Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
J'entends d'ici l'un d'entre vous : " Tiens ! revoilà Mme de Sabran avec ses volcans ! "
Eh oui, les amis, que voulez-vous je ne m'en lasse pas .
Aujourd'hui je vous propose, extrait des Trois règnes de la Nature
de Jacques Delille,
( peut-être plus connu comme l'abbé Delille )
sa terrifiante, mais si poétique, description du volcan !
Tel que, pour expier sa rebelle escalade,
Sous des rocs entassés le superbe Encelade,
La bouche haletante et le sein enflammé
Soulève le fardeau dont il est opprimé ...
Eh oui, les amis, que voulez-vous je ne m'en lasse pas .
Aujourd'hui je vous propose, extrait des Trois règnes de la Nature
de Jacques Delille,
( peut-être plus connu comme l'abbé Delille )
sa terrifiante, mais si poétique, description du volcan !
Tel que, pour expier sa rebelle escalade,
Sous des rocs entassés le superbe Encelade,
La bouche haletante et le sein enflammé
Soulève le fardeau dont il est opprimé ...
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Mme de Staël dans son roman « Corinne ou l’Italie »
se souvient de l'éruption à laquelle elle a eu la chance d'assister en 1805.
Elle fait partager ce moment inoubliable à ses deux héros Corinne et Oswald ...
Elle alla s’asseoir à l’extrémité du cap sur le bord de la mer. Oswald se hâta de l’y suivre ( ... ) Du haut de la petite colline qui s’avance dans la mer et forme le cap Misène, on découvrait parfaitement le Vésuve, le golfe de Naples, les îles dont il est parsemé, et la campagne qui s’étend depuis Naples jusqu’à Gaëte, enfin la contrée de l’univers où les volcans, l’histoire et la poésie [sic] ont laissé le plus de traces.
Corinne au cap Misène
tableau de François Gérard peint entre 1819 et 1821,
conservé aujourd'hui au musée des Beaux-Arts de Lyon.
Image WIKI
« Oswald et Corinne arrivèrent à Naples pendant que l'éruption du Vésuve durait encore. Ce n'était de jour qu'une fumée noire, qui pouvait se confondre avec les nuages ; mais le soir, en s'avançant sur le balcon de leur demeure, ils éprouvèrent une émotion tout-à-fait inattendue. Le fleuve de feu descend vers la mer, et ses vagues de flamme, semblables aux vagues de l'onde, expriment, comme elles, la succession rapide et continuelle d'un infatigable mouvement. On dirait que la nature, lorsqu'elle se transforme en des éléments divers, conserve néanmoins toujours quelques traces d'une pensée unique et première. Ce phénomène du Vésuve cause un véritable battement de cœur. On est si familiarisé d'ordinaire avec les objets extérieurs, qu'on aperçoit à peine leur existence; et l'on ne reçoit guère d'émotion nouvelle, en ce genre, au milieu de nos prosaïques contrées : mais tout-à-coup l'étonnement que doit causer l'univers se renouvelle à l'aspect d'une merveille inconnue de la création ; tout notre être est agité par cette puissance de la nature, dont les combinaisons sociales nous avaient distraits longtemps ; nous sentons que les plus grands mystères de ce monde ne consistent pas tous dans l'homme, et qu'une force indépendante de lui le menace ou le protège, selon des lois qu'il ne peut pénétrer. Oswald et Corinne se promirent de monter sur le Vésuve ; et ce qu'il pouvait y avoir de périlleux dans cette entreprise répandait un charme de plus sur un projet qu'ils devaient exécuter ensemble.
[Les deux héros du roman sont à Naples et gravissent le Vésuve – l’auteur a pu assister à l’éruption de 1805]
Naples - Le Vésuve en éruption
Peinture sur papier : gouache (38,8 x 52,2 cm)
BnF, département des Estampes et de la Photographie,
Image WIKI
Bibliothèque nationale de France
Corinne (...) se hâta d’entraîner Oswald avec elle sur le rivage de cendres de la lave enflammée. Le terrain qu’ils traversèrent, avant d’y arriver, fuyait sous leur pas, et semblait les repousser loin d’un séjour ennemi de tout ce qui a vie ; la nature n’est plus dans ces lieux en relation avec l’homme. Il ne peut plus s’en croire le dominateur ; elle échappe à son tyran par la mort. Le feu du torrent est d’une couleur funèbre ; néanmoins quand il brûle les vignes ou les arbres, on en voit sortir une flamme claire et brillante ; mais la lave même est sombre, tel que l’on se représente un fleuve de l’enfer ; elle roule lentement comme un sable noir de jour et rouge la nuit.
On entend, quand elle approche, un petit bruit d’étincelles qui fait d’autant plus de peur qu’il est léger, et que la ruse semble se joindre à la force ; le tigre royal arrive ainsi secrètement à pas comptés. Cette lave avance sans jamais se hâter et sans perdre un instant ; si elle rencontre un mur élevé, un édifice quelconque qui s’oppose à son passage, elle s’arrête, elle amoncelle devant l’obstacle ses torrents noirs et bitumeux et l’ensevelit enfin sous ses vagues brûlantes. Sa marche n’est point assez rapide que les hommes ne puissent fuir devant elle ; mais elle atteint, comme le temps, les imprudents et les vieillards qui la voyant venir, lourdement et silencieusement, s’imaginent qu’il est aisé de lui échapper. Son éclat est si ardent que pour la première fois la terre se réfléchit dans le ciel, et lui donne l’apparence d’un éclair continuel : ce ciel, à son tour, se répète dans la mer, et la nature est embrasée par cette triple image du feu.
Sorcières. Le vent se fait entendre et se fait voir par des tourbillons de flamme dans le gouffre d’où sort la lave. On a peur de ce qui se passe au sein de la terre, et l’on sent que d’étranges fureurs la font trembler sous nos pas. Les rochers qui entourent la source de la lave sont couverts de soufre, de bitume, dont les couleurs ont quelque chose d’infernal. Un vert livide, un jaune brun, un rouge sombre forment comme une dissonance pour les yeux et tourmentent la vue comme l’ouïe serait déchirée par ces sons aigus que faisaient entendre les sorcières quand elles appelaient, la nuit, la lune sur la terre.
Tout ce qui entoure le volcan rappelle l’enfer et les descriptions des poètes ont sans doute emprunté de ces lieux. C’est là que l’on conçoit comment les hommes ont cru à l’existence d’un génie malfaisant qui contrariait les desseins de la Providence (...).
– Corinne, s’écria Lord Nevil, est-ce de ces bords infernaux que part la douleur ? L’ange de la mort prend-il son envol de ce sommet ? Si je ne voyais pas ton céleste regard je perdrais ici jusqu’au souvenir des œuvres de la divinité qui décorent le monde (...).
– Cher Oswald, dit Corinne, quittons ce désert (...). Ce n’est sûrement pas ici le séjour des bons, allons-nous en.
se souvient de l'éruption à laquelle elle a eu la chance d'assister en 1805.
Elle fait partager ce moment inoubliable à ses deux héros Corinne et Oswald ...
Elle alla s’asseoir à l’extrémité du cap sur le bord de la mer. Oswald se hâta de l’y suivre ( ... ) Du haut de la petite colline qui s’avance dans la mer et forme le cap Misène, on découvrait parfaitement le Vésuve, le golfe de Naples, les îles dont il est parsemé, et la campagne qui s’étend depuis Naples jusqu’à Gaëte, enfin la contrée de l’univers où les volcans, l’histoire et la poésie [sic] ont laissé le plus de traces.
Corinne au cap Misène
tableau de François Gérard peint entre 1819 et 1821,
conservé aujourd'hui au musée des Beaux-Arts de Lyon.
Image WIKI
« Oswald et Corinne arrivèrent à Naples pendant que l'éruption du Vésuve durait encore. Ce n'était de jour qu'une fumée noire, qui pouvait se confondre avec les nuages ; mais le soir, en s'avançant sur le balcon de leur demeure, ils éprouvèrent une émotion tout-à-fait inattendue. Le fleuve de feu descend vers la mer, et ses vagues de flamme, semblables aux vagues de l'onde, expriment, comme elles, la succession rapide et continuelle d'un infatigable mouvement. On dirait que la nature, lorsqu'elle se transforme en des éléments divers, conserve néanmoins toujours quelques traces d'une pensée unique et première. Ce phénomène du Vésuve cause un véritable battement de cœur. On est si familiarisé d'ordinaire avec les objets extérieurs, qu'on aperçoit à peine leur existence; et l'on ne reçoit guère d'émotion nouvelle, en ce genre, au milieu de nos prosaïques contrées : mais tout-à-coup l'étonnement que doit causer l'univers se renouvelle à l'aspect d'une merveille inconnue de la création ; tout notre être est agité par cette puissance de la nature, dont les combinaisons sociales nous avaient distraits longtemps ; nous sentons que les plus grands mystères de ce monde ne consistent pas tous dans l'homme, et qu'une force indépendante de lui le menace ou le protège, selon des lois qu'il ne peut pénétrer. Oswald et Corinne se promirent de monter sur le Vésuve ; et ce qu'il pouvait y avoir de périlleux dans cette entreprise répandait un charme de plus sur un projet qu'ils devaient exécuter ensemble.
