Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
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MARIE ANTOINETTE
Lucius
La nuit, la neige
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Mme de Sabran
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Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
La nuit, la neige a écrit:Je ne savais pas qu'il était mort du choléra...
Moi non plus.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Le rituel du deuil est marqué par des signes et des gestes reconnus de tous. Ce rituel est un cadre très codifié qui permet de partager un ensemble de gestes intimes, d'effusions,et par la même de contenir l'émotion, en instaurant des relations sociales dont le centre est l'endeuillé. Pour que la vie sociale passe à travers cette ritualisation, il faut que le rituel ait un sens pour ceux qu'il concerne. Le rituel doit avoir un sens collectif, il ne peut être une recette qui s'impose de l'extérieur.
Pour perdurer, il doit être quelque chose de vivant, une élaboration collective, qui vient pointer quelque chose de l’ordre de la structure. Il ne
perdure que si au delà de sa déclinaison sociale, de sa forme, il se réfère à l’universel.
Il permet, pendant cette période de chaos intérieur, de pouvoir se reposer sur un savoir commun, en restant intégrer à une communauté sociale vivante. Le rituel est une manière de "refermer le cercle autour de la brèche qui vient d'être faite par le mort."
(J.Pillot)
http://www.longuevieetautonomie.fr/sites/default/files/editor/files/Deuil%20et%20endeuill%C3%A9s.pdf
Pour perdurer, il doit être quelque chose de vivant, une élaboration collective, qui vient pointer quelque chose de l’ordre de la structure. Il ne
perdure que si au delà de sa déclinaison sociale, de sa forme, il se réfère à l’universel.
Il permet, pendant cette période de chaos intérieur, de pouvoir se reposer sur un savoir commun, en restant intégrer à une communauté sociale vivante. Le rituel est une manière de "refermer le cercle autour de la brèche qui vient d'être faite par le mort."
(J.Pillot)
http://www.longuevieetautonomie.fr/sites/default/files/editor/files/Deuil%20et%20endeuill%C3%A9s.pdf
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55195
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Les Rituels d’exécration à la mort du Roi 1774
Voilà, j'ai un peu tâtonné pour placer cet article qui est assez surprenant et qui donne à réfléchir........
" Le Roi est mort......" soit, mais ce que l'on sait moins, c'est que parallèlement aux fastes de deuil, aux déplorations, aux éloges funèbres, se trouve "un trésor" ( c'est le mot) de récriminations, de pamphlets, en un mot d'exécration qui sourd dans le peuple ( et pas que) qui inonde les publications, et se répand en contrepoint du "politiquement correct" ;
" À la mort des rois, il semble que le peuple regarde ce moment comme celui de se venger de toutes les calamités qu’il a souffertes. Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la République des Lettres, 3 juin 1774.
Les épigrammes pleuvent sur le tombeau du feu roi et les vers d’éloges volent au pied du trône de son successeur. Suard, Correspondance littéraire, p. 667 (Lettre du 8 juin 1774)
Henri Duranton, Rituels d’exécration à la mort du souverain dans l’ancienne France (1642-1774), Paris, Cour de France.fr, 2016 . Article inédit publié le 3 juin 2016.
" On paraît bien être en présence d’un mouvement de fond, pluriséculaire, qui transcende les moments et les individualités. ( l'analyse a porté sur Louis XIII, Richelieu, Mazarin, Colbert, Louis XIV)
A sa mort, Louis XV a perdu son mentor, le cardinal de Fleury, depuis 31 ans (1743-1774). L’écart, 32 années, est pratiquement le même pour le couple Louis XIV / Colbert (1683-1715). Certes les rapports de subordination n’ont rien de commun. On a cependant observé que Colbert jouait vis-à-vis du souverain un rôle de paratonnerre, focalisant sur lui le mécontentement populaire et laissant à son maître prestige et lumière. En 1715 Louis XIV ne bénéficie plus de cette protection et se trouve, dans les faits, sous les feux de la critique, au même titre qu’un Richelieu ou un Mazarin au moment de leur disparition. C’est bien le roi qui est sur la sellette, mais plus encore le responsable politique, celui qui détient, outre le prestige du pouvoir, sa réalité, ni plus ni moins que les tout-puissants ministres du siècle précédent. Il sera donc, comme eux, l’objet de la vindicte des ci-gît.
