L’Hôtel du Grand Prieur au Temple, chez le comte d'Artois
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L’Hôtel du Grand Prieur au Temple, chez le comte d'Artois
Si on a beaucoup parlé de l'installation de la famille royale dans l'une des tours du Temple, il ne faut pas oublier que l'hôtel du Grand Prieur de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem, avait été employé par le comte d'Artois comme sa demeure parisienne, au nom de son fils le duc d'Angoulême. Il avait été élu grand maître de l'ordre à la mort du prince de Conti en 1776, et son père commande immédiatement de nombreux embellissements à son Intendant des Bâtiments, Louis Boullé, dont il reste quelques meubles :
ces fauteuils de Jacob ;
et surtout le mobilier du boudoir turc, commandé à ce même Jacob, et installé l'année suivante (1777) ;
A l'époque règne un engouement pour les "turqueries" et la sensualité de l'art de vivre oriental plaît au comte d'Artois.
Ce cabinet turc dispose de deux croisées et pans coupés. Dans cette idéalisation de l'art de vivre proche-oriental, la décoration est imaginée à l'imitation d'une tente luxueuse, digne des Mille et une Nuit. Les murs sont recouverts de lampas jaunes et blancs "festonné à la Romaine", suspendus par 23 croissants de fer.
La cheminée de marbre blanc est entourée de "deux grandes sultanes" (équivalents de lits banquettes) de forme cintrée sans dossier. Sur leur matelas étaient posés 6 "carreaux à oreillers". Le cabinet comptait aussi 4 chaises et 2 "fauteuils turcs".
voici l'un d'eux :
Ce mobilier fut probablement dessiné par Boullée, l'architecte, et fut réalisé Georges Jacob et sculpté par Rode.
Ils étaient alors peint en "blanc de roi", garnis d'un lampas jaune et blanc. L'ensemble des fauteuils et chaises couta 1343 livres, sans compter le tissus.
Je cite l'article ; Le tout, participant du goût de paraître du comte d'Artois, fut bien sûr règlé par l'administration royale ad hoc, les Menus Plaisirs.
Depuis quand les Menus se chargent de payer le mobilier, à la place du Garde Meuble ?
La dorure de qualité que l'on voit aujourd'hui semble avoir été ajoutée au tout début du XIXe, lors du passage du mobilier au Luxembourg. Après cela il disparut avant d'être légué au Louvre en 1965. Les deux sultanes restent actuellement introuvables.
En même temps que la dorure fut réalisé un canapé "dans le goût".
La garniture fut retissé d'après un tissus d'époque contemporaine de l'original, la garniture originale avait été changée. Par contre les glands, festons et franges furent reproduits à l'identique.
Remarquons la symbolique turque, présente dans le décors sculpté ; croissants de lune, [guirlande] de perles, abondance de drapés, épis de blé turc, feuille de lotus égyptien, corne d'abondance des oasis (citation).
Malgré les transformations dues à l'histoire de ce mobilier exceptionnel, il n'en reste pas moins magnifique.
ces fauteuils de Jacob ;
et surtout le mobilier du boudoir turc, commandé à ce même Jacob, et installé l'année suivante (1777) ;
A l'époque règne un engouement pour les "turqueries" et la sensualité de l'art de vivre oriental plaît au comte d'Artois.
Ce cabinet turc dispose de deux croisées et pans coupés. Dans cette idéalisation de l'art de vivre proche-oriental, la décoration est imaginée à l'imitation d'une tente luxueuse, digne des Mille et une Nuit. Les murs sont recouverts de lampas jaunes et blancs "festonné à la Romaine", suspendus par 23 croissants de fer.
La cheminée de marbre blanc est entourée de "deux grandes sultanes" (équivalents de lits banquettes) de forme cintrée sans dossier. Sur leur matelas étaient posés 6 "carreaux à oreillers". Le cabinet comptait aussi 4 chaises et 2 "fauteuils turcs".
voici l'un d'eux :
Ce mobilier fut probablement dessiné par Boullée, l'architecte, et fut réalisé Georges Jacob et sculpté par Rode.
Ils étaient alors peint en "blanc de roi", garnis d'un lampas jaune et blanc. L'ensemble des fauteuils et chaises couta 1343 livres, sans compter le tissus.
Je cite l'article ; Le tout, participant du goût de paraître du comte d'Artois, fut bien sûr règlé par l'administration royale ad hoc, les Menus Plaisirs.
Depuis quand les Menus se chargent de payer le mobilier, à la place du Garde Meuble ?
La dorure de qualité que l'on voit aujourd'hui semble avoir été ajoutée au tout début du XIXe, lors du passage du mobilier au Luxembourg. Après cela il disparut avant d'être légué au Louvre en 1965. Les deux sultanes restent actuellement introuvables.
En même temps que la dorure fut réalisé un canapé "dans le goût".
La garniture fut retissé d'après un tissus d'époque contemporaine de l'original, la garniture originale avait été changée. Par contre les glands, festons et franges furent reproduits à l'identique.
Remarquons la symbolique turque, présente dans le décors sculpté ; croissants de lune, [guirlande] de perles, abondance de drapés, épis de blé turc, feuille de lotus égyptien, corne d'abondance des oasis (citation).
Malgré les transformations dues à l'histoire de ce mobilier exceptionnel, il n'en reste pas moins magnifique.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: L’Hôtel du Grand Prieur au Temple, chez le comte d'Artois
C'est au Grand Prieur de Souvré que l'on devait la construction de l'hôtel du Grand Maître, commandée à Pierre Delisle-Mansart (lui aussi, comme Jules Hardouin-Mansart, petit neveu du célèbre architecte) en 1667. Les contemporains trouvèrent cette façade un peu sèche, sans grand caractère.
En voici les deux gravures réalisées par Marot, montrant le portail d'entrée et la façade sur jardin.
Le plan de Turgot nous fournit une vue de l'ensemble des bâtiments de l'Ordre.
Le salon des glaces reste célèbre pour ce tableau, montrant le petit Mozart lors de son premier passage à Paris (1764) :
Le même M. B. Olliver, peintre ordinaire du prince, nous montre un souper dans l'hôtel ;
Le prince de Conti était le chef de file du mouvement aristocratique d'opposition à Louis XV, voulant instaurer un système parlementaire à l'imitation des britanniques. Anglophile convaincu, rien de plus naturel que de déguster chez lui le thé, servi avec cette feinte simplicité qui sied à un salon se piquant de philosophie. Anglomane, il est donc opposé à l'Autriche et au renversement d'alliance de 1756, ce qui entraînera sa disgrâce.
Remarquez dans la première toile le décor très sobre des boiseries, orné de quelques motifs rocailles, qui restent très en retrait. Quand à la pièce où se déroule le souper, il s'agit d'un décor directement hérité du milieu du XVIIème, ce qui ne dut pas dépayser le comte d'Artois, qui achetait l'année même de la réalisation des nouveaux décors du Temple, le château de Maisons, brillant exemple des décors du tout début du règne de Louis XIV.
En voici les deux gravures réalisées par Marot, montrant le portail d'entrée et la façade sur jardin.
Le plan de Turgot nous fournit une vue de l'ensemble des bâtiments de l'Ordre.
Le salon des glaces reste célèbre pour ce tableau, montrant le petit Mozart lors de son premier passage à Paris (1764) :
Le même M. B. Olliver, peintre ordinaire du prince, nous montre un souper dans l'hôtel ;
Le prince de Conti était le chef de file du mouvement aristocratique d'opposition à Louis XV, voulant instaurer un système parlementaire à l'imitation des britanniques. Anglophile convaincu, rien de plus naturel que de déguster chez lui le thé, servi avec cette feinte simplicité qui sied à un salon se piquant de philosophie. Anglomane, il est donc opposé à l'Autriche et au renversement d'alliance de 1756, ce qui entraînera sa disgrâce.
Remarquez dans la première toile le décor très sobre des boiseries, orné de quelques motifs rocailles, qui restent très en retrait. Quand à la pièce où se déroule le souper, il s'agit d'un décor directement hérité du milieu du XVIIème, ce qui ne dut pas dépayser le comte d'Artois, qui achetait l'année même de la réalisation des nouveaux décors du Temple, le château de Maisons, brillant exemple des décors du tout début du règne de Louis XIV.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: L’Hôtel du Grand Prieur au Temple, chez le comte d'Artois
Nous avons même un sujet sur le Temple, cher Cosmo !