[Les deux héros du roman sont à Naples et gravissent le Vésuve – l’auteur a pu assister à l’éruption de 1805]
Naples - Le Vésuve en éruption
Peinture sur papier : gouache (38,8 x 52,2 cm)
BnF, département des Estampes et de la Photographie,
Image WIKI
Bibliothèque nationale de France
Corinne (...) se hâta d’entraîner Oswald avec elle sur le rivage de cendres de la lave enflammée. Le terrain qu’ils traversèrent, avant d’y arriver, fuyait sous leur pas, et semblait les repousser loin d’un séjour ennemi de tout ce qui a vie ; la nature n’est plus dans ces lieux en relation avec l’homme. Il ne peut plus s’en croire le dominateur ; elle échappe à son tyran par la mort. Le feu du torrent est d’une couleur funèbre ; néanmoins quand il brûle les vignes ou les arbres, on en voit sortir une flamme claire et brillante ; mais la lave même est sombre, tel que l’on se représente un fleuve de l’enfer ; elle roule lentement comme un sable noir de jour et rouge la nuit.
On entend, quand elle approche, un petit bruit d’étincelles qui fait d’autant plus de peur qu’il est léger, et que la ruse semble se joindre à la force ; le tigre royal arrive ainsi secrètement à pas comptés. Cette lave avance sans jamais se hâter et sans perdre un instant ; si elle rencontre un mur élevé, un édifice quelconque qui s’oppose à son passage, elle s’arrête, elle amoncelle devant l’obstacle ses torrents noirs et bitumeux et l’ensevelit enfin sous ses vagues brûlantes. Sa marche n’est point assez rapide que les hommes ne puissent fuir devant elle ; mais elle atteint, comme le temps, les imprudents et les vieillards qui la voyant venir, lourdement et silencieusement, s’imaginent qu’il est aisé de lui échapper. Son éclat est si ardent que pour la première fois la terre se réfléchit dans le ciel, et lui donne l’apparence d’un éclair continuel : ce ciel, à son tour, se répète dans la mer, et la nature est embrasée par cette triple image du feu.
Sorcières. Le vent se fait entendre et se fait voir par des tourbillons de flamme dans le gouffre d’où sort la lave. On a peur de ce qui se passe au sein de la terre, et l’on sent que d’étranges fureurs la font trembler sous nos pas. Les rochers qui entourent la source de la lave sont couverts de soufre, de bitume, dont les couleurs ont quelque chose d’infernal. Un vert livide, un jaune brun, un rouge sombre forment comme une dissonance pour les yeux et tourmentent la vue comme l’ouïe serait déchirée par ces sons aigus que faisaient entendre les sorcières quand elles appelaient, la nuit, la lune sur la terre.
Tout ce qui entoure le volcan rappelle l’enfer et les descriptions des poètes ont sans doute emprunté de ces lieux. C’est là que l’on conçoit comment les hommes ont cru à l’existence d’un génie malfaisant qui contrariait les desseins de la Providence (...).
– Corinne, s’écria Lord Nevil, est-ce de ces bords infernaux que part la douleur ? L’ange de la mort prend-il son envol de ce sommet ? Si je ne voyais pas ton céleste regard je perdrais ici jusqu’au souvenir des œuvres de la divinité qui décorent le monde (...).
– Cher Oswald, dit Corinne, quittons ce désert (...). Ce n’est sûrement pas ici le séjour des bons, allons-nous en.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Petit clin d'oeil à ce passage avec une vue prise spécialement à cette fin au sein de l'exposition "Femmes Peintres" qui se tient actuellement au Musée du Luxembourg:
En détail :
Marie-Hélène Godefroid, portrait de Germaine de Staël d'après François Gérard, après 1817, Château de Versailles
Marie-Victoire Jaquotot, Corinne au Cap Misène, peinture sur porcelaine (Sèvres), 1825, Musée du Louvre
Clichés personnels
Expo au cours de laquelle on peut décourvir également cette toile :
Louise-Joséphine Sarazin de Belmont, Naples, vue du Pausilippe, 1842–1859, Musée des Augustins.
Clichés personnels
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Ce bon vieux Vésuve ! Merci, mon cher Momo .
Dans le tableau de Marie-Victoire Jaquotot, il est presque stylisé, seulement suggéré .
Dans le paysage que tu nous proposes ensuite, il est nimbé d'une luminosité que la mer reflète . Que c'est beau !
Dans le tableau de Marie-Victoire Jaquotot, il est presque stylisé, seulement suggéré .
Dans le paysage que tu nous proposes ensuite, il est nimbé d'une luminosité que la mer reflète . Que c'est beau !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Fin mai 1770 , Leopold Mozart et Wolfgang sont de passage à Naples, très curieux d'en découvrir toutes les beautés.
Mêlés à la foule napolitaine, ils voient le roi et la reine Marie-Caroline à la messe de la chapelle de la Cour, à Portici.
Nous avons également vu le Vésuve, écrit Léopold à Mme Mozart restée à Salzbourg. Naples est une belle ville, mais très peuplée, comme Vienne et Paris. De Londres ou de Naples, pour ce qui est de l`impertinence du peuple, je ne sais si Naples ne l`emporte pas sur Londres.
Ils vont rendre visite à l`ambassadeur anglais, et éminent volcanologue ( auquel le début de ce sujet rend tous les honneurs qui lui sont dus ) , lord Hamilton que Léopold appelle " notre connaissance de Londres ", et dont l`épouse joue étonnamment bien du clavecin, une personne très agréable. Elle tremblait d`avoir à jouer devant Wolfgang. Elle a un clavecin précieux, de Tschudi en Angleterre, avec deux manuels et les registres avec pédalier, de sorte qu`on peut les déclencher avec le pied.
Le jours passent sans que le Vésuve se départisse de son calme un peu décevant.
Le Vésuve ne m`a pas fait le plaisir de se montrer en feu, ou plutôt, crachant du feu. On voit très rarement un peu de fumée. Nous irons le voir de plus près un de ces jours note Léopold .
Le 5 juin :
Une des choses les plus belles est le passeggio quotidien au cours duquel la noblesse se promène, le soir jusqu`à l`Ave Maria, dans une centaine de carrosses alla strada nuova e al Molo.
La reine se joint souvent à cette promenade, et tous les dimanches et jours de fêtes. Comme cette promenade se fait au bord de la mer, les bateaux tirent des salves lorsque la reine se promène, et les carrosses s`arrêtent à droite et à gauche pour la saluer lorsqu`elle passe parmi eux. Dès le crépuscule, on allume les flambeaux des carrosses, pour faire une sorte d`illumination. Comme nous disposons toujours du carrosse de l`un ou l`autre seigneur, nous nous promenons tous les jours en voiture et j`ai toujours deux flambeaux : celui du serviteur du seigneur en question, et celui du nôtre. Mais ce ne sont pas de gros frais : les flambeaux sont très bon marché ici et certaines voitures ont quatre flambeaux portés par quatre coursiers. Sa Majesté la Reine nous salue toujours avec une courtoisie toute particulière. Le dimanche de la Pentecôte, nous avons assisté au grand bal donné par l`ambassadeur de France à l`occasion du mariage du Dauphin. Nous avons reçu deux invitations à y assister.
Wolfgang ajoute trois mots pour Nanerl à la missive de son père :
Cara sorella mia.
Aujourd`hui le Vesuvius fume fort, tonnerre sans fin. ( enfin ?!!! )
C`est dans un certain sens dommage que nous ne puissions rester plus longtemps, car il y a diverses belles choses à voir ici en été, et une grande variété de fruits, herbes, fleurs, qui changent de semaine en semaine. La situation de la ville, la fertilité des environs, la vivacité des gens, les curiosités, etc., cent choses m`attristent d`avoir à quitter Naples ; mais la saleté, le nombre énorme de mendiants, le peuple répugnant et impie, la mauvaise éducation des enfants, le laisser-aller incroyable, jusque dans les églises, tout cela permet de se séparer de bon cœur de toutes les beautés.
J`apporterai non seulement toutes ces curiosités en jolies gravures sur cuivre, mais j`ai également reçu de M. Meuricoffre une belle collection de lave du Vésuve ; ce n`est toutefois pas de la lave que tout le monde peut obtenir, mais des exemplaires choisis, avec la description des minéraux qui les composent, des pièces rares qui sont difficiles à obtenir. Si Dieu nous permet de rentrer sains et saufs, tu verras de bien belles choses.
La demeure des Meuricoffre, grâce notamment au mariage de l'un de ses membres avec la célèbre cantatrice mezzosoprano Celeste Coltellini, était le rendez-vous des « amateurs d'art et de musique ». Léopold et Wolfgang Mozart ne pouvaient donc manquer de s'y présenter durant leur séjour à Naples en 1770.
Léopold annonce enfin à son épouse leur décision de faire la grimpette du Vésuve !
La semaine prochaine, nous visiterons le Vésuve, les deux villes enterrées où l`on fait des fouilles et découvre des maisons entières de l`Antiquité ...
... puis Caserte, etc., bref, nous verrons toutes les curiosités dont j`ai déjà les gravures. L`horrible superstition et le nombre infini d`idolâtries que l`on constate rapidement de la part du peuple sont indescriptibles. Fais-toi raconter entre-temps quelque chose par M. Meissner. Mais tu ne dois pas penser qu`il s`agisse du seul peuple des lazzaroni. Non ! même les gens de distinction sont pleins de superstition.
J`aurai suffisamment à te raconter. Et ce n`est pas rien lorsque tu entends quelqu`un implorer Dieu ainsi : " Que Dieu demande à Saint Janvier d`aider un homme en ceci ou cela."
