Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
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Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Nous sommes toujours dans la région de Naples, avec l'une des attractions "à fortes sensations" de ce célèbre Grand Tour italien : l'ascension du Vésuve.
Ecole napolitaine. XIXè siècle
Photo : http://elogedelart.canalblog.com/archives/2011/05/06/21072573.html
Et pour commencer, je vous propose l'aventure décrite par Elisabeth Vigée Le Brun et par François-René de Chateaubriand, à quelques années d'intervalle.
Le récit d’Elisabeth Vigée Le Brun - Souvenirs
Je cite :
Ce que je désirais par-dessus tout, c'était de monter sur le Vésuve, et nous résolûmes de faire cette partie avec madame Silva et l'abbé Bertrand.
Je vais copier ici la fin d'une lettre que j'écrivis de Naples à mon ami Brongniart l'architecte, parce que l'impression que m'avait faite le terrible phénomène était alors bien plus récente et bien plus vive.
« Maintenant je vais vous parler de mon spectacle favori, du Vésuve.
Pour un peu je me ferais Vésuvienne, tant j'aime ce superbe volcan je crois qu'il m'aime aussi, car il m'a fêtée et reçue de la manière la plus grandiose.
Que deviennent les plus beaux feux d'artifices, sans en excepter la girande du château Saint-Ange, quand on songe au Vésuve ?
La première fois que j'y suis montée, nous fûmes pris, mes compagnons et moi, par un orage affreux, une pluie qui ressemblait au déluge. Nous étions trempés, mais nous n'en cheminions pas moins sur une hauteur pour voir une des grandes laves qui coulaient à nos pieds. Je croyais toucher aux avenues de l'enfer.
Par Michael Wutky (1736 - 1823)
Photo : https://fr.pinterest.com/pin/333899759850487736/
Un brasier qui me suffoquait serpentait sous mes yeux ; il avait trois milles de circonférence.
Le mauvais temps nous empêchant d'aller plus loin ce jour-là, outre que la fumée et la pluie de cendre qui nous couvrait rendaient le sommet du mont invisible, nous montons sur nos mulets et descendons dans les laves noires.
Deux tonnerres, celui du ciel et celui du mont, se mêlaient ; le bruit était infernal, d'autant plus qu'il se répétait dans les cavités des montagnes environnantes.
Comme nous étions précisément sous la nuée, je tremblais, et toute notre calvacade tremblait comme moi, que le mouvement de notre marche n'attirât sur nous la foudre.
Par Michael Wutky (1736 - 1823)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2013/01/alle-fonti-del-vesuvio-2/
Malgré ma frayeur, je ne pus m'empêcher de rire en regardant un de nos compagnons de voyage, l'abbé Bertrand.
Il faut vous dire qu'il est bossu par derrière, et par devant un grand manteau couvrait son âne et lui, et tous deux étaient tellement confondus ensemble, que, la petite humanité de l'abbé disparaissant, je ne voyais plus qu'un chameau. :
J'arrivai chez moi dans un état qui faisait pitié: ma robe n'était que cendre détrempée ; j'étais morte de fatigue ; je me sèche et me couche fort heureusement.
Bien loin d'être dégoûtée par ce début, quelque jours après je retourne à mon cher Vésuve.
Cette fois ma petite brunette était de la partie ; je voulais qu'elle vît ce grand spectacle.
Monsieur de la Chenaye et deux autres personnes en étaient aussi. Il faisait le plus beau temps du monde.
Par Alexandre-Hyacinthe Dunouy (1729 - 1802)
Photo : http://www.sothebys.com/de/auctions/ecatalogue/2011/important-old-master-paintings-sculpture-n08712/lot.368.html
Avant la nuit nous étions sur la montagne pour voir les anciennes laves et le coucher du soleil dans la mer. Le volcan était plus furieux que jamais, et comme au jour on ne distingue point de feu, on ne voit sortir du cratère, avec des nuées de cendres et de laves, qu'une énorme fumée blanchâtre, argentée, que le soleil éclaire d'une manière admirable. J'ai peint cet effet, car il est divin.
Par Alexandre-Hyacinthe Dunouy
Photo : http://daxermarschall.com/wordpress/portfolio-view/alexandre-hyacinth-dunouy-paris-1757-1841-lyon-oder-jouy/
Nous montâmes chez l'ermite. Le soleil se couchait, et je vis ses rayons se perdre sous le cap Mysène, Ischia et Procida ; quelle vue !
Enfin la nuit vint, et la fumée se transforma en flammes, les plus belles que j'aie jamais vues de ma vie. Des gerbes de feu s'élançaient du cratère, et se succédaient rapidement, jetant de tout-côté des pierres embrasées qui tombaient avec fracas.
En même temps descendait une cascade de feu qui parcourait l'espace de quatre à cinq milles. Une autre bouche du cratère placée plus bas était aussi enflammée celle-ci produisait une fumée rouge et dorée, qui complétait le spectacle d'une manière effrayante et sublime.
Gouache napolitaine. Coulée de lave du Vésuve, anonyme, approximativement 1830.
Photographie: Philippe Wagneur MHN / MHS
La foudre qui partait du centre de la montagne, faisait retentir tous les envions, au point que la terre tremblait sous nos pas.
J'étais bien un peu effrayée; mais je n'en témoignais rien à cause de ma pauvre petite qui me disait en pleurant « Maman, faut-il avoir peur ? »
D'ailleurs, j'avais tant admirer que ce besoin l'emportait sur mon effroi. Imaginez que nous planions alors sur une immensité de brasiers, sur des champs entiers que ces laves, dans leur course, mettaient en feu. Je voyais ces terribles laves brûler les arbrisseaux, les arbres, les vignes; je voyais la flamme s'allumer et s'éteindre, et j'entendais le bruit des broussailles voisines qu'elles consumaient.
Par Pierre-Jacques Volaire (1729 - 1799)
Photo : http://www.christies.com/lotfinder/AAA/AAA-4744487-details.aspx
Cette grande scène de destruction a quelque chose de pénible et d'imposant, qui remue fortement l'âme ; je ne pouvais plus parler en revenant à Naples ; dans le chemin je ne cessais de retourner la tête pour voir encore ces gerbes et cette rivière de feu.
C'est donc à regret que j'ai quitté ce spectacle si grandiose; mais j'en jouis par le souvenir, et tous les jours je me représente encore ses différens effets. » (…)
Ecole napolitaine. XIXè siècle
Photo : http://elogedelart.canalblog.com/archives/2011/05/06/21072573.html
Et pour commencer, je vous propose l'aventure décrite par Elisabeth Vigée Le Brun et par François-René de Chateaubriand, à quelques années d'intervalle.
Le récit d’Elisabeth Vigée Le Brun - Souvenirs
Je cite :
Ce que je désirais par-dessus tout, c'était de monter sur le Vésuve, et nous résolûmes de faire cette partie avec madame Silva et l'abbé Bertrand.
Je vais copier ici la fin d'une lettre que j'écrivis de Naples à mon ami Brongniart l'architecte, parce que l'impression que m'avait faite le terrible phénomène était alors bien plus récente et bien plus vive.
« Maintenant je vais vous parler de mon spectacle favori, du Vésuve.
Pour un peu je me ferais Vésuvienne, tant j'aime ce superbe volcan je crois qu'il m'aime aussi, car il m'a fêtée et reçue de la manière la plus grandiose.
Que deviennent les plus beaux feux d'artifices, sans en excepter la girande du château Saint-Ange, quand on songe au Vésuve ?
La première fois que j'y suis montée, nous fûmes pris, mes compagnons et moi, par un orage affreux, une pluie qui ressemblait au déluge. Nous étions trempés, mais nous n'en cheminions pas moins sur une hauteur pour voir une des grandes laves qui coulaient à nos pieds. Je croyais toucher aux avenues de l'enfer.
Par Michael Wutky (1736 - 1823)
Photo : https://fr.pinterest.com/pin/333899759850487736/
Un brasier qui me suffoquait serpentait sous mes yeux ; il avait trois milles de circonférence.
Le mauvais temps nous empêchant d'aller plus loin ce jour-là, outre que la fumée et la pluie de cendre qui nous couvrait rendaient le sommet du mont invisible, nous montons sur nos mulets et descendons dans les laves noires.
Deux tonnerres, celui du ciel et celui du mont, se mêlaient ; le bruit était infernal, d'autant plus qu'il se répétait dans les cavités des montagnes environnantes.
Comme nous étions précisément sous la nuée, je tremblais, et toute notre calvacade tremblait comme moi, que le mouvement de notre marche n'attirât sur nous la foudre.
Par Michael Wutky (1736 - 1823)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2013/01/alle-fonti-del-vesuvio-2/
Malgré ma frayeur, je ne pus m'empêcher de rire en regardant un de nos compagnons de voyage, l'abbé Bertrand.
Il faut vous dire qu'il est bossu par derrière, et par devant un grand manteau couvrait son âne et lui, et tous deux étaient tellement confondus ensemble, que, la petite humanité de l'abbé disparaissant, je ne voyais plus qu'un chameau. :
J'arrivai chez moi dans un état qui faisait pitié: ma robe n'était que cendre détrempée ; j'étais morte de fatigue ; je me sèche et me couche fort heureusement.
Bien loin d'être dégoûtée par ce début, quelque jours après je retourne à mon cher Vésuve.
Cette fois ma petite brunette était de la partie ; je voulais qu'elle vît ce grand spectacle.
Monsieur de la Chenaye et deux autres personnes en étaient aussi. Il faisait le plus beau temps du monde.
Par Alexandre-Hyacinthe Dunouy (1729 - 1802)
Photo : http://www.sothebys.com/de/auctions/ecatalogue/2011/important-old-master-paintings-sculpture-n08712/lot.368.html
Avant la nuit nous étions sur la montagne pour voir les anciennes laves et le coucher du soleil dans la mer. Le volcan était plus furieux que jamais, et comme au jour on ne distingue point de feu, on ne voit sortir du cratère, avec des nuées de cendres et de laves, qu'une énorme fumée blanchâtre, argentée, que le soleil éclaire d'une manière admirable. J'ai peint cet effet, car il est divin.
Par Alexandre-Hyacinthe Dunouy
Photo : http://daxermarschall.com/wordpress/portfolio-view/alexandre-hyacinth-dunouy-paris-1757-1841-lyon-oder-jouy/
Nous montâmes chez l'ermite. Le soleil se couchait, et je vis ses rayons se perdre sous le cap Mysène, Ischia et Procida ; quelle vue !
