Portrait biographique et moral de Louis XVI
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Sa famille française :: Louis XVI
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Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
Personnellement, et au delà de sa soumission au destin, à la fatalité, ou donc à la "volonté de Dieu" (jusqu'au point d'accepter de boire le calice jusqu'à la lie), je suis de l'avis de quasiment tous ses contemporains : Louis XVI est aussi, de tempérament, l'homme des "demi".
Demi-moyens, demi-volonté, demi-mesures etc.
Qu'il s'agisse de la Révolution ou de Varennes, on en est là.
Il résiste et/ou renonce, il refuse et/ou accepte, se cabre et/ou s'efface.
En bref, il louvoie, et il a bien du mal à "choisir". Ce qui est regrettable et extrêmement dangereux dans une période comme celle-ci, et dans une position comme la sienne. La preuve.
Car enfin, et pour en revenir à Varennes, il ne s'agit pas d'une petite promenade à la campagne...
Le projet est certes de fuir l'enfermement parisien ; mais aussi de rejoindre Montmédy, afin d'y retrouver des forces armées (et je rappelle que des troupes étrangères sont également regroupées aux frontières).
Je veux bien imaginer que sa volonté contre-révolutionnaire (c'est bien de cela dont il s'agit) soit, naïvement, essentiellement axée sur une reconquête "pacifique" de son pouvoir (ou une partie de son pouvoir) mais enfin, le cas échéant, ce ne sont pas non plus des moyens "light" qui sont donc envisagés.
Idem pour l'expédition, dont il connait les détails.
Il est donc accompagné de forces armées. Ce n'est pas pour la parade, mais bien pour le protéger, protéger les siens, ou donc aussi sa cause (puisqu'il veut la défendre).
C'est à dire qu'il fallait bien, tout de même, imaginer que ces forces pouvaient éventuellement être utilisées.
Sinon pourquoi les prévoir ?
Mais non. Il refuse.
C'est louable, si l'on veut, mais vain.
Car on ne peut pas dire non plus qu'il harangue la foule, la main sur le coeur, pour prêcher sa cause et convaincre son "peuple".
Ni l'une ni l'autre de ces options est choisie : il s'affaisse, se soumet et n'agit pas.
De la même manière, pourquoi ne s'est-il pas montré davantage dans Paris, à la reconquête de son "peuple" le plus turbulent (pensait-il). Il est très généralement resté cloitré aux Tuileries.
Etrange comportement, quasi suicidaire, d'autant plus qu'il sait bien avoir laissé derrière lui une déclaration écrite ô combien dangereuse pour sa sécurité et celle des siens. Comment peut-il l'oublier ?
L'expédition de Montmédy était donc un acte décisionnel important, qui ne pouvait guère souffrir de demi-mesure.
Ce passif retour à la case départ, avec une position encore plus défavorable ne pouvait donc présager rien de bon ou de salutaire. Evidemment.
Demi-moyens, demi-volonté, demi-mesures etc.
Qu'il s'agisse de la Révolution ou de Varennes, on en est là.
Il résiste et/ou renonce, il refuse et/ou accepte, se cabre et/ou s'efface.
En bref, il louvoie, et il a bien du mal à "choisir". Ce qui est regrettable et extrêmement dangereux dans une période comme celle-ci, et dans une position comme la sienne. La preuve.
Car enfin, et pour en revenir à Varennes, il ne s'agit pas d'une petite promenade à la campagne...
Le projet est certes de fuir l'enfermement parisien ; mais aussi de rejoindre Montmédy, afin d'y retrouver des forces armées (et je rappelle que des troupes étrangères sont également regroupées aux frontières).
Je veux bien imaginer que sa volonté contre-révolutionnaire (c'est bien de cela dont il s'agit) soit, naïvement, essentiellement axée sur une reconquête "pacifique" de son pouvoir (ou une partie de son pouvoir) mais enfin, le cas échéant, ce ne sont pas non plus des moyens "light" qui sont donc envisagés.
Idem pour l'expédition, dont il connait les détails.
Il est donc accompagné de forces armées. Ce n'est pas pour la parade, mais bien pour le protéger, protéger les siens, ou donc aussi sa cause (puisqu'il veut la défendre).
C'est à dire qu'il fallait bien, tout de même, imaginer que ces forces pouvaient éventuellement être utilisées.
Sinon pourquoi les prévoir ?
Mais non. Il refuse.
C'est louable, si l'on veut, mais vain.
Car on ne peut pas dire non plus qu'il harangue la foule, la main sur le coeur, pour prêcher sa cause et convaincre son "peuple".
Ni l'une ni l'autre de ces options est choisie : il s'affaisse, se soumet et n'agit pas.
De la même manière, pourquoi ne s'est-il pas montré davantage dans Paris, à la reconquête de son "peuple" le plus turbulent (pensait-il). Il est très généralement resté cloitré aux Tuileries.
Etrange comportement, quasi suicidaire, d'autant plus qu'il sait bien avoir laissé derrière lui une déclaration écrite ô combien dangereuse pour sa sécurité et celle des siens. Comment peut-il l'oublier ?
L'expédition de Montmédy était donc un acte décisionnel important, qui ne pouvait guère souffrir de demi-mesure.
Ce passif retour à la case départ, avec une position encore plus défavorable ne pouvait donc présager rien de bon ou de salutaire. Evidemment.
