiété des rapports qu'il a entretenus avec les princes de la maison royale et les différents membres de l'aristocratie.
Pourtant la Révolution le met dans une situation financière difficile. Nombre de ses clients émigrent sans payer leur dettes, et le comte d'Artois, à lui seul, lui doit 85 000 livres.
Il fait banqueroute en 1796 et transmet son atelier à ses deux fils. Georges Jacob Fils et François-Honoré créent l’entreprise Jacob Frères Rue Meslée, qui sera active sous le Directoire et le Consulat.
À la mort de Georges Jacob fils en 1803, cette société disparaîtra et Georges Jacob père fondera une troisième société, avec son fils François-Honoré, intitulée Jacob Desmalter et Cie (du nom d'une terre, les Malterres, qu'ils possédaient à Cheny). Il semble en réalité que Georges Jacob, tout en continuant à conseiller ses fils, n'ait jamais réellement cessé son activité productrice après 1796. On connait de nombreux sièges exécutés sous le Consulat qui portent son estampille.
La société Jacob Desmalter bénéficie de la protection de l'Empereur et fournit une bonne partie du très important mobilier commandé pour les résidences impériales. Elle fera cependant faillite en 1813 ; nouvelle illustration d'une époque où ces artisans avaient les plus grandes difficultés à se faire payer leur travail, tout en devant recourir à une main d'œuvre nombreuse pour tenir des délais tendus. Cette seconde faillite est un coup de grâce pour Georges Jacob. Après un séjour dans une maison de santé sur la colline de Chaillot, il meurt ruiné le 5 juillet 1814, à son domicile de la rue Meslée et sa fille Céline lui succède.
Une production incalculable
Les ateliers de la rue Meslée ont produit un nombre de sièges dont il serait difficile de donner une estimation. Pour bien se rendre compte, il faut savoir qu'au plus fort de son activité, l'atelier de Georges Jacob, dans les années 1780, emploie plusieurs centaines d'ouvriers en même temps (certains auteurs avancent le chiffre de 700), et que, sous l'Empire, la compagnie Jacob Desmalter emploie quelque 350 ouvriers.
Les ateliers de Georges Jacob réalisent toutes sortes de sièges. Des "meubles" de salon comprenant des canapés de différentes tailles, de grands fauteuils "meublants", c'est-à-dire destinés à prendre place le long des murs, des fauteuils "volants", plus légers pouvant être déplacés au gré des conversations, de larges bergères, des marquises (petits canapés à deux places), des tabourets, des tabourets de pieds, des écrans de feu, mais également des paravents, des consoles, des bois de lit. Des chaises longues appelées duchesses, en bateau ou brisées, suivant qu'elles sont en une ou plusieurs parties. Pour la salle à manger, pièce qui fait son apparition au milieu du xviiie, sont réalisées des séries de chaises. Pour les salons de jeux sont livrés différents sièges spécialisés, comme les voyeuses à califourchon, destinés au hommes, et les voyeuses à genoux, où les femmes s'agenouillent comme sur un prie-Dieu. Dans les deux cas ces voyeuses, ou ponteuses, sont destinées à suivre les parties qui se jouent, et le haut des dossiers est équipé d'une manchette rembourrée, pour appuyer les coudes. Des fauteuils pivotants sont réalisés comme sièges de bureau. Il faut aussi mentionner les sièges et les prie-Dieu pour les chapelles privées et les églises.
Fauteuil de la chambre de la reine Marie-Antoinette au rez-de-chaussée du château de Versailles, 1788
Georges Jacob, canapé de forme nouvelle, appartenant au mobilier réalisé pour la comtesse de Balbi (aujourd'hui dans le cabinet des glaces mouvantes, au Petit Trianon)
Mobilier comprenant deux fauteuils et quatre chaises, provenant du Salon des Jeux de Saint Cloud (aujourd'hui au château de Chantilly)
Georges Jacob, fauteuil provenant de la chambre de parade du duc de Penthièvre à l'Hôtel de Toulouse (aujourd'hui au Metropolitan Museum, New York)
Des innovations décisives
Les sièges Louis XV, estampillés Jacob, sont relativement peu nombreux, et n'offrent pas de particularité notable. On y retrouve les galbes peu accusés de la fin du règne, et les décors sculptés de fleurettes et de feuillages. Les plus intéressants sont les plus sobres, dont les lignes très élégantes, soulignées de fines et souples moulures, témoignent d'un grand talent.
Sa production de sièges Louis XVI, dont la typologie apparaît bien avant la fin du règne de Louis XV, autour de 1768, est abondante et innovante. Georges Jacob subit en cela l'influence de son apprentissage chez Louis Delanois, qui fut le premier à réaliser des sièges néoclassiques pour Stanislas II de Pologne, vers 1768 et pour les appartements de la comtesse du Barry, à Versailles, en 1769.
Que Georges Jacob ait été l'inventeur ou non de tel motif décoratif, de tel profil, ou de tel détail de sculpture importe peu. Il ne faut pas négliger ici le rôle qu'ont pu jouer les ornemanistes et architectes comme Jean Charles Delafosse, Richard de Lalonde ou Jean-Louis Prieur (1732-1795), pour ne citer qu'eux.
