Charles d'Éon de Beaumont, dit le chevalier d'Éon

Il me semble que la raison essentielle (mais bizarrement, elle n’est pas mentionnée par Bern), est d’éviter que les héritiers Guerchy ne cherchent à demander justice en duel au chevalier au nom de feu leur père.

Je vais tâcher de vérifier.

De mon côté, j'avais lu une histoire où D'Eon, alors en mission en Angleterre, aurait été surpris en position compromettante avec la reine anglaise en personne (ou un échange de lettres assez tendres, je ne sais plus). Devant le scandale et la colère du souverain britannique, Louis XVI et Vergennes se seraient défendus en disant que c'était impossible, vu que le chevalier était une femme. Et, pour enfoncer le clou, d'Eon, rappelé en France, se serait donc vu imposé de devenir définitivement femme...

Merci Calonne !

Ce fut effectivement longtemps une rumeur, peut-être lancée par d'Eon lui-même d'ailleurs, mais la possibilité d'une liaison entre Sophie-Charlotte et d'Eon est rejetée aujourd'hui par la plupart des historiens "sérieux".


Le fait est que mon explication, parfois retenue par ces derniers, est bien moins "fun"

Alors, j'ai retrouvé ma source (de mémoire), c'était dans Les histoires d'amour de l'histoire de France de Guy Breton. Bon, il avait un peu trop tendance à voir l'histoire à travers les trous de serrure selon moi, mais on y trouvait des moments plaisants.
Donc oui, c'est ça : en mission en Angleterre, d'Eon aurait été compromis avec la reine. Louis XVI et Vergennes auraient alors clamé que c'était impossible, le chevalier étant une femme. A moitié convaincu, le roi aurait demandé des garanties et d'Eon, qui ne voulait pas compromettre la reine, joua le jeu. Rentré en France, "après avoir été quarante ans un homme intrépide, il devînt pendant trente ans une femme charmante" (Breton le dit à peu près comme ça). Marie-Antoinette lui aurait offert un éventail et une partie de sa garde-robe aurait été faite par Rose Bertin.

Il faut reconnaître que la descendance de George III prend parfois des airs de famille avec ceux du chevalier...

Spoiler:

Merci pour vos réponses !

J'aurais plutôt penser qu'il s'agissait, pour le pouvoir royal, a la fois, de lui faire payer ces incartades et son comportement vis à vis de Louis XV, et d'une façon de mettre hors d'état de nuire, un personnage qui s'avérait être un trublion difficilement contrôlable. Et ce, en le punissant, en quelques sortes, par là ou il avait péché, c'est à dire, en l'obligeant à prendre des habits qui n'étaient pas ceux de son sexe. Visiblement, je me trompait...

attachboy a écrit:Merci pour vos réponses !
J'aurais plutôt penser qu'il s'agissait, pour le pouvoir royal, a la fois, de lui faire payer ces incartades et son comportement vis à vis de Louis XV,  et d'une façon de mettre hors d'état de nuire, un personnage qui s'avérait être un trublion difficilement contrôlable. Et ce, en le punissant, en quelques sortes, par là ou il avait péché, c'est à dire, en l'obligeant à prendre des habits qui n'étaient pas ceux de son  sexe. Visiblement, je me trompait...

C’est aussi la version que j’ai lue, et qui, je le pense, est la plus crédible.
Et ce d’autant plus que D’Eon avait déclaré officiellement être une femme.

L'émission L'Ombre d'un doute consacré au chevalier, c'est maintenant en rediffusion sur RMC Story !!!

Raté pour moi : nous regardons " Jeune et innocent ", un vieil Hitchcock.

Ca ne fait plus l'ombre d'un doute, d'Eon était travesti. Mais c'est très fort d'avoir si bien trompé tout le monde. Beaumarchais surtout au point d'en pincer. Très fort !

Cela à du être dur pour lui à la cour de Louis XVI, lorsque l'habit féminin lui a été imposé. D'autant plus dur que le résultat n'était visiblement pas à la hauteur, et inspirait plus la moquerie que l’interrogation.

Les aventures et les nombreux écrits de ce singulier personnage contribuèrent moins encore à sa célébrité que le voile mystérieux dont son véritable sexe fut si long-temps enveloppé. Comme tout devait être bizarre dans sa destinée, on a remarqué d’étranges contradictions sur les registres de la paroisse où il reçut le baptême ; on y lit : « né d’hier… a été baptisée par nous, »     ... etc.