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
Il ne faut pas oublier non plus la nuit du 5 au 6 octobre. Louis XVI était parfaitement conscient du fait que la populace en voulait à Sa femme.
Tu parles Majesté de cet aristocrate assassiné, M. de Dampierre si ma mémoire est exacte, c'est vrai qu'Ils étaient déjà repartis. Mais le voyage fût long pour le retour et la possibilité de fuir par la rivière à je ne sais plus quelle étape était envisageable, maintenant la reine ne voulait pas quitter le Roi, mais les enfants eux durent suivre.
Tu parles Majesté de cet aristocrate assassiné, M. de Dampierre si ma mémoire est exacte, c'est vrai qu'Ils étaient déjà repartis. Mais le voyage fût long pour le retour et la possibilité de fuir par la rivière à je ne sais plus quelle étape était envisageable, maintenant la reine ne voulait pas quitter le Roi, mais les enfants eux durent suivre.
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Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3193
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
La nuit, la neige a écrit:Personnellement, et au delà de sa soumission au destin, à la fatalité, ou donc à la "volonté de Dieu" (jusqu'au point d'accepter de boire le calice jusqu'à la lie), je suis de l'avis de quasiment tous ses contemporains : Louis XVI est aussi, de tempérament, l'homme des "demi".
Demi-moyens, demi-volonté, demi-mesures etc.
C'est exactement mon ressenti aussi !
Et c'est ce en quoi nous sommes tous si révoltés par son attitude.
Quoiqu'il fasse, Louis XVI ne le fait pas avec assez de conviction... même l'évasion...
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
N'oublions pas que si le sang coulait d'un côté (l'armée loyaliste contre le peuple de Varennes refusant absolument de laisser partir le roi et sa famille), la réciproque s'applique. Même si en face, ce ne sont pas des soldats excpérimentés, tout bon paysan de base sait tirer. Mal, donc avec des conséquences plus graves.
Pourquoi donc Louis XVI aurait-il pris ce risque ?
En rajoutant qu'en faisant tirer sur des villageois, toute son équipée perdait son sens, à savoir rassembler la province autour de lui contre Paris. Mettre à l'abri sa famille n'est que son second objectif.
Rétablir l'ordre et le calme, conserver sa popularité, assurer le bien-être du peup sont sa priorité depuis le début de la Révolution. Sinon il serait parti à Rambouillet, voire plus loin dès le 14 juillet !
Et traiter d'apathique, si ce n'est de lâche un Louis XVI qui n'a pas hésité à entrer dans Paris le 17 juillet, au risque de se faire assassiner, c'est je trouve exagéré. Et mal connaitre la psychologie de Louis XVI.
Car qu'est-ce qui nous bloque essentiellement chez lui ? C'est son absence, à première vue, d'émotions. Comme si tout coulait sur lui, ou rebondit. C'est en effet très spécial à appréhender. Mais il s'agit d'une attitude royale.
Même Marie-Antoinette qui pourtant exprime ses émotions au centuple, quand surviennent les moments graves, agit comme si rien ne la touchait.
Elle espère même ressembler à son mari quand viendra pour elle elle aussi son dernier moment. Pourtant elle ne l'a pas vu, mais elle le sait parce qu'elle le connaît.
Elle en a souffert plus que quiconque mais elle sait que pour ces situations absolues, c'est l'attitude qu'il faut avoir.
Ce manque d'émotions se retrouve, avec quelle frustration pour ses lecteurs, dans les souvenirs de leur fille. Presque rien ne transparaît de ses souffrances pourtant énormes.
C'est l'éducation qu'elle a reçue, c'est le modèle de son père.
Une princesse bien élevée ne doit pas exprimer ses émotions, c'est ainsi.
Attention : je ne dis pas que j'apprécie forcément cette attitude.
C'est juste ainsi et on ne peut juger un roi d'agir en roi.
C'est exactement le reproche principal que l'on fait à Elizabeth II. Elle agit juste en reine digne de ce nom.
Et quand très rarement sa parole exprime une émotion, cela apporte une valeur difficilement comparable. C'est donc efficace et précieux.
Enfin pour terminer, vous imaginez la réputation de Louis XVI s'il avait donné l'ordre de massacrer les villageois de Varennes et alentours ?
Non, ce n'est pas concevable.
Pourquoi donc Louis XVI aurait-il pris ce risque ?
En rajoutant qu'en faisant tirer sur des villageois, toute son équipée perdait son sens, à savoir rassembler la province autour de lui contre Paris. Mettre à l'abri sa famille n'est que son second objectif.
Rétablir l'ordre et le calme, conserver sa popularité, assurer le bien-être du peup sont sa priorité depuis le début de la Révolution. Sinon il serait parti à Rambouillet, voire plus loin dès le 14 juillet !
Et traiter d'apathique, si ce n'est de lâche un Louis XVI qui n'a pas hésité à entrer dans Paris le 17 juillet, au risque de se faire assassiner, c'est je trouve exagéré. Et mal connaitre la psychologie de Louis XVI.
Car qu'est-ce qui nous bloque essentiellement chez lui ? C'est son absence, à première vue, d'émotions. Comme si tout coulait sur lui, ou rebondit. C'est en effet très spécial à appréhender. Mais il s'agit d'une attitude royale.