Naples, le 16 juin 1770, Léopold à Anna-Maria
Madame.
Il ne faut pas que tu t`étonnes si tu restes longtemps sans recevoir de lettre, car tu sais par expérience qu`on ne peut pas toujours écrire lorsqu`on le veut, et que les lettres mettent quatorze jours de Salzb, à Naples. Entre-temps, tu as dû avoir six lettres de Naples, celle-ci est la septième. Ne réponds plus avant que je te dise où envoyer le courrier. Nous pensions partir le 20, mais ne le pourrons guère avant le 23 ou 24, car S. E. le comte Kaunitz ne sera pas prêt avant. Il remplacera S. Exc. Le Cte v. Schrattenbach comme chef administratif de la Moravie. Nous sommes actuellement occupés à tout visiter.
Le 13, jour de la Saint-Antoine, tu aurais pu nous trouver en mer. Nous sommes partis pour Pouzzoles en voiture, à 5 heures du matin, y sommes arrivés à 7 heures et avons pris le bateau pour Baïes. Nous avons vu les bains de Néron, les grottes souterraines de la sibylle de Cumes, le lac d`Averne, le temple de Vénus, le temple de Diane, le sépulcre d`Agrippine, les Champs Élysées, ou Campi Elisei, la mer morte, où Charon conduisait sa barque, la piscina mirabile et les Cente camerelle, etc., et au retour de nombreux autres bains antiques, temples, pièces souterraines, etc., il Monte Nuovo, il Monte Gauro, le môle de Pouzzoles, le Colisée, les solfatara, l`Astroni, la Grotte du chien et le lac d`Agnano, etc., mais surtout la grotte de Pouzzoles et le tombeau de Virgile. La grotte de Pouzzoles est comme notre Neutor, mais nous avons mis huit minutes à la traverser, car elle mesure trois cent quarante-quatre canne . ( ) Aujourd`hui, nous avons déjeuné sur la colline de S. Martino, à la chartreuse, et après le repas, nous avons vu toutes les curiosités et richesses de cet endroit et admiré le point de vue. Lundi et mardi, etc., nous irons voir le Vésuve de plus près, Pompéi et Herculanum, les villes où l`on fait des fouilles, et admirerons ce qui a déjà été découvert, Caserte, etc., et Capodimonte, etc., ce qui coûte son prix. Il est temps, le courrier part bientôt et je dois encore écrire quelques mots à M. Marcabruni.
Mon compliment à tous mes bons amis et amies, etc.
Nous vous embrassons mille fois, toi et Nannerl, et je suis le vieux
Mozart
Pour voir toutes ces curiosités, il faut toujours avoir un flambeau, car un grand nombre se trouve sous terre. Wolfgang et moi étions seuls avec notre domestique, nous avions six marins et le cicerone, qui n`ont pas pu cacher leur étonnement de voir Wolfgang. Les deux vieux marins à la barbe blanche ont affirmé n`avoir jamais vu en ces lieux un si jeune garçon venu visiter les antiquités.
Petit post-scriptum de Wolfgang :
Je suis encore en vie et suis sans cesse joyeux , comme toujours, et me plais à voyager : je suis même allé sur la mer Méditerranée . Je baise la main de maman et embrasse Nannerl mille fois, et suis
votre fils simplet et frère nigaud ( )
https://www.dhi.ac.uk/mozartwords/?lang=fra&letter=38&bd=191&anchor=
Eisen, Cliff et al. Comme le dit Mozart, Lettre 191 <http://letters.mozartways.com>. Version 1.0, publiée par HRI Online, 2011. ISBN 9780955787676.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Merci beaucoup pour cette belle correspondance Eléonore !
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Mme de Sabran a écrit:
Ils vont rendre visite à l`ambassadeur anglais, et éminent volcanologue ( auquel le début de ce sujet rend tous les honneurs qui lui sont dus ) , lord Hamilton que Léopold appelle " notre connaissance de Londres ",
Je vais bientôt le sortir de ce sujet, et lui ouvrir un sujet dédié.
Nous avions déjà posté ici ce portrait de Lord Hamilton en compagnie de sa première épouse...à son clavecin. Portrait peint précisément l'année de la visite de Mozart à Naples.Mme de Sabran a écrit:
et dont l`épouse joue étonnamment bien du clavecin, une personne très agréable. Elle tremblait d`avoir à jouer devant Wolfgang. Elle a un clavecin précieux, de Tschudi en Angleterre, avec deux manuels et les registres avec pédalier, de sorte qu`on peut les déclencher avec le pied.
Sir William and the first Lady Hamilton in their villa in Naples
David Allen (1744-1796)
Oil on copper, 1770
Image : Compton Verney, Warwickshire
Details
Sir William Hamilton, British Envoy in Naples from 1764, and his wife, Catherine Barlow, are seen here in the room off the terrace in their summer villa in Posillipo, surrounded by many of Sir William’s favourite items: his violin, a classical bust of Zeus and a small-scale copy of his favourite painting, Correggio’s Venus Disarming Cupid.
The view of Vesuvius is a reference to Sir William’s passion for vulcanology and he frequently accompanied tourists to view the eruptions. He greatly admired Scottish artist Allan, whom he met in Naples, describing him as one of the greatest geniuses he had ever known.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Voilà une très bonne idée !La nuit, la neige a écrit:
Je vais bientôt le sortir de ce sujet, et lui ouvrir un sujet dédié.
Tu es trop fort !!!La nuit, la neige a écrit:
Nous avions déjà posté ici ce portrait de Lord Hamilton en compagnie de sa première épouse...à son clavecin. Portrait peint précisément l'année de la visite de Mozart à Naples.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
LES ITINÉRAIRES DE VIVANT DENON : NAPLES ET POMPÉI
Cette exposition s'était tenue de novembre 2009 à début janvier 2010, à Chalon -sur-Saône, au Musée Denon.
Le Voyage pittoresque : une aventure éditoriale extraordinaire dans l'Europe des Lumières
Saverio della Gatta, Eruption du Vésuve, 1779, collection privé,
Fabrice Gousset, ART & Photo, Paris
L’exposition retraçait l’entreprise éditoriale mouvementée du Voyage Pittoresque, ou Description des royaumes de Naples et de Sicile, un ouvrage qui inaugure une vision moderne de l’Italie du Sud. Elle tente de décrire au plus près la genèse intellectuelle et technique de ce récit de voyage et permet au public de s’imprégner de l’effervescence napolitaine de l’époque, de l’esprit des Lumières, et des premières fouilles des villes du Vésuve ensevelies, Pompéi, Herculanum… Grâce à la générosité de nombreux prêteurs publics et privés, l’exposition regroupe près d’une centaine de pièces : dessins, estampes, gravures aquarellées, gouaches, manuscrits, livres illustrés, etc. Parmi les dessins sélectionnés, on trouve des œuvres de Châtelet, Denon, Desprez, Fragonard et Hubert Robert.
Vers le Grand Sud italien
À l’automne 1777, Vivant Denon quitte Chalon-sur-Saône pour se rendre dans le Sud de l’Italie. Il est chargé de « piloter » deux dessinateurs, Claude-Louis Châtelet et Louis-Jean Desprez, et un architecte, Jean-Augustin Renard. Les trois artistes doivent collaborer à l’illustration de l’ouvrage Voyage Pittoresque ou Description des Royaumes de Naples et de Sicile que Jean-Benjamin de Laborde et l’Abbé de St Non projettent de publier. L'abbé de Saint Non dédiera d'ailleurs ce magnifique album à Marie-Antoinette.
Sur l'abbé de Saint Non, notre message peu en amont :
Vivant Denon accepte donc de diriger la petite équipe sur le terrain et s’engage à fournir son journal, en échange de la prise en charge des frais de son voyage. Ce livre deviendra l’un des plus précieux ouvrages illustrés du XVIIIe siècle. Ses quatre volumes enrichis de plus de quatre cents illustrations seront largement diffusés et contribueront à la découverte de Naples et de l’Italie du Sud dans l’Europe entière.
Cette publication restera également dans l’histoire comme l’une des premières à faire émerger la problématique du plagiat. Qui était vraiment l’auteur de ce Voyage Pittoresque ? Longtemps la confusion régna à ce sujet. On savait depuis longtemps que le texte de l’abbé de St Non était inspiré du journal tenu par Denon. La découverte récente de la première partie de ce journal éclaire de nombreux aspects de la réalisation du livre.
Illustration : Claude-Louis Châtelet, Vue de Naples prise depuis la Chartreuse San Martino ou du Pausilippe,
Chalon-sur-Saône, musée Denon musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône, Sylvain Charles, Sébastien Jouani
La redécouverte de Pompéi
Le manuscrit du journal de voyage de Vivant Denon était le point central de l’exposition, associé à un exemplaire du Voyage Pittoresque, aux dessins et gravures retenus ou non dans l’ouvrage, ainsi qu’à un corpus d’œuvres et d’écrits de l’époque ayant servi de base de travail à tous les participants. L’enthousiasme lié à cette publication provient en grande partie du soin apporté par St Non au rapport entre le texte et les images. L’originalité des sujets et des angles de vue, la très grande qualité de réalisation des dessins et des gravures forment l’un des appareils descriptifs et didactiques les plus complets de l’époque.