... mignonne, ta petite souris ! :
Au début du XVIIème siècle, le Marais fut le quartier aristocratique de Paris. Le Palais du Grand Prieur du Temple (construit à l'époque à l'angle des rues du Temple et de Bretagne) abritait la cour des fils illégitimes de la royauté qui, comme Philippe, le duc de Vendôme, petit-fils d'Henri IV et sa maîtresse Gabrielle d' Estrée, menèrent une vie de débauche, mais aussi d'éclat littéraire et artistique. Le Grand Prieur, par exemple, a accordé à La Fontaine une pension annuelle de 600 francs. Après le déménagement de la Cour à Versailles, le Palais du Grand Prieur du Temple devint une alternative où la cour "rassemblant ceux qui n'avaient rien à espérer du Roi", nous disait par Horace Walpole. Louis XVI appelait le Grand Prieur avec mépris "mon cousin l'avocat". Walpole, d'autre part, le décrit comme son "beau, de Port Royal et aimable" mais aussi comme «arrogant, dissolu et prodigue».
Il est dit qu'il aurait conservé 4000 anneaux dans un de ses tiroirs, symbolisant un jeton d'adieu pour chacune de ses maîtresses répudiées. Sa favorite, la comtesse de Boufflers, "l'Idole du Temple", a régné en maître sur ce tribunal scintillant; Mozart, alors âgé de 10 ans y fut présenté lors de son deuxième séjour à Paris, tel qu'en témoigne le célèbre tableau du peintre Ollivier témoin de la scène , figurant le jeune prodigue jouant du clavecin.
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Mme de Sabran- Messages : 55597
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L’Hôtel du Grand Prieur au Temple, chez le comte d'Artois
Le Temple (la Maison du Temple), à Paris (IIIe arrondissement).
- Le Temple était jadis un vaste domaine fortifié avec de nombreuses constructions dont les plus importantes étaient l'église, et le donjon élevé en 1212, qui renfermait les archives et les trésors de l'ordre des Templiers.
En 1667 le Grand Prieur Jacques de Souvré, fit démolir les anciennes murailles, et vendit une partie des terrains au nord, terrains qui s'étendaient jusqu'au ruisseau de Ménilmontant et sur lesquels on ouvrit les rues de Malte, de Vendôme, d'Angoulême, etc. Il fit construire un nouvel et vaste hôtel, dit hôtel de M. le Grand Prieur, et le nouvel enclos fut entouré de murailles crénelées flanquées de tourelles.
Cet hôtel du Grand Prieur fut le théâtre des plaisirs de Philippe de Vendôme, successeur de Jacques de Souvré. Des fameux dîners, égayés par l'abbé de Chaulieu, qui eurent lieu au Temple, vient l'expression : Boire comme un Templier. J.-J. Rousseau y logea en 1765, étant l'ami du Grand Prieur, qui était alors le prince de Conti. En 1781, le bailli du Temple, M. de Crussol, fit élever la Rotonde sur les dessins de Pérard de Montreuil.
Le dernier titulaire du Prieuré fut le duc d'Angoulême, fils de Charles X, mais il n'eut pas le temps d'exercer ses fonctions. L'enclos était un lieu d'asile pour les insolvables et les criminels, et le Grand Prieur seul y exerçait la justice. On n'y payait pas d'impôts, ce qui explique pourquoi le Temple était devenu une véritable ville offrant mille avantages aux heureux habitants. De nombreux artisans, affranchis chu droit du maîtrise, s'y étaient installés peu à peu et c'est là que fut créé l'article dit de Paris.
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Mme de Sabran- Messages : 55597
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L’Hôtel du Grand Prieur au Temple, chez le comte d'Artois
En 1792 l'enclos du Temple formait un vaste territoire de 125 hectares représenté à peu près aujourd'hui par le quadrilatère compris entre la rue du Temple à l'ouest, la rue de Bretagne au sud, la rue de Picardie à l'est, et au nord par une ligne fictive parallèle à la rue Béranger. Cette ligne suivrait l'axe de la rue de la Corderie, dans sa première direction, passerait par l'extrémité nord de la cité Dupetit-Thouars, et aboutirait à la rue dit Temple en face du débouché de la rue de Notre-Dame-de-Nazareth. On pénétrait dans cet enclos par une seule porte qui était située rue du Temple, vis-à-vis la rue des Fontaines, dans un angle rentrant de l'enceinte, entre deux grosses tours. Cette porte avait été reconstruite en 1650 et fut démolie vers 1810. On a retrouvé en 1906 les vestiges de ses fondations.
L'hôtel du Grand Prieur, attribué jusqu'en 1789 au comte d'Artois. occupait exactement l'emplacement de la partie ouest du square du Temple actuel, et s'ouvrait rue du Temple presque à l'angle de la rue de la Corderie (rue de Bretagne actuellement). Ce palais communiquait par un passage voûté avec la fameuse grosse Tour flanquée de quatre tourelles, contre laquelle était adossée la petite tour flanquée de deux tourelles. A la petite tour étaient appuyés les bâtiments du chapitre. Les bâtiments de l'ancienne commanderie comprenaient en outre une église, les restes d'un cloître, un cimetière où avait été enterré le bailli de Suffren, et divers autres bâtiments. En plus de ces importantes constructions du palais proprement dit, de ses dépendances, et des anciens bâtiments de la commanderie, l'enclos renfermait diverses propriétés particulières qui s'étaient élevées peu à peu sur ce territoire trop grand pour être utilisé par les seuls services du Grand Prieur. C'est ainsi qu'on y voyait l'hôtel des Bains, jadis du Poirier, l'hôtel du Bel-Air, l'hôtel de Rostaing, l'hôtel de Chabrillan, l'hôtel de Boisboudran, l'hôtel de Guise, l'hôtel de Boufflers, l'hôtel de Vernicourt qui était dans la cour du chapitre, la Rotonde, des jardins, des rues, des cours, un jardin public, une boucherie, des écuries, etc.
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L'hôtel du Grand Prieur, attribué jusqu'en 1789 au comte d'Artois. occupait exactement l'emplacement de la partie ouest du square du Temple actuel, et s'ouvrait rue du Temple presque à l'angle de la rue de la Corderie (rue de Bretagne actuellement). Ce palais communiquait par un passage voûté avec la fameuse grosse Tour flanquée de quatre tourelles, contre laquelle était adossée la petite tour flanquée de deux tourelles. A la petite tour étaient appuyés les bâtiments du chapitre. Les bâtiments de l'ancienne commanderie comprenaient en outre une église, les restes d'un cloître, un cimetière où avait été enterré le bailli de Suffren, et divers autres bâtiments. En plus de ces importantes constructions du palais proprement dit, de ses dépendances, et des anciens bâtiments de la commanderie, l'enclos renfermait diverses propriétés particulières qui s'étaient élevées peu à peu sur ce territoire trop grand pour être utilisé par les seuls services du Grand Prieur. C'est ainsi qu'on y voyait l'hôtel des Bains, jadis du Poirier, l'hôtel du Bel-Air, l'hôtel de Rostaing, l'hôtel de Chabrillan, l'hôtel de Boisboudran, l'hôtel de Guise, l'hôtel de Boufflers, l'hôtel de Vernicourt qui était dans la cour du chapitre, la Rotonde, des jardins, des rues, des cours, un jardin public, une boucherie, des écuries, etc.