Jacob, innove, trouve des solutions techniques pour transposer les nouvelles formes en menuiserie et il en fut le principal diffuseur :
Le pied en console. Les premières manifestations du style néoclassique, ou style Louis XVI, dans les arts décoratifs, appelé à l'époque style "grec", ou "à la grecque", et que l'on désigne aujourd'hui sous le vocable un peu barbare de "Style Transition", se traduisent dans les sièges de Jacob par l'emploi de pieds en consoles, qui conservent un galbe Louis XV, mais dont le sommet est orné d'une large feuille d'acanthe et d'un enroulement en crosse tout à fait néoclassique, et dont la partie inférieure se termine par une chandelle tournée en toupie caractéristique des sièges louis XVI. Motif également caractéristique, un triangle sculpté d'un feuillage d'acanthe apparaît souvent au raccordement des accotoirs et du dossier.
Les pieds fuselés, sculptés de cannelures rudentées, qui se raccordent à la ceinture par un dé orné d'une rosace, sont un motif qui deviendra courant dans la majorité des sièges Louis XVI, mais que Louis Delanois et Georges Jacob furent les premiers à utiliser.
Les accotoirs des fauteuils Louis XVI se raccordent aux dossiers par une élégante courbe ascendante ininterrompue, et dessinent également une courbe pour rejoindre une culée placée au sommet des pieds. Il s'agit, là encore, d'une disposition devenue classique, mais que Jacob sera l'un des premiers à généraliser. Il est également le promoteur des supports d'accotoirs en forme de balustre diversement profilés, qui se généraliseront sous le Directoire.
La sculpture. Georges Jacob n'a pas l'apanage des beaux sièges sculptés, précédé en cela par de grands maîtres comme Nicolas Heurtaut. La sculpture d'un siège est un poste important de son prix de fabrication ; et deux sièges, tirés d'un même gabarit, peuvent être livrés avec des qualités de sculpture très différentes. À côté d'une production de base simplement moulurée, la majorité des sièges de Georges Jacob qui nous sont parvenus, sont ornés d'une sculpture assez abondante (perles, entrelacs, acanthe, piastres, cannelures torses, mufles d'animaux…). Ces sculptures semblent avoir été habituellement réalisées au sein de l'atelier Jacob, par des sculpteurs intégrés aux équipes de production. Pour certaines commandes prestigieuses, comme pour des sièges livrés pour le Garde Meuble de la Reine, dont la sculpture virtuose décrit fleurs de lilas, passementerie ajourées, etc. Jacob, comme ses confrères, est obligé de faire appel à des sculpteurs comme Jean Baptiste Rode.
L'évidement de la face interne de la ceinture des sièges. Les sièges sortis de l'atelier de Georges Jacob se reconnaissent, notamment, par l'évidement de leur ceinture, technique destinée à en diminuer le poids. Seul Jean Baptiste Sené reprendra cette particularité à son compte.
Depuis le règne de Louis XV jusqu'au Consulat, Georges Jacob produit une quantité incalculable de sièges, de toutes espèces et d'une grande richesse d'invention.
Voici sa biographie par Wiki :
Biographie
Fils d’Étienne Jacob (1705-1755) et de Françoise Beaujan, il naît à Cheny (actuel département de l'Yonne) dans une famille de laboureurs. À la mort de son père en 1755, il est recueilli à Paris par sa tante Madelaine Jacob, veuve d'un charcutier de la rue de Charenton dans le faubourg Saint-Antoine. Elle le place en apprentissage le 3 août 1756 chez son propre gendre Jean-Baptiste Lerouge, installé comme maître menuisier également rue de Charenton. Il y rencontre Louis Delanois qui est alors compagnon dans cet atelier. Une fois celui-ci devenu maître, Georges Jacob intègre son atelier comme compagnon. Le 4 septembre 1765, il est reçu maître en présentant un petit siège en bois doré.
Avec l'appui de son maître, il lui fut permis de s’établir sans prendre la succession d’un autre maître menuisier, pratique plutôt rare à l’époque. En 1767, rompant avec la tradition du mariage avec une fille ou une veuve d'ébéniste, il épouse Jeanne-Germaine Loyer, issue d'une famille de maîtres brodeurs, qui lui donne cinq enfants.
En 1777, Louis Delanois, confronté à de sérieuses difficultés financières, est forcé de vendre son atelier à son confrère Martin Jullien, et se retire. À compter de cette époque, le seul rival sérieux de Jacob est Jean-Baptiste-Claude Sené.
Établi d'abord rue de Clery, la rue des artisans du siège au XVIIIème siècle, Georges Jacob transporte ses ateliers rue Meslée en 1775. C'est là que se déroulera la période la plus notable de sa carrière, et que seront exécutées les grandes commandes royales. Sa clientèle est des plus brillantes. Il travaille peu pour le roi, les commandes du Garde-Meuble de la Couronne allant plutôt à Sené et Francois II Foliot ; mais il a la faveur de la reine Marie-Antoinette, des frères du roi, en particulier le comte de Provence, futur Louis XVIII, qui le nomme en 1781 son « ébéniste ordinaire », et du comte d’Artois, futur Charles X, du prince de Condé, du duc de Penthièvre et des cours étrangères, notamment des princes allemands comme le futur George IV d'Angleterre ou Gustave III de Suède.
Georges Jacob, fauteuil appartenant au mobilier aux Epis pour la chambre à coucher de la reine Marie-Antoinette dite "du Treillage" au Petit Trianon
Georges Jacob, canapé (d'une suite de deux fauteuils et de quatre chaises), 1777, livré pour le boudoir turc du comte d'Artois au palais du Temple
Georges Jacob, un fauteuil et une chaise d'un ensemble comportant 2 fauteuils et 6 chaises, château de Versailles
À la fin des années 1780, Georges Jacob réalise des sièges inspirés de l'antiquité greco-romaine, dessinés par le peintre Jacques-Louis David, pour son atelier, et que ce dernier fera figurer dans plusieurs de ses tableaux, notamment dans Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils, exposé au Salon de 1789 (conservé au musée du Louvre par la suite). C'est sans doute l'amitié qui lie les deux artistes et la puissante protection de David qui permet à Jacob de traverser la période révolutionnaire sans être trop inquiété des rapports qu'il a entretenus avec les princes de la maison royale et les différents membres de l'aristocratie.