Le cardinal de Fleury avait joué le même rôle que Colbert. Quand il meurt, on lui fait porter toute la responsabilité des mécontentements, la minorité artificiellement prolongée où il avait maintenu le roi exonérant ce dernier de toute possibilité de mal agir. Mais par la suite Louis XV n’a, pas plus que son prédécesseur, bénéficié de la présence d’un nouveau ministre qui aurait fait écran et protection contre la vindicte populaire. Choiseul et Maupeou qui auraient pu jouer ce rôle n’étaient pas des figures assez fortes et d’ailleurs avaient été disgraciés. Il aurait donc dû subir le même sort que le Roi-Soleil. Dix fois moins chansonné, tel ne fut pas son cas. Ce n’est pas qu’il ait fait meilleure figure et davantage mérité d’être épargné. La raison en est tout autre. Si Louis XV ne subit pas, et de loin, le même tir groupé que ses prédécesseurs, ce n’est pas qu’il bénéficie d’une indulgence particulière, c’est plus simplement qu’il n’est plus considéré comme le véritable souverain [77]. Ni nimbé de l’aura sacrée autrefois attachée à sa fonction, ni réel détenteur de l’autorité, il n’est qu’une inconséquente marionnette. Ce que révèle la quasi absence de ci-gît, c’est, tragiquement, la vacance du pouvoir. Plus de sacré, plus de pouvoir fort, à qui peut-on s’en prendre ? Les imprécations rituelles d’antan avaient la même fonction que les provocations anticléricales du XIXe siècle qui attestaient, par leur virulence même, que la religion était encore un vigoureux adversaire. S’il n’y a plus de transcendance, la nécessité disparaît de blasphémer une religion à laquelle on ne croit plus.
[.......]
Pour le dire autrement, c’est une image mythique, idéalisée, du souverain que le ci-gît s’acharne à déconstruire. Louis Marin, reprenant un célèbre passage de Pascal l’a bien dit :
Qu’est-ce donc qu’un roi ? C’est un portrait de roi et cela seul le fait roi et, par ailleurs, c’est aussi un homme. A quoi il convient d’ajouter que l’« effet de portrait », l’effet de représentation, fait le roi, en ce sens que tout le monde croit que le roi et l’homme ne font qu’un, ou que le portrait du roi est seulement l’image du roi. Personne ne sait qu’à l’inverse le roi est seulement son image, et que, derrière ou au-delà du portrait, il n’y a pas le roi, mais un homme. Peut-être personne ne sait ce secret et le roi moins que tous les autres, peut-être [78]. (267)
Peut-on aller plus loin, comme l’ont fait certains analystes de la religiosité monarchique ? Dans un livre récent, Alain Boureau met en parallèle les grandioses funérailles royales telles que décrites par Ralph Gisey avec l’acte officiel enregistrant l’exécution de Louis XVI qui, dans sa froideur administrative, impose à la mort du dernier roi de France un traitement strictement égalitaire, ultime manifestation d’une désacralisation achevée. Et il ne manque pas de conforter son analyse par le rappel de l’entreprise de saccage systématique des sépultures royales qui eut lieu en août de la même année 1793 à Saint-Denis [79].
De la même manière Gérard Sabatier au terme d’une description qui le conduit des manifestations de la transcendance divine visibles dans le corps même du roi, à leur progressive dégradation au fil des siècles, en vient à conclure :
La tendance de l’imagerie héroïque était de déplacer la sacralisation vers le politique, et par là de préparer le retrait du prince sur son corps privé, désacralisé (Louis XV, Louis XVI), puis l’élimination même du prince, un autre corps souverain incarnant le politique : le 21 janvier 1793, les représentants de la Nation éliminèrent le corps du roi pour cause de double emploi [80].
En somme d’Hugues Capet à Louis XVI la voie serait droite, et le 21 janvier 1793 l’aboutissement logique d’une évolution millénaire.
La mise à mort symbolique du bouc émissaire, une nécessaire étape de transition
Comme pour tout phénomène collectif constaté dans les temps antérieurs à la Révolution, il convient de se défier de toute téléologie. Les 294 ci-gît s’en prenant à Richelieu ne permettent en rien de prédire l’exécution du 21 janvier 1793. Mais il n’en est pas moins nécessaire d’inclure ce corpus et ses suivants dans une réflexion sur la signification de la mort des rois dans la France moderne.
L’accent, jusqu’ici, a été mis sur l’aspect le plus évident, la déconstruction d’une image mythique du potentat, parallèle à un processus de désacralisation de la monarchie. Pour autant ce travail de sape ne va pas jusqu’au bout de sa logique, qui serait l’anéantissement définitif de l’usurpateur. L’image du souverain proposée par les ci-gît n’est, de fait, pas celle d’un individu ordinaire, même une fois opérée sa mise à nu qui le dépouille des insignes du pouvoir. Elle est autant poussée au noir que la version officielle l’était au blanc. C’est bien un « monstre » pleinement extra-ordinaire qu’elle décrit, par sa cruauté (Richelieu), sa cupidité (Mazarin, Colbert), son orgueil insensé (Louis XIV) et il est bien vain, comme parfois les biographes sont tentés de le faire, de protester contre cette image caricaturale. Elle ne peut pas être autre, car c’est moins un individu qui est agressé que l’incarnation d’un pouvoir dont il n’est qu’une figuration passagère et usurpatrice.