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Mme de Sabran- Messages : 55597
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L’Hôtel du Grand Prieur au Temple, chez le comte d'Artois
Le 13 août 1792, la famille royale, qui avait campé pendant trois nuits dans le couvent des Feuillants, fut amenée au Temple, escortée de Manuel, procureur de la Commune, et de Pétion, maire de Paris. Provisoirement la famille royale fut logée dans la petite tour adossée à la grande Tour. Cette petite tour servait depuis peu d'habitation à M. Barthélemy, secrétaire archiviste de l'ordre du Temple. Louis XVI ne fut transféré dans la grande Tour que le 30 septembre, et le reste de la famille le 26 octobre. On fit de grands travaux pour isoler la Tour et ce fut le citoyen Palloy, le démolisseur de la Bastille, qui fut chargé de ces travaux. Il établit un mur d'enceinte isolant la Tour des autres bâtiments du Temple. La Tour se trouvait exactement sur l'emplacement de la rue et des trottoirs de la rue des Archives, depuis l'aile nord de la mairie actuelle du IIIe arrondissement jusqu'à la grille du square du Temple. Pour une brève période, la dernière de son histoire, la Maison du Temple était devenue la Prison du Temple.
F. de Rochegude.
L'arrivée au Temple de la famille royale :
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Mme de Sabran- Messages : 55597
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: L’Hôtel du Grand Prieur au Temple, chez le comte d'Artois
Commode de la chambre du comte d'Artois au palais du Temple (d'une paire) :
Réalisée par l'ébéniste Godefroy Dester, elle fut probablement dessinée par l'architecte François-Joseph Belanger. Les plaques de porcelaine sont de Dihl & Guérhard (manufacture du duc d'Angoulême). Livrées par le marchand mercier Delaroue le 17 novembre 1785 pour la chambre du comte d'Artois au palais du temple, les deux commodes furent saisies en 1792.
L'une d'entre elles fut offerte comme prix d'une loterie organisée par la Convention entre le 18 avril et le 27 mai 1795.
Réalisée par l'ébéniste Godefroy Dester, elle fut probablement dessinée par l'architecte François-Joseph Belanger. Les plaques de porcelaine sont de Dihl & Guérhard (manufacture du duc d'Angoulême). Livrées par le marchand mercier Delaroue le 17 novembre 1785 pour la chambre du comte d'Artois au palais du temple, les deux commodes furent saisies en 1792.
L'une d'entre elles fut offerte comme prix d'une loterie organisée par la Convention entre le 18 avril et le 27 mai 1795.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: L’Hôtel du Grand Prieur au Temple, chez le comte d'Artois
Ouh, qu'elle est belle !
Merci...
Un poil "girly", mais j'aurais tout de même bien aimé tenter ma chance à l'occasion de cette loterie !
Merci...
Un poil "girly", mais j'aurais tout de même bien aimé tenter ma chance à l'occasion de cette loterie !
La nuit, la neige- Messages : 18160
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L’Hôtel du Grand Prieur au Temple, chez le comte d'Artois
Artois fréquentait des actrices et des danseuses, pas étonnant qu'il ait eu un goût de cocotte.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: L’Hôtel du Grand Prieur au Temple, chez le comte d'Artois
Malgré les gravures du temps représentant ce palais du Temple qui donnent une idée précise de ce qu'était cette résidence, je reste sur ma faim, les images de synthèse de nos jours permettant d'admirer presque comme les contemporains du XVIIIe siècle les édifices disparus.
Des spécialistes l'ont bien fait pour pour le palais des Tuileries, ou le château de Saint-Cloud, alors pourquoi pas le palais du Temple
Des spécialistes l'ont bien fait pour pour le palais des Tuileries, ou le château de Saint-Cloud, alors pourquoi pas le palais du Temple
Dominique Poulin- Messages : 7041
Date d'inscription : 02/01/2014
Collection de peintures du comte d'Artois à l'Hôtel du Grand Prieur, au Temple
Un tableau dont nous avions annoncé la prochaine mise vente aux enchères, ici :
Vente Sotheby's Paris - La collection du comte et de la comtesse de Ribes
Image : Sotheby's
Et que nous avions déjà présenté ici :
Galerie virtuelle des oeuvres de Madame Vigée Le Brun
Elisabeth Vigée Le Brun : portraits d'enfants sous les traits de l'Amour
Comme je l'aime et que je ne compte pas, je le présente à nouveau dans ce sujet, avec des extraits de son intéressant descriptif et de son histoire.
Louis XVI, Marie-Antoinette et ceux qui les accompagnaient l'ont certainement vu avant leur transfert dans le sinistre donjon du Temple...
Je cite des extraits de l'intéressante note de présentation au catalogue de la vente. Pour une fois qu'elle est en français...
JUNON DEMANDANT À VÉNUS DE LUI PRÊTER SA CEINTURE MAGIQUE
Elisabeth Louise Vigée-Le Brun (1755 - 1842)
Huile sur toile, 1781
Signé et daté en bas au centre : Louise Le Brun.f.1781
147,3 x 113,5 cm ; 58 by 44 2/3 in.
Provenance :
- Commandé par Charles Philippe de France, comte d’Artois (1757-1835), frère de Louis XVI, Palais du Grand-Prieur dans l’enceinte du Palais du Temple, rue du Temple, Paris ;
- Saisi au Temple le 7 juin 1794 [19 prairial an II] avec d’autres œuvres appartenant au même prince par des autorités révolutionnaires et envoyé à l’hôtel de Nesle, rue de Beaune ;
- Cédé sur les ordres du ministre de l’Intérieur, à un « fermier » de la Verrerie nationale de Müntzthal en Lorraine, Antoine Gabriel Jourdan (1740-1804 ) ;
- Sa vente, Paris, 4 avril 1803 [14 Germinal an IV], n° 90 (retiré après une enchère de 1.710 francs) ;
- Par héritage à son filleul, Aimé Gabriel d’Artigues (1773-1848), directeur des Verreries Saint-Louis ;
- À sa fille Anne Gabrielle d’Artigues (1833-1889), épouse en 1853 de Charles-Édouard, comte de Ribes (1824-1896), maire de Belle-Église (Oise) ;
- À leur fils, Charles-Aimé-Auguste, comte de Ribes (1858-1917) ;
- À son fils, Jean, comte de Ribes (1893-1982) ;
- À son fils, Édouard, comte de Ribes (1923-2013) ;
- Aux actuels propriétaires
Présentation :
Au cours de son adolescence, la portraitiste Élisabeth Louise Vigée n’a peint que fort peu de tableaux d’histoire, si l’on fait exception des trois Allégories des Arts qu’elle envoya au Salon de l’Académie de Saint-Luc en 1774. (voir cat. exp. Vigée Le Brun, Grand Palais, 2015-16, p. 131, n° 31.)
Toute jeune, lors de ses visites en compagnie de sa mère chez les plus grands amateurs de Paris, et plus tard dans le stock de l’expert et marchand d’art Jean-Baptiste- Pierre Le Brun, qu’elle épousa en 1775, elle avait pu admirer des tableaux de boudoir du milieu du règne de Louis XV, et elle s’en inspirera.
En 1779, quatre ans après son mariage, l’artiste exécuta au pastel pour le collectionneur angevin Pierre Louis Éveillard de Livois une allégorie de L’Innocence se réfugiant dans les bras de la Justice (Musée des Beaux-Arts, Angers, n° d’inv. MBA 25J.1881), sa première composition où elle mit en scène deux jeunes femmes, l’une blonde et l’autre brune.
L'Innocence se réfugiant dans les bras de la Justice
Francesco Bartolozzi (graveur)
D'après Elisabeth-Louise Vigée Lebrun (auteur du modèle)
Estampe au pointillé, 1783
Image : Cabinet d'arts graphiques des Musées d'art et d'histoire, Genève
Voir nos messages, ici : Louise-Elisabeth Vigée Le Brun
À partir de cette année et jusqu’à son départ de France au tout début de la Révolution, la portraitiste fit un certain nombre de séduisantes peintures d’histoire.
En 1780, l’année de la naissance de sa fille Jeanne-Julie-Louise, elle réalisa une composition à sujet mythologique représentant Vénus liant les ailes de l’Amour, une commande de son mécène privé le plus important, le comte de Vaudreuil.
Ce pastel est surtout connu par l’estampe à l’eau-forte et au burin que publia en 1786 le graveur saxon Christian Gottfried Schulze.
Venus liant les ailes de l'amour
Estampe d'après Elisabeth Vigée Le Brun
Image : The Trustees of the British Museum
Voir nos messages, ici : La collection d'art du comte de Vaudreuil
Un autre tableau d’histoire datant de la même année est son allégorie de La Paix ramenant l’Abondance qu’elle présenta le 31 mai 1783 comme morceau de Réception lors de son admission à l’Académie royale de peinture et de sculpture.