Pourtant la Révolution le met dans une situation financière difficile. Nombre de ses clients émigrent sans payer leur dettes, et le comte d'Artois, à lui seul, lui doit 85 000 livres.
Il fait banqueroute en 1796 et transmet son atelier à ses deux fils. Georges Jacob Fils et François-Honoré créent l’entreprise Jacob Frères Rue Meslée, qui sera active sous le Directoire et le Consulat.
À la mort de Georges Jacob fils en 1803, cette société disparaîtra et Georges Jacob père fondera une troisième société, avec son fils François-Honoré, intitulée Jacob Desmalter et Cie (du nom d'une terre, les Malterres, qu'ils possédaient à Cheny). Il semble en réalité que Georges Jacob, tout en continuant à conseiller ses fils, n'ait jamais réellement cessé son activité productrice après 1796. On connait de nombreux sièges exécutés sous le Consulat qui portent son estampille.
La société Jacob Desmalter bénéficie de la protection de l'Empereur et fournit une bonne partie du très important mobilier commandé pour les résidences impériales. Elle fera cependant faillite en 1813 ; nouvelle illustration d'une époque où ces artisans avaient les plus grandes difficultés à se faire payer leur travail, tout en devant recourir à une main d'œuvre nombreuse pour tenir des délais tendus. Cette seconde faillite est un coup de grâce pour Georges Jacob. Après un séjour dans une maison de santé sur la colline de Chaillot, il meurt ruiné le 5 juillet 1814, à son domicile de la rue Meslée et sa fille Céline lui succède.
Une production incalculable
Les ateliers de la rue Meslée ont produit un nombre de sièges dont il serait difficile de donner une estimation. Pour bien se rendre compte, il faut savoir qu'au plus fort de son activité, l'atelier de Georges Jacob, dans les années 1780, emploie plusieurs centaines d'ouvriers en même temps (certains auteurs avancent le chiffre de 700), et que, sous l'Empire, la compagnie Jacob Desmalter emploie quelque 350 ouvriers.
Les ateliers de Georges Jacob réalisent toutes sortes de sièges. Des "meubles" de salon comprenant des canapés de différentes tailles, de grands fauteuils "meublants", c'est-à-dire destinés à prendre place le long des murs, des fauteuils "volants", plus légers pouvant être déplacés au gré des conversations, de larges bergères, des marquises (petits canapés à deux places), des tabourets, des tabourets de pieds, des écrans de feu, mais également des paravents, des consoles, des bois de lit. Des chaises longues appelées duchesses, en bateau ou brisées, suivant qu'elles sont en une ou plusieurs parties. Pour la salle à manger, pièce qui fait son apparition au milieu du xviiie, sont réalisées des séries de chaises. Pour les salons de jeux sont livrés différents sièges spécialisés, comme les voyeuses à califourchon, destinés au hommes, et les voyeuses à genoux, où les femmes s'agenouillent comme sur un prie-Dieu. Dans les deux cas ces voyeuses, ou ponteuses, sont destinées à suivre les parties qui se jouent, et le haut des dossiers est équipé d'une manchette rembourrée, pour appuyer les coudes. Des fauteuils pivotants sont réalisés comme sièges de bureau. Il faut aussi mentionner les sièges et les prie-Dieu pour les chapelles privées et les églises.
Fauteuil de la chambre de la reine Marie-Antoinette au rez-de-chaussée du château de Versailles, 1788
Georges Jacob, canapé de forme nouvelle, appartenant au mobilier réalisé pour la comtesse de Balbi (aujourd'hui dans le cabinet des glaces mouvantes, au Petit Trianon)
Mobilier comprenant deux fauteuils et quatre chaises, provenant du Salon des Jeux de Saint Cloud (aujourd'hui au château de Chantilly)
Georges Jacob, fauteuil provenant de la chambre de parade du duc de Penthièvre à l'Hôtel de Toulouse (aujourd'hui au Metropolitan Museum, New York)
Des innovations décisives
Les sièges Louis XV, estampillés Jacob, sont relativement peu nombreux, et n'offrent pas de particularité notable. On y retrouve les galbes peu accusés de la fin du règne, et les décors sculptés de fleurettes et de feuillages. Les plus intéressants sont les plus sobres, dont les lignes très élégantes, soulignées de fines et souples moulures, témoignent d'un grand talent.
Sa production de sièges Louis XVI, dont la typologie apparaît bien avant la fin du règne de Louis XV, autour de 1768, est abondante et innovante. Georges Jacob subit en cela l'influence de son apprentissage chez Louis Delanois, qui fut le premier à réaliser des sièges néoclassiques pour Stanislas II de Pologne, vers 1768 et pour les appartements de la comtesse du Barry, à Versailles, en 1769.
Que Georges Jacob ait été l'inventeur ou non de tel motif décoratif, de tel profil, ou de tel détail de sculpture importe peu. Il ne faut pas négliger ici le rôle qu'ont pu jouer les ornemanistes et architectes comme Jean Charles Delafosse, Richard de Lalonde ou Jean-Louis Prieur (1732-1795), pour ne citer qu'eux.