On redécouvre alors les cités du Vésuve, enfouies au cours de l’éruption de l’an 79, grâce à l’implication de personnages comme William Hamilton, initiateur d’une science nouvelle, la volcanologie. Cependant, sous l’autorité royale, les fouilles d’Herculanum et de Pompéi sont confiées à un ingénieur militaire qui creuse des galeries ( !!! ) pour soustraire rapidement de grandes quantités d’objets. ( ) Quant à la publication des résultats des fouilles, elle s’enlise dans des considérations érudites.
Une expérience fondamentale pour Denon
On comprend dès lors l’accueil enthousiaste fait au Voyage Pittoresque dont les planches et les commentaires diffusent les découvertes archéologiques, objets et monuments, de manière simple et didactique. Mais au fond qu’en est-il du voyage ? Distance à parcourir, action de voyager, récit de voyage, la pérégrination demeure aussi et surtout dans la singularité de la genèse et de la forme du voyage pittoresque, l’expérience initiatrice, qui pour Denon se conclut par un engagement professionnel dans la diplomatie qui le retient jusqu’en 1785 dans la cité parthénopéenne. Dans ce voyage en Italie, on retrouve les conditions essentielles à l’élaboration d’une méthodologie de la diffusion de l’image qu’il met en œuvre toute sa vie durant. Celui-ci présage également du fameux Voyage dans la Basse et la Haute Égypte publié par Denon en 1802, de son rôle de directeur du Louvre et de figure dominante de la politique artistique sous Napoléon.
http://www.artaujourdhui.info/a5822-les-itineraires-de-vivant-denon-naples-et-pompei.html
Cette exposition s'était tenue de novembre 2009 à début janvier 2010, à Chalon -sur-Saône, au Musée Denon.
Le Voyage pittoresque : une aventure éditoriale extraordinaire dans l'Europe des Lumières
Saverio della Gatta, Eruption du Vésuve, 1779, collection privé,
Fabrice Gousset, ART & Photo, Paris
L’exposition retraçait l’entreprise éditoriale mouvementée du Voyage Pittoresque, ou Description des royaumes de Naples et de Sicile, un ouvrage qui inaugure une vision moderne de l’Italie du Sud. Elle tente de décrire au plus près la genèse intellectuelle et technique de ce récit de voyage et permet au public de s’imprégner de l’effervescence napolitaine de l’époque, de l’esprit des Lumières, et des premières fouilles des villes du Vésuve ensevelies, Pompéi, Herculanum… Grâce à la générosité de nombreux prêteurs publics et privés, l’exposition regroupe près d’une centaine de pièces : dessins, estampes, gravures aquarellées, gouaches, manuscrits, livres illustrés, etc. Parmi les dessins sélectionnés, on trouve des œuvres de Châtelet, Denon, Desprez, Fragonard et Hubert Robert.
Vers le Grand Sud italien
À l’automne 1777, Vivant Denon quitte Chalon-sur-Saône pour se rendre dans le Sud de l’Italie. Il est chargé de « piloter » deux dessinateurs, Claude-Louis Châtelet et Louis-Jean Desprez, et un architecte, Jean-Augustin Renard. Les trois artistes doivent collaborer à l’illustration de l’ouvrage Voyage Pittoresque ou Description des Royaumes de Naples et de Sicile que Jean-Benjamin de Laborde et l’Abbé de St Non projettent de publier. L'abbé de Saint Non dédiera d'ailleurs ce magnifique album à Marie-Antoinette.
Sur l'abbé de Saint Non, notre message peu en amont :
- Spoiler:
- Pour cette nouvelle escapade sur les flancs du Vésuve , mettons nos pas dans ceux de l'abbé de Saint-Non. Si, si ! ... enfin, abbé très peu puisque, destiné, comme cadet de sa famille, à l’Eglise, il ne prit que le sous-diaconicat ( ) et, en 1749, il acheta une charge de conseiller clerc au parlement de Paris.
Jean-Claude Richard de Saint-Non, né en 1727 à Paris où il est mort le 25 novembre 1791.
Il est un graveur, dessinateur et amateur d'art français.
Saint-Non alla passer quelques mois en Italie, où il se lia étroitement avec Fragonard et Hubert Robert dont il devint le protecteur et principal commanditaire.
Fragonard fit de lui ce portrait :portrait de Jean-Claude Richard de Saint-Non,
Il fit avec eux le voyage de Sicile et de Naples et, à son retour, il entreprit d’en publier la relation (Voyage pittoresque de Naples et de Sicile, chez Jean-Baptiste Delafosse, Paris, 1781-1786, 5 vol. in-fol.), et l’accompagna de 542 planches et vignettes, gravées par les meilleurs artistes du temps (entre autres Charles-Nicolas Cochin, Pierre-Philippe Choffard, Heinrich Guttenberg, Joseph de Longueil) d’après ses propres dessins, ceux de Clément-Pierre Marillier et de Claude-Louis Châtelet, talentueux peintre que Marie-Antoinette affectionnait particulièrement, et ceux de ses compagnons de voyage ; car il en exécuta un grand nombre, soit à l’eau-forte, soit au lavis par un procédé de son invention, et qui diffère de celui de Le Prince.Il dédie son oeuvre à Marie-Antoinette.
Une semblable publication, ne s’adressant qu’à un nombre très restreint de riches amateurs, était au-dessus des forces d’un simple particulier. Elle fut ruineuse pour Saint-Non, absorbant non seulement sa propre fortune, mais aussi celle d’un de ses frères. Il n’en remplit pas moins sa tâche jusqu’au bout, ne conservant pour ressource que les revenus de son abbaye, évalués à 7 000 livres.
Lecture complète en ligne, ici :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k106179z/f227.item
Le chapitre sur le Vésuve commence à partir de la page 173
Aux premiers jours de la Révolution, Saint-Non n’hésita pas à offrir la moitié de ses maigres revenus à la nation.
En effet, il était lié avec les principaux philosophes et écrivains de son temps, il faisait partie de cette société de lettrés qui répandait et défendait les idées nouvelles et préparait la Révolution. Il fréquentait assidûment le salon de Franklin à Passy et, lorsqu’il partit pour l’Italie, Rousseau le recommanda tout particulièrement son ami, le pasteur Vernes, et d'Alembert à Voltaire.
Saint-Non a encore gravé un certain nombre de pièces dont les principales sont : une suite de huit Vues du moulin Joli ; un Recueil de griffants, grand in-fol. de 294 pi. ; deux eaux-fortes originales : la Visite à la malade et Le Concert, et un grand nombre d’estampes d’après Boucher, Robert, Fragonard, Jean-Georges et Pierre-Alexandre Wille, Le Prince, Berghem, et ses propres dessins.
Saint-Non avait été admis, sous le titre d’honoraire associé libre, dans l’Académie de peinture le 6 décembre 1777.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Claude_Richard_de_Saint-Non
Vivant Denon accepte donc de diriger la petite équipe sur le terrain et s’engage à fournir son journal, en échange de la prise en charge des frais de son voyage. Ce livre deviendra l’un des plus précieux ouvrages illustrés du XVIIIe siècle. Ses quatre volumes enrichis de plus de quatre cents illustrations seront largement diffusés et contribueront à la découverte de Naples et de l’Italie du Sud dans l’Europe entière.
Cette publication restera également dans l’histoire comme l’une des premières à faire émerger la problématique du plagiat. Qui était vraiment l’auteur de ce Voyage Pittoresque ? Longtemps la confusion régna à ce sujet. On savait depuis longtemps que le texte de l’abbé de St Non était inspiré du journal tenu par Denon. La découverte récente de la première partie de ce journal éclaire de nombreux aspects de la réalisation du livre.
Illustration : Claude-Louis Châtelet, Vue de Naples prise depuis la Chartreuse San Martino ou du Pausilippe,
Chalon-sur-Saône, musée Denon musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône, Sylvain Charles, Sébastien Jouani
La redécouverte de Pompéi
Le manuscrit du journal de voyage de Vivant Denon était le point central de l’exposition, associé à un exemplaire du Voyage Pittoresque, aux dessins et gravures retenus ou non dans l’ouvrage, ainsi qu’à un corpus d’œuvres et d’écrits de l’époque ayant servi de base de travail à tous les participants. L’enthousiasme lié à cette publication provient en grande partie du soin apporté par St Non au rapport entre le texte et les images. L’originalité des sujets et des angles de vue, la très grande qualité de réalisation des dessins et des gravures forment l’un des appareils descriptifs et didactiques les plus complets de l’époque.
On redécouvre alors les cités du Vésuve, enfouies au cours de l’éruption de l’an 79, grâce à l’implication de personnages comme William Hamilton, initiateur d’une science nouvelle, la volcanologie. Cependant, sous l’autorité royale, les fouilles d’Herculanum et de Pompéi sont confiées à un ingénieur militaire qui creuse des galeries ( !!! ) pour soustraire rapidement de grandes quantités d’objets. ( ) Quant à la publication des résultats des fouilles, elle s’enlise dans des considérations érudites.