La Paix ramenant l’abondance
Élisabeth Louise Vigée
Huile sur toile 1780
Image : RMN-Grand Palais / Philippe Fuzeau
En 1781, Madame Le Brun fit le tableau qui fait l’objet de ce texte, Junon demandant à Vénus de lui prêter sa ceinture magique, qui lui fut commandé par le frère cadet de Louis XVI, Charles Philippe de France, comte d’Artois, prince connu avant la Révolution pour ses fantaisies dispendieuses et son libertinage.
En formant sa collection, Artois suivait l’exemple de son meilleur ami le comte de Vaudreuil, cousin et amant de la duchesse de Polignac et grand amateur d’œuvres de l’école française moderne.
Le comte d'Artois en chasseur
Jean-Baptiste-Philibert Moitte
Gouache, XVIIIe siècle
Amiens, Musée de Picardie
Image : RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
Madame Le Brun n’exécuta en grand sa Junon qu’après avoir présenté au commanditaire royal pour son approbation un modello à l’huile sur toile très achevé (voir cat. exp. Vigée Le Brun, Grand Palais, 2015-16, n° 35), dans lequel elle représente les deux déesses principales et quelque peu rivales de la mythologie gréco-romaine : Junon et Vénus. (On connaît des exemples de tels modelli précédant l’exécution d’œuvres importantes de peintres français de générations antérieures tels que Pierre Mignard et Jean Raoux.)
Junon demandant à Vénus de lui prêter sa ceinture magique
E.L. Vigée-Le Brun,
Modello, collection privée
Image : Sotheby's
Le sujet de cette composition mythologique à trois figures fut tiré d’un épisode du Chant XIV de L’Iliade.
Ce poème homérique relate l’histoire du siège de la ville de Troie en Asie Mineure par une coalition de cités-états grecques. La cause immédiate de la guerre fut l’enlèvement d’Hélène, femme de Ménélas, roi de Sparte, et belle-sœur d’Agamemnon, roi de Mycènes, par Pâris, le fils du roi troyen, Priam.
Junon, sœur et femme de Jupiter et donc reine des dieux de l’Olympe, était l’ennemie farouche de Troie pour avoir subi de la part de Pâris l’injure de se voir préférer Vénus (Aphrodite en Grèce), la mère de l’Amour, lors d’un concours de beauté.
Image : Sotheby's
Elle entend prendre sa vengeance en assurant la victoire des Grecs. Mais Troie et les mortels qui l’habitent sont protégés par le tout puissant Jupiter. Pour faire renaître l’amour d’un mari infidèle, elle demande à Vénus de lui prêter une ceinture multicolore tissée des fils du désir et de la passion et qui contient tous les charmes de la séduction, le bandeau mamillaire appelé cestus himas par les Romains. Elle était sûre que, parée de cet accoutrement envoûtant, Jupiter ne pourrait lui résister et abandonnerait les Troyens.
Image : Sotheby's
Vénus, à laquelle l’aristocratie hédoniste de la cour de France avait depuis longtemps voué une sorte de culte, incarne les plaisirs de l’amour licite et illicite. La déesse règne alors dans les palais du roi comme chez les riches particuliers, et bien des artistes de l’Académie lui rendent hommage. L’œuvre de François Boucher (1703-1770), décédé depuis peu, et celle de son successeur Jean Baptiste Marie Pierre (1714-1789) exprimaient bien le goût de leurs contemporains pour la nudité féminine, et il est évident que chez eux la mythologie n’était qu’un prétexte pour dévoiler les appâts d’éblouissants modèles.
Image : Sotheby's
Junon empruntant la ceinture de Vénus figura en bonne place parmi l’important envoi de Madame Le Brun à son premier Salon peu après sa Réception à l’Académie. Les critiques étaient dans l’ensemble positives, mais celle qu’il faut surtout retenir était de la plume de Barthélémy Mouffle d’Angerville, le rédacteur des Mémoires secrets :
Si cette composition [La Paix ramenant l’Abondance]…ne pouvoit encore mériter à Madame le Brun l'honneur de s'asseoir parmi les peintres d'histoire, il seroit difficile de résister à une autre, dont le motif tiré d'Homere, prouve qu'elle peut s'enthousiasmer comme ses maîtres aux divins ouvrages du prince des poëtes & des peintres, puisque ces derniers ne cessent de le prendre pour leur inspirateur.
Le sujet est Junon venant emprunter la ceinture de Vénus. Il y a trois figures dans celui-ci où l'amour fait un rôle & s'égaie en se jouant avec cette ceinture, déjà livrée à la souveraine de l'Olympe : il a peine à la laisser aller, comme s'il en sentoit tout le prix, & ne craignit que sa mère avec elle ne perdît ses charmes les plus précieux.
En effet, soit une suite de cette idée, soit hommage rendu à la première des déesses dont l'artiste a cru devoir faire sa figure principale, il n'est aucun amateur qui, dans cette occasion, ne préférât Junon à Vénus. L'une est une brune joignant à la majesté du trône tout le piquant de la beauté ; l'autre une blonde n'ayant rien de la noblesse d'une divinité, tirant même sur la grisette, un peu fade, & sans séduction conséquemment.
A ce défaut près dans la tête, capital relativement à l'historique, le corps est rempli d'appas, c'est une nudité dans le genre de Boucher, très-amoureusement traitée & de son ton de couleur ; à en juger par le prix qu'il a coûté, il faut que ce tableau ait un très grand mérite, puisqu'on a conseillé à M. le comte d'Artois de le payer quinze mille francs ; il l'a acheté cette somme, & son altesse royale en est aujourd'hui propriétaire.
Images : Sotheby's
Parmi d’autres peintures ayant appartenu au comte d’Artois il faut citer en particulier :
Une jeune Fille qui fait sa prière au pied de l’autel de l’Amour de Jean-Baptiste Greuze (Wallace Collection, Londres, inv. P441),
Une jeune Fille qui fait sa prière au pied de l'autel de l'Amour
Jean-Baptiste Greuze
Huile sur toile, 1767
Image : The Wallace Collection
Povenance :
The duc de Choiseul, by 1769 ; his sale, Paris, 06 April 1772, no. 133 ; Catelan, for the prince de Conti ; his sale, Paris, 08 April 1777, no. 742 ; Feuillet. Dubois sale, Paris, 05 April 1777, no. 110 ; Seneville. The comte d'Artois. s. Cardinal Fesch ; his sale, Rome, 17 March-15 May 1845, no. 354 ; Richard Seymour-Conway, 4th Marquess of Hertford.
Mars sur un char attelé de chevaux fougueux conduits par Bellone au-dessus desquels plane sur un nuage le génie de la Victoire alors qu’il quitte Vénus couchée sur son lit dans son palais à côté des Trois Grâces de François Guillaume Ménageot (œuvre disparue), Renaud et Armide de François André Vincent (œuvre disparue du Ministère de l’Intérieur après 1879) et son pendant Les Amours de Pâris et d’Hélène de Jacques Louis David (Paris, Musée du Louvre, inv. 3696).
Ce dernier tableau, daté de 1788, a des rapports thématiques et chromatiques très évidents avec la Junon empruntant la ceinture de Vénus de Madame Le Brun, qui l’avait précédé de sept ans.
Les Amours de Pâris et d’Hélène
Jacques-Louis David
Paris, Musée du Louvre
Image : MAD / Jean Tholance
L’impopularité du comte d’Artois, prince connu pour ses idées réactionnaires, le poussa à quitter la France seulement deux jours après la prise de la Bastille.
Il était accompagné de sa famille et d’une grande partie de la coterie Polignac qui comprenait son ami Vaudreuil.
Comme son fils aîné, le jeune duc d’Angoulême (1775-1844) était depuis sa petite enfance Grand Prieur de l’ordre maltais de Saint-Jean de Jérusalem, et Artois se servait comme résidence de ville du palatial Hôtel du Temple.
C’est là que se trouvait une grande partie de sa collection d’œuvres d’art et d’objets précieux, même ceux qui décoraient avant la Révolution ses autres résidences près de Paris, les châteaux de Bagatelle et de Maisons.