Jacob, innove, trouve des solutions techniques pour transposer les nouvelles formes en menuiserie et il en fut le principal diffuseur :
Le pied en console. Les premières manifestations du style néoclassique, ou style Louis XVI, dans les arts décoratifs, appelé à l'époque style "grec", ou "à la grecque", et que l'on désigne aujourd'hui sous le vocable un peu barbare de "Style Transition", se traduisent dans les sièges de Jacob par l'emploi de pieds en consoles, qui conservent un galbe Louis XV, mais dont le sommet est orné d'une large feuille d'acanthe et d'un enroulement en crosse tout à fait néoclassique, et dont la partie inférieure se termine par une chandelle tournée en toupie caractéristique des sièges louis XVI. Motif également caractéristique, un triangle sculpté d'un feuillage d'acanthe apparaît souvent au raccordement des accotoirs et du dossier.
Les pieds fuselés, sculptés de cannelures rudentées, qui se raccordent à la ceinture par un dé orné d'une rosace, sont un motif qui deviendra courant dans la majorité des sièges Louis XVI, mais que Louis Delanois et Georges Jacob furent les premiers à utiliser.
Les accotoirs des fauteuils Louis XVI se raccordent aux dossiers par une élégante courbe ascendante ininterrompue, et dessinent également une courbe pour rejoindre une culée placée au sommet des pieds. Il s'agit, là encore, d'une disposition devenue classique, mais que Jacob sera l'un des premiers à généraliser. Il est également le promoteur des supports d'accotoirs en forme de balustre diversement profilés, qui se généraliseront sous le Directoire.
La sculpture. Georges Jacob n'a pas l'apanage des beaux sièges sculptés, précédé en cela par de grands maîtres comme Nicolas Heurtaut. La sculpture d'un siège est un poste important de son prix de fabrication ; et deux sièges, tirés d'un même gabarit, peuvent être livrés avec des qualités de sculpture très différentes. À côté d'une production de base simplement moulurée, la majorité des sièges de Georges Jacob qui nous sont parvenus, sont ornés d'une sculpture assez abondante (perles, entrelacs, acanthe, piastres, cannelures torses, mufles d'animaux…). Ces sculptures semblent avoir été habituellement réalisées au sein de l'atelier Jacob, par des sculpteurs intégrés aux équipes de production. Pour certaines commandes prestigieuses, comme pour des sièges livrés pour le Garde Meuble de la Reine, dont la sculpture virtuose décrit fleurs de lilas, passementerie ajourées, etc. Jacob, comme ses confrères, est obligé de faire appel à des sculpteurs comme Jean Baptiste Rode.
L'évidement de la face interne de la ceinture des sièges. Les sièges sortis de l'atelier de Georges Jacob se reconnaissent, notamment, par l'évidement de leur ceinture, technique destinée à en diminuer le poids. Seul Jean Baptiste Sené reprendra cette particularité à son compte.
Dernière édition par Duc d'Ostrogothie le Dim 07 Jan 2018, 10:01, édité 2 fois
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Bon, ben moi, après avoir vu tout ça, j'arrête IKEA.
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7398
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Merci pour cet exposé illustré !
Jacques-Louis David
Les Licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils
Photo (C) RMN-Grand Palais / Gérard Blot / Christian Jean
Mais aussi....
Jacques-Louis David
Les Amours de Pâris et Hélène, 1789
Photo (C) RMN-Grand Palais / Gérard Blot
Jacques-Louis DAVID (Paris, 1748 - Bruxelles, 1825)
Madame Récamier, née Julie (dite Juliette) Bernard, 1800
Photo : Musée du Louvre
* Source : http://www.cheny.net/personnalites/jacob/documents_01.html
Bon...
La famille Jacob, rue Meslée (Meslay) - Toile de Charles Lepeintre - 1792
De gauche à droite : Mme Jeanne Jacob, Elisabeth-Germaine, Georges l'aîné, Marie-Victoire, Louis,
Georges Jacob, François-Honoré-Georges. Au premier plan, le chien de la maison : Papillon.
(collection Goyon)
* Source : http://www.cheny.net/personnalites/jacob/famille_01.html
Duc d'Ostrogothie a écrit:À la fin des années 1780, Georges Jacob réalise des sièges inspirés de l'antiquité greco-romaine, dessinés par le peintre Jacques-Louis David, pour son atelier, et que ce dernier fera figurer dans plusieurs de ses tableaux, notamment dans Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils, exposé au Salon de 1789 (conservé au musée du Louvre par la suite).
Jacques-Louis David
Les Licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils
Photo (C) RMN-Grand Palais / Gérard Blot / Christian Jean
Mais aussi....
Jacques-Louis David
Les Amours de Pâris et Hélène, 1789
Photo (C) RMN-Grand Palais / Gérard Blot
Jacques-Louis DAVID (Paris, 1748 - Bruxelles, 1825)
Madame Récamier, née Julie (dite Juliette) Bernard, 1800
Photo : Musée du Louvre
Ah ? Intéressant...Duc d'Ostrogothie a écrit: C'est sans doute l'amitié qui lie les deux artistes et la puissante protection de David qui permet à Jacob de traverser la période révolutionnaire sans être trop inquiété des rapports qu'il a entretenus avec les princes de la maison royale et les différents membres de l'aristocratie.
Ah ? Intéressant...Duc d'Ostrogothie a écrit:
À la mort de Georges Jacob fils en 1803, cette société disparaîtra et Georges Jacob père fondera une troisième société, avec son fils François-Honoré, intitulée Jacob Desmalter et Cie (du nom d'une terre, les Malterres, qu'ils possédaient à Cheny).