On le voit au refus de personnalisation de l’individu mis sur la sellette. On évoque à peine de rares épisodes de son parcours, encore moins des particularités physiques qui pourraient le différencier des autres potentats. Au contraire l’accent est mis presque exclusivement sur ce qu’il a en commun avec les autres : l’orgueil, l’avidité, l’insensibilité par exemple. En fait, ce portrait désincarné est le symétrique inversé, mais avec les mêmes caractéristiques, que les figurations officielles qui font aussi fort peu de cas de la reproduction exacte des traits au profit de signes et de gestes symboliques [81]. Prétendre retrouver derrière les outrances des ci-gît une image exacte de Richelieu ou de Louis XIV serait faire bien fausse route.
Ainsi, le roi n’est qu’un homme, et comme tel soumis à la mort. Mais la version sacrée le savait aussi et le subterfuge du double corps du roi était précisément chargé d’en rendre compte. C’est aussi vrai ici et le fait que nombre de textes en quelque sorte redoublent cette mise à mort en est bien la preuve. Il est fascinant de constater qu’à la fois on nie le souverain et qu’on le copie dans sa nature exceptionnelle. Il garde sa valeur d’incarnation passagère d’un principe qui le dépasse.
Il n’est plus l’oint du Seigneur, échappant à tout jugement, mais il reste investi de tout le caractère de l’État. Dans le principe de la monarchie sacrée, un seul individu incarnait tout le pouvoir et était seul responsable. Le ci-gît ne le disculpe pas de cette responsabilité et l’en accable. Il était la source de tout bien, il sera celui d’où vient tout le mal.
Ainsi ce roi bafoué n’en garde pas moins les insignes anciens de la puissance, mais ceux-ci sont retournés contre lui. L’élection est devenue condamnation ; à l’élu du Seigneur on impose la posture de bouc émissaire. Et comme le veut la fameuse démonstration de René Girard, il accumule sur lui tous les maux de la cité [82]. Il faut symboliquement le tuer à nouveau pour que le rituel de purification puisse s’accomplir jusqu’au bout. Libre ensuite à qui le voudra d’interpréter l’acte du 21 janvier 1793 comme le simple passage du métaphorique au réel.
Il y a plus. Il est significatif que trois des principaux corpus s’en prennent à des ministres et un seul à un roi. S’attaquer au ministre, c’est certes reconnaître qu’il a été, plus que le roi, détenteur du pouvoir réel. Mais c’est aussi préserver le roi lui-même, qui sera considéré comme mal conseillé, fourvoyé par son indigne représentant. Le cas de figure se vérifie pour les couples Louis XIII / Richelieu, Louis XIV / Mazarin, Louis XV enfant / Régent, Louis XV jeune roi / Cardinal de Fleury. [ .......]
Ainsi glorification et exécration, célébration encomiastique et ci-gît s’appellent l’un l’autre, également menteurs, également nécessaires. Du moins tant que le double rituel est compris, admis, perpétué. Mais si l’un des deux vient à perdre de sa pertinence, l’autre connaîtra une décadence concomitante. Ce que dit le mouvement de décrue que l’on observe au XVIIIe siècle, c’est que le phénomène séculaire de désacralisation est parvenu à son terme. Le ci-gît politique perdant sa nécessité de contre-pouvoir, de catharsis, est condamné à disparaître.
Mais auparavant a longtemps perduré la croyance confuse en une royauté sacrée, quoique déjà fortement laïcisée, qui interdit d’imaginer seulement une autre forme de gouvernement. Et le ci-gît est encore totalement tributaire de cet univers mental. Malgré la violence qu’il manifeste, le recours au régicide lui est proprement inimaginable. Il ne s’en trouve d’ailleurs pas la moindre trace dans les plus de 700 textes recueillis.
Le ci-gît participe de la double nature du phénomène. Il contribue puissamment au processus de désacralisation, en est un agent actif. Mais en même temps derrière sa virulence, il exprime une attente confuse. Il est à la fois constat, témoin et acteur. Compagnon et contempteur de la figure du roi sacré, il partage son sort. Quand celui-ci perd peu à peu toute son aura, lui-même ne peut qu’entrer en déclin, pour finalement disparaître."
C'est assez troublant, comme démonstration = plus le rituel d'execration est fort, plus il y a de croyance en la monarchie divine;
Lorsque le peuple critique se lasse, c'est que la monarchie a perdu pouvoir et crédibilité;
" Le Roi est mort......" soit, mais ce que l'on sait moins, c'est que parallèlement aux fastes de deuil, aux déplorations, aux éloges funèbres, se trouve "un trésor" ( c'est le mot) de récriminations, de pamphlets, en un mot d'exécration qui sourd dans le peuple ( et pas que) qui inonde les publications, et se répand en contrepoint du "politiquement correct" ;
" À la mort des rois, il semble que le peuple regarde ce moment comme celui de se venger de toutes les calamités qu’il a souffertes. Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la République des Lettres, 3 juin 1774.
Les épigrammes pleuvent sur le tombeau du feu roi et les vers d’éloges volent au pied du trône de son successeur. Suard, Correspondance littéraire, p. 667 (Lettre du 8 juin 1774)
Henri Duranton, Rituels d’exécration à la mort du souverain dans l’ancienne France (1642-1774), Paris, Cour de France.fr, 2016 . Article inédit publié le 3 juin 2016.