( Mémoires secrets )

Impayables les ragots des Mémoires Secrets, mais faux. Point de « baptisée », voici l'acte original.


Paroisse Notre-Dame de Tonnerre, AD de l'Yonne.

Marie-Jeanne a écrit:
Impayables les ragots des Mémoires Secrets

C'est vrai ...  
Merci,  et bravo pour ta célérité !!! 

... ...

Aujourd'hui, à son micro de l'émission qu'il anime sur Radio Classique, Franck Ferrand nous racontait....

Comment un petit diplomate de rien du tout, sans appui ni fortune, a-t-il pu mettre en péril la paix de l’Europe ? Voici l’histoire extraordinaire du Chevalier d’Éon.

Le chantage du chevalier d'Eon - Franck Ferrand raconte (Radio Classique)


Louis XV, roi de France
François-Hubert Drouais
Huile sur toile, 1773
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot


Charles de Beaumont, chevalier d'Eon
Augustin de Saint-Aubin
Dessin, 18e siècle
Musée National de la Coopération Franco-Américaine
Image : Collections des musées de France (Joconde) / Thierry Ollivier


Louis-Claude de Régnier, comte de Guerchy
Ambassadeur de France au Royaume-Uni
Johann Heinrich Wilhelm Tischbein
Huile sur toile, 1760
Image : Gazette Drouot

Proposé prochainement en vente aux enchères...
Je cite une traduction automatique internet (donc très approximative) d'une annonce libellée à l'origine en allemand.

Artistes des XVIIIe et XIXe siècles
Portrait d'une dame (l'espion le Chevalier d'Éon).
Huile sur toile. 61 x 51 cm.
Dans le cadre doré avec des ornements de feuilles appliquées.
En partie avec craquelures et éruptions de couleur, ces dernières en partie retouchées. Un petit tache avec abrasion de couleur superficielle (motif non affecté). Charmant portrait d'une belle manière de peinture.



Note au catalogue (extraits) :

(...)
D'après la gravure "Chevalier d'Eon ('Charlotte-Genevieve-Louise-Auguste-Andrée-Timothée D'Eon de Beaumont')" de Pierre Jean Baptiste Bradel, 1779.

Chevalier d'Eon ('Charlotte-Genevieve-Louise-Auguste-Andrée-Timothée D'Eon de Beaumont')
By and published by Pierre Jean Baptiste Bradel (1768 -
Engraving and etching
1779
Image : National Portrait Gallery

Portrait du célèbre diplomate, soldat et agent secret français Charles-Geneviève-Louis-Auguste-André-Timothée d'Éon de Beaumont, également appelé Chaevalier d'Éon. Comme tromperie, il a pris une seconde identité féminine, faussement réelle, pour laquelle il a rapidement développé une grande affection et une grande dévotion. Ce n'est qu'après l'enquête du coroner que le sexe masculin a été révélé. Aujourd'hui, le Chevalier d'Éon est considéré comme l'une des premières personnes transgenres.

* Source, infos complémentaires, et version en allemand, ici : Jeschke Van Vliet Auctions, Berlin - Vente du 31 mars 2021

Spoiler:

C'est tout un lot de lettres écrites par le chevalier d'Éon qui sera prochainement présenté en vente aux enchères.
Nous découvrons notamment deux courriers intéressants, où il est question de sa " garde robe " lors de sa présentation à la cour de France, le 23 novembre 1777.


Nous nous souvenons que c'est Louis XVI qui le contraint à s'habiller avec des vêtements féminins et à ne plus en changer. Habillé par Rose Bertin, il est parfois dit que c'est Marie-Antoinette qui aurait donné des robes ou payé les frais.  

Voici donc les mots du chevalier :

Charles-Geneviève de Beaumont, chevalier d’ÉON.
L.A. (minute avec corrections), Paris 29 août 1777, au comte de Vergennes ; 2 pages in-fol. sur colonne (pli fendu réparé, bords sup. et inf. légèrement effrangés).

Étonnante lettre sur son habillement en femme par Rose Bertin, la couturière de Marie-Antoinette, avec la facture de la modiste.