* Source : http://www.cheny.net/personnalites/jacob/documents_01.html
Bon...
Faillite sur faillite après avoir travaillé pour la clientèle la plus riche et la plus puissante du XVIIIe et début du XIXe siècle...Duc d'Ostrogothie a écrit:Cette seconde faillite est un coup de grâce pour Georges Jacob. Après un séjour dans une maison de santé sur la colline de Chaillot, il meurt ruiné le 5 juillet 1814, à son domicile de la rue Meslée et sa fille Céline lui succède.
La famille Jacob, rue Meslée (Meslay) - Toile de Charles Lepeintre - 1792
De gauche à droite : Mme Jeanne Jacob, Elisabeth-Germaine, Georges l'aîné, Marie-Victoire, Louis,
Georges Jacob, François-Honoré-Georges. Au premier plan, le chien de la maison : Papillon.
(collection Goyon)
* Source : http://www.cheny.net/personnalites/jacob/famille_01.html
La nuit, la neige- Messages : 18054
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Comtesse Diane a écrit:Bon, ben moi, après avoir vu tout ça, j'arrête IKEA.
Bravo, comtesse . D'ailleurs, avez-vous remarqué que si on change 4 lettres à "Ikea", ça fait "Jacob" ?
La nuit, la neige a écrit:Duc d'Ostrogothie a écrit:
À la mort de Georges Jacob fils en 1803, cette société disparaîtra et Georges Jacob père fondera une troisième société, avec son fils François-Honoré, intitulée Jacob Desmalter et Cie (du nom d'une terre, les Malterres, qu'ils possédaient à Cheny).
Ah ? Intéressant...
Le père de Jacob était agriculteur à Cheny. Sa mère, charcutière. "Malterres" signifie sans doute que les terres en question n'étaient pas très fertiles...
La nuit, la neige a écrit:
Faillite sur faillite après avoir travaillé pour la clientèle la plus riche et la plus puissante du XVIIIe et début du XIXe siècle...
Les riches achetaient à crédit et mettaient en difficulté les artisans. Gaudoin a également fait faillite en 1777 car il n'était pas payé.
Par exemple, le comte de Provence, principal client de Jacob, lui avait acheté pour 140 120 livres de meubles entre 1781 et 1786 mais substitua aux paiements comptant qu'il devait, des rentes viagères payables aux membres de la famille Jacob. Or, lorsqu'il passa la frontière en 1791, Provence restait encore devoir 85 000 livres à Jacob.
Voici ce que Jacob a livré à Provence (source : "Jacob et son temps", de Michel Beurdeley) :
- "574" lits ( ) dont 15 à impériales
- 26 canapés dont 2 "servant de dessus de baignoire" (hein ? )
- 3 sultanes
- 1 sofa
- 43 banquettes
- 48 bergères
- 255 fauteuils dont 120 "à la reine"
- 906 chaises
Au faîte de sa gloire, Jacob avait plus de 700 ouvriers à payer. Les délais de paiement qui lui étaient imposés par sa clientèle ne devaient pas être faciles à gérer...
La faillite de Jacob, déclarée fin 1813, est due semble-t-il au changement de régime et à la difficulté, une fois encore, de se faire payer. Cette dernière faillite aura raison de la santé de Jacob, qui mourra quelques mois après, à l'âge de 75 ans.
Pour en revenir à la reine, voici un meuble peu connu, orné de têtes d'aigle autrichien, fabriqué par Jacob pour les futurs appartements de Marie-Antoinette au palais de Saint-Cloud (destiné à servir de résidence principale à la cour pendant plusieurs années) :
Cette suite de chaises, estampillées Jacob, pourrait faire partie du même ensemble (ce n'est pas certain car ces chaises ne portent aucune marque du garde-meuble de Marie-Antoinette...) :
http://www.christies.com/lotfinder/lot/suite-de-huit-chaises-depoque-louis-xvi-3941201-details.aspx?from=searchresults&intObjectID=3941201&sid=a4e60d34-845e-4edb-89f6-1c0088ffd3cd
Voici également l'un des quatre fauteuils réalisés par Jacob pour le boudoir d'argent de Marie-Antoinette à Fontainebleau (aujourd'hui conservé au Gulbenkian de Lisbonne) - fait intéressant, il a gardé sa garniture d'origine :
Dans un registre moins glamour, voici le fauteuil roulant que le fils de Jacob a réalisé pour "Cupidon" :
Sur "Cupidon", voir ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t2057p25-la-comtesse-de-balbi
Dernière édition par Duc d'Ostrogothie le Mar 02 Jan 2018, 22:46, édité 1 fois
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Merci pour ces compléments...
Comment est-ce possible ??
Tiens ? C'est intéressant : peu de bergères, en comparaison du nombre de fauteuils.
T'ain ! 906 chaises...
Je ne peux pas dire "j'aime", mais il est original.
Puisqu'ils étaient notamment évoqués dans la première partie de cet exposé, j'ajoute ici deux fauteuils dit à siège tournant (j'aime ça ) :
Fauteuil canné tournant (fauteuil de bureau ? fauteuil de toilette ?)
Georges Jacob
Provenant du mobilier Marie-Antoinette au Petit Trianon, vers 1780
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Fauteuil de toilette
Georges Jacob
Faisant partie du mobilier livré pour la chambre à coucher de Marie-Antoinette dans son petit appartement au rez-de-chaussée, 1788.
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Duc d'Ostrogothie a écrit:
Voici ce que Jacob a livré à Provence (source : "Jacob et son temps", de Michel Beurdeley) :
- "574" lits ( ) dont 15 à impériales
Comment est-ce possible ??