Même Marie-Antoinette qui pourtant exprime ses émotions au centuple, quand surviennent les moments graves, agit comme si rien ne la touchait.
Elle espère même ressembler à son mari quand viendra pour elle elle aussi son dernier moment. Pourtant elle ne l'a pas vu, mais elle le sait parce qu'elle le connaît.
Elle en a souffert plus que quiconque mais elle sait que pour ces situations absolues, c'est l'attitude qu'il faut avoir.
Ce manque d'émotions se retrouve, avec quelle frustration pour ses lecteurs, dans les souvenirs de leur fille. Presque rien ne transparaît de ses souffrances pourtant énormes.
C'est l'éducation qu'elle a reçue, c'est le modèle de son père.
Une princesse bien élevée ne doit pas exprimer ses émotions, c'est ainsi.
Attention : je ne dis pas que j'apprécie forcément cette attitude.
C'est juste ainsi et on ne peut juger un roi d'agir en roi.
C'est exactement le reproche principal que l'on fait à Elizabeth II. Elle agit juste en reine digne de ce nom.
Et quand très rarement sa parole exprime une émotion, cela apporte une valeur difficilement comparable. C'est donc efficace et précieux.
Enfin pour terminer, vous imaginez la réputation de Louis XVI s'il avait donné l'ordre de massacrer les villageois de Varennes et alentours ?
Non, ce n'est pas concevable.
Invité- Invité
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
reinette a écrit:Enfin pour terminer, vous imaginez la réputation de Louis XVI s'il avait donné l'ordre de massacrer les villageois de Varennes et alentours ?
Non, ce n'est pas concevable
Certes non mais il aurait pu ou dû négocier les enfants.
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Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3193
Date d'inscription : 02/01/2014
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Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
;
Qui parle de massacrer qui ? Il ne s'agissait pas de massacrer des villageois un peu hébétés par l'événement. Si Deslon avec l'aval de Louis XVI avait dit sabre au clair " En avant ! ", ces gens de Varennes auraient-ils plus longtemps fait barrage ? Rien n'est moins sûr.
Il suffisait de les bousculer un peu, de les intimider, pas de les massacrer .
Comme le fait si justement remarquer la nuit, la neige, pourquoi avoir positionné divers régiments sur la route de Montmédy si c'était pour les immobiliser, les paralyser devant l'ennemi ?
Enfin quoi ! Y avait-il un Roi à Varennes ?
Qui parle de massacrer qui ? Il ne s'agissait pas de massacrer des villageois un peu hébétés par l'événement. Si Deslon avec l'aval de Louis XVI avait dit sabre au clair " En avant ! ", ces gens de Varennes auraient-ils plus longtemps fait barrage ? Rien n'est moins sûr.
Il suffisait de les bousculer un peu, de les intimider, pas de les massacrer .
Comme le fait si justement remarquer la nuit, la neige, pourquoi avoir positionné divers régiments sur la route de Montmédy si c'était pour les immobiliser, les paralyser devant l'ennemi ?
Enfin quoi ! Y avait-il un Roi à Varennes ?
Dernière édition par Mme de Sabran le Mer 13 Sep - 15:01, édité 1 fois
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Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
Je crois que JAMAIS Louis XVI ne s'est senti en danger face à son peuple, puis il y eût la douche froide à la fin. C'était impossible dans son for intérieur. Varennes, son comportement apathique (comme cela lui est déjà arrivé et arrivera par la suite), vient de son gros problème : le doute. Il veut croire à sa fuite, mais il n'en est pas convaincu. Il a peur pour sa femme, ses enfants et sa soeur, il croit en l'"amour inconditionnel de son peuple.". Maintenant, vous avez tous, à votre façon, bien cerné, le caractère et les manquements du Roi. L'exemple de la Reine Elisabeth II d'Angleterre le montre bien. Cette femme ne s'en ira qu'à sa mort, probablement. Pourquoi ? Qu'a-t-elle encore à prouver après tant d'années ? Rien de plus. Elle a un devoir face à son peuple : le servir jusqu'au bout. Louis XVI s'est trompé sur la gravité de l'époque car il avait en exemple tous ses ancêtres, et il était inconcevable qu'il laisse (malgré la fuite de Varennes) son peuple (encore) seul face à ses responsbilités. Maintenant, qu'auraient fait Louis XIV, Louis XV, Henri IV, voire Louis IX face à la Révolution ? Comment se défaire psychiquement d'un millénaire de règne, quand on a le tout pouvoir, on se croit invicible, malheureusement ,et on a une telle foi en ses convictions royales qu'on ne peut penser à toute fin tragique.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
Pour rebondir sur l'éventualité d'un départ de Varennes vers Montmédy, il me semble (sans certitude), que deux tentatives ont été proposées à Louis XVI, l'une relativement possible, mais la seconde plus problématique en raison de l'afflux de la population devant la maison Sauce ? Il est possible que je me trompe, je n'ai pas ma documentation avec moi là...
Pour ce qui concerne les risques, il étaient là évidemment ! Les hussards étaient présents pour dissuader la population, mais on sait bien qu'avec le vacarme qu'avait provoqué la présence du roi, certains villageois étaient probablement armés de faux, de piques, de couteaux, peut-être des armes à feu. Les hussards, malgré leurs sabres, et en cas de gestes physiques hostiles en auraient pris pour leur compte... À ce stade, la famille royale à cheval, malgré les soldats, courait un danger.