Une expérience fondamentale pour Denon
On comprend dès lors l’accueil enthousiaste fait au Voyage Pittoresque dont les planches et les commentaires diffusent les découvertes archéologiques, objets et monuments, de manière simple et didactique. Mais au fond qu’en est-il du voyage ? Distance à parcourir, action de voyager, récit de voyage, la pérégrination demeure aussi et surtout dans la singularité de la genèse et de la forme du voyage pittoresque, l’expérience initiatrice, qui pour Denon se conclut par un engagement professionnel dans la diplomatie qui le retient jusqu’en 1785 dans la cité parthénopéenne. Dans ce voyage en Italie, on retrouve les conditions essentielles à l’élaboration d’une méthodologie de la diffusion de l’image qu’il met en œuvre toute sa vie durant. Celui-ci présage également du fameux Voyage dans la Basse et la Haute Égypte publié par Denon en 1802, de son rôle de directeur du Louvre et de figure dominante de la politique artistique sous Napoléon.
http://www.artaujourdhui.info/a5822-les-itineraires-de-vivant-denon-naples-et-pompei.html
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
En voyageur qui en réalité ne se repose pas beaucoup ( ), il fallait bien, fatalement, que Louis Dutens fasse comme tout le monde la visite de Naples. Il est frappé par la beauté de la baie, par la vue sur Naples du haut du Vésuve, et nous gratifie d'un petit topo géographique.
Itinéraire des routes les plus fréquentées, ou, Journal de plusieurs voyages ...
de Louis Dutens
Petit aparté : Dans ses Mémoires d'un voyageur qui se repose , en trois volumes, contenant des anecdotes historiques, politiques et littéraires, relatives à plusieurs des principaux personnages du siècle, nous nous souvenons comme Dutens raconte le duel dans lequel Adolphe du Barry ( fils du Roué ) perdit la vie. Et pour cause, il y était, s'est occupé des formalités administratives et même de la dépouille mortelle du vicomte du Barry ...
Notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t902p125-la-famille-du-barry?highlight=du+barry
Je lui trouve vraiment une bonne bouille.
Itinéraire des routes les plus fréquentées, ou, Journal de plusieurs voyages ...
de Louis Dutens
Petit aparté : Dans ses Mémoires d'un voyageur qui se repose , en trois volumes, contenant des anecdotes historiques, politiques et littéraires, relatives à plusieurs des principaux personnages du siècle, nous nous souvenons comme Dutens raconte le duel dans lequel Adolphe du Barry ( fils du Roué ) perdit la vie. Et pour cause, il y était, s'est occupé des formalités administratives et même de la dépouille mortelle du vicomte du Barry ...
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Je lui trouve vraiment une bonne bouille.
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Eh bien non, les amis, ce message ne nous transporte pas à Naples, comme d'habitude, mais à Trianon !
Le croirez-vous, le Vésuve prête son nom en horticulture, comme ceci : " Mont de Vésuve " .
Ainsi le trouvons-nous, végétal d'ornement, à Trianon, croissant presque sous les pas de Marie-Antoinette .
Je le tiens de Gustave Desjardins
qui nous confirme que le Hameau de la Reine regorgeait de fleurs, nous nous en doutions ( ) , parmi lesquelles des " Monts de Vésuve " !
Voilà qui est plus inattendu .
Que sont-ce ?!
D'après le texte, je crois comprendre qu'il s'agit d'une variété de la Jacinthe ...
... mais ce que je trouve sous le nom de " Mont de Vésuve ", c'est cette magnifique Pivoine arbustive :
Va comprendre, Charles !
Le croirez-vous, le Vésuve prête son nom en horticulture, comme ceci : " Mont de Vésuve " .
Ainsi le trouvons-nous, végétal d'ornement, à Trianon, croissant presque sous les pas de Marie-Antoinette .
Je le tiens de Gustave Desjardins
qui nous confirme que le Hameau de la Reine regorgeait de fleurs, nous nous en doutions ( ) , parmi lesquelles des " Monts de Vésuve " !
Voilà qui est plus inattendu .
Que sont-ce ?!
D'après le texte, je crois comprendre qu'il s'agit d'une variété de la Jacinthe ...
... mais ce que je trouve sous le nom de " Mont de Vésuve ", c'est cette magnifique Pivoine arbustive :
Va comprendre, Charles !
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Gouverneur Morris a écrit:
Oui je radote mais ...
Non non, mon cher Momo, tant il est vrai que nous ne nous lassons pas de notre bon vieux Vésuve !
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
D'ailleurs tiens !
Voici encore un voyageur absolument émerveillé dont l'enthousiasme culmine avec ses Lettres sur l’Italie : le président Dupaty.
Relatant son ascension du volcan en 1785, il s’éloigne des représentations plus traditionnelles en plaçant l’émotion et la sensibilité au centre du texte :
C’est donc là ce formidable volcan qui brûle depuis tant de siècles, qui a submergé tant de cités, qui a consumé des peuples, qui menace à toute heure cette vaste contrée, cette Naples, où dans ce moment on rit, on chante […]. Quelle lueur autour de ce cratère ! […] D’abord, ce brûlant abîme gronde ; déjà il vomit dans les airs avec un épouvantable fracas, à travers une pluie épaisse de cendres, une immense gerbe de feux : ce sont des millions d’étincelles ; ce sont des milliers de pierres que leur couleur noire fait distinguer, qui sifflent, tombent, retombent, roulent ; en voilà une qui roule à cent pas de moi. […] la lave s’élève sur les bords du cratère ; elle se gonfle, elle bouillonne, coule… et sillonne en longs ruisseaux de feu, les flancs noirs de la montagne !
J’étais vraiment en extase. Ce désert ! cette hauteur ! cette nuit ! ce mont enflammé ! et j’étais là.
40 Charles-Marguerite-Jean-Baptiste Dupaty Mercier, Lettres sur l’Italie…, op. cit., t. III, p. 50-51 (...)
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Le Vésuve
Eventail du Grand Tour.
La feuille en cabretille peinte à la gouache de trois cartels. Le principal historié de la baie de Naples avec le Vésuve fumant. A gauche, le môle de Pozzuoli ; et à gauche vues de la grotte de Sibille, du lac d'Averne et du temple d'Apollon.
Comme si nous y étions !
Revers : la baie de Naples avec le Vésuve en éruption.
Monture en écaille sculptée, repercée, incrustée or et argent. Vers 1780
http://www.art-richelieu.fr/lot/1587/408705npp=150&
Eventail du Grand Tour.
La feuille en cabretille peinte à la gouache de trois cartels. Le principal historié de la baie de Naples avec le Vésuve fumant. A gauche, le môle de Pozzuoli ; et à gauche vues de la grotte de Sibille, du lac d'Averne et du temple d'Apollon.
Comme si nous y étions !
Revers : la baie de Naples avec le Vésuve en éruption.
Monture en écaille sculptée, repercée, incrustée or et argent. Vers 1780
http://www.art-richelieu.fr/lot/1587/408705npp=150&
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Merci Eléonore !
J'avais posté un éventail similaire dans le sujet consacré à Lady Hamilton :
clichés personnels
J'avais posté un éventail similaire dans le sujet consacré à Lady Hamilton :
clichés personnels
Gouverneur Morris- Messages : 11795
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Notre sujet :La nuit, la neige a écrit:Une belle idée d'émissions que cette série, (re)diffusée sur France Musique, consacrée à Charles de Brosses (1709-1777) et à ses fameuses Lettres écrites d'Italie, réeditées de nombreuses fois depuis le 18e siècle
Edition en deux volumes du Mercure de France (2005)
Naples, une ville vivante et animée
À son arrivée dans le Sud, à la fin du mois d’octobre 1739, Charles de Brosse est immédiatement séduit par Naples : c'est une ville bruyante et mouvementée, à l'image d'une capitale comme Londres ou Paris. L’écrivain croque la baie de Naples d’un coup de plume : “au fond d’une espèce de golfe, étendue en demi-lune, le long du rivage, contre un rocher”. Les voitures en coquilles tirées par de petits chevaux entraînent les citadins pressés dans un vacarme de carrosses.
Vue de Naples avec le Vésuve
Joseph Vernet
Huile sur toile, vers 1748
Image : RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi
" À mon sens, Naples est la seule ville d'Italie qui sente véritablement sa capitale ; le mouvement, l'affluence du peuple, l'abondance et le fracas perpétuel des équipages ; une cour dans les formes, et assez brillante, le train et l'air magnifique qu'ont les grands seigneurs : tout contribue à lui donner cet extérieur vivant et animé qu'ont Paris et Londres, et qu'on ne trouve point du tout à Rome."
https://marie-antoinette.forumactif.org/t5831-le-voyage-en-italie-de-charles-de-brosses-1709-1777#183503
Que nous dit-il de plus, ce monsieur de Brosses, sur le Vésuve particulièrement ? ... maints détails et précisions relatés par le menu à Buffon lui-même .
Charles de Brosses
Lettres familières écrites d’Italie à quelques amis en 1739 et 1740 (Tome Premier),
Texte établi par Hippolyte Babou, Poulet-Malassis et de Broise, 1858, 1 (p. 312-324).
◄ À M. LE PRÉSIDENT BOUHIER. — Mémoire sur la ville souterraine d’ErcolanoÀ MM. DE L’ACADÉMIE ROYALE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. — Mémoire sur les antiquités d’Ercolano ►
LETTRE XXXIV
À M. DE BUFFON
Mémoire sur le Vésuve.
Rome. 30 novembre 1739.