Lors de la saisie révolutionnaire opérée au Temple, Junon demandant à Vénus de lui prêter sa ceinture et d’autres toiles furent placées comme biens de la nation à l’Hôtel de Nesle dans la rue de Beaune où s’entassaient les trésors artistiques pris chez les Émigrés et guillotinés.
L’hôtel de Mailly-Nesle avant sa démolition
Image : Paris-Promeneurs
Le 19 Prairial an II du calendrier révolutionnaire (7 juin 1794) et jours suivants fut rédigé un État des objets d’arts provenant de l’émigré d’artois trouvés dans la maison du Temple et réservés par la Commission temporaire des Arts en présence des citoyens Virginien Leduc, Commissaire du Département. (Archives nationales de France, cote : F17 1269. Dossier 20.)
Et c’est là également que le 15 Fructidor an II du calendrier révolutionnaire (1er août 1794), Jean-Baptiste-Pierre Le Brun, le mari divorcé de Vigée-Le Brun, dressa un état estimatif ou prisée des œuvres d’art provenant de l’émigré d’Artois (Archives nationales de France, cote : F17 1267, n° 34 : « Junon venant emprunté [sic] la Ceinture de Vénus. Figure de grandeur naturelle à mi-corps : sur toile, hauteur 63 pouces largeur 41 pouces. De la Cne Le Brun [prisé la somme de] 3.000 » (cf. Louis Tuetey, éd., Procès-verbaux de la Commission temporaire des Arts, Paris, Imprimerie Nationale, 1912, t. I, p. 380).
Jean-Baptiste-Pierre Le Brun
Autoportrait
Huile sur toile, 1795
Collection privée
Image : The Metropolitan Museum of Art
Le tableau resta deux ans au Dépôt de Nesle, mais le 14 juin 1796 (26 prairial an IV), le ministre de l’Intérieur, Pierre Bénézech, envoya au garde Jean Naigeon le message suivant :
« Le citoyen Jourdan, fermier de la verrerie nationale de Mandtzal, offre de prendre en payement d’une somme de 120,000 francs une partie des gravures & tableaux existant à la maison de Nesle. Je vous préviens qu’il est autorisé à faire choix de ceux qui pourront lui convenir. »
Jourdan était le directeur de Verrerie nationale de Münzthal en Moselle—l’ancienne cristallerie royale de Saint Louis à Saint-Louis-lès-Bitche.
Parmi les tableaux qu’il sélectionna étaient la Junon et Vénus de Vigée-Le Brun et le Mars quittant Vénus de Ménageot.
Le citoyen Jourdan en question était Antoine-Gabriel-Aimé Jourdan l’ancien secrétaire de son père nourricier, l’évêque de Limoges, Jean Gilles du Coëtlosquet (1700-1784), précepteur des fils du dauphin Louis-Ferdinand et de la dauphine, Marie-Josèphe de Saxe, les futurs Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.
Ce Jourdan avait servi de président du District des Petits-Augustins et de la Section des Quatre-Nations. Il avait été l’un des témoins des Massacres de Septembre (1792) et en 1795 il en rédigea une description écrite qui fait frémir.
Portrait d’Antoine-Gabriel-Aimé Jourdan
Ecole française du XVIIIe siècle
localisation inconnue
Image : Sotheby's
En 1803, l’année avant sa mort, Jourdan inclut le Vigée-Le Brun sous le n° 90 dans la vente de sa collection qui se tint à l’Hôtel Desmarets, rue du Bouloi.
Le tableau fut retiré et resta dans sa succession. Il passa ensuite à son filleul, Aimé Gabriel d’Artigues, ingénieur de l’industrie du verre-cristal de plomb et industriel, le fondateur des Cristalleries de Baccarat. Le tableau est resté depuis chez ses descendants.
* Source et infos complémentaires : Sotheby's - La Collection Ribes I (Paris, le 11 décembre 2019)
Vente Sotheby's Paris - La collection du comte et de la comtesse de Ribes
Image : Sotheby's
Et que nous avions déjà présenté ici :
Galerie virtuelle des oeuvres de Madame Vigée Le Brun
Elisabeth Vigée Le Brun : portraits d'enfants sous les traits de l'Amour
Comme je l'aime et que je ne compte pas, je le présente à nouveau dans ce sujet, avec des extraits de son intéressant descriptif et de son histoire.
Louis XVI, Marie-Antoinette et ceux qui les accompagnaient l'ont certainement vu avant leur transfert dans le sinistre donjon du Temple...
Je cite des extraits de l'intéressante note de présentation au catalogue de la vente. Pour une fois qu'elle est en français...
JUNON DEMANDANT À VÉNUS DE LUI PRÊTER SA CEINTURE MAGIQUE
Elisabeth Louise Vigée-Le Brun (1755 - 1842)
Huile sur toile, 1781
Signé et daté en bas au centre : Louise Le Brun.f.1781
147,3 x 113,5 cm ; 58 by 44 2/3 in.
Provenance :
- Commandé par Charles Philippe de France, comte d’Artois (1757-1835), frère de Louis XVI, Palais du Grand-Prieur dans l’enceinte du Palais du Temple, rue du Temple, Paris ;
- Saisi au Temple le 7 juin 1794 [19 prairial an II] avec d’autres œuvres appartenant au même prince par des autorités révolutionnaires et envoyé à l’hôtel de Nesle, rue de Beaune ;
- Cédé sur les ordres du ministre de l’Intérieur, à un « fermier » de la Verrerie nationale de Müntzthal en Lorraine, Antoine Gabriel Jourdan (1740-1804 ) ;
- Sa vente, Paris, 4 avril 1803 [14 Germinal an IV], n° 90 (retiré après une enchère de 1.710 francs) ;
- Par héritage à son filleul, Aimé Gabriel d’Artigues (1773-1848), directeur des Verreries Saint-Louis ;
- À sa fille Anne Gabrielle d’Artigues (1833-1889), épouse en 1853 de Charles-Édouard, comte de Ribes (1824-1896), maire de Belle-Église (Oise) ;
- À leur fils, Charles-Aimé-Auguste, comte de Ribes (1858-1917) ;
- À son fils, Jean, comte de Ribes (1893-1982) ;
- À son fils, Édouard, comte de Ribes (1923-2013) ;
- Aux actuels propriétaires
Présentation :
Au cours de son adolescence, la portraitiste Élisabeth Louise Vigée n’a peint que fort peu de tableaux d’histoire, si l’on fait exception des trois Allégories des Arts qu’elle envoya au Salon de l’Académie de Saint-Luc en 1774. (voir cat. exp. Vigée Le Brun, Grand Palais, 2015-16, p. 131, n° 31.)
Toute jeune, lors de ses visites en compagnie de sa mère chez les plus grands amateurs de Paris, et plus tard dans le stock de l’expert et marchand d’art Jean-Baptiste- Pierre Le Brun, qu’elle épousa en 1775, elle avait pu admirer des tableaux de boudoir du milieu du règne de Louis XV, et elle s’en inspirera.
En 1779, quatre ans après son mariage, l’artiste exécuta au pastel pour le collectionneur angevin Pierre Louis Éveillard de Livois une allégorie de L’Innocence se réfugiant dans les bras de la Justice (Musée des Beaux-Arts, Angers, n° d’inv. MBA 25J.1881), sa première composition où elle mit en scène deux jeunes femmes, l’une blonde et l’autre brune.
L'Innocence se réfugiant dans les bras de la Justice
Francesco Bartolozzi (graveur)
D'après Elisabeth-Louise Vigée Lebrun (auteur du modèle)
Estampe au pointillé, 1783
Image : Cabinet d'arts graphiques des Musées d'art et d'histoire, Genève
Voir nos messages, ici : Louise-Elisabeth Vigée Le Brun
À partir de cette année et jusqu’à son départ de France au tout début de la Révolution, la portraitiste fit un certain nombre de séduisantes peintures d’histoire.
En 1780, l’année de la naissance de sa fille Jeanne-Julie-Louise, elle réalisa une composition à sujet mythologique représentant Vénus liant les ailes de l’Amour, une commande de son mécène privé le plus important, le comte de Vaudreuil.
