Madame Élisabeth, sœur de Louis XVI

La nuit, ka neige a écrit:Pour quelle raison écrit-elle ainsi?

 C'est qu'on ne prie pas pour un enfant baptisé mort avant l'âge de raison : il n'en a pas besoin. L'Eglise l'a toujours enseigné. Pour un tel enfant, elle célèbre une liturgie spéciale, d'où est absent le deuil, mais elle prie pour sa sa famille, affectée par la séparation

Pour plus de compréhension, voici le message qui précédait le mien et qui suscitait ma question :

Mme de Sabran a écrit:
Automne 1785.
Mme de Raigecourt  accoucha d'un petit garçon qui n'eut que le temps d'être baptisé Stanislas ... et mourut.

Et  Madame Elisabeth d'écrire à Mme de Mauléon  ( soeur de Rage ) :
Nous allons tout simplement nous occuper du soin de rendre grâce à Dieu de l'heureux état de Raigecourt  (  ) et féliciter le pauvre petit Stanislas de ce qu'il a reçu sa récompense de si bonne heure .   Qu'il est heureux ! Qu'il est heureux !  Et qu'il a évité de dangers auxquels il aurait peut-être succombé pendant sa vie ! J'avais du scrupule à prier pour lui .      

Merci pour votre réponse, mais ma question ne portait pas tant sur le rituel et les usages de l'Eglise que sur ce que je jugeais être plutôt une absence totale d'empathie.

Aussi, pour avoir écouté l'émission TV citée juste au dessus, je ne sais plus quel intervenant soulignait que Mme Elisabeth considérait que la vie " ici bas " n'était qu'un passage (plus ou moins bref, plus ou moins pénible peu importe) en attendant de rejoindre - enfin - le " Ciel ", et donc l'état de bonheur suprême, auprès de ses proches disparus.  
Je le dis avec mes mots.

Cette réflexion de la part d'Elisabeth aurait été lourde de sens au milieu des horreurs de la Révolution et nous aurions pu "essayer" de comprendre le raisonnement " qu'il a évité de dangers auxquels il aurait peut-être succombé pendant sa vie ! "

La nuit, la neige a écrit:
...Mme Elisabeth considérait que la vie " ici bas " n'était qu'un passage (plus ou moins bref, plus ou moins pénible peu importe) en attendant de rejoindre - enfin - le " Ciel ", et donc l'état de bonheur suprême, auprès de ses proches disparus.  
Je le dis avec mes mots.

En 1785 la princesse n'avait pas encore de raisons d'ainsi désespérer, et de faire si peu de cas de la vie " ici bas ".
... rendre grâce à Dieu de l'heureux état de Raigecourt , qui vient de perdre un petit enfant, est terriblement choquant, dénaturé et monstrueux.
Je suis décidément allergique à l'amour de Dieu qui ne laisse aucune place, ou si peu, aux affections " terrestres ", disais-je un peu en amont .

Les parties de pêche à la ligne de Madame Elisabeth, la reine et toutes ces dames de la Cour ...

Le 14 Juin, 1782, Bombelles consigne dans son Journal :

Dès huit heures du matin Madame Elisabeth a été à la pêche, et Madame de Bombelles l'a accompagnée dans ce monotone plaisir jusqu'à une heure de l'après-midi. On est toujours affligé de voir combien, parmi les princes les plus aimables, ils sont réduits à tuer le temps.

Marie-Antoinette participait elle aussi bien volontiers à cette activité.  C'est même elle qui en avait relancé la mode, selon Anne Bernet.   Ainsi le 7 juillet 1781, c'est Angélique de Bombelles qui écrivait à son mari :

Madame Elisabeth devait remettre hier matin mon petit mémoire à la reine, mais elle n'a pas pu parce que la partie de pêche qu'elle devait faire avec elle n'a pas eu lieu .

Lettres intimes (1778-1782): Que je suis heureuse d'être ta femme
de Évelyne Lever

Ces parties de pêche avaient lieu notamment dans la Pièce d'eau des Suisses.  
Notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t1910-la-piece-d-eau-des-suisses-versailles?highlight=suisses

Mme de Sabran a écrit:
Tiens donc !    
Je lis, dans la biographie de Madame Elisabeth par Anne Bernet, qu'en 1783, par un été particulièrement étouffant de chaleur qui rendait les appartements irrespirables,   Marie-Antoinette relança la mode de pêcher à la ligne dans la Pièce d'eau des Suisses !  

Parfois on se déchaussait et trempait les pieds dans l'eau.  Le plus souvent les convenances et la paresse qu'inspirait cette touffeur accablante, faisaient que l'on restait immobiles, assis sur des pliants disposés le log de la berge, à attendre qu'une carpe ou une tanche non moins accablée de chaleur daignât mordre à l'hameçon.

Leos a écrit:
Chère Madame,
Charmante image...Voici la source...

Mémoires secrets: pour servir à l'histoire de la république des .../12/, 1783

24. Juillet 1783. Extrait d'une lettre de Versailles  du vingt juillet. . . . Les grandes chaleurs qu'il a fait & qu'il fait encore, ont mis à la mode ici un divertiflement  fort innocent, fort tranquile & par là très-convenable à l'inaction où nous réduit la saison; c'est la pêche à la ligne. C'est un spectacle charmant de voir au coucher du soleil la reine, Madame , Madame comtesse d Artois  y Madame Elisabeth, toute la famille royale & des groupes de dames de leur fuite, le long d.i canal & à l'entour de la piece d'eau des Suifses dans cette attitude...
Leos

Pourquoi Bombelles considérait-il ce passe-temps/ si populaire/ comme un tueur de temps ?
Après tout, c'est un divertissement aristocratique traditionnel.

Peut-être que ça l'ennuyait que sa femme soit avec elle

Mais il est intéressant qu'Elisabeth soit sortie assez longtemps /de 8 heures du matin à une heure de l'après-midi./

Leos

La pêche à la ligne était elle un privilège ?

Ah oui, comme la chasse ?   Je ne saurais dire, mais je ne crois pas ...
Je ne trouve rien de tel sur GOOGLE.

Elles semblaient pourtant bien s'entendre,mais peut-être réprouvait-il cette détestable habitude de se faire bronzer des heures durant au bord u grand canal ! Très mauvais pour la peau !

Rumeur de fiançailles entre Madame Elisabeth et Joseph II.


Le comte de Creutz à Gustave III

Fontainebleau, le 8 novembre 1775.

J'ai eu l'honneur de marquer précédemment à Votre Majesté les projets de la Reine sur Madame Elisabeth. Cette jeune personne est un vrai prodige d'esprit pour son âge. Elle a la figure la plus intéressante et la plus agréable. Si l'Empereur fait un voyage à Paris, il l'a trouvera sûrement à son gré et ce sera un nouveau lien par lequel la Reine tiendra à son frère .

Déjà ? En 1775 ? La pauvre enfant n'a que 11 ans (et Joseph II, deux fois veuf, a 34 ans)...

Oui, c'est fou !   Pauvre gosse ...     Remarque, ç'eût peut-être été un sort plus doux que celui qui l'attendait .

On peut voir les choses comme ça. A mon humble avis, Joseph ou Sanson iln'y a pas photo.

Au début du règne, Marie-Antoinette avait beaucoup d'ascendant sur Madame Elisabeth. Leur différence d'âge était importante (10 ans).

Elisabeth, orpheline de père et mère, jouait presque le rôle de petite soeur de Marie-Antoinette.

Marie-Antoinette en a profité notamment pour placer ses gens dans la maison de Mme Elisabeth, puis elle a cherché à lui donner un avenir : ce mariage avec Joseph II, évoqué par Gustave III, mais aussi plus tard le projet de la faire chanoinesse. Mme Elisabeth a toujours refusé, voulant rester auprès de son frère.

Elle a fini par s'émanciper de la reine en grandissant.

Duc d'Ostrogothie a écrit:

Marie-Antoinette en a profité notamment pour placer ses gens dans la maison de Mme Elisabeth

Il est d'ailleurs étonnant que Marie-Antoinette s'arroge cette prérogative de la nomination aux places qui relevait, en principe, du roi seul.

Cette volonté de Marie-Antoinette de régimenter Mme Elisabeth a donné lieu à des tensions entre elles lorsque Mme Elisabeth est devenue adulte. Mais au fond, elles s'estimaient.

Sans doute, sans doute, mais les tensions à la Révolution, aux Tuileries, au Temple, étaient surtout politiques et les discussions musclées.
C'est un enfer que notre intérieur .

Mais il y a eu des tensions entre elles avant la Révolution, notamment quand Marie-Antoinette a voulu l'éloigner de Versailles en la faisant nommer chanoinesse je ne sais plus où.

Dans Les oubliés du Temple de Dominique Sabourdin-Perrin, il est dit, après l'exécution de Madame Elisabeth: "On dit qu'une odeur de rose s'est répandue sur la place de la Révolution. Une légende veut qu'à Montreuil, Madame Elisabeth soit apparue, preès de son château, au bout de la rue Champ-Lagarde, à une jeune Louise qu'elle avait guérie plusieurs années avant sa mort."