Enfin la nuit vint, et la fumée se transforma en flammes, les plus belles que j'aie jamais vues de ma vie. Des gerbes de feu s'élançaient du cratère, et se succédaient rapidement, jetant de tout-côté des pierres embrasées qui tombaient avec fracas.
En même temps descendait une cascade de feu qui parcourait l'espace de quatre à cinq milles. Une autre bouche du cratère placée plus bas était aussi enflammée celle-ci produisait une fumée rouge et dorée, qui complétait le spectacle d'une manière effrayante et sublime.
Gouache napolitaine. Coulée de lave du Vésuve, anonyme, approximativement 1830.
Photographie: Philippe Wagneur MHN / MHS
La foudre qui partait du centre de la montagne, faisait retentir tous les envions, au point que la terre tremblait sous nos pas.
J'étais bien un peu effrayée; mais je n'en témoignais rien à cause de ma pauvre petite qui me disait en pleurant « Maman, faut-il avoir peur ? »
D'ailleurs, j'avais tant admirer que ce besoin l'emportait sur mon effroi. Imaginez que nous planions alors sur une immensité de brasiers, sur des champs entiers que ces laves, dans leur course, mettaient en feu. Je voyais ces terribles laves brûler les arbrisseaux, les arbres, les vignes; je voyais la flamme s'allumer et s'éteindre, et j'entendais le bruit des broussailles voisines qu'elles consumaient.
Par Pierre-Jacques Volaire (1729 - 1799)
Photo : http://www.christies.com/lotfinder/AAA/AAA-4744487-details.aspx
Cette grande scène de destruction a quelque chose de pénible et d'imposant, qui remue fortement l'âme ; je ne pouvais plus parler en revenant à Naples ; dans le chemin je ne cessais de retourner la tête pour voir encore ces gerbes et cette rivière de feu.
C'est donc à regret que j'ai quitté ce spectacle si grandiose; mais j'en jouis par le souvenir, et tous les jours je me représente encore ses différens effets. » (…)
Dernière édition par La nuit, la neige le Mar 21 Jan 2020, 11:32, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Je vais bientôt parler de son époux...
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Laissons la parole à Chateaubriand. Il n'a pas assisté au même spectacle qu'Elisabeth Vigée Le Brun, mais sa puissance romanesque aidant, il parvient à sublimer son expérience...
Le récit de François-René de Chateaubriand - Voyage à Naples (1804)
Je cite :
Aujourd'hui 5 janvier, je suis parti de Naples à sept heures du matin ; me voilà à Portici. Le soleil est dégagé des nuages du levant, mais la tête du Vésuve est toujours dans le brouillard. Je fais marché avec un cicérone pour me conduire au cratère du volcan. Il me fournit deux mules, une pour lui, une pour moi : nous partons.
Je commence à monter par un chemin assez large, entre deux champs de vignes appuyées sur des peupliers. Je m'avance droit au levant d'hiver. J'aperçois, un peu au-dessus des vapeurs descendues dans la moyenne région de l'air, la cime de quelques arbres : ce sont les ormeaux de l'ermitage.
De pauvres habitations de vignerons se montrent à droite et à gauche, au milieu des riches ceps du Lacryma Christi.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
Au reste, partout une terre brûlée, des vignes dépouillées entremêlées de pins en forme de parasol, quelques aloès dans les haies, d'innombrables pierres roulantes, pas un oiseau.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
J'arrive au premier plateau de la montagne. Une plaine nue s'étend devant moi. J'entrevois les deux têtes du Vésuve ; à gauche la Somma, à droite la bouche actuelle du volcan : ces deux têtes sont enveloppées de nuages pâles. Je m'avance. D'un côté la Somma s'abaisse ; de l'autre je commence à distinguer les ravines tracées dans le cône du volcan, que je vais bientôt gravir.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
La lave de 1766 et de 1769 couvre la plaine où je marche. C'est un désert enfumé où les laves, jetées comme des scories de forge, présentent sur un fond noir leur écume blanchâtre, tout à fait semblable à des mousses desséchées.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
(...)
Les nuages ne me laissent plus rien voir ; le vent, soufflant de bas en haut, les chasse du plateau noir que je domine, et les fait passer sur la chaussée de lave que je parcours : je n'entends que le bruit des pas de ma mule.
Je quitte le coteau, je tourne à droite et redescends dans cette plaine de lave qui aboutit au cône du volcan et que j'ai traversée plus bas en montant à l'ermitage. Même en présence de ces débris calcinés, l'imagination se représente à peine ces champs de feu et de métaux fondus au moment des éruptions du Vésuve.
Le Dante les avait peut-être vus lorsqu'il a peint dans son Enfer ces sables brûlants où des flammes éternelles descendent lentement et en silence, come di neve in Alpe senza vento.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
Les nuages s'entrouvrent maintenant sur quelques points ; je découvre subitement, et par intervalles, Portici, Caprée, Ischia, le Pausilippe, la mer parsemée des voiles blanches des pêcheurs et la côte du golfe de Naples, bordée d'orangers : c'est le paradis vu de l'enfer.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
Je touche au pied du cône ; nous quittons nos mules ; mon guide me donne un long bâton, et nous commençons à gravir l'énorme monceau de cendres. Les nuages se referment, le brouillard s'épaissit, et l'obscurité redouble.
(...)
Je propose à mon guide de descendre dans le cratère ; il fait quelque difficulté, pour obtenir un peu plus d'argent. Nous convenons d'une somme qu'il veut avoir sur-le-champ. Je la lui donne. Il dépouille son habit ; nous marchons quelque temps sur les bords de l'abîme, pour trouver une ligne moins perpendiculaire et plus facile à descendre.
Le guide s'arrête et m'avertit de me préparer. Nous allons nous précipiter.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
Nous voilà au fond du gouffre. Il n'y a que de la fatigue et peu de danger à descendre dans le cratère du Vésuve. Il faudrait avoir le malheur d'y être surpris par une éruption.
Je désespère de pouvoir peindre ce chaos.
Qu'on se figure un bassin d'un mille de tour et de trois cents pieds d'élévation, qui va s'élargissant en forme d'entonnoir. Ses bords ou ses parois intérieures sont sillonnées par le fluide de feu que ce bassin a contenu, et qu'il a versé au dehors.
Les parties saillantes de ces sillons ressemblent aux jambages de briques dont les Romains appuyaient leurs énormes maçonneries.
Des rochers sont suspendus dans quelques parties du contour, et leurs débris, mêlés à une pâte de cendres, recouvrent l'abîme.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
Ce fond du bassin est labouré de différentes manières. A peu près au milieu sont creusés trois puits ou petites bouches nouvellement ouvertes, et qui vomirent des flammes pendant le séjour des Français à Naples en 1798.
Par Jean-Baptiste Genillion (1750 - 1829)
Photo : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde
Des fumées transpirent à travers les pores du gouffre, surtout du côté de la Torre del Greco. Dans le flanc opposé, vers Caserte, j'aperçois une flamme.
Quand vous enfoncez la main dans les cendres, vous les trouvez brûlantes à quelques pouces de profondeur sous la surface.
La couleur générale du gouffre est celle d'un charbon éteint. Mais la nature sait répandre des grâces jusque sur les objets les plus horribles : la lave en quelques endroits est pleine d'azur, d'outremer, de jaune et d'orangé.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
Des blocs de granit, tourmentés et tordus par l'action du feu, se sont recourbés à leurs extrémités, comme des palmes et des feuilles d'acanthe. La matière volcanique, refroidie sur les rocs vifs autour desquels elle a coulé, forme çà et là des rosaces, des girandoles, de rubans ; elle affecte aussi des figures de plantes et d'animaux, et imite les dessins variés que l'on découvre dans les agates.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
Je retrouve ici ce silence absolu que j'ai observé autrefois, à midi, dans les forêts de l'Amérique, lorsque, retenant mon haleine, je n'entendais que le bruit de mes artères dans mes tempes et le battement de mon cœur.
Quelquefois seulement des bouffées de vent, tombant du haut du cône au fond du cratère, mugissent dans mes vêtements ou sifflent dans mon bâton ; j'entends aussi rouler quelques pierres que mon guide fait fuir sous ses pas en gravissant les cendres.
Un écho confus, semblable au frémissement du métal ou du verre, prolonge le bruit de la chute, et puis tout se tait.
Comparez ce silence de mort aux détonations épouvantables qui ébranlaient ces mêmes lieux lorsque le volcan vomissait le feu de ses entrailles et couvrait la terre de ténèbres.
On peut faire ici des réflexions philosophiques et prendre en pitié les choses humaines.
Qu'est-ce en effet que ces révolutions si fameuses des empires auprès des accidents de la nature qui changent la face de la terre et des mers ? Heureux du moins si les hommes n'employaient pas à se tourmenter mutuellement le peu de jours qu'ils ont à passer ensemble !
Le Vésuve n'a pas ouvert une seule fois ses abîmes pour dévorer les cités, que ses fureurs n'aient surpris les peuples au milieu du sang et des larmes.
Quels sont les premiers signes de civilisation, les premières marques du passage des hommes que l'on a retrouvés sous les cendres éteintes du volcan ? Des instruments de supplice, des squelettes enchaînés...
Karl Briullov, The Last Days of Pompeii (1827-1833)
Photo : http://sydney.edu.au/museums/exhibitions-events/lego-pompeii.shtml
Les temps varient, et les destinées humaines ont la même inconstance. La vie, dit la chanson grecque, fuit comme la roue d'un char :
Le récit de François-René de Chateaubriand - Voyage à Naples (1804)
Je cite :
Aujourd'hui 5 janvier, je suis parti de Naples à sept heures du matin ; me voilà à Portici. Le soleil est dégagé des nuages du levant, mais la tête du Vésuve est toujours dans le brouillard. Je fais marché avec un cicérone pour me conduire au cratère du volcan. Il me fournit deux mules, une pour lui, une pour moi : nous partons.
Je commence à monter par un chemin assez large, entre deux champs de vignes appuyées sur des peupliers. Je m'avance droit au levant d'hiver. J'aperçois, un peu au-dessus des vapeurs descendues dans la moyenne région de l'air, la cime de quelques arbres : ce sont les ormeaux de l'ermitage.