Bref, dans mon esprit, je crois me souvenir de deux tentatives, la première beaucoup plus aisée. N'ayant pas les sources à portée de main, je ne peux rien affirmer.
Pour ce qui concerne les risques, il étaient là évidemment ! Les hussards étaient présents pour dissuader la population, mais on sait bien qu'avec le vacarme qu'avait provoqué la présence du roi, certains villageois étaient probablement armés de faux, de piques, de couteaux, peut-être des armes à feu. Les hussards, malgré leurs sabres, et en cas de gestes physiques hostiles en auraient pris pour leur compte... À ce stade, la famille royale à cheval, malgré les soldats, courait un danger.
Bref, dans mon esprit, je crois me souvenir de deux tentatives, la première beaucoup plus aisée. N'ayant pas les sources à portée de main, je ne peux rien affirmer.
Dominique Poulin- Messages : 7016
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
Dominique Poulin a écrit:À ce stade, la famille royale à cheval, malgré les soldats, courait un danger.
Malheureusement la dangerosité de la situation sera pour plus tard. Il me semble effectivement bien que deux possibilité aient été proposées l'une assez tôt d'ailleurs avant que la population des alentours entende le tocsin et l'autre le lendemain matin mais là c'était trop tard.
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Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3193
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
Oui, c'est bien cela.
J'ajoute que la proposition du petit matin vient après l'arrivée à Varennes des envoyés de l'Assemblée, porteurs du décret qui appelle tous les fonctionnaires publics, gardes, ou troupes à stopper le roi et sa famille, prétendument "enlevés".
Ce qui fait bondir Marie-Antoinette, et accable Louis XVI.
Dans les deux cas, elle semble avoir été favorable à une sortie "musclée", écoutant son tempérament, son instinct de survie, et donc les professionnels armés qui, eux, ont jugé que c'était "jouable", voire préférable, même s'il y avait des risques.
Louis XVI ne l'a pas souhaité ; préférant s'en remettre au destin et/ou à un autre, c'est à dire attendre Bouillé.
Qui ne viendra pas à temps, nous le savons.
On leur proposera à nouveau une "exfiltration" à Dormans.
Refusée également.
J'ajoute que la proposition du petit matin vient après l'arrivée à Varennes des envoyés de l'Assemblée, porteurs du décret qui appelle tous les fonctionnaires publics, gardes, ou troupes à stopper le roi et sa famille, prétendument "enlevés".
Ce qui fait bondir Marie-Antoinette, et accable Louis XVI.
Dans les deux cas, elle semble avoir été favorable à une sortie "musclée", écoutant son tempérament, son instinct de survie, et donc les professionnels armés qui, eux, ont jugé que c'était "jouable", voire préférable, même s'il y avait des risques.
Louis XVI ne l'a pas souhaité ; préférant s'en remettre au destin et/ou à un autre, c'est à dire attendre Bouillé.
Qui ne viendra pas à temps, nous le savons.
On leur proposera à nouveau une "exfiltration" à Dormans.
Refusée également.
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
Reconnu à Sainte-Menehould par le maître de poste Drouet,
Louis XVI trouve à onze heures du soir, le 21, la commune de Varennes en émoi. En ne rencontrant pas sur la hauteur de Varennes le relai attendu, il a compris le danger et envoyé chercher le commandant des hussards. Celui-ci ne vient pas. Il faut composer pour se faire ouvrir la porte de la ville, exiber des passeports ; bien que ces papiers soient reconnus en règle, les jacobins de la commune ameutés par Drouet s'opposent au départ, le tocsin sonne. On connaît la ruse de Sauce, procureur de la commune, faisant entrer la famille royale dans sa maison, tandis que le conseil municipal délibère ; les passeports sont saisis, le Roi, reconnu officiellement, est arrêté. En ce moment accourent MM. de Choiseul, de Damas et de Goguelat à la tête d'un détachement de hussards. Ils tentent de dégager le Roi. Il est trop tard. La première parole de Louis XVI à Goguelat est : « Eh bien! quand partons-nous? — Sire, nous attendons vos ordres. »
Demander des ordres à Louis XVI, c'était lui laisser le temps de l'indécision. Il eut peur du sang versé si la foule offrait quelque résistance au passage de la troupe royale... La populace commençait à gronder, on laissa le temps aux barricades de s'élever, plusieurs heures furent ainsi irrémédiablement perdues. Quand, à cinq heures du matin, le détachement de Dun commandé par M. Deslon demanda les ordres du Roi : « Mes ordres? répondit Louis XVI avec amertume, je suis prisonnier et n'en ai point à donner. »
A ce moment le Roi espérait encore dans les troupes de Bouillé que son fils était allé prévenir. Avant que n'arrivât le marquis de Bouille, les émissaires de l'Assemblée, Romeuf, aide de camp de la Fayette, et Bayon, auxquels s'était joint Palloy, envoyé du maire de Paris, avaient signifié au Roi les décrets de l'Assemblée. Toute résistance était devenue inutile... Louis XVI se résigna à son sort et le triste cortège partit pour Paris.
1. Chargé avec un escadron de hussards de surveiller le premier relai de Pont-Somme ves le, le duc de Choiseul perdit patience en voyant que le Roi annoncé pour deux heures n'était pas arrivé à cinq, et se replia avec son détachement.
