Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
Chers amis,
Pour ceux qui ne se sont jamais plongés dans le Journal de Vérin, voici quelques extraits écrits pendant la période de Juin à Juillet 1775 qui manifestent bien la prévention de Maurepas et de son entourage à l'égard de l'influence de la reine sur la marche des affaires. Certains sont prémonitoires même si leurs prédictions ne se réalisèrent pas immédiatement.
( Véri I, page 298)
"Tout cela ne sera que bagatelle si l'influence de la reine se borne à des objets étrangers à l'ordre public. Mais personne n'en peut répondre. Le Roi la craint plutôt qu'il ne l'aime car on le voit aussi gai et même plus à son aise dans les parties où elle ne se trouve pas. Cette impression mécanique de crainte, quelque absurde qu'elle soit, a souvent plus d'effet que celle de l'affection. Elle est excitée par un je ne sais quoi de hardi et d'importun* d'une part et elle est éprouvée par les caractères bons mais faibles. L'influence de la Reine sur les grandes affaires (si elle a lieu) ne sera pas un bonheur pour l'état. Sa tête moins bonne que son coeur y est peu propre ; elle sera facile à tromper et incapable d'être un centre décisif sur tous les points. Son mari sera le premier à en souffrir, son règne sera agité par les intrigues de cour et encore plus par les chaleurs populaires dont je vois les germes se fortifier chaque jour."
* on retrouve bien là l'impression laissée par l'entretien de la reine avec Maurepas signalée dans un post précédent.( Véri I, page 303)
"L'apparence de crédit que la Reine vient d'avoir dans ce qui concerne M d'Aiguillon peut lui soumettre quelques ministres et s'étendre jusqu'à la partie politique pour seconder les vues de la Maison d'Autriche. On m'a appris que l'Impératrice, sa mère, et l'Empereur, son frère, ne marchent pas de niveau dans leurs plans et que le prince de Kaunitz, principal ministre, rejette sur l'Empereur, les critiques et les plaintes qu'on lui fait."
( Véri I, page 313, opinion de Malesherbe sur la Reine)
"….il était persuadé que le Roi cèderait tôt ou tard à la Reine pour le choix de ses ministres, qu'il serait impossible de gouverner sagement sous la direction de cette princesse, que M de Choiseul, ou tout autre de son goût à elle, arrivera sûrement au ministère et que ceux qui le composent aujourd'hui se retireront un jour."(Véri I, page 314)
"L'essentiel est de ne pas laisser le choix des ministères et la direction des affaires majeures. Si sa tête eut été bonne comme celle de sa mère Marie Thérèse, M de Maurepas eut été le premier à la désirer pour faire la fonction de Roi conjointement avec son mari."
Roi-cavalerie- Messages : 551
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
Merci pour tous ces extraits éclairants !
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
Roi-cavalerie a écrit:Chers amis,Pour ceux qui ne se sont jamais plongés dans le Journal de Véri, voici quelques extraits écrits pendant la période de Juin à Juillet 1775 qui manifestent bien la prévention de Maurepas et de son entourage à l'égard de l'influence de la reine sur la marche des affaires. Certains sont prémonitoires même si leurs prédictions ne se réalisèrent pas immédiatement.
Oui, c'est est incroyable de sagacité prémonitoire !
Merci, cher Roi-cavalerie, pour ces extraits du Journal de Véri .
Abbé de Véri a écrit:
"Tout cela ne sera que bagatelle si l'influence de la reine se borne à des objets étrangers à l'ordre public. Mais personne n'en peut répondre. Le Roi la craint plutôt qu'il ne l'aime car on le voit aussi gai et même plus à son aise dans les parties où elle ne se trouve pas. Cette impression mécanique de crainte, quelque absurde qu'elle soit, a souvent plus d'effet que celle de l'affection. Elle est excitée par un je ne sais quoi de hardi et d'importun d'une part et elle est éprouvée par les caractères bons mais faibles.