Je viens, mon cher Buffon, de m’entretenir avec M. de Neuilly et notre ami le président Bouhier, du Vésuve ainsi que de la découverte nouvellement faite de l’ancienne ville d’Herculée, ensevelie sous les ruines du mont Vésuve. Rien au monde n’est plus singulier que d’avoir retrouvé une ville entière dans le sein de la terre. Je parle au président des antiquités que l’on en tire tous les jours ; maintenant, sans répéter ici ce que je dis à l’un et à l’autre, soit sur mon excursion au Vésuve, soit sur ma visite à Ercolano, je veux chercher avec vous par quelles causes les villes du rivages de la Campanie ont été enterrées de la sorte, et vous communiquer une idée singulière à ce sujet.
Après être sorti du souterrain, mon plus grand étonnement fut d’avoir vu qu’Ercolano et le bourg qu’on avoit postérieurement bâti par-dessus, avoient été purement couverts et enterrés ; que l’amphithéâtre et les murailles gardoient, dans la plupart des endroits, une situation à peu près perpendiculaire, ou du moins qu’elles n’étoient inclinées que du côté de la mer ; de telle sorte que la ville ne paraissoit ni avoir été beaucoup secouée par un tremblement de terre, ni abîmée ou engloutie comme on l’auroit-cru d’abord, mais seulement poussée par le poids des terres que le Vésuve avoit fait ébouler, et ensevelie sous la quantité de matières qu’il avoit vomies de son gouffre : ce qui donneroit lieu de supposer que la cavité de ce gouffre étoit d’une énorme étendue. Ce fut dans cette idée que je montai la montagne pour examiner avec soin la disposition du local, et la manière dont pouvoit s’être produit un effet si étonnant.
Dans ma lettre à M. de Neuilly, je développe de mon mieux les conjectures qui me portent à penser que le Vésuve actuel est une montagne de nouvelle formation, tandis que le Monte di Somma, a été le cratère du volcan, dans les temps anciens. Voici les preuves que je puis vous donner à l’appui de mon opinion ; elles sont tirées de l’examen des lieux, et de ce que je me rappelle d’avoir lu, touchant le Vésuve, dans différents auteurs.
On n’ignore pas qu’il y a des volcans qui se forment où l’on n’en avoit jamais vu ; d’autres qui s’éteignent tout-à-fait ; d’autres dont les éruptions s’interrompent pendant si longtemps qu’il n’en subsiste plus aucune tradition, mais seulement quelques traces des embrasements passés, traces physiques et plus durables que ce qui dépend de la mémoire des hommes. Le Vésuve, dont les éruptions sont aujourd’hui si fréquentes, étoit dans ce dernier cas jusqu’au temps de la ruine d’Herculanum. Voici comment Strabon le décrit : « C’est, dit-il, une montagne revêtue de terres fertiles, et dont il semble qu’on ait coupé horizontalement le sommet. Ce sommet forme une plaine presque plate, entièrement stérile, couleur de cendre, et où l’on rencontre de temps en temps des cavernes pleines de fentes, dont la pierre est noircie, comme si elle avoit souffert de l’action du feu ; de sorte que l’on peut conjecturer qu’autrefois il y a eu là un volcan qui s’est éteint après avoir consumé toute la matière inflammable qui lui servoit d’aliment. Peut-être est-ce à cette cause qu’il faut attribuer l’admirable fertilité du talus de la montagne ?
On prétend que le terriloire de Catane ne produit ses excellents vins, que depuis qu’il a été recouvert par les cendres vomies par l’Etna. Il est constant que certains terrains gras, inflammables et sulfureux, deviennent très-propres à produire de bons fruits, après que le feu les a travaillés, consumés et réduits en cendres. » Tel est le rapport de Strabon, où il est essentiel de remarquer qu’il ne dit point que la montagne ait deux sommets, circonstance qu’il n’auroit assurément pas omise. Dion Cassius garde le même silence à cet égard. Il me parut donc presque certain qu’autrefois le cintre du Monte Somma étoit entier et recouvert d’une voûte formant une plaine d’un grand diamètre, minée par-dessous ; que c’étoit là toute la montagne ou l’ancien Vésuve de Strabon ; que l’inflammation qui s’y mit peu après, au temps de Pline, l’an 79 de l’ère vulgaire, produisit la terrible éruption qui fit sauter toute la voûte de cette grosse montagne ; qu’elle lança une effroyable quantité de pierres et de matières de toutes espèces, et qu’elle fit couler, comme il arrive encore de notre temps, des laves ardentes ou torrents mélangés de terre, de cendre, de soufre et de métaux fondus, dont le poids, joint aux secousses réitérées des mines, fit ébouler du talus de la montagne une quantité de terres assez grande pour ensevelir la ville d’Herculanum et les contrées voisines, sous la chute de tous ces mélanges.
Vous voyez, par le récit de Strabon, qu’il n’est pas possible de mettre en question, comme quelques savants l’ont fait à ce qu’on m’a dit, si l’éruption qui a couvert Herculanum de ses ruines, est la première éruption du Vésuve, et qu’il est au contraire certain que bien avant cette date la montagne étoit un volcan qui avoit dans le cours des siècles antérieurs, vomi des flammes et laissé couler des torrents de cette matière fondue qu’on appelle lava. Quelques personnes qui ont observé ici les anciens édifices de la ville souterraine plus à loisir et mieux que je n’ai pu le faire, m’ont assuré qu’on y voyoit des fondations de bâtiments faites en laves ; car la lave devient extrêmement dure, et étant commune dans tout le canton on l’emploie fort bien, soit pour bâtir, surtout dans les fondements, soit pour paver. On la voit mise en œuvre dans les anciens grands chemins des Romains et même à ce qu’on dit, à de grandes distances du Vésuve ; et tout le long des montagnes depuis Naples jusqu’en Toscane, on trouve des pierres fondues ou calcinées en forme de laves ou de scories, de sorte qu’il sembleroit qu’en des temps dont on a perdu toute mémoire, cette chaîne de l’Apennin qui partage l’Italie dans toute sa longueur, a été une suite de volcans. Nul doute que celui du Vésuve ne soit d’une très-haute antiquité. Vous en verrez la preuve dans le fait observé par Pichetti que je vous rapporterai tout à l’heure.
Quand il arrive une éruption, on commence à entendre dans la montagne un frémissement intérieur et du bruit semblable à celui du tonnerre. La fumée, aussi noire que de la poix, interrompue d’éclairs et de lances à feu, enveloppe tout le sommet de tourbillons. Peu après elle devient grisâtre ; le gouffre lance de son fond des quartiers de rochers d’un calibre prodigieux, qui faisoient obstacle à l’éruption. Ils roulent en retombant le long du talus, et entraînent les terres avec un terrible fracas. La cime prend feu de tous côtés ; on en voit partir le fer, le soufre, la pierre ponce, le sable, les cendres, la terre, comme une grenade d’artifice qui éclate de toutes parts. Tous les lieux où ces mélanges viennent à tomber en demeurent couverts. En 1631, il en tomba sur des vaisseaux à la rade vers la côte de Macédoine. En 472, les cendres, au rapport du comte Marcellin, volèrent jusqu’à Constantinople ; elles allèrent bien plus loin lors de l’éruption qui couvrit Herculanum. Ce fut la plus terrible de toutes. On peut juger combien cette pluie de terre fut abondante, par ce que marque Pline le jeune à Tacite, dans la lettre où il lui fait le récit de la mort funeste de son oncle. Il raconte que « ce dernier étant entré pour se reposer avec quelques gens de sa suite, dans une maison près du rivage, où il s’endormit accablé de lassitude, il fut, au bout de peu de temps, contraint d’en sortir, sur l’avis qu’on vint lui donner, qu’il alloit être bloqué dans la maison, dont la porte étoit presque à demi bouchée par les terres et les minerais que faisoit pleuvoir le Vésuve ; de sorte qu’avant que la sortie leur fût tout-à fait interdite ils se hâtèrent de s’échapper, portant des coussins sur leur tête, pour parer, le mieux qu’il seroit possible, le coup de la chute des pierres. »
Le gouffre, après avoir jeté au-dehors toutes ces matières, commence à bouillir par le fond, et s’élève comme du lait sur le feu, jusqu’à ce que la force du feu, cassant la chaudière en quelque endroit, laisse écouler la matière fondue, ou torrent d’un fer rouge, qu’on appelle lave. Elle descend lentement le long du talus, enflamme la campagne sur son passage, creuse et fait écrouler les terres qui lui font obstacle. On sent quel doit être le poids énorme de ces torrents enflammés, puisque lors de l’éruption de 1737, qui n’a pas été une des plus vives, l’un de ces torrents occupoit un espace de trois cents pas en largeur. On prétend avoir vérifié que, pendant l’éruption de 1694, la lave s’étoit amoncelée dans un fond jusqu’à la hauteur de soixante toises.