Duc d'Ostrogothie a écrit:
- 43 banquettes
- 48 bergères
- 255 fauteuils dont 120 "à la reine"
- 906 chaises
Tiens ? C'est intéressant : peu de bergères, en comparaison du nombre de fauteuils.
T'ain ! 906 chaises...
Ah ? Incroyable ! Je crois ne l'avoir jamais vu...
Je ne peux pas dire "j'aime", mais il est original.
Puisqu'ils étaient notamment évoqués dans la première partie de cet exposé, j'ajoute ici deux fauteuils dit à siège tournant (j'aime ça ) :
Fauteuil canné tournant (fauteuil de bureau ? fauteuil de toilette ?)
Georges Jacob
Provenant du mobilier Marie-Antoinette au Petit Trianon, vers 1780
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Fauteuil de toilette
Georges Jacob
Faisant partie du mobilier livré pour la chambre à coucher de Marie-Antoinette dans son petit appartement au rez-de-chaussée, 1788.
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
La nuit, la neige- Messages : 18054
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Cupidon, je sens que ça va rester ...
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55259
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
La nuit, la neige a écrit:
Fauteuil canné tournant (fauteuil de bureau ? fauteuil de toilette ?)
... siège tournant ! Je découvre !!!
Merci à tous les deux !
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55259
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Les fauteuils tournant sont très généralement considérés comme des sièges de bureau (cf. portrait du duc de Choiseul par exemple). Je ne connais pas d'image nous montrant un siège tournant à la toilette, mais je n'ai pas tout vu loin de là, donc si vous avec des exemples, je serai preneur ...
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Comme quoi on n'a rien inventé ou pas grand chose depuis .
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7398
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Duc d'Ostrogothie a écrit:Les riches achetaient à crédit et mettaient en difficulté les artisans. Gaudoin a également fait faillite en 1777 car il n'était pas payé.
Il avait été expliqué à la conférence Gouthière du 16 mars dernier au MAD que la Couronne payait à 3/5 ans, après réduction de facture...
De plus, les artisans investissaient le plus souvent dans la pierre pour se constituer un patrimoine et c'est donc surtout leurs propres échéances qui les acculaient à la faillite.
Voici ce que Jacob a livré à Provence (source : "Jacob et son temps", de Michel Beurdeley) :
- "574" lits ( )
On peut imaginer des commandes, fort simples dans l'exécution, liées au mobilier de service (il faut bien faire dormir les domestiques quelque part ) :
- 26 canapés dont 2 "servant de dessus de baignoire" (hein ? )
Les baignoires étaient parfois recouvertes le jour d'une galette et d'un dossier pour servir de canapé, de sorte que le cabinet de toilette pouvait faire office de boudoir :
(C) Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin
(C) Collection Jean-Baptiste Leroux / Château de Versailles
(exemples un peu plus tardifs au Petit Trianon )
Gouverneur Morris- Messages : 11675
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Gouverneur Morris a écrit:Duc d'Ostrogothie a écrit:Les riches achetaient à crédit et mettaient en difficulté les artisans. Gaudoin a également fait faillite en 1777 car il n'était pas payé.
Il avait été expliqué à la conférence Gouthière du 16 mars dernier au MAD que la Couronne payait à 3/5 ans, après réduction de facture...
De plus, les artisans investissaient le plus souvent dans la pierre pour se constituer un patrimoine et c'est donc surtout leurs propres échéances qui les acculaient à la faillite.)
Et les riches achètent à crédit parque ils peinent eux mêmes à recevoir leur rentes, pensions et fermages !
C'est en fait un système complet baser sur le crédit qui s'est mis en place au moins depuis la renaissance, pour une raison toute simple ; le manque physique de monnaie.
Celle-ci n'étant basée que sur la valeur propre du métal, elle est par nature rare. Cette incapacité à se faire payer touche tout le monde. La monnaie fiduciaire, basée sur la seule confiance dans la garantie offerte par l'organisme émetteur va changer profondément notre rapport à l'échange monétaire.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Voici ce que Jacob a livré à Provence (source : "Jacob et son temps", de Michel Beurdeley) :
- "574" lits ( )
On peut imaginer des commandes, fort simples dans l'exécution, liées au mobilier de service (il faut bien faire dormir les domestiques quelque part )
Ainsi que des lits textiles, dont aucun élément de bois n'est sculpté, la menuiserie servant simplement de structure recouverte.
Dernière édition par Lucius le Mer 03 Jan 2018, 16:56, édité 1 fois
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
C'est ce que j'imaginais : Jacob n'était "que" menuisier, nul besoin d'envoyer de tels meubles à la sculpture, à la dorure, ou de faire des frais pour leur garniture.
Gouverneur Morris- Messages : 11675
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Gouverneur Morris a écrit:
Les baignoires étaient parfois recouvertes le jour d'une galette et d'un dossier pour servir de canapé, de sorte que le cabinet de toilette pouvait faire office de boudoir
Ah ? Bien, bien...
J'avais imaginé ces quelques réalisations que nous avions présentées dans ce sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3016-baignoires-mobilier-et-objets-de-toilette-au-xviiie-siecle?highlight=baignoires
Et évidemment, après la première minute :
La nuit, la neige- Messages : 18054
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
C'est tout à fait cela !
Rien à voir avec le sabot de Marat .
Rien à voir avec le sabot de Marat .