Ce pastel est surtout connu par l’estampe à l’eau-forte et au burin que publia en 1786 le graveur saxon Christian Gottfried Schulze.
Venus liant les ailes de l'amour
Estampe d'après Elisabeth Vigée Le Brun
Image : The Trustees of the British Museum
Voir nos messages, ici : La collection d'art du comte de Vaudreuil
Un autre tableau d’histoire datant de la même année est son allégorie de La Paix ramenant l’Abondance qu’elle présenta le 31 mai 1783 comme morceau de Réception lors de son admission à l’Académie royale de peinture et de sculpture.
La Paix ramenant l’abondance
Élisabeth Louise Vigée
Huile sur toile 1780
Image : RMN-Grand Palais / Philippe Fuzeau
En 1781, Madame Le Brun fit le tableau qui fait l’objet de ce texte, Junon demandant à Vénus de lui prêter sa ceinture magique, qui lui fut commandé par le frère cadet de Louis XVI, Charles Philippe de France, comte d’Artois, prince connu avant la Révolution pour ses fantaisies dispendieuses et son libertinage.
En formant sa collection, Artois suivait l’exemple de son meilleur ami le comte de Vaudreuil, cousin et amant de la duchesse de Polignac et grand amateur d’œuvres de l’école française moderne.
Le comte d'Artois en chasseur
Jean-Baptiste-Philibert Moitte
Gouache, XVIIIe siècle
Amiens, Musée de Picardie
Image : RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
Madame Le Brun n’exécuta en grand sa Junon qu’après avoir présenté au commanditaire royal pour son approbation un modello à l’huile sur toile très achevé (voir cat. exp. Vigée Le Brun, Grand Palais, 2015-16, n° 35), dans lequel elle représente les deux déesses principales et quelque peu rivales de la mythologie gréco-romaine : Junon et Vénus. (On connaît des exemples de tels modelli précédant l’exécution d’œuvres importantes de peintres français de générations antérieures tels que Pierre Mignard et Jean Raoux.)
Junon demandant à Vénus de lui prêter sa ceinture magique
E.L. Vigée-Le Brun,
Modello, collection privée
Image : Sotheby's
Le sujet de cette composition mythologique à trois figures fut tiré d’un épisode du Chant XIV de L’Iliade.
Ce poème homérique relate l’histoire du siège de la ville de Troie en Asie Mineure par une coalition de cités-états grecques. La cause immédiate de la guerre fut l’enlèvement d’Hélène, femme de Ménélas, roi de Sparte, et belle-sœur d’Agamemnon, roi de Mycènes, par Pâris, le fils du roi troyen, Priam.
Junon, sœur et femme de Jupiter et donc reine des dieux de l’Olympe, était l’ennemie farouche de Troie pour avoir subi de la part de Pâris l’injure de se voir préférer Vénus (Aphrodite en Grèce), la mère de l’Amour, lors d’un concours de beauté.
Image : Sotheby's
Elle entend prendre sa vengeance en assurant la victoire des Grecs. Mais Troie et les mortels qui l’habitent sont protégés par le tout puissant Jupiter. Pour faire renaître l’amour d’un mari infidèle, elle demande à Vénus de lui prêter une ceinture multicolore tissée des fils du désir et de la passion et qui contient tous les charmes de la séduction, le bandeau mamillaire appelé cestus himas par les Romains. Elle était sûre que, parée de cet accoutrement envoûtant, Jupiter ne pourrait lui résister et abandonnerait les Troyens.
Image : Sotheby's
Vénus, à laquelle l’aristocratie hédoniste de la cour de France avait depuis longtemps voué une sorte de culte, incarne les plaisirs de l’amour licite et illicite. La déesse règne alors dans les palais du roi comme chez les riches particuliers, et bien des artistes de l’Académie lui rendent hommage. L’œuvre de François Boucher (1703-1770), décédé depuis peu, et celle de son successeur Jean Baptiste Marie Pierre (1714-1789) exprimaient bien le goût de leurs contemporains pour la nudité féminine, et il est évident que chez eux la mythologie n’était qu’un prétexte pour dévoiler les appâts d’éblouissants modèles.
Image : Sotheby's
Junon empruntant la ceinture de Vénus figura en bonne place parmi l’important envoi de Madame Le Brun à son premier Salon peu après sa Réception à l’Académie. Les critiques étaient dans l’ensemble positives, mais celle qu’il faut surtout retenir était de la plume de Barthélémy Mouffle d’Angerville, le rédacteur des Mémoires secrets :
Si cette composition [La Paix ramenant l’Abondance]…ne pouvoit encore mériter à Madame le Brun l'honneur de s'asseoir parmi les peintres d'histoire, il seroit difficile de résister à une autre, dont le motif tiré d'Homere, prouve qu'elle peut s'enthousiasmer comme ses maîtres aux divins ouvrages du prince des poëtes & des peintres, puisque ces derniers ne cessent de le prendre pour leur inspirateur.
Le sujet est Junon venant emprunter la ceinture de Vénus. Il y a trois figures dans celui-ci où l'amour fait un rôle & s'égaie en se jouant avec cette ceinture, déjà livrée à la souveraine de l'Olympe : il a peine à la laisser aller, comme s'il en sentoit tout le prix, & ne craignit que sa mère avec elle ne perdît ses charmes les plus précieux.
En effet, soit une suite de cette idée, soit hommage rendu à la première des déesses dont l'artiste a cru devoir faire sa figure principale, il n'est aucun amateur qui, dans cette occasion, ne préférât Junon à Vénus. L'une est une brune joignant à la majesté du trône tout le piquant de la beauté ; l'autre une blonde n'ayant rien de la noblesse d'une divinité, tirant même sur la grisette, un peu fade, & sans séduction conséquemment.
A ce défaut près dans la tête, capital relativement à l'historique, le corps est rempli d'appas, c'est une nudité dans le genre de Boucher, très-amoureusement traitée & de son ton de couleur ; à en juger par le prix qu'il a coûté, il faut que ce tableau ait un très grand mérite, puisqu'on a conseillé à M. le comte d'Artois de le payer quinze mille francs ; il l'a acheté cette somme, & son altesse royale en est aujourd'hui propriétaire.
Images : Sotheby's
Parmi d’autres peintures ayant appartenu au comte d’Artois il faut citer en particulier :
Une jeune Fille qui fait sa prière au pied de l’autel de l’Amour de Jean-Baptiste Greuze (Wallace Collection, Londres, inv. P441),
Une jeune Fille qui fait sa prière au pied de l'autel de l'Amour
Jean-Baptiste Greuze
Huile sur toile, 1767
Image : The Wallace Collection
Povenance :
The duc de Choiseul, by 1769 ; his sale, Paris, 06 April 1772, no. 133 ; Catelan, for the prince de Conti ; his sale, Paris, 08 April 1777, no. 742 ; Feuillet. Dubois sale, Paris, 05 April 1777, no. 110 ; Seneville. The comte d'Artois. s. Cardinal Fesch ; his sale, Rome, 17 March-15 May 1845, no. 354 ; Richard Seymour-Conway, 4th Marquess of Hertford.
Mars sur un char attelé de chevaux fougueux conduits par Bellone au-dessus desquels plane sur un nuage le génie de la Victoire alors qu’il quitte Vénus couchée sur son lit dans son palais à côté des Trois Grâces de François Guillaume Ménageot (œuvre disparue), Renaud et Armide de François André Vincent (œuvre disparue du Ministère de l’Intérieur après 1879) et son pendant Les Amours de Pâris et d’Hélène de Jacques Louis David (Paris, Musée du Louvre, inv. 3696).
Ce dernier tableau, daté de 1788, a des rapports thématiques et chromatiques très évidents avec la Junon empruntant la ceinture de Vénus de Madame Le Brun, qui l’avait précédé de sept ans.
Les Amours de Pâris et d’Hélène
Jacques-Louis David
Paris, Musée du Louvre
Image : MAD / Jean Tholance
L’impopularité du comte d’Artois, prince connu pour ses idées réactionnaires, le poussa à quitter la France seulement deux jours après la prise de la Bastille.
Il était accompagné de sa famille et d’une grande partie de la coterie Polignac qui comprenait son ami Vaudreuil.