Louis XVI trouve à onze heures du soir, le 21, la commune de Varennes en émoi. En ne rencontrant pas sur la hauteur de Varennes le relai attendu, il a compris le danger et envoyé chercher le commandant des hussards. Celui-ci ne vient pas. Il faut composer pour se faire ouvrir la porte de la ville, exiber des passeports ; bien que ces papiers soient reconnus en règle, les jacobins de la commune ameutés par Drouet s'opposent au départ, le tocsin sonne. On connaît la ruse de Sauce, procureur de la commune, faisant entrer la famille royale dans sa maison, tandis que le conseil municipal délibère ; les passeports sont saisis, le Roi, reconnu officiellement, est arrêté. En ce moment accourent MM. de Choiseul, de Damas et de Goguelat à la tête d'un détachement de hussards. Ils tentent de dégager le Roi. Il est trop tard. La première parole de Louis XVI à Goguelat est : « Eh bien! quand partons-nous? — Sire, nous attendons vos ordres. »
Demander des ordres à Louis XVI, c'était lui laisser le temps de l'indécision. Il eut peur du sang versé si la foule offrait quelque résistance au passage de la troupe royale... La populace commençait à gronder, on laissa le temps aux barricades de s'élever, plusieurs heures furent ainsi irrémédiablement perdues. Quand, à cinq heures du matin, le détachement de Dun commandé par M. Deslon demanda les ordres du Roi : « Mes ordres? répondit Louis XVI avec amertume, je suis prisonnier et n'en ai point à donner. »
A ce moment le Roi espérait encore dans les troupes de Bouillé que son fils était allé prévenir. Avant que n'arrivât le marquis de Bouille, les émissaires de l'Assemblée, Romeuf, aide de camp de la Fayette, et Bayon, auxquels s'était joint Palloy, envoyé du maire de Paris, avaient signifié au Roi les décrets de l'Assemblée. Toute résistance était devenue inutile... Louis XVI se résigna à son sort et le triste cortège partit pour Paris.
1. Chargé avec un escadron de hussards de surveiller le premier relai de Pont-Somme ves le, le duc de Choiseul perdit patience en voyant que le Roi annoncé pour deux heures n'était pas arrivé à cinq, et se replia avec son détachement.
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Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
Ah ? Je n'avais pas pensé à une "ruse" de Sauce.
Lui aussi, ce soir là, ce qui lui tombe sur le coin de la tronche, tout de même !
Il a dû "refaire le film" dans sa tête le restant de sa vie...
Lui aussi, ce soir là, ce qui lui tombe sur le coin de la tronche, tout de même !
Il a dû "refaire le film" dans sa tête le restant de sa vie...
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
Je ne me souvenais plus qu'il était procureur de la commune .
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Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
... un peu rustre :
Le roi, quelque temps après la mort de Louis XV, fit terminer, avant le temps ordinaire, un concert qui l’ennuyait, et dit : « Voilà assez de musique. »
Les concertants le surent, et l’un d’eux dit à l’autre : « Mon ami, quel régne se prépare ! »
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Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
Louis XVI était-il connu pour être amateur de musique ?
Cela ne me dit rien.
Cela ne me dit rien.
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
Mme de Sabran a écrit:
... un peu rustre :
Louis XVI était coutumier du fait. Il fit stopper une représentation théâtrale en plein milieu à Fontainebleau, au prétexte qu'elle était mauvaise.
C'est Rirette qui narre cette regrettable circonstance dans ses mémoires :
Extrait des mémoires de Mme Campan
A sa décharge, il faut dire que des personnages qui meurent empoisonnés par du pâté c'est pas ce qu'il y a de plus glamour !
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
La nuit, la neige a écrit:Louis XVI était-il connu pour être amateur de musique ?
Cela ne me dit rien.
Non, il aimait la chasse ... ( pas moi )
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Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
Le roi réalise d'une manière moins satisfaisante l'idéal de Mme de Laage. Il n'en est que plus touchant de voir comme elle essaie de concilier la haute idée qu'elle a du roi de France, avec la pauvre figure qu'elle a sous les yeux. Certes, elle rend justice à l'amour de Louis XVI pour son peuple, à ses vertus, mais elle ne peut s'empêcher de lui en vouloir " que sa personne aille si mal à sa place ". Ses manières brusques et sa tournure pesante la désolent; elle regrette qu'il soit incapable de montrer la force de son autorité et la tendresse de son coeur. " Ses gros rires, hier soir, à sa partie de billard nous faisaient mal. Il me semblait qu'il devait avoir la tête trop pleine pour jouer si ce n'est par contenance. Et son pauvre enfant qui est si mal ! Il est cependant vrai qu'il l'aime, il est si bon père ! Mais le naturel surmonte même ses chagrins. Il ne m'a pas fait l'honneur de me parler autrement que pour m'offrir à table d'une grosse bête qu'il coupait. "
Source :
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Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
Même source .
Mme de Laage de Volude, le 31 juillet 1792 :
Elle ( Mme de Ginestous ) m'assura que le Roi avait beaucoup de partisans. Personne ne doutait que le Roi n'en eût beaucoup, mais il n'a jamais voulu accepter leur secours. Son amour pour son peuple, poussé à un degré mal entendu, et, j'ose le dire, sa faiblesse, ont bien plus contribué à sa perte et à la nôtre que tous les efforts réunis des monstres que ce siècle et notre malheureux pays ont vu naître .
