Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: Les portraits de Marie-Antoinette :: Portraits de Marie-Antoinette :: Les peintures et les dessins :: Par et d'après Martin van Meytens
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Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Marie-Jeanne a écrit:Comme sur le pastel de Ducreux elle porte une robe à la française, contrairement aux autres portraits qui représentent les archiduchesses en grands habits de cour
Merci chère Marie-Jeanne. Comme vous, j’aime beaucoup retourner l’image quand je regarde des portraits ! C’est ausssi à cette petite manipulation que l’on voit s’ils sont bien composés et tiennent la route ! C’est bien le cas pour celui-ci, dans sa version Ducreux !
Votre remarque sur la robe à la française est très intéressante. On peut penser que le portrait qui a servi de modèle pour Klagenfurt a été réalisé au cours de l’année 1768, année où les chancelleries commencent à s’agiter en vue d’un possible mariage. La correspondance diplomatique se développe alors autour d’un échange souhaité de portraits et Marie-Thérèse cherche à faire sortir des ateliers viennois une image de sa fille susceptible de plaire au futur beau-père.
Aucun des portraits qui sont alors tentés ne donnent satisfaction et aucun n’est finalement expédié à Versailles. A partir de 1769, on sait qu’il ne sera plus question que de Ducreux qu'on a envoyé sur place. Pourrait-on alors avancer que la robe à la française du tableau qui a servi de modèle pour Klagenfurt a pu être choisie pour un portrait qu’on espérait pouvoir envoyer à Louis XV ? Ou bien la robe à la française était-elle en fait d’un usage courant (assez courant ? plutôt courant ? vraiment courant ?) à Vienne à la fin des années 1760?
C’est avec beaucoup d'intérêt – et encore plus de surprise! – que j’ai lu dans «Marie-Antoinette, la reine affranchie» l’histoire du trousseau précisément français que Marie-Thérèse avait fait confectionner à grand frais pour Maie-Antoinette, et sa curieuse captation à peine Marie-Antoinette arrivée dans son nouveau pays. Quel incroyable scénario, et quel éclairage éloquent jeté sur la manière dont les plus grands offices pouvaient faire valoir leur privilèges, aux dépens de leur future souveraine…
Merci de cet inédit fabuleux, qui permet dans le même temps de faire justice de certaines légendes coriaces.
Très belle récompense pour celle qui a bien cherché !
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" Ai-je vu dans sa société quelque chose qui ne fût pas marqué au coin de la grâce, de la bonté et du goût? "
(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Sa Grâce a écrit:Merci infiniment pour ce portrait inédit pour moi mon cher Bonnefoy. Je ne le connaissais pas et je l’aime absolument. Elle est superbe avec ses petites joues roses, ses diamants et son ruban autour du cou . Adorable .
Cher Duc, merci de votre réaction !
J'ai comme l'impression que votre référence privilégiée pour Marie-Antoinette est un vrai beau tableau, où l'ovale est parfaitement dessiné, les soucils bien arqués et où la fossette n’apparaîtt pas…
Finalement, tout l’intérêt du voyage ne réside-t-il pas dans le plaisir et les surprises de la découverte ? Des surprises qui sont de vraies récompenses lorsqu’elles conduisent à une image comme celle de Klagenfurt. Et qu’importe, au fond, si ne nous descendons pas dans la même gare puisque nous aurons fait la plus grande partie de la route en compagnie !
Mes conclusions ne seront pas consensuelles, il faudra bien évidemment prendre parti ! Mais elles seront motivées et j’y apporterai des nuances et des pistes pour des recherches complémentaires. Connaissez-vous l’excellente Histoire de France, chez Belin, où chacun des 12 ou 13 volumes se termine par un passionnant « atelier de l’historien » ? Dans cette dernière partie, toutes les principales thématiques qui alimentent l’historiographie contemporaine sur la période étudiée sont passées au crible. C’est dans cet esprit que j’aimerais conclure la série. Je suis avant tout attaché à l’idée de pouvoir faire prendre conscience aux conservateurs de Schönbrunn que des questions restent posées, auxquelles ils ne répondent pas. Je me plais d'ailleurs à l’idée qu’un futur doctorant à Vienne s’intéresse un jour aux pratiques visuelles dans la deuxième partie du règne de Marie-Thérèse et notamment à la production et aux modes de diffusion des images impériales dans les différentes résidences officielles des pays d'empire.
Restons donc bons amis, cher duc, tout nous y engage ! Nous nous rejoignons d'ailleurs sur le constat que Marie-Antoinette a autant de visages que de peintres, ce qui continuera longtemps à nous faire parler. Et puis, ce petit voyage n’est pas tout-à-fait terminé…
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Bonnefoy du Plan a écrit:
Quand j’ai vu ce tableau la première fois, j’ai pensé qu’il s’agissait peut-être de l’hypothétique septième portrait des archiduchesses (votre Graal, cher LNLN ! ), c’est à dire celui qui permettrait enfin d’avoir une série « complète » (à supposer - bien sûr - qu’une archiduchesse décédée en cours de programme y ait gardé toute sa place).
Oui ! Mon Saint Graal !!
Cette série de portraits est trop belle pour imaginer celui de Marie-Antoinette définitivement perdu !
Toujours pour nos amis lecteurs qui ne connaitraient pas les autres portraits que vous évoquez dans votre présentation et dans votre montage des visages seuls de la dauphine...
nous les présentions également ici :
Recherches autour de portraits de Marie-Antoinette dauphine non attribués
Dernière édition par La nuit, la neige le Lun 13 Avr 2020, 11:20, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18096
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Bonnefoy du Plan a écrit:[
Votre remarque sur la robe à la française est très intéressante. On peut penser que le portrait qui a servi de modèle pour Klagenfurt a été réalisé au cours de l’année 1768, année où les chancelleries commencent à s’agiter en vue d’un possible mariage.
Aucun des portraits qui sont alors tentés ne donnent satisfaction et aucun n’est finalement expédié à Versailles. A partir de 1769, on sait qu’il ne sera plus question que de Ducreux qu'on a envoyé sur place.
Pourrait-on alors avancer que la robe à la française du tableau qui a servi de modèle pour Klagenfurt a pu être choisie pour un portrait qu’on espérait pouvoir envoyer à Louis XV ? Ou bien la robe à la française était-elle en fait d’un usage courant (assez courant ? plutôt courant ? vraiment courant ?) à Vienne à la fin des années 1760?
Je n'y avais pas pensé, mais effectivement il est possible que le portrait de Klagenfurt ait influencé Ducreux sous la direction de Marie-Thérèse. Ce qui pourrait expliquer la différence de coiffure, plus en phase avec l'air du temps et qui plut beaucoup à l'impératrice. L'absence de diamants indique aussi le souhait de se rapprocher des usages français. Avez-vous remarqué qu'ils sont rares sur les portraits versaillais ? Je ne me suis d'ailleurs jamais expliqué pourquoi.
La robe à la française, symbole d'élégance dans toute l'Europe, était d'un usage vraiment courant. On peut penser que ce choix était sans risque de déplaire.
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« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Duc d'Ostrogothie a écrit:
J’attends la suite de votre démonstration avec grand intérêt quoique ma religion soit je l’avoue déjà faite au sujet du fameux portrait réattribué en 2009 à Marie-Josèphe : pour ma part je n’y vois pas Marie-Antoinette . Le personnage représenté a une fossette au menton trop prononcée « à la Kirk Douglas / Michael Jackson »
Le menton à fossette à la Kirk Douglas ( limite limite " en galoche " ) épinglé par Notre Grâce me chiffonne aussi, je dois dire. Le menton un peu lourd de Marie-Antoinette ne présente jamais de fossette sur les bustes sculptés par exemple.
Il semble que les peintres ne tombent pas d'accord sur le bas de visage de Marie-Antoinette.