" On paraît bien être en présence d’un mouvement de fond, pluriséculaire, qui transcende les moments et les individualités. ( l'analyse a porté sur Louis XIII, Richelieu, Mazarin, Colbert, Louis XIV)
A sa mort, Louis XV a perdu son mentor, le cardinal de Fleury, depuis 31 ans (1743-1774). L’écart, 32 années, est pratiquement le même pour le couple Louis XIV / Colbert (1683-1715). Certes les rapports de subordination n’ont rien de commun. On a cependant observé que Colbert jouait vis-à-vis du souverain un rôle de paratonnerre, focalisant sur lui le mécontentement populaire et laissant à son maître prestige et lumière. En 1715 Louis XIV ne bénéficie plus de cette protection et se trouve, dans les faits, sous les feux de la critique, au même titre qu’un Richelieu ou un Mazarin au moment de leur disparition. C’est bien le roi qui est sur la sellette, mais plus encore le responsable politique, celui qui détient, outre le prestige du pouvoir, sa réalité, ni plus ni moins que les tout-puissants ministres du siècle précédent. Il sera donc, comme eux, l’objet de la vindicte des ci-gît.
Le cardinal de Fleury avait joué le même rôle que Colbert. Quand il meurt, on lui fait porter toute la responsabilité des mécontentements, la minorité artificiellement prolongée où il avait maintenu le roi exonérant ce dernier de toute possibilité de mal agir. Mais par la suite Louis XV n’a, pas plus que son prédécesseur, bénéficié de la présence d’un nouveau ministre qui aurait fait écran et protection contre la vindicte populaire. Choiseul et Maupeou qui auraient pu jouer ce rôle n’étaient pas des figures assez fortes et d’ailleurs avaient été disgraciés. Il aurait donc dû subir le même sort que le Roi-Soleil. Dix fois moins chansonné, tel ne fut pas son cas. Ce n’est pas qu’il ait fait meilleure figure et davantage mérité d’être épargné. La raison en est tout autre. Si Louis XV ne subit pas, et de loin, le même tir groupé que ses prédécesseurs, ce n’est pas qu’il bénéficie d’une indulgence particulière, c’est plus simplement qu’il n’est plus considéré comme le véritable souverain [77]. Ni nimbé de l’aura sacrée autrefois attachée à sa fonction, ni réel détenteur de l’autorité, il n’est qu’une inconséquente marionnette. Ce que révèle la quasi absence de ci-gît, c’est, tragiquement, la vacance du pouvoir. Plus de sacré, plus de pouvoir fort, à qui peut-on s’en prendre ? Les imprécations rituelles d’antan avaient la même fonction que les provocations anticléricales du XIXe siècle qui attestaient, par leur virulence même, que la religion était encore un vigoureux adversaire. S’il n’y a plus de transcendance, la nécessité disparaît de blasphémer une religion à laquelle on ne croit plus.
[.......]
Pour le dire autrement, c’est une image mythique, idéalisée, du souverain que le ci-gît s’acharne à déconstruire. Louis Marin, reprenant un célèbre passage de Pascal l’a bien dit :
Qu’est-ce donc qu’un roi ? C’est un portrait de roi et cela seul le fait roi et, par ailleurs, c’est aussi un homme. A quoi il convient d’ajouter que l’« effet de portrait », l’effet de représentation, fait le roi, en ce sens que tout le monde croit que le roi et l’homme ne font qu’un, ou que le portrait du roi est seulement l’image du roi. Personne ne sait qu’à l’inverse le roi est seulement son image, et que, derrière ou au-delà du portrait, il n’y a pas le roi, mais un homme. Peut-être personne ne sait ce secret et le roi moins que tous les autres, peut-être [78]. (267)
Peut-on aller plus loin, comme l’ont fait certains analystes de la religiosité monarchique ? Dans un livre récent, Alain Boureau met en parallèle les grandioses funérailles royales telles que décrites par Ralph Gisey avec l’acte officiel enregistrant l’exécution de Louis XVI qui, dans sa froideur administrative, impose à la mort du dernier roi de France un traitement strictement égalitaire, ultime manifestation d’une désacralisation achevée. Et il ne manque pas de conforter son analyse par le rappel de l’entreprise de saccage systématique des sépultures royales qui eut lieu en août de la même année 1793 à Saint-Denis [79].
De la même manière Gérard Sabatier au terme d’une description qui le conduit des manifestations de la transcendance divine visibles dans le corps même du roi, à leur progressive dégradation au fil des siècles, en vient à conclure :
La tendance de l’imagerie héroïque était de déplacer la sacralisation vers le politique, et par là de préparer le retrait du prince sur son corps privé, désacralisé (Louis XV, Louis XVI), puis l’élimination même du prince, un autre corps souverain incarnant le politique : le 21 janvier 1793, les représentants de la Nation éliminèrent le corps du roi pour cause de double emploi [80].
En somme d’Hugues Capet à Louis XVI la voie serait droite, et le 21 janvier 1793 l’aboutissement logique d’une évolution millénaire.