Mme de Laage de Volude, le 31 juillet 1792 :
Elle ( Mme de Ginestous ) m'assura que le Roi avait beaucoup de partisans. Personne ne doutait que le Roi n'en eût beaucoup, mais il n'a jamais voulu accepter leur secours. Son amour pour son peuple, poussé à un degré mal entendu, et, j'ose le dire, sa faiblesse, ont bien plus contribué à sa perte et à la nôtre que tous les efforts réunis des monstres que ce siècle et notre malheureux pays ont vu naître .
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Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
Oui, en lisant ces témoignages, je me suis demandé si Louis XVI ne souffrait pas d'une inhibition psychique profonde, car de très nombreux exemples révèlent un comportement qui le place "en dehors du monde" : indifférence puis méfiance à l'égard de la reine, sexualité difficile, absence de liens d'amitié, cacophonie dans sa politique de réforme financière, approche difficile de son entourage..
Il me donne l'impression d'être mal à l'aise partout, sauf peut-être à la chasse sur son cheval, ou à l'intérieur de ses appartements privés.
Il me donne l'impression d'être mal à l'aise partout, sauf peut-être à la chasse sur son cheval, ou à l'intérieur de ses appartements privés.
Dominique Poulin- Messages : 7016
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
Roi-cavalerie a écrit:Chers amis,
Encore un petit mot sur ce sujet et ce qu'il nous révèle de la personnalité de Louis XVI!
Au récit des journées des 5 et 6 octobres 1789, telles que nous les fait revivre Alexandre Maral, je me suis surpris à me remémorer ces quelques lignes de la conclusion que Joël Félix avait donnée à son livre Louis XVI et Marie-Antoinette un couple en politique (Biographie Payot). Il m'a semblé que le Louis XVI que nous voyons se débattre avec les mégères et les poissardes parisiennes puis capituler en acceptant de revenir à Paris dans le récit de Maral diffère par bien des points du Louis XVI de Joël Félix. Voici ce que nous dit J Félix :
"Avec une telle éducation et des ancêtres aussi célèbres érigés en modèle, Louis XVI ne pouvait pas être un esprit faible et encore moins un homme indécis. Peut-on d'ailleurs vraiment déceler de la faiblesse chez un roi qui fit enfermer Beaumarchais sur un coup de tête à cause de quelques phrases peu respectueuses, qui punit le cardinal de Rohan après que le Parlement l'avait déchargé de toute accusation dans l'affaire du collier, qui résista aux pressions des notables, envoya le Parlement de Paris à Troyes, exila pendant 4 mois le duc d'Orléans ainsi que plusieurs magistrats parisiens et provinciaux en captivité près d'une année ? Doit-on croire que ce fut un roi irrésolu qui a l'issue de trois discussions en Conseil, se rendit devant la représentation nationale le 23 juin 1789 pour casser les décisions du tiers état puis fit aussitôt amasser des troupes autour des châteaux royaux et de la capitale pour préparer sa réaction contre Necker ? Est-ce un homme hésitant qui travailla secrètement dès le mois d'octobre 1790, à préparer sa fuite et qui ne décida d'accepter la Constitution de 1791 qu'avec l'intention de l'utiliser pour mieux parvenir, avec l'aide de son épouse et l'appui des puissances étrangères, à restaurer son autorité contre la Révolution ?
Il n'est pas possible de voir un homme faible en Louis XVI, ce monarque qui, après sa victoire contre l'Angleterre dans le conflit pour la liberté de l'Amérique et des mers, se crut l'égal de Louis XIV. Les contradictions apparentes de ses décisions furent point l'expression de vacillations dans ses convictions ou de travers inhérents à sa personnalités. Elles furent au contraire le résultat des interventions personnelles du roi dans les affaires de sa monarchie pour tenter de restreindre la portée des concessions qu'il avait été contraint d'accorder malgré lui et le plus souvent après si être opposé avec obstination. Les principes de Louis XVI, qui se considérait comme la seule personne capable de décider du bien de son royaume dans l'intérêt de tous, et les devoirs que ses convictions lui imposaient, en tout premier lieu le maintien de l'ordre public et la sécurité des personnes, expliquent qu'il n'hésita jamais à tromper ses ministres, à les utiliser les uns contre les autres, à prétendre même accepter de bonne foi des compromis pour mener plus librement une action secrète destinée à recouvrer la plénitude de son autorité.