Franz Xaver Wagenschoen afflige sa Marie Antoinette à l'épinette d'un très vilain ( à mon avis ) menton fuyant .
ainsi que Josef Hauzinger:
Bonnefoy du Plan a écrit:
C’est avec beaucoup d'intérêt – et encore plus de surprise! – que j’ai lu dans «Marie-Antoinette, l'affranchie» l’histoire du trousseau précisément français que Marie-Thérèse avait fait confectionner à grand frais pour Maie-Antoinette, et sa curieuse captation à peine Marie-Antoinette arrivée dans son nouveau pays. Quel incroyable scénario, et quel éclairage éloquent jeté sur la manière dont les plus grands offices pouvaient faire valoir leur privilèges, aux dépens de leur future souveraine…
Merci de cet inédit fabuleux, qui permet dans le même temps de faire justice de certaines légendes coriaces.
Très belle récompense pour celle qui a bien cherché !
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Notre sujet ...
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Mme de Sabran- Messages : 55383
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Le mystère s’épaissit bien au delà de l’identification des deux archiduchesses !
Je m’interroge maintenant sur le lien éventuel entre le tableau de Klagenfurt et le pastel de Ducreux envoyé à Louis XV. Si leur ressemblance est vraiment frappante, le plus étonnant reste leur dissemblance avec l’autre portrait connu réalisé par Ducreux à Vienne, le voici.
Le visage poupin est figé, sans expression.
Le grand habit, qu'on dirait pas à sa taille, tasse le buste.
L’attitude générale manque de grâce.
Bref, elle ressemble à une petite fille passive médiocrement déguisée en Dadame.
Par respect pour l'artiste je n'en dirais pas plus, sauf que si ce portrait fut véritablement présenté à l’impératrice, je comprends son refus
Concernant la fossette au menton, je pense que Marie-Antoinette avait cette particularité des Habsbourg comme d’autres membres de sa famille. De façon probablement atténuée, mais néanmoins présente sur plusieurs toiles de Mme Vigée Le Brun, qu’on ne peut définitivement accuser d’enlaidir sa cliente.
Pour le reste, qui de Maria-Josepha ou Maria-Antonia, j'attends la suite de l'enquête pour vous faire part de ma conviction personnelle, inchangée pour l'instant
Je m’interroge maintenant sur le lien éventuel entre le tableau de Klagenfurt et le pastel de Ducreux envoyé à Louis XV. Si leur ressemblance est vraiment frappante, le plus étonnant reste leur dissemblance avec l’autre portrait connu réalisé par Ducreux à Vienne, le voici.
Le visage poupin est figé, sans expression.
Le grand habit, qu'on dirait pas à sa taille, tasse le buste.
L’attitude générale manque de grâce.
Bref, elle ressemble à une petite fille passive médiocrement déguisée en Dadame.
Par respect pour l'artiste je n'en dirais pas plus, sauf que si ce portrait fut véritablement présenté à l’impératrice, je comprends son refus
Concernant la fossette au menton, je pense que Marie-Antoinette avait cette particularité des Habsbourg comme d’autres membres de sa famille. De façon probablement atténuée, mais néanmoins présente sur plusieurs toiles de Mme Vigée Le Brun, qu’on ne peut définitivement accuser d’enlaidir sa cliente.
Pour le reste, qui de Maria-Josepha ou Maria-Antonia, j'attends la suite de l'enquête pour vous faire part de ma conviction personnelle, inchangée pour l'instant
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Mme de Sabran a écrit:Le menton à fossette à la Kirk Douglas ( limite limite " en galoche " ) épinglé par Notre Grâce me chiffonne aussi, je dois dire. Le menton un peu lourd de Marie-Antoinette ne présente jamais de fossette sur les bustes sculptés par exemple.
C’est un constat très juste de rappeler que les peintres ne tombent pas d’accord… et qu’ils nous compliquent singulièrement la tâche. La fossette est un bon exemple.
La fossette, plus ou moins prononcée, plus ou moins dessinée, apparaît sur de nombreuses représentations de Marie-Antoinette, dont voici un petit florilège qui pourrait encore être complété. Je me suis plutôt concentré sur les années allant jusqu’à 1780, en finissant par le buste de Fernande qui appuie bien sur cette particularité, tout en étant le seul à le faire.
J’aurais tout aussi bien pu vous proposer un kaléidoscope avec des mentons sans fossettes…
Et que conclure quand un même peintre, Duplessis en l’occurrence, fait sur une esquisse la fossette que nous savons et présente ensuite un portrait terminé avec un bas de visage parfaitement lisse, où seule peut-être une ombre portée vient suggérer ce menton si difficile à rendre? Il faudrait pouvoir en juger avec une image de qualité de cette toile dont la localisation n’est aujourd’hui hélas pas connue.
l'esquisse conservée à Versailles (site du Musée):
le portrait fini, autrefois dans la Collection de la marquise de Ganay (Gallica, Vinck 5583):
Notre exercice compte décidément souvent plus de questions que de réponses…
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Marie-Jeanne a écrit:Pour le reste, qui de Maria-Josepha ou Maria-Antonia, j'attends la suite de l'enquête pour vous faire part de ma conviction personnelle, inchangée pour l'instant
Avec grand plaisir Marie-Jeanne!
Trop de travail au jardin et une certaine fossette m'ont fait prendre un peu de retard, mais vous aurez des nouvelles dans la semaine...
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Bonnefoy du Plan a écrit:Sa Grâce a écrit:Merci infiniment pour ce portrait inédit pour moi mon cher Bonnefoy. Je ne le connaissais pas et je l’aime absolument. Elle est superbe avec ses petites joues roses, ses diamants et son ruban autour du cou . Adorable .
Cher Duc, merci de votre réaction !
J'ai comme l'impression que votre référence privilégiée pour Marie-Antoinette est un vrai beau tableau, où l'ovale est parfaitement dessiné, les soucils bien arqués et où la fossette n’apparaîtt pas…
Tout à fait . D’ailleurs si vous avez des idées sur l’auteur de ce fameux portrait je suis preneur .
Bonnefoy du Plan a écrit:
Restons donc bons amis, cher duc, tout nous y engage !
Mais très certainement et c’était d’ailleurs un plaisir de faire votre connaissance au mois d’octobre dernier .
En ce qui concerne la fossette au menton , on la voit également sur le dernier portrait de la reine au Temple réalisé par Kucharsky . Mais je trouve qu’elle est moins prononcée que sur le portrait autrichien qui fait l’objet de vos recherches . Cela étant il est vrai que la fossette est très prononcée sur le pastel de Duplessis . Alors je suis perdu ...
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
« A la recherche d’Antoine… »
Saison 1, épisode 5
Indices en collections privées
Nous connaissons désormais les portraits de Marie-Josèphe et de Marie-Antoinette à Klagenfurt. La première toile fournit la justification des réattributions de Schönbrunn, la seconde nous met sur la piste d’un original ayant servi de modèle, pour lequel le nom du peintre de cour Johann Michael Millitz paraît vraisemblable.
Le modèle choisi pour la benjamine semble d’ailleurs suffisamment connu et diffusé pour faire référence dans l’iconographie autrichienne de Marie-Antoinette jusqu’au début du règne de Louis XVI.
En effet, nous retrouvons le visage, la coiffure et le diadème sur les curieuses tôles peintes vendues chez Christies en 2015 (Zur Königin von Frankreich / A la reine de France) comme sur le non moins curieux tableau photographié en 1910 dans la collection de la baronne de Vanssay. L’anachronisme de ce dernier portrait, avec une tête d’archiduchesse affublée des atours d’une reine de France, suggère une main autrichienne pour un tableau d’assemblage, qu’il serait utile de retrouver pour mieux l’étudier. Quant au tableau vendu chez Coutau-Bégarie en 2016, il serait encore plus intéressant qu’il soit du XIXe siècle, ce qui démontrerait que - longtemps après l’existence de Marie-Antoinette - le modèle de ce portrait restait une référence pour figurer la reine dans sa jeunesse.
