Jeanne Bécu, comtesse du Barry

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Jeanne donne une tape du bout de son éventail sur la grosse tête de la bestiole du Gévaudan .
" - Couché, Médor ! "

Le 1er mai 1768,  Mercy ajoute un post-scriptum à une lettre qu'il adresse à la banquière Mme de Nettine.
Il s'y effare de l'ascension subite à Versailles  d'une certaine comtesse du Barry .
Ces pattes de mouche sont très difficilement lisibles, sortez vous loupes .  
Ou bien, allez directement à la transcription qui suit, c'est plus sûr !  



" Vous n'ignorez pas sans doute, Madame, l'objet qui nous occupe icy maintenant.  Cette malheureuse intrigue de Mme du Barry occasionne une consternation presque générale, d'autant plus qu'il y a grande apparence que cette femme sera présentée et mise en évidence comme maîtresse du Roi. M. de la Borde en est personnellement très affligé par une suite de son attachement pour M. de Choiseul et pour le bien en général.  Chacun fait ce qu'il peut pour faire manquer cette aventure; mais on y travaille avec bien peu de succès, et l'aveuglement du monarque est en ce point si extraordinaire qu'il n'en croit ( rien ) de ce qui peut lui revenir sur la favorite et ses entours . "

Ou comment se retenir de ne pas pouffer de rire lorsque Michel de Decker, le plus sérieusement du monde, nous explique que la comtesse a inventé la coiffure à la pouffe :

https://youtu.be/G_nUhwWiQME

Louis XV impose le mariage de Jeanne Bécu avec Guillaume du Barry.
La cérémonie a lieu en 1768 dans l’église de la paroisse Saint Laurent, hors les murs, au nord de Paris.
Pour remercier le curé, le Roi fait cadeau pour l’église d’un magnifique meuble en acajou massif qui est une armoire à chasubles.
L’église existe toujours, elle se situe aujourd’hui dans le Xe arrondissement de Paris, à proximité de la gare de l’est. Le meuble est si lourd, qu’il n’a jamais été déplacé...
Le voici :

Ah mais oui !!! On nous avait collé avec cette armoire dans le jeu

Exact ! J’étais le coupable...
Mais je ne crois pas avoir déplacé cette image sur le bon site. Voilà qui est fait...

Vicq d Azir a écrit: Le meuble est si lourd, qu’il n’a jamais été déplacé...

On l'imagine, en effet...

Je n'ai pas retrouvé avec certitude l'auteur de ce portrait de Mme du Barry, ni même une image autre que celle-ci malheureusement en noir et blanc :

.


Il ne me semble pas assez travaillé pour être un portrait de Drouais, mais peut-être d'après lui ou dans le goût de...

- Nous retrouvons le visage ovale et les yeux de biche de la comtesse, tels que sur ces autres portraits de notre sujet :

Les portraits de Mme du Barry par François-Hubert Drouais

- Nous retrouvons une pose qu'il affectionnait, comme par exemple avec ces portraits de Mme Sophie :


Voir notre sujet : Madame Sophie, tante de Louis XVI

Ou encore celui de Mme de Caumont La Force (mère de la comtesse de Balbi, favorite du comte de Provence) :


Voir notre sujet : La comtesse de Balbi

- Et nous savons que le manchon était un accessoire d'agrément de ses portraits de femmes, utilisés à de nombreuses occasions, comme ici sur ce célèbre portrait de la marquise de Pompadour



Voir notre sujet : Le manchon au XVIIIe siècle, galerie de portraits

Même en noir et blanc, ce portrait me semble absolument superbe.
Nous ne connaissons donc pas la traçabilité de cette œuvre, c'est dommage, ni même le lieu de sa conservation ?

Dominique Poulin a écrit:Même en noir et blanc, ce portrait me semble absolument superbe.
Nous ne connaissons donc pas la traçabilité de cette œuvre, c'est dommage, ni même le lieu de sa conservation ?

Eh non...
Comme je le disais, divers sites de compilation d'images le signalent comme l'oeuvre de Drouais (voir par exemple ICI), mais bon...