Comme son fils aîné, le jeune duc d’Angoulême (1775-1844) était depuis sa petite enfance Grand Prieur de l’ordre maltais de Saint-Jean de Jérusalem, et Artois se servait comme résidence de ville du palatial Hôtel du Temple.
C’est là que se trouvait une grande partie de sa collection d’œuvres d’art et d’objets précieux, même ceux qui décoraient avant la Révolution ses autres résidences près de Paris, les châteaux de Bagatelle et de Maisons.
Lors de la saisie révolutionnaire opérée au Temple, Junon demandant à Vénus de lui prêter sa ceinture et d’autres toiles furent placées comme biens de la nation à l’Hôtel de Nesle dans la rue de Beaune où s’entassaient les trésors artistiques pris chez les Émigrés et guillotinés.
L’hôtel de Mailly-Nesle avant sa démolition
Image : Paris-Promeneurs
Le 19 Prairial an II du calendrier révolutionnaire (7 juin 1794) et jours suivants fut rédigé un État des objets d’arts provenant de l’émigré d’artois trouvés dans la maison du Temple et réservés par la Commission temporaire des Arts en présence des citoyens Virginien Leduc, Commissaire du Département. (Archives nationales de France, cote : F17 1269. Dossier 20.)
Et c’est là également que le 15 Fructidor an II du calendrier révolutionnaire (1er août 1794), Jean-Baptiste-Pierre Le Brun, le mari divorcé de Vigée-Le Brun, dressa un état estimatif ou prisée des œuvres d’art provenant de l’émigré d’Artois (Archives nationales de France, cote : F17 1267, n° 34 : « Junon venant emprunté [sic] la Ceinture de Vénus. Figure de grandeur naturelle à mi-corps : sur toile, hauteur 63 pouces largeur 41 pouces. De la Cne Le Brun [prisé la somme de] 3.000 » (cf. Louis Tuetey, éd., Procès-verbaux de la Commission temporaire des Arts, Paris, Imprimerie Nationale, 1912, t. I, p. 380).
Jean-Baptiste-Pierre Le Brun
Autoportrait
Huile sur toile, 1795
Collection privée
Image : The Metropolitan Museum of Art
Le tableau resta deux ans au Dépôt de Nesle, mais le 14 juin 1796 (26 prairial an IV), le ministre de l’Intérieur, Pierre Bénézech, envoya au garde Jean Naigeon le message suivant :
« Le citoyen Jourdan, fermier de la verrerie nationale de Mandtzal, offre de prendre en payement d’une somme de 120,000 francs une partie des gravures & tableaux existant à la maison de Nesle. Je vous préviens qu’il est autorisé à faire choix de ceux qui pourront lui convenir. »
Jourdan était le directeur de Verrerie nationale de Münzthal en Moselle—l’ancienne cristallerie royale de Saint Louis à Saint-Louis-lès-Bitche.
Parmi les tableaux qu’il sélectionna étaient la Junon et Vénus de Vigée-Le Brun et le Mars quittant Vénus de Ménageot.
Le citoyen Jourdan en question était Antoine-Gabriel-Aimé Jourdan l’ancien secrétaire de son père nourricier, l’évêque de Limoges, Jean Gilles du Coëtlosquet (1700-1784), précepteur des fils du dauphin Louis-Ferdinand et de la dauphine, Marie-Josèphe de Saxe, les futurs Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.
Ce Jourdan avait servi de président du District des Petits-Augustins et de la Section des Quatre-Nations. Il avait été l’un des témoins des Massacres de Septembre (1792) et en 1795 il en rédigea une description écrite qui fait frémir.
Portrait d’Antoine-Gabriel-Aimé Jourdan
Ecole française du XVIIIe siècle
localisation inconnue
Image : Sotheby's
En 1803, l’année avant sa mort, Jourdan inclut le Vigée-Le Brun sous le n° 90 dans la vente de sa collection qui se tint à l’Hôtel Desmarets, rue du Bouloi.
Le tableau fut retiré et resta dans sa succession. Il passa ensuite à son filleul, Aimé Gabriel d’Artigues, ingénieur de l’industrie du verre-cristal de plomb et industriel, le fondateur des Cristalleries de Baccarat. Le tableau est resté depuis chez ses descendants.
* Source et infos complémentaires : Sotheby's - La Collection Ribes I (Paris, le 11 décembre 2019)
La nuit, la neige- Messages : 18160
Date d'inscription : 21/12/2013
Collection de peintures du comte d'Artois à l'Hôtel du Grand Prieur, au Temple
Le Vigée Le Brun, présenté ci-dessus, a été vendu, hier soir à la vente Sotheby's - Collection Ribes, pour la somme de 1 452 500 €.
Un second tableau, présenté lors de la même vente aux enchères, qui se trouvait également au Temple lorsqu'il fut saisi en 1794, a été quant à lui préempté par le musée du Louvre pour 1 032 500 €.
C'est le musée du Louvre qui a préempté cette oeuvre pour 1 032 500 €...
L'élève intéressante
Marguerite Gérard (1761-1837) et Jean-Honoré Fragonard (1732-1806)
Huile sur toile
64,6 x 55 cm ; 25 1/2 by 21 2/3 in.
Image : Sotheby's
Provenance :
- Collection Joseph François Xavier Le Pestre, comte de Seneffe de Turnhout, Paris ;
- Saisi au Temple le 8 avril 1794 [19 germinal an III] avec d’autres œuvres appartenant au même prince par des autorités révolutionnaires et envoyé à l’hôtel de Nesle, rue de Beaune ;
- Cédé sur les ordres du ministre de l'Intérieur, à un "fermier" de la Verrerie nationale de Müntzthal en Lorraine, Antoine Gabriel Jourdan (1740 - 1804) ;
Nous le présentions de façon détaillée ici : L'artiste peintre Marguerite Gérard
Un second tableau, présenté lors de la même vente aux enchères, qui se trouvait également au Temple lorsqu'il fut saisi en 1794, a été quant à lui préempté par le musée du Louvre pour 1 032 500 €.
C'est le musée du Louvre qui a préempté cette oeuvre pour 1 032 500 €...
L'élève intéressante
Marguerite Gérard (1761-1837) et Jean-Honoré Fragonard (1732-1806)
Huile sur toile
64,6 x 55 cm ; 25 1/2 by 21 2/3 in.
Image : Sotheby's
Provenance :
- Collection Joseph François Xavier Le Pestre, comte de Seneffe de Turnhout, Paris ;
- Saisi au Temple le 8 avril 1794 [19 germinal an III] avec d’autres œuvres appartenant au même prince par des autorités révolutionnaires et envoyé à l’hôtel de Nesle, rue de Beaune ;
- Cédé sur les ordres du ministre de l'Intérieur, à un "fermier" de la Verrerie nationale de Müntzthal en Lorraine, Antoine Gabriel Jourdan (1740 - 1804) ;
Nous le présentions de façon détaillée ici : L'artiste peintre Marguerite Gérard
La nuit, la neige- Messages : 18160
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L’Hôtel du Grand Prieur au Temple, chez le comte d'Artois
Je recopie ici un article récemment posté dans notre sujet :
Le mobilier et le renouveau du style Boulle dans les années 1770-1780, Etienne Levasseur et Adam Weisweiler
Image : Forum de Marie-Antoinette
Charles-Philippe de France, comte d'Artois
D'après Antoine-François Callet
Huile sur toile, c. 1779/1800 (18e siècle)
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
Notre sujet : L'hôtel du Grand Prieur, au Temple, chez le comte d'Artois
Cette commode est désormais exposée au Musée du Louvre, suite à un dépôt du Château de Versailles en 2011. Elle est présentée dans la salle dite de la " chambre de parade du duc de Chevreuse " (Hôtel de Chevreuse / Luynes).
Boiserie de la chambre du duc de Chevreuse, de l'hôtel de Luynes et Chevreuse, rue Saint Dominique (détruit en 1901).