Pourquoi donc ne pas en rester là, laisser Josèphe en paix à Schönbrunn et déplacer plutôt notre intérêt vers le peintre Millitz ? Bien sûr, nous pourrions; mais ce serait ignorer d’autres pièces dans ce dossier , les questions qu’elles posent et qui nous ramènent avec entêtement à Schönbrunn.
I – UN CADEAU DE LA PRINCESSE METTERNICH A L’IMPERATRICE EUGENIE
1). Page 27 du premier tome de Vuaflart et Bourin, les auteurs écrivent : « Enfin Mme Carette, dans un article de la Vie contemporaine, a signalé une grande miniature peinte d’après ce portrait, qui fut offerte à S. M. l’impératrice Eugénie par la princesse de Metternich ».
2). J’ai consulté l’exemplaire de la revue à laquelle nos auteurs font référence en note de bas de page (la Vie contemporaine, octobre 1893, numéro publié pour le centenaire de la reine). La miniature n’y est pas reproduite mais on trouve une information intéressante qui indique qu’elle était différente de celle conservée dans la collection impériale de Vienne, où seule la tête et le haut du buste sont visibles.
3). La miniature de l’impératrice Eugénie montrait semblait-il l’intégralité de la composition, voire même une image agrandie, puisqu’on peut lire : « Connaissant ce culte pour tout ce qui rattachait à la mémoire de l’auguste fille de Marie-Thérèse, la princesse de Metternich offrit à l’impératrice un bien singulier qu’elle avait rapporté d’Autriche. C’était une grande miniature en pied représentant la dauphine, avant son mariage, vers l’âge de quatorze ans. Elle avait le bras relevé et montrait du doigt son col élégant… ».
4). Winterhalter a laissé de la princesse de Metternich un de ses portraits si caractéristiques et vaporeux. Elle était doublement Metternich puisque petite-fille du célèbre chancelier et épouse du fils de ce dernier. Elle avait donc pour mari son oncle du côté maternel (!), qui sera ambassadeur d’Autriche à Paris à partir de 1859. S’il n’est pas précisé que la miniature sortait des collections familiales, il est permis de le penser. Dans tous les cas, il est certain que la princesse se sera assurée de l’objet choisi par elle en Autriche et qu’elle aura recherché une image incontestable de Marie-Antoinette pour faire sa cour à l’impératrice. Difficile en effet de l’imaginer se risquer à choisir un portrait à l’identification incertaine.
5). Evidemment, en l’absence de l’objet, il est difficile de voir ici autre chose qu’un indice de seconde main. Mais un indice qui garde tout son intérêt quand il est rapproché d’un autre pour lequel, cette fois, il est possible de juger sur image…
II – UN NOUVEAU PORTRAIT DE MARIE-ANTOINETTE : CLARIFICATION OU NOUVELLE COMPLICATION ?
1) Page 27 du premier tome de Vuaflart et Bourin, le début du paragraphe qui parle de la princesse de Metternich commence ainsi : « Nous citerons encore une copie de cette œuvre que nous avons vue à Vienne dans la collection de Mme la Baronne de Bourgoing. »
2). A défaut de la miniature d’Eugénie, j’ai retrouvé le tableau de cette collection Bourgoing dans le livre consacré à Meytens, édité à Stockholm en 1974. Voici donc le moment de vous livrer le vrai second inédit de cette conversation « à la recherche d’Antoine ». Il n’est hélas reproduit qu’en noir et blanc et l’ouvrage ne précise ni la provenance de l’image ni la localisation du tableau. S’agit-il d’une photo d’archives de la collection où bien le tableau était-il encore localisé en 1974 ? C’est une copie très proche du tableau de la série des archiduchesses qui nous est donné à voir. Le dessin est loin d’être parfait (cet œil gauche ! ) et les proportions entre hauteur et largeur du visage ne sont pas exactement les mêmes. Mais, aussi inférieure soit-elle à son modèle, cette copie se rapporte bien au tableau de la Kinderzimmer, jugez-en:
3). Le duc d’Ostrogothie ne va pas être très content, l’ovale est encore plus « écrasé » que dans le portrait de référence, celui dont la fossette inquiète par ailleurs Madame de Sabran… Il est vrai – et cela vaut tout de même d’être rappelé au moins une fois dans cette série - que quatre années séparent les deux sœurs. Si l’une est une jeune femme sur le point de se marier, l’autre est alors tout juste une adolescente dont le visage est de toute évidence en transformation. Et ce visage "Bourgoing" n’a décidément pas grand-chose à voir avec le tableau de la Salle des Gardes :
4). Cette toile, dans une collection privée ancienne, y est clairement identifiée à Marie-Antoinette. Pendant longtemps, je n’ai pas su comment lire la phrase de Vuaflart et Bourin que je viens de citer. Avaient-ils vu à Vienne une toile appartenant à la baronne de Bourgoing, une baronne française qui aurait eu une résidence en Autriche ? Ou bien avaient-ils vu chez cette dame, en France, une copie de la toile qu’ils avaient pu observer à Vienne ? J’ai commencé à comprendre quand j’ai cherché à mieux connaître Madame la baronne.
5). Thérèse de Bourgoing était l’épouse du baron Othon Othelin de Bourgoing, un ministre plénipotentiaire de la IIIe République. Il était fils de Paul-Charles Amable de Bourgoing, militaire promu baron d’empire, entré dans la diplomatie sous la Restauration, pair de France sous la Monarchie de Juillet et sénateur du Second Empire. Ce serviteur de l’état, zélé et sans œillères, était lui-même fils de Jean-François de Bourgoing, diplomate en poste à Madrid sous Vergennes. Il est plaisant au passage d’en rappeler le souvenir car c’est lui qui négocia pour Louis XVI en 1786 l’envoi du fameux troupeau de moutons Merinos à Rambouillet…
6). La baronne de Bourgoing était née en terre d’empire austro-hongrois, et même très bien née, au sein de la famille des princes Kinsky, une des maisons les plus prestigieuses de la noblesse du royaume de Bohême. Theresia Kinský von Wchinitz und Tettau, future baronne française, était ainsi comtesse du Saint-Empire romain germanique (Reichsgräfin), issue d’une lignée de serviteurs impériaux proches des Habsbourg.
7). Les Kinsky disposaient d’un patrimoine immobilier considérable. Ils avaient ainsi à Vienne un des plus beaux palais baroques de la capitale, et c’est peut-être dans ce palais Kinsky que Vuaflart et Bourin auront vu le portrait de Marie-Antoinette.
8. Ces origines familiales de la baronne sont intéressantes pour ce qu’elles nous suggèrent de la toile. Plus qu’une vulgaire acquisition en salle des ventes( ), il est permis d’y voir plutôt un héritage de famille, et une toile directement offerte par la Maison impériale à un des dignitaires de la famille Kinsky. L’attribution à Marie-Antoinette est vraisemblablement celle avec laquelle la toile a été reçue dans les collections princières des Kinsky, ce qu’un examen minutieux des archives de cette grande maison permettrait peut-être d’établir.
9). Nous avons vu qu’à Klagenfurt, il avait fallu attendre 2010 pour s’intéresser à la collection de Marie-Anne, jusqu’alors négligée dans un dépôt… De nombreuses découvertes restent à faire et sont aujourd’hui possibles dans les anciens pays de l’empire austro-hongrois, ces pays où les régimes politiques mis en place après la première guerre mondiale et plus encore après 1945 étaient bien peu propices pour faire des recherches sur des sujets aussi subversifs que les portraits de cour.