Présentation au catalogue

Après l’ordre du Roi [de ne plus s’habiller qu’en femme] reçu par Vergennes et Maurepas, il a retardé son départ pour la Bourgogne :

« Le peu de hardes de femme qui me restoient ne peuvent plus me servir pour me presenter à Versailles. Madlle Bertin attachée au service de la Reine a pris la peine de passer hier chez moi de votre part et ma repeté [...] quelle etoit chargée par le Roi & par vous de m’habiller de la tête aux pieds [...] elle se chargeroit non seulement de faire mes robes pendant mon absence, mais encore de faire de moi une fille passablement modeste & obeissante.

Quant à la sagesse qui est aussi necessaire dans une fille, que le courage dans un Capitaine de Dragons, le Ciel & la necessité dans les diverses vicissitudes de ma vie si longtems & si cruellement agitée m’en ont donné une si vieille habitude quelle ne me coute plus rien. Il me sera cent fois plus facile d’être sage que d’être modeste & obeissante. Il n’y a que l’envie extreme que j’ai d’être irreprochable aux yeux du Roi & de mes protecteurs tels que M.M. les Comtes de Vergennes & de Maurepas qui puissent me donner la force necessaire pour me vaincre moi-même & prendre ce caractere de douceur conforme à la nouvellle existence qu’on me force de reprendre. Le role de lion me seroit plus facile à jouer que celui de brebis, & celui de capitaine de Dragons que celui de fille douce & obeissante. […] Mlle Bertin aura le plus de merite à ma conversion miraculeuse »...

On joint le mémoire de Mademoiselle Rose BERTIN (1747-1813), « du Grand Mogol », des fournitures faites « à Mademoiselle D’Eon », du 8 septembre au 28 novembre 1777 (2 pages et demie in-fol. ; mouillure et manque dans un angle).

Liste détaillée de tous les vêtements avec leur description et leur prix : robes, manteaux, rubans ; bonnets, fichus, manchettes, tissus divers, éventail, manchon de renard bleu, etc.




Ainsi le 18 septembre : « Donné à la couturière de mademoiselle pour une robe 20 aul[nes] taffetas d’Italie noisette. La garniture de la ditte robe, deux rangs de plis le long du parement et deux rangs de bouillons tout en meme taffetas decouppé, deux volants au jupon, garni la taille et les manchettes »…

D’Éon a noté en tête de sa main que Mlle Bertin est « Marchande de modes de la Reine, rue St Honoré à Paris ». Le document, se montant à la somme de 1938 livres, est signé à la fin par Mlle Bertin, qui donne reçu du paiement à Micault d’Harvelay, garde du Trésor royal.

Bibliographie : Évelyne et Maurice Lever, Le Chevalier d’Éon, une vie sans queue ni tête (Fayard, 2009, p. 245).




Charles-Geneviève de Beaumont, chevalier d’ÉON.
L.A.S. (minute signée en tête « Mademoiselle D’Eon »), Paris 28 octobre 1777, au baron de Bon ; 4 pages in-fol.

Longue et extraordinaire lettre, pleine d’esprit et fort amusante, au sujet de sa métamorphose en femme, organisée par Rose Bertin, la couturière de la Reine Marie-Antoinette, chargée de tout l’habillement féminin du chevalier ; ceci en vue de la présentation de la chevalière d’Éon à la Cour de Versailles.






Présentation au catalogue :

[Le chevalier d’Éon, après son long séjour en Angleterre, arriva à Versailles le 17 août 1777 en tenue de capitaine de dragons. La Reine Marie-Antoinette l’aperçut et voulut qu’il lui fût présenté sous le costume féminin (  ). Le 23 novembre, D’Éon, avec des membres de cyclope, de la barbe, et des gestes de soldat, parut donc devant la Reine en robe montante, toque de velours noir, cheveux coupés et poudrés.]

Cette minute est intitulée : Lettre de Mademoiselle D’Eon à son ami le Baron de Bon, Colonel à la suite du Régiment d’Autichamp Dragons, depuis Maréchal de camp & Ministre plénipotentiaire de France à Bruxelles. Elle se complète de nombreuses et importantes additions dans les marges.