De pauvres habitations de vignerons se montrent à droite et à gauche, au milieu des riches ceps du Lacryma Christi.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
Au reste, partout une terre brûlée, des vignes dépouillées entremêlées de pins en forme de parasol, quelques aloès dans les haies, d'innombrables pierres roulantes, pas un oiseau.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
J'arrive au premier plateau de la montagne. Une plaine nue s'étend devant moi. J'entrevois les deux têtes du Vésuve ; à gauche la Somma, à droite la bouche actuelle du volcan : ces deux têtes sont enveloppées de nuages pâles. Je m'avance. D'un côté la Somma s'abaisse ; de l'autre je commence à distinguer les ravines tracées dans le cône du volcan, que je vais bientôt gravir.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
La lave de 1766 et de 1769 couvre la plaine où je marche. C'est un désert enfumé où les laves, jetées comme des scories de forge, présentent sur un fond noir leur écume blanchâtre, tout à fait semblable à des mousses desséchées.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
(...)
Les nuages ne me laissent plus rien voir ; le vent, soufflant de bas en haut, les chasse du plateau noir que je domine, et les fait passer sur la chaussée de lave que je parcours : je n'entends que le bruit des pas de ma mule.
Je quitte le coteau, je tourne à droite et redescends dans cette plaine de lave qui aboutit au cône du volcan et que j'ai traversée plus bas en montant à l'ermitage. Même en présence de ces débris calcinés, l'imagination se représente à peine ces champs de feu et de métaux fondus au moment des éruptions du Vésuve.
Le Dante les avait peut-être vus lorsqu'il a peint dans son Enfer ces sables brûlants où des flammes éternelles descendent lentement et en silence, come di neve in Alpe senza vento.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
Les nuages s'entrouvrent maintenant sur quelques points ; je découvre subitement, et par intervalles, Portici, Caprée, Ischia, le Pausilippe, la mer parsemée des voiles blanches des pêcheurs et la côte du golfe de Naples, bordée d'orangers : c'est le paradis vu de l'enfer.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
Je touche au pied du cône ; nous quittons nos mules ; mon guide me donne un long bâton, et nous commençons à gravir l'énorme monceau de cendres. Les nuages se referment, le brouillard s'épaissit, et l'obscurité redouble.
(...)
Je propose à mon guide de descendre dans le cratère ; il fait quelque difficulté, pour obtenir un peu plus d'argent. Nous convenons d'une somme qu'il veut avoir sur-le-champ. Je la lui donne. Il dépouille son habit ; nous marchons quelque temps sur les bords de l'abîme, pour trouver une ligne moins perpendiculaire et plus facile à descendre.
Le guide s'arrête et m'avertit de me préparer. Nous allons nous précipiter.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
Nous voilà au fond du gouffre. Il n'y a que de la fatigue et peu de danger à descendre dans le cratère du Vésuve. Il faudrait avoir le malheur d'y être surpris par une éruption.
Je désespère de pouvoir peindre ce chaos.
Qu'on se figure un bassin d'un mille de tour et de trois cents pieds d'élévation, qui va s'élargissant en forme d'entonnoir. Ses bords ou ses parois intérieures sont sillonnées par le fluide de feu que ce bassin a contenu, et qu'il a versé au dehors.
Les parties saillantes de ces sillons ressemblent aux jambages de briques dont les Romains appuyaient leurs énormes maçonneries.
Des rochers sont suspendus dans quelques parties du contour, et leurs débris, mêlés à une pâte de cendres, recouvrent l'abîme.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
Ce fond du bassin est labouré de différentes manières. A peu près au milieu sont creusés trois puits ou petites bouches nouvellement ouvertes, et qui vomirent des flammes pendant le séjour des Français à Naples en 1798.
Par Jean-Baptiste Genillion (1750 - 1829)
Photo : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde
Des fumées transpirent à travers les pores du gouffre, surtout du côté de la Torre del Greco. Dans le flanc opposé, vers Caserte, j'aperçois une flamme.
Quand vous enfoncez la main dans les cendres, vous les trouvez brûlantes à quelques pouces de profondeur sous la surface.
La couleur générale du gouffre est celle d'un charbon éteint. Mais la nature sait répandre des grâces jusque sur les objets les plus horribles : la lave en quelques endroits est pleine d'azur, d'outremer, de jaune et d'orangé.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
Des blocs de granit, tourmentés et tordus par l'action du feu, se sont recourbés à leurs extrémités, comme des palmes et des feuilles d'acanthe. La matière volcanique, refroidie sur les rocs vifs autour desquels elle a coulé, forme çà et là des rosaces, des girandoles, de rubans ; elle affecte aussi des figures de plantes et d'animaux, et imite les dessins variés que l'on découvre dans les agates.
Par Pietro Fabris (1740 - 1792)
Photo : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
Je retrouve ici ce silence absolu que j'ai observé autrefois, à midi, dans les forêts de l'Amérique, lorsque, retenant mon haleine, je n'entendais que le bruit de mes artères dans mes tempes et le battement de mon cœur.
Quelquefois seulement des bouffées de vent, tombant du haut du cône au fond du cratère, mugissent dans mes vêtements ou sifflent dans mon bâton ; j'entends aussi rouler quelques pierres que mon guide fait fuir sous ses pas en gravissant les cendres.
Un écho confus, semblable au frémissement du métal ou du verre, prolonge le bruit de la chute, et puis tout se tait.
Comparez ce silence de mort aux détonations épouvantables qui ébranlaient ces mêmes lieux lorsque le volcan vomissait le feu de ses entrailles et couvrait la terre de ténèbres.
On peut faire ici des réflexions philosophiques et prendre en pitié les choses humaines.
Qu'est-ce en effet que ces révolutions si fameuses des empires auprès des accidents de la nature qui changent la face de la terre et des mers ? Heureux du moins si les hommes n'employaient pas à se tourmenter mutuellement le peu de jours qu'ils ont à passer ensemble !
Le Vésuve n'a pas ouvert une seule fois ses abîmes pour dévorer les cités, que ses fureurs n'aient surpris les peuples au milieu du sang et des larmes.
Quels sont les premiers signes de civilisation, les premières marques du passage des hommes que l'on a retrouvés sous les cendres éteintes du volcan ? Des instruments de supplice, des squelettes enchaînés...
Karl Briullov, The Last Days of Pompeii (1827-1833)
Photo : http://sydney.edu.au/museums/exhibitions-events/lego-pompeii.shtml
Les temps varient, et les destinées humaines ont la même inconstance. La vie, dit la chanson grecque, fuit comme la roue d'un char :
Trocox armatox gar oia
Biotox trecei culisqeix
Biotox trecei culisqeix
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
La nuit, la neige a écrit:Je vais bientôt parler de son époux...
Oui, car le peintre Pietro Fabris et lord Hamilton étaient en étroite collaboration scientifique et artistique autour de la vulcanologie . Ils étudièrent tout particulièrement les Champs Phlégréens, la " Porte des Enfers " tout près de Naples et du Vésuve. C'est un endroit incroyable à ne surtout pas manquer lorsque l'on visite cette région. Il semble d'abord que les émanations de souffre vous prennent à la gorge et vous fassent suffoquer ( c'est horrible ) et puis l'on s'y habitue assez pour être en état de faire le tour du site, un mouchoir très fort appuyé sur le nez . Le sol grumeleux, jaune fluo, est par endroits brûlant et de petites flaques bouillonnent ça et là. C'est une expérience unique !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Lord William Hamilton
Ainsi donc William Hamilton (1730 - 1803)
Nous en avons déjà parlé ici à de nombreuses occasions...
Portrait de Sir Hamilton par Georges Romney
Aristocrate écossais,diplomate britannique, musicien, antiquaire, archéologue et l'un des premiers volcanologues (cette profession n'existant pas encore).
Il est ambassadeur de Grande-Bretagne à la cour de Naples de 1764 à 1800, actif soutien de Marie-Caroline au moment de la révolution napolitaine et des guerres de l'Empire.
Grand amateur d'art, il collectionne les vases grecs et autres antiquités (il écrit un livre sur l'ancienne cité romaine de Pompéi). Il publie à ses frais un catalogue de sa collection, avant de la vendre, pour partie, en 1772, au British Museum en qui s'en sert comme base de son département antiquités grecques et romaines
La seconde partie de sa collection sera perdue lors du naufrage du HMS Colossus pendant son voyage vers la Grande-Bretagne.
Gravure d'après le portrait de William Hamilton, par Joshua Reynolds
Pendant sa mission, il étudie également l'activité volcanique et les tremblements de terre.
En 1770, il publie un premier ouvrage, intitulé "Observations sur le Mont Vésuve, l’Etna & c."
Passionné par le Vésuve qu'il peut contempler à sa guise, il fera l'ascension une soixantaine de fois, y compris en pleine éruption, et au péril de sa vie et de celle de son guide Bartolomeo Pumo.
Vue sur le Vésuve depuis la villa de William Hamilton, par Pietro Fabris (1767)
Photo : http://www.flickriver.com/photos/23416307@N04/15580068736/
Hamilton, qui dessine parfois lui-même, engage cependant un dessinateur, Pietro Fabris, qui l'accompagnera dans ses nombreuses expéditions afin d'illustrer ses recherches et découvertes, mais aussi des évènements.
Comme ici, cette gouache illustrant William Hamilton accompagnant le roi et la reine de Naples sur les flancs du Vésuve à l'occasion d'une des éruptions du Volcan
William Hamilton, le roi et la reine de Naples. Par Pietro Fabris, 1776
Photo : http://www-bsg.univ-paris1.fr/2015/04
Dans sa correspondance avec la Royal Society de Londres, Hamilton relata avec force notes de terrain et croquis l'activité du volcan, interviewa les fermiers locaux et les personnes qui grimpaient le volcan, collecta des roches pour les envoyer en Angleterre.
En 1776, il finance la publication en deux somptueux volumes de ses observations : " Campi Phlegraei, Observations on the volcanoes of the two Sicilies ".
Il y décrit les éruptions du Vésuve de 1776 à 1794, l’évolution de son cratère, mais aussi les Champs Phlégréens, le sommet de l’Etna et les îles Eoliennes.
Exemplaire conservé à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, rapporté de Rome par Daunou qui l’a confisqué dans la collection personnelle du pape Pie VI en 1799.
Photo : http://www-bsg.univ-paris1.fr/2015/04
Le premier tome contient le texte de ses articles ou lettres envoyés à la Société Royale de Londres de 1766 à 1770.