Le portrait est joli, parce qu'elle est très belle ; mais Drouais nous a habitué à mieux (notamment dans les détails), à moins qu'il s'agisse d'un pastel et non d'une huile sur toile ?
Les portraits "officiels" de la comtesse par Drouais nous sont connus me semble-t-il, nous les présentons dans le sujet que j'ai cité en lien ; et ainsi ils ont été de nombreuses fois repris en estampes. Ce qui n'est pas le cas de celui-ci, à ma connaissance.

Nous avions annoncé sa présentation en vente aux enchères dans notre sujet :

Portraits de Mme du Barry par et d'après Elisabeth Vigée Le Brun

Ce dernier et beau portrait de Mme du Barry, que l'artiste a conservé chez elle après la Révolution pour achever sa peinture, à la provenance historique intéressante, est finalement parti en dessous de son estimation basse : c'est à dire 975 000 $ (tout de même... ).

Je le poste à nouveau dans ce sujet-ci :


Élisabeth-Louise Vigée Le Brun (Paris 1755-1842)
Portrait of Madame du Barry (1743-1793), three-quarter-length, seated in a landscape
Oil on canvas
51 3/8 x 38 ½ in. (130.4 x 97.8 cm.)

Provenance

- The sitter, by whom commissioned at the old Château de Louveciennes in summer 1789, but left unfinished and presumably entrusted to
- Louis Hercule Timoléon de Cossé (1734-1792), Duc de Brissac, and perhaps retrieved at his residence with other portraits of Madame Du Barry in September 1793 by
- Louis Antoine Auguste de Rohan-Chabot (1733-1807), later 6th Duc de Rohan
- Louis Marie Jacques Amalric, comte de Narbonne-Lara (1755-1813), by whom restored after 1802 to
- Madame Vigée Le Brun (1755-1842), Hôtel Le Brun, rue du Gros-Chenet, Paris, later completed by her and after her death, described in the estate inventory drafted in her Paris residence in the Château du Coq on the rue Saint-Lazare as 'Un Portrait de Mad. Dubarri a mi jambe en costume de fete & tenant une fleur assise au milieu d'un Parterre dans son cadre de Bois doré', and by inheritance to her niece
- Caroline Vigée (1791-1864) and her husband Jean-Nicolas-Louis de Rivière (1778-1861), Paris and Versailles, and by whom presumably sold circa 1845 to
- Charles Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838), Prince de Bénévent (1754-1838), Paris and Château de Valençay, Valençay; (†) his sale, Hôtel des Ventes Mobilières, Paris, 9-10 March 1847, lot 69, where presumably acquired by
- Justin Tripier Le Franc (1805-1883) and his wife Françoise-Élisabeth ('Eugénie') Le Brun (1797-1872), Paris and Passy; (†) his estate sale, Paris, Hôtel Drouot, 5-7 June 1883, lot 5.
- A Prince of Hohenlohe, possibly Chlodwig Carl Viktor (1819-1901), Prince of Hohenlohe-Schillingsfürst, Prince of Ratibor and Corvey.
with Eugène Kraemer, Paris, from whom acquired for 150,000 francs on 18 January 1911 by
- Eugène-Charles-Joachim Fould (1876-1929), Baron Fould-Springer and his wife Maria Cécilia von Springer (1886-1978), Paris, and by descent to their daughter
- Baroness Élie de Rothschild, née Liliane Fould-Springer (1916-2003), Paris, and by descent to the present owners.


Image et infos complémentaires : Christie's

Elle n'a plus son éclat d'antan, le regard "en coulisse" si prometteur de sa jeunesse est devenu nostalgique, elle est touchante sur cette toile.

Oui. ELisabeth Vigée Le Brun commence ce portrait en 1789.

La nuit, la neige a écrit:Oui. ELisabeth Vigée Le Brun commence ce portrait en 1789.

Et quand l'achève-t-elle, le savons-nous ?
Nous voyons à son expression très lasse, au sourire auquel elle s'efforce, qu'elle est bien éprouvée par les événements.

Mme de Sabran a écrit:
Et quand l'achève-t-elle, le savons-nous ?