D’Éon raconte à son ami le Colonel de Bon, dans un style qu’il veut entièrement militaire, sa métamorphose : « le 21 du courant, fête de Saint Ursule vierge & martyre, Mlle Bertin avec sa troupe d’élite que je ne considérois d’abord que comme un corps d’observation a fait une marche forcée pendant la nuit et à la pointe du jour par surprise & par force s’est emparé de ma personne & de Moncontour seule place fortifiée qui me restoit dans mes païs-bas ».

Long et pittoresque commentaire dans le même style guerrier pour raconter comment, sur ordre de la Cour, la place fut forcée par Mlle Bertin, « surintendante du genie de la toilette de la Reine & des fortiffications de sa Garde-robe »… Il raconte aussi sa ronde de nuit, avant l’attaque : « Je fus fort étonné d’entendre crier Alte-là mon brave Capitaine, vous me prenez par les tétons. C’étoit ma fille de chambre Geneviève Maillot qui m’a déclaré qu’elle était somnenbule [...] il m’est deffendu de porter casque & cuirasse […] Le fichu de la modestie même celui de Ste Therese n’est guère propre à parer le coup de mousquet »…

Il en vient au récit de sa « dissolution totale » et des changements opérés par Mlle Bertin : « Elle a dabord produit le licenciment de tous les habits & manteaux rouges de ma garde-robe y compris les vestes & culotes de peau de chamois, les bottes & les éperons, les pistolets, épées, sabres & carabines. En cet état une fille a beau avoir été Capitaine de Dragons, quelle deffense peut-elle faire avec du file & une aiguille. Un eventail est un triste boulevart, une juppe est un foible rempart, elle n’est bonne que pour arborer pavillon blanc [...] On parle de me mettre au couvent à Versailles pour m’instruire de la nouvelle tactique qu’il me faut apprendre pour entrer dans la Compagnie franche des filles d’honneur de notre Auguste Reine. Que de file j’aurai à retorde. J’aimerois autant aller chez ma mere planter mes choux »...  

Il rend cependant hommage à l’aimable Mlle Bertin « qui a un esprit aussi bon que son cœur & qui saisit toutes les occasions de rendre à la Reine un temoignage favorable de Mlle D’Éon qui doit renoncer à l’infanterie, à la cavalerie & à l’etat major du Marechal de Broglie & ne plus songer qu’a se mettre sur un pied respectable pour plaire aux Troupes legeres de la Reine. Je ne vois point encore l’intention prononcée du Roi sur mon sort ulterieur, en attendant il veut que je sois dressé & formé sur la decence requise d’une femme avant d’etre presenté à la Cour. »

Bibliographie : Évelyne et Maurice Lever, Le Chevalier d’Éon, une vie sans queue ni tête (Fayard, 2009, p. 247).


* Source et infos complémentaires : Ader, Paris - Vente Lettres et manuscrits autographes (30 juin 2021)

Spoiler:

Portrait du chevalier d'Eon dans son enfance en vente comme antiquité,

Epoque : 18ème siècle
Style : Louis XV - Transition
Matière : Huile sur toile
Largeur : 107 cm
Hauteur : 137 cm

Notre expert Bonnefoy du Plan nous offre à nouveau un portrait inédit ! Merci beaucoup ! 
Vous le retrouverez présenté dans son étude biographique et iconographique de...

Jean-Laurent Mosnier (1743-1808), miniaturiste à succès et peintre de la reine

Bonnefoy du Plan a écrit:
(...)
L'original, le voici, la qualité de l'image n'est pas extraordinaire, mais c'est tout autre chose...

(source de l'image : scan page 193 dans "Artistische Wanderer, Gerrit Walczak; Deutscher Kunstverlag, 2019)[/center]


Nous avions donc présenté dans ce sujet, page 1 et suivante, le portrait du chevalier peint par Thomas Stewart, d'après l'original de Mosnier

Charles-Geneviève-Louis-Auguste André-Timothée d'Éon de Beaumont (1728-1810), chevalier d'Éon
by Thomas Stewart, after Jean Laurent Mosnier
oil on canvas, 1792
30 1/8 in. x 25 1/4 in. (765 mm x 640 mm)
Purchased, 2012
Image : National Portrait Gallery, London

Présentation de la National Portrait Gallery :

This painting of the celebrated soldier, diplomat and fencer, Chevalier d’Éon (Charles Geneviève Louis Auguste André Timothée d' Éon de Beaumont) (1728-1810), was an important acquisition for the National Portrait Gallery as it is the earliest representation of a transgender person in the Collection.
D’Éon was respected internationally after playing a key role in peace negotiations that ended the Seven Years’ War, and later as a professional fencer, performing for George, Prince of Wales, though always fighting in women’s attire.