Véri tomberait de sa chaise en lisant le Mariage forcé !
Et moi, je retrouve Loulou tel qu'en lui-même .
Abbé de Véri a écrit:
L'influence de la Reine sur les grandes affaires (si elle a lieu) ne sera pas un bonheur pour l'état. Sa tête moins bonne que son coeur y est peu propre ; elle sera facile à tromper et incapable d'être un centre décisif sur tous les points. Son mari sera le premier à en souffrir, son règne sera agité par les intrigues de cour et encore plus par les chaleurs populaires dont je vois les germes se fortifier chaque jour."
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
Diantre !
Ce serait la fin du western versaillais ? :
Ce serait la fin du western versaillais ? :
Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
Mme de Sabran a écrit:Diantre !
Ce serait la fin du western versaillais ? :
Pas vraiment !!! :
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
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Cette princesse avait souvent des aperçus lumineux ; elle avait dans les idées plus d'élévation que de profondeur, peut-être ; mais on y trouvait de l'étendue dans une autre direction qu'on pourrait nommer l'horizontale, c'est-à-dire au niveau de l'œil humain ; et pour apprécier exactement toute sorte de choses où son regard pouvait atteindre, si minimes et si loin qu'elles fussent devant elle, et fussent-elle au bout de son horizon, la clairvoyance de la reine était sans pareille ! Elle y mettait (dans ses idées) de la vivacité, de la méthode et de la suite. Elle était capable d'une grande persistance ; elle était susceptible de résolution courageuse ; enfin cette princesse avait de la tête et du cœur, mais les bras lui manquaient, pour ainsi dire, et j'ai toujours vu que, dans ses meilleures combinaisons de justice et d'autorité, les ministres et les principaux conseillers du Roi, son mari, lui faisaient défaut du côté de l'intelligence et de l'énergie.
Au reste, et je n'en serai démentie par aucun de nos contemporains, je ne crois pas qu'il y ait jamais eu des ministres plus incapables et des conseillers plus malhabiles, des amis plus inutiles et des familiers plus dangereux, des protégés plus hostiles et des sujets plus ingrats, que ceux du roi Louis XVI.
( Souvenirs de la marquise de Créquy )
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Cette princesse avait souvent des aperçus lumineux ; elle avait dans les idées plus d'élévation que de profondeur, peut-être ; mais on y trouvait de l'étendue dans une autre direction qu'on pourrait nommer l'horizontale, c'est-à-dire au niveau de l'œil humain ; et pour apprécier exactement toute sorte de choses où son regard pouvait atteindre, si minimes et si loin qu'elles fussent devant elle, et fussent-elle au bout de son horizon, la clairvoyance de la reine était sans pareille ! Elle y mettait (dans ses idées) de la vivacité, de la méthode et de la suite. Elle était capable d'une grande persistance ; elle était susceptible de résolution courageuse ; enfin cette princesse avait de la tête et du cœur, mais les bras lui manquaient, pour ainsi dire, et j'ai toujours vu que, dans ses meilleures combinaisons de justice et d'autorité, les ministres et les principaux conseillers du Roi, son mari, lui faisaient défaut du côté de l'intelligence et de l'énergie.
Au reste, et je n'en serai démentie par aucun de nos contemporains, je ne crois pas qu'il y ait jamais eu des ministres plus incapables et des conseillers plus malhabiles, des amis plus inutiles et des familiers plus dangereux, des protégés plus hostiles et des sujets plus ingrats, que ceux du roi Louis XVI.
( Souvenirs de la marquise de Créquy )
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
Mme de Sabran a écrit:.