Oui. L'histoire de ce portrait est énoncée dans notre sujet que j'ai déjà en lien.
Je recopie à nouveau ici un extrait de la note au catalogue de vente publiée par la maison Chistie's :



There is no mention however in the lists of the present portrait, which she began at the Château de Louveciennes during at the end of September 1789, leaving it unfinished only weeks before she felt obliged to leave France.
She does however refer to it in the text of the Souvenirs:

“The third portrait that I did of Mme Dubarri is in my house. I began it around the middle of September 1789. From Louveciennes, we heard incessant cannonades, and I remember the poor woman telling me. ‘If Louis XV were still alive, certainly none of this would be happening.’ I painted the head and sketched out the body and the arms, then I was obliged to make a trip to Paris. I hoped to be able to return to Louveciennes to finish my work, but Berthier and Foulon had just been assassinated [22 July 1789]. I was out of my mind with fear, and I could only think of leaving France. I therefore left this painting half finished. I know not how by chance comte Louis de Narbonne came into possession of it during my absence. Upon my return to France, he returned it and I have just finished it.”

Madame Le Brun left Paris with her daughter in October of 1789, the same night that the royal family was forcibly removed by a mob from the Versailles and made to take up residence in Paris at the Palais des Tuileries, a major step in the eradication of the centuries-old monarchs.
She settled in Rome and on July 2, 1790, after a financially profitable stay in Naples, she wrote to Madame Du Barry that she was hoping to return to Louveciennes to complete the portrait in October of that year.

“I was hoping to stay here only six weeks, but I have so many paintings to do that I am staying six months. That postpones my beloved project for Louveciennes, that of finishing your portrait, but I will come back with pleasure, because there everything is lovely, everything is fine…”

This is undoubtedly the unfinished portrait of the comtesse Du Barry which the duc de Rohan Chabot found in the Paris townhouse on the rue de Grenelle, of the murdered duc de Brissac, reporting in a letter to her :

“I picked up the three portraits of you which were at his house. I kept one of the smaller ones. It’s the original of the one which shows you wearing a white chemise or a peignoir and a hat with a plume, the second is a copy of the one in which the head is finished, but the clothing is only sketched in. Neither of them is framed” (C. Vatel, Histoire de Madame du Barry d’après ses papiers personnels et les documents des archives publiques, Versailles, 1883, III, pp. 201-202).

(...)

Vigée Le Brun returned to Paris after her twelve-year exile from France during the period of the Émigration and took up once again residence in the Hôtel Le Brun on the rue du Gros-Chenet.
Sometime after this event, the portrait was restored to her by the comte de Narbonne-Lara, the son of a lady-in-waiting to Louis XV’s daughters, Louise Elisabeth de France, Duchess of Parma and Piacenza (1727-1759) and Madame Adélaïde de France (1732-1801).

On December 15, 1802, eleven months after her return from exile, the Prussian composer Johann Friedrich Reichardt (1752-1814) visited with a group of friends the French artist’s studio.
Among the many works he noticed were unfinished portraits of Marie Antoinette (possibly a bust-length picture) and the Comtesse Du Barry, the work under discussion. It inspired him with melancholic thoughts:

“Melancholic reflections in which I did not expect to indulge myself in the cheerful studio of the genial artist were inspired by the view of two unfinished portraits placed near each other: that of Mme du Barry and that of the unfortunate queen of France. How many thoughts does a similar, rather strange, juxtaposition by Mme Lebrun, not elicit, it seems to me.” (J.F. Reichardt, Vertraute Briefe aus Paris Geschrieben in den Jahren 1802 und 1803 […], A. Laquiante, ed., Paris, 1896, pp. 148-151.)

Details of why or precisely when Vigée Le Brun returned to the present portrait and finished it are few. She refers to its completion in her Souvenirs only briefly:

"I know not how by chance comte Louis de Narbonne came in possession of it during my absence. Upon my return to France [in 1801], he returned it and I have just finished it."

As Vigée Le Brun began writing her celebrated memoirs in the early 1820s—they were published in 1835—one may presume that she resumed work on the painting and completed it in the early to mid-1820s, a dating that accords with the style of much of the drapery and landscape setting.

The finished portrait was hung in the second of Vigée Le Brun’s two salons that contained the most important of the paintings she had retained, rooms overlooking the garden of the townhouse she occupied at the end of her long life, the Hôtel du Coq, which was located at 99 rue Saint-Lazare across from the construction site of the locomotive station that later became the Gare Saint-Lazare.