Si Louis XVI avait l'âme d'un monarque absolu, il n'eut cependant jamais le désir de régner sur les Français comme un tyran. L'idée que ces actes puissent susciter une guerre civile ou d'avoir à faire couler le sang lui était aussi odieuse qu'à la reine. Cela dit, le roi n'a jamais hésité à donner son aval pour réprimer sévèrement les émeutes populaires, comme par exemple durant la guerre des Farines. En 1788, et avant la réunion des ordres au mois de juin 1789, les Gardes-Françaises avaient déjà eu l'occasion, à plusieurs reprises, de tirer sur la foule des émeutiers dans la capitale et avaient fait plusieurs morts. On peut certainement mettre au crédit du roi son refus, dans la journée du 5 octobre 1789, d'accueillir par des coups de feu, comme on le lui avait suggéré, les quelques milliers de femmes qui étaient en marche sur Versailles. Le roi, au fond chercha toujours à faire usage des troupes pour effrayer, prévenir les débordements et, bien sûr, protéger sa famille contre d'éventuels attentats. Une fois aux Tuileries, il n'eut plus le commandement des troupes chargées de sa sécurité. Le recours à la violence demeura cependant une donnée que le roi intégra dans sa réflexion politique, mais comme une possibilité dont il ne devait faire usage qu'en dernier recours. Il ne cessa jamais d'espérer que des hommes tels que Bouillé lui seraient assez fidèles pour réprimer avec courage les excès des factieux. "
Certes, il s'agit là d'une crise ponctuelle à l'aune de laquelle on ne peut pas tirer des conclusions définitives et complètes sur le caractère de Louis XVI. Néanmoins, son indécision, son manque de réactions face aux événements, ses ordres et ses contre-ordres à contre-temps, et pour finir sa soumission aux volontés des Parisiens ne me paraissent pas être les signes d'un homme "droit dans ses bottes" qui gérerait au mieux une situation compliquée et dangereuse. Cela me le parait d'autant moins qu'on assiste de sa part à des réactions analogues dans d'autres moments de crise qui ont émaillé les quelques années qui lui restaient à vivre. Je pense là à sa décision d'accepter de retirer les troupes rassemblées à Versailles au soir du 14 juillet, à son incapacité à profiter de l'occasion que lui offrait l'arrivée des hussards de Choiseul à Varennes pour forcer son destin ou encore à son choix de suivre le mauvais conseil que lui donnera Roederer dans la journée du 10 août. Certes, Louis XVI n'a pas toujours fait preuve de faiblesse comme le démontre le professeur Félix, mais, comme nous le savons tous, la fermeté ou le courage ne sont pas forcément des qualités permanentes chez un homme. Un tel qui fera preuve de fermeté face une situation dangereuse un jour, s'effondrera un autre en raison du contexte ou de son état psychologique du moment. Cela peut-être était le cas de Louis XVI qui avait manifestement très mal supporté le rejet de son projet de révolution royale par les notables en 1787-1788 et dont le comportement s'est modifié profondément à la suite de cet échec. Et puis, c'est une chose que de se montrer ferme quand son pouvoir n'est pas encore remis en question ce qui était son cas au moment de la guerre des Farines ou lors des émeutes parisiennes du printemps 1789 et de le rester ferme, ce 6 octobre, face à une foule hurlante et déchaînée qui vient directement lui demander des comptes! Voilà les raisons pour lesquelles si je ne réfute pas entièrement l'argumentation de Joël Félix, je ne la partage pas entièrement.
Amicalement. Roi-cavalerie
Merci, cher Roi-cavalerie, pour ce long extrait .
Je suis d'accord avec vos conclusions .
Le premier signe le plus évident de faiblesse de prime abord, chez Louis XVI , est son incapacité à inspirer le respect ...
Ni à la Cour :
La présence du Roi ne m'intimida point; sa figure ne me tenait pas ce que je m'en étais promis : elle était simple et bonne, je l'aurais désirée caractérisée et majestueuse ; ses regards étaient ceux d'un père qui fixe ses enfants ; j'aurais voulu qu'on pût y lire : « et, s'il le fallait, je saurais vouloir, commander et punir. » Hélas, nous le savons tous aujourd'hui, une juste sévérité dans un roi est une vertu cardinale , une vertu conservatrice de la puissance.
( ... )
Dès que la favorite eut un appartement au château de Versailles ( il était au haut du grand escalier) , le Roi partagea fréquemment avec la Reine et le comte d'Artois, le charme de. sa société intime * : il y passait assez ordinairement une partie de la soirée. Mais la présence du Roi imposait toujours plus ou moins de contrainte à une société jeune et qui brûlait de s'affranchir des entraves qu'amène avec elle la royauté partout où elle se trouve. Ceci donnait lieu parfois à une supercherie réputée alors innocente. Le Roi , qui était très-ponctuel, ayant l'habitude de se retirer à dix heures du soir, il arrivait qu'on avançait furtivement sur ce chiffre l'aiguille de la pendule; et, le succès obtenu, le cercle intime reprenait sans réserve toute sa gaîté dans l'absence du Roi.
Osons le dire , ce petit manège serait indigne aujourd'hui d'une cour qui aurait le sentiment de sa dignité. Mais ceux qui se le permettaient alors, et ceci peut servir à leur justification, étaient trop superficiels pour en calculer les conséquences : ils n'y apercevaient certainement pas le signe évident de l'affaiblissement progressif de l'opinion qui doit environner et soutenir la majesté du trône.
( Alexandre de Tilly )
Dans l'un des bals donnés dans le grand salon d'Hercule, la foule était si considérable que le Roi, pressé, eut de la peine à entrer et ne trouva de siège pour s'asseoir que parce qu'une dame lui donna la moitié de son tabouret . M. de Maurepas en étant instruit, a cru devoir lui en parler : " Quand vous êtes dans votre intérieur, le ton d'aisance et d'égalité est à sa place, et je conseille fort de conserver avec vos frères et votre famille le niveau parfait que votre éducation commune a mis entre vous . Mais en public, vous êtes leur roi comme le nôtre et cette dignité ne doit pas être oubliée devant huit cents spectateurs . Les ministres étrangers qui étaient présents en ont été scandalisés; vous êtes entré sans votre capitaine des gardes et sans vous faire annoncer; votre fauteuil ne s'y est pas trouvé et vous avez été pressé pour y entrer .