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Le second tome, est une magnifique suite de gravures commandées donc au peintre anglo-napolitain, Pietro Fabris, d'après ses dessins originaux.
Chacune des 54 planches originales est rehaussée de gouache par les « vedutistes » napolitains qui savent rendre les coloris vaporeux de la baie de Naples aussi bien que les forts contrastes entre le feu de l’éruption, la nuit noire ou la campagne enneigée.
Vue depuis le couvent de Camaldoli
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Le site de Solfatara, avec un baigneur tout nu... :
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Eruption du Vésuve du 23 décembre 1760
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Echantillons de roches volcaniques du Mont Vésuve
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Echantillons et spécimens de lave du Mont Vésuve
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
A ces 54 planches viendront s’ajouter les 4 planches du supplément paru en 1779.
L’éruption du Vésuve en 1779 parut trop belle à Hamilton pour ne pas mériter ce supplément.
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Si cela vous intéresse, ces volumes ont été numérisés par la Claremont Colleges Digital Library, et sont consultables ici : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Ces publications, qui ont presque ruiné leur auteur, n’en ont pas moins fortement contribué à répandre le goût néo-antique.
En 1786, William Hamilton rencontre Emma Lyon, une jeune femme qui lui est envoyée par son neveu.
Comme la plupart des hommes qui ont gravité autour d'elle, Sir William a été frappé par Emma, qui a exécuté des danses inspirées par les éléments classiques pour lui et ses invités, y compris Goethe, tout en ne portant aucun sous-vêtement.
Emma (née Lyon), Lady Hamilton ('Neæra')
Photo : National Portrait Gallery, London
Notre sujet dédié à Emma Hamilton, ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t577-emma-hart-lady-hamilton?highlight=hamilton
Ils se sont mariés le 6 septembre 1791 à St George's Hanover Square, Londres.
Il avait 60 ans ; elle en avait 26.
Plus tard Horatio Nelson, un homme qu'Hamilton admire, en tombe amoureux, une liaison qu'il encourage.
Notre sujet dédié à Horatio Nelson, ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t2075-l-amiral-horatio-nelson?highlight=nelson
* Source images et textes "Les volcans d'Hamilton", ici : http://memoirevive.besancon.fr/?id=52_64
* Source images et textes "Vulcanologia e geologia vesuviana secondo William Hamilton" : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
* Source images et textes "L'art sur les chemins du feu" : http://www.earth-of-fire.com/tag/l%27art%20sur%20les%20chemins%20du%20feu/
* Source images : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Nous en avons déjà parlé ici à de nombreuses occasions...
Portrait de Sir Hamilton par Georges Romney
Aristocrate écossais,diplomate britannique, musicien, antiquaire, archéologue et l'un des premiers volcanologues (cette profession n'existant pas encore).
Il est ambassadeur de Grande-Bretagne à la cour de Naples de 1764 à 1800, actif soutien de Marie-Caroline au moment de la révolution napolitaine et des guerres de l'Empire.
Grand amateur d'art, il collectionne les vases grecs et autres antiquités (il écrit un livre sur l'ancienne cité romaine de Pompéi). Il publie à ses frais un catalogue de sa collection, avant de la vendre, pour partie, en 1772, au British Museum en qui s'en sert comme base de son département antiquités grecques et romaines
La seconde partie de sa collection sera perdue lors du naufrage du HMS Colossus pendant son voyage vers la Grande-Bretagne.
Gravure d'après le portrait de William Hamilton, par Joshua Reynolds
Pendant sa mission, il étudie également l'activité volcanique et les tremblements de terre.
En 1770, il publie un premier ouvrage, intitulé "Observations sur le Mont Vésuve, l’Etna & c."
Passionné par le Vésuve qu'il peut contempler à sa guise, il fera l'ascension une soixantaine de fois, y compris en pleine éruption, et au péril de sa vie et de celle de son guide Bartolomeo Pumo.
Vue sur le Vésuve depuis la villa de William Hamilton, par Pietro Fabris (1767)
Photo : http://www.flickriver.com/photos/23416307@N04/15580068736/
Hamilton, qui dessine parfois lui-même, engage cependant un dessinateur, Pietro Fabris, qui l'accompagnera dans ses nombreuses expéditions afin d'illustrer ses recherches et découvertes, mais aussi des évènements.
Comme ici, cette gouache illustrant William Hamilton accompagnant le roi et la reine de Naples sur les flancs du Vésuve à l'occasion d'une des éruptions du Volcan
William Hamilton, le roi et la reine de Naples. Par Pietro Fabris, 1776
Photo : http://www-bsg.univ-paris1.fr/2015/04
Dans sa correspondance avec la Royal Society de Londres, Hamilton relata avec force notes de terrain et croquis l'activité du volcan, interviewa les fermiers locaux et les personnes qui grimpaient le volcan, collecta des roches pour les envoyer en Angleterre.
En 1776, il finance la publication en deux somptueux volumes de ses observations : " Campi Phlegraei, Observations on the volcanoes of the two Sicilies ".
Il y décrit les éruptions du Vésuve de 1776 à 1794, l’évolution de son cratère, mais aussi les Champs Phlégréens, le sommet de l’Etna et les îles Eoliennes.
Exemplaire conservé à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, rapporté de Rome par Daunou qui l’a confisqué dans la collection personnelle du pape Pie VI en 1799.
Photo : http://www-bsg.univ-paris1.fr/2015/04
Le premier tome contient le texte de ses articles ou lettres envoyés à la Société Royale de Londres de 1766 à 1770.
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Le second tome, est une magnifique suite de gravures commandées donc au peintre anglo-napolitain, Pietro Fabris, d'après ses dessins originaux.
Chacune des 54 planches originales est rehaussée de gouache par les « vedutistes » napolitains qui savent rendre les coloris vaporeux de la baie de Naples aussi bien que les forts contrastes entre le feu de l’éruption, la nuit noire ou la campagne enneigée.
Vue depuis le couvent de Camaldoli
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Le site de Solfatara, avec un baigneur tout nu... :
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Eruption du Vésuve du 23 décembre 1760
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Echantillons de roches volcaniques du Mont Vésuve
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Echantillons et spécimens de lave du Mont Vésuve
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
A ces 54 planches viendront s’ajouter les 4 planches du supplément paru en 1779.
L’éruption du Vésuve en 1779 parut trop belle à Hamilton pour ne pas mériter ce supplément.
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Photo : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Si cela vous intéresse, ces volumes ont été numérisés par la Claremont Colleges Digital Library, et sont consultables ici : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Ces publications, qui ont presque ruiné leur auteur, n’en ont pas moins fortement contribué à répandre le goût néo-antique.
En 1786, William Hamilton rencontre Emma Lyon, une jeune femme qui lui est envoyée par son neveu.
Comme la plupart des hommes qui ont gravité autour d'elle, Sir William a été frappé par Emma, qui a exécuté des danses inspirées par les éléments classiques pour lui et ses invités, y compris Goethe, tout en ne portant aucun sous-vêtement.
Emma (née Lyon), Lady Hamilton ('Neæra')
Photo : National Portrait Gallery, London
Notre sujet dédié à Emma Hamilton, ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t577-emma-hart-lady-hamilton?highlight=hamilton
Ils se sont mariés le 6 septembre 1791 à St George's Hanover Square, Londres.
Il avait 60 ans ; elle en avait 26.
Plus tard Horatio Nelson, un homme qu'Hamilton admire, en tombe amoureux, une liaison qu'il encourage.
Notre sujet dédié à Horatio Nelson, ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t2075-l-amiral-horatio-nelson?highlight=nelson
________
* Source images et textes "Les volcans d'Hamilton", ici : http://memoirevive.besancon.fr/?id=52_64
* Source images et textes "Vulcanologia e geologia vesuviana secondo William Hamilton" : http://www.vesuvioweb.com/it/2012/07/william-hamiltons-campi-phlegraei-vesuvius-2/
* Source images et textes "L'art sur les chemins du feu" : http://www.earth-of-fire.com/tag/l%27art%20sur%20les%20chemins%20du%20feu/
* Source images : http://ccdl.libraries.claremont.edu/cdm/landingpage/collection/cpo
Dernière édition par La nuit, la neige le Mar 21 Jan 2020, 11:32, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Voici la seule représentation du Vésuve ( très imaginative ) qui ait été retrouvée dans la ville de Pompéi, sur une fresque :
Cette fresque a été réalisée au Ier siècle ap J.C.
Elle a été découverte dans le laraire de l’atrium de service de la maison du centenaire à Pompéi. Un laraire est un autel domestique où le maitre de maison faisait chaque jour des prières et des offrandes pour honorer les dieux protecteurs de la maison. Les dimensions de cette fresque sont de 1,01 mètre de largeur et de 1,40 mètre de hauteur. La technique utilisée pour cette fresque est celle des petites touches de couleur rapides et suggestives.
Nous voyons Bacchus portant une grappe de raisins et donnant du vin coulant de son thyrse (bâton rituel) à sa panthère. Il porte aussi une couronne de laurier.
On remarque aussi derrière Bacchus le Vésuve tel qu’il était avant son éruption (c’est la seule représentation qu’on ait) très haut et pointu, cultivé de vignes et autres en l’honneur de Bacchus.
Nous voyons encore un serpent se dirigeant vers un laraire . Ce serpent est désigné comme le « genius loci » signifiant le bon génie du lieu.
On voit enfin sur le haut de la fresque une guirlande de laurier où sont perchés des oiseaux.
http://lewebpedagogique.com/girolca/voyages/voyage-en-campanie/carnet-de-voyage-2/fresque-bacchus-et-le-vesuve-musee-de-naples/
Cette fresque a été réalisée au Ier siècle ap J.C.
Elle a été découverte dans le laraire de l’atrium de service de la maison du centenaire à Pompéi. Un laraire est un autel domestique où le maitre de maison faisait chaque jour des prières et des offrandes pour honorer les dieux protecteurs de la maison. Les dimensions de cette fresque sont de 1,01 mètre de largeur et de 1,40 mètre de hauteur. La technique utilisée pour cette fresque est celle des petites touches de couleur rapides et suggestives.
Nous voyons Bacchus portant une grappe de raisins et donnant du vin coulant de son thyrse (bâton rituel) à sa panthère. Il porte aussi une couronne de laurier.