Le gouffre que la première éruption creusa dans l’ancien Vésuve, n’a pu manquer d’être d’une énorme étendue. L’abréviateur de Dion, dans la vie de Titus, le compare, pour la forme, à un amphithéâtre. « Le sommet du Vésuve, dit-il, aujourd’hui fort creux, étoit autrefois tout uni. Toute la surface extérieure, à l’exception de ce qui fut ravagé sous le règne de Titus, est aussi haute et aussi bien cultivée que jamais jusqu’à la cime, qui est encore couverte d’arbres et de vignes ; car le feu qui consume l’intérieur ne mine que le dedans, et donne au sommet la forme d’un amphithéâtre, s’il est permis de comparer les petites choses aux grandes. Nous le voyons souvent jeter de la flamme, de la fumée, des cendres et des pierres ; mais ces accidents ne sont rien en comparaison de ce qui se passa du temps de l’empereur Titus ; on crut alors que le monde alloit rentrer dans le chaos. Le Vésuve jeta tant de matériaux, que non seulement les bestiaux, les oiseaux et même les poissons du rivage périrent, mais que deux villes de Campanie, Herculanum et Pompéia, furent ensevelies sous les débris de la montagne ; les cendres furent portées jusqu’en Égypte et en Syrie. Il en vint de si gros nuages à Rome que le soleil en fut obscurci, au grand étonnement des habitants, qui ignoroient encore ce qui se passoit du côté d’Herculanum. »
L’amphithéâtre décrit ici par Xiphilin ne peut s’entendre que de la forme du Monte Somma, qui ressemble encore aujourd’hui au Colisée de Rome, dont une moitié de l’enveloppe est détruite. On ne pourroit comparer à un bâtiment de cette espèce un trou en pyramide renversée, tel qu’est le gouffre actuel du Vésuve ; l’embrasement, à force de miner les bords de l’ancien cratère, a ruiné par calcination tout le côté méridional de l’enveloppe, ne laissant subsister que la partie septentrionale, tandis que le gouffre a continué à lancer successivement de son fond des matières qui, retombant sur lui-même, ont formé dans son milieu le second sommet, proprement le Vésuve d’aujourd’hui, ainsi qu’un pain de sucre au fond d’un creuset ébréché, sommet qui est miné lui-même et où le feu, continuant à percer dans le centre un tuyau vertical, dépouille sans cesse l’intérieur de la nouvelle montagne, des matières enfermées dans son sein, pour en augmenter sa surface extérieure. Quand les matières fondues que contient le cratère viennent à se refroidir et à s’affaisser, elles y forment dans le fond une masse ou croûte endurcie, composée des débris de toutes sortes de matières hétérogènes, liées ensemble, qui se tiennent coagulées vers le fond de la chaudière, près duquel la force du feu qui avoit soulevé cette espèce de fonte, doit avoir laissé des intervalles vides ; ce sont autant de mines prêtes à jouer à la première éruption, et à revêtir de nouveaux matériaux les côtés de la montagne. Il ne paraîtra pas fort extraordinaire que le pic du Vésuve ait pu se former, tel que nous le voyons, en dix-sept cents ans, si l’on fait attention que son axe perpendiculaire, depuis l’endroit où commence la divergence des deux sommets jusqu’au dessus, ne paraît pas être haut de plus de deux cents cannes, tandis que l’élévation totale de la montagne, depuis le niveau de la mer, est de près de onze cents ; que, depuis le temps de Pline, les éruptions n’ont pas cessé d’être très-fréquentes ; que les matières lancées du fond du gouffre, où le feu a percé au milieu du cône, retombant sans cesse sur les côtés, ne peuvent manquer à la suite des siècles d’augmenter considérablement le diamètre horizontal du pic ; de même que la pyramide de sable qui se forme au fond d’un clepsydre grossit toujours à mesure que le sable tombe dessus : c’est la comparaison judicieuse que donne Addison. Misson et Addison, surtout ce dernier, ont parfaitement bien vu le Vésuve. On ne peut en douter en le voyant soi-même, après avoir lu leurs descriptions. Il n’est pas moins vrai, cependant, qu’il n’y a presque plus rien de pareil aujourd’hui à ce qu’ils en rapportent. Un gentilhomme napolitain dit à Addison, qu’il avoit vu, de son temps, le pic grossir de vingt-quatre pieds en diamètre. Du temps de Misson, en 1688, il y avoit près du sommet, à l’endroit où le pic commence, une espèce de petit amphithéâtre ; de telle sorte qu’une vallée peu profonde, enveloppée d’une enceinte peu élevée, entouroit les racines du pic. Le fond de cette vallée paraissoit formé par des laves refroidies : elle étoit comblée en 1720, au temps d’Addison ; l’enceinte de l’amphithéâtre avoit disparu ; les racines du pic n’étoient plus entourées que d’une plaine circulaire. Aujourd’hui, de nouveaux matériaux tombés d’en haut ont presque fait de cette plaine un talus ; le pic est devenu d’un plus grand diamètre ; les éruptions de 1730 et 1737 ont dégagé les parois intérieures du gouffre de plusieurs roches saillantes, que ces deux voyageurs y avoient vues. L’orifice du gouffre, que Misson n’avoit trouvé large que de cent pas, et Addison que de quatre cents pieds, est de trois cent cinquante toises.
Il arrivera de là que le feu, à force de vider l’intérieur et de miner l’épaisseur des bords du cratère, les rendra trop faibles pour résister à l’action du feu, qui les ébréchera d’un côté, comme il a fait au Monte Somma, ou les rainera tout autour dans toute la partie supérieure, qui est toujours la plus mince ; c’est ce qui est arrivé à la Solfatara, autrefois olla Vulcani, montagne voisine du Vésuve, et située de l’autre côté de Naples. On voit clairement que celle-ci n’est qu’un volcan usé, qui avoit autrefois le double au moins de hauteur. Cette montagne est peu élevée, son sommet est d’un large diamètre, comme si on en eût rasé horizontalement toute la moitié supérieure. Le feu, à force d’agir, a jadis consumé, dissipé ou renversé, toute la partie du dessus sur celle d’en bas ; l’inspection du sommet de cette montagne ne laisse aucun doute qu’elle n’ait été presque semblable au Vésuve et à son gouffre ; c’est un véritable amphithéâtre dont l’enveloppe a peu de hauteur. En un mot, comme on ne peut mieux comparer la figure du Vésuve qu’à un verre à boire, on ne peut donner une meilleure idée du sommet de la Solfatara, qu’en le comparant à un pâté ou à une jatte, dont le fond est large et les bords peu élevés. Tel seroit à peu près le Monte Somma ou l’ancien Vésuve, si l’abondance des matières n’eût pas produit au milieu un second sommet. Tel sera peut-être un jour le Vésuve actuel, quand tout ce qu’il contient d’inflammable sera consumé, et comme le gouffre de celui-ci s’élargira nécessairement toujours par la violence de l’action qui le mine, son diamètre deviendra assez étendu pour qu’une partie des matières lancées retombant dans le fond, y vienne former un troisième pic ou sommet entouré de deux enceintes extérieures ; et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’à la longue les éruptions aient comblé tous les vallons et rempli les intervalles qui se trouvent entre les enceintes, au point de ne faire du sommet de cette montagne tronquée, qu’une large plaine entourée par les bords du premier cratère, qui est toujours le plus élevé, et de lui donner la forme qu’a aujourd’hui la Solfatara ; mais, avant que ceci n’arrive, les dégorgements des gouffres continuant les effets commencés, jetteront une quantité de terrain, du sommet au pied de la montagne, sur le bord de la mer, et augmenteront de plusieurs couches la hauteur du sol du rivage, au-dessus du niveau de la mer.
Comme la ville d’Ercolano et le bourg qu’on a bâti au-dessus, ont été successivement les victimes de cette super addition de couches, le bourg de Portici et peut-être plusieurs autres, le seront de même à l’avenir, sans qu’il soit nécessaire de supposer que tous les édifices en doivent être détruits et renversés. Ils ne peuvent, à la vérité, résister aux coups des torrents enflammés, dans le lieu où ils coulent, ni à l’impétuosité des pierres lancées dans l’endroit où elles frappent ; mais tous les bâtiments qui ne seront exposés qu’à l’immense pluie de terres, sables, cendres, mines ou fragments que l’éruption fait retomber sur le rivage après les avoir élevés en l’air, seront seulement en danger d’être couverts sans être renversés. On en peut dire autant de l’éboulement des terres du talus, auquel les murailles sont capables de résister. Par-là on doit cesser de s’étonner de trouver debout une partie des murs et des édifices de la ville souterraine, et expliquer comment elle se trouve enterrée sans avoir été abîmée, et sans qu’il y ait péri qu’une seule personne, tous les habitants ayant eu le temps de s’enfuir ; car on n’y a trouvé qu’un seul cadavre. Mais par-là aussi on peut conjecturer quel sera le sort des villes actuelles et de cette contrée florissante, qui continueront toujours à disparaître, jusqu’à ce que les matières inflammables que le Vésuve contient dans son sein soient entièrement épuisées.
Ces nouvelles couches du rivage étoient, il y a cinquante ans, au moins au nombre de onze. En 1689, un architecte de Naples, nommé François Pichetti, faisant creuser un terrain entre le Vésuve et la mer, près de l’endroit où avoit été ensevelie la ville de Pompéi, trouva, dans l’espace d’environ soixante-huit pieds de profondeur, au bout desquels l’eau ne permit pas d’aller plus loin, onze lits ou couches disposés alternativement ; savoir : six de terres naturelles et cinq de laves ou matières vitrifiées des torrents du Vésuve ; la onzième couche étoit de tuf, la dixième de lave, la neuvième de terre presque aussi dure que le tuf ; entre la quatrième et la cinquième couche, à seize pieds de profondeur, on trouva du charbon, des ferrures de porte et deux inscriptions latines, d’où l’on conjectura que c’étoit là l’ancien sol de la ville de Pompéi, qui se trouveroit, si cela est, beaucoup moins enterrée que celle d’Ercolano. On a plus d’une fois eu lieu d’observer cette alternative de lits de terre, dans des endroits où le terrain végétable a été recouvert par accident et est redevenu végétable à la longue. Richard Pococke, célèbre voyageur anglais, parcourant la province de……… en Égypte, vit au village de……… près des ruines d’Arsinoé, dans un sol de terre noire et fertile, de trois pieds d’épaisseur, un puits où l’on remarquoit des couches alternatives de sable jaune, qui recouvroient d’autres couches semblables à celle de la surface.