Text : Joseph Baillio
We are grateful to Alexis Merle Du Bourg for his additional research. This work will be included in the catalogue raisonné of the works of Vigée Le Brun being prepared by Joseph Baillio.

* Source et infos complémentaires : Christie's : Vente Old Masters (1er mai 2019)

Photo réalisée sans trucages, dans ma bibliothèque.
C'est la fameuse mouche de Madame Du Barry!!!!

Décorent ces jours-ci notre forum...

Un gros plan du portrait de la comtesse du Barry en Flore par Drouais :

Comtesse du Barry en Flore
François-Hubert Drouais
Huile sur toile, 1773-74
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin


Il s'agit de l'une des cinq copies autographes du portrait exposé au Salon de 1773, réalisées par le peintre.
Nous présentons deux autres versions de ce portrait dans notre sujet :

Portraits de la comtesse du Barry par François-Hubert Drouais


Et un détail de ce :

A Louis XV ormolu-mounted Sèvres bleu celeste porcelain seau crénelle
the seau crénelé circa 1769, the flowers Vincennes circa 1745-50, the ormolu late 18th/early 19th century
the porcelain with blue interlaced L's enclosing date letter q for 1769, painter's mark for Levé, and incised 5 to the vase, the porcelain flowers mounted on ormolu stems and leaves issuing from a blue seau crénelé with two outcurving handles flanking floral reserves framed by floral gilt designs on each side.
height 18 in.
Photo : Sotheby's

Provenance : Almost certainly one of the two seaux crénelés à fleurs delivered to Madame du Barry on September 29, 1769 and subsequently sent to the château de Louveciennes

Note au catalogue (extrait) :

Just ten days before being presented at court as Louis XV’s maîtresse-en-titre on April 22, 1769, Madame du Barry acquired a bleu celeste porcelain service from the Sèvres manufactory. The order, which included 20 assiettes à fleurs, 16 assiettes à oiseaux, 2 seaux à demi bouteille, 2 seaux à  bouteilles and 4 seaux à verre à fleurs cost the countess 2592 livres.

A few months later, on September 29, two further pieces were delivered at the cost of 288 livres to complete the service: a pair of seaux crénelés à fleurs. Since only two such pieces were recorded in the Sèvres archives for the year 1769, a date which corresponds with the date letters found on the present lot, it is almost certain that this piece is one of the two seaux crénelés à fleurs delivered to Madame du Barry for her château at Louveciennes.
The service, including the present lot, was eventually seized by the Revolutionary government and subsequently sold in 1793.

Photo : Sotheby's

The trend of mounting porcelain seaux with naturalistic flowers was pioneered by the marchand-mercier Lazare Duvaux, who is known to have delivered in December 1749 a large porcelain basket mounted with ormolu fitted with Vincennes porcelain flowers to madame Case at the price of 1,500 livres. In 1750 he sold a similar, though probably smaller, piece to monsieur le Cte. De Forcalquier for 360 livres.

Photo : Sotheby's

The majority of the Vincennes manufactory’s production consisted of life-like flowers and Duvaux was one their most notable buyers. Besides working with Vincennes flowers and Sèvres objects, Duvaux was known to be particularly innovative with ormolu mounts.
The painter’s marks on the lot offered here refer to Denis Levé, a craftsman specializing in flower painting at Vincennes and Sèvres between 1754-1793 and 1795-1805.
(...)

* Source et infos complémentaires : Sotheby's New York

Splendide ! Merci LNLN !

je profite de ce papotage pour vous conseiller l'achat en livre de poche pour quelques euros de MADAME DU BARRY par GONCOURT !!!!
il est excellent et fera un complément avec le MARIE ANTOINETTE des mêmes auteurs.

MARIE ANTOINETTE

Oh ! bravo et merci, pour cette si gracieuse nouvelle page d'accueil !
... et quelle heureuse idée que ce cadre en délicates fleurs de porcelaine !
Je suis très fan !

Une autre version de ce gracieux portrait.



Musée du Prado, Madrid. Source Wikimedia Commons

Oui, très joli portrait de la Comtesse du Barry. Je l'apprécie beaucoup car l'Histoire montrera qu'elle avait de la bienveillance et un coeur en or. Je ne me rappelle plus si Marie-Antoinette aura l'occasion de s'en rendre compte.