10). Nombre de grandes familles dépossédées dans les Républiques populaires sont encore aujourd’hui en procès contre les Etats pour récupérer leurs biens, c’est d’ailleurs le cas des Kinsky en Tchéquie et ailleurs. Que sont devenues les archives familiales de ces grandes familles ? De quelles manières les collections ont-elles été dispersées après la réquisition des palais ? Qu’ont récupéré les musées ? Sait-on si les actes de vandalisme et des autodafés ont existé ? Ont-ils été nombreux ? Peut-être notre ami Léos pourrait-il nous renseigner sur ces points, car des recherches ont certainement été faites et des livres ou des articles ont peut-être été déjà publiés sur ces questions ?
III – UNE BOITE D’ORFEVRERIE AVEC LA MINIATURE DU PORTRAIT DE LA KINDERZIMMER
1). Ce dernier point est plus un appel qu’un développement, avec l’espoir que la boite que je vais montrer est connue de l’un d’entre vous, qu’elle a peut-être donné lieu à un quelconque article et qu’elle est passée par une maison des ventes, ce qui nous permettrait alors de mieux la connaître et d’en obtenir une bonne image.
2). C’est notre amie MARIE ANTOINETTE qui nous met sur la piste le 11 janvier 2017, précisant que cette boite était mise à prix sur eBay à 23 000 €, un prix qui suggère une œuvre de qualité et une authentique pièce d’orfèvrerie du XVIIIe avec sa miniature sur le couvercle. Malheureusement, l’image associée permet mal d’en juger…
Alors, avons-nous des informations complémentaires sur cette boite présentée comme française et sur la miniature qui la décore ?
3). Si j’ajoute cette pièce non documentée au dossier, c’est que je m’étonne de voir réalisé en France un tel objet de prestige, agrémenté d’une miniature représentant une infortunée morte à 16 ans sans avoir eu d'histoire, plutôt que l’archiduchesse devenue entretemps la reine du pays. Pourquoi aurait-on cherché à perpétuer en France l’image de Marie-Josèphe ?
4). Même sans les confirmations d’usage nécessaires au sujet de la création et de la provenance de l’objet, tout cela intrigue. Et si le visage s’est affadi pour devenir celui d’une poupée, il semble clair qu’il prend cependant modèle dans la Kinderzimmer et pas dans la Salle des Gardes…
Au terme de cet épisode…
Les traditions orales liées aux objets ne valent pas preuve. Mais elles méritent examen, à plus forte raison lorsqu’elles s’accumulent et sont concordantes. C’est bien le cas ici pour des œuvres qui semblent avoir été dès leur origine liées au nom de Marie-Antoinette. Si méprise il y a, alors elle doit être très ancienne, voire contemporaine de la réalisation de la toile et des miniatures, et pourrait alors remonter à la fin des années 1760 ou au tout début de la décennie suivante. Mais quelle pourrait en être la cause ?
La princesse de Metternich aurait-elle pris le risque de passer pour incompétente en offrant à l’impératrice un objet, peut-être de provenance familiale, avec un visage qui n’aurait pas été celui de Marie-Antoinette ? Si la baronne de Bourgoing se félicitait d’avoir un portrait de jeunesse de Marie-Antoinette dans sa collection, n’était-ce pas par ce qu’il était entré comme tel dans les collections princières des Kinsky ? Et que viendrait faire Marie-Josèphe sur une boite d’orfèvrerie française alors que sa sœur Marie-Antoinette règne à Versailles ?
Quelle chaîne d’erreurs faudrait-il envisager pour que des objets si éloignés et indépendants les uns des autres aient tous porté une attribution erronée à Marie-Antoinette? Erreurs ? Incompétence ? Manque d’attention ou d’intérêt ? Si Marie-Josèphe est bien la princesse de la Kinderzimmer il faut vite détromper les détenteurs de ces autres objets, à supposer que la miniature d’Eugénie et la toile de la baronne existent toujours, pour qu’ils rentrent au plus vite dans le rang.
Vous n’avez pas l’impression qu’on avance ?
En tout cas, c’est assez pour aujourd’hui... La prochaine fois, il faudra reparler de la galerie des portraits de famille à Innsbruck et le moment sera venu de conclure.
Saison 1, épisode 5
Indices en collections privées
Nous connaissons désormais les portraits de Marie-Josèphe et de Marie-Antoinette à Klagenfurt. La première toile fournit la justification des réattributions de Schönbrunn, la seconde nous met sur la piste d’un original ayant servi de modèle, pour lequel le nom du peintre de cour Johann Michael Millitz paraît vraisemblable.
Le modèle choisi pour la benjamine semble d’ailleurs suffisamment connu et diffusé pour faire référence dans l’iconographie autrichienne de Marie-Antoinette jusqu’au début du règne de Louis XVI.
En effet, nous retrouvons le visage, la coiffure et le diadème sur les curieuses tôles peintes vendues chez Christies en 2015 (Zur Königin von Frankreich / A la reine de France) comme sur le non moins curieux tableau photographié en 1910 dans la collection de la baronne de Vanssay. L’anachronisme de ce dernier portrait, avec une tête d’archiduchesse affublée des atours d’une reine de France, suggère une main autrichienne pour un tableau d’assemblage, qu’il serait utile de retrouver pour mieux l’étudier. Quant au tableau vendu chez Coutau-Bégarie en 2016, il serait encore plus intéressant qu’il soit du XIXe siècle, ce qui démontrerait que - longtemps après l’existence de Marie-Antoinette - le modèle de ce portrait restait une référence pour figurer la reine dans sa jeunesse.
Pourquoi donc ne pas en rester là, laisser Josèphe en paix à Schönbrunn et déplacer plutôt notre intérêt vers le peintre Millitz ? Bien sûr, nous pourrions; mais ce serait ignorer d’autres pièces dans ce dossier , les questions qu’elles posent et qui nous ramènent avec entêtement à Schönbrunn.
I – UN CADEAU DE LA PRINCESSE METTERNICH A L’IMPERATRICE EUGENIE
1). Page 27 du premier tome de Vuaflart et Bourin, les auteurs écrivent : « Enfin Mme Carette, dans un article de la Vie contemporaine, a signalé une grande miniature peinte d’après ce portrait, qui fut offerte à S. M. l’impératrice Eugénie par la princesse de Metternich ».
2). J’ai consulté l’exemplaire de la revue à laquelle nos auteurs font référence en note de bas de page (la Vie contemporaine, octobre 1893, numéro publié pour le centenaire de la reine). La miniature n’y est pas reproduite mais on trouve une information intéressante qui indique qu’elle était différente de celle conservée dans la collection impériale de Vienne, où seule la tête et le haut du buste sont visibles.
3). La miniature de l’impératrice Eugénie montrait semblait-il l’intégralité de la composition, voire même une image agrandie, puisqu’on peut lire : « Connaissant ce culte pour tout ce qui rattachait à la mémoire de l’auguste fille de Marie-Thérèse, la princesse de Metternich offrit à l’impératrice un bien singulier qu’elle avait rapporté d’Autriche. C’était une grande miniature en pied représentant la dauphine, avant son mariage, vers l’âge de quatorze ans. Elle avait le bras relevé et montrait du doigt son col élégant… ».
4). Winterhalter a laissé de la princesse de Metternich un de ses portraits si caractéristiques et vaporeux. Elle était doublement Metternich puisque petite-fille du célèbre chancelier et épouse du fils de ce dernier. Elle avait donc pour mari son oncle du côté maternel (!), qui sera ambassadeur d’Autriche à Paris à partir de 1859. S’il n’est pas précisé que la miniature sortait des collections familiales, il est permis de le penser. Dans tous les cas, il est certain que la princesse se sera assurée de l’objet choisi par elle en Autriche et qu’elle aura recherché une image incontestable de Marie-Antoinette pour faire sa cour à l’impératrice. Difficile en effet de l’imaginer se risquer à choisir un portrait à l’identification incertaine.