Le comte de la Marck nous donne son avis sur le rôle que Marie-Antoinette a joué en politique :
N'oublions surtout pas en lisant ces lignes que le comte de La Marck, sujet des Pays-Bas autrichiens, était très lié au comte de Mercy ainsi qu'à l'abbé de Vermond et au banquier Laborde. Il passe ainsi sous silence un peu vite la tentative de la reine pour faire nommer Loménie de Brienne à la place de Terray dès 1774, du moins le bruit en a couru (Creutz), Sartine à la Maison du Roi et d'Ennery à la Guerre en 1775 (Véri), Castries dont la nomination voulue par Necker a permis à la reine de manifester son influence sur le choix des ministres bien qu'elle n'y prit peu de part et surtout Loménie de Brienne en 1787 qui fut alors entièrement son oeuvre ainsi que le retour de Necker qu'elle obtint grâce à la négociation de Mercy. Sur le renvoi de Necker en 1789, il semble bien que son accord fut obtenu par le comte d'Artois. Certes, elle ne devait pas être très intéressée par les affaires politiques mais son caractère assez dominant, celui assez hésitant du roi, sa famille et ses conseillers divers aidant, il est vraisemblable qu'elle ait tenté à plusieurs reprises au minimum d'influencer les choix du roi.
Bien à vous. Roi-cavalerie
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
La reine ne faisait donc qu'un copier-coller des lettres que Vermond avait rédigées pour elle ; en voilà des nouvelles boudoi32
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
Le 17 avril 1781 le comte de Creutz, ambasseur de Suède pour le compte du roi Gustave III, lui écrit que l'influence de la reine dans les affaires politiques est considérable. Voici le fragment :
« Sire
Depuis le changement qui s'est fait dans le Ministère de la Guerre et de la Marine l'influence de la Reine est augmentée au point que rien d'essentiel dans l'administration ne se fait plus sans son aveu. Tout le monde s'adresse à Elle. Si une chose lui déplaît, tout le crédit des ministres ne peut rien pour la faire réussir ; la reine est en même temps la motrice de tout et la divinité devant laquelle tout fléchit. Monsieur de Maurepas n'est plus que le simulacre d'un principal ministre ; et tout le monde est surpris de ce qu'il veuille garder une place où il ne peut plus masquer des défauts attachés à son âge sous le voile de la toute puissance. »
Dans : Comte de Creutz - La Suède & les Lumières, Lettres de France d'un ambassadeur à son roi (1771-1783), Editions Michel de Maule, Paris, 2012
« Sire
Depuis le changement qui s'est fait dans le Ministère de la Guerre et de la Marine l'influence de la Reine est augmentée au point que rien d'essentiel dans l'administration ne se fait plus sans son aveu. Tout le monde s'adresse à Elle. Si une chose lui déplaît, tout le crédit des ministres ne peut rien pour la faire réussir ; la reine est en même temps la motrice de tout et la divinité devant laquelle tout fléchit. Monsieur de Maurepas n'est plus que le simulacre d'un principal ministre ; et tout le monde est surpris de ce qu'il veuille garder une place où il ne peut plus masquer des défauts attachés à son âge sous le voile de la toute puissance. »
Dans : Comte de Creutz - La Suède & les Lumières, Lettres de France d'un ambassadeur à son roi (1771-1783), Editions Michel de Maule, Paris, 2012
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
... déjà en 1781 !
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
Que la reine se mêle de politique dès le début du règne de son époux ne souffre aucun doute après le récit ci-dessous, donné par l’ambassadeur Creutz, dans sa lettre à Gustave III le 12 octobre 1776 ; l’accrochage entre le roi et elle provoque même un refroidissement dans leur vie conjugale déjà fragile, et ce n’est pas le roi qui cherchera en premier de se raccommoder et de retrouver Marie-Antoinette dans le lit conjugal, comme nous pouvons le lire.
« Sire,
Je prends encore cette voie indirecte pour rendre compte à votre Majesté de la situation intérieure à la cour.
L’avant-dernier voyage de Choisy avait produit une scène assez vive entre le roi et la reine. Cette princesse fit alors un nouvel effort en faveur de monsieur de Choiseul. Elle blâma l’administration présente, déprima* les talents et la capacité des ministres ; dépeignit avec les couleurs les plus vives les prétendus désordres qu’avaient produits les nouveautés introduites par monsieur de St-Germain, parla du mécontentement général qui en avait résulté, et représenta la nécessité de rétablir la confiance et de faire respecter l’autorité en mettant à la tête de l’administration un homme dont les talents et les lumières fussent universellement reconnus et qui put inspirer la confiance au-dedans et rendre à la France sa considération et sa prépondérance au dehors.
Ces remontrances furent fort mal reçues du roi. Il lui répondit avec humeur : que depuis quelque temps elle n’avait cessé de blâmer les choix qu’il avait faits et qu’il suffisait qu’il accorda sa confiance à quelque ministre pour qu’il devînt un objet de son aversion, mais qu’elle était aussi mal instruite que mal conseillée ; qu’il connaissait mieux les hommes et les affaires qu’elle, et que comme il était uniquement appliqué au bien de son royaume, et qu’il n’en était distrait ni par l’intrigue, ni par la frivolité, il croyait qu’il était moins sujet à se tromper qu’elle, et par conséquence il la priait une fois pour toutes de ne plus revenir à la charge ; que c’était un conseil qu’il lui donnait autant pour son intérêt que pour son repos, et qu’il finit même par lui faire sentir qu’il trouvait qu’elle mettait moins de dignité et de réserve dans sa conduite qu’il ne le convenait à une reine de France et surtout à une jeune reine.
La réponse du roi et surtout ses reproches ont mis le désespoir dans le cœur de la reine. Non seulement elle se voyait déchue de ses espérances de prendre l’empire sur l’esprit du roi, mais elle trouvait encore de l’altération dans ses sentiments pour elle, et l’idée seule de voir sa conduite censurée devait lui causer un chagrin mortel. Aussi en a-t-elle été inconsolable et la fièvre tierce qu’elle a eue n’était qu’une suite de l’impression profonde que tout ceci avait fait sur son âme.
Depuis le retour du roi à Versailles il ne paraît pas que son amour pour la reine se soit réchauffé. Il n’a même pas couché une seule nuit avec la reine.
Mr de Maurepas à qui le roi a été le premier à conter cette scène a tâché de les raccommoder, la reine a donné différentes fêtes au roi, mais cela a produit fort peu de choses, et l’on voit à la tristesse de cette princesse qu’elle n’est pas contente, elle ne peut pas même le cacher quand elle paraît en public. Ses amis en sont consternés, ils craignent que tout ceci ne produise un éloignement véritable entre elle et le roi.»
* sûrement doit-on interpréter le verbe déprimer dans le sens de « dénigrer »
« Sire,
Je prends encore cette voie indirecte pour rendre compte à votre Majesté de la situation intérieure à la cour.
L’avant-dernier voyage de Choisy avait produit une scène assez vive entre le roi et la reine. Cette princesse fit alors un nouvel effort en faveur de monsieur de Choiseul. Elle blâma l’administration présente, déprima* les talents et la capacité des ministres ; dépeignit avec les couleurs les plus vives les prétendus désordres qu’avaient produits les nouveautés introduites par monsieur de St-Germain, parla du mécontentement général qui en avait résulté, et représenta la nécessité de rétablir la confiance et de faire respecter l’autorité en mettant à la tête de l’administration un homme dont les talents et les lumières fussent universellement reconnus et qui put inspirer la confiance au-dedans et rendre à la France sa considération et sa prépondérance au dehors.
Ces remontrances furent fort mal reçues du roi. Il lui répondit avec humeur : que depuis quelque temps elle n’avait cessé de blâmer les choix qu’il avait faits et qu’il suffisait qu’il accorda sa confiance à quelque ministre pour qu’il devînt un objet de son aversion, mais qu’elle était aussi mal instruite que mal conseillée ; qu’il connaissait mieux les hommes et les affaires qu’elle, et que comme il était uniquement appliqué au bien de son royaume, et qu’il n’en était distrait ni par l’intrigue, ni par la frivolité, il croyait qu’il était moins sujet à se tromper qu’elle, et par conséquence il la priait une fois pour toutes de ne plus revenir à la charge ; que c’était un conseil qu’il lui donnait autant pour son intérêt que pour son repos, et qu’il finit même par lui faire sentir qu’il trouvait qu’elle mettait moins de dignité et de réserve dans sa conduite qu’il ne le convenait à une reine de France et surtout à une jeune reine.
La réponse du roi et surtout ses reproches ont mis le désespoir dans le cœur de la reine. Non seulement elle se voyait déchue de ses espérances de prendre l’empire sur l’esprit du roi, mais elle trouvait encore de l’altération dans ses sentiments pour elle, et l’idée seule de voir sa conduite censurée devait lui causer un chagrin mortel. Aussi en a-t-elle été inconsolable et la fièvre tierce qu’elle a eue n’était qu’une suite de l’impression profonde que tout ceci avait fait sur son âme.
Depuis le retour du roi à Versailles il ne paraît pas que son amour pour la reine se soit réchauffé. Il n’a même pas couché une seule nuit avec la reine.
Mr de Maurepas à qui le roi a été le premier à conter cette scène a tâché de les raccommoder, la reine a donné différentes fêtes au roi, mais cela a produit fort peu de choses, et l’on voit à la tristesse de cette princesse qu’elle n’est pas contente, elle ne peut pas même le cacher quand elle paraît en public. Ses amis en sont consternés, ils craignent que tout ceci ne produise un éloignement véritable entre elle et le roi.»
* sûrement doit-on interpréter le verbe déprimer dans le sens de « dénigrer »
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
On voit surtout à quel point Louis XVI ne voulait en aucun cas que sa femme se mêle des affaires politiques d'importance.
Heureusement pour le bien du royaume qu'il n'a pas cédé au retour de Choiseul !
C'est super intéressant de lire cela et confirme au centuple les dernières recherches sur le couple royal ( GDC, Fiquet...)
J'ignorais qu'ils en étaient à ce point de conflit entre eux deux. Ni que ce soit Marie-Antoinette qui fasse tout pour tenter de rétablir au moins des relations publiques cordiales...
Creutz affirme ainsi que Marie-Antoinette à cette date, n'avait aucune espèce d'influence en politique sur son mari.
On sent aussi la souffrance endurée... àè-è\':
Heureusement pour le bien du royaume qu'il n'a pas cédé au retour de Choiseul !
C'est super intéressant de lire cela et confirme au centuple les dernières recherches sur le couple royal ( GDC, Fiquet...)
J'ignorais qu'ils en étaient à ce point de conflit entre eux deux. Ni que ce soit Marie-Antoinette qui fasse tout pour tenter de rétablir au moins des relations publiques cordiales...
Creutz affirme ainsi que Marie-Antoinette à cette date, n'avait aucune espèce d'influence en politique sur son mari.
On sent aussi la souffrance endurée... àè-è\':
Invité- Invité
Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
Ce soir je vous donnerai la suite de cette lettre très intéressante
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
Merci, cher Félix .
J'attends ce livre avec une impatience !!! :n,,;::::!!! :n,,;::::!!!:
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
Je suis très étonnée que déjà à cette époque, années 1770, la Reine ait eu le désir de s'intéresser à la politique, au point que son époux ne la remette "à sa place" assez vertement.
Il me semble que dans ces temps-là, la Reine aimait surtout prendre du bon temps avec "sa cour" dans des fêtes et amusements. A 20 ans, quoi de plus normal. Mais j'attends la suite Comte. On aura droit à un nouveau scoop.
Il me semble que dans ces temps-là, la Reine aimait surtout prendre du bon temps avec "sa cour" dans des fêtes et amusements. A 20 ans, quoi de plus normal. Mais j'attends la suite Comte. On aura droit à un nouveau scoop.
Trianon- Messages : 3305
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Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
...
Dernière édition par Reinette le Jeu 26 Oct 2017, 15:25, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Marie-Antoinette se mêlait-elle de politique ?
Suite de la lettre du comte de Creutz adressée à Gustave III, le 12 octobre 1776 :
« Je n’oserai cependant assurer que cette bouderie sera durable. Le caractère du roi n’a pas paru jusqu’ici assez ferme pour se soutenir longtemps contre les séductions de la reine. S’il commence une fois à s’amollir, si cette princesse regagne du terrain, si elle parvient de nouveau à réveiller la tendresse du roi elle le dominera d’autant plus impérieusement qu’il a voulu secouer son joug et il lui sera d’autant plus soumis qu’il sentira l’inutilité de lui résister et qu’il croira avoir des torts réels à réparer. Tel a été le cœur humain de tout le temps, une brouillerie qui ne devient pas ouverte et durable ne sert qu’à soumettre davantage le cœur qui a voulu se révolter.
Ce moment est donc une crise qui va décider du reste du règne du roi. Si Votre Majesté voit que la reine reprend le moindre crédit, elle peut être sûre que le ministère sera culbuté et que pour prix de la réconciliation le timon des affaires sera confié aux créatures de cette princesse. Si au contraire le roi continue à la bouder, c’en est fait pour jamais de son crédit et le règne du roi prendra bientôt un autre caractère.
La comtesse Jules et le baron de Bésenval, qui sont les uniques confidents de la reine dans ses chagrins, lui ont donné le conseil de s’approcher de M. de Maurepas. C’est le même (conseil) que lui a donné l’Impératrice Reine sa mère. Mais comme ce n’est pas le sentiment de M. de Kaunitz, qui aime mieux M. de Choiseul que le ministère actuel, M. de Mercy trouve le moyen par l’abbé de Vermont de fortifier la reine dans ses projets en faveur de M. de Choiseul. Les amis de ce dernier ont cependant perdu courage. Tant d’efforts infructueux leur font craindre que rien ne saura vaincre l’aversion que le roi a conçue pour lui. »
« Je n’oserai cependant assurer que cette bouderie sera durable. Le caractère du roi n’a pas paru jusqu’ici assez ferme pour se soutenir longtemps contre les séductions de la reine. S’il commence une fois à s’amollir, si cette princesse regagne du terrain, si elle parvient de nouveau à réveiller la tendresse du roi elle le dominera d’autant plus impérieusement qu’il a voulu secouer son joug et il lui sera d’autant plus soumis qu’il sentira l’inutilité de lui résister et qu’il croira avoir des torts réels à réparer. Tel a été le cœur humain de tout le temps, une brouillerie qui ne devient pas ouverte et durable ne sert qu’à soumettre davantage le cœur qui a voulu se révolter.
Ce moment est donc une crise qui va décider du reste du règne du roi. Si Votre Majesté voit que la reine reprend le moindre crédit, elle peut être sûre que le ministère sera culbuté et que pour prix de la réconciliation le timon des affaires sera confié aux créatures de cette princesse. Si au contraire le roi continue à la bouder, c’en est fait pour jamais de son crédit et le règne du roi prendra bientôt un autre caractère.
La comtesse Jules et le baron de Bésenval, qui sont les uniques confidents de la reine dans ses chagrins, lui ont donné le conseil de s’approcher de M. de Maurepas. C’est le même (conseil) que lui a donné l’Impératrice Reine sa mère. Mais comme ce n’est pas le sentiment de M. de Kaunitz, qui aime mieux M. de Choiseul que le ministère actuel, M. de Mercy trouve le moyen par l’abbé de Vermont de fortifier la reine dans ses projets en faveur de M. de Choiseul. Les amis de ce dernier ont cependant perdu courage. Tant d’efforts infructueux leur font craindre que rien ne saura vaincre l’aversion que le roi a conçue pour lui. »
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