Je ne m’étends pas davantage sur l’opération de Pichetti, dont vous pourrez voir le détail, soit dans la troisième décade de l’Histoire universelle de Bianchini, soit dans l’extrait qu’en a donné Fréret au tome IX de nos Mémoires. Je me contente de vous marquer qu’il y auroit bien des choses à dire sur le calcul hypothétique que fait Bianchini, d’où il prétend inférer que la dixième couche, qu’il regarde comme la plus ancienne lave qu’ait jamais vomie le Vésuve, et par conséquent la première éruption de cette montagne, peut être fixée à l’an 2500 avant l’ère vulgaire. J’essaierai tout à l’heure de faire un calcul plus exact que celui de Bianchini, et, selon l’apparence, il nous donnera une antiquité plus reculée de nombre de siècles. Il est évident que toute cette augmentation de terrain n’est pas sortie de la cavité actuelle du Vésuve, et n’a pu être fournie que par le gouffre spacieux du Monte Somma, que j’ai dit être l’ancien gouffre qui sauta au temps de Pline ; et même la vallée qui le sépare du Vésuve s’appelle encore Atrium ou foyer, marque évidente que c’est là qu’étoit autrefois le volcan. Mais voici une observation qui prouve sans réplique que l’ancien Vésuve n’avoit qu’un sommet, et que ce sommet unique étoit le Monte Somma : cette observation est tirée d’un manuscrit que l’abbé Entieri m’a communiqué à Naples, duquel j’ai déjà tiré quelques-unes des choses ci-devant alléguées. En creusant dans le voisinage d’un monastère situé vers la racine extérieure du Monte Somma, du côté du nord, on y a trouvé des laves à la profondeur de deux cents pieds en terre. Or, il est clair que ces laves qui ne se lancent point, mais qui coulent lentement du gouffre jusque dans la plaine, n’ont pu venir que du Monte Somma, et non du Vésuve, qui est séparé de ce monastère, tant par le Monte Somma, que par la vallée qui règne entre les deux montagnes.
Je reviens au calcul fait par Bianchini, et je veux le refaire à mon tour, par une estimation plus exacte. Nous verrons quel en sera le produit.
Essai de calcul sur la date de la dixième couche de laves du vesuve trouvée par pichetti, en 1689, du côté ou étoit autrefois la ville de Pompéi, à un mille de la mer.
Première couche. — Terre légère et labourée, douze palmes.
Seconde couche. — Lave ou pierres vitrifiées.
Troisième couche. — Terre pure, trois palmes.
Quatrième couche. — Lave sous laquelle on trouve du bois brûlé, des ferrures, des portes, etc., e due inscrizioni, le quali dimostravano quella essere stata la città de Pompei.
Par conséquent, la quatrième couche est l’éruption de l’an de l’ère vulgaire 79.
Ici est le sol de Pompéi ; ce qui donne seize siècles pour quinze palmes de terre non pressée ni condensée.
Cinquième couche. — Terre franche et ferrures, dix palmes.
Si quinze palmes de terre non dense donnent seize siècles, ces dix palmes de terre plus dense, donnent au moins douze siècles.
Et il est si vrai que cette cinquième couche de terre a eu au moins douze siècles pour se former par-dessus la précédente éruption, c’est-à-dire par-dessus la sixième couche qui est de lave, qu’au rapport de Strabon, vivant sous le règne d’Auguste, un siècle avant l’éruption qui, l’an 79 de l’ère vulgaire forma la quatrième couche de lave, on n’avoit pas en Italie la moindre tradition d’aucune éruption précédente ; le vulgaire ignoroit que le Vésuve fût un volcan. Si les naturalistes en avoient quelque soupçon fondé sur leurs observations, les faits n’en apprenoient rien du tout. Remarquez en même temps que la tradition n’est pas du nombre de celles qui se perdent facilement.
Or, la tradition en Italie (laissant à part les temps fabuleux), doit être supposée remonter, soit au temps de la prise de Troie et du commencement des rois d’Albe, douze siècles avant l’ère vulgaire, soit au temps du voyage de l’Hercule Tyrien en Italie, où il établit des rits et des monuments qui ont longtemps subsisté depuis, et dont la mémoire dure encore de nos jours.
Or Hercule passa en Italie au retour de son expédition d’Espagne, où il bâtit la ville de Cadix.
La ville de Cadix, selon Velleius, fut bâtie par Hercule au temps de l’archontat de Médon, fils de Codrus ; ce qui donne onze siècles avant l’ère vulgaire. Selon mon sentiment, le voyage d’Hercule est postérieur de peu de chose à l’invasion de Josué en Chanaan, ce qui donneroit environ quinze siècles avant l’ère vulgaire. J’ai prouvé ailleurs que la découverte de l’Europe, par les marchands de Tyr, vulgairement nommés Hercules, mot phénicien qui signifie commerçants par mer, étoit de cette date. Ce fut en effet dans ce lemps-là que les peuples de la Palestine, se voyant pressés dans leur propre terrain par une troupe nombreuse de pasteurs arabes, nouvellement chassés d’Égypte, prirent le parti d’aller sur leurs vaisseaux chercher de nouvelles terres, et fondèrent tant de colonies vers l’occident, sur les deux bords de la mer Méditerranée ; mais tenons-nous-en, si l’on veut, à Velleius.
Sixième couche. — Lave ou éruption au moins antérieure de douze siècles à l’ère vulgaire, même à supposer que la plus prochaine éruption ait coulé en cet endroit.
Septième couche. — Terre beaucoup plus dense, huit palmes ; estimée, à raison de la plus grande densité, douze siècles.
Huitième couche. — Lave ou éruption, vingt-quatre siècles avant l’ère vulgaire.
Neuvième couche. — Terre tout-à-fait dense, tufière et presque aussi dure que la pierre poreuse, vingt-cinq palmes ; estimée, à raison de la plus grande densité, quarante siècles. Si c’étoit de la terre légère labourable, elle vaudroit vingt-sept siècles ; ainsi on ne peut pas dire que l’estimation soit trop forte.
Dixième couche. — Lave ou éruption environ soixante-quatre siècles avant l’ère vulgaire, c’est-à-dire dix- sept siècles avant la période Julienne.
Onzième couche. — Terre tout-à-fait réduite en consistance de tuf ou de pierre poreuse, semblable sans doute aux couches de terres précédentes, avant qu’elle n’eût été si fort condensée par la pression. Ici est l’ancien sol ou surface du monde, supposé qu’il n’y ait plus de couches de laves au-dessous de celle-ci ; ce que l’on pourroit assurer, si la couche étoit de pierres de roche vive et franche. Comme elle n’est au contraire qu’un tuf pierreux, qui ne diffère de la couche supérieure que par sa plus grande densité, il est fort possible qu’il reste au-dessous plusieurs autres couches alternatives de laves et de terre pierreuse encore plus dense.
Total des onze couches, quatre-vingt-un siècles, au lieu de quarante-deux, comme le prétend Bianchini, même en supposant qu’il n’y auroit plus de couches de lave inférieures à celles-ci, et qu’à toutes les éruptions l’écoulement de la lave est toujours tombé dans cet endroit-ci, ce qui n’est ni possible ni vraisemblable.
https://zims-lfr.kiwix.campusafrica.gos.orange.com/wikisource_fr_all_maxi/A/Lettres_famili%C3%A8res_%C3%A9crites_d%E2%80%99Italie_T.1/M%C3%A9moire_sur_le_V%C3%A9suve
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Le visiteur qui entre dans la Rotonde de la Bourse de Commerce lève d’emblée la tête vers la coupole culminant quarante mètres plus haut. Il découvre alors l’immense décor peint en 1889 qui se déploie à 360 degrés. Retour sur une restauration hors-norme. La toile marouflée nous offre un décor impressionnant par ses dimensions :10 mètres de haut pour 140 mètres de long, soit 1 400 mètres carrés de toiles.
Le thème du décor traite l’expansion et la modernité de la France à travers le commerce dans le monde entier.
http://www.paris-autrement.paris/bourse-de-commerce-pinault-collection-panorama-du-commerce/
Sur l'immensité de la toile marouflée , devinez quoi ? ... notre guide nous désigne le Vésuve ! Si, si, écarquillez bien les yeux et découvrez-le , fumant dans le lointain !!!
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
Merci pour cette nouvelle image tellement agreste , et la mise en vue de la perspective du palais de Marie-Caroline vers le volcan.
La nuit, la neige a écrit:
Une vue du palais de Caserte à la fin du 18e siècle, début du 19e siècle ; le Vésuve en arrière plan, à gauche...
View of the royal palace of Caserta
Painter of the 18th/ 19th century
Oil on canvas. Relined.
61 x 105 cm
Image et infos complémentaires : Hampel Auctions - Berlin, vente du 29 juin 2023
Il s'agirait donc de la façade côté parc et jardin anglais. Je n'ai pas trouvé mieux comme image contemporaine à mettre en perspective avec cette vue...
Image : Pinterest
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Re: Le Vésuve, décrit par les contemporains du XVIIIe siècle
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