On remarque aussi derrière Bacchus le Vésuve tel qu’il était avant son éruption (c’est la seule représentation qu’on ait) très haut et pointu, cultivé de vignes et autres en l’honneur de Bacchus.
Nous voyons encore un serpent se dirigeant vers un laraire . Ce serpent est désigné comme le « genius loci » signifiant le bon génie du lieu.
On voit enfin sur le haut de la fresque une guirlande de laurier où sont perchés des oiseaux.
http://lewebpedagogique.com/girolca/voyages/voyage-en-campanie/carnet-de-voyage-2/fresque-bacchus-et-le-vesuve-musee-de-naples/
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7397
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Localisation : TOURAINE
Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
En 1992, les éditions Gallimard - collection La découverte, avaient publié (d'après les notes de Sir Hamilton et les dessins de Pietro Fabris) un album intitulé :
Les fureurs du Vésuve, ou l’autre passion de William Hamilton
Sous la direction de Carlo Knight
Trad. de l'italien par Stéphanie Laporte
Note de l'éditeur
Hamilton ou le premier volcanologue, bien avant que le mot n'existât.
Fasciné par les coulées de lave et les éruptions du Vésuve dont il est témoin en 1766, 1767 et 1779, encyclopédiste en l'âme, il s'associe au peintre Pierre Fabris, dont les gouaches illustrent les lettres qu'il envoie à la Royal society de Londres, pour constituer le premier journal vésuvien.
Ce livre est présenté brièvement dans cette vidéo :
Les fureurs du Vésuve, ou l’autre passion de William Hamilton
Sous la direction de Carlo Knight
Trad. de l'italien par Stéphanie Laporte
Note de l'éditeur
Hamilton ou le premier volcanologue, bien avant que le mot n'existât.
Fasciné par les coulées de lave et les éruptions du Vésuve dont il est témoin en 1766, 1767 et 1779, encyclopédiste en l'âme, il s'associe au peintre Pierre Fabris, dont les gouaches illustrent les lettres qu'il envoie à la Royal society de Londres, pour constituer le premier journal vésuvien.
Ce livre est présenté brièvement dans cette vidéo :
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
.
J'ai retrouvé ! :n,,;::::!!!:
Quand Vaudreuil se prend pour le Vésuve ... ( : ) ... il écrit à Artois :
Venise, 27 juillet 1790
Vous dites qu'on ne peut pas compter sur le Roi. Cela peut être jusqu'à un certain point ; mais ce qui est vrai sous tous les rapports, c'est que vous ne pouvez rien sans lui, puisqu'il est Roi, puisqu'il est aimé, et puisque de lui seul peut venir votre force qu'un mot, un seul mot de lui anéantirait, si vous entrepreniez sans son aveu. Occupez-vous donc, par-dessus tout, de vous entendre avec lui. Je vous vois indigné de ce que la Reine paraît avoir gagné Mirabeau. Je ne suis pas plus qu'un autre pour les petits moyens ; mais quand il s'agit de reconquérir un royaume, tous moyens sont bons, et il y a excès de délicatesse à repousser ce qui peut être utile. Ne nous échauffons pas, mon cher prince ; c'est l'Etna ou le Vésuve qui vous font cette prière, et on rirait de me voir travesti en calmant ; mais je sens tellement l'importance de ne pas se presser, la certitude du succès par la patience, que je ne me laisse pas aveugler par la fausse gloire des essais éclatants.
Vaudreuil et son tempérament volcanique ! : .......
J'ai retrouvé ! :n,,;::::!!!:
Quand Vaudreuil se prend pour le Vésuve ... ( : ) ... il écrit à Artois :
Venise, 27 juillet 1790
Vous dites qu'on ne peut pas compter sur le Roi. Cela peut être jusqu'à un certain point ; mais ce qui est vrai sous tous les rapports, c'est que vous ne pouvez rien sans lui, puisqu'il est Roi, puisqu'il est aimé, et puisque de lui seul peut venir votre force qu'un mot, un seul mot de lui anéantirait, si vous entrepreniez sans son aveu. Occupez-vous donc, par-dessus tout, de vous entendre avec lui. Je vous vois indigné de ce que la Reine paraît avoir gagné Mirabeau. Je ne suis pas plus qu'un autre pour les petits moyens ; mais quand il s'agit de reconquérir un royaume, tous moyens sont bons, et il y a excès de délicatesse à repousser ce qui peut être utile. Ne nous échauffons pas, mon cher prince ; c'est l'Etna ou le Vésuve qui vous font cette prière, et on rirait de me voir travesti en calmant ; mais je sens tellement l'importance de ne pas se presser, la certitude du succès par la patience, que je ne me laisse pas aveugler par la fausse gloire des essais éclatants.
Vaudreuil et son tempérament volcanique ! : .......
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Et voici maintenant le Vésuve tel que l'a vu Goethe . ......
" Naples, 3 mars 1787.
Je suis monté hier sur le Vésuve, quoique le temps fût nébuleux et la cime enveloppée de nuages. Je suis allé jusqu’à Résina en voiture, puis, prenant à travers les vignes, j’ai gravi la montagne d’abord à dos de mulet, enfin à pied sur la lave de 1771, qui avait déjà produit une mousse fine mais consistante. Plus haut on côtoie la lave. J’ai laissé à gauche sur la hauteur la cabane de l’ermite. Plus avant, il faut gravir la montagne de cendres, ce qui est un rude travail. Les deux tiers de ce sommet étaient couverts de nuages. Enfin nous avons atteint l’ancien cratère, aujourd’hui comblé. Nous avons trouvé les nouvelles laves, qui ont deux mois et demi, et même une faible, qui, au bout de cinq jours, est déjà refroidie. Nous l’avons franchie en côtoyant une colline volcanique récemment formée. Elle fumait de toutes parts. La fumée s’éloignait de nous, et je voulais monter au cratère. Nous avons lit environ cinquante pas dans la vapeur, mais elle est devenue si épaisse que je pouvais à peine voir mes souliers. Il ne sert à rien de tenir sous le nez son mouchoir de poche. Je ne voyais même plus mon guide. Le pied n’est pas ferme sur les débris de lave rejetés par le volcan. Il m’a paru convenable de revenir sur mes pas, et de réserver pour un jour serein, et où la fumée serait moins forte, le spectacle souhaité. En attendant, j’ai du moins appris combien il est difficile de respirer dans une pareille atmosphère.
Au reste la montagne était tout à fait tranquille ; ni flamme, ni mugissement ; elle ne lançait plus de pierres comme elle a fait tous ces derniers temps. A présent, je l’ai reconnue pour en faire le siège en forme aussitôt que le temps voudra bien s’arranger. Les laves que j’ai trouvées étaient pour moi la plupart des objets connus. Mais j’ai découvert un phénomène qui m’a paru très-remarquable, que je veux étudier de plus près, et sur lequel je me propose de consulter les experts et les collectionneurs. C’est un revêtement stalactiforme d’une cheminée volcanique, qui était autrefois fermée en voûte, mais qui est maintenant ouverte, et qui surgit de l’ancien cratère, aujourd’hui comblé. Cette pierre dure, grisâtre, stalactiforme, me paraît s’être formée, sans le secours de l’humidité et sans fusion, par la sublimation des exhalaisons volcaniques les plus subtiles. C’est un sujet à méditer. "
https://fr.wikisource.org/wiki/Voyage_en_Italie_%28Goethe%29/Naples_%281%29
" Naples, 3 mars 1787.
Je suis monté hier sur le Vésuve, quoique le temps fût nébuleux et la cime enveloppée de nuages. Je suis allé jusqu’à Résina en voiture, puis, prenant à travers les vignes, j’ai gravi la montagne d’abord à dos de mulet, enfin à pied sur la lave de 1771, qui avait déjà produit une mousse fine mais consistante. Plus haut on côtoie la lave. J’ai laissé à gauche sur la hauteur la cabane de l’ermite. Plus avant, il faut gravir la montagne de cendres, ce qui est un rude travail. Les deux tiers de ce sommet étaient couverts de nuages. Enfin nous avons atteint l’ancien cratère, aujourd’hui comblé. Nous avons trouvé les nouvelles laves, qui ont deux mois et demi, et même une faible, qui, au bout de cinq jours, est déjà refroidie. Nous l’avons franchie en côtoyant une colline volcanique récemment formée. Elle fumait de toutes parts. La fumée s’éloignait de nous, et je voulais monter au cratère. Nous avons lit environ cinquante pas dans la vapeur, mais elle est devenue si épaisse que je pouvais à peine voir mes souliers. Il ne sert à rien de tenir sous le nez son mouchoir de poche. Je ne voyais même plus mon guide. Le pied n’est pas ferme sur les débris de lave rejetés par le volcan. Il m’a paru convenable de revenir sur mes pas, et de réserver pour un jour serein, et où la fumée serait moins forte, le spectacle souhaité. En attendant, j’ai du moins appris combien il est difficile de respirer dans une pareille atmosphère.
Au reste la montagne était tout à fait tranquille ; ni flamme, ni mugissement ; elle ne lançait plus de pierres comme elle a fait tous ces derniers temps. A présent, je l’ai reconnue pour en faire le siège en forme aussitôt que le temps voudra bien s’arranger. Les laves que j’ai trouvées étaient pour moi la plupart des objets connus. Mais j’ai découvert un phénomène qui m’a paru très-remarquable, que je veux étudier de plus près, et sur lequel je me propose de consulter les experts et les collectionneurs. C’est un revêtement stalactiforme d’une cheminée volcanique, qui était autrefois fermée en voûte, mais qui est maintenant ouverte, et qui surgit de l’ancien cratère, aujourd’hui comblé. Cette pierre dure, grisâtre, stalactiforme, me paraît s’être formée, sans le secours de l’humidité et sans fusion, par la sublimation des exhalaisons volcaniques les plus subtiles. C’est un sujet à méditer. "
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Suite des impressions de Goethe ...
Il ne se lasse pas de retourner observer le volcan de plus près . :n,,;::::!!!:
" Naples, 6 mars.
Tischbein a surmonté sa répugnance pour me tenir fidèle compagnie, et il est monté aujourd’hui avec moi sur le Vésuve. ( ... )
Nous sommes partis dans deux calèches, ne nous sentant pas en état de nous démêler au milieu du tumulte de la ville, si nous conduisions nous-mêmes les chevaux. Le cocher ne cesse de crier place ! place 1 afin que les ânes qui portent du bois ou des balayures, les calèches roulantes, les hommes qui se traînent sous un fardeau ou qui se promènent, les enfants, les vieillards, se tiennent sur leurs gardes, se rangent de côté, et qu’on puisse sans obstacle continuer le grand trot.