La mise à mort symbolique du bouc émissaire, une nécessaire étape de transition
Comme pour tout phénomène collectif constaté dans les temps antérieurs à la Révolution, il convient de se défier de toute téléologie. Les 294 ci-gît s’en prenant à Richelieu ne permettent en rien de prédire l’exécution du 21 janvier 1793. Mais il n’en est pas moins nécessaire d’inclure ce corpus et ses suivants dans une réflexion sur la signification de la mort des rois dans la France moderne.
L’accent, jusqu’ici, a été mis sur l’aspect le plus évident, la déconstruction d’une image mythique du potentat, parallèle à un processus de désacralisation de la monarchie. Pour autant ce travail de sape ne va pas jusqu’au bout de sa logique, qui serait l’anéantissement définitif de l’usurpateur. L’image du souverain proposée par les ci-gît n’est, de fait, pas celle d’un individu ordinaire, même une fois opérée sa mise à nu qui le dépouille des insignes du pouvoir. Elle est autant poussée au noir que la version officielle l’était au blanc. C’est bien un « monstre » pleinement extra-ordinaire qu’elle décrit, par sa cruauté (Richelieu), sa cupidité (Mazarin, Colbert), son orgueil insensé (Louis XIV) et il est bien vain, comme parfois les biographes sont tentés de le faire, de protester contre cette image caricaturale. Elle ne peut pas être autre, car c’est moins un individu qui est agressé que l’incarnation d’un pouvoir dont il n’est qu’une figuration passagère et usurpatrice.
On le voit au refus de personnalisation de l’individu mis sur la sellette. On évoque à peine de rares épisodes de son parcours, encore moins des particularités physiques qui pourraient le différencier des autres potentats. Au contraire l’accent est mis presque exclusivement sur ce qu’il a en commun avec les autres : l’orgueil, l’avidité, l’insensibilité par exemple. En fait, ce portrait désincarné est le symétrique inversé, mais avec les mêmes caractéristiques, que les figurations officielles qui font aussi fort peu de cas de la reproduction exacte des traits au profit de signes et de gestes symboliques [81]. Prétendre retrouver derrière les outrances des ci-gît une image exacte de Richelieu ou de Louis XIV serait faire bien fausse route.
Ainsi, le roi n’est qu’un homme, et comme tel soumis à la mort. Mais la version sacrée le savait aussi et le subterfuge du double corps du roi était précisément chargé d’en rendre compte. C’est aussi vrai ici et le fait que nombre de textes en quelque sorte redoublent cette mise à mort en est bien la preuve. Il est fascinant de constater qu’à la fois on nie le souverain et qu’on le copie dans sa nature exceptionnelle. Il garde sa valeur d’incarnation passagère d’un principe qui le dépasse.
Il n’est plus l’oint du Seigneur, échappant à tout jugement, mais il reste investi de tout le caractère de l’État. Dans le principe de la monarchie sacrée, un seul individu incarnait tout le pouvoir et était seul responsable. Le ci-gît ne le disculpe pas de cette responsabilité et l’en accable. Il était la source de tout bien, il sera celui d’où vient tout le mal.
Ainsi ce roi bafoué n’en garde pas moins les insignes anciens de la puissance, mais ceux-ci sont retournés contre lui. L’élection est devenue condamnation ; à l’élu du Seigneur on impose la posture de bouc émissaire. Et comme le veut la fameuse démonstration de René Girard, il accumule sur lui tous les maux de la cité [82]. Il faut symboliquement le tuer à nouveau pour que le rituel de purification puisse s’accomplir jusqu’au bout. Libre ensuite à qui le voudra d’interpréter l’acte du 21 janvier 1793 comme le simple passage du métaphorique au réel.
Il y a plus. Il est significatif que trois des principaux corpus s’en prennent à des ministres et un seul à un roi. S’attaquer au ministre, c’est certes reconnaître qu’il a été, plus que le roi, détenteur du pouvoir réel. Mais c’est aussi préserver le roi lui-même, qui sera considéré comme mal conseillé, fourvoyé par son indigne représentant. Le cas de figure se vérifie pour les couples Louis XIII / Richelieu, Louis XIV / Mazarin, Louis XV enfant / Régent, Louis XV jeune roi / Cardinal de Fleury. [ .......]
Ainsi glorification et exécration, célébration encomiastique et ci-gît s’appellent l’un l’autre, également menteurs, également nécessaires. Du moins tant que le double rituel est compris, admis, perpétué. Mais si l’un des deux vient à perdre de sa pertinence, l’autre connaîtra une décadence concomitante. Ce que dit le mouvement de décrue que l’on observe au XVIIIe siècle, c’est que le phénomène séculaire de désacralisation est parvenu à son terme. Le ci-gît politique perdant sa nécessité de contre-pouvoir, de catharsis, est condamné à disparaître.