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55259
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
LNLN, ces dernières réalisations sont bien l’œuvre d'un Jacob, mais Delafon, pas Desmalter
Gouverneur Morris- Messages : 11675
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Les deux, pourquoi pas ?! Cela devait être très pratique pour la toilette !Lucius a écrit:Les fauteuils tournant sont très généralement considérés comme des sièges de bureau (cf. portrait du duc de Choiseul par exemple).
Je ne connais pas d'image nous montrant un siège tournant à la toilette, mais je n'ai pas tout vu loin de là, donc si vous avec des exemples, je serai preneur ...
Aussi, je pense que, généralement, les femmes de cette époque passaient plus de temps à leur toilette, qu'assises à leur bureau...
Ok, mesdames, je sors !
Le Getty Museum Center possède également une chaise, dite de toilette, réalisée par Georges Jacob pour Marie-Antoinette.
Les photos sont intéressantes, car l'une dévoile le mécanisme de l'assise.
Je cite :
Chair (fauteuil de toilette), about 1787
Georges Jacob and Jean-Baptiste-Simon Rode
Originally painted by Chaillot
Fabric by Desfarges
Photo : J. Paul Getty Trust
Photo : J. Paul Getty Trust
Note (extraits) :
Marie-Antoinette sat in this chair while her servants arranged her hair and applied her makeup in her bedroom at the Petit Trianon a small house built on the grounds of the Palace of Versailles.
Known as a chaise de toilette, its swivel mechanism and low back were specially designed for performing the daily rituals of dressing.
It is finely carved with bands of lily of the valley and ivy along the curved supports of the arms, while the legs and edge of the circular seat imitate caning.
* Source et infos complémentaires : ICI
La nuit, la neige- Messages : 18054
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Hector Lefuel ("Georges Jacob, ébéniste du XVIIIème siècle") confirme que les fauteuils tournants étaient utilisés pour la toilette . Jacob en a livré un certain nombre à Marie-Antoinette, tant pour Versailles, que Trianon et les Tuileries.
Extrait de "Georges Jacob, ébéniste du XVIIIème siècle", par Hector Lefuel
Jacob a notamment livré pour Marie-Antoinette :
En 1784, pour les Tuileries, Trianon et Versailles, des meubles montant à 5.245 livres 10 sols.
En 1788, pour le salon des jeux de Saint-Cloud, un ensemble de sièges dorés dont il demande 22.644 livres.
Ces deux commandes contiennent :
- 5 lits dont un avec impériale,
- 2 canapés et 2 sultanes,
- 8 bergères,
- 1 banquette,
- 45 fauteuils tant grands que petits ou tournants,
- 21 chaises et 2 voyeuses,
- 8 tabourets,
- 2 chancelières et 2 tabourets de pieds,
- 5 écrans
- 1 paravent
- 17 tables.
Il faut également ajouter le mobilier livré pour le cabinet de la méridienne à Versailles, pour le boudoir d'argent à Fontainebleau etc...
Michel Beurdelay indique que Jacob pouvait fournir le travail de menuiserie, sculpture, et dorure. Jacob avait semble-t-il parfois recours à des "sous-traitants" externes pour la sculpture, mais il faisait également souvent réaliser la sculpture "en interne" par ses ouvriers (il en avait plus de 700).
Voici l'extrait du livre d'Hector Lefuel sur les commandes de Marie-Antoinette :
__________________
Voici le mobilier réalisé par Jacob pour le château de Bagatelle du comte d'Artois :
Bois de fauteuil par Jacob, exécuté pour la folie Bagatelle (collection anglaise, Christie's)
Chaises en bois doré estampillées Jacob, livrées en 1775 au comte d'Artois pour Bagatelle (étude Binoche)
Le mobilier actuellement exposé dans le salon de musique de Bagatelle est une copie du mobilier Jacob de 1775 si mes souvenirs sont bons :
Extrait de "Georges Jacob, ébéniste du XVIIIème siècle", par Hector Lefuel
Jacob a notamment livré pour Marie-Antoinette :
En 1784, pour les Tuileries, Trianon et Versailles, des meubles montant à 5.245 livres 10 sols.
En 1788, pour le salon des jeux de Saint-Cloud, un ensemble de sièges dorés dont il demande 22.644 livres.
Ces deux commandes contiennent :
- 5 lits dont un avec impériale,
- 2 canapés et 2 sultanes,
- 8 bergères,
- 1 banquette,
- 45 fauteuils tant grands que petits ou tournants,
- 21 chaises et 2 voyeuses,
- 8 tabourets,
- 2 chancelières et 2 tabourets de pieds,
- 5 écrans
- 1 paravent
- 17 tables.
Il faut également ajouter le mobilier livré pour le cabinet de la méridienne à Versailles, pour le boudoir d'argent à Fontainebleau etc...
Michel Beurdelay indique que Jacob pouvait fournir le travail de menuiserie, sculpture, et dorure. Jacob avait semble-t-il parfois recours à des "sous-traitants" externes pour la sculpture, mais il faisait également souvent réaliser la sculpture "en interne" par ses ouvriers (il en avait plus de 700).
Voici l'extrait du livre d'Hector Lefuel sur les commandes de Marie-Antoinette :
__________________
Voici le mobilier réalisé par Jacob pour le château de Bagatelle du comte d'Artois :
Bois de fauteuil par Jacob, exécuté pour la folie Bagatelle (collection anglaise, Christie's)
Chaises en bois doré estampillées Jacob, livrées en 1775 au comte d'Artois pour Bagatelle (étude Binoche)
Le mobilier actuellement exposé dans le salon de musique de Bagatelle est une copie du mobilier Jacob de 1775 si mes souvenirs sont bons :
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Duc d'Ostrogothie a écrit:Michel Beurdelay indique que Jacob pouvait fournir le travail de menuiserie, sculpture, et dorure. Jacob avait semble-t-il parfois recours à des "sous-traitants" externes pour la sculpture, mais il faisait également souvent réaliser la sculpture "en interne" par ses ouvriers (il en avait plus de 700).