Le chemin à travers les derniers faubourgs et les jardins avait déjà quelque chose de plutonien. Comme il n’a pas plu depuis longtemps, les feuilles, toujours vertes par nature, étaient couvertes d’une épaisse poussière cendrée ; les toits, les corniches, tout ce qui présentait une surface plane avait de môme passé au gris, si bien que le ciel, d’un bleu magnifique, et le soleil, qui nous dardait sa puissante lumière, témoignaient seuls que l’on cheminait encore parmi les vivants. Nous fûmes reçus au pied de la pente escarpée par deux guides, l’un d’âge mûr, l’autre jeune, tous deux robustes.
Le premier me traîna, le second traîna Tischbein en haut de la montagne. Je dis qu’ils nous traînaient ; en effet le guide se passe autour de la ceinture une courroie, que le voyageur saisit, et, tiré en amont, il gravit la pente, avec bien plus de facilité, en s’aidant d’un bâton. C’est ainsi que nous avons atteint le plateau sur lequel le cône s’élève. Au nord sont les ruines de la Somma.
Un regard jeté au couchant sur la contrée fit bientôt, comme un bain salutaire, disparaître toute la peine et la fatigue, et nous fîmes le tour du cône toujours fumant et vomissant de la cendre et des pierres. Aussi longtemps que l’espace nous permit de rester à une distance convenable, nous trouvâmes ce spectacle grand et sublime. D’abord un puissant tonnerre, qui retentissait du fond de l’abîme, puis des pierres, grandes et petites, lancées dans l’air par milliers, enveloppées de cendre. La plus grande partie retombait dans l’abîme ; les autres fragments, lancés de côté, tombaient sur la partie extérieure du cône et faisaient un vacarme étrange. D’abord les plus pesantes tombaient lourdement et sautaient avec un bruit sourd jusqu’au bas du cône ; les plus petites crépitaient par derrière, enfin la cendre pleuvait. Tout cela se succédait à intervalles réguliers, que nous pouvions très-bien mesurer en comptant tranquillement. Mais, entre la Somma et le cône, l’espace devint assez étroit ; déjà les pierres tombaient en nombre autour de nous et rendaient inquiétante la marche autour du cône. Tischbein se sentait encore plus mal à l’aise sur la montagne, depuis que le monstre, non content d’être horrible, voulait encore être dangereux.
Mais comme un danger actuel a quelque chose de séduisant et excite l’homme à le braver par esprit de contradiction, je réfléchis qu’on devait pouvoir, dans l’intervalle de deux éruptions, gravir le cône, arriver au cratère et revenir. Je délibérai là-dessus avec nos guides sous un rocher surplombant de la Somma, où, campés en sûreté, nous réparions nos forces avec les provisions que nous avions apportées. Le plus jeune se fit fort d’affronter avec moi l’aventure. Nous rembourrâmes nos chapeaux avec des mouchoirs de toile et de soie ; nous nous tînmes prêts, le bâton à la main, et moi saisissant la courroie. Les petites pierres craquetaient encore autour de nous, la cendre ruisselait encore, quand le robuste jeune homme m’enleva au-dessus de l’éboulis brûlant. Nous étions au bord de la gueule énorme dont la fumée était écartée de nous par un vent léger, mais en même temps nous voilait l’intérieur du gouffre, qui fumait alentour par mille gerçures. Pendant un intervalle, la vapeur laissa apercevoir ça et laides parois de rochers crevassées. Le spectacle n’était ni instructif ni agréable, mais, par cela même, qu’on ne voyait rien, on attendait, pour voir sortir quelque chose. Nous avions négligé de compter tranquillement, nous étions au bord de l’abîme : soudain le tonnerre retentit, l’effroyable décharge part devant nous ; nous baissons la tête involontairement, comme si cela nous eût sauvés des masses tombantes ; déjà les petites pierres craquetaient, et, sans réfléchir que nous avions de nouveau un intervalle devant nous, joyeux d’avoir affronté- le danger, nous arrivâmes au pied du cône avec la cendre pleuvant encore ; nos chapeaux et nos épaules en étaient suffisamment poudrés.
Accueilli et grondé par Tischbein de la manière la plus amicale, restauré enfin, je pus donner aux laves, anciennes et nouvelles, une attention particulière. Le vieux guide savait indiquer les années exactement. Les plus anciennes étaient déjà couvertes de cendres et égalisées ; les nouvelles, surtout celles qui avaient coulé lentement, présentaient un singulier aspect : comme, en poursuivant leur marche traînante, elles charrient quelque temps avec elles les masses durcies à leur surface, il doit arriver que celles-ci de temps en temps résistent ; mais, entraînées encore par les courants de feu, poussées les unes sur les autres, elles demeurent fixées avec des formes anguleuses plus bizarres, plus étranges qu’on ne le voit en pareil cas dans les glaçons poussés les uns sur les autres. Parmi cet amas confus de matières fondues se trouvaient aussi de grands blocs, dont la cassure a toute l’apparence d’une espèce de roche primitive. Les guides assurèrent que c’étaient d’anciennes laves provenant des dernières profondeurs, et que la montagne vomit de temps en temps. "
" Naples, 9 mars 1787.
Le temps s’est assombri ; il change ; le printemps approche et nous aurons des jours de pluie. Le sommet du Vésuve ne s’est pas découvert depuis que j’y suis monté. Ces dernières nuits, on l’a vu quelquefois jeter des flammes. Maintenant il est redevenu tranquille ; on s’attend à une éruption plus forte. Les orages de ces jours-ci nous ont montré une mer magnifique. On pouvait étudier les flots dans leurs allures et leurs formes imposantes. La nature est le seul livre dont chaque page présente un grand sens. "
Il ne se lasse pas de retourner observer le volcan de plus près . :n,,;::::!!!:
" Naples, 6 mars.
Tischbein a surmonté sa répugnance pour me tenir fidèle compagnie, et il est monté aujourd’hui avec moi sur le Vésuve. ( ... )
Nous sommes partis dans deux calèches, ne nous sentant pas en état de nous démêler au milieu du tumulte de la ville, si nous conduisions nous-mêmes les chevaux. Le cocher ne cesse de crier place ! place 1 afin que les ânes qui portent du bois ou des balayures, les calèches roulantes, les hommes qui se traînent sous un fardeau ou qui se promènent, les enfants, les vieillards, se tiennent sur leurs gardes, se rangent de côté, et qu’on puisse sans obstacle continuer le grand trot.
Le chemin à travers les derniers faubourgs et les jardins avait déjà quelque chose de plutonien. Comme il n’a pas plu depuis longtemps, les feuilles, toujours vertes par nature, étaient couvertes d’une épaisse poussière cendrée ; les toits, les corniches, tout ce qui présentait une surface plane avait de môme passé au gris, si bien que le ciel, d’un bleu magnifique, et le soleil, qui nous dardait sa puissante lumière, témoignaient seuls que l’on cheminait encore parmi les vivants. Nous fûmes reçus au pied de la pente escarpée par deux guides, l’un d’âge mûr, l’autre jeune, tous deux robustes.
Le premier me traîna, le second traîna Tischbein en haut de la montagne. Je dis qu’ils nous traînaient ; en effet le guide se passe autour de la ceinture une courroie, que le voyageur saisit, et, tiré en amont, il gravit la pente, avec bien plus de facilité, en s’aidant d’un bâton. C’est ainsi que nous avons atteint le plateau sur lequel le cône s’élève. Au nord sont les ruines de la Somma.
Un regard jeté au couchant sur la contrée fit bientôt, comme un bain salutaire, disparaître toute la peine et la fatigue, et nous fîmes le tour du cône toujours fumant et vomissant de la cendre et des pierres. Aussi longtemps que l’espace nous permit de rester à une distance convenable, nous trouvâmes ce spectacle grand et sublime. D’abord un puissant tonnerre, qui retentissait du fond de l’abîme, puis des pierres, grandes et petites, lancées dans l’air par milliers, enveloppées de cendre. La plus grande partie retombait dans l’abîme ; les autres fragments, lancés de côté, tombaient sur la partie extérieure du cône et faisaient un vacarme étrange. D’abord les plus pesantes tombaient lourdement et sautaient avec un bruit sourd jusqu’au bas du cône ; les plus petites crépitaient par derrière, enfin la cendre pleuvait. Tout cela se succédait à intervalles réguliers, que nous pouvions très-bien mesurer en comptant tranquillement. Mais, entre la Somma et le cône, l’espace devint assez étroit ; déjà les pierres tombaient en nombre autour de nous et rendaient inquiétante la marche autour du cône. Tischbein se sentait encore plus mal à l’aise sur la montagne, depuis que le monstre, non content d’être horrible, voulait encore être dangereux.
Mais comme un danger actuel a quelque chose de séduisant et excite l’homme à le braver par esprit de contradiction, je réfléchis qu’on devait pouvoir, dans l’intervalle de deux éruptions, gravir le cône, arriver au cratère et revenir. Je délibérai là-dessus avec nos guides sous un rocher surplombant de la Somma, où, campés en sûreté, nous réparions nos forces avec les provisions que nous avions apportées. Le plus jeune se fit fort d’affronter avec moi l’aventure. Nous rembourrâmes nos chapeaux avec des mouchoirs de toile et de soie ; nous nous tînmes prêts, le bâton à la main, et moi saisissant la courroie. Les petites pierres craquetaient encore autour de nous, la cendre ruisselait encore, quand le robuste jeune homme m’enleva au-dessus de l’éboulis brûlant. Nous étions au bord de la gueule énorme dont la fumée était écartée de nous par un vent léger, mais en même temps nous voilait l’intérieur du gouffre, qui fumait alentour par mille gerçures. Pendant un intervalle, la vapeur laissa apercevoir ça et laides parois de rochers crevassées. Le spectacle n’était ni instructif ni agréable, mais, par cela même, qu’on ne voyait rien, on attendait, pour voir sortir quelque chose. Nous avions négligé de compter tranquillement, nous étions au bord de l’abîme : soudain le tonnerre retentit, l’effroyable décharge part devant nous ; nous baissons la tête involontairement, comme si cela nous eût sauvés des masses tombantes ; déjà les petites pierres craquetaient, et, sans réfléchir que nous avions de nouveau un intervalle devant nous, joyeux d’avoir affronté- le danger, nous arrivâmes au pied du cône avec la cendre pleuvant encore ; nos chapeaux et nos épaules en étaient suffisamment poudrés.