Mais auparavant a longtemps perduré la croyance confuse en une royauté sacrée, quoique déjà fortement laïcisée, qui interdit d’imaginer seulement une autre forme de gouvernement. Et le ci-gît est encore totalement tributaire de cet univers mental. Malgré la violence qu’il manifeste, le recours au régicide lui est proprement inimaginable. Il ne s’en trouve d’ailleurs pas la moindre trace dans les plus de 700 textes recueillis.
Le ci-gît participe de la double nature du phénomène. Il contribue puissamment au processus de désacralisation, en est un agent actif. Mais en même temps derrière sa virulence, il exprime une attente confuse. Il est à la fois constat, témoin et acteur. Compagnon et contempteur de la figure du roi sacré, il partage son sort. Quand celui-ci perd peu à peu toute son aura, lui-même ne peut qu’entrer en déclin, pour finalement disparaître."
C'est assez troublant, comme démonstration = plus le rituel d'execration est fort, plus il y a de croyance en la monarchie divine;
Lorsque le peuple critique se lasse, c'est que la monarchie a perdu pouvoir et crédibilité;
Invité- Invité
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Merci pour cette démonstration passionnante !
Par cela , il semble évident que la monarchie, après que la France aura été déçue par d'autres régimes, sera amenée à revenir ... à être révélée de nouveau comme si tout le peuple français avait attendu vingt-deux ans pour crier "Le Roi (Louis XVI) est mort. Vive le Roi (Louis XVIII)! ".
Bien à vous.
Par cela , il semble évident que la monarchie, après que la France aura été déçue par d'autres régimes, sera amenée à revenir ... à être révélée de nouveau comme si tout le peuple français avait attendu vingt-deux ans pour crier "Le Roi (Louis XVI) est mort. Vive le Roi (Louis XVIII)! ".
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
C'est bien cela, oui !
On lit des choses passionnantes, parfois, ce qui prouve bien qu'avec des enquêtes strictes on peut faire un travail d'historien incontestable;
On lit des choses passionnantes, parfois, ce qui prouve bien qu'avec des enquêtes strictes on peut faire un travail d'historien incontestable;
Invité- Invité
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Présentées à la vente aux enchères "Souvenirs historiques", organisée par Azur Enchères Cannes - Pichon - Noudel-Deniau, le 19 mai 2017 à Cannes :
MODE À LA COUR DE FRANCE
Belle estampe rehaussée à l'aquarelle signée Dupin, d'après un dessin de Pierre-Thomas Leclerc, représentant la grande tenue de deuil ou la tenue dite à la " Polonaise noire ", pouvant être portée à la cour lors d'un deuil royal.
Publiée à Paris, chez Esnauts et Rapilly, vers 1780.
Polonaise noire ou petite robe que l'on peut porter quoique dans le Grand deuil le manchon de plumes noires selon l'étiquette la pelisse grise bordée de cygne.
MODE À LA COUR DE FRANCE.
Belle estampe rehaussée à l'aquarelle signée Dupin, d'après un dessin de Leclerc, représentant la grande tenue de deuil ou la tenue dite à la " Polonaise noire ", pouvant être portée à la cour lors d'un deuil royal.
Publiée à Paris, chez Esnauts et Rapilly, vers 1780.
Lévite (?) pelisse à parement et colet garni d'hermine le jupon de satin blanc à poix noir le manchon de même garni de bandes d'hermine et la ceinture aussi d'hermine, le pouf surmonté de fleurs de batiste et de plumes.
Cette robe a été portée par une dame de qualité pendant le deuil de M. Thérèse d'Autriche mère de l'empereur et de la reine de France.
* Source et infos complémentaires : http://www.interencheres.com/fr/meubles-objets-art/souvenirs-historiques-ie_v89952.html
MODE À LA COUR DE FRANCE
Belle estampe rehaussée à l'aquarelle signée Dupin, d'après un dessin de Pierre-Thomas Leclerc, représentant la grande tenue de deuil ou la tenue dite à la " Polonaise noire ", pouvant être portée à la cour lors d'un deuil royal.
Publiée à Paris, chez Esnauts et Rapilly, vers 1780.
Polonaise noire ou petite robe que l'on peut porter quoique dans le Grand deuil le manchon de plumes noires selon l'étiquette la pelisse grise bordée de cygne.
MODE À LA COUR DE FRANCE.
Belle estampe rehaussée à l'aquarelle signée Dupin, d'après un dessin de Leclerc, représentant la grande tenue de deuil ou la tenue dite à la " Polonaise noire ", pouvant être portée à la cour lors d'un deuil royal.
Publiée à Paris, chez Esnauts et Rapilly, vers 1780.
Lévite (?) pelisse à parement et colet garni d'hermine le jupon de satin blanc à poix noir le manchon de même garni de bandes d'hermine et la ceinture aussi d'hermine, le pouf surmonté de fleurs de batiste et de plumes.
Cette robe a été portée par une dame de qualité pendant le deuil de M. Thérèse d'Autriche mère de l'empereur et de la reine de France.
