Portrait biographique et moral de Louis XVI

De rien chère Louise-Adélaïde et je vous remercie pour votre lien.

Vous savez j'aime aussi beaucoup Louis XVI qui est trop méconnu et incompris. boudoi30

Peut-être était-ce aussi simplement pour compléter sa collection ? Sa bibliothèque était impressionnante et il la voulait aussi diversifiée que possible !

.

Il attendait toujours la Fiat Lux !

.

II ne sut que mourir, aimer et pardonner ;
S’il avait su punir, il aurait su régner.

( Alexandre de Tilly )

C'est beau; je le note, je vais le citer à de nombreuses amies qui aiment Louis XVI aussi;

.

D'après Félix d'Hézecques :

Louis XVI fut un bon roi. Il vécut malheureusement dans un temps où ses vertus mêmes devaient l'entraîner à sa perte, et où les défauts reprochés à tant de souverains, défauts dont il n'était que trop exempt, eussent sauvé la monarchie et l'eussent préservé lui-même de son triste sort. D'ailleurs, en admettant qu'il eût des défauts, pourquoi méconnaître qu'ils étaient la suite de qualités précieuses? et parce qu'elles sont sur le trône, pourquoi les vertus n'auraient-elles plus droit au respect dont on les entoure dans les simples particuliers? Si l'on veut être juste, il faut donc convenir que Louis XVI n'a succombé que par trop de bonté ; et que s'il eût eu la tenace volonté et les violences d'un despote, son trône n'eût point été renversé. Au reste, il nous a montré, dans la chute la plus étonnante dont l'histoire fasse mention, l'exemple d'un courage, d'une résignation au-dessus des forces humaines.

A un caractère timide, fruit d'une éducation négligée, ce prince joignait une telle bonté de cœur que, dans ce siècle d'égoïsme, on ne le vit en aucune circonstance, pas même au moment du danger, mettre son intérêt personnel en balance avec celui de ses sujets. Mal conseillé, il ne vit pas que toute attaque faite à la majesté royale retombait sur la monarchie, et que le bonheur et la gloire du royaume tenaient à la gloire de son représentant. De là les nombreuses circonstances où un peu de sang justement répandu aurait pu nous préserver de tant de troubles, mais où Louis XVI aima mieux exposer sa tête que de compromettre la sûreté d'un seul homme : singulière conduite que la politique condamne, mais que la philanthropie devrait admirer !

;

C'est si vrai ! je ne connais pas Hézèques, je vais rechercher ce qu'il a écrit; c'est un jugement très fin, et j'apprécie beaucoup cette description psychologique, surtout au moment même où Louis XVI fut si incompris de ses proches même;

.

Alors, pour votre plaisir chère Louise-Adélaïde   , le comte d'Hézecques poursuit :

L'éducation de Louis XVI avait été entièrement négligée après la mort de son père ; mais il l'avait perfectionnée lui-même. Exempt de grandes passions, il se délassait d'un exercice violent par quelques heures d'étude. Il lisait prodigieusement. On sait que peu de jours avant sa mort, récapitulant le nombre de volumes qu'il avait lus pendant quatre mois de captivité, il en compta plus de deux cent cinquante. C'est à force de travail qu'il était parvenu à connaître à fond les lois du royaume et l'histoire des différents peuples, à posséder la géographie au plus haut degré de perfection, et à devenir même, par l'étude de plusieurs langues étrangères, un assez bon littérateur. On connaît sa traduction de l'anglais de Bichard III. par Horace Walpole; et cet ouvrage n'est pas sans mérite. C'était à lui seul qu'il devait tous ses talents. Et voilà pourtant le prince qu'on nous a toujours représenté comme un ignorant, un brutal et un homme adonné à l'ivrognerie!

J'ai passé près de six ans à la cour; dans aucune circonstance je n'ai vu le roi se conduire grossièrement à l'égard du plus mince de ses serviteurs. La force de sa constitution rendait, il est vrai, ses mouvements un peu brusques. Ce qui était de sa part une simple plaisanterie laissait souvent un souvenir quelque peu douloureux; mais s'il avait cru faire le moindre mal, il se serait interdit la plus légère gaieté.

.

Je suis d'accord avec Louise; les écrits du Comte nous amènent à vraiment comprendre Louis XVI; c'est du plus grand intérêt, précis, ciselé; ça semble parfaitement juste.

Merci, Eléonore, j'ai lu avec le plus grand intérêt !

Vicq d Azir a écrit:

(A glisser peut-être vers le portrait moral...) BILLET D' HUMEUR...

L' identification de Louis XVI au Christ-martyr a quelque chose d'irritant, même si cette attitude ne manque pas de grandeur.
D'abord, elle conduit Louis XVI à la résignation, quand on attend de lui de l'action (cf. Varennes)
Elle n'est pas exempte non plus d'un certain orgueil, sous des apparences de fausse humilité...
Pourtant, nom de Zeus, il n'était pas le Christ, mais seulement son lieutenant sur terre...