Détail intéressant car le strict règlement des corporations s'opposait à un tel usage. Certes, sans doute que la frontière entre menuiserie et sculpture pouvait être interprétée plus ou moins largement. Par contre, cela paraît plus surprenant pour la dorure. Mais peut-être que là encore, les privilèges d'exécution des uns et des autres ne tenaient-ils qu'au bon plaisir du souverain commanditaire (on pensera au privilège de l’apposition de la dorure sur porcelaine, officiellement exclusivement accordé à Sèvres, mais largement battu en brèche par les petites manufactures protégées par les membres de la famille royale : rue Thiroux, duc d'Angoulême, etc...).
Gouverneur Morris- Messages : 11675
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Jacob fit appel aux doreurs Ramier puis Chatard (qui dore aussi pour Sené), qui étaient maîtres-doreurs indépendants.
Dernière édition par Lucius le Ven 05 Jan 2018, 11:40, édité 1 fois
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Merci pour ce thème.
Georges Jacob était sans nulle doute talentueux, certains de ces sièges sont très beaux par leur finesse et leur éclat. Mais, était-ce confortable à pouvoir s'y asseoir 1 ou 2 heures sans crampes du fessier ? Car c'est aussi important sinon plus me semble-t-il.
Georges Jacob était sans nulle doute talentueux, certains de ces sièges sont très beaux par leur finesse et leur éclat. Mais, était-ce confortable à pouvoir s'y asseoir 1 ou 2 heures sans crampes du fessier ? Car c'est aussi important sinon plus me semble-t-il.
Trianon- Messages : 3306
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Gouverneur Morris a écrit:Duc d'Ostrogothie a écrit:Michel Beurdelay indique que Jacob pouvait fournir le travail de menuiserie, sculpture, et dorure. Jacob avait semble-t-il parfois recours à des "sous-traitants" externes pour la sculpture, mais il faisait également souvent réaliser la sculpture "en interne" par ses ouvriers (il en avait plus de 700).
Détail intéressant car le strict règlement des corporations s'opposait à un tel usage. Certes, sans doute que la frontière entre menuiserie et sculpture pouvait être interprétée plus ou moins largement. Par contre, cela paraît plus surprenant pour la dorure. Mais peut-être que là encore, les privilèges d'exécution des uns et des autres ne tenaient-ils qu'au bon plaisir du souverain commanditaire (on pensera au privilège de l’apposition de la dorure sur porcelaine, officiellement exclusivement accordé à Sèvres, mais largement battu en brèche par les petites manufactures protégées par les membres de la famille royale : rue Thiroux, duc d'Angoulême, etc...).
Les règles sont semble-t-il devenues plus souples avec le temps. Selon Beurdelay, à l'époque où Jacob est reçu maître, "les règles corporatives moins contraignantes sont même, dans un certain sens, battues en brèche". D'ailleurs en 1776, Turgot abroge le système corporatif avant d'être obligé de reporter cette mesure.
Trianon a écrit:Merci pour ce thème.
Georges Jacob était sans nulle doute talentueux, certains de ces sièges sont très beaux par leur finesse et leur éclat. Mais, était-ce confortable à pouvoir s'y asseoir 1 ou 2 heures sans crampes du fessier ? Car c'est aussi important sinon plus me semble-t-il.
Certainement. Madame Campan rapporte dans ses mémoires que lorsqu'elle sonda Madame Victoire sur ses éventuelles intentions de rejoindre un couvent (comme sa soeur Madame Louise venait juste de le faire), Madame Victoire lui répondit que cela était impossible, car elle ne pourrait jamais se séparer de sa confortable bergère : "voici un fauteuil qui me perd" répondit-elle à Mme Campan !
Extrait des mémoires de Madame Campan
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Chère Trianon, avec Geoges Jacob, nous sommes là dans le haut de gamme du XVIIIe siècle : sa clientèle recherchait des meubles esthétiques et confortables !Trianon a écrit:Mais, était-ce confortable à pouvoir s'y asseoir 1 ou 2 heures sans crampes du fessier ? Car c'est aussi important sinon plus me semble-t-il.
Regardez la largeur et la profondeur de cette bergère, de même que l'épaisseur du coussin de l'assise et celle du dossier :
Bergere
Georges Jacob, vers 1785
Palais de Buckingham
Photo : Royal Trust Collection
Ce site d'un tapissier présente des photos d'un garniture du XVIIIe siècle dite en cuvette (assise ou dossier), que l'on garnissait de crin retenu par des toiles piquées.
Ajoutez à cela des éventuels coussins garnis de plumes pour les assises des bergères :
* Source : http://www.maison-salamandre.com/index.php/travaux-en-images-meuble/les-questions-techniques-restauration/item/33-les-garnitures-recentes-et-anciennes.html
Une bergère à ressort ?
Est-ce à dire que la garniture était composée de ressorts ? Déjà ?
La nuit, la neige- Messages : 18054
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Le procédé des ressorts n'apparaît qu'au début du XIXe siècle. Un petit anachronisme lors de la rédaction ?
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges
Ne faudrait-il pas comprendre l'expression comme "à ressort [mécanique]", s’entendant ainsi d'un fauteuil au dossier inclinable par exemple ?
Gouverneur Morris- Messages : 11675
Date d'inscription : 21/12/2013
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