Ailleurs dans le monde en 1789
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Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Ah bon ???
Mais, comme cela a été expliqué plus haut, le prélat arrivait au très mauvais moment en France, la Révolution, pour que l'on s'intéressât à ses problèmes en Asie, trop loin, vraiment trop loin et c'était fort dommage.
Tout cela est très passionnant, moi aussi je voyage vers ces contrées lointaines, le Grand Est que je ne connais pas du tout. Merci.
Mais, comme cela a été expliqué plus haut, le prélat arrivait au très mauvais moment en France, la Révolution, pour que l'on s'intéressât à ses problèmes en Asie, trop loin, vraiment trop loin et c'était fort dommage.
Tout cela est très passionnant, moi aussi je voyage vers ces contrées lointaines, le Grand Est que je ne connais pas du tout. Merci.
Trianon- Messages : 3305
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Re: Ailleurs dans le monde en 1789
A bien y réfléchir, la longue tergiversation française est compréhensible. A l'époque, les colonies ne sont plus vraiment à la mode… "Quelques arpents de neige" persiflait Voltaire lors de la perte du Canada et nous avions déjà perdu quasiment tout notre empire colonial par le traité de Paris de 1763. Il aurait pu y avoir une envie de revanche mais elle avait été satisfaite avec le traité de Versailles de 1783 qui consacrait la défaite de l'Angleterre face aux insurgés américains. Et puis, les choses commençaient à aller mal en France, le grondement de l'orage approchait… Pourquoi s'intéresser à cette histoire ? Pourquoi épouser la cause d'un jeune prince inconnu et investir hommes, argent et matériel dans un pays perdu au bout du monde ? Surtout à un moment où les caisses étaient vides… A la limite, il aurait été plus honnête de dire "non" dès le départ, franchement, plutôt que de promettre et laisser tomber ensuite.
Pour Pierre Pigneau de Behaine, ses motivations restent obscures. Amitié pour le jeune prince ? Motivation religieuse, sauver les chrétiens sur place des persécutions ? Géopolitique, empêcher les anglais de s'étendre plus loin après nous avoir piqué l'Inde ? Esprit chimérique et fantasque ? Tout cela à la fois ? Personnage difficile à cerner...
Pour Pierre Pigneau de Behaine, ses motivations restent obscures. Amitié pour le jeune prince ? Motivation religieuse, sauver les chrétiens sur place des persécutions ? Géopolitique, empêcher les anglais de s'étendre plus loin après nous avoir piqué l'Inde ? Esprit chimérique et fantasque ? Tout cela à la fois ? Personnage difficile à cerner...
Calonne- Messages : 1134
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Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Rien n'est plus vrai, mais dans ce cas, il était imprudent de promettre .
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Mme de Sabran- Messages : 55516
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Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Sans être (trop) méchant, j'y vois bien la manière de Louis XVI…
J'y vais, j'y vais pas… Peut-être bien que oui, peut-être bien que non… Bon, d'accord… Ha non, finalement… Comment ? On a déjà signé et il est reparti… C'est embêtant… Bon, on verra le moment venu… Quant-est ce qu'on mange ?
J'y vais, j'y vais pas… Peut-être bien que oui, peut-être bien que non… Bon, d'accord… Ha non, finalement… Comment ? On a déjà signé et il est reparti… C'est embêtant… Bon, on verra le moment venu… Quant-est ce qu'on mange ?
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Calonne- Messages : 1134
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Mme de Sabran- Messages : 55516
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Re: Ailleurs dans le monde en 1789
En Afghanistan
Nous quittons l'Extrême-Orient pour nous diriger vers l'Asie Centrale. Que se passe-t-il donc en Afghanistan en 1789 ? Qui y est le contemporain de Louis XVI ?
Terre de vieille civilisation depuis Alexandre le Grand et même avant, isolé, constitué de paysages à la farouche beauté, l'Afghanistan a, à cette époque, une histoire fortement liée à celle de la Perse (que nous allons voir par la suite). En effet, tout au long du XVIIIème siècle, les deux pays s'affrontent :
- 1709 : les Afghans se soulèvent contre le pouvoir persan et forment un État afghan indépendant.
- 1722 : début du contrôle afghan sur la Perse.
- 1730 : les Afghans sont rejetés hors de Perse.
- 1736 : début du règne de Nâdir Shâh, chah de Perse, fondateur de la dynastie afshar, qui étendit l'influence persane jusqu' en Inde (fin en 1747).
- 1737 : début de l'occupation persane de l'Afghanistan (fin en 1747).
Celui qui marque cette époque, c'est incontestablement Ahmad Sha Durrani :
Né en 1722, notre homme affiche une carte de visite impressionnante : empereur d'Afghanistan, émir de Khorasan, roi du Pendjab, roi du Sind, roi de Mashad, roi du Cachemire et fondateur de la dynastie Durrani. Son règne dura 25 ans. Fait prisonnier par le Shah de Perse Nadir Shah (surnommé le Napoléon iranien en raison de ses conquêtes), Ahmad n'en devient pas moins un de ses officiers. Il profite de l'assassinat du souverain Perse pour se faire proclamer Shah de Korasan, région au nord-est de l'actuel Iran et dont le nom, poétique, signifie "là d'où vient le soleil". Toujours dans la poésie, Ahmad est proclamé "la perle des perles"... Aujourd'hui encore, pour les afghans, il est le père fondateur de la nation.
Mais il n'y a pas que la poésie dans la vie d'un souverain. Très vite, Ahmad prend Kaboul (1748) puis poursuit en Inde où il s'empare du Cachemire en 1753, fait six raids sur le Pendjab, pille Mathura en 1756 et, au début de 1757, Delhi et ce, durant un mois... Il y prend conscience de la faiblesse de l'empire moghol qu'il laisse en place après reconnaissance de sa souveraineté sur le Cachemire, le Pendjab et le Sind.
Pas toujours poète, Ahmad rase la ville sainte sikh d'Amritsar (qui s'était révoltée contre lui), y massacre des milliers de sikhs, détruisant leurs temples et souillant leurs lieux saints avec du sang de vache. Il s'empare de la ville d'Aligârh en 1759. Mais pas le temps de profiter des douceurs indiennes cette fois, une insurrection vient d'éclater en Afghanistan même pendant son absence. Notre empereur n'a que le temps de boucler ses malles pour rentrer et mater ces révoltés. Les Sikhs, qui n'ont pas oublié ce qui vient de se passer en profitent, se soulèvent, massacrent les afghans restés sur place et récupèrent leurs villes. Epuisé, exténué, Ahmad meurt en 1772, de ce qui semble être un cancer.
Lui succède Timour Shah, son fils et c'est lui qui sera le contemporain de Louis XVI puisqu'il règnera jusqu'en 1793.
A 21 ans, voilà un jeune souverain averti, général et administrateur déjà habile. Mais s'il a hérité de tous les titres de son père, il est loin d'avoir son goût des conquêtes et de la guerre. Amateur de matins tranquilles et de soirées calmes, notre brillant jeune homme se retrouve pourtant très vite dans une cour aussi pourrie d'intrigues que raffinée, ce qui n'est pas peu dire… Les chefs de tribus, habitués au charisme, à la gloire et au faste de son père, n'apprécient guère le nouveau maître. L'ancien vizir de son père monte ainsi la tête du frère cadet de Timour, le poussant à se proclamer empereur. Les deux frères s'affrontent donc. Vaincu, le cadet vient implorer le pardon de son aîné mais ce dernier le fait décapiter. Timour annonce la couleur, il ne faut pas trop le chatouiller…
Les tribus elles, n'apprécient pas et leurs intrigues et rivalités vont littéralement pourrir le règne de l'empereur. En 1776, fatigué de cette ambiance, Timour décide de déménager et transfère la capitale de Kandahar à Kaboul. A cette époque, Kaboul est réputée pour ses arts, sa vie culturelle brillante, ses sciences et sa population cosmopolite. Elle offre également une fraîcheur appréciable, loin de Kandahar, étouffant sous la canicule.
Timour meurt brusquement le 20 mai 1793, alors qu'il était en bonne santé, probablement empoisonné. Bien qu'ayant désigné un successeur, sa mort plonge l'Afghanistan dans une période d'instabilité et de troubles de plus de deux siècles, au grand profit des britanniques.
Calonne- Messages : 1134
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Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Content de poursuivre avec vous le tour du monde! Merci, Calonne.
Monsieur de la Pérouse- Messages : 506
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Localisation : Enfin à bon port !
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
L'Afghanistan de l'époque n'est en fait qu'une partie d'un empire beaucoup plus vaste où se mêlent et se disputent, au fil des guerres et évènements, la Perse, l'empire Moghol, l'Asie Centrale… Mais c'est bien sous le règne d'Ahmad Shah qu'il acquiert sa forme définitive ou quasiment.
Royaume isolé, aux farouches paysages de montagnes, de déserts brûlants et de villages où les chefs de tribus, poignard au côté, imposent leurs lois tandis qu'à Kaboul et dans les grandes villes, les arts et le raffinement le plus incroyable éblouissent :
Mosquée bleue de Mozar-I-Sharif
weheartit.com
Mausolée de Timur Shah à Kaboul
ismailimail.blog
Calonne- Messages : 1134
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Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Calonne a écrit:Mosquée bleue de Mozar-I-Sharif
Merveilleux !!!
Ne jurerait-on pas le Trianon de porcelaine de Louis XIV ?
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Mme de Sabran- Messages : 55516
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Féerique
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Mme de Sabran a écrit:Ne jurerait-on pas le Trianon de porcelaine de Louis XIV ?
Les deux constructions sont presque contemporaines, à quelques années près : la mosquée bleue de Mazar-I-Sharif date des années 1620 et son chantier a pris 20 ans. On est peu ou prou dans le même siècle.
Calonne- Messages : 1134
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Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
C'est une frénésie aussi d'azulejos en Andalousie et au Portugal.
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Mme de Sabran- Messages : 55516
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Japon : l'apparition des Geishas
(Source : istockphoto.com)
Hé oui, c'est au XVIIIème siècle qu'apparaissent ces célèbres "femmes artistes", ces dames de compagnie, érudites, chargées d'égayer les soirées des riches privilégiés de leur conversation, musique, chant et danse.
En 1712 ouvrent dans l'archipel les premiers ochaya, maisons de thé, où l'on vient boire, bavarder et se détendre. On y trouve alors les premières Geishas qui sont… des hommes. Hé oui, les premiers à distraire les clients et animer les soirées sont les taikomochi, l'équivalent des bouffons de notre Moyen-Age, chargés de maintenir la conversation, distraire, faire rire et animer l'assemblée. Les femmes pouvaient exercer cette profession également et, très vite, elles deviennent majoritaires et se transforment en Geishas. En 1800, il n'y a plus d'hommes exerçant dans les ochaya. Le métier de Geisha est reconnu à part entière en 1779, par une loi spécifique. Un bureau d'enregistrement est créé et la loi marque déjà fermement la différence entre prostituées et Geishas.
La Geisha est une "œuvre d'art en mouvement", chaque geste, chaque attitude, chaque mot, ne doit rien au hasard. C'est un apprentissage long et exigeant, servi par une discipline de fer, au sein d'une institution gérée par une "mère" et où les plus anciennes sont des "sœurs". Chaque nouvelle venue doit se trouver une "sœur", pour la guider et lui enseigner son art.
La Geisha porte un kimono, en soie l'été, doublé de crêpe quand il fait froid et s'en habiller est tout un art qui requiert l'aide d'un tiers. Les couleurs sont en fonction des saisons et de l'âge de celle qui le porte (moins vives au fur et à mesure que l'âge avance). A l'extérieur, on chausse des socques de bois très hautes et épaisses, pour se protéger de la boue et des détritus.
Le visage, le cou et les épaules sont peints en blanc, avec une huile spéciale, à base de camomille et de clous de girofle. Seules la nuque et les oreilles ne sont pas peintes, pour laisser respirer la peau et parce que dans de nombreux pays d'Asie, le cou et les oreilles sont considérés comme des zones hautement érogènes. L'huile en question est étalée avec une brosse de bambou, l'excédent tamponné à l'éponge et les petits défauts gommés à la poudre. L'angle des yeux est souligné d'une touche de rouge, les sourcils sont couverts par la peinture et redessinés avec un bâtonnet de charbon, un bout de bois à la pointe noircie au feu, plus tard au crayon, voire au khôl. La bouche est redessinée au rouge vif, toujours plus petite que nature : en Asie, une grande ou grosse bouche est jugée vulgaire.
Le secret d'une peau parfaite ? Le saké. Les japonaises avaient remarqué que les brasseurs de saké conservaient des mains incroyablement lisses et douces. Elles prirent donc l'habitude d'utiliser du saké comme soin de la peau.
La coiffure enfin, est tirée en arrière et montée en un imposant et lourd chignon. Pendant longtemps, on considérait qu'une femme était particulièrement belle si sa chevelure déployée était aussi longue qu'elle… On imagine le poids de cette masse de cheveux ramenée sur la tête, alourdie de peignes, ornements et fleurs, cause de maux de tête, de mal de cou et de douleurs cervicales… La coiffure, une fois en place, était prévue pour durer une semaine. On la préservait en dormant avec un appuie-tête, comme dans l'Egypte antique, pas vraiment confortable :
Tout ceci ne doit pas occulter le côté sombre de cette profession… Autrefois, des gamines de 4/5 ans étaient littéralement vendues par leur famille à une maison de Geishas pour y suivre un enseignement rigoureux, drastique, qui s'étalait jusqu'à 15/17 ans. La patronne de la maison retenait ensuite sur les premiers salaires de la nouvelle de quoi rembourser les dettes de cette dernière, c'est à dire les sommes avancées pour l'hébergement, les vêtements, les soins, l'enseignement… Ce dernier était aussi rigoureux que celui des femmes du Sérail à Istanbul : danse, chant, musique, poésie, gestuelle, art de la répartie… Les clients des Geishas étant souvent des hommes influents, hauts-placés, riches et puissants, la Geisha se devait donc d'avoir une forte culture, d'être au courant des évènements, de savoir de quoi on parlait et de pouvoir relancer la conversation à tout moment, avec tact.
Calonne- Messages : 1134
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Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Calonne a écrit: Un bureau d'enregistrement est créé et la loi marque déjà fermement la différence entre prostituées et Geishas.
Ah bon ?! Je faisais la confusion et voyais la Geisha comme une escort girl exotique !
Mais non, rien de sexuel, pas de prestation coquine ?
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Mme de Sabran- Messages : 55516
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Hé non ! La Geisha est une artiste, une dame de compagnie pour grande soirée et c'est tout. Le terme signifie "Personne pratiquant les arts" (Gei signifie "culture" et Sha "personne"). Pour les faveurs sexuelles, ce sont les "femmes-coussins" qui sont là pour ça. Tout ceci est strictement codifié, dès la loi de 1779, comme nous l'avons vu.
La confusion vient du fait que les Geishas vivaient souvent dans le même quartier que les prostituées. De plus, beaucoup de ces dernières, pour mieux attirer le client, copiaient l'attitude, les gestes ou la tenue des Geishas. Enfin, la maison des Geishas pouvait, pour un étranger, être assimilée à une maison close avec ces filles vivant et travaillant en vase clos sous la tutelle d'une patronne.
Les Geishas restent des artistes, versées dans la poésie, la danse, la musique et le chant, l'art de servir le thé, voire la composition florale.
Bien que n'étant plus que 200 environ aujourd'hui, elles restent les gardiennes de la tradition, des coutumes et de l'art de vivre à la japonaise le plus élevé. Elles y sacrifient leur jeunesse, n'ont plus de vie de famille, pas de mari ni d'enfants. Il leur est interdit de manger dans un fast food, de fréquenter les supermarchés, de choisir leurs vêtements dans certains magasins, de porter des sacs en plastique et quantité d'autres choses, afin de préserver leur image. Celle du Japon éternel.
La confusion vient du fait que les Geishas vivaient souvent dans le même quartier que les prostituées. De plus, beaucoup de ces dernières, pour mieux attirer le client, copiaient l'attitude, les gestes ou la tenue des Geishas. Enfin, la maison des Geishas pouvait, pour un étranger, être assimilée à une maison close avec ces filles vivant et travaillant en vase clos sous la tutelle d'une patronne.
Les Geishas restent des artistes, versées dans la poésie, la danse, la musique et le chant, l'art de servir le thé, voire la composition florale.
Bien que n'étant plus que 200 environ aujourd'hui, elles restent les gardiennes de la tradition, des coutumes et de l'art de vivre à la japonaise le plus élevé. Elles y sacrifient leur jeunesse, n'ont plus de vie de famille, pas de mari ni d'enfants. Il leur est interdit de manger dans un fast food, de fréquenter les supermarchés, de choisir leurs vêtements dans certains magasins, de porter des sacs en plastique et quantité d'autres choses, afin de préserver leur image. Celle du Japon éternel.
Calonne- Messages : 1134
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Re: Ailleurs dans le monde en 1789
C'est fascinant ! presque des vestales ...
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Mme de Sabran- Messages : 55516
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Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Presque.
Leur statut est codifié dès le début et précisé à de nombreuses reprises au fil du temps.
Elles sont obligées de vivre dans un quartier spécifique et bien défini. Pendant très longtemps, elles ne pouvaient sortir sans être accompagnées par un serviteur, en général le seul homme de la maison, chargé de les protéger (nouvelle confusion avec les prostituées des maisons closes qui sortaient elles aussi avec un "gardien", chargé surtout de les empêcher de fuir…). Aujourd'hui, elles sont accompagnées par leur Maiko, apprentie, future Geisha et qui est là pour les servir, porter leurs affaires, voire éloigner les importuns. Aujourd'hui également, une femme ne peut entrer en apprentissage qu'à partir de 15 ans.
On estime qu'il fallait 15 ans environ à la grande époque à une Geisha pour rembourser sa "mère" des frais avancés pour son hébergement, son éducation, les vêtements, les cours… Aujourd'hui encore, tout est fait main et artisanalement dans leur univers (un kimono de cérémonie coûte ainsi 5 000 euros…) bien que certaines portent désormais des perruques par commodité. Les Geishas restent aussi respectées et admirées que les lutteurs de Sumo.
Leur statut est codifié dès le début et précisé à de nombreuses reprises au fil du temps.
Elles sont obligées de vivre dans un quartier spécifique et bien défini. Pendant très longtemps, elles ne pouvaient sortir sans être accompagnées par un serviteur, en général le seul homme de la maison, chargé de les protéger (nouvelle confusion avec les prostituées des maisons closes qui sortaient elles aussi avec un "gardien", chargé surtout de les empêcher de fuir…). Aujourd'hui, elles sont accompagnées par leur Maiko, apprentie, future Geisha et qui est là pour les servir, porter leurs affaires, voire éloigner les importuns. Aujourd'hui également, une femme ne peut entrer en apprentissage qu'à partir de 15 ans.
On estime qu'il fallait 15 ans environ à la grande époque à une Geisha pour rembourser sa "mère" des frais avancés pour son hébergement, son éducation, les vêtements, les cours… Aujourd'hui encore, tout est fait main et artisanalement dans leur univers (un kimono de cérémonie coûte ainsi 5 000 euros…) bien que certaines portent désormais des perruques par commodité. Les Geishas restent aussi respectées et admirées que les lutteurs de Sumo.
Calonne- Messages : 1134
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Re: Ailleurs dans le monde en 1789
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Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Un véritable sacerdoce quelque part…
Chaque geste, chaque regard, chaque chose a sa signification. Le coup du bruit de l'eau lors de la cérémonie du thé et celui de la vague lors de la préparation, c'est assez fou. C'est quand-même bien qu'aujourd'hui encore, des jeunes veuillent perpétuer cet art.
Après, le monde ne change pas : toujours des femmes qui s'astreignent et se contraignent pour distraire des hommes...
Chaque geste, chaque regard, chaque chose a sa signification. Le coup du bruit de l'eau lors de la cérémonie du thé et celui de la vague lors de la préparation, c'est assez fou. C'est quand-même bien qu'aujourd'hui encore, des jeunes veuillent perpétuer cet art.
Après, le monde ne change pas : toujours des femmes qui s'astreignent et se contraignent pour distraire des hommes...
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Calonne- Messages : 1134
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Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Ce qui est fou, d'après ce petit documentaire, c'est qu'il n'y a pas de pression familiale ou sociale qui obligent les jeunes-filles à faire ce choix.
Elles prennent le kimono, pas le voile, mais c'est tout comme . Elles endurent un apprentissage très ingrat, au sacrifice total de leur vie, pour devenir l'incarnation-même de la tradition séculaire du Japon .
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Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Oui, j'ai été surpris aussi par ce que dit la mère de la jeune fille au début : tout son entourage n'a pas compris sa volonté d'entrer en apprentissage ou a été réticent.
Passage émouvant aussi quand la "Mère" de la maison évoque l'absence de mari et d'enfants. Métaphoriquement parlant, on est pas loin du couvent quand-même...
Passage émouvant aussi quand la "Mère" de la maison évoque l'absence de mari et d'enfants. Métaphoriquement parlant, on est pas loin du couvent quand-même...
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Calonne- Messages : 1134
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Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Ce que j'ai trouvé terrible aussi, c'est le coup d'oeil de la " grande soeur " signifiant d'emblée à la petite nouvelle qu'elles ne seront pas amies . Sympa !
Le recrutement des jeunes élèves est de plus en plus aléatoire . Les Gheishas auront vraisemblablement disparu d'ici une à deux générations .
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Mme de Sabran- Messages : 55516
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Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Le trône du Paon
Après avoir pris le thé en compagnie des Geïshas, nous partons pour la Perse et pour l'Inde.
Côté souverains, ça se bouscule en Perse au XVIIIème siècle… Un véritable jeu de massacre où les empereurs ne règnent parfois que bien peu de temps. On retiendra le règne de Nadir Chah, le "Napoléon iranien", de 1736 à 1747 :
Image : Abol Hassan
Fils d'un simple berger des hauts-plateaux, le futur empereur et sa mère sont capturés et réduits en esclavage avant que Nadir ne parvienne à s'enfuir. Il rejoint alors une bande de voleurs dont il devient le chef, probablement vers 1717. Avec sa bande, de plus en plus puissante au fil des ans, Nadir va offrir ses services aux différents seigneurs qui se disputent le trône, au cours d'un fatras d'intrigues plus byzantines que perses par leur complexité. Un jardinier perse n'y retrouverait pas ses roses… Toujours est-il que notre homme, en 1732, met un enfant sur le trône, devenant Régent avant de récupérer le pouvoir pour lui-même en 1736.
Devenu Nadir Chah, le nouvel empereur se lance dans un vaste programme de conquêtes qui lui permet d'étendre son empire, de Kaboul jusqu'à l'Inde, prenant Delhi et faisant massacrer ses 30 000 habitants en 1739. Il en rapporte quelques souvenirs qui font toujours plaisir comme 1000 femmes, 1000 éléphants, quantité d'esclaves, les fabuleux diamants Koh-i-Nor ("montagne de lumière" qui a fini sur la couronne royale britannique) et Daria-e Nour (fabuleux diamant rose aujourd'hui à Téhéran), sans oublier un tel butin qu'il peut dispenser ses sujets persans de trois ans d'impôts.
Le Koh-i-Nor :
Image : Chris 73
Le Daria-e Nour :
Image : Pinterest.com
Mais surtout, l'empereur fait main basse sur le légendaire trône du Paon qui deviendra désormais le symbole de la monarchie Perse. De quoi s'agit-il ?
Un trône donc, un lit à baldaquin plutôt, orné à l'arrière de deux paons en or massif debout, faisant la roue, l'ensemble orné de 108 rubis, 116 émeraudes et au total 26 733 pierres précieuses, diamants, saphirs, perles et autres... Cette merveille d'orfèvrerie avait été créé pour l'empereur moghol Shah Jahan, celui qui a fait construire le Taj Mahal, au XVIIème siècle, nécessitant sept ans de travail et installée dans la salle d'audience publique du palais impérial de Delhi. L'empereur, en toute modestie, y voyait l'équivalent du trône de Salomon...
Jean-Baptiste Tavernier, grand voyageur français et l'un des premiers à vouloir nouer des relations commerciales avec l'Inde, le décrit en 1665 : " le trône est à peu près de la forme et de la grandeur de nos lits de camps, long de 1,80 m et large de 1,20 m, supporté par quatre pieds dorés de 50 à 70 cm de hauteur. Au-dessus des pieds s'élevaient douze colonnes qui supportaient la canopée (le ciel du trône). Les pieds étaient décorés de croix de rubis et d'émeraudes, ainsi que de diamants et de perles. Les douze colonnes soutenant la canopée étaient décorées de rangées de splendides perles ". Notre voyageur évalue la valeur du trône à 12 millions de l'époque, l'équivalent du coût des travaux de Versailles de 1660 à 1680. Les chroniqueurs indiens de l'époque évaluent son coût à deux fois celui du Taj Mahal…
Le fabuleux siège fût inauguré avec faste en 1635. Les astrologues avaient calculé la date du 22 Mars qui faisait coïncider la fin du Ramadan et le Nouvel An Perse cette année-là.
Muhammad Qudsi, le poète favori de l'empereur, composa pour l'occasion 20 vers qui furent gravés en lettres d'émeraude sur le trône. Son confrère Abu-Talib Kalim reçût lui 6 pièces d'or pour chacun des vers de son poème de 36 couplets composé également pour l'occasion. Le maître-orfèvre créateur de la merveille, Said Ghilani, fût récompensé par son poids en pièces d'or et le titre de "Maître des Perles".
A partir du moment où Nadir Chah s'en empare, le fabuleux trône du Paon désigne la monarchie Perse elle-même. Le chef-d'oeuvre est détruit en 1747, dans le chaos qui suit l'assassinat du souverain, tué par son propre neveu. Sans doute démantelé et ses pierreries desserties…
Il ne reste aujourd'hui aucune image du fabuleux trône. Mais il a continué à enflammer l'imagination à travers les siècles, comme avec celui imaginé par Louis II de Bavière :
Image : tumblr.com
Calonne- Messages : 1134
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Re: Ailleurs dans le monde en 1789
Calonne a écrit: Il en rapporte quelques ( menus ) souvenirs qui font toujours plaisir comme ...
...
A pied, à cheval ou en voiture , ton tour du monde est toujours aussi époustouflant et nous sommes scotchés à tes semelles !!!
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ailleurs dans le monde en 1789
En tous cas, entre le Taj Mahal et ce fabuleux trône, Shah Jahan ravalait Louis XIV et ses fastes au rang de quincailler de province… Son titre ne signifiait-il pas "Roi du monde" ?
Le trône a été décrit par un autre français, le médecin et voyageur François Bernier qui a vécu 12 ans à la cour de l'empereur Aurangzeb, successeur de Shah Jahan.
Le trône a été décrit par un autre français, le médecin et voyageur François Bernier qui a vécu 12 ans à la cour de l'empereur Aurangzeb, successeur de Shah Jahan.
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J'ai oublié hier, je ne sais pas ce que sera demain, mais aujourd'hui je t'aime
Calonne- Messages : 1134
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
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