Vos désirs sont des ordres ... Schpounk !

( d'autant que je suis tellement tellement d'accord avec vous ! boudoi29 )

;

Merci chère Eléonore...
Il me revient que Louis XVI a été élevé dans l'idée du sacrifice et de l'expiation (en particulier des péchés du grand-père). On peut dire qu'il y a sacrifié sa propre sexualité: ne pas céder aux pulsions de la chair, et par conséquent, ne pas être esclave des femmes, comme a pu l'être Louis XV. Ce sacrifice n'a pu se faire sans une extrême violence à l'égard de lui-même...
Cette névrose "ordinaire" ne l'a d'ailleurs pas empêché d'être un Roi inventif et généreux. Mais, aux heures sombres, le fatalisme, l'obsession du sacrifice ,la soumission aux événements, reviennent au premier plan.
Il me fait penser sur ce point à Nicolas II qui, né sous le signe de Job, pensait qu'il ne pouvait qu'échouer et engendrer le malheur...

On en a parlé plus tôt, mais la biographie de Louis XVI par Jean Christian Petitfils 2005 fut pour moi une véritable bible. Ce forum m'a soudainement rappelé que je dois le relire. Vous aurez plaisir à lire la vie de ce célèbre roi pourtant méconnu si ce n'est déjà fait.

Oui, cher ami, je crois que cet ouvrage fait référence. Il faut creuser la personnalité si riche et si complexe de Louis XVI, car c'était un homme mystérieux, et on est loin d'avoir percé son mystère...

Je suis justement en train de relire Petitfils !

Je suis tout à fait d'accord avec vous cher Vicq d'Azir concernant le sacrifice entre autres de sa sexualité afin de pallier aux "vices" de son grand-père.

Joli portrait de Louis XVI par la Correspondance secrète, 16 février 1777 :

Encore :

Ces portraits sont émouvants car ils évoquent le côté bonhomme du souverain... on croirait lire une scène d'un film... je vois ces épisodes comme au cinéma... d'autant plus que l'anecdote du message précédent en rappelle une des Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos, lors de laquelle le Vicomte de Valmont qui se sait épier par un laquais de la présidente de Tourvel va porter les aumônes à une famille très pauvre du village voisin afin d'émouvoir la dévote qui ne voit en lui que le pire des libertins :
J'évoque cela de mémoire et ne peux donc vous transmettre à quelle lettre cela correspond...

Bien à vous.

Merci pour cette anecdote.
Toutefois, j'ai toujours lu que la seule maison particulière dont le roi avait franchi le seuil était la maison des Polignac lors de la grossesse de Mme de Polignac et les visites fréquentes de la reine à cette maison de campagne...

Mercy à Marie-Thérèse, le 19 novembre 1777 :

« Elle (la reine) se forme une trop mince idée du caractère et des facultés morales de son époux. Elle le croit trop apathique et timide pour supposer qu'il puisse jamais se livrer aux désordres de la galanterie. La reine en est si persuadée qu'il lui est arrivé de dire à quelques gens de ses entours qu'elle ne serait ni en peine ni bien fâchée que le roi prît quelque inclination momentanée et passagère, attendu qu'il pourrait acquérir par là plus de ressort et d'énergie.
J'ai fortement représenté à la reine qu'il n'y a point à badiner sur ce chapitre. »

Comte d'Hézècques a écrit:Merci pour cette anecdote.
Toutefois, j'ai toujours lu que la seule maison particulière dont le roi avait franchi le seuil était la maison des Polignac lors de la grossesse de Mme de Polignac et les visites fréquentes de la reine à cette maison de campagne...

Oui mais là on parle des gens de cour, des personnes connues.
Louis XVI avait en effet l'habitude de se rendre discrètement dans des maisons pauvres de villes, des chaumières de campagne. Des anonymes.

Quand je lis cet extrait de la Correspondance secrète du 1er mai 1781, rien ne montre un Louis XVI hésitant, faible, qui se laisse mener, notamment par le Parlement, au contraire :



Il n'appréciait pas pour autant Necker qui sera en effet renvoyé assez vite, mais il ne souhaitait pas que ce soit son Parlement qui lui force la main.

J'ai lu récemment cet extrait dans la bio de Petitfils.

24 août 1781 :

24 janvier 1782 :


Précédemment, mais je ne l'ai pas posté, Louis XVI eut une colère très vive quand il apprit que cet officier n'avait pas désobéi aux Espagnols, ce qu'il aurait dû faire.

Je trouve singulière la formule : le roi, qu'on sait vouloir fermement ce qu'il veut ...
Y aurait-il lieu d'en douter qu'il faille le spécifier aussi pesamment ?