5). Evidemment, en l’absence de l’objet, il est difficile de voir ici autre chose qu’un indice de seconde main. Mais un indice qui garde tout son intérêt quand il est rapproché d’un autre pour lequel, cette fois, il est possible de juger sur image…
II – UN NOUVEAU PORTRAIT DE MARIE-ANTOINETTE : CLARIFICATION OU NOUVELLE COMPLICATION ?
1) Page 27 du premier tome de Vuaflart et Bourin, le début du paragraphe qui parle de la princesse de Metternich commence ainsi : « Nous citerons encore une copie de cette œuvre que nous avons vue à Vienne dans la collection de Mme la Baronne de Bourgoing. »
2). A défaut de la miniature d’Eugénie, j’ai retrouvé le tableau de cette collection Bourgoing dans le livre consacré à Meytens, édité à Stockholm en 1974. Voici donc le moment de vous livrer le vrai second inédit de cette conversation « à la recherche d’Antoine ». Il n’est hélas reproduit qu’en noir et blanc et l’ouvrage ne précise ni la provenance de l’image ni la localisation du tableau. S’agit-il d’une photo d’archives de la collection où bien le tableau était-il encore localisé en 1974 ? C’est une copie très proche du tableau de la série des archiduchesses qui nous est donné à voir. Le dessin est loin d’être parfait (cet œil gauche ! ) et les proportions entre hauteur et largeur du visage ne sont pas exactement les mêmes. Mais, aussi inférieure soit-elle à son modèle, cette copie se rapporte bien au tableau de la Kinderzimmer, jugez-en:
3). Le duc d’Ostrogothie ne va pas être très content, l’ovale est encore plus « écrasé » que dans le portrait de référence, celui dont la fossette inquiète par ailleurs Madame de Sabran… Il est vrai – et cela vaut tout de même d’être rappelé au moins une fois dans cette série - que quatre années séparent les deux sœurs. Si l’une est une jeune femme sur le point de se marier, l’autre est alors tout juste une adolescente dont le visage est de toute évidence en transformation. Et ce visage "Bourgoing" n’a décidément pas grand-chose à voir avec le tableau de la Salle des Gardes :
4). Cette toile, dans une collection privée ancienne, y est clairement identifiée à Marie-Antoinette. Pendant longtemps, je n’ai pas su comment lire la phrase de Vuaflart et Bourin que je viens de citer. Avaient-ils vu à Vienne une toile appartenant à la baronne de Bourgoing, une baronne française qui aurait eu une résidence en Autriche ? Ou bien avaient-ils vu chez cette dame, en France, une copie de la toile qu’ils avaient pu observer à Vienne ? J’ai commencé à comprendre quand j’ai cherché à mieux connaître Madame la baronne.
5). Thérèse de Bourgoing était l’épouse du baron Othon Othelin de Bourgoing, un ministre plénipotentiaire de la IIIe République. Il était fils de Paul-Charles Amable de Bourgoing, militaire promu baron d’empire, entré dans la diplomatie sous la Restauration, pair de France sous la Monarchie de Juillet et sénateur du Second Empire. Ce serviteur de l’état, zélé et sans œillères, était lui-même fils de Jean-François de Bourgoing, diplomate en poste à Madrid sous Vergennes. Il est plaisant au passage d’en rappeler le souvenir car c’est lui qui négocia pour Louis XVI en 1786 l’envoi du fameux troupeau de moutons Merinos à Rambouillet…
6). La baronne de Bourgoing était née en terre d’empire austro-hongrois, et même très bien née, au sein de la famille des princes Kinsky, une des maisons les plus prestigieuses de la noblesse du royaume de Bohême. Theresia Kinský von Wchinitz und Tettau, future baronne française, était ainsi comtesse du Saint-Empire romain germanique (Reichsgräfin), issue d’une lignée de serviteurs impériaux proches des Habsbourg.
7). Les Kinsky disposaient d’un patrimoine immobilier considérable. Ils avaient ainsi à Vienne un des plus beaux palais baroques de la capitale, et c’est peut-être dans ce palais Kinsky que Vuaflart et Bourin auront vu le portrait de Marie-Antoinette.
8. Ces origines familiales de la baronne sont intéressantes pour ce qu’elles nous suggèrent de la toile. Plus qu’une vulgaire acquisition en salle des ventes( ), il est permis d’y voir plutôt un héritage de famille, et une toile directement offerte par la Maison impériale à un des dignitaires de la famille Kinsky. L’attribution à Marie-Antoinette est vraisemblablement celle avec laquelle la toile a été reçue dans les collections princières des Kinsky, ce qu’un examen minutieux des archives de cette grande maison permettrait peut-être d’établir.
9). Nous avons vu qu’à Klagenfurt, il avait fallu attendre 2010 pour s’intéresser à la collection de Marie-Anne, jusqu’alors négligée dans un dépôt… De nombreuses découvertes restent à faire et sont aujourd’hui possibles dans les anciens pays de l’empire austro-hongrois, ces pays où les régimes politiques mis en place après la première guerre mondiale et plus encore après 1945 étaient bien peu propices pour faire des recherches sur des sujets aussi subversifs que les portraits de cour.
10). Nombre de grandes familles dépossédées dans les Républiques populaires sont encore aujourd’hui en procès contre les Etats pour récupérer leurs biens, c’est d’ailleurs le cas des Kinsky en Tchéquie et ailleurs. Que sont devenues les archives familiales de ces grandes familles ? De quelles manières les collections ont-elles été dispersées après la réquisition des palais ? Qu’ont récupéré les musées ? Sait-on si les actes de vandalisme et des autodafés ont existé ? Ont-ils été nombreux ? Peut-être notre ami Léos pourrait-il nous renseigner sur ces points, car des recherches ont certainement été faites et des livres ou des articles ont peut-être été déjà publiés sur ces questions ?
III – UNE BOITE D’ORFEVRERIE AVEC LA MINIATURE DU PORTRAIT DE LA KINDERZIMMER
1). Ce dernier point est plus un appel qu’un développement, avec l’espoir que la boite que je vais montrer est connue de l’un d’entre vous, qu’elle a peut-être donné lieu à un quelconque article et qu’elle est passée par une maison des ventes, ce qui nous permettrait alors de mieux la connaître et d’en obtenir une bonne image.
2). C’est notre amie MARIE ANTOINETTE qui nous met sur la piste le 11 janvier 2017, précisant que cette boite était mise à prix sur eBay à 23 000 €, un prix qui suggère une œuvre de qualité et une authentique pièce d’orfèvrerie du XVIIIe avec sa miniature sur le couvercle. Malheureusement, l’image associée permet mal d’en juger…
Alors, avons-nous des informations complémentaires sur cette boite présentée comme française et sur la miniature qui la décore ?
3). Si j’ajoute cette pièce non documentée au dossier, c’est que je m’étonne de voir réalisé en France un tel objet de prestige, agrémenté d’une miniature représentant une infortunée morte à 16 ans sans avoir eu d'histoire, plutôt que l’archiduchesse devenue entretemps la reine du pays. Pourquoi aurait-on cherché à perpétuer en France l’image de Marie-Josèphe ?
4). Même sans les confirmations d’usage nécessaires au sujet de la création et de la provenance de l’objet, tout cela intrigue. Et si le visage s’est affadi pour devenir celui d’une poupée, il semble clair qu’il prend cependant modèle dans la Kinderzimmer et pas dans la Salle des Gardes…
Au terme de cet épisode…
Les traditions orales liées aux objets ne valent pas preuve. Mais elles méritent examen, à plus forte raison lorsqu’elles s’accumulent et sont concordantes. C’est bien le cas ici pour des œuvres qui semblent avoir été dès leur origine liées au nom de Marie-Antoinette. Si méprise il y a, alors elle doit être très ancienne, voire contemporaine de la réalisation de la toile et des miniatures, et pourrait alors remonter à la fin des années 1760 ou au tout début de la décennie suivante. Mais quelle pourrait en être la cause ?