Accueilli et grondé par Tischbein de la manière la plus amicale, restauré enfin, je pus donner aux laves, anciennes et nouvelles, une attention particulière. Le vieux guide savait indiquer les années exactement. Les plus anciennes étaient déjà couvertes de cendres et égalisées ; les nouvelles, surtout celles qui avaient coulé lentement, présentaient un singulier aspect : comme, en poursuivant leur marche traînante, elles charrient quelque temps avec elles les masses durcies à leur surface, il doit arriver que celles-ci de temps en temps résistent ; mais, entraînées encore par les courants de feu, poussées les unes sur les autres, elles demeurent fixées avec des formes anguleuses plus bizarres, plus étranges qu’on ne le voit en pareil cas dans les glaçons poussés les uns sur les autres. Parmi cet amas confus de matières fondues se trouvaient aussi de grands blocs, dont la cassure a toute l’apparence d’une espèce de roche primitive. Les guides assurèrent que c’étaient d’anciennes laves provenant des dernières profondeurs, et que la montagne vomit de temps en temps. "
" Naples, 9 mars 1787.
Le temps s’est assombri ; il change ; le printemps approche et nous aurons des jours de pluie. Le sommet du Vésuve ne s’est pas découvert depuis que j’y suis monté. Ces dernières nuits, on l’a vu quelquefois jeter des flammes. Maintenant il est redevenu tranquille ; on s’attend à une éruption plus forte. Les orages de ces jours-ci nous ont montré une mer magnifique. On pouvait étudier les flots dans leurs allures et leurs formes imposantes. La nature est le seul livre dont chaque page présente un grand sens. "
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
La fascination continue ... ......
Mais cette fois, Goethe a la chance d'observer une petite éruption . :n,,;::::!!!:
" Naples, mardi 20 mars 1787.
La nouvelle qu’un torrent de lave, invisible pour Naples, venait de faire éruption et coulait vers Ottajano, m’a décidé à visiter le Vésuve pour la troisième fois. A peine arrivé au pied de la montagne, avec ma voiture à deux roues, à un cheval, comme je sautais à terre, j’ai vu paraître nos deux guides. Je n’ai voulu me passer d’aucun : j’ai pris l’un par habitude et par reconnaissance, l’autre par confiance, tous deux pour faire la course plus à mon aise. Quand nous fûmes en haut, le vieux resta en place avec les manteaux et les vivres ; le jeune me suivit, et nous montâmes hardiment au-devant d’une vapeur prodigieuse qui s’élançait de la montagne, au-dessous du cratère ; puis nous la côtoyâmes et nous descendîmes doucement jusqu’à ce qu’enfin nous vîmes, sous un ciel clair, la lave ruisseler hors de l’affreux nuage de vapeur.
On a beau avoir entendu mille fois parler d’une chose, c’est la vue immédiate qui nous en révèle le caractère propre. Le courant de lave avait au plus dix pieds de large, mais la manière dont il coulait sur une pente douce, assez unie, était fort surprenante : car, en se refroidissant sur les côtés et à la surface, tandis qu’elle coule, elle forme un canal qui s’élève sans cesse parce que la matière fondue se durcit pareillement sous le courant de feu, qui jette uniformément à droite et à gauche les scories nageant à la surface. Cela élève insensiblement une digue sur laquelle la matière embrasée continue de couler doucement comme le ruisseau d’un moulin. Nous avons côtoyé la digue, considérablement élevée, du haut de laquelle les scories roulaient régulièrement sur les côtés jusqu’à nos pieds. Nous pouvions voir d’en bas le courant de feu a travers quelques ouvertures du canal, et, comme il continuait sa course plus bas, nous pouvions aussi l’observer d’en haut.
La vive clarté du soleil semblait rembrunir le brasier ; il ne montait dans l’air pur qu’un peu de fumée. Je désirais approcher du point où la lave jaillit de la montagne. Mon guide assurait qu’elle s’y formait tout de suite une voûte et un toit sur lequel il s’était tenu souvent. Pour voir et pour éprouver aussi la chose, nous remontâmes la montagne, afin d’arriver à ce point par derrière. Heureusement nous trouvâmes la place nettoyée par un vif courant d’air. Toutefois elle ne l’était pas tout à fait, car la vapeur fumait autour de nous par mille crevasses ; et nous arrivâmes enfin sur la voûte dure, roulée comme de la bouillie, mais elle s’étendait si loin en avant, qu’elle nous empêchait de voir sortir la lave. Nous essayâmes de faire encore une vingtaine de pas, mais le sol devenait toujours plus brûlant ; une vapeur insupportable, étouffante, qui obscurcissait le soleil, tourbillonnait ; le guide, qui me précédait, se retourna bientôt, me saisit, et nous nous arrachâmes à ce bouillonnement infernal.
Après que la belle vue eut réjoui nos yeux, et un coup de vin notre gosier, nous parcourûmes la montagne pour observer d’autres particularités de ce sommet de l’enfer, qui se dresse au milieu du paradis. J’ai observé de nouveau avec attention quelques ouvertures, véritables cheminées du volcan, qui ne donnent point de fumée, mais qui exhalent sans cesse avec violence un air brûlant. Je les ai vues entièrement tapissées d’une matière stalactiforme, qui revêt, en figures de cônes et de mamelons, le canal jusqu’à l’orifice. L’irrégularité des cheminées nous a permis d’atteindre à plusieurs de ces produits de la vapeur qui pendaient en bas, en sorte que nous avons pu nous en saisir aisément au moyen de nos bâtons et d’instruments armés de crocs.
J’ai déjà trouvé chez le marchand, sous le nom délave, des exemplaires pareils, et j’ai eu la satisfaction de découvrir que c’est une suie volcanique déposée par les vapeurs brûlantes, et qui manifeste les parties minérales volatiles qu’elle renferme. Le plus magnifique coucher de soleil, une soirée divine, m’ont récréé au retour. Cependant j’ai pu sentir combien un prodigieux contraste est propre à troubler les sens. Le passage de l’effroyable au beau, du beau à l’effroyable, les annule tous deux et produit l’indifférence. Le Napolitain serait certainement un autre homme qu’il n’est, s’il ne se sentait pressé entre Dieu et Satan . "
Mais cette fois, Goethe a la chance d'observer une petite éruption . :n,,;::::!!!:
" Naples, mardi 20 mars 1787.
La nouvelle qu’un torrent de lave, invisible pour Naples, venait de faire éruption et coulait vers Ottajano, m’a décidé à visiter le Vésuve pour la troisième fois. A peine arrivé au pied de la montagne, avec ma voiture à deux roues, à un cheval, comme je sautais à terre, j’ai vu paraître nos deux guides. Je n’ai voulu me passer d’aucun : j’ai pris l’un par habitude et par reconnaissance, l’autre par confiance, tous deux pour faire la course plus à mon aise. Quand nous fûmes en haut, le vieux resta en place avec les manteaux et les vivres ; le jeune me suivit, et nous montâmes hardiment au-devant d’une vapeur prodigieuse qui s’élançait de la montagne, au-dessous du cratère ; puis nous la côtoyâmes et nous descendîmes doucement jusqu’à ce qu’enfin nous vîmes, sous un ciel clair, la lave ruisseler hors de l’affreux nuage de vapeur.
On a beau avoir entendu mille fois parler d’une chose, c’est la vue immédiate qui nous en révèle le caractère propre. Le courant de lave avait au plus dix pieds de large, mais la manière dont il coulait sur une pente douce, assez unie, était fort surprenante : car, en se refroidissant sur les côtés et à la surface, tandis qu’elle coule, elle forme un canal qui s’élève sans cesse parce que la matière fondue se durcit pareillement sous le courant de feu, qui jette uniformément à droite et à gauche les scories nageant à la surface. Cela élève insensiblement une digue sur laquelle la matière embrasée continue de couler doucement comme le ruisseau d’un moulin. Nous avons côtoyé la digue, considérablement élevée, du haut de laquelle les scories roulaient régulièrement sur les côtés jusqu’à nos pieds. Nous pouvions voir d’en bas le courant de feu a travers quelques ouvertures du canal, et, comme il continuait sa course plus bas, nous pouvions aussi l’observer d’en haut.
La vive clarté du soleil semblait rembrunir le brasier ; il ne montait dans l’air pur qu’un peu de fumée. Je désirais approcher du point où la lave jaillit de la montagne. Mon guide assurait qu’elle s’y formait tout de suite une voûte et un toit sur lequel il s’était tenu souvent. Pour voir et pour éprouver aussi la chose, nous remontâmes la montagne, afin d’arriver à ce point par derrière. Heureusement nous trouvâmes la place nettoyée par un vif courant d’air. Toutefois elle ne l’était pas tout à fait, car la vapeur fumait autour de nous par mille crevasses ; et nous arrivâmes enfin sur la voûte dure, roulée comme de la bouillie, mais elle s’étendait si loin en avant, qu’elle nous empêchait de voir sortir la lave. Nous essayâmes de faire encore une vingtaine de pas, mais le sol devenait toujours plus brûlant ; une vapeur insupportable, étouffante, qui obscurcissait le soleil, tourbillonnait ; le guide, qui me précédait, se retourna bientôt, me saisit, et nous nous arrachâmes à ce bouillonnement infernal.
Après que la belle vue eut réjoui nos yeux, et un coup de vin notre gosier, nous parcourûmes la montagne pour observer d’autres particularités de ce sommet de l’enfer, qui se dresse au milieu du paradis. J’ai observé de nouveau avec attention quelques ouvertures, véritables cheminées du volcan, qui ne donnent point de fumée, mais qui exhalent sans cesse avec violence un air brûlant. Je les ai vues entièrement tapissées d’une matière stalactiforme, qui revêt, en figures de cônes et de mamelons, le canal jusqu’à l’orifice. L’irrégularité des cheminées nous a permis d’atteindre à plusieurs de ces produits de la vapeur qui pendaient en bas, en sorte que nous avons pu nous en saisir aisément au moyen de nos bâtons et d’instruments armés de crocs.