* Source et infos complémentaires : http://www.interencheres.com/fr/meubles-objets-art/souvenirs-historiques-ie_v89952.html
La nuit, la neige- Messages : 18030
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Je signale dans ce sujet le nouvel article de notre amie Plume
Hécatombe dans la famille de Louis XIV
Grands dieux oui : un sacré nettoyage !
http://plume-dhistoire.fr/hecatombe-dans-la-famille-de-louis-xiv/
Hécatombe dans la famille de Louis XIV
Grands dieux oui : un sacré nettoyage !
http://plume-dhistoire.fr/hecatombe-dans-la-famille-de-louis-xiv/
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Mme de Sabran- Messages : 55195
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Un article publié dans Paris-Match, version internet / blog que je cite (extraits) :
En 1789, à la mort du dauphin, le fils aîné de Louis XVI et de Marie-Antoinette, la Cour dut porter le deuil à Versailles, selon des règles bien précises.
(...) A Versailles, lorsque la Cour prit le deuil du prince Louis-Joseph, décédé à l’âge de 7 ans et 3 mois dans la nuit du 3 au 4 juin 1789, hommes et femmes durent se conformer à un dress code des plus précis.
C’est ce que l’on apprend dans l’ouvrage Les derniers jours de Versailles d’Alexandre Maral, récemment publié aux éditions Perrin.
(...) L’auteur (...) revient sur les tenues qui furent imposées à la mort du dauphin, le fils aîné du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette.
Et pour cela, rapporte ce qu’en a dit le bailli de Virieu.
Un mois et une semaine à porter le deuil
Ministre du duc de Parme Ferdinand IV, celui-ci souligne que ce deuil connaîtra plusieurs périodes successives.
Et de détailler :
La première, du 7 juin au 11 juillet inclusivement, les hommes prendront l’habit de drap noir complet avec les boutons, manchettes et effilés (sorte de franges, NDLR) unis, boucles et épées bronzées, chapeaux sans plumes, les femmes prendront pour douze jours la robe de laine, la coiffe en crêpe, les bas, les gants, l’éventail et les pierres noires, les boucles bronzées, le 19 juin elles quitteront la coiffe et conserveront jusqu’au 11 juillet inclusivement le reste de l’étiquette ci-dessus.
La seconde période s’étalera du 12 juillet au 15 août inclus, date de la fin du deuil.
Cette fois, les messieurs prendront l’habit de soie noire, manchettes effilés de mousseline brodée, ou entoilages, boucles blanches, épées d’argent, chapeaux à plume, écrit-il.
Quant aux dames, elles porteront, du 12 juillet jusqu’au 1er août, la robe de soie noire et les diamants, puis du 1er au 15 août, les robes noires et blanches sans rubans de couleur.
* Source : http://www.parismatch.com/Royal-Blog/royaute-francaise/Quand-la-Cour-prenait-le-deuil-du-fils-de-Louis-XVI-et-de-Marie-Antoinette-1447967
Paris Match | Dominique Bonnet
En 1789, à la mort du dauphin, le fils aîné de Louis XVI et de Marie-Antoinette, la Cour dut porter le deuil à Versailles, selon des règles bien précises.
(...) A Versailles, lorsque la Cour prit le deuil du prince Louis-Joseph, décédé à l’âge de 7 ans et 3 mois dans la nuit du 3 au 4 juin 1789, hommes et femmes durent se conformer à un dress code des plus précis.
C’est ce que l’on apprend dans l’ouvrage Les derniers jours de Versailles d’Alexandre Maral, récemment publié aux éditions Perrin.
(...) L’auteur (...) revient sur les tenues qui furent imposées à la mort du dauphin, le fils aîné du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette.
Et pour cela, rapporte ce qu’en a dit le bailli de Virieu.
Un mois et une semaine à porter le deuil
Ministre du duc de Parme Ferdinand IV, celui-ci souligne que ce deuil connaîtra plusieurs périodes successives.
Et de détailler :
La première, du 7 juin au 11 juillet inclusivement, les hommes prendront l’habit de drap noir complet avec les boutons, manchettes et effilés (sorte de franges, NDLR) unis, boucles et épées bronzées, chapeaux sans plumes, les femmes prendront pour douze jours la robe de laine, la coiffe en crêpe, les bas, les gants, l’éventail et les pierres noires, les boucles bronzées, le 19 juin elles quitteront la coiffe et conserveront jusqu’au 11 juillet inclusivement le reste de l’étiquette ci-dessus.
La seconde période s’étalera du 12 juillet au 15 août inclus, date de la fin du deuil.
Cette fois, les messieurs prendront l’habit de soie noire, manchettes effilés de mousseline brodée, ou entoilages, boucles blanches, épées d’argent, chapeaux à plume, écrit-il.
Quant aux dames, elles porteront, du 12 juillet jusqu’au 1er août, la robe de soie noire et les diamants, puis du 1er au 15 août, les robes noires et blanches sans rubans de couleur.
* Source : http://www.parismatch.com/Royal-Blog/royaute-francaise/Quand-la-Cour-prenait-le-deuil-du-fils-de-Louis-XVI-et-de-Marie-Antoinette-1447967
Paris Match | Dominique Bonnet
La nuit, la neige- Messages : 18030
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Merci cher LNLN !