This portrait is an unprecedented historic document of the sitter’s acceptance into British society at a time when people who wore clothing not associated with their assigned gender were viciously persecuted.
The decision to acquire the portrait was largely based on the sitter’s importance to the history of transgender people in Britain.

When the portrait was initially offered to the National Portrait Gallery, curators were unaware that it was a contemporary copy of an original portrait painted by French artist, Jean-Laurent Mosnier (1743-1808). This came to light when the owner of the original portrait informed the Gallery of its existence.
The Mosnier painting had been exhibited at the Royal Academy in 1791 where, according to The Public Advertiser, dated 23rd March 1792, it was received with ‘general satisfaction’ by the public.
An article in The European Magazine and London Review, written almost a year later, confirms that the portrait was bought by the Irish army officer and politician, Francis Hastings Rawdon, 1st Marquess of Hastings and 2nd Earl of Moira (1754-1826).

The National Portrait Gallery’s portrait of D’Éon is signed by Thomas Stewart and can also be traced to Francis Rawdon, who may have commissioned this copy of the original for a friend, Sir John Macnamara Hayes (1750?–1809). Hayes was a military physician who in November 1793 was appointed director of hospitals in the army by Francis Rawdon.

At Hayes’ death, the portrait was passed down in his family until it was sold at auction in November 2011. When sold, the auctioneers catalogued the work as ‘Woman with Feather Hat’ and attributed it to the artist Gilbert Stuart.

En lisant les mémoires du chevalier d'Eon par Gaillardet , j'avais aperçu ce portait d'emblée que Gaillardet associait au chevalier d'Eon en ces termes : La chevalière d'Eon par Grimou

Spoiler:

A l'époque il était conservé au musée Calvet d'Avignon (maintenant il est à l'Hermitage en russie).

Problème : ce portrait, effectivement peint par Alexis Grimou, aurait été réalisé dans les années 1730 et est simplement titré : Jeune femme en costume de scène : ce qui rend l'hypothèse du chevalier d'éon comme modèle difficile à tenir car d'Eon est de 1728 et le modèle semble avoir une bonne quinzaine d'année sur le tableau.

Spoiler:

D'autant plus quand on sait que le chevalier d'éon aurait commencé à se travestir en approchant la trentaine, il parait difficile de le voir habillé dans une tenue feminine aussi sophistiquée dans son enfance.

Gaillardet a-t-il mentit délibéremment sur ce portrait ou avait il des informations que nous n'avons pas? Ou bien est-ce l'éditeur de l'époque qui a ajouté ce portrait ?
Toute hypotèse est la bienvenue.

De quelle édition de ces "Mémoires" ce portrait est-il extrait ? Car je vois que la première édition date de 1866.
Soit, à l'époque, l'auteur, l'éditeur et le musée qui conservait cette oeuvre ignoraient tout de son identification (j'en doute fort), soit il s'agit d'une illustration fantasque parmi tant d'autres dans les ouvrages anciens.

Le peintre étant mort en 1733, l'hypothèse du chevalier d'Eon (né en 1728) comme modèle n'est pas "difficile à tenir", elle est tout simplement inenvisageable.  

Enfin, sauf erreur de ma part, il y a pour deux (mêmes) portraits : celui qui serait toujours conservé au musée Calvet et celui de l'Ermitage (dans les collections russes depuis 1905) :

Spoiler:

La mention de l'édition est ainsi : Editions de Saint-Clair 1967. C'est la plus commune, celle qui se vend en deux volumes. J'ai aperçu qu'il est précisé que les illustrations de l'ouvrage ont été réalisées grâce aux documents communiqués par la Bibliothèque nationale. Ainsi ce doit-être son erreur mais cela m'étonne qu'un organisme sérieux se le permette.

Effectivement, je n'avais pas pensé à vérifier la date de la mort de Grimou, c'est simplement impossible que ce soit bien D'Eon.

Mais c'est étrange ce portrait soit communément associé au chevalier, même le livre de Michel de Decker utilise encore cette peinture en première de couverture... Je me demande ce qui a pu déclencher cette confusion.