Vers 1770-75
Image : 2016 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Olivier Ouadah
Commode du comte d'Artois
Etienne Levasseur
Vers 1770-75
Placage d'ébène et marqueterie de cuivre, d'étain et d'écaille de tortue (marqueterie de type Boulle) ; bronzes dorés ; marbre Portor (autrefois en griotte)
Estampillée de Levasseur (2 fois)
H. 0,995 x L. 1,640 x Pr. 0,645 m
Affectataire : Château - Domaine national de Versailles, Versailles
Dépositaire : Musée du Louvre, chambre de parade de l’hôtel de Chevreuse
Image : 2011 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Ollivier
LA COMMODE DU COMTE D'ARTOIS AU PALAIS DU TEMPLE À PARIS
Provenance : Livrée en septembre 1777 pour le comte d'Artois au palais du Temple à Paris ; collection des ducs de Hamilton en Écosse ; vente Londres 1882.
(...)Acquise en 1955. Participation de la Société des Amis de Versailles.
Image : 2011 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Ollivier
Cette superbe commode dans la technique de Boulle en placage d'ébène et marqueterie de première partie de cuivre et d'étain sur fond d'écaille, de forme rectangulaire, fut probablement conçue par le marchand-mercier Julliot. Ce dernier la livra en septembre 1777 pour la chambre à coucher du comte d'Artois au palais prieural du Temple à Paris.
Images : 2011 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Ollivier
Julliot avait livré simultanément pour cette pièce un authentique cabinet Boulle. Etienne Levasseur travaillait pour les marchands-merciers, exécutant des meubles très luxueux en laque du Japon, en acajou ou en marqueterie Boulle. Le marchand Julliot s'était spécialisé dans le commerce des meubles Boulle, à travers tant leur restauration que l'exécution de pastiches.
La commode du comte d'Artois, frère de Louis XVI, apparaît comme un magnifique exemple du retour au style Boulle sous Louis XVI et Levasseur, le plus important des ébénistes ayant à nouveau pratiqué cette extraordinaire technique.
On assiste pourtant à une évolution dans la conception du meuble. Avec Boulle, tout se focalise sur l'ornementation de bronze, tandis qu'avec Levasseur s'imposent l'architecture du meuble, les éléments structuraux, les pilastres avec bases et surmontés de chapiteaux dans les angles, la frise de godrons et de feuilles d'ornement.
Images : 2011 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Ollivier
Les bronzes de cette commande du comte d'Artois sont des créations originales, ainsi les poignées mobiles à mascarons de femme et de faune, les entrées de serrure avec écusson aux armes d'Artois ou portant le monogramme du comte d'Artois.
Images : 2011 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Ollivier
* Source texte : Pierre-Xavier Hans / Société des Amis de Versailles / Mécénat
Le mobilier et le renouveau du style Boulle dans les années 1770-1780, Etienne Levasseur et Adam Weisweiler
La nuit, la neige a écrit:
La commode du comte d'Artois, livrée en 1777 à son hôtel parisien du Grand-Prieur, au Temple.
Image : Forum de Marie-Antoinette
Charles-Philippe de France, comte d'Artois
D'après Antoine-François Callet
Huile sur toile, c. 1779/1800 (18e siècle)
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
Notre sujet : L'hôtel du Grand Prieur, au Temple, chez le comte d'Artois
Gouverneur Morris a écrit:
Offerte à Versailles par la fameuse et scandaleuse Barbara Hutton , elle a été échangée contre la commode de Benneman pour la chambre du roi à Compiègne, placée aujourd'hui dans la chambre de Louis XVI à Versailles
Cette commode est désormais exposée au Musée du Louvre, suite à un dépôt du Château de Versailles en 2011. Elle est présentée dans la salle dite de la " chambre de parade du duc de Chevreuse " (Hôtel de Chevreuse / Luynes).
Boiserie de la chambre du duc de Chevreuse, de l'hôtel de Luynes et Chevreuse, rue Saint Dominique (détruit en 1901).
Vers 1770-75
Image : 2016 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Olivier Ouadah
Commode du comte d'Artois
Etienne Levasseur
Vers 1770-75
Placage d'ébène et marqueterie de cuivre, d'étain et d'écaille de tortue (marqueterie de type Boulle) ; bronzes dorés ; marbre Portor (autrefois en griotte)
Estampillée de Levasseur (2 fois)
H. 0,995 x L. 1,640 x Pr. 0,645 m
Affectataire : Château - Domaine national de Versailles, Versailles
Dépositaire : Musée du Louvre, chambre de parade de l’hôtel de Chevreuse
Image : 2011 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Ollivier
LA COMMODE DU COMTE D'ARTOIS AU PALAIS DU TEMPLE À PARIS
Provenance : Livrée en septembre 1777 pour le comte d'Artois au palais du Temple à Paris ; collection des ducs de Hamilton en Écosse ; vente Londres 1882.
(...)Acquise en 1955. Participation de la Société des Amis de Versailles.
Image : 2011 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Ollivier
Cette superbe commode dans la technique de Boulle en placage d'ébène et marqueterie de première partie de cuivre et d'étain sur fond d'écaille, de forme rectangulaire, fut probablement conçue par le marchand-mercier Julliot. Ce dernier la livra en septembre 1777 pour la chambre à coucher du comte d'Artois au palais prieural du Temple à Paris.
Images : 2011 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Ollivier
Julliot avait livré simultanément pour cette pièce un authentique cabinet Boulle. Etienne Levasseur travaillait pour les marchands-merciers, exécutant des meubles très luxueux en laque du Japon, en acajou ou en marqueterie Boulle. Le marchand Julliot s'était spécialisé dans le commerce des meubles Boulle, à travers tant leur restauration que l'exécution de pastiches.
La commode du comte d'Artois, frère de Louis XVI, apparaît comme un magnifique exemple du retour au style Boulle sous Louis XVI et Levasseur, le plus important des ébénistes ayant à nouveau pratiqué cette extraordinaire technique.
On assiste pourtant à une évolution dans la conception du meuble. Avec Boulle, tout se focalise sur l'ornementation de bronze, tandis qu'avec Levasseur s'imposent l'architecture du meuble, les éléments structuraux, les pilastres avec bases et surmontés de chapiteaux dans les angles, la frise de godrons et de feuilles d'ornement.
Images : 2011 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Ollivier
Les bronzes de cette commande du comte d'Artois sont des créations originales, ainsi les poignées mobiles à mascarons de femme et de faune, les entrées de serrure avec écusson aux armes d'Artois ou portant le monogramme du comte d'Artois.
Images : 2011 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Ollivier
* Source texte : Pierre-Xavier Hans / Société des Amis de Versailles / Mécénat
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Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L’Hôtel du Grand Prieur au Temple, chez le comte d'Artois
Deux vues de l'Hôtel du Grand Prieur, ou Palais du Temple, achevé à la fin du XVIIe siècle d'après les dessins de Jacques Mansart.
Côté cour, du temps où elle était entourée d'une colonnade en forme de fer à cheval (comparable à celle de l'hôtel de Soubise, aujourd'hui encore) :
Vuë du Palais du Temple aux chevaliers de Malthe : c'est le logement du grand prieur de France (...)
Dessiné par J. Rigaud ; gravé par J.B. Rigaud
Estampe, 18e siècle
Image : Bibliothèque nationale de France
Côté jardin, dont une partie était ouverte au public :
Autre vüe du Palais du Temple côté Jardin
Jacques Rigaud (1680-1754) – dessin, gravure par Jean-Baptiste Rigaud (1720- ?)
Gravure au burin avec légende, épreuve du XVIIIe siècle
Image : Enchères Steffen's Rambouillet
Côté cour, du temps où elle était entourée d'une colonnade en forme de fer à cheval (comparable à celle de l'hôtel de Soubise, aujourd'hui encore) :
Vuë du Palais du Temple aux chevaliers de Malthe : c'est le logement du grand prieur de France (...)
Dessiné par J. Rigaud ; gravé par J.B. Rigaud
Estampe, 18e siècle
Image : Bibliothèque nationale de France
Côté jardin, dont une partie était ouverte au public :
Autre vüe du Palais du Temple côté Jardin
Jacques Rigaud (1680-1754) – dessin, gravure par Jean-Baptiste Rigaud (1720- ?)
Gravure au burin avec légende, épreuve du XVIIIe siècle
Image : Enchères Steffen's Rambouillet
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