La princesse de Metternich aurait-elle pris le risque de passer pour incompétente en offrant à l’impératrice un objet, peut-être de provenance familiale, avec un visage qui n’aurait pas été celui de Marie-Antoinette ? Si la baronne de Bourgoing se félicitait d’avoir un portrait de jeunesse de Marie-Antoinette dans sa collection, n’était-ce pas par ce qu’il était entré comme tel dans les collections princières des Kinsky ? Et que viendrait faire Marie-Josèphe sur une boite d’orfèvrerie française alors que sa sœur Marie-Antoinette règne à Versailles ?
Quelle chaîne d’erreurs faudrait-il envisager pour que des objets si éloignés et indépendants les uns des autres aient tous porté une attribution erronée à Marie-Antoinette? Erreurs ? Incompétence ? Manque d’attention ou d’intérêt ? Si Marie-Josèphe est bien la princesse de la Kinderzimmer il faut vite détromper les détenteurs de ces autres objets, à supposer que la miniature d’Eugénie et la toile de la baronne existent toujours, pour qu’ils rentrent au plus vite dans le rang.
Vous n’avez pas l’impression qu’on avance ?
En tout cas, c’est assez pour aujourd’hui... La prochaine fois, il faudra reparler de la galerie des portraits de famille à Innsbruck et le moment sera venu de conclure.
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
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Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Vous me scotchez, cher Bonnefoy, vous me scotchez !
Bonnefoy du Plan a écrit:
3). Si j’ajoute cette pièce non documentée au dossier, c’est que je m’étonne de voir réalisé en France un tel objet de prestige, agrémenté d’une miniature représentant une infortunée morte à 16 ans sans avoir eu d'histoire, plutôt que l’archiduchesse devenue entretemps la reine du pays. [b]Pourquoi aurait-on cherché à perpétuer en France l’image de Marie-Josèphe ?
En effet, cela n'a aucun sens . La pauvre Marie-Josèphe était vouée à tomber dans l'oubli, je dirais même ( à lire les mémoires de Durfort ) dans l'indifférence générale. En matière de politique matrimoniale de leur terrible mère, les archiduchesse étaient ni plus ni moins interchangeables .
Exit Marie-Josephe ?! Qu'à cela ne tienne Marie-Caroline fera l'affaire et sera reine de Naples .
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Mme de Sabran- Messages : 55383
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Mais cela n'explique pas son absence ( ou celle de Marie-Antoinette ) dans la série de portraits des archiduchesses .
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Mme de Sabran- Messages : 55383
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Selon le site « À travers champs » cette tabatière, datée de 1779, est l'œuvre de Jean-Baptiste Fouache, un orfèvre très connu, actif à Paris entre 1775 et 1781, identifiable à son poinçon.
Il fut par ailleurs régisseur de la perception des droits pour la Régie Générale.
Il est mort en 1782 à Paris, date de son inventaire après décès. C'est un peu une bouteille à la mer mais cette pièce pourrait donner des informations sur d'éventuels clients débiteurs, et peut-être sur les miniaturistes avec lesquels il collaborait.
Sinon je n'ai pas retrouvé l'annonce de la vente sur eBay ni aucune trace de vente antérieure.
Il fut par ailleurs régisseur de la perception des droits pour la Régie Générale.
Il est mort en 1782 à Paris, date de son inventaire après décès. C'est un peu une bouteille à la mer mais cette pièce pourrait donner des informations sur d'éventuels clients débiteurs, et peut-être sur les miniaturistes avec lesquels il collaborait.
Sinon je n'ai pas retrouvé l'annonce de la vente sur eBay ni aucune trace de vente antérieure.
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Quelle incroyable énigme et quels rebondissements. C'est un vrai sujet passionnant que votre étude cher Bonnefoy. Le tableau offert à l'Impératrice aurait il brûlé aux Tuileries ?
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Mr de Talaru- Messages : 3186
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Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Je crois qu'il ne faut trop s'attarder sur la tabatière, car si sa datation est probablement bonne, il n'en est peut-être pas de même pour la miniature. Elle pourrait être postérieure, ou même antérieure, et avoir été placée à une date et en un lieu impossible à déterminer. J'ai relevé dans les ventes quelques exemples présentant cette particularité.
Par ailleurs, le fait qu'elle soit française ne m'interpelle pas plus que çà.
En revanche, je crois possible que la confusion entre les deux archiduchesses soit beaucoup plus anciennes qu'on ne le pensait jusque là.
Par ailleurs, le fait qu'elle soit française ne m'interpelle pas plus que çà.
En revanche, je crois possible que la confusion entre les deux archiduchesses soit beaucoup plus anciennes qu'on ne le pensait jusque là.
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Cher Bonnefoy, je vous suis pas à pas dans votre enquête toujours aussi passionnante et plaisante à lire.
A nouveau merci pour cette copie, inédite, provenant de la collection Bourgoing !! Et dommage que nous n'ayons aucune image de la miniature de l'impératrice Eugénie.
Ces deux pistes là sont intéressantes !
Comme le suggère Marie-Jeanne, il semblerait en effet que la confusion entre les deux archiduchesses soit ancienne (voyez-vous, pour l'instant, j'en reste aux attributions "officielles" )
Cependant, je suis bien moins convaincu concernant la miniature de la tabatière (que nous présentions, sans guère de détails, ICI)
Merci Marie-Jeanne pour vos recherches concernant la description de l'annonce Ebay, dont il reste des traces sur le net. Je cite :
Magnificent and very rare French 18 carat gold and enamel snuff box with a hand painted portrait of Marie Antoinette to the lid, made in Paris, France circa 1779.
This is an exceptional quality and large oval snuff box made by the highly important maker, Jean Baptiste Fouache, in Paris circa 1779.
Jean Baptiste Fouache was active in Paris between 1775 - 1781 and the box has an original signed portait of Marie Antoinette dated 1779 which therefore dates this box to 1779-1781.
Boxes by Jean Baptiste Fouache are of great importance and can be found in museums. In England, examples of his boxes are to be found both in The Royal Collection of Queen Elizabeth and in the Wallace Collection in Manchester Square, London.
The box has stunning enamel and guilloche enamel decoration to the lid, sides and underside.
Je n'ai rien dit au moment où nous l'avions présentée la première fois, mais bon, en ce qui me concerne, disons que je ne la " sens " pas cette boite.
La date tout d'abord est présumée par le vendeur.
Il annonce un " circa 1779 ", se basant sur la date apparemment mentionnée au portrait. Il ajoute que le portrait est signé (Ah bon ? Mais par qui ?)
Mouais ! Disons que j'aimerais bien voir ça.
A vue d'oeil, cette miniature me semble plutôt très XIXe siècle !!! Mais je ne suis pas expert.
Et serait-elle ainsi datée, par quelle étrange idée un artiste (admettons français), aurait copié, près de dix ans plus tard, un portrait de la prétendue reine mais du temps où elle était archiduchesse ? Pour quelle raison ?
Le portrait original dont il est question (de l'une ou l'autre soeur, selon l'opinion de chacun) n'est connu qu'en Autriche.
Sauf erreur de ma part, il est demeuré inconnu en France au XVIIIe siècle, et n'a pas été dupliqué sur des gravures.
Que viendrait-il faire sur une tabatière dite " française ", et datée " circa 1779 " ?
Ce n'est pas très logique.