Spoiler:

Je ne sais pas comment fonctionne la Bibliothèque nationale mais il a dû y avoir un soucis quelque part  : )

Pour ce qui est du lieu d'exposition je pense que le tableau a bien été cédé à l'Hermitage en 1905 étant donné qu'il ne figure pas dans la base de donnée du musée Calvet. Dommage que j'habite à Paris sinon je vérifierais moi-même :/


Aussi j'ai remarqué un étrange portrait associé à d'Eon sur artnet :
Il est mentionné comme étant dans le goût de Jean-Marc Nattier, il est tout à fait possible que ce soit d'Eon sur ce tableau... mais habillé cette fois comme un commandant millitaire décoré.
Le tableau est apparament parti aux enchères et on a peu d'informations sur lui, mais les traits du modèle semblent effectivement proches de ceux du chevalier quand il était dessiné par Saint-Aubin.

Spoiler:

Ce portrait-ci, cadrant beaucoup mieux avec l'ambiguïté du chevalier, me semble plus plausible, en effet. Le visage pourrait s'accorder à l'un ou l'autre sexe et le personnage bien se prêter au travestissement.

Soyez la bienvenue dans le Forum de Marie-Antoinette, Jeune Parque ! Vous avez un pseudonyme poétique, un rien mystérieux ...

La Jeune Parque a écrit: La mention de l'édition est ainsi : Editions de Saint-Clair 1967. C'est la plus commune, celle qui se vend en deux volumes. J'ai aperçu qu'il est précisé que les illustrations de l'ouvrage ont été réalisées grâce aux documents communiqués par la Bibliothèque nationale. Ainsi ce doit-être son erreur mais cela m'étonne qu'un organisme sérieux se le permette.  

L'illustration ne figure pas dans l'édition originale de 1866 de ces Mémoires sur la chevalière d'Eon.
Frédéric Gaillardet, l'auteur, est mort en 1882, bien avant donc la publication aux éditions de Saint-Clair.
D'après moi l'illustration est fantasque, associant le cartouche d'une gravure ancienne (de Claude Duclos, graveur) évidemment en noir et blanc, et l'illustration, avec couleurs, de la version Calvet (ou autre ?) du portrait.

La Jeune Parque a écrit:
Mais c'est étrange ce portrait soit communément associé au chevalier, même le livre de Michel de Decker utilise encore cette peinture en première de couverture... Je me demande ce qui a pu déclencher cette confusion.  

Ah oui, c'est étonnant, car à l'époque ou de Decker écrit ce livre, ce portrait devait être connu pour ce qu'il est.  
Peut-être est-il précisé, en référence iconographique, que ce portrait qui illustre la couverture n'est pas celui du chevalier. Cela arrive lorsque les portraits à la disposition des éditeurs, libres de droit ou pas, ne sont pas satisfaisants.

La Jeune Parque a écrit:
Pour ce qui est du lieu d'exposition je pense que le tableau a bien été cédé à l'Hermitage en 1905 étant donné qu'il ne figure pas dans la base de donnée du musée Calvet.

Je n'ai pas retrouvé de base de donnée satisfaisante, si ce n'est celle du site internet du musée, mais qui, à mon avis, est loin d'être complète.
En connaissez-vous une autre ?

Pour moi, il y a bien, au moins, deux portraits.

- Les photos sont mauvaises, mais il me semble distinguer quelques différences dans les détails.
- Aussi, pourquoi Calvet aurait-il cédé une oeuvre à la Russie ?   La très riche Fondation Calvet, créée il y a plus de deux siècles, accroît depuis ses collections, mais ne les ampute pas.
Du reste, le site de l'Ermitage précise, au sujet de l'historique du tableau : Entered the Hermitage in 1905; formerly in the Hermitage Pavilion at Peterhof.
- Je pense enfin que l'auteur de la photo cité dans mon lien source ne peut confondre le musée Calvet et celui de l'Ermitage. La prise de vue date de 2018.  

Pour l'anecdote, voici une troisième (?) version de ce portrait. Celle-ci est conservée au musée des Augustins, à Toulouse.

Spoiler:

La Jeune Parque a écrit:
Aussi j'ai remarqué un étrange portrait associé à d'Eon sur artnet :

Merci pour cette image, mais pourquoi serait-ce d'Eon plus que quelque autre militaire ?