Nous ne sommes point accoutumés à voir, en public, notre souverain compter pour si peu de choses . "
( Journal de l'abbé de Véri )
Ni à ses frères :
Le prince ( Artois ) résolut de visiter La Fère et Cambrai. M. de Maurepas chercha à le dissuader de ce voyage que le Roi n'approuvait pas. Le prince, après avoir bien résisté lui demanda: " Eh bien, après tout, quand je l'aurai fait ce voyage, qu'est-ce que le Roi me dira ?
- Monseigneur, il vous pardonnera ", répondit Maurepas et le prince partit emmenant avec lui MM. de Maillé et de Polignac, qui étaient à lui, M. de Vaux et M. d'Affry. Celui-ci l'exhorta à écrire au Roi et à Mme la comtesse d'Artois. Il assura qu'il n'en ferait rien.
- " Pour Mme la comtesse d'Artois, reprit M. d'Affry, je n'insisterai pas, affaire de famille; mais pour le Roi, vous le devez et je suis obligé de vous le dire.
- Pas plus à l'un qu'à l'autre ", répliqua le prince.
( Jacob-Nicolas Moreau : Mes souvenirs )
Ni à sa femme :
Marie-Antoinette au comte de Rosenberg :
Vous aurez sans doute appris l'audience que j'ai donnée au duc de Choiseul à Reims. ( ... ) Vous croirez aisément que je ne l'ai point vu sans en parler au roi, mais vous ne devinerez pas l'adresse que j'ai mise pour ne pas avoir l'air de demander de permission. Je lui ai dit que j'avais envie de voir M. de Choiseul, et que je n'étais embarrassée que du jour. J'ai si bien fait que le pauvre homme m'a arrangé lui-même l'heure la plus commode où je pouvais le voir. Je crois que j'ai assez usé du droit de femme dans ce moment .
En somme, Marie-Antoinette se paie ( gentiment ) la tête de son mari ( qui déteste Choiseul ) , et l'écrit à un tiers comme s'il s'agissait d'une bonne plaisanterie .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
Mme de Sabran a écrit:
Dans l'un des bals donnés dans le grand salon d'Hercule, la foule était si considérable que le Roi, pressé, eut de la peine à entrer et ne trouva de siège pour s'asseoir que parce qu'une dame lui donna la moitié de son tabouret . M. de Maurepas en étant instruit, a cru devoir lui en parler : " Quand vous êtes dans votre intérieur, le ton d'aisance et d'égalité est à sa place, et je conseille fort de conserver avec vos frères et votre famille le niveau parfait que votre éducation commune a mis entre vous . Mais en public, vous êtes leur roi comme le nôtre et cette dignité ne doit pas être oubliée devant huit cents spectateurs . Les ministres étrangers qui étaient présents en ont été scandalisés; vous êtes entré sans votre capitaine des gardes et sans vous faire annoncer; votre fauteuil ne s'y est pas trouvé et vous avez été pressé pour y entrer .
Nous ne sommes point accoutumés à voir, en public, notre souverain compter pour si peu de choses . "
( Journal de l'abbé de Véri ) .
Cette scène est dingue.
Dans une lettre à George Washington, Gouverneur Morris dépeint Louis XVI comme un roi "qui mange et boit et dort bien", malgré l’état critique de son pays. Il ajoute :
"Le pauvre homme, il ne pense même pas à l’instabilité de sa situation. Il est aimé, mais ce n’est pas de l’amour que devrait inspirer un monarque. C’est un peu comme la bonne pitié naturelle que l’on sent pour un captif mené. D’ailleurs, il n’y a aucune possibilité de le servir, car au moindre signe d’opposition il renonce à tout et à tous."
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
Duc d'Ostrogothie a écrit:Dans une lettre à George Washington, Gouverneur Morris dépeint Louis XVI comme un roi "qui mange et boit et dort bien", malgré l’état critique de son pays. Il ajoute :
"Le pauvre homme, il ne pense même pas à l’instabilité de sa situation. Il est aimé, mais ce n’est pas de l’amour que devrait inspirer un monarque. C’est un peu comme la bonne pitié naturelle que l’on sent pour un captif mené. D’ailleurs, il n’y a aucune possibilité de le servir, car au moindre signe d’opposition il renonce à tout et à tous."
J'écris ça, mais en même temps, la situation ne m'empêche pas non plus d'aller voir ponctuellement ma maîtresse et de rédiger de placides bulletins météo pendant l'été 1792
Gouverneur Morris- Messages : 11799
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55518
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portrait biographique et moral de Louis XVI
Hum !!! On a souvent reproché certaines balourdises du Roi. Peut-être, ici, est-ce tout simplement de l'humour noir royal ? Et puis, le Roi était dans un état euphorique pour la naissance de son enfant. Non, Eléonore ?
Les journeaux étaient satisfaits de ses bontés ? Pour une fois, alors, ma foi....
Les journeaux étaient satisfaits de ses bontés ? Pour une fois, alors, ma foi....
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
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