A nouveau merci pour cette copie, inédite, provenant de la collection Bourgoing !! Et dommage que nous n'ayons aucune image de la miniature de l'impératrice Eugénie.
Ces deux pistes là sont intéressantes !
Comme le suggère Marie-Jeanne, il semblerait en effet que la confusion entre les deux archiduchesses soit ancienne (voyez-vous, pour l'instant, j'en reste aux attributions "officielles" )
Cependant, je suis bien moins convaincu concernant la miniature de la tabatière (que nous présentions, sans guère de détails, ICI)
Merci Marie-Jeanne pour vos recherches concernant la description de l'annonce Ebay, dont il reste des traces sur le net. Je cite :
Magnificent and very rare French 18 carat gold and enamel snuff box with a hand painted portrait of Marie Antoinette to the lid, made in Paris, France circa 1779.
This is an exceptional quality and large oval snuff box made by the highly important maker, Jean Baptiste Fouache, in Paris circa 1779.
Jean Baptiste Fouache was active in Paris between 1775 - 1781 and the box has an original signed portait of Marie Antoinette dated 1779 which therefore dates this box to 1779-1781.
Boxes by Jean Baptiste Fouache are of great importance and can be found in museums. In England, examples of his boxes are to be found both in The Royal Collection of Queen Elizabeth and in the Wallace Collection in Manchester Square, London.
The box has stunning enamel and guilloche enamel decoration to the lid, sides and underside.
Je n'ai rien dit au moment où nous l'avions présentée la première fois, mais bon, en ce qui me concerne, disons que je ne la " sens " pas cette boite.
La date tout d'abord est présumée par le vendeur.
Il annonce un " circa 1779 ", se basant sur la date apparemment mentionnée au portrait. Il ajoute que le portrait est signé (Ah bon ? Mais par qui ?)
Mouais ! Disons que j'aimerais bien voir ça.
A vue d'oeil, cette miniature me semble plutôt très XIXe siècle !!! Mais je ne suis pas expert.
Et serait-elle ainsi datée, par quelle étrange idée un artiste (admettons français), aurait copié, près de dix ans plus tard, un portrait de la prétendue reine mais du temps où elle était archiduchesse ? Pour quelle raison ?
Le portrait original dont il est question (de l'une ou l'autre soeur, selon l'opinion de chacun) n'est connu qu'en Autriche.
Sauf erreur de ma part, il est demeuré inconnu en France au XVIIIe siècle, et n'a pas été dupliqué sur des gravures.
Que viendrait-il faire sur une tabatière dite " française ", et datée " circa 1779 " ?
Ce n'est pas très logique.
Dernière édition par La nuit, la neige le Ven 17 Avr 2020, 10:42, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18096
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
La nuit, la neige a écrit: j'en reste aux attributions "officielles" )
Moi de même. Je serais sidérée du contraire. Mais pourquoi pas...
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
La nuit, la neige a écrit:
Comme le suggère Marie-Jeanne, il semblerait en effet que la confusion entre les deux archiduchesses soit ancienne (voyez-vous, pour l'instant, j'en reste aux attributions "officielles" )
Cependant, ne vous semble-t-il pas que plus la confusion soit ancienne et moins elle soit explicable ?
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Mme de Sabran- Messages : 55383
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Marie-Jeanne a écrit:Je crois qu'il ne faut trop s'attarder sur la tabatière
La nuit, la neige a écrit: je suis bien moins convaincu concernant la miniature de la tabatière
Mme de Sabran a écrit:ne vous semble-t-il pas que plus la confusion soit ancienne et moins elle soit explicable ?
Merci de vos retours sur cette boite et la miniature !
La seconde photo proposée par LNLN me semble définitivement pointer vers un pastiche XIXe, ajouté sur une boite ancienne, pratique en effet déjà observée. A en juger par cette nouvelle image, c’est une miniature apparemment bien faible pour une telle tabatière. Je vais interroger Mme Lemoine-Bouchard et lui demander un avis.
Reste à observer que cette boite sans doute hétéroclite est passée à la postérité avec une identification à Marie-Antoinette. La seule chose que j’en déduis est qu’à l’époque indéfinie où la petite miniature a été peinte, cette attribution était acquise.
Les vraies questions, que vous avez soulignées, tournent en effet autour de la date et de l’origine de la méprise / du changement d’identité du modèle… Plus on réfléchit, plus il est permis d’imaginer que cette origine est ancienne. C’est la raison pour laquelle le post précédent attirait avant tout l’attention sur des collections aristocratiques de milieux proches de la Cour où les objets en question devaient avoir reçu des identifications solides et qui étaient les mêmes que celles des collections impériales. Alors, c'est qui le coupable???
C’est à ce genre de réflexion qu’on a bien le sentiment de ne pas tourner en rond, vous ne trouvez-pas ?
Je vous laisse souffler quelques jours, le temps pour moi d'aller me casser la tête à Innsbruck...
Cet éditeur ne s’embarrasse pas et prend clairement position. Que d’imprudents on rencontre dans ce dossier !
A noter enfin pour aujourd’hui que la dernière version Wikipedia (nov. 2019) au sujet du Maître des archiduchesses reste ce qu’elle était lorsque je l’ai téléchargée une première fois en 2014
https://de.wikipedia.org/wiki/Meister_der_Erzherzoginnen
En restant sur l’attribution ancienne, elle nous dit aussi, hélas sans plus de détails, que la série des archiduchesses comportait 6 ou 7 toiles…
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Bon voyage cher Bonnefoy.
En regardant de plus près la miniature même XIXe elle reste de trés jolie facture. Toutes ces petites perles et le travail autour st fort bien réalisé. l'image n'est pas assez bonne pour juger de l'émaillage.
En regardant de plus près la miniature même XIXe elle reste de trés jolie facture. Toutes ces petites perles et le travail autour st fort bien réalisé. l'image n'est pas assez bonne pour juger de l'émaillage.
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Mr de Talaru- Messages : 3186
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Bonnefoy du Plan a écrit:
Les vraies questions, que vous avez soulignées, tournent en effet autour de la date et de l’origine de la méprise / du changement d’identité du modèle… Plus on réfléchit, plus il est permis d’imaginer que cette origine est ancienne. C’est la raison pour laquelle le post précédent attirait avant tout l’attention sur des collections aristocratiques de milieux proches de la Cour où les objets en question devaient avoir reçu des identifications solides et qui étaient les mêmes que celles des collections impériales. Alors, c'est qui le coupable???
A d'autres occasions ici, nous avions déjà remarqué que les attributions des figures de la famille de Marie-Thérèse sont parfois aléatoires, et qu'il n'est pas toujours facile de s'y retrouver.
Ce n'est pas la première fois qu'une archiduchesse est prise pour une autre, surtout lorsqu'elles sont très jeunes.
Peut-être que, très rapidement après leur mort et/ou celles de leurs contemporains, plus grand monde ne devait se souvenir qui était représenté sur tel portrait et qui sur tel autre.
A dire vrai, c'est aussi le cas avec quelques portraits des filles de Louis XV...
Sait-on quand les deux portraits, faussement " jumeaux ", furent-ils rassemblés à Schönbrunn ? Et en particulier celui de la Chambre des enfants ?
Bonnefoy du Plan a écrit:
Je vous laisse souffler quelques jours, le temps pour moi d'aller me casser la tête à Innsbruck...
C'est là que je vous attends avec impatience...
La nuit, la neige- Messages : 18096
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Mme de Sabran a écrit: Franz Xaver Wagenschoen afflige sa Marie Antoinette à l'épinette d'un très vilain ( à mon avis ) menton fuyant, ainsi que Josef Hauzinger
Hauzinger semble en effet s’être très directement inspiré du tableau de Wagenschoen, ce qui est d’autant plus frappant si l’on observe le dessin préparatoire au tableau de la rencontre avec Maximilien. Sa composition définitive s’en écarte, c’est dommage car la scène était plus dynamique et vivante, avec sans doute le regard le plus doux jamais posé par celui que vous appelez Loulou sur son épouse…
Le visage de Marie-Antoinette regarde plus vers la droite que sur la toile où elle joue de l’épinette, mais c’est bien la même forme générale et c’est bien le même menton. Il me semble même que c’est aussi la même coiffure pré-Larseneur, ce qu’une image de meilleure définition pourrait confirmer. Bref une référence initiale en tout point anachronique pour un tableau de 1778, ce qu’elle était déjà pour le tableau d’Innsbruck en 1771-1773.
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Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Le site internet de Schönbrunn est vague sur la question et parle des « années 60 » pour l’agencement actuel de la « Kinderzimmer ». Pas d’information non plus pour savoir si les deux versions du tableau de Josèphe proviennent d'une même résidence. Il semble acquis cependant que la présence de la version « reine de Naples » est aussi un accrochage récent dans la Salle des Gardes. Le guide des appartements officiels que je possède date de 1995 (Die Prunkräume, Georg Kugler, Verlag Christian Brandstätter). J’y remarque qu’on y passe directement du palier du grand escalier dans le Salon du Billard sans qu’une mention soit faite pour cette salle des gardes. J’en déduis que la pièce n’était alors qu’un lieu de passage vers les appartements de François-Joseph et que son aménagement est vraisemblablement récent :La nuit, la neige a écrit:Sait-on quand les deux portraits, faussement " jumeaux ", furent-ils rassemblés à Schönbrunn ? Et en particulier celui de la Chambre des enfants ?
Sur ce plan, vous voyez qu’une salle a conservé le nom de Marie-Antoinette, qu’elle portait sous François-Joseph après que Napoléon III ait offert une tapisserie des Gobelins représentant la reine avec ses enfants par Mme Vigée Lebrun en 1787. Le guide précise qu’à la chute de l’empire cette tapisserie est restée dans les possessions privées des Habsbourg. Je n’en connais pas de reproduction, sinon sur un tableau où François Joseph figure avec des officiers.
Je trouve la lecture de ce guide assez « plaisante » lorsqu’on arrive à la Kinderzimmer car, évidemment à l’époque, l’attribution à Marie-Antoinette ne fait pas débat. On peut ainsi lire :
« Marie-Antoinette, la plus jeune des filles quitta à l’âge de quinze ans (sic) la chaleur familiale qui régnait à la cour de Vienne pour la cour luxueuse de Versailles où régnait le gaspillage. Pendant quelques années trop insouciantes, la beauté de la princesse héritière triompha, une beauté que préfigure bien le portrait du Salon Bleu (autre nom donné à la Kinderzimmer lorsque la pièce faisait partie de l’appartement de l’archiduchesse Marie-Valérie). Devenue reine, elle trouvé trop tard la dimension du personnage et le sens des responsabilités, mais dans la captivité et jusque sur l'échafaud, elle sut montrer ce qu’était une véritable fille de la grande Marie-Thérèse.
Sous le portrait de Marie-Antoinette se trouve un meuble magnifique en palissandre qui provient de ses collections. Il est recouvert d'éléments en bronze doré et orné de plaques en porcelaine de Sèvres. Ce secrétaire de Marie-Antoinette est dû à l’ébéniste Adam Weisweiler autour de 1780. Il fut offert par l’empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie à l’impératrice Charlotte du Mexique, épouse de l’infortuné Maximilien, le frère de François Joseph. »
On apprend ainsi que Weisweiler est une victime collatérale de la décision de réattribution, puisque le meuble ne faisait plus sens, dès lors qu’on reconnaissait que la jeune beauté qui triomphait au-dessus était en fait Josèphe. Voici la photo de mon guide en 1995 et la capture d’écran que l’on de la visite virtuelle du palais :
Je lis par ailleurs que cet historien de l’art, qui a fait toute sa carrière auprès du Kunsthistorisches Museum (KHM) de Vienne, donne les années 1767-1768 pour la réalisation de la série, et non 1765-1767 comme je l’ai repris d’une autre source. Il conviendrait donc de changer les dates que j’ai données précédemment. Il précise que le mystérieux peintre que nous savons avait reçu commande d’exécuter « les portraits des six filles alors en vie de l’impératrice ». Ce qui cloche une fois de plus, car si la commande est passée en 1767, elles étaient sept et non six. Georg Kugler ajoute : « Ce ne sont pas des tableaux d’enfants, mais bien des portraits de princesses parvenues à l’âge adulte. Même la petite Marie-Antoinette, âgée de douze ans, y est déjà représentée comme une jeune dame ».
Bizarrement, je n’ai pas trouvé de mise à jour de ce guide officiel estampillé « Schloss Schönbrunn » sur Internet, et le site de Schönbrunn ne propose pas de librairie en ligne ! Il faut s’y faire, l’information reste difficile à trouver…
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" Ai-je vu dans sa société quelque chose qui ne fût pas marqué au coin de la grâce, de la bonté et du goût? "
(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
Bonnefoy du Plan- Messages : 390
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Si la série des filles en vie a bien été commandée en 1767-68, le portrait de Maria-Josepha (si c'est elle) était vraisemblablement terminé avant sa mort en octobre 1767.
Si celui de Maria-Antonia ne l'était pas, l'impératrice a peut-être tout simplement arrêté le projet en attribuant le portrait de la défunte à la cadette. D'où pour le coup l'ancienneté de la confusion.
Si celui de Maria-Antonia ne l'était pas, l'impératrice a peut-être tout simplement arrêté le projet en attribuant le portrait de la défunte à la cadette. D'où pour le coup l'ancienneté de la confusion.
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« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Portrait de Marie-Antoinette ou de Marie-Josèphe, par Meytens ?
Bonnefoy du Plan a écrit:Mme de Sabran a écrit: Franz Xaver Wagenschoen afflige sa Marie Antoinette à l'épinette d'un très vilain ( à mon avis ) menton fuyant, ainsi que Josef Hauzinger
Hauzinger semble en effet s’être très directement inspiré du tableau de Wagenschoen, ce qui est d’autant plus frappant si l’on observe le dessin préparatoire au tableau de la rencontre avec Maximilien. Sa composition définitive s’en écarte, c’est dommage car la scène était plus dynamique et vivante, avec sans doute le regard le plus doux jamais posé par celui que vous appelez Loulou sur son épouse…
Absolument ! C'est très dommage. ( bouh ! ce menton ... )
Dans la composition définitive l'un et l'autre ont le regard comme perdu dans le vague, pour ne pas dire complètement inexpressif .
Dans le dessin préparatoire Louis XVI a une expression attendrie et Marie-Antoinette regarde Maximilien . Notons aussi qu'elle se tient debout. Et puis, fatiguée sans doute de la lenteur d'exécution d'Hauzinger, voilà-t-y point qu'elle se laisse tomber dans le fauteuil derrière elle !
Marie-Jeanne a écrit:Si la série des filles en vie a bien été commandée en 1767-68, le portrait de Maria-Josepha (si c'est elle) était vraisemblablement terminé avant sa mort en octobre 1767.
Si celui de Maria-Antonia ne l'était pas, l'impératrice a peut-être tout simplement arrêté le projet en attribuant le portrait de la défunte à la cadette. D'où pour le coup l'ancienneté de la confusion.
Cela me semble sur le plan psychologique impossible, même si nous savons Marie-Thérèse avant tout pragmatique . Ce serait une façon bien désinvolte d'expédier son deuil. Allez zou, plus de Josephe ! Passons.
Malgré la façon dont elle en a usé avec ses enfants, je crois tout de même qu'elle avait un coeur de mère .
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55383
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