Cela paraît une bien grande dépense, mais faut-il rappeler que jusque sous Louis XV, les corps constitués prenaient aussi le deuil, drapant les bâtiments publics de noir ? Voilà qui paraîtrait bien insensé aujourd’hui.
Cela paraît une bien grande dépense, mais faut-il rappeler que jusque sous Louis XV, les corps constitués prenaient aussi le deuil, drapant les bâtiments publics de noir ? Voilà qui paraîtrait bien insensé aujourd’hui.
Gouverneur Morris- Messages : 11629
Date d'inscription : 21/12/2013
Mme de Sabran- Messages : 55195
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55195
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Au début de l'année 1770, toute la Cour de France prend le deuil . En effet, le 23 janvier une maladie foudroyante a enlevé l'archiduchesse Thérèse, fille unique de Joseph II qui était aussi une arrière-petite-fille de Louis XV.
Elle avait huit ans.
Etrangement la Cour de Vienne, malgré le chagrin de l'empereur, n'imite pas cet exemple car la mort d'un enfant de moins de douze ans n'est pas un deuil en Autriche .
( Marguerite Jallut )
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Mme de Sabran- Messages : 55195
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7399
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Au début de l'année 1770, le 14 janvier la petite archiduchesse Thérèse, fille de Joseph II, tomba malade, peut-être d'une fièvre putride . On lui fit faire sa première communion et on l'administra le 20. Elle mourut le 23 au matin.
Louis XV , très affecté par la mort de sa petite fille prescrivit trois semaines de deuil à la Cour de France. La Cour de Vienne s'en abstint, cet usage n'existant pas en Autriche pour les enfants de moins de douze ans ...
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Mme de Sabran- Messages : 55195
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
(arrière-petite-fille)
Comme si il n'y avait déjà pas assez de deuil à la cour française !
Curieux, ce deuil spécial d'une enfant qu'il n'avait jamais vu. Peut-être est-ce l'âge qui le frappa. Et pourtant il perdit plusieurs filles très jeunes.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Oui, arrière !
Tu crois que les deuils prescrits pour toute la Cour étaient si fréquents que cela ?
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Mme de Sabran- Messages : 55195
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
La fille de Joseph II était une petite fille de France par sa mère, fille de Louis XV.
_________________
« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1496
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Marie-Jeanne a écrit:La fille de Joseph II était une petite fille de France par sa mère, fille de Louis XV.
Il vous manque une génération :
Louis XV
Madame infante
Isabelle de Parme
Thérèse d'Autriche
Dernière édition par Lucius le Lun 14 Jan 2019, 23:35, édité 1 fois
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Mme de Sabran a écrit:
Oui, arrière !
Tu crois que les deuils prescrits pour toute la Cour étaient si fréquents que cela ?
Voyez dans ce même sujet les annonces de deuil de cour que j'avais collationné dans les gazettes de certaines années du règne de Louis XVI quelques années plus tard. Bien sûr il y a des années plus calmes que d'autres.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
J'ai effectivement allégrement sauté une génération. Merci pour ce rappel généalogique.
_________________
« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1496
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Je vétille, mais nous avons tous nos dada.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Tu es comme Uncle Benz : incollable !
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Mme de Sabran- Messages : 55195
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Vous êtes très en forme ce soir !
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
A la nouvelle de l'exécution de Louis XVI, la Cour de Suéde décida un deuil exceptionnel de six semaines au lieu des trois semaines habituelles lors du décès d'un roi étranger .
( Herman Lindqvist )
_________________
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Mme de Sabran- Messages : 55195
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Et voici une description des tenues de deuil des gentilshommes .
Que signifie du linge effilé ?
Deuil officiel et grande messe pour les chevaliers du Saint-Esprit morts dans l’année.
Nous sommes sous Louis XV.
Aujourd’hui il y a eu la procession pour aller à la chapelle, en deuil, entendre la grande messe à l’ordinaire pour les chevaliers morts dans l’année. Nous n’étions aujourd’hui que 51, y compris le prélat officiant, sans compter le Roi. C’est encore le prince Constantin qui a officié. Il n’y a point eu de quêteuse aujourd’hui. Le deuil que l’on porte consiste à avoir du linge effilé, des bas noirs, point de plume au chapeau, un rabat de batiste. Je croyois l’épée, boucles et boutons noirs plus réguliers, et je l’ai déjà écrit ainsi, mais il m’a paru que personne n’avoit ni épée noire, ni boutons, ni boucles, ni souliers bronzés. Le Roi entendit hier les vêpres de la chapelle de la grande tribune. La Reine resta et entendit la prière ; il n y eut point de complies. Dès que le Roi est en haut il est bien clair qu’il n’y a point de prélat qui y officie ni de quêteuses.
Luynes (Charles-Philippe d’Albert, duc de), Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV
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Mme de Sabran- Messages : 55195
Date d'inscription : 21/12/2013
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