J’ai déjà trouvé chez le marchand, sous le nom délave, des exemplaires pareils, et j’ai eu la satisfaction de découvrir que c’est une suie volcanique déposée par les vapeurs brûlantes, et qui manifeste les parties minérales volatiles qu’elle renferme. Le plus magnifique coucher de soleil, une soirée divine, m’ont récréé au retour. Cependant j’ai pu sentir combien un prodigieux contraste est propre à troubler les sens. Le passage de l’effroyable au beau, du beau à l’effroyable, les annule tous deux et produit l’indifférence. Le Napolitain serait certainement un autre homme qu’il n’est, s’il ne se sentait pressé entre Dieu et Satan . "
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Du reste Goethe connaît-il Lord Hamilton . ;;;;;;;;
Lord Hamilton, après que Nelson lui eût piqué Emma, coule des jours paisibles au pied de son volcan :
Assurément, si l’on prend son temps, si l’on a du savoir-faire et de la fortune, on peut se former ici un bon et large établissement. C’est comme cela que M. Hamilton s’est fait ici une belle existence et qu’il en jouit au soir de sa vie. L’appartement qu’il s’est arrangé dans le goût anglais est délicieux, et la vue de la salle du coin est peut-être unique. A nos pieds, la mer ; en face, Capri ; à droite, le Pausilippe ; plus près, la promenade de Yillareale ; à gauche un vieux bâtiment de jésuites ; plus loin, la côte de Sorrente jusqu’au cap Minerve. On trouverait difficilement en Europe quelque chose de pareil, du moins au centre d’une grande et populeuse cité. M. Hamilton est un homme d’un goût universel, et, après avoir parcouru tous les règnes de la création, il est arrivé à une belle femme, le chefd’œuvre du grand artiste.
( Goethe, Voyage en Italie )
Je n'ai pas besoin de vous préciser que Goethe va gambader dans les ruines de Pompéi et Herculanum
dont il nous fait de saisissantes descriptions .
Lord Hamilton, après que Nelson lui eût piqué Emma, coule des jours paisibles au pied de son volcan :
Assurément, si l’on prend son temps, si l’on a du savoir-faire et de la fortune, on peut se former ici un bon et large établissement. C’est comme cela que M. Hamilton s’est fait ici une belle existence et qu’il en jouit au soir de sa vie. L’appartement qu’il s’est arrangé dans le goût anglais est délicieux, et la vue de la salle du coin est peut-être unique. A nos pieds, la mer ; en face, Capri ; à droite, le Pausilippe ; plus près, la promenade de Yillareale ; à gauche un vieux bâtiment de jésuites ; plus loin, la côte de Sorrente jusqu’au cap Minerve. On trouverait difficilement en Europe quelque chose de pareil, du moins au centre d’une grande et populeuse cité. M. Hamilton est un homme d’un goût universel, et, après avoir parcouru tous les règnes de la création, il est arrivé à une belle femme, le chefd’œuvre du grand artiste.
( Goethe, Voyage en Italie )
Je n'ai pas besoin de vous préciser que Goethe va gambader dans les ruines de Pompéi et Herculanum
dont il nous fait de saisissantes descriptions .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Merci pour ces nouveaux extraits, que je ne connaissais pas.
Amusant de lire que Goethe et Vigée Le Brun parlent tous deux de "l'enfer au milieu du paradis".
Ils iront jusqu'à faire (quasiment) ménage à trois. :
Amusant de lire que Goethe et Vigée Le Brun parlent tous deux de "l'enfer au milieu du paradis".
Je ne comprends pas, car Nelson n'a pas "piqué" Emma à Lord Hamilton : le couple ne se sépare pas.Mme de Sabran a écrit:Du reste Goethe connaît-il Lord Hamilton .
Lord Hamilton, après que Nelson lui eût piqué Emma, coule des jours paisibles au pied de son volcan :
Ils iront jusqu'à faire (quasiment) ménage à trois. :
La nuit, la neige- Messages : 18132
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Tu nous expliqueras cela, veux-tu bien ? ... car c'est moi qui ne comprends pas : je n'ai jamais lu leurs biographies !
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Eh bien, l'époux laisse faire ! boudoi32 Tant que les conventions sociales sont plus ou moins sauvegardées (et le plus ou moins est d'importance, car le trio fera scandale, notamment à l'occasion de leur retour en Angleterre).
La nuit, la neige- Messages : 18132
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Ah d'accord, le comportement conjugal habituel, comme Jules de Polignac par exemple, ou tant d'autres ...
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Totor n'est pas du XVIIIème , bien qu'il ait l'air très vieux ...
... une petite dérogation pour son Vésuve à lui, me permets-tu ?!!
;
Victor Hugo
-
Quand longtemps a grondé la bouche du Vésuve
.
Et désormais, chargés du seul fardeau des âmes,
Pauvres comme le peuple, humbles comme les femmes,
Ne redoutez plus rien. Votre église est le port !
Quand longtemps a grondé la bouche du Vésuve,
Quand sa lave, écumant comme un vin dans la cuve,
Apparaît toute rouge au bord,
Naples s’émeut; pleurante, effarée et lascive,
Elle accourt, elle étreint la terre convulsive;
Elle demande grâce au volcan courroucé;
Point de grâce! un long jet de cendre et de fumée
Grandit incessamment sur la cime enflammée,
Comme un cou de vautour hors de l’air dressé.
Soudain un éclair luit ! Hors du cratère immense
La sombre éruption bondit comme en démence.
Adieu le fronton grec et le temple toscan !
La flamme des vaisseaux empourpre la voilure.
La lave se répand comme une chevelure
Sur les épaules du volcan.
Elle vient, elle vient, cette lave profonde
Qui féconde les champs et fait des ports dans l’onde;
Plages, mer, archipels, tout tressaille à la fois;
Ses flots roulent, vermeils, fumants, inexorables;
Et Naples et ses palais tremblent, plus misérables
Qu’au souffle de l’orage une feuille des bois!
Chaos prodigieux ! la cendre emplit les rues,
La terre revomit des maisons disparues;
Chaque toit éperdu se heurte au toit voisin;
La mer bout dans le golfe et la plaine s’embrase;
Et les clochers géants, chancelant sur leur base,
Sonnent d’eux-mêmes le tocsin!
Mais – c’est Dieu qui le veut – tout en brisant des villes,
En comblant les vallons, en effaçant les îles,
En charriant les tours sur son flot en courroux,
Tout en bouleversant les ondes et la terre,
Toujours Vésuve épargne en son propre cratère
L’humble ermitage où prie un vieux prêtre à genoux !
Mais que fait Saint-Janvier ???
Antoine Jean-Baptiste THOMAS. Procession de Saint Janvier à Naples
... une petite dérogation pour son Vésuve à lui, me permets-tu ?!!
;
Victor Hugo
-
Quand longtemps a grondé la bouche du Vésuve
.
Et désormais, chargés du seul fardeau des âmes,
Pauvres comme le peuple, humbles comme les femmes,
Ne redoutez plus rien. Votre église est le port !
Quand longtemps a grondé la bouche du Vésuve,
Quand sa lave, écumant comme un vin dans la cuve,
Apparaît toute rouge au bord,
Naples s’émeut; pleurante, effarée et lascive,
Elle accourt, elle étreint la terre convulsive;
Elle demande grâce au volcan courroucé;
Point de grâce! un long jet de cendre et de fumée
Grandit incessamment sur la cime enflammée,
Comme un cou de vautour hors de l’air dressé.
Soudain un éclair luit ! Hors du cratère immense
La sombre éruption bondit comme en démence.
Adieu le fronton grec et le temple toscan !
La flamme des vaisseaux empourpre la voilure.
La lave se répand comme une chevelure
Sur les épaules du volcan.
Elle vient, elle vient, cette lave profonde
Qui féconde les champs et fait des ports dans l’onde;
Plages, mer, archipels, tout tressaille à la fois;
Ses flots roulent, vermeils, fumants, inexorables;
Et Naples et ses palais tremblent, plus misérables
Qu’au souffle de l’orage une feuille des bois!
Chaos prodigieux ! la cendre emplit les rues,
La terre revomit des maisons disparues;
Chaque toit éperdu se heurte au toit voisin;
La mer bout dans le golfe et la plaine s’embrase;
Et les clochers géants, chancelant sur leur base,
Sonnent d’eux-mêmes le tocsin!
Mais – c’est Dieu qui le veut – tout en brisant des villes,
En comblant les vallons, en effaçant les îles,
En charriant les tours sur son flot en courroux,
Tout en bouleversant les ondes et la terre,
Toujours Vésuve épargne en son propre cratère
L’humble ermitage où prie un vieux prêtre à genoux !
Mais que fait Saint-Janvier ???
Antoine Jean-Baptiste THOMAS. Procession de Saint Janvier à Naples
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Mme de Sabran a écrit:Totor n'est pas du XVIIIème
... une petite dérogation pour son Vésuve à lui, me permets-tu ?!!
Bon ! : C'est accepté...notamment parce que son père, officier des armées impériales, a servi Joseph Bonaparte à Naples peu après la naissance du petit Victor ! :\\\\\\\\:
Merci.
Extrait de la bio Wikipedia
Portrait de Joseph-Léopolod-Sigisbert Hugo
Il passe ensuite au service de Joseph Bonaparte, alors roi de Naples.
Le pays était infesté de bandes de brigands qui tous obéissaient au terrible Fra Diavolo, à la fois chef de voleurs et chef d'insurgés de la région du Lazzio, qui répandait la terreur dans les campagnes et jusque dans les villes.
Hugo désagrège les bandes les unes après les autres, s'empare de Fra Diavolo et le fait juger, condamner et exécuter en deux heures, le 10 novembre 1806.
En récompense, le roi Joseph le nomme colonel le 28 février 1808, maréchal du palais et chef militaire de la province d'Avellino.
La suite, ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Léopold_Sigisbert_Hugo
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
J'ignorais tout cela !
Je te remercie de toujours tant nous en apprendre ! :n,,;::::!!!: :n,,;::::!!!: :n,,;::::!!!:
Fra Diavolo semait tellement la terreur que sa tête avait été mise à prix, c'est dire !
Je te remercie de toujours tant nous en apprendre ! :n,,;::::!!!: :n,,;::::!!!: :n,,;::::!!!:
Fra Diavolo semait tellement la terreur que sa tête avait été mise à